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Mercredi 15 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Anis Lahlou (Directeur des investissements, Aperture Investors (Generali Investments))

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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir c'est celui de l'Europe et on s'interroge sur les nouvelles forces boursières de l'Europe avec Anis Lalou qui est à mes côtés,
00:23 le directeur des investissements d'Aperture Investors. Bonsoir Anis.
00:26 Bonsoir.
00:27 Merci beaucoup d'être là. Alors la séance du jour est intéressante parce qu'on voit un petit coup de mou sur le secteur du luxe
00:33 après la publication de Burberry en Angleterre et c'est vrai que, je le disais en introduction de l'émission, le luxe historiquement est le secteur
00:42 pour lequel on a envie d'investir en Europe, c'est le secteur sur lequel il n'y a pas de rivaux à l'échelle mondiale.
00:50 On voit le secteur du luxe qui est un peu en retrait désormais mais on voit quand même l'Europe boursière qui non seulement fait bien
00:55 mais tient tête à Wall Street, au marché américain, y compris au Nasdaq, avec deux secteurs notamment qui ont très longtemps été vus comme des poids morts
01:03 boursiers pour l'Europe, le secteur bancaire d'un côté, +25 depuis le début de l'année pour les banques de la zone euro, pour le secteur,
01:10 et le secteur de la tech parce que oui il y a quand même aussi un peu de tech en Europe.
01:14 Et je voulais bien qu'on passe un peu en revue avec vous justement les caractéristiques de ces secteurs et est-ce qu'ils font évoluer la perception
01:20 des investisseurs globaux sur le profil boursier de l'Europe, Anis ?
01:23 Oui absolument, c'est très bien présenté parce qu'effectivement on a deux secteurs qui sont en barbelle en fait.
01:30 La technologie qui est typiquement un secteur qui n'aime pas les taux d'intérêt haut et les banques qui au contraire font beaucoup plus d'argent
01:38 quand les taux sont élevés. Et les banques qui structurellement en Europe ont été complètement négligées, voire traitées de zombies
01:45 parce que c'est des sociétés qui n'arrivaient pas à produire des earnings alors que le régulateur leur demandait de se capitaliser, se surcapitaliser.
01:52 Et donc aujourd'hui la donne a bien changé, effectivement ce qui se passe aujourd'hui l'illustre bien parce que ça se voit à un niveau aujourd'hui indiciel.
01:59 Donc la composition indicielle est telle que effectivement quand ces opportunités dans le secteur bancaire deviennent attractives ou attrayantes
02:08 et quand le secteur de la technologie vient aider, ce qui est structurel aujourd'hui, eh bien on a une composition quand même dans l'indice européen
02:16 qui est très différente de ce qu'il y était peut-être il y a 10 ans ou 15 ans. Donc on le constate, vous l'avez bien dit sur les chiffres de performance
02:26 des trois derniers mois où l'Europe... Et on le voit aussi dans la composition des investisseurs qui sont aujourd'hui présents dans les banques,
02:33 on a des investisseurs internationaux, notamment des investisseurs américains qui regardent l'aspect value qui devient intéressant
02:40 parce qu'aujourd'hui on a un catalyste en plus de la value. - Et le secteur bancaire est une bonne porte d'entrée pour ces investisseurs
02:46 qui cherchent peut-être à sortir un peu de la zone dollar quoi ? - Absolument, et pour ces investisseurs qui cherchent à se diversifier dans le secteur des financials
02:53 parce que le secteur européen n'est pas un copy-paste du secteur financier américain. Là on est sur quelque chose de très différent.
03:00 Le secteur américain n'a pas vu la régulation sévère qu'on a eu ici sur Basel IV et donc n'a pas eu à faire face avec autant de sévérité
03:07 avec des taux d'intérêt extrêmement bas voire négatifs. Donc on est dans une configuration différente. Aujourd'hui les banques européennes sont surcapitalisées,
03:15 bénéficient du taux d'intérêt élevé et donc ont un retour de cash flow qui retourne à l'actionnaire. On a des dividend deals qui sont extrêmement intéressants
03:24 et malgré la bonne performance. Et ces banques nulles n'ont pas vraiment regretté puisque elles fonctionnent avec leurs earnings aussi.
03:31 Les cours de bourse ont violemment monté parfois dans certains cas pour des banques italiennes, des banques espagnoles. Mais quand on regarde effectivement
03:38 des métriques de valorisation, ça n'a pas bougé. Ça veut dire quand même quelque part que le sentiment ou la perception des investisseurs vis-à-vis de ces banques européennes
03:47 est encore un peu en décalage par rapport à ce qu'on décrit des fondamentaux aujourd'hui de ces banques et de l'environnement réglementaire avec un choc
03:54 qui est derrière nous a priori aussi. - Exactement. Je pense qu'il y a un décalage. C'est une bonne façon de le dire puisqu'on ne voit pas le re-rating s'opérer
04:03 de la même manière que dans d'autres secteurs. Il ne faut pas oublier que c'est un secteur aussi qui a eu à faire face aussi à beaucoup de fintech et de disruption
04:11 de la fintech. Aujourd'hui aussi les règles ont changé puisque quand on regarde par exemple Unicredit en Italie ou même les autres banques en Espagne
04:18 qui sont des banques très digitales aujourd'hui. Donc même le niveau de concurrence est remis à plat. - Je dirais que les fintechs n'ont peut-être pas fait
04:30 les preuves qu'on attendait d'elles également. Ce n'est pas évident quand même de remplacer les banques en tout cas sur certains de leurs métiers.
04:38 - Clairement. Ce qui est peut-être plus facile aussi c'est d'arriver à un niveau d'écalisation où les banques utilisent plus de white label sur la technologie
04:49 et arrivent à rattraper l'écart. Aujourd'hui quand elles génèrent des cash flows, ça devient presque plus intéressant que les fintechs qui n'ont pas prouvé
04:57 la capacité de générer des cash flows. Donc on est quand même sur un barbel très intéressant. - On va parler de tech mais juste pour finir sur les banques.
05:03 Moi j'ai connu la période justement post-grande crise financière où les banques européennes comme vous dites au pire étaient vues comme des zombies,
05:11 au mieux étaient vues comme du trading, des valeurs de trading. Pour vous c'est plus que ça aujourd'hui ? Il y a quelque chose de structurel quand même
05:18 à jouer autour du secteur bancaire européen ? - Oui, je pense que oui. Pour l'Europe de manière générale puisqu'on ne parle pas juste de la valorisation
05:26 dont on a parlé sur les 15 dernières années. L'Europe est cheap mais en plus il y a un catalyste. Alors on a une inflexion en fait des PMI, on le voit,
05:35 on voit dans les résultats que maintenant la saison des résultats était ok. Et avec ça on a une banque centrale européenne qui est supportive puisqu'on va rentrer
05:44 dans une période de coupe d'écho, d'étau et on l'a vu avec la banque centrale déjà à Suisse qui a déjà un petit peu frontronné un petit peu la fête pour une fois.
05:53 - Et la baisse EUR. - Oui la fête et la baisse EUR en l'occurrence. - Et donc effectivement on est dans une phase où si l'économie se met à avoir un peu de vent dans les voiles,
06:06 on va avoir du long growth, de la croissance des prêts etc. Et donc tout ça c'est structurellement aidant et positif pour l'ensemble du continent.
06:18 - Et puis alors l'autre rengaine qu'on a entendu pendant des années, l'Europe, il n'y a pas de tech, la tech c'est le Nasdaq, c'est aux US, il n'y a pas de raison que j'aille chercher de la tech ailleurs que là où elle se fait le mieux.
06:32 Là aussi le secteur tech en Europe, alors il faut le décrire peut-être, ce secteur tech européen c'est peut-être pas tout à fait le même que le Nasdaq mais il fait partie des secteurs qui contribuent
06:41 et qui alimentent la surperformance de l'Europe aujourd'hui. - Absolument, encore une fois la composition indicielle est importante puisqu'on ne remarque pas les choses quand elles sont à 3% de l'indice mais quand elles deviennent à 8 ou 10% de l'indice les choses changent.
06:53 Et donc on le voit au niveau de l'indice des larges capes. Aujourd'hui qu'est-ce qu'on a dans la tech en Europe ? Et bien on a quand même pour une grande partie, on a un écosystème qui est central à l'intelligence artificielle.
07:09 On ne le dit peut-être pas assez souvent mais les fameuses chips Nvidia que ce soit Blackwell la dernière génération ou la génération d'avant, on ne peut pas les fabriquer sans l'écosystème européen qui se trouve en Hollande, en Belgique, etc.
07:22 Donc ça c'est numéro 1. Numéro 2, après quand on pense à cette fameuse vague de l'IA, très souvent on pense tout de suite au large language model et tout de suite c'est bien sûr OpenAI et Microsoft et les géants.
07:35 C'est vrai, c'est important. Néanmoins ce qui est intéressant avec l'IA c'est son aspect un petit peu très généraliste. C'est l'application, c'est comment les sociétés...
07:48 Ce ne sont pas des applications qui vont être inventées, c'est toutes les industries qui vont devoir appliquer cette IA elles-mêmes.
07:54 Quand on voit par exemple des sociétés qui sont très anciennes, des sociétés fondées au début du siècle dernier, je pense notamment à la grande agence de pub en France et on voit comment elles ont...
08:07 Qu'on appelle publi, c'est ça ?
08:09 Oui, et qui a recentré son business model entièrement sur l'IA. Aujourd'hui c'est Core AI qui est le fondement de la société.
08:19 Donc un achat stratégique d'un actif qui détient les datas aux Etats-Unis qui s'appelle Epsilon et du coup ça change la donne.
08:27 Donc quand on pense à l'IA, il faut aussi penser à la data et au savoir-faire qu'ont accumulé pendant des années ces sociétés industrielles européennes et qui ne vont pas disparaître sans prendre grand avantage de ça.
08:42 Donc le premier qui va faire ça, et notamment on pense aussi à des grands secteurs comme la pharma, on entend beaucoup parler, ça prend du temps.
08:48 Je rappelle que l'indice européen est très lourd en pharma et que l'impact est un impact multimilliard.
08:55 Mais comme vous dites, le marché a bien conscience, au-delà du phénomène NVIDIA qui restera l'emblème de cette explosion de la nouvelle génération de l'intelligence artificielle,
09:04 le marché a bien compris que les acteurs qui disposeront de la donnée et de la bonne donnée, on le disait tout à l'heure dans le débat, mais c'est un peu garbage in, garbage out aujourd'hui les modèles.
09:13 Donc si la donnée n'est pas bonne à l'entrée, le résultat n'est pas bon à la sortie, ça c'est un aspect clé du thème d'investissement IA et la capacité des entreprises à se transformer autour de l'IA.
09:25 Et là il n'y a pas de raison que les entreprises françaises et européennes aient moins de qualité de ce point de vue-là que d'autres entreprises dans le monde.
09:34 Absolument, parce qu'il y a des sociétés qui ont justement ce genre de data. Alors je citais un exemple, mais il y en a un certain nombre qu'on voit dans les large cap en Europe,
09:43 qui font qu'effectivement l'IA devient vraiment un catalyste et un point fort, beaucoup plus qu'un point faible.
09:49 Alors revenons sur la valo, puisqu'on aime bien parler de la valo, mais là on a une valo avec un catalyste. Là on a des sociétés qui sont du type Nasdaq.
09:59 Je rappelle que Linde par exemple, une société allemande qui était listée en Allemagne et qui est devenue trop large, trop importante pour le DAX, est partie se lister au Nasdaq.
10:10 Elle est partie se lister au Nasdaq à un multiple de S&P qui est aujourd'hui à rattraper le retard et qui traite un multiple de Nasdaq.
10:18 Donc on a des sociétés qui sont Nasdaq grade, j'ai envie de dire, comme des sociétés du Nasdaq, et qu'on peut acheter en Europe à des multiples qui sont inférieurs au S&P.
10:28 En plus de ça, avec l'aspect Barbel, on peut avoir un multiple qui est encore plus faible que le S&P.
10:33 Je rappelle que le S&P traite à une prime de 40% par rapport à l'Europe et que le Nasdaq traite à une prime de 25% par rapport au S&P.
10:41 Donc ça fait quand même beaucoup plus carré.
10:43 On a la qualité du Nasdaq au prix du S&P pour certaines entreprises en Europe, voire moins.
10:50 C'est la fin de la discussion Anis. Il faut se dépêcher de les acheter et de les valoriser ces boîtes parce que sinon elles s'en vont.
11:00 Là vous avez cité l'exemple du moment, vous l'avez bien en tête comme tout le monde.
11:04 C'est Total Energy et ce que ça crée comme débat très sain d'ailleurs je trouve à avoir.
11:09 Mais attention parce qu'effectivement...
11:12 Alors je ne pense pas que toutes les boîtes européennes vont aller les se lister.
11:15 Non, elles n'ont pas toutes vocation à le faire.
11:18 Néanmoins je pense qu'effectivement ça met vraiment l'attention sur la valorisation.
11:25 Merci beaucoup Anis. Merci d'être venu discuter des forces boursières de l'Europe, des nouvelles forces boursières de l'Europe.
11:31 On trouve des entreprises de qualité Nasdaq pour beaucoup moins cher que celles qu'on paye sur le Nasdaq aujourd'hui aux Etats-Unis.
11:37 Anis Lallou, directeur des investisseurs des investissements chez Aperture Investors qui est avec nous, l'invité de ce quart d'heure thématique de Smartboard ce soir.
11:45 [Musique]

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