Avec Alexandre Pignon, Secrétaire départemental de la CGT-FAPT (Fédération des Activités Postales et de Télécommunications)
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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-04-02##
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00:00 - La vie en vrai. - La vie en vrai, on va s'intéresser au postier, puis au guichetier de la Poste qui mène aujourd'hui un mouvement de grève
00:07 pour réclamer de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaires.
00:12 Nous sommes avec Alexandre Pignon qui est avec nous du côté du Canet en Roussillon dans les Pyrénées-Orientales.
00:18 Bonjour !
00:19 - Bonjour. - Merci d'être avec nous, vous êtes représentant de la CGT, de la Fédération des activités postales et télécommunications.
00:28 Qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui à ce mouvement de grève à la Poste ?
00:33 - C'est des années de casse du service public et des conditions de travail avec des fermetures intempestives et régulières chaque année.
00:44 Et là, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase avec une obligation de faire travailler les collègues sur des périmètres
00:54 pouvant aller de 20 à 50 kilomètres sans aucune compensation financière. Voilà.
01:00 - C'est une réorganisation qui passe mal. Alors, il faut dire aussi que vous subissez ou en tout cas vous accompagnez un mouvement de transformation à la Poste.
01:12 Parce qu'auparavant, évidemment, tout passait par vous. Aujourd'hui, avec le numérique, les choses ont un peu changé, Alexandre Pignon, non ?
01:23 - Ah bah le numérique qui change la vie au quotidien, mais il n'y a pas que ça. Enfin, c'est la libéralisation qui a eu lieu dans les années 90
01:30 qui a fait ouvrir à la concurrence. Et puis, on voit que ça a une recherche de coûts permanents, de productivité,
01:38 qui fait qu'on ferme de plus en plus de bureaux. Et du coup, le service public qui est mis à mal au quotidien.
01:46 - Oui. Avec des tournées qui risquent de s'allonger, est-ce que vous dites quand certains doivent travailler au-delà d'un certain périmètre de 30 à 40 kilomètres,
01:57 pourquoi il y a cette réorganisation, justement ? Selon vous, en tout cas.
02:03 - Là, c'est vraiment une baisse du coût des effectifs. Par exemple, dans le département des Pyrénées-Orientales, il n'y a eu que 5 CDI qui ont été effectués l'année dernière.
02:14 Ce qui est vraiment très peu. Et plutôt que d'embaucher du personnel, on avait des intérimaires, là ils préfèrent fermer les petits bureaux de poste
02:24 pour pouvoir prendre le personnel et les mettre sur les plus gros. Et du coup, ça en prend des mécontentements.
02:34 - Oui. Mais des fermetures définitives de petits bureaux de poste, ou alors ce sont des fermetures pendant certaines journées, pendant quelques heures ?
02:45 - En fait, au début, c'est des fermetures intempestives qui font que les usagers qui venaient à la poste, ils vont prendre l'habitude d'aller au bureau d'à côté.
02:56 Et après, ils disent que la fréquentation a diminué, et après ils vont voir les maires en leur disant "voilà, écoutez, nous on ne peut plus maintenir le guichet tel qu'il est,
03:05 on vous propose d'ouvrir une agence postale communale, donc vous récupérez le coût en personnel pour pouvoir maintenir un service public de petite qualité".
03:16 - Qu'est-ce que vous demandez, qu'est-ce que vous attendez comme réponse concrète de la part de l'État aujourd'hui ?
03:23 - Là, ce qu'on attend, c'est bien entendu qu'ils fassent une machine arrière, donc là on est sur la défensive, en disant "non, on ne veut pas de ce que vous faites actuellement,
03:32 mais au-delà de ça, c'est de vraiment avoir une politique de présence postale et de réouverture de bureaux de plein exercice, comme on appelle,
03:42 pour donner la possibilité aux gens d'accéder ne serait-ce qu'au service bancaire, avoir un conseiller financier qui puisse être présent dans,
03:50 elle n'est pas dans chaque village, mais dans ceux qui existent au moment aujourd'hui".
03:54 - Est-ce que le métier de postier, Alexandre Pignon, vous l'exercez déjà depuis un petit bout de temps, est-ce qu'il l'a complètement changé en l'espace de quelques années ?
04:03 - Ah ben, ils essayent de nous le faire changer à marche forcée, et en essayant de nous donner des nouveaux services,
04:13 je ne sais pas si vous avez entendu, mais récemment, ils ont dit qu'ils voulaient mettre des cabines d'essayage dans les bureaux de poste pour essayer d'avoir une nouvelle activité,
04:22 mais on est très très loin du cœur de métier qu'on avait à l'origine, et ça va très loin, mais nous on le vit très mal parce que ce n'est pas le métier pour lequel on était,
04:36 et on voit qu'on pique des emplois à droite à gauche pour essayer de maintenir les nôtres, et ça, ça passe mal du tout.
04:44 - Oui, oui. Des cabines d'essayage pour les colis que les gens reçoivent, c'est ça, pour essayer des vêtements ?
04:55 - C'est ça, exact.
04:57 - Ah ben, je n'avais pas entendu parler.
04:58 - Oui, vous commandez, vous essayez dans le bureau de poste, et puis ensuite, c'est où cette expérience qui a été menée ? Vous la connaissez ou pas, non ?
05:07 - Non, chez nous, ils ne l'ont pas encore mise en place, ils en ont plein dans les stocks, mais non, c'est vraiment quelque chose de sérieux, mais c'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
05:19 - Oui, oui, oui. Les facteurs. Est-ce qu'il y a dans beaucoup d'endroits aussi des réductions de tournées ? Ça, c'est inévitable ou pas ?
05:30 - Inévitable pour nous, ça ne l'est pas du tout, parce que déjà d'une, comment dire, notre travail, notre charge de travail, les kilomètres sont incompressibles,
05:42 et il y a quelque chose qu'on veut faire reconnaître, comme ça a été reconnu en Belgique il n'y a pas longtemps, c'est ce qu'on appelle le rôle social du postier,
05:49 parce que là, tout est calculé avec des algorithmes qui font qu'ils pensent qu'on est des robots, et le fait qu'on parle aux gens, qu'on puisse leur dire "bonjour", tout ça n'est pas quantifié,
06:01 et ce temps-là ne nous est pas donné, on n'a aucune marge de travail au quotidien, et ça, ça fait partie des choses qu'on aimerait qu'ils soient reconnus,
06:10 parce qu'en fait, il y a un vrai delta entre le travail prescrit que la Poste nous dit qu'on doit faire et le travail réel qui, lui, est plus humain,
06:20 et qui doit être quantifié et nous permettre de travailler dans de bonnes conditions.
06:25 - Oui, oui, merci beaucoup Alexandre Pignon, donc du côté du Canet en Russillon dans les Pyrénées-Orientales, donc avec ce mouvement de grève, en fait, aujourd'hui, de grogne,
06:34 il y a aussi des postiers, des guichiers de la Poste, le facteur qui ne va pas forcément sonner partout, donc aujourd'hui, merci pour vous, merci d'avoir été avec nous sur Sud Radio, il est 6h43.