Les Vraies Voix avec Corinne Tapiero, Jean Doridot, Sophie Gaugain et Clémence Fouques, membre du conseil d'administration de SOS homophobie et rédactrice du chapitre transphobie du rapport annuel sur LGBTI-phobies 2023 paru en mai.
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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-07-25##
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NewsTranscription
00:00 Les vraies voix sud radio, le grand débat du jour.
00:03 Zach a parlé à sa mère de cette petite fille, qu'il n'était plus.
00:07 Et huit mois plus tard, Zach a entamé sa transition hormonale.
00:10 De la testostérone une fois par mois pour bloquer la puberté féminine.
00:14 Il faut être sûr, bien évidemment, que ça ne s'agit pas d'un malaise passager,
00:18 d'une interrogation passagère, mais de quelque chose de beaucoup plus profond,
00:21 de beaucoup plus ancré.
00:22 Puis que je suis un garçon, je me sens mal dans ce corps
00:26 et il fallait absolument que je devienne qui ?
00:28 J'étais vraiment une fille ?
00:30 Un enfant qui parle de suicide à 7 ans, c'est troublant,
00:32 c'est choquant, c'est inquiétant.
00:34 C'est un enfant sur 500 qui souffre de ce que Stella appelle une erreur de la nature.
00:38 J'ai commencé à me rendre compte que j'étais contente
00:41 quand les gens dans la rue me prenaient pour un garçon
00:43 parce que j'avais les cheveux courts.
00:44 Et donc dans ma tête, assez simplement, c'est faite la déduction
00:47 que s'il n'y a aucun truc de fille, entre guillemets, qui m'intéresse,
00:50 c'est que je ne dois pas en être une.
00:52 La jeune fille affirme qu'après une poignée de consultations en tête à tête,
00:56 il lui délivre le certificat donnant accès à des hormones sexuelles masculines.
01:00 Petit à petit, je me sens de moins en moins confortable
01:03 avec le fait d'être vue comme un garçon.
01:05 Et je me dis, je ne suis pas un garçon.
01:07 Les vraies voix, grand débat, question du jour.
01:13 Évidemment, vous pouvez aller voter sur Twitter, chers auditeurs.
01:16 Alors, une petite mise en contexte pour vous, suite à ce qu'on vient d'entendre.
01:20 De plus en plus d'enfants et d'adolescents sont diagnostiqués
01:23 ou se diagnostiquent eux-mêmes dysphoriques de genre,
01:26 répondant à l'invitation "Auto-détermine-toi"
01:29 qui a été clamée par les influenceurs sur les réseaux sociaux.
01:32 Inquiétude des parents, comme par exemple aussi des membres
01:34 de l'association observatoire de la Petite Sirène,
01:37 dont les premiers travaux ont porté sur le diagnostic de dysphorie de genre.
01:41 Et eux-mêmes s'inquiètent de l'essor des transitions médicales chez les adolescents.
01:46 La question qu'on vous pose sur Twitter,
01:48 "LGBT+ jeunesse, faut-il encourager le changement de genre des mineurs ?"
01:53 et nous recevons Clémence Fouque.
01:55 Bonsoir Clémence, vous êtes membre du conseil d'administration de SOS Homophobie
01:59 et rédactrice du chapitre "Transophobie" du rapport annuel
02:02 sur LGBTI-phobie 2023, paru en mai.
02:06 - Bonsoir à vous, bienvenue. - Bonsoir à vous.
02:08 Merci d'être là.
02:09 Alors, un texte dans le Wall Street Journal dit
02:12 "il faut privilégier l'accompagnement psychologique aux traitements hormonaux et chirurgicaux".
02:17 Déjà, peut-être, le point de vue du psychologue Jean Dorido.
02:21 Alors, le point de vue du psychologue...
02:23 C'est-à-dire que là, vraiment, toute la question, me semble-t-il, essentielle,
02:27 concerne deux points.
02:29 L'encouragement, doit-on encourager la transition de genre
02:35 chez des personnes très jeunes, y compris pré-adolescentes ?
02:39 Et puis, une autre question essentielle, c'est la question de l'irréversibilité.
02:43 C'est-à-dire que, qu'un enfant ne soit pas bien dans son genre
02:48 qui lui a été attribué à la naissance de par ses organes sexuels,
02:51 ça, c'est tout à fait audible et c'est problématique.
02:54 On a entendu dans le son la question du suicide des enfants.
02:58 C'est un vrai sujet.
03:00 La France n'est pas du tout bien placée, je dirais, dans les pays du monde.
03:03 Le suicide, ça reste quand même la première cause de mort
03:06 chez les hommes de 25 à 34 ans, en France.
03:09 C'est le numéro un.
03:10 Et on a aussi beaucoup de cas chez les adolescents.
03:13 Donc tout ça, ce sont des sujets extrêmement graves, extrêmement importants.
03:18 Pour autant, l'irréversibilité, ça pose vraiment question
03:20 parce qu'on le sait en psychologie, l'adolescence,
03:23 c'est une question justement de transformation physique,
03:27 de transformation psychologique.
03:29 Nous ne sommes pas que des pensées, nous sommes aussi des hormones.
03:32 Nous sommes faits de chair et de sang.
03:34 Nous sommes faits de chromosomes.
03:36 Et donc, si vous voulez, il est tout à fait, je dirais,
03:38 normal et même souhaitable qu'un adolescent se questionne
03:43 sur son orientation sexuelle, sur même, évidemment, son genre.
03:48 Pour autant, dès lors que nous allons collectivement
03:51 encourager une transition qui deviendra irréversible
03:54 de par les traitements attribués,
03:56 là, c'est vraiment problématique parce que, vous le savez,
03:58 typiquement, c'était un papier du Parisien du mois de mai 2022,
04:02 on a aujourd'hui de plus en plus de personnes
04:05 qui ont suivi une transition à l'adolescence
04:08 et qui aimeraient ensuite faire marche arrière.
04:10 Et quand vous n'y êtes plus possible, c'est un vrai problème.
04:12 Clémence, faut qu'encouragés...
04:15 Alors, on a compris que ça peut arriver, le mal-être,
04:17 effectivement, par rapport à son genre, etc.
04:20 Est-ce que finalement, encourager des jeunes adolescents
04:22 ou des jeunes mineurs ou même des qui sont bientôt majeurs,
04:25 qui peuvent avoir 16 ou 17 ans, à ce changement de genre,
04:28 ce n'est pas un peu compliqué quand même ?
04:29 Est-ce qu'il ne faudrait pas les laisser faire leur chemin
04:31 avant d'accéder à tout le processus, en fait ?
04:35 Alors, encourager, c'est un mot fort.
04:39 C'est un peu comme si on pousse les enfants,
04:42 qu'on leur dit "Allez, vas-y, transitionne,
04:46 on sera fiers de toi".
04:46 "Lance-toi, va-y, passe !"
04:48 Ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe.
04:51 Et il n'y a personne qui revendique ça.
04:54 Nous, à Soestmophobie, on ne revendique pas ça.
04:56 Il n'y a aucune association qui revendique ça.
04:59 Le protocole en place, et qui est en place depuis longtemps,
05:03 et qui a fait ses preuves,
05:05 et qui est même là depuis avant ma naissance,
05:07 c'est ce qu'on appelle le protocole hollandais,
05:09 que vous connaissez peut-être,
05:11 qui est celui où on dit "Bon, vous êtes un enfant,
05:16 vous avez le droit de vous questionner, c'est sain,
05:19 en psychologie du développement, c'est quand même important
05:23 que l'enfant se développe,
05:25 il se laisse se poser des questions,
05:27 mais on sait que ce n'est pas fixe,
05:28 et qu'il risque de revenir en arrière à ce qu'on dit,
05:31 eh bien, on va donner à l'enfant
05:33 ce qu'on appelle des bloqueurs de puberté.
05:35 Et le bloqueur de puberté, c'est utilisé dans d'autres situations
05:38 depuis très longtemps, on connaît très bien les effets secondaires,
05:42 et on dit "On va bloquer la puberté",
05:46 parce que pour une personne qui est effectivement trans,
05:51 avoir sa puberté normalement, c'est une forme de torture.
05:56 On se sent avoir son corps qui, tous les jours,
05:58 devient différent de ce qu'on est,
06:01 et c'est vraiment horrible,
06:02 et donc c'est important de protéger ce genre de choses.
06:04 - Et c'est à ce moment-là, Clémence, justement,
06:06 qu'il y a effectivement, vous aviez tout juste
06:09 sur l'importance de ce mot "encourager".
06:12 C'est-à-dire qu'à partir du moment où le processus a été fait,
06:15 il y a l'encouragement qui va se faire pour aider,
06:19 en fait, pour soutenir.
06:20 Voilà, il y a un petit problème de son.
06:23 Merci. Alors, réaction, Corine Tapiero,
06:27 c'est ça la question, c'est-à-dire, il y a un processus,
06:30 à partir du moment où il est lancé, ce processus,
06:32 est-ce qu'on bloque ou est-ce qu'on encourage à aller dans le sens ?
06:35 - Alors, ce que je trouve un petit peu inquiétant,
06:38 et c'est le sujet sur lequel il nous manque des éléments,
06:41 c'est quels sont les risques réels de ces bloqueurs de puberté
06:46 ou de ces hormones,
06:47 puisque de toute façon, c'est très bien que lorsqu'on prend des hormones,
06:49 il y a des effets secondaires, des effets indésirables,
06:52 qui peuvent être extrêmement graves.
06:54 Je ne sais pas quel est le parent qui peut accompagner son enfant
06:57 dans cette prise de médicaments
06:59 s'il sent que la décision n'est pas complètement affichée.
07:05 Effectivement, moi, j'avais été un petit peu gênée par le mot "encouragement",
07:09 parce qu'il faut pouvoir accompagner la difficulté de ces jeunes
07:12 qui ne se sentent pas bien,
07:14 mais je crois qu'il y a aussi un accompagnement psychologique
07:16 qui peut se faire pour arriver à savoir où il se situe,
07:19 pour l'aider, non pas à changer d'orientation
07:22 s'il a envie, s'il se sent vraiment différent,
07:25 mais ce qui est un peu gênant dans ce mot "encouragement",
07:27 c'est qu'on a l'impression que c'est un grand mouvement de foule,
07:30 de fond, et qu'on va inciter tout le monde à rentrer un petit peu dedans.
07:34 Donc ça, c'est un petit peu dérangeant.
07:35 - Sophie Gauguin, sur cette irréversibilité du processus en lui-même,
07:41 parce que prendre des hormones qui bloquent la croissance,
07:43 c'est aussi un acte en soi,
07:45 est-ce que vous ne pensez pas que c'est quelque chose
07:46 qui devrait attendre l'âge majeur, tout simplement ?
07:48 - Je ne suis pas une spécialiste médicale,
07:51 donc c'est difficile de se prononcer.
07:54 Ce que j'aime beaucoup, c'est la franchise
07:55 avec laquelle vous abordez ce sujet-là,
07:57 parce qu'effectivement, pour moi, la question "encourager",
08:01 ça relève tellement de l'intime,
08:03 à une période de la vie pas facile.
08:06 On sait bien, l'adolescence, c'est compliqué,
08:08 généralement c'est compliqué encore plus,
08:10 je pense, quand on se pose cette question,
08:12 dans sa vie.
08:13 Donc j'étais plus sur l'idée de dire,
08:15 c'est quoi le meilleur accompagnement
08:17 pour ne pas, justement, sur l'irréversibilité,
08:22 se retrouver en grande difficulté plus tard ?
08:25 Et c'est ça l'intérêt, parce que quand on est mineur,
08:28 on est un enfant, même si on est avancé vers sa majorité.
08:32 Alors après, il y a les changements d'état civil
08:34 qui sont possibles quand on est majeur,
08:36 mais à ce moment-là de la vie,
08:37 c'est vraiment d'être accompagné à tous les niveaux,
08:40 plutôt, et psychologiquement aussi,
08:42 pour savoir si on prend la bonne décision.
08:45 C'est difficile comme question, mais "encourager", non,
08:48 parce que, et merci de le dire aussi spontanément que ça,
08:52 mais bien expliquer ce qui peut se passer médicalement.
08:56 - Sur ce thème, en fait, nous nous sommes inspirés,
08:58 avec Judith, d'un article du Figaro, aujourd'hui,
09:01 qui, avec des réflexions très, très, très poussées,
09:05 et en fait, c'est dans la mesure où il y a des blocages
09:08 et où on interdit, la question c'est,
09:10 est-ce qu'il faut encourager à ne plus interdire ?
09:13 En fait, c'est ça.
09:15 Parce qu'il y a ce moment, Jean Dorido,
09:17 où des jeunes sont en souffrance,
09:20 et à ce moment-là, toute la machine qui est autour, qui bloque,
09:23 est-ce qu'il faut encourager cette machine qui bloque
09:26 à accompagner, justement ?
09:28 - Alors, c'est-à-dire que,
09:30 pour revenir sur les propos de Clémence,
09:33 qui sont tout à fait mesurés,
09:34 bien sûr, je vous entends parler,
09:37 distinguer la question,
09:39 lorsqu'une personne est effectivement trans.
09:41 Et ça, en psychologie, c'est une question qui est extrêmement difficile.
09:45 Comment savoir, si vous prenez
09:48 une personne adolescente qui a une quinzaine d'années,
09:51 qui va témoigner d'un malaise
09:54 au niveau de son genre ?
09:55 Comment identifier, comment savoir,
09:58 comment évaluer de façon clinique,
10:00 si cette personne est effectivement trans,
10:03 à savoir que, comme vous le décrivez très bien,
10:05 c'est insupportable pour elle, peut-être même dangereux
10:08 pour son intégrité physique,
10:09 de la laisser aller dans une puberté ?
10:11 Et comment distinguer ce cas
10:13 d'un cas où cette personne serait simplement traversée
10:16 par un malaise, je dirais, tout à fait ordinaire,
10:18 avec en plus,
10:19 et c'est pour le plaisir du débat aussi que j'évoque la question,
10:22 quand on parle d'encourager la transition de genre,
10:24 c'est vrai du point de vue médical, certes,
10:27 c'est vrai aussi du point de vue de la société.
10:30 Il y a aujourd'hui, c'est un fait,
10:31 un activisme trans,
10:33 sur lequel peut-être vous vous exprimerez clémence,
10:36 qui est réel.
10:37 Vous avez des oeuvres de fiction,
10:39 typiquement une compagnie comme Disney, par exemple,
10:41 officiellement encourage la présence,
10:45 si vous voulez, de cette question trans.
10:47 Et donc, si vous voulez, quand vous avez des esprits,
10:50 par définition, extrêmement malléables,
10:53 que sont l'esprit des enfants, des pré-adolescents,
10:55 on a aussi une question à se poser.
10:57 - Influenceable.
10:57 - Il est en question de stigmatiser les personnes
11:00 effectivement trans,
11:01 ça c'est essentiel de le rappeler,
11:03 pas de discrimination, pas de stigmatisation.
11:05 Pour autant, la question de l'encouragement
11:08 au niveau sociétal, au niveau artistique,
11:10 de la transition de genre,
11:12 c'est une question qui me semble très importante également.
11:15 - Clémence, qu'est-ce que vous répondez à ça justement ?
11:19 Et comment on fait pour savoir si c'est un malaise ordinaire d'adolescent,
11:22 ou si c'est vraiment un problème incontournable structurel ?
11:26 - Alors déjà, deux choses que je me sens obligée de réagir
11:29 au fait qu'on encourage les personnes trans en France,
11:35 ça je pense que c'est un biais qu'on a,
11:38 parce qu'on commence à être visible dans les médias.
11:41 Moi, je me farcie des centaines de témoignages
11:45 pour le rapport que j'écris,
11:49 clairement, on n'est pas au niveau de l'encouragement
11:52 dans énormément de cas.
11:55 Même au contraire, on est plus du côté de la thérapie de conversion,
12:00 encouragée par de nombreux psychiatres et psychanalystes.
12:06 - On peut rappeler, la thérapie de conversion c'est...
12:08 - Ça n'a rien à voir avec la question trans,
12:10 c'est pour les blagues, c'est pour l'orientation sexuelle,
12:12 c'est un truc d'un autre âge, la thérapie de conversion...
12:14 - Les thérapies de conversion, ça existe aussi pour les personnes trans,
12:16 et d'ailleurs, le groupe républicain à l'Assemblée nationale
12:20 avait voulu, a essayé de faire voter des amendements
12:24 qui gardaient les thérapies de conversion légales
12:27 pour les personnes trans, quand ça a été voté l'année dernière.
12:30 - Mais du coup, comment est-ce que vous faites,
12:32 pour revenir à la question, pour être sûr que le gamin
12:34 que vous avez en face, ce n'est pas un malaise ordinaire,
12:37 et que c'est un malaise structurel ?
12:38 - C'est une question qui se pose dans les équipes officielles
12:44 qui suivent les personnes trans,
12:47 et on part un peu d'un compromis.
12:51 C'est-à-dire, on sait que si on fait quelque chose tout de suite,
12:55 on risque de faire des choses irréversibles qui posent problème.
12:58 Mais on sait que si on ne fait rien,
13:00 là aussi c'est un péché parce que c'est aussi irréversible,
13:04 ce qui arrive au corps naturellement.
13:07 Donc comment on fait ?
13:09 On essaie de gagner du temps,
13:10 et on gagne du temps avec des blocs hors la puberté.
13:13 On dit qu'on stoppe la puberté aussi longtemps qu'on peut,
13:18 sans mettre en danger la personne,
13:19 parce que les blocs hors la puberté, c'est depuis longtemps,
13:22 et ça reste quand même assez safe.
13:24 Et comme ça, la personne peut être plus âgée
13:27 quand elle prend une décision vis-à-vis.
13:29 En général, personne en France nous donne des hormones
13:33 à une personne de moins de 16 ans.
13:34 Les chirurgies en France,
13:37 bon déjà, il y a très peu de personnes trans en France
13:42 qui font des chirurgies,
13:43 parce que déjà, il n'y a pas assez de médecins qui en font,
13:47 et ça coûte cher.
13:48 Il y a un débat là-dessus entre l'endocrine society,
13:51 c'est-à-dire les endocrinologues,
13:52 et qui sont souvent en conflit avec les psychiatres,
13:55 sur le fait d'encourager ou pas.
13:58 Sophie Gauguin ?
14:00 Oui, encore une fois, je ne suis pas spécialiste.
14:03 J'essaie de placer ma réflexion sur l'humain.
14:06 Et je pense que le meilleur accompagnement,
14:11 mais certainement ce que vous dites,
14:13 c'est qu'on n'a pas assez de recul
14:15 sur les différents protocoles qui sont mis en place,
14:18 mais vous pourrez très bien me contredire.
14:21 Et ce que je comprends,
14:23 c'est de laisser du temps pour une forme de maturité.
14:25 Donc on arrive tous à être d'accord,
14:27 je pense, sur le fait qu'il faut accompagner.
14:29 Après, jusqu'à quel moment de la maturité de la personne,
14:33 est-ce que c'est jusqu'à sa majorité ?
14:36 Je serais tentée de dire assez oui en vous écoutant,
14:39 et de ne pas vous mettre en risque de santé,
14:42 de santé physique et psychologique,
14:47 ça me paraît le plus important.
14:48 Mais je pense qu'il y a des protocoles médicaux
14:50 qui sont déjà en place pour ce parcours très spécifique.
14:56 Clément Souzafou, vous avez dit
14:58 compiler un grand nombre de témoignages.
15:00 Est-ce que vous avez des témoignages
15:01 dans ceux que vous avez reçus
15:03 de jeunes ados qui changeraient d'avis
15:07 en cours de processus ?
15:09 Alors, ce qu'on appelle la détransition.
15:11 Pardon, excuse-moi.
15:13 On fait grand cas de la détransition
15:15 parce que c'est quelque chose qui fait peur.
15:17 Et c'est marrant parce que
15:21 ce que vivent les personnes qui détransitionnent,
15:24 parfois dans leur souffrance,
15:26 c'est ce que vivent chaque personne trans
15:28 qui n'est pas accompagnée.
15:29 Mais déjà, premièrement,
15:34 les personnes qui détransitionnent,
15:35 elles sont très peu.
15:36 Quand on regarde les statistiques,
15:38 c'est vraiment du pour mille.
15:39 C'est pas du pour cent, c'est du pour mille.
15:41 Deuxièmement, la plupart des personnes
15:43 qui détransitionnent, 80%,
15:45 elles le font à cause de pression sociale
15:47 parce que justement,
15:47 on ne laisse pas les personnes trans...
15:50 Par exemple, pour avoir un métier,
15:51 il y a beaucoup de personnes trans
15:52 qui détransitionnent
15:53 parce que c'est compliqué de trouver un emploi.
15:56 Et parmi celles qui restent,
15:58 il y en a qui regrettent.
16:00 Mais tout comme tout le monde peut regretter
16:03 n'importe quelle intervention dans sa vie.
16:06 - Oui, sauf que là, c'est pas un simple voyage.
16:08 C'est-à-dire quand on revient de la détransition,
16:11 c'est peut-être irréversible aussi.
16:13 Il y a une partie politique aussi.
16:15 Et je l'entends déjà dans chacun de vos propos
16:19 autour de la table, les vrais voix.
16:20 Et d'ailleurs, réagissez les auditeurs de Sud Radio,
16:22 0826-300-300,
16:24 la page du magazine "Vie des familles"
16:26 du site internet de la CAF,
16:28 titrait "Mon enfant est transgenre,
16:30 comment bien l'accompagner ?"
16:32 Et bien dans une lettre ouverte
16:33 au ministre de la Santé,
16:34 il y a 80 signataires professionnels de santé
16:37 qui ont dit au ministre
16:39 "faites cesser cette désinformation".
16:41 Donc on sent bien qu'il y a de l'enjeu politique.
16:44 - Sylvie Dutharne, notre auditrice,
16:46 n'hésitez pas à réagir,
16:48 vous le savez, au 0826-300-300.
16:50 Sylvie, justement, qu'est-ce que ça vous évoque
16:53 tout ce que vous venez d'entendre
16:54 autour de cette table ?
16:55 On vous écoute.
16:56 - Alors moi, il y a des propos,
16:58 je partage ce qu'a dit,
17:00 comment il s'appelle ?
17:01 Monsieur Dorido.
17:02 - Oui, Jean Dorido.
17:03 - Voilà, Jean Dorido.
17:04 Par contre, je suis effarée
17:06 les propos que j'entends de la personne,
17:10 c'est Clémence, c'est ça ?
17:11 - C'est Clémence, oui, oui, Clémence.
17:12 - Moi, je suis effarée, je suis effarée.
17:14 Ça ne la gêne pas du tout.
17:16 "Ah ben, on me donne des bloqueurs de puberté."
17:19 Tranquillement, elle annonce ça,
17:20 mais les bloqueurs de puberté,
17:22 quand la personne va arriver à 20 ans
17:24 et qu'elle ne voudra plus devenir,
17:26 changer de sexe,
17:27 elle va faire comment ?
17:28 Son corps aura bouffé pendant des années
17:30 et des années des bloqueurs de puberté.
17:32 Il faut quand même en prendre conscience de ça.
17:35 - Clémence Fouque ?
17:36 - Même si ça peut paraître anodin,
17:37 c'est quand même de la cochonnerie
17:39 que son corps a enrangée.
17:41 - Clémence Fouque, qu'est-ce que vous répondez
17:42 à notre dit récit ?
17:43 - Le protocole qui fait ça
17:45 et qui est utilisé depuis quasiment 30 ans
17:47 montre que sur le long terme,
17:53 il n'y a pas d'effet néfaste.
17:54 Justement, c'est ça tout le but de la démarche,
17:57 c'est que les bloqueurs de puberté sont réversibles
17:59 parce que personne ne veut...
18:01 - Donc ça veut dire que si par exemple,
18:03 un enfant prend un bloqueur de puberté à 16 ans,
18:05 à bien avant, ou à 14 ans, ou à 13 ans,
18:08 ou quel que soit l'âge,
18:10 s'il arrête à 20 ans,
18:11 il peut retrouver sa puberté normale.
18:13 C'est-à-dire que le processus remarche.
18:15 - La puberté terminée à 20 ans, c'est ça ?
18:16 - Oui, c'est bien pour ça que je pose la question.
18:18 - Alors, déjà, les cas de figure
18:21 où la personne prendrait sa décision à 20 ans
18:24 alors qu'elle peut la prendre avant 16 ans,
18:26 parce qu'à 20 ans,
18:27 ça fait déjà quelques années que les questions se sont fixées.
18:29 - On peut toujours changer d'avis à 20 ans quand même.
18:31 - Oui, mais ce n'est pas le but en fait.
18:34 - Qu'est-ce que vous faites dans ces cas-là ?
18:35 Ma question, c'est, est-ce que si vous arrêtez
18:36 les bloqueurs de puberté à 20 ans
18:38 après 8 ans de prise,
18:40 vous avez commencé à 12 ans,
18:41 est-ce que vous pouvez retrouver votre corps
18:43 tel qu'il aurait été si vous ne l'aviez pas fait ?
18:44 - Je pense qu'il y a peut-être une...
18:46 Je pense que je suis peut-être mal exprimée
18:47 sur l'utilisation des bloqueurs de puberté.
18:49 Parce qu'en fait, ça sert juste à délayer la puberté,
18:53 le temps que la personne soit suffisamment mature
18:58 pour prendre une décision.
18:59 - Donc 18 ans, quoi.
19:00 - Oui, 18 ans ou 16 ans,
19:01 ça dépend des juridictions, des pays.
19:03 - Vous dites que ça sert à retarder l'échéance,
19:05 c'est ce que vous dites.
19:06 - Oui, mais je peux vous reposer la même question,
19:08 si à 18 ans, vous décidez que finalement,
19:10 vous ne voulez plus être trans
19:11 et vous avez pris des bloqueurs de puberté,
19:13 est-ce que votre corps revient à la normale ?
19:14 - Oui.
19:15 - D'accord.
19:16 - Est-ce qu'on peut savoir,
19:17 combien il y a à peu près de jeunes
19:21 qui seraient dans cette situation
19:22 de ne pas savoir où ils sont,
19:24 s'ils sont trans, s'ils ne le sont pas,
19:26 ou qu'ils voudraient transitionner ?
19:28 - Ça, en fait, on ne le sait pas, justement.
19:31 C'est pour ça qu'on agit avec prudence.
19:33 - Et vous l'estimez, vous, à combien ?
19:34 Puisque vous êtes une association,
19:36 donc ça veut dire que vous avez des membres
19:37 qui sont venus pour des raisons.
19:38 - Sur la France, en l'occurrence.
19:39 - Oui, sur la France.
19:40 - Il y a des chiffres sur la France.
19:41 - C'est très compliqué à voir.
19:44 Moi, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet,
19:46 on disait une personne sur 100 000.
19:47 Quelques années plus tard,
19:48 une personne sur 10 000.
19:49 Puis après, une personne sur 1 000.
19:51 Là, les derniers chiffres que j'ai,
19:54 c'est un peu environ 1,5 % de personnes
19:58 confirmées qui seraient trans.
20:00 - Sur 1 000 ?
20:01 - Non, 1 %.
20:02 - 1 % contre la population, quoi.
20:04 - Et à peu près, autant,
20:06 voire un petit peu plus,
20:07 qui sera en questionnement.
20:08 - Une conclusion de 15 secondes, Jean Dorido ?
20:10 - D'abord, on peut apprécier effectivement
20:13 ce débat apaisé,
20:14 parce que vous l'avez dit, Fred Pruindel,
20:15 c'est un fait.
20:16 Là, on n'a plus le temps.
20:17 Il y a une dimension, bien sûr, idéologique
20:19 autour de ces questions qui est très importante.
20:21 Il y a une dimension aussi de commerce.
20:23 Toutes ces hormones, elles ne tombent pas du ciel.
20:25 Elles sont fabriquées par des laboratoires.
20:27 Et ça aussi, il y a énormément d'argent.
20:30 Et si vous êtes M. Labaud qui fait les hormones,
20:33 vous avez beaucoup plus intérêt à ce qu'il y ait
20:34 15 personnes sur 1 000 qui aient besoin de transitionner,
20:37 plutôt qu'une sur 100 000, évidemment.
20:39 Donc, c'est un débat passionnant à poursuivre.
20:41 - Merci beaucoup, Clémence Fuchs, d'être par chez nous.
20:44 - Merci à vous.
20:45 - Je rappelle que vous êtes membre du conseil d'administration
20:47 de SOS homophobie, rédactrice du chapitre
20:50 "Transphobie du rapport annuel sur LGBTIphobie"
20:53 2023, par URME.
20:55 - Et Sylvie reste avec nous, Sylvie Dutharne.
20:57 - Sylvie Dutharne, notre auditrice, elle reste avec nous
20:59 parce que vous pouvez nous appeler au 0800 26 300 300.
21:02 Et puis là, qu'est-ce qui se passe juste après ?
21:03 - On va jouer.
21:04 Vous allez choisir votre coéquipier, Sylvie,
21:08 ou coéquipière, évidemment.
21:09 - Allez, vous restez avec nous, chers auditeurs.
21:10 On revient tout de suite.