Pascal Petit et Bambi - Sud Radio Média

  • il y a 4 mois
Avec Pascal Petit, réalisateur du documentaire "Une histoire trans : 60 ans de combats pour exister" et Marie-Pierre Pruvot, surnommée "Bambi", qui est la première femme transgenre en France.

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##SUD_RADIO_MEDIA-2024-05-17##

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Transcript
00:00 [Musique]
00:05 Nos invités aujourd'hui à l'occasion de la journée internationale de lutte contre la transphobie, l'homophobie et la bisphobie.
00:12 Histoire TV coproduit avec ADL TV un documentaire inédit qui raconte une histoire trans, 60 ans de combat pour exister.
00:20 Et donc on le disait Gilles, nous sommes avec son réalisateur Pascal Petit. Bonjour.
00:24 Bonjour.
00:25 Merci d'être là et une des intervenantes également qui est dans ce documentaire, c'est vous Marie-Pierre Pruveau dit Bambi.
00:34 On va vous découvrir. Merci d'être avec nous aujourd'hui parce que vous êtes, on va dire, un modèle en tous les cas.
00:41 Vous témoignez dans ce documentaire comme d'autres mais on découvre quand même tout un pan de l'histoire qui émaille la vôtre aussi en particulier.
00:52 Et donc vous êtes quand même une tête de proue de ce combat.
00:58 Si on veut, si on veut.
00:59 Comment ça si on veut ?
01:00 Ben oui, enfin j'ai vécu mon époque et puis d'autres vivent une autre époque parce que les époques changent.
01:06 Et elles ne changent pas en bien, vous trouvez ? Si.
01:09 Ça dépend du quel point de vue on se pose. Si on se place du point de vue des facilités, d'accéder à tout ce à quoi nous inspirons, c'est beaucoup plus facile aujourd'hui.
01:20 Pourquoi ce documentaire ? Au-delà de la journée de lutte contre la transphobie, qu'est-ce qui vous a intéressé en allant chercher ces portraits ?
01:31 D'abord ça n'existe pas. Ça n'existait pas. C'est-à-dire que moi j'ai cherché un documentaire historique.
01:36 Évidemment il y a des documentaires témoignages sur des portraits où on raconte effectivement des transitions.
01:42 Mais un documentaire sur l'histoire des luttes et des mobilisations transgenres, ça n'existait pas. Aussi bizarre que ça puisse paraître.
01:50 Ça c'est la première chose. Et puis la deuxième chose, j'ai lu le livre, on aura peut-être l'occasion de reparler, d'Olivia Chaumont, qui s'appelle "D'un corps à l'autre",
01:59 qui est donc une personne transgenre, et j'ai vraiment vraiment compris les souffrances qu'elle avait pu ressentir.
02:05 Et je me suis dit j'ai envie d'explorer ce sujet. Voilà, c'est vraiment parti d'elle.
02:09 Pourquoi c'était aussi mal documenté selon vous ce sujet ?
02:12 Je crois que ça n'intéresse pas forcément a priori les réalisateurs. C'est un sujet compliqué.
02:20 Moi je vais vous dire franchement c'est un apprentissage la transidentité.
02:24 Parce qu'il faut comprendre ce que c'est, il faut apprendre les mots, les mots qui ne blessent pas.
02:30 Donc il faut y aller pas à pas. Moi j'ai eu cet apprentissage avec Olivia Chaumont dont je parlais, qui est une amie, et je me suis sentie prête.
02:38 Olivia, je l'ai rencontrée il y a dix ans, et franchement il y a dix ans je n'aurais pas été prête pour réaliser ce documentaire.
02:44 Mais est-ce que les gens ne mélangent pas tout, et c'est valable pour Bambi,
02:48 est-ce qu'on ne mélange pas l'homosexualité, les drag queens, les travestis, avec en fait la transidentité qui est autre chose.
02:56 C'est quelque chose de vital dans ses chaires, ce qui n'est pas le cas quand on est drag queen ou homosexuel.
03:02 Ce n'est pas quelque chose qui brûle en nous pour absolument être une drag queen.
03:08 Et aujourd'hui je trouve qu'on mélange toutes les choses, ce qui fait que d'un seul coup les gens qui veulent être transidentité, il y a un mélange des genres à notre époque.
03:19 C'est vrai, il y a un mélange des genres, et il ne faut pas confondre les identités comme vous dites.
03:25 Cela dit, on finit par créer tant de sous-divisions et employer tant de mots que moi-même j'ai renoncé à les apprendre.
03:34 Parce qu'à mon époque c'était beaucoup plus simple, on rentrait au cabaret parce que c'était la seule solution pour arriver à mener sa vie.
03:46 Et puis après on cherchait à sortir du cabaret et à mener la vie de tout le monde discrètement sans que personne sache qui vous êtes, ce que vous avez fait, etc.
03:57 Parce qu'à votre époque, qui était une autre époque, souvent on traitait ces gens-là de traveleux.
04:03 Oui, oui, oui, le moine était courant parmi nous d'ailleurs, on en disait pour rire.
04:08 Mais oui c'est vrai, on disait les traveleux, c'est ça.
04:12 Mais vous, vous avez...
04:13 On disait les travestis pour nous. Moi je suis passé 20 ans dans le sujet, j'ai fait 20 ans de spectacle et partout où on a fait des tournées dans le monde,
04:22 et il y avait marqué, quand c'était en français, "les plus beaux travestis du monde", des choses comme ça.
04:28 Mais le mot "travesti" était là, il était courant parmi nous.
04:31 Pas celle de Thierry.
04:32 Mais il faut dire qu'il y en avait, il y avait aussi dans ces spectacles, il y avait aussi des travestis des hommes...
04:36 Ah il y avait des vrais travestis.
04:38 Et d'ailleurs qui étaient un peu jaloux de vous, non ?
04:41 C'est-à-dire que... Enfin "jaloux"...
04:44 C'est-à-dire que dans la mesure où, dans ces cabarets, ils ont été lancés avec...
04:50 comme une curiosité à voir, il est certain que quand un garçon, un homme, qui vit une vie d'homme avec sa barbe, etc.,
05:00 passe en scène en femme, il étonne moins que nous, lorsque nous arrivions en scène, et qu'on disait de nous, c'est des hommes déguisés en femmes, vous comprenez ?
05:10 Là, les gens ne le croyaient pas, et c'est ce qui faisait une sorte de publicité à la chose.
05:14 Et vous, à quel moment vous vous êtes dite, alors on le voit dans le documentaire, c'est pour nos éditeurs,
05:20 mais à quel moment vous vous êtes dit "je vais jusqu'au bout" ?
05:23 Jusqu'au bout, qu'est-ce que vous appelez le bout ?
05:26 Parce que l'important c'est de vivre en femme.
05:29 Alors après, on s'arrange, on attend, on regarde ce qui se passe, ce qui ne se passe pas, parce que des opérations...
05:34 Il y en a eu avant.
05:36 Mais Coquesinelle me disait "c'est pas pour nous", je ne sais pas où elle prenait ces informations, moi je venais d'arriver,
05:42 mais elle prenait ces informations, elle me dit "non, non, Christine Jorgensen, c'est pas pour nous, Michel-Marie Poulin, c'est pas pour nous",
05:50 et tout d'un coup, elle a rencontré quelqu'un, c'est le docteur Bureau, qui s'était lancé dans cette affaire,
05:55 et qui a dit "ah, ah, ah, nous avons trouvé, on y court".
05:59 Je voudrais juste préciser qu'il n'y a pas une transidentité, il y a des transidentités,
06:05 - C'est ce qu'on voit dans le film.
06:07 - Effectivement, on ne se fait pas forcément opérer quand on est une personne trans, c'est un choix.
06:11 Donc voilà, tout le monde ne va pas jusqu'au bout.
06:14 - C'est ce que permet la loi aujourd'hui, ce qui n'a pas toujours été le cas auparavant,
06:18 et on le voit bien dans le documentaire, l'évolution législative, qui suit quelque part,
06:24 mais il y a eu des personnes... moi je ne me souvenais plus que Roselyne Bachelot avait eu un tel rôle dans ce combat pour la transidentité.
06:32 - Oui, c'était symbolique, vraiment un rôle symbolique, mais quand même, ça a joué.
06:37 C'est-à-dire qu'à un moment donné, quand elle retire la transidentité de la liste des maladies mentales,
06:42 on est le premier pays au monde à le faire.
06:45 - C'est ça.
06:46 - C'est-à-dire que c'était en 2010, et donc l'OMS le fera en 2019 pour une application en 2022.
06:55 Donc vous voyez, elle était quand même très en avance.
06:58 Alors après, effectivement, ce qu'on raconte aussi dans le documentaire, c'est que dans les faits,
07:02 ça n'a pas changé l'emprise d'un certain nombre de psychiatres, mais en tout cas, ça a été symbolique, ça a été important.
07:08 - Alors je vous propose d'écouter la bande-annonce de ce programme qui sera diffusé ce soir sur Histoire TV.
07:14 Alors l'avantage d'Histoire TV, c'est que c'est multi-diffusé, et puis on peut aller également sur la plateforme de TF1,
07:20 sur, j'allais dire MyTF1, mais ça a changé, sur TF1+, et vous retrouverez ce documentaire.
07:25 Mais essayez de le regarder en direct, vous allez être pris par l'émotion. Voici la bande-annonce.
07:30 - Banis de la société, les personnes trans ont longtemps été livrées à elles-mêmes.
07:34 - Est-ce que c'est un parcours obligé à la prostitution ?
07:36 - Nous n'avons pas le choix. - Qu'est-ce qu'on fait pour trouver du travail ?
07:39 - Une population discriminée par le corps médical.
07:42 - Les personnes trans voulaient de la médecine, on leur a donné de la psychiatrie.
07:45 - On a fait des électrochocs.
07:47 - Six décennies de lutte pour la liberté.
07:49 - L'élection d'une première mère transgenre, c'est un événement.
07:53 - Que la société nous fasse une place. Qu'on nous donne notre place.
07:57 - Inédit, une histoire trans, 60 ans de combat pour exister, sur Histoire TV.
08:02 - Donc ce documentaire, "Une histoire trans, 60 ans de combat pour exister",
08:07 Pascal Petit, c'était quoi le point de départ de ce film pour vous ?
08:12 A quel moment vous vous dites, vous avez expliqué que vous trouviez très peu d'éléments où il n'en existait pas,
08:19 mais c'est quoi le point de départ ?
08:21 - Le point de départ, c'est vraiment, je parlais d'Olivia Chaumont tout à l'heure,
08:24 c'est vraiment sa souffrance. Parce que c'est quelqu'un, pour raconter rapidement son histoire,
08:28 qui a eu une telle pression sociale, qu'elle a décidé, contrairement à Bambi, de repousser sa transition.
08:37 Et donc, elle a fait sa transition à 50 ans.
08:41 Ce qui fait qu'elle dit dans le documentaire, une phrase qu'elle m'a déjà dite,
08:45 "Je suis une femme avec 50 ans de retard."
08:48 Et ça, moi, je trouve ça déchirant.
08:51 Et quand elle m'a dit ça, je me suis dit, il faut que j'essaye d'explorer, de comprendre pourquoi
08:56 il y a des gens comme ça, de cette génération-là, qui ont attendu aussi longtemps.
09:00 - On explique à nos auditeurs, parce qu'il faut expliquer à nos auditeurs, c'est que vous avez toujours eu,
09:08 parce que certains en disent, il y a quelque chose d'assez fort dans ce film, c'est l'histoire du choix.
09:14 Il y en a qui vous ont dit, mais c'est ton choix.
09:16 Non, c'est quelque chose qui est impossible de te retenir, sinon, quelque part, on s'éteint physiquement.
09:23 - C'est pas du tout un choix.
09:25 Et là, je parle sous le contrôle de Bambi, mais évidemment, c'est pas un choix.
09:30 C'est quelque chose d'ancré.
09:32 Quand Bambi dit dans le documentaire, je regardais la photo de moi, je me regardais dans la glace
09:38 quand j'étais petit garçon, quand j'avais 5 ans, et je trouvais ça peu ragoûtant.
09:44 Je regardais cette phrase-là, et on voit cette photo où c'est un petit garçon magnifique,
09:48 on se dit, mais comment elle pouvait se détester à ce point-là ?
09:52 Donc, c'est au fond de soi-même.
09:54 - Oui, mais à l'inverse, qu'est-ce que ça vous a apporté d'être une femme ?
09:58 - De vivre comme tout le monde, me semble-t-il. C'est comme ça que je l'ai perçu.
10:02 - Et vous pensez que vous ne l'auriez pas vécu en étant un garçon ?
10:06 - Ah, assurément, j'ai pensé, je l'ai vécu très très jeune, je l'ai vécu.
10:11 Mes premiers souvenirs sont déjà dans cette voix.
10:17 Et naturellement, on sait, on sait très jeune que c'est interdit, en quelque sorte.
10:26 Et on n'en parle pas, et tout ça est en soi, et ça ne sort pas de soi,
10:31 jusqu'à ce qu'enfin, on trouve, à 18 ans, la possibilité de me réaliser, et je l'ai saisi.
10:38 - Et on rappelle à nos auditeurs aussi, qui vous verront dans ce film ce soir,
10:42 vous avez été professeur de français, vous, Bambi, mais vous étiez Mlle Pruveau,
10:48 pour les élèves, etc. Et vous expliquez qu'à l'époque, ça aurait été impensable de savoir que...
10:53 - Ah oui, c'était impensable, et inacceptable pour les parents d'élèves, me semble-t-il.
10:59 Parce que les enfants l'auraient su, ils auraient posé des questions,
11:02 on n'aurait pas su leur répondre, et il n'aurait pas fallu que les gens le sachent.
11:06 À mon avis, d'ailleurs moi-même, je n'avais pas envie qu'on le sache,
11:10 parce que mes collègues, vous savez, on sait très bien que quand les gens ne savent pas qui vous êtes,
11:16 que vous êtes Mme Pruveau ou une autre, bon, d'accord, bonjour,
11:20 dès qu'ils savent quelque chose sur vous, ce qu'il ne faudrait pas savoir,
11:24 ils sont toujours aussi aimables, mais ils ne peuvent pas ne pas avoir une arrière-pensée.
11:31 C'est impossible.
11:32 - Et vous comprenez les gens qui disent aujourd'hui qu'ils sont non-binaires, ou ça ne vous parle pas du tout ?
11:38 - Ça ne me parle pas parce que nous, enfin les gens comme Cochinelle,
11:42 notre effort, ça a été d'être justement, d'entrer dans la catégorie de femmes,
11:49 point final, j'allais dire.
11:51 C'est pourquoi les non-binaires me paraissent un peu étrangers, ou étrangères,
11:58 de façon, on veut le masculin ou le féminin, à ce que nous étions.
12:02 - Allez, on va s'arrêter un court instant dans cette émission Média avec Pascal Petit, réalisateur,
12:06 et Marie-Pierre Pruveau, dites Bambi, première transsexuelle française,
12:11 et ce soir sur Histoire TV, 20h50, on continue notre discussion avec vous deux, dans un instant, à tout de suite.
12:18 - Sud Radio, le supplément média.
12:21 - Et toujours en compagnie de Pascal Petit, le réalisateur, et Marie-Pierre Pruveau,
12:25 dites Bambi, une des premières transgenres françaises qu'on vous découvre ce soir
12:30 dans ce documentaire sur Histoire TV à 20h50, une histoire trans, 60 ans de combat pour exister, Gilles.
12:36 - Et puisqu'on est sur Histoire TV, vous en parliez tout à l'heure au début,
12:40 dans votre documentaire, on parle vraiment de l'histoire, et alors ça remonte aux Romains, je crois.
12:44 - D'ailleurs, le Chevalier d'Eon, il a vécu, ou elle a vécu, enfin, il y a une ambiguïté, on sait pas trop,
12:50 en femme et en homme, pendant très très longtemps.
12:52 C'est quelqu'un qui est mort très très âgé, donc effectivement ça existait,
12:56 il faut pas croire, parce que parfois on entend dire que ça débarque d'un seul coup,
12:59 aujourd'hui, pas du tout. - Que c'est une forme de mode.
13:01 - Pas du tout, ça a toujours existé, simplement, c'est ce qu'on raconte dans le film,
13:06 c'est que à partir des années 30, 40, 50, l'endocrinologie, la science des hormones, a fait des progrès,
13:12 et puis il y a eu effectivement la chirurgie réparatrice de la première guerre mondiale,
13:16 qui fait qu'on a aussi, en termes de chirurgie, fait d'énormes progrès,
13:19 et donc on a pu transformer les corps.
13:22 Donc c'est ce qui fait que les choses ont évolué, mais évidemment ça a toujours existé.
13:27 - C'est quoi les premières traces de la transfert entre pays ?
13:30 - Vous pouvez remonter, alors, si vous allez visiter la basilique de Vézelay,
13:34 vous avez un chapiteau avec un moine qui ouvre son vêtement, il y a deux seins,
13:43 c'est saint Eugène Eugénie, donc c'est quand même au XIIe siècle,
13:46 et à l'époque ça ne posait aucun problème à personne, et c'est documenté,
13:51 c'est Eugène Eugénie, c'était une personne, on ne disait pas transgenre à l'époque,
13:56 mais c'était effectivement quelqu'un, une femme qui se vivait homme.
14:00 - Et qui était prêtre ? Qui était dans l'église ?
14:03 - Absolument, et qui s'était déguisé en homme au départ,
14:08 pour rejoindre une chorale de musiciens,
14:12 donc ce n'est pas du tout quelque chose qui tombe du ciel.
14:16 Et j'aurais juste à revenir sur une chose, il faut qu'on soit précis sur la terminologie,
14:22 parce qu'on parlait de transsexualité à une certaine époque.
14:27 - Alors oui, on s'est posé la question juste avant l'émission.
14:31 - Pour être bien précis, on dit transgenre, on dit transidentité,
14:36 parce que transsexuel c'est vécu comme quelque chose de blessant, d'humiliant,
14:40 parce que c'est un terme médical, qui a été inventé dans les années 50 par les psychiatres,
14:44 et ça suppose qu'effectivement il n'y aurait qu'une seule transidentité,
14:48 et qui aboutirait forcément à une opération liée au changement de sexe.
14:52 Or ce n'est pas le cas.
14:54 Donc transsexuel c'est un mot chez les personnes transgenres,
14:57 qui est aujourd'hui complètement banni.
15:00 - Est-ce qu'on recule aujourd'hui sur le regard et sur tout ce qu'on est en train de...
15:03 - Oui on peut parler de l'Eurovision.
15:05 - De l'Eurovision, et on a vu effectivement, mais même la semaine,
15:08 il y a une dizaine de jours, il y a eu des manifestations un peu partout en France,
15:11 justement pour dénoncer les attaques, notamment sur les réseaux sociaux,
15:16 et ce fameux livre qui fait parler beaucoup, mais qui fait peut-être aussi beaucoup de mal.
15:24 - Alors moi évidemment, ce débat me dépasse un peu,
15:29 parce qu'on fait un travail historique, on s'appuie sur des faits,
15:33 et pour reprendre l'exemple du livre dont vous parlez,
15:38 c'est des idéologues qui tordent la réalité pour essayer d'appuyer leurs arguments.
15:43 Donc moi je ne fais pas du tout le même métier que ces gens-là,
15:47 je ne sais même pas vendre,
15:50 donc il y a une espèce de haine,
15:53 c'est en plus lié au milieu complotiste, à l'extrême droite,
15:56 voilà une espèce de haine qui est orchestrée.
15:59 Moi je pense que ces gens-là ne rencontrent pas les personnes trans,
16:05 et ne rencontrent pas ce qu'elles ont vécu,
16:08 ne rencontrent pas leurs souffrances,
16:10 et je les invite vraiment à rencontrer des personnes trans
16:14 qui leur raconteront ce qu'elles ont vécu.
16:17 Et puis on en fait des tonnes médiatiquement,
16:20 mais la population transgenre c'est très très peu de monde,
16:23 à qui font-ils du mal ?
16:25 Franchement, c'est moins de 1% de la population,
16:29 on dit entre 20 000, 30 000, 40 000 personnes en France.
16:32 C'est très peu, donc pourquoi on va leur chercher des pieds dans la tête ?
16:36 - Parce que c'est énormément médiatisé,
16:39 parce que je pense qu'il y a un mélange entre les drag queens,
16:42 entre un tas de choses, les binaires, les non-binaires,
16:46 et que les gens ont la pression.
16:48 - Est-ce qu'il n'y a pas un recul aussi,
16:50 une espèce de recul idéologique, des mentalités,
16:53 d'avoir peur de l'autre, de l'étranger, de tout ce qui s'en suit ?
16:56 - Ça dépend des générations.
16:58 Moi j'ai une fille qui a 26 ans,
17:01 et franchement, pour elle, c'est pas du tout un problème.
17:04 - C'est même un non-sujet, cette génération-là ?
17:07 - C'est un non-sujet.
17:09 C'est plus de l'idéologie.
17:13 Comme on est dans un truc où il faut cultiver la haine de l'autre
17:17 pour pouvoir essayer de faire le plus de voix possible,
17:20 c'est les personnes trans, et ce sera d'autres.
17:23 - Et vous, Bambi, avez-vous eu l'impression à l'époque
17:26 que c'était un acte politique, ou c'était simplement pour vous ?
17:31 - À l'époque, c'était simplement pour soi.
17:34 L'idée de réunion, d'association, nous échappait complètement.
17:39 La première association, qui s'appelait la MAO,
17:43 Association des Malades Hormonaux,
17:46 a été faite contre notre avis au Carousel,
17:49 parce qu'on parlait de maladie,
17:51 et de ça, on ne voulait absolument pas entendre parler.
17:54 À propos d'histoire, est-ce que vous vous êtes enseignée
17:57 sur une certaine papesse Jeanne,
18:00 ou sur l'empereur romain qui passait ses revues en femme ?
18:06 - Alors, l'empereur romain, oui.
18:08 - Et le Gabal, oui.
18:10 - La papesse, vous me la prenez.
18:12 - On m'a parlé de ça, mais j'ai aucune preuve,
18:15 je fais aucune recherche.
18:17 - Le Gabal, en effet, il avait 18 ans.
18:19 - Eh oui, il avait 18 ans.
18:21 - Il se vivait femme, et il a été jeté à la rivière à 18 ans.
18:25 - Ah bon ? - Oui.
18:27 - Incroyable. - Il fallait prendre soin de soi.
18:30 - Et vous, comment vos parents ont réagi, votre entourage ?
18:34 Parce que vous avez été un peu précurseur avec coccinelle, évidemment.
18:37 - J'avais 14 ans quand mon père est mort,
18:40 et ma mère, quand je lui en ai parlé,
18:43 elle me disait qu'elle n'y comprenait rien.
18:45 Elle me demandait de toute façon que j'avais besoin de son aide,
18:49 parce qu'il fallait que je sois libérée à 18 ans.
18:53 On n'était majeurs qu'à 21 ans, à l'époque.
18:56 - Oui. Ça fait combien de temps que vous n'avez pas entendu votre prénom masculin ?
19:00 - Oh... La dernière fois que je l'ai entendu,
19:03 c'est moi qui l'ai prononcé,
19:05 parce que je voulais dire à quelqu'un comment je m'appelais, je ne sais pas.
19:08 Mais ça fait bien longtemps, oui.
19:10 Ça fait bien longtemps.
19:12 - Et maintenant, vous ?
19:14 - Plus rien.
19:16 Parce que je détestais mon prénom masculin,
19:18 et maintenant, je ne le déteste plus.
19:20 Et je rencontre des gens qui s'appellent Jean-Pierre.
19:22 Quelquefois, j'oublie que ça a été mon prénom.
19:26 - Moi, je voulais savoir également
19:29 pourquoi ce genre de programme n'est pas sur les grandes chaînes,
19:33 et qu'on les retrouve sur Histoire TV, outre.
19:36 Là, pour le coup, je reviens dans une émission média.
19:38 Est-ce que c'est compliqué, à vendre ce genre de documentaire ?
19:41 - C'est bien que vous me donniez l'occasion
19:43 de dire à quel point la chaîne Histoire TV a cette liberté-là.
19:47 Et moi, vraiment, je les remercie pour ça.
19:50 Franchement, vous l'avez vu,
19:53 pour moi, c'est un documentaire qui aurait sa place sur le service public.
19:56 - C'est exactement le sens de ma question.
19:58 - Et ce n'est pas faute de l'avoir proposé.
20:00 Donc, voilà, on est sur Histoire TV,
20:03 et j'en suis très heureux, parce qu'effectivement,
20:05 c'est un écran, et ça va nous permettre d'être diffusé en prime time.
20:09 Mais sur une chaîne, effectivement, qui n'est pas une chaîne premium.
20:13 Cela dit, j'ai fait...
20:15 - Qu'est-ce qu'on vous disait ?
20:16 - Oui, qu'est-ce que vous avez à dire du service public, pour vous dire un peu ?
20:19 - C'est un manque d'intérêt, c'est un manque d'imagination,
20:23 c'est un manque de...
20:24 Voilà, on en est resté au portrait de personnes trans.
20:29 On va du début de la transition jusqu'à l'opération finale.
20:33 Moi, je crois qu'on a dépassé ça, maintenant.
20:35 Il y a beaucoup de gens qui ont documenté ça, et c'est sûr.
20:38 - C'est sûr, oui.
20:39 - Et il faut passer à autre chose.
20:41 Donc, voilà, j'ai vraiment une déception de ce point de vue-là,
20:44 parce que...
20:46 C'est une chaîne, effectivement, privée, qui le fait.
20:51 Et par exemple, mon précédent doc,
20:53 qui était sur les 15 premières années de la lutte contre le SIDA,
20:55 c'était aussi Histoire TV, mais rediffusé par TF1.
20:58 Donc, voilà, j'ai de la mémoire.
21:01 - Moi, je voulais savoir également,
21:04 est-ce que dans le documentaire, on voit évidemment Mireille Dumas
21:09 et puis le personnage incroyable qu'elle avait rencontré,
21:13 et qui dit quelque chose, moi, qui m'a su en prie,
21:15 qui dit que c'est compliqué, quand on est trans,
21:20 de ne pas être dans la prostitution.
21:22 Et moi, j'ai trouvé ça très cliché,
21:24 parce que je n'ai pas cette image-là.
21:26 J'ai l'image de...
21:28 On va être dans les cabarets,
21:30 c'est le seul moyen un peu d'exister.
21:32 Mais est-ce que vous,
21:35 beaucoup des amis que vous avez connus qui étaient trans,
21:38 la prostitution n'était que le chemin direct ?
21:42 - C'est-à-dire que...
21:45 Je vous parle de mes débuts, c'est-à-dire d'il y a 70 ans.
21:48 Donc, nous avons deux cabarets qui reçoivent des travestis.
21:54 - Madame Arthur.
21:57 - Madame Arthur et le carousel.
21:59 Et dès qu'on débute, peu à peu, on voit,
22:02 il y a donc Oxinelle qui nous a précédés,
22:04 il y a Capucine et moi ensuite.
22:06 Et on voit des personnes qui se présentent,
22:10 mais qui ne sont pas acceptées comme artistes,
22:13 et qui ont décidé de vivre cette vie,
22:16 et qui se prostituent, parce qu'il faut vivre.
22:19 Et alors après, elles ont la réputation de se prostituer,
22:22 la patronne ne veut plus entendre parler,
22:24 même si elles sont très belles,
22:26 elles ont une fière allure, tout ça,
22:30 elles iraient très bien en scène.
22:32 Et peu à peu, on a fini par les intégrer certaines aux carousels.
22:36 - Vous avez rencontré des hommes politiques ?
22:39 - Des hommes politiques ? Je ne crois pas, non.
22:42 Ah si, Madame...
22:44 - Madame Bachelot.
22:45 - Madame Bachelot, qui m'a décorée.
22:49 - Moi, je voudrais dire à propos de Bambi,
22:51 qu'évidemment, je n'imaginais pas faire ce doc sans elle.
22:54 Comme certains disent dans le documentaire,
22:57 au fond, on a l'impression que nous, les personnes trans,
22:59 on est tombés du ciel, comme ça,
23:01 et or, la présence de Bambi fait qu'on a une histoire.
23:04 On a une histoire, et on existe.
23:07 Et le fait de raconter ça, c'est très important
23:10 pour les générations d'après.
23:12 - Ce que vous racontez aussi,
23:14 c'est que ce n'est pas une histoire de sexualité, en fait.
23:17 C'est une histoire d'âme.
23:19 - Voilà, moi, avec Gilles, on a eu vraiment envie
23:22 de ce focus sur Sud Radio, sur ce documentaire,
23:25 à retrouver ce soir, 20h50, sur Histoire TV,
23:28 mais on va le retrouver sur la plateforme TF1+.
23:32 Une histoire trans, 60 ans de combat pour exister.
23:35 C'est donc à l'occasion de la journée intentionnelle
23:37 de lutte contre la transphobie, l'homophobie et la bisphobie.
23:41 Tant mieux. Pascal Petit, merci beaucoup d'être venu.
23:44 - Merci à vous.
23:45 - Bambi, merci.
23:46 - Merci beaucoup.
23:47 - Merci infiniment d'avoir été avec nous.
23:49 Vous teniez absolument à venir, et on est ravis.
23:51 - Merci à vous.
23:52 - Merci infiniment.
23:53 - Merci à vous.
23:54 Dans un instant, sur Sud Radio, le débat de ce vendredi,
23:57 cette fin de semaine, avec nos quatre débatteurs.
23:59 On va tenter de se mettre d'accord.

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