"C'est la guerre" : Le témoignage de Carole, résidente en Nouvelle-Calédonie

  • il y a 4 mois
Avec Carole Guardascione, résidente en Nouvelle-Calédonie et professeure d'économie gestion commerciale en lycée professionnel à Nouméa

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-05-17##

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Transcript
00:00 La vie en vrai.
00:01 La vie en vrai et une vie dans l'angoisse, dans la peur.
00:05 La peur d'une guerre civile en Nouvelle-Calédonie.
00:08 Nous sommes avec Carole qui est résidente justement en Nouvelle-Calédonie,
00:12 qui est sur place, qui est avec nous pour nous décrire un peu la situation.
00:16 Bonjour Carole.
00:18 Bonjour.
00:20 Bon, donc on a un décalage horaire.
00:22 Pour vous il est quelle heure là ? On est quasiment la mi-journée ?
00:25 Voilà, ben là nous il est 15h35, on a 9h de décalage.
00:31 Oui, c'est ça. Vous êtes à Nouméa, vous êtes enseignante là-bas.
00:37 On dit que ça a été un petit peu plus calme la nuit passée pour vous,
00:44 mais qu'il y a des quartiers qui ne sont quasiment plus contrôlés.
00:48 Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de là où vous êtes bien sûr ?
00:52 Ben oui, c'est sûr que ça a été un peu plus calme,
00:56 mais il faut dire que les nuits précédentes ont été vraiment très très difficiles.
01:00 Après il y a des quartiers qui sont complètement dévastés,
01:04 on a l'impression que c'est la guerre, mais il n'y a plus rien,
01:09 c'est des tas de cendres, c'est plus calme, la nuit a été plus calme,
01:13 mais ça continue, il y a encore des objections.
01:17 Oui, c'est ça. Et des jeunes avec des kalachnikovs qui sont dans les rues
01:23 ou sur des grands axes face aux policiers et qui attendent.
01:28 J'avais un autre témoignage tout à l'heure au téléphone,
01:32 de quelqu'un qui me disait "on ne peut pas sortir de chez nous,
01:36 on fait des rondes devant notre maison".
01:39 Beaucoup sont cloîtrés quoi en fait.
01:43 Oui c'est ça, il y a des groupes de vigilance de quartiers
01:47 qui surveillent leur quartier, leur maison.
01:51 Dès qu'ils se rendent compte que quelque chose peut dégénérer,
01:55 ils appellent la police, mais la police est complètement dépassée,
01:59 parce que ce sont des jeunes qui sont très très organisés,
02:03 bien structurés, très armés et qui sont prêts à tuer, ça c'est clair.
02:08 Donc nous ce matin avec mon conjoint, on est parti pour essayer de faire un peu de course,
02:14 mais c'est vrai que quand on sort, on a un peu la peur au ventre.
02:17 Oui, c'est ça. Il y a quand même des gens qui sortent, qui sont dans les rues, Carole ou pas ?
02:23 Ceux qui sortent, c'est pour trouver à manger, pour prendre un peu d'espace,
02:28 pour se déplacer, c'est pas pour faire de la promenade,
02:31 c'est vraiment pour chercher à manger.
02:33 Les magasins sont lus, les rayons sont lus, ils font des queues de street à 8h,
02:39 donc ils sortent pour trouver à manger en fait.
02:42 C'est ça, c'est l'une des difficultés, parce que beaucoup de magasins ont été pliés,
02:46 et donc du coup il n'y a plus rien.
02:49 Par exemple, vous, est-ce que vous avez fait des provisions ?
02:52 Est-ce que vous avez quand même suffisamment de choses chez vous
02:55 pour pouvoir tenir des produits de première nécessité notamment ?
02:59 À produits de première nécessité, on n'en a plus.
03:02 Honnêtement, là, je fais des repas avec ce qui reste, avec des réserves,
03:08 mais on avait un supermarché qui était juste en bas de chez nous,
03:11 qui a été plié et puis assemblé, on est passé devant ce matin,
03:15 il n'y a plus rien. C'est un gros tas de sang.
03:18 Alors comment faire dans ces conditions ? Si ça dure, comment s'organiser ?
03:23 Là, nous, les gens, ils arrivent plus ou moins à trouver,
03:28 donc je pense que jusqu'à la fin de la semaine, on va arriver à tenir,
03:32 mais là, après, il faut qu'ils rechargent les rayons.
03:36 Donc là, pour l'instant, en fait, il y a des provisions qui sont arrivées,
03:41 mais après, il faut pouvoir ramener ces provisions jusqu'aux magasins,
03:45 et pour l'instant, les magasins qui sont encore sur place,
03:49 qui tiennent debout, ne peuvent pas ouvrir,
03:52 parce que les rues et les routes ne sont pas sécurisées,
03:56 donc ils ne veulent pas mettre en danger les personnels et les clients.
04:01 - Oui, c'est ça. Vous, qu'est-ce que vous attendez ?
04:05 Quelle est l'urgence selon vous ? Qu'est-ce que les autorités doivent faire ?
04:09 On sait qu'il y a des renforts qui devraient être envoyés,
04:15 qui sont en cours d'acheminement, il faut des renforts de sécurité de policiers, l'armée.
04:22 - Alors, des renforts sont déjà arrivés, on les a vu passer.
04:26 Ce qu'il y a, c'est qu'ils sont débordés.
04:29 La police qui était ici avant les renforts,
04:33 ils étaient vraiment plus tendus depuis lundi,
04:37 ils étaient fatigués, donc la relève est arrivée.
04:40 Donc nous, on attend que tout ça s'arrête,
04:44 qu'on puisse sortir, que la violence s'arrête,
04:47 parce que là, tous les jours, c'est des tirs,
04:52 on entend des bombes, il y a des feux, on ne peut pas sortir.
04:59 Il y a des rues, on ne peut pas y aller.
05:03 - Et de chaque côté, en dehors des policiers qui sont là pour essayer d'assurer la sécurité des habitants,
05:11 il y a des habitants eux-mêmes qui s'organisent sous forme de milices pour pouvoir se défendre ?
05:17 - Alors, ce que je voulais dire, ce ne sont pas des milices.
05:20 - Non, mais quand je dis milices, bien sûr.
05:22 - Ils surveillent, quoi, ils surveillent.
05:24 Mais comme les autres, en fait, ils arrivent, ils sont super armés,
05:28 et que la police n'arrive pas à les contenir,
05:31 il faut comprendre que les gens, ils veulent sécuriser leur habitagement,
05:38 et ils ont peur pour leur vie, pour leur maison,
05:42 parce que des messages sont entrés en disant "on va rentrer chez vous, on va incendier, on va vous tuer",
05:50 donc c'est sûr que ça fait peur aux gens.
05:52 - Oui, oui, oui, c'est ce que ces jeunes disent, évidemment, qui sont très armés et tout.
05:58 Et alors, vous, vous êtes à Nouméa, mais également dans les campagnes, dans les endroits les plus reculés,
06:04 on dit aussi que la situation est extrêmement tendue et que certains sont isolés.
06:08 Est-ce que vous avez des contacts avec des gens qui sont un petit peu partout sur l'île, Carole ?
06:12 - Alors, moi je suis dans un quartier qui n'est pas vraiment isolé,
06:16 donc dans le quartier où je suis, ça se passe relativement bien,
06:21 mais après, j'ai de la famille où, oui, ils ne sortent pas,
06:25 parce que c'est vraiment très craignasse.
06:29 Là, je suis en contact avec mes élèves, et une de mes élèves me disait "Madame, on est en sécurité,
06:37 mais on a peur parce que ça tire et qu'il y a des trucs partout."
06:41 - Merci, Carole, pour ce témoignage.
06:45 - Merci à vous.
06:47 - Tout notre soutien, évidemment, face à ça.
06:49 - Merci beaucoup.
06:51 - On va continuer de se tenir au courant de cette situation,
06:55 et on va regarder aussi ça sur un plan politique, comment sortir de cette impasse.
07:00 Tout à l'heure, j'aurai un invité qui connaît parfaitement la situation,
07:04 qui vient d'ailleurs d'écrire un livre qui, coïncidence, est sorti cette semaine.
07:09 "Nouvelle Calédonie, la tragédie".
07:13 C'est l'un des meilleurs spécialistes de la question, c'est Patrick Roger.
07:16 Oui, non mais c'est pas moi, c'est l'autre, Patrick Roger.
07:19 Je vous dirai tout, parce que c'est un ancien journaliste du Monde qui sera avec nous à 7h10.
07:23 6h44, bon réveil.

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