Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
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00:00C'est que les images de la scène filmée dans cette école, vous en avez entendu parler,
00:04donc cette scène devenue virale, on y voit une maîtresse frapper une enfant de 3 ans qui crie au point que la petite tombe.
00:10Et la maîtresse a été suspendue, une enquête est ouverte, les parents ont déposé plainte, mais
00:14sans la vidéo, rien de tout cela, ça c'est le sentiment que j'ai, n'aurait éclaté.
00:19Qu'est-ce que ça dit aujourd'hui de notre société ?
00:22Vous avez raison, alors il y a le poids de l'émotion, vous savez, vous vous souvenez de la devise de Paris Matchs,
00:27le choc des photos, donc ça c'est indéniable, il y a aussi, vous savez, on décrit beaucoup les réseaux sociaux,
00:32mais, alors là en l'occurrence, elle ne l'a pas mis sur les réseaux sociaux au départ,
00:37mais ce qui a suscité l'émotion, c'est la viralité de cette vidéo sur les réseaux sociaux,
00:42et bien ça a quand même sa vertu, puisque ça montre la réalité des faits.
00:47L'enseignante a été suspendue immédiatement, le rectorat s'est saisi de l'affaire, la ministre Nicole Belloubet est intervenue.
00:52Alors voilà, moi je vais vous dire très clairement, si ça aurait été mon enfant, j'aurais été révoltée de voir mon enfant de 3 ans traité de la sorte.
00:59Il faut quand même remettre, cela dit, les choses dans leur contexte, pour avoir un certain nombre d'enfants,
01:03les rentrées à 3 ans, c'est éprouvant pour les parents, pour les enfants eux-mêmes qui pleurent comme des madeleines,
01:09et pour les institutrices et les instituteurs, et du reste, c'est une question dans la question,
01:14mais on peut se demander si la loi, c'est quoi, l'école de la confiance de Blanquer qui a rendu l'école obligatoire à 3 ans,
01:20est tout à fait justifiée, si on n'aurait pas dû attendre un peu, parce que c'est très violent à 3 ans.
01:28En tout cas pour certains, parce qu'ils ne réagissent pas tous de la même manière.
01:31Mais ce que je veux dire, c'est que donc, j'aurais été extrêmement choquée si ça avait été mon propre enfant,
01:36mais néanmoins, il y a eu quand même un traitement médiatique, peut-être un peu, comment dirais-je,
01:44c'est un écuitraitement de l'affaire de la petite fille renversée par la moto, c'est quelque chose d'un peu dérangeant.
01:51C'est pour ça que je vous repose la question, est-ce que la vidéo devient un élément de preuve, évidemment, mais aussi...
01:58Il ne faut pas que l'émotion surpasse la raison, il faut raison garder quand même, parce que la vidéo suscite une très forte émotion,
02:05vous avez raison, on n'a pas eu de vidéo pour la petite fille renversée, et c'est vrai que, mais ça c'est le rôle de la justice aussi,
02:12mais notre rôle aussi de journaliste, c'est de ne pas nous laisser emporter par une émotion qui surmédiatise des éléments qui n'ont pas lieu d'être.
02:21La vidéo, je la trouve honnêtement insoutenable, franchement, c'est inacceptable, la suspension, je trouve que c'est complètement justifié,
02:28mais à partir du moment où vous mettez une émotion si forte, il y aura une réaction si forte.
02:32Ce que je veux dire, c'est que la maîtresse avait un passif, visiblement, on avait l'avocat tout à l'heure chez Pascal Praud, Vanessa Edberg,
02:37qui expliquait qu'il y avait d'autres faits de maltraitance à prouver, bien sûr.
02:41Mais heureusement qu'il y a la vidéo dans ce cas-là.
02:43Donc la vidéo, finalement, vient de citer une réaction et une réaction forte.
02:49La personne qui filme, je m'interroge aussi pourquoi elle filme sans rien faire.
02:51Non, alors ça, ça a été expliqué ce matin, en fait, elle était en train de faire un selfie avec sa fille dans la classe,
02:55et quand elle a vu qu'il y avait un bruit, elle s'est retournée et elle a filmé dans la continuité.
02:59Et d'ailleurs, ce n'est pas elle qui a prévu, elle n'a pas tout de suite mis la vidéo en ligne, elle en a parlé.
03:04Après, on est quand même dans une société où les violences éducatives ordinaires, on ne veut plus que ce soit au sein intrafamilial,
03:09il y a une loi du 10 juillet 2019 relative à l'interdiction des violences éducatives ordinaires,
03:13vous n'avez pas le droit de donner une fessée à votre enfant, même si c'est une portée symbolique, il n'y a pas de sanction en tant que telle.
03:18Donc on est vraiment dans une atmosphère comme celle-ci, cette vidéo est très choquante.
03:21On aurait eu la vidéo dans l'autre affaire que vous venez de citer, ça aurait été pareil.
03:25C'est le poids des photos et des émotions.
03:28À valoriser, je veux dire, on aurait eu l'image de cette petite fille projetée par ce motard, je pense que ça n'aurait pas eu le même impact.
03:33Et ça a un impact aussi, parce que tout le monde peut s'identifier à ce qui se passe, globalement.
03:37On peut s'identifier, on peut se dire si ça avait été mon enfant, comment j'aurais réagi.
03:41Autre exemple, l'affaire Nahel.
03:43On a la vidéo de ce policier qui intervient dans ce refus d'obtempérer la mort du jeune Nahel,
03:48et les émeutes. Et y aurait-il eu les mêmes émeutes, la même violence urbaine, si on n'avait pas eu la vidéo ?
03:52Je crois que oui, parce qu'à chaque fois que c'est dans ce sens-là, vous avez des gens qui se mettent dans la rue.
03:57Je veux vous dire, alors que quand c'est un policier qui est tué...
03:59Il n'y aurait pas eu les mêmes réactions politiques, parce que toute l'affaire politique s'en est emparée.
04:02Si elle n'a pas eu la vidéo, là encore une fois.
04:04Je pense qu'il y a un aspect vertueux à cette vidéo, à ces vidéos, parce que ça permet d'éviter que tout reste une vue de l'esprit.
04:12C'est un élément probatoire.
04:14C'est un élément probatoire. Le danger, c'est que chacun puisse l'utiliser en dehors de la justice,
04:18sachant qu'une vidéo peut être tronquée, c'est compliqué. L'usage d'une vidéo, c'est quand même assez particulier.
04:24Mais, encore une fois, ces vidéos suscitent une forte émotion qu'il faut savoir canaliser.
04:29Et que cette vidéo ne prenne pas le pas sur la justice, de façon générale, dans l'affaire en l'espèce de l'institutrice.
04:36Si, de fait, il y avait des antécédents, on se demande pourquoi personne n'est intervenu avant.
04:40Il y avait eu des signalements qui avaient été faits, mais simplement ça n'avait pas été pris, entre guillemets, au sérieux.
04:46Ça devait être dans la pile des sujets à traiter.
04:48Le ministère a décidé de le mettre tout en haut de la pile, parce qu'il y a eu cette vidéo et cette émotion.
04:52Et puis, quand un enfant de 3 ans vous dit que la maîtresse n'est pas gentille,
04:56vous n'avez peut-être pas les outils linguistiques pour vous expliquer à quel point elle n'est pas gentille.
05:02Vous vous dites peut-être qu'elle a été grondée une fois, c'est tout.
05:05Donc, c'est vrai que la vidéo a cette vertu-là.
05:07Néanmoins, encore une fois, il faut savoir canaliser l'émotion qu'elle suscite.
05:12Mais, sans vidéo, là aussi, on n'a pas de preuve.
05:14La vidéo est un élément de preuve pour des accusations.
05:18Un enfant de 3 ans qui dit que la maîtresse n'a pas été gentille, elle m'a grondée,
05:22ou même les parents qui vont se lindre auprès de la directrice, ils ne sont pas entendus.
05:26Je ne pense pas.
05:27Heureusement qu'il y a eu la vidéo.
05:29Heureusement, je ne peux pas dire autre chose.
05:30Et s'il n'y aurait pas eu cette vidéo, l'enfant serait revenu dans la classe le lendemain, a priori.
05:34On en parlera évidemment encore sur Europe 1.