Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.
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00:00:00 Une deuxième vue de violence et un quatrième mort à déplorer.
00:00:02 Un gendarme qui a succombé à des blessures par balles.
00:00:05 Le président Macron a demandé l'instauration de l'état d'urgence dans l'archipel.
00:00:10 Une décision qui sera adoptée dans les prochaines minutes par le Conseil des ministres.
00:00:13 La situation sur place est quasi insurrectionnelle.
00:00:16 Selon les habitants qui vivent terrés chez eux, la peur au ventre.
00:00:20 On va faire un point complet de la situation dans un instant.
00:00:23 La traque se poursuit pour tenter de retrouver les assassins
00:00:25 qui ont permis l'évasion d'un délinquant multirécidiviste hier dans l'heure.
00:00:29 En abattant deux agents pénitentiaires, en en blessant trois autres.
00:00:32 Qui est vraiment Mohamed Amra, le fugitif qui est devenu l'ennemi public numéro un en France.
00:00:37 On verra que son parcours de violence a commencé très tôt.
00:00:40 Dès l'âge de 11 ans, une notice rouge d'Interpol a été diffusée pour tenter de le localiser.
00:00:45 Même à l'étranger bien sûr, dans sa cavale.
00:00:47 Les agents pénitentiaires sont sous le choc.
00:00:49 Ils se sont mis en grève aujourd'hui avec une journée prison-morte.
00:00:52 On entendra leur émotion.
00:00:54 Voilà pour les grandes lignes de nos débats ce soir dans Punchline.
00:00:56 Sur CNews, on commence, si vous le voulez bien,
00:00:58 par le rappel des titres de l'actualité.
00:01:00 Et Simon Guélin, Simon.
00:01:01 Bonjour Laurence et bonjour à tous.
00:01:06 Vous l'évoquiez, le gendarme grièvement blessé lors des émeutes en Nouvelle-Calédonie
00:01:09 est décédé des suites de ses blessures.
00:01:11 Trois autres personnes ont trouvé la mort lors de ces affrontements.
00:01:14 Emmanuel Macron a donc demandé l'instauration de l'état d'urgence
00:01:18 après une nuit d'émeute particulièrement violente.
00:01:20 L'archipel est touché par la fronte des indépendantistes
00:01:23 contre la réforme électorale votée par le Parlement.
00:01:26 À Paris, une enquête a été ouverte pour dégradations aggravées.
00:01:29 Cela fait suite aux mains rouges taguées sur le mur des justes du mémorial de la Shoah.
00:01:34 Ce mur qui rend hommage aux 4000 personnes
00:01:36 qui ont sauvé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
00:01:39 Une dizaine d'autres lieux ont également été tagués dans le quartier du Marais,
00:01:42 notamment des écoles.
00:01:44 Et puis le Premier ministre slovak, Robert Fico,
00:01:46 a été blessé par balle et hospitalisé aujourd'hui.
00:01:49 Les faits se sont produits juste après une réunion de cabinet,
00:01:51 selon la presse locale.
00:01:52 Son pronostic vital est toujours engagé cet après-midi.
00:01:56 Et le tireur présumé a lui été arrêté par les forces de l'ordre de Laurence.
00:02:00 Merci beaucoup Simon Guilain, on se retrouve à 17h30.
00:02:02 On est avec Geoffroy Lejeune, bonsoir Geoffroy.
00:02:04 Avec Karim Zerabi, merci d'être avec nous.
00:02:06 Avec Jean-Christophe Couville, secrétaire national du syndicat de police Unité.
00:02:10 Avec Eric Revelle, bonjour.
00:02:11 Et Sandra Buisson de Service Police Justice de CNews.
00:02:13 On va commencer évidemment par cette traque qui se poursuit
00:02:16 pour tenter de retrouver ceux qui ont embattu hier deux agents pénitentiaires.
00:02:20 On en blessait trois autres.
00:02:21 On sait qu'il y avait des journées de prison morte aujourd'hui
00:02:24 dans toutes les prisons de France.
00:02:26 On vient de l'apprendre, l'intersyndical appelle à maintenir les blocages
00:02:29 de main-temps qu'un accord écrit n'a pas été trouvé avec l'autorité de tutelle.
00:02:32 On va y revenir dans un instant.
00:02:34 On reviendra avec vous aussi Sandra sur le déroulé des faits,
00:02:37 sur cette notice rouge, sur le profil de cet homme Mohamed Amra.
00:02:41 Mais d'abord j'aimerais qu'on fasse le point sur le déroulé précis de l'attaque hier
00:02:44 dans ce péage, juste après la barrière de péage de l'heure
00:02:47 avec les premiers éléments de l'enquête.
00:02:49 Corentin Brio.
00:02:51 Alors qu'un fourgon de l'administration pénitentiaire transporte un détenu,
00:02:56 entre Rouen et Evreux, celui-ci est percuté à l'avant par une berline noire,
00:03:01 à un péage de l'autoroute A154.
00:03:04 Sous les yeux des automobilistes, des hommes vêtus de noir de la tête aux pieds
00:03:08 et lourdement armés sortent du véhicule,
00:03:11 braquent le convoi composé de cinq agents pénitentiaires,
00:03:15 dont un officier, et ouvrent le feu.
00:03:17 Les agents de l'escorte étaient évidemment armés.
00:03:21 Les premières constatations sur place permettent de penser
00:03:26 que certains ont pu faire usage de leurs armes de service.
00:03:29 Deux agents pénitentiaires, respectivement âgés de 52 et 34 ans,
00:03:34 sont abattus dans l'attaque.
00:03:36 Trois autres agents sont également blessés.
00:03:39 Deux d'entre eux se trouvent dans un état critique.
00:03:41 Le détenu prend ensuite la fuite avec le commando à bord d'un second véhicule.
00:03:47 Après avoir mis le feu à celui ayant percuté le fourgon de l'administration pénitentiaire.
00:03:52 Dans le département de l'heure, plus de 450 policiers sont mobilisés.
00:03:57 Et le plan épervié a été déclenché pour tenter de retrouver le détenu évadé et ses complices.
00:04:03 Voilà pour le rappel des faits.
00:04:05 A son rébution déjà une bonne nouvelle.
00:04:06 Le troisième agent pénitentiaire qui était blessé est sorti d'affaires.
00:04:11 Oui, on a appris ça à la sortie de la réunion entre le ministre de la Justice
00:04:16 et les représentants des syndicats de la pénitentiaire.
00:04:18 C'est un représentant syndical qui a commencé,
00:04:21 avant même d'expliquer ce qui s'était dit pendant cette réunion,
00:04:24 par rassurer ses collègues en disant que les nouvelles étaient rassurantes,
00:04:30 du moins plutôt positives pour le dernier blessé qui était grièvement blessé.
00:04:34 Il est sorti du coma, selon ce représentant syndical.
00:04:38 Il y avait un questionnement sur l'usage de sa jambe.
00:04:41 Il dit qu'il y a de bons espoirs qu'il garde l'usage de sa jambe.
00:04:46 C'est déjà une bonne nouvelle dans tout ce drame, Jean-Christophe Coville.
00:04:50 On peut se dire voilà, au moins il y a une famille qui ne va pas pleurer ce soir.
00:04:54 Oui, effectivement, on essaye toujours de voir le côté positif, malheureusement, dans un tel drame.
00:05:00 Mais je veux juste souligner aussi, depuis moins de sept jours quand même,
00:05:03 on a deux policiers qui sont entre la vie et la mort.
00:05:05 On a deux agents pénitentiaires qui sont décédés,
00:05:08 trois agents pénitentiaires qui luttent contre la vie et la mort.
00:05:10 Un qui a priori, tant mieux, sortirait un peu du lot.
00:05:13 Et là, on vient d'apprendre aussi le décès d'un gendarme.
00:05:15 En Nouvelle-Calédonie.
00:05:16 En Nouvelle-Calédonie. En moins de sept jours.
00:05:18 On a beaucoup trop de personnes au tapis.
00:05:20 Et encore une fois, la fonction publique, le service public,
00:05:23 paye un lourd tribut au service des citoyens.
00:05:26 Et Karim Zarbi, on a de cesse de rappeler, de souligner,
00:05:29 de vraiment rendre hommage à tous ces personnels,
00:05:32 qu'ils soient pénitentiaires, gendarmes, policiers, pompiers, tous.
00:05:35 Évidemment, on a une pensée pour la famille de ces deux agents pénitentiaires
00:05:39 qui étaient papa, qui étaient mari, qui étaient fils, qui étaient frères.
00:05:44 Et effectivement, on a d'abord une pensée pour la famille.
00:05:47 Ce que dit Jean-Christophe Couvy sur cette énumération
00:05:51 dans un temps très court, dit malheureusement beaucoup de choses
00:05:54 sur l'état de notre société.
00:05:55 Donc, une société qui est empreinte de violence à tous les niveaux.
00:06:00 Une violence jusqu'à portée atteinte à la vie,
00:06:04 que par les auteurs, qui sont de plus en plus barbares,
00:06:06 de plus en plus violents, de plus en plus criminels.
00:06:09 Quelles que soient les situations, quels que soient les âges,
00:06:11 quels que soient les contextes, on le voit.
00:06:12 Donc, il y a de quoi s'interroger quand même sur l'état de notre société.
00:06:15 Et ceux qui trinquent, toujours les mêmes,
00:06:17 c'est ceux qui sont au premier rang de cette nécessité
00:06:20 de restaurer l'ordre républicain.
00:06:22 Les gendarmes, les fonctionnaires de police,
00:06:24 et là, les agents pénitentiaires.
00:06:25 On va revenir sur le profil maintenant de cet homme,
00:06:27 Ahmed Amra, qui s'est évadé.
00:06:29 Notice rouge d'Interpol, ça veut dire, Jean-Christophe Couvy,
00:06:31 qu'il est recherché dans le monde entier.
00:06:32 Oui, c'est ça. Tous les participants à Interpol
00:06:34 ont pour instruction, s'ils le repèrent, de l'interpeller
00:06:37 et de le remettre aux autorités françaises.
00:06:39 Alors, on va revenir sur son profil avec vous, Sandra Buisson.
00:06:41 Avant, j'aimerais vous faire écouter,
00:06:43 et je vous solliciterai Geoffroy Lejeune et Eric Revelle,
00:06:45 sa mère. Elle a témoigné chez nos confrères de RTL.
00:06:48 Elle dit, mais c'est un discours, malheureusement,
00:06:50 qu'on entend souvent de la part des mamans,
00:06:52 qu'elle n'a rien vu venir, qu'il ne lui disait rien,
00:06:55 et qu'elle se sent elle-même en situation d'échec.
00:06:57 Écoutez-la.
00:06:58 J'ai craqué, j'ai pleuré.
00:07:00 C'est vrai que j'ai... Comment dire ?
00:07:02 J'ai pleuré, j'étais pas bien, j'étais pas bien.
00:07:04 Comment on peut ôter des vies comme ça ?
00:07:06 C'est ça qui me rend malade.
00:07:08 C'est grave quand même, c'est grave.
00:07:11 Ils le cramblent de droite à gauche,
00:07:13 ils le mettent en isolement,
00:07:14 au lieu de le juger une bonne fois pour toutes.
00:07:17 Comment vous voulez pas ?
00:07:18 Vous voulez pas comment il sert dans sa tête ?
00:07:20 Je sais pas moi ce qu'il a...
00:07:21 Moi, il me parle pas.
00:07:22 Moi, il me parle pas. C'est mon fils, il me parle de rien.
00:07:25 J'étais au beau-mètre, j'étais le voisin,
00:07:27 il était en isolement, après je suis allé à Évreux une fois.
00:07:29 On parlait normal, y a pas...
00:07:31 Moi, il m'a rien montré, je comprends pas.
00:07:33 Voilà pour cette maman dépassée,
00:07:35 Geoffroy Lejeune, qui ne comprend pas comment...
00:07:37 Et le parcours a commencé très tôt, on va voir avec Sandra.
00:07:40 À 11 ans, c'est ça ?
00:07:41 11 ans, voilà.
00:07:42 Qu'est-ce que je voulais que je vous dise ?
00:07:44 En fait, je vais pas comparer évidemment cette affaire
00:07:46 avec ce qui s'est passé l'été dernier,
00:07:47 mais on avait à l'époque beaucoup de témoignages
00:07:50 sur le fait que les mamans étaient dépassées pendant les émeutes
00:07:52 par de jeunes émeutiers qui, en fait,
00:07:54 échappaient à leur autorité.
00:07:54 Donc, en fait, c'est pas quelque chose de nouveau.
00:07:56 C'est un discours, en effet, vous avez raison,
00:07:57 qu'on entend souvent, qu'on peut comprendre.
00:08:00 Et en même temps, qui ne viendra pas effacer
00:08:02 le discours des familles des agents pénitentiaires
00:08:05 qui sont décédés.
00:08:06 Donc, qu'est-ce que ça apporte dans l'histoire ?
00:08:08 Juste, c'est pas un système familial,
00:08:10 ça, on le découvre pas.
00:08:12 Maintenant, la question de son profil à lui,
00:08:14 de la petite délinquance, toute petite,
00:08:15 à ce qui s'est passé cette semaine...
00:08:18 Oui, il y a une gradation.
00:08:20 Et moi, ce qui me frappe, c'est que le système judiciaire
00:08:21 n'arrive pas à enrayer ça.
00:08:22 Oui, il a pas essayé.
00:08:24 On va voir le nombre de condamnations à son actif.
00:08:26 Éric Rebel, mais c'est ça, en fait,
00:08:27 c'est ces parcours qui commencent très tôt
00:08:29 et que nous n'arrivons pas, nous,
00:08:30 et t'as le droit à enrayer.
00:08:32 Je vais vous dire, moi, je me mets à la place
00:08:34 des familles d'agents pénitentiaires qui sont morts,
00:08:37 qui entendent donc cette maman
00:08:40 témoigner sur une radio de Grand'Écoute.
00:08:42 Quand on sait, et on va y revenir,
00:08:45 que sa délinquance a commencé à 11 ans,
00:08:47 pardonnez-moi, pardonnez-moi,
00:08:49 mais je ne peux pas croire un seul instant
00:08:53 que la mère de Mohamed Amra, qui explique
00:08:57 qu'elle n'était pas au courant, qu'elle ne savait pas...
00:08:59 - Qu'il ne lui disait rien.
00:09:00 - Mais attendez, quand vous avez un enfant de 11 ans...
00:09:03 - Là, il a 30, hein, Éric.
00:09:05 - D'accord, et on va voir la cribambelle
00:09:09 de faits délictuels pour lesquels il a été condamné.
00:09:13 Mais pardonnez-moi, pour moi, ce témoignage-là,
00:09:16 il est absolument inaudible,
00:09:17 parce que je me mets à la place des familles endeuillées
00:09:20 qui ont vu leur père être massacré par des assassins,
00:09:24 entendre une mère dire "ben écoutez, mon fils,
00:09:26 je ne sais pas ce qu'il faisait,
00:09:27 même s'il a été condamné ou repéré depuis l'âge de 11 ans,
00:09:30 c'est pour moi inaudible".
00:09:31 - On est d'accord. Jean-Joseph Couville ?
00:09:33 - Oui, ben écoutez, on va faire l'album Panini,
00:09:36 j'allais dire, de ces faits délictuels,
00:09:40 et on va voir effectivement ce que c'est qu'un parcours délinquant.
00:09:42 Quand on dit qu'il faut travailler à la racine,
00:09:44 nous, on les voit, les gamins, en train de dévier,
00:09:46 et en fait, on va voir de 11 ans jusqu'à 30 ans,
00:09:48 tout ce qu'il a fait, tout ce dont, pourquoi il a été condamné,
00:09:51 et on va voir qu'effectivement, à un moment donné,
00:09:53 la justice n'a pas été à la hauteur,
00:09:54 et surtout, c'est que l'État n'a pas été à la hauteur.
00:09:56 Et c'est quelqu'un qui a 30 ans,
00:09:57 qui a connu trois présidents de la République,
00:09:59 qui a connu Nicolas Sarkozy, François Hollande,
00:10:01 et le dernier, donc, M. Macron.
00:10:03 Et donc en fait, ce n'est pas un fait nouveau,
00:10:05 c'est un fait qui s'est étalé sur le temps.
00:10:07 Et donc, encore une fois, c'est pour ça qu'aujourd'hui,
00:10:10 tout le monde se réveille avec un mal à la tête,
00:10:12 et nous, tous les jours, on est les mains dans le cambouis,
00:10:14 on est en première ligne, et en fait,
00:10:16 on voit bien que même nos collègues de la pénitentiaire,
00:10:18 qui sont bout de chaîne judiciaire,
00:10:20 sont eux aussi, on a les mêmes clients,
00:10:22 et on sait comment ils évoluent.
00:10:23 Et c'est pour ça qu'on dit qu'à un moment,
00:10:24 il faut changer de braquet, il faut taper fort,
00:10:27 parce qu'on a vraiment besoin d'une reprise d'autorité complète.
00:10:29 - Sandra Buisson, on parle d'un parcours de délinquance
00:10:32 qui a commencé tôt, à 11 ans,
00:10:34 il y a eu des faits jusqu'à l'âge de 15 ans,
00:10:36 mais ils n'ont pas été inscrits, c'est ça, à son casier.
00:10:38 La première condamnation, c'est après 15 ans ?
00:10:40 - La première condamnation arrive à 15 ans,
00:10:42 et on note deux condamnations au tribunal pour enfants,
00:10:45 donc quand il était mineur,
00:10:46 mais la première condamnation à 15 ans
00:10:48 intervient pour des faits qu'il a commis avant 15 ans.
00:10:50 Ensuite, effectivement, on commence avec un individu
00:10:54 qui va, au début, être dans l'indélinquance d'habitude,
00:10:58 bas du spectre, délit routier, refus d'obtempérer,
00:11:00 un rodéo, des vols aggravés,
00:11:02 et puis ensuite, il monte un peu en gamme,
00:11:04 condamnation à trois ans de prison en janvier 2022,
00:11:06 c'est un vol effraction aggravé avec vol en bande organisée,
00:11:09 et puis clairement, après, il passe au niveau supérieur,
00:11:12 là, il touche à la grande criminalité au milieu marseillais,
00:11:15 il se mêle d'affaires de stupéfiants,
00:11:16 même s'il n'est pas présenté comme une tête de trafic.
00:11:19 Il est mis en examen dans deux affaires très importantes,
00:11:22 encore actuellement,
00:11:23 donc dans cette affaire de tentative d'assassinat
00:11:25 et d'extorsion avec arme qui a été commise
00:11:27 à Saint-Étienne-du-Rouvray,
00:11:28 et sur la deuxième mise en examen,
00:11:31 ça concerne des faits commis à Marseille,
00:11:33 alors qu'il était en détention,
00:11:35 il est mis en examen pour complicité...
00:11:37 - En détention ?
00:11:39 - Il était en détention.
00:11:39 - Il est en détention et complicité ?
00:11:42 - Au moment où les faits sur lesquels on enquête.
00:11:44 Et il est mis en examen pour complicité de meurtre en bande organisée,
00:11:49 enlèvement et séquestration d'otages pour obtenir une condition.
00:11:52 Peu importe qu'il soit complice ou auteur du meurtre,
00:11:56 la peine encourue est la même.
00:11:58 Mais effectivement, ce qui est important de préciser,
00:12:00 c'est qu'il est en détention.
00:12:01 Donc soit il a été instigateur,
00:12:03 soit il a été complice en fournissant des moyens.
00:12:06 Encore une fois, pour l'instant, il est suspecté d'eux,
00:12:07 il n'a pas été condamné sur ces faits.
00:12:10 Donc effectivement, il n'y a aucune condamnation
00:12:12 en lien avec du trafic de stupéfiants,
00:12:13 mais on nous le présente comme quand même
00:12:15 évoluant de temps en temps avec ce milieu,
00:12:17 notamment pour Marseille, les faits de Marseille.
00:12:19 C'est ce qui s'appelle un cas d'otage,
00:12:20 c'est un individu qui était estimé avoir pioché dans la drogue,
00:12:25 et donc il y a eu une mesure de rétorsion,
00:12:28 et l'avocat, Juan Eda, a expliqué
00:12:31 que la mort n'était pas prévue au programme,
00:12:35 mais cet individu a terminé avec une balle dans la tête
00:12:37 et brûlé dans une voiture.
00:12:38 Voilà.
00:12:39 Karim Zeribi, on a un détenu au Bomet
00:12:42 qui organise depuis sa cellule l'assassinat
00:12:45 d'un de ses comparses.
00:12:47 Il y a plusieurs choses qu'il doit interroger notre société.
00:12:50 Je veux dire, sinon, à quoi bon, je dirais,
00:12:54 avoir de l'émotion pour la mémoire de ces fonctionnaires
00:12:58 de la pénitentiaire si derrière,
00:13:00 on n'en tire pas aussi quelques enseignements
00:13:01 pour que ça ne se reproduise pas
00:13:03 ou qu'on tente que ça se reproduise moins.
00:13:05 D'abord, il y a la délinquance juvénile,
00:13:07 et cette forme d'incapacité à réagir
00:13:10 face à une forme de délinquance
00:13:14 qui est repérée très tôt.
00:13:15 Un comportement déviant, de la violence...
00:13:19 - Et donc il faut la sanction tout de suite, Karim ?
00:13:21 - Là, il faut soit un éloignement de la famille à 11 ans,
00:13:23 parce que je suis d'accord avec Éric Revelle,
00:13:24 à 11 ans, quand vous ne savez pas tenir votre enfant,
00:13:27 c'est qu'à un moment donné, on vous l'enlève,
00:13:29 on vous lève les allocations familiales,
00:13:30 et on les met dans le centre d'éducation renforcée
00:13:32 qui doit le rééduquer.
00:13:34 Un centre fermé avec de l'autorité,
00:13:36 parce que force est de constater qu'un gamin de 11 ans
00:13:38 qui est multiréitérant entre 11 et 15 ans,
00:13:41 c'est qu'il a besoin d'autorité,
00:13:42 il a besoin d'être recadré.
00:13:44 Et là, on n'a pas apporté la réponse pour le recadrer.
00:13:45 Première question qu'on doit se poser,
00:13:47 parce que ce n'est pas un cas isolé,
00:13:48 il y en a énormément aujourd'hui
00:13:50 qui sont quand même violents,
00:13:52 qui ont des comportements déviants,
00:13:53 à ces jeunes.
00:13:54 Ensuite, derrière, c'est l'impact de la sanction.
00:13:57 Il est condamné à 15 ans, c'est sa première condamnation.
00:13:59 Et puis derrière, effectivement,
00:14:01 il est dans un parcours de délinquance
00:14:03 qu'il a amené à être condamné à connaître la prison.
00:14:06 Donc, l'impact de la sanction,
00:14:08 je n'ai pas l'impression que l'impact de la sanction
00:14:10 a joué sur quoi que ce soit
00:14:11 dans le comportement de cette personne.
00:14:13 Je vous dirais même au contraire,
00:14:14 j'ai l'impression qu'au fur et à mesure
00:14:16 qu'il avançait dans l'âge,
00:14:17 il est rentré dans une forme de fabrique du crime,
00:14:20 donc en pénétrant dans les prisons,
00:14:22 et peut-être en rencontrant des gens,
00:14:24 et en ayant, force est de constater,
00:14:26 les moyens de communiquer vers l'extérieur,
00:14:27 puisqu'il est potentiel commanditaire,
00:14:29 potentiel commanditaire de quelque chose de dramatique
00:14:32 qui s'est passé à l'extérieur.
00:14:33 Franchement !
00:14:34 - Et qui a les moyens de payer son évasion.
00:14:36 - Oui, quand on regarde son parcours,
00:14:38 il y a de quoi s'interroger,
00:14:40 et remettre en question un certain nombre de fonctionnements
00:14:42 qui fait que ça ne marche pas à notre système.
00:14:44 - On va partir dans un instant au ministère de la Justice,
00:14:46 parce que les syndicats ont rencontré Eric Dupond-Moretti.
00:14:48 Mais avant ça, je voudrais juste vous faire écouter
00:14:50 Thibaud de Montbrial, qui était mon invité ce matin, avocat,
00:14:52 sur le profil de Mohamed Amora.
00:14:55 C'est quelqu'un qui est issu de l'immigration.
00:14:57 Il est né en France, mais il est issu de l'immigration.
00:15:00 Ensuite, et vous l'avez rappelé, et ça c'est très très important,
00:15:03 entre 11 et 14 ans, je crois que c'est William Molinier
00:15:05 d'Europe 1 qui a sorti cette information ce matin,
00:15:08 il a été mis en cause pour 19 faits,
00:15:11 et les 19 faits ont été classés sans suite.
00:15:13 Donc vous avez un jeune délinquant, mineur,
00:15:15 qui est un jeune homme en train de se structurer,
00:15:17 qui tente le parcours de délinquance,
00:15:20 et qui, comme seule réponse de l'Etat,
00:15:23 ne reçoit que des classements sans suite.
00:15:25 - Exactement. Classements sans suite systématiquement,
00:15:27 Jean-François Lejeune, puisque jusqu'à 15 ans.
00:15:29 - Il faut juste préciser que... - Sur les faits de 11 à 14 ans.
00:15:31 - Alors, c'est pas forcément un laxisme judiciaire,
00:15:34 un classement sans suite, ça peut être parce que les faits
00:15:35 ne sont pas caractérisés, parce qu'il y a une mesure
00:15:38 d'alternative aux poursuites, il y a différents cas
00:15:40 qui peuvent être... Et donc, pour l'instant...
00:15:42 - Oui, mais ça veut quand même dire qu'il n'y a pas...
00:15:44 - J'explique comment ça fonctionne.
00:15:46 - Non, mais j'entends, et vous me donnez le droit,
00:15:47 littéral, et vous avez raison, Sandra.
00:15:49 - Mais donc, il est suspecté d'eux, vous pouvez aussi
00:15:52 être mise en cause parce que vous êtes citée dans une affaire
00:15:54 sans être l'auteur principal. - J'entends.
00:15:56 - Une fois, on peut comprendre.
00:15:58 - Je vais dire la même chose que Sandra, mais avec des mots différents.
00:16:02 La justice, par définition, ne fait rien d'illégal.
00:16:05 Ça veut donc dire que le système dans lequel on fonctionne,
00:16:07 avec quelqu'un qui est autant délinquant à ce point-là,
00:16:09 ou en tout cas, autant de fois suspecté d'être délinquant,
00:16:11 ne peut ne pas être sanctionné jusqu'à ce moment-là.
00:16:13 Ça, c'est la première chose qui me frappe.
00:16:15 La deuxième, je suis désolé, mais en fait,
00:16:16 cette affaire, on la connaît, on l'a déjà vécue.
00:16:18 C'était peut-être avec d'autres protagonistes, etc.
00:16:20 Mais cette délinquance des mineurs qui n'est pas sanctionnée,
00:16:22 cette manière de continuer à gérer son trafic depuis sa prison, etc.
00:16:25 quand on est lié de près ou de loin au milieu des narcotrafics,
00:16:30 c'est monnaie courante, tout le monde le raconte,
00:16:32 même les dealers en témoignent, etc.
00:16:34 Aujourd'hui, la prison pour un dealer, c'est considéré comme un moment
00:16:36 où on est un peu plus en sécurité que le reste du temps.
00:16:38 On est un peu là-dedans.
00:16:40 - Ou pas, ça dépend des règlements de compte.
00:16:42 - Ce que je veux dire, c'est que c'est intégré dès le début
00:16:44 comme un des risques du business.
00:16:45 Et quand ils sont en prison, ils gèrent différemment les choses,
00:16:47 mais ils continuent à gérer les choses.
00:16:48 Et la troisième chose, rappelons juste qu'on ne sait pas exactement
00:16:53 qui l'a libérée et si c'était une évasion
00:16:59 ou si c'était peut-être même un enlèvement.
00:17:00 Peut-être que c'est possible.
00:17:02 - Il y a un vrai sujet.
00:17:04 Geoffroy Lejeune a raison parce que, je ne sais pas si vous avez vu
00:17:06 l'information du Parisien, le Parisien explique que deux jours avant,
00:17:09 il a essayé de scier les barreaux de la cellule dans laquelle il était.
00:17:12 - Il ne faut pas d'autres informations.
00:17:14 - Non, non, non.
00:17:15 - Vous avez vu l'autre ?
00:17:17 - Pardon, pardon.
00:17:19 - Je ne vous dis pas d'info, mais moi, ça m'intéresse beaucoup.
00:17:21 - Le fait que ce soit un enlèvement.
00:17:23 - Geoffroy Lejeune, c'est un, si ce n'est pas un gros bonnet de la drogue,
00:17:27 il faut quand même payer ses tueurs.
00:17:28 Qui a payé ?
00:17:30 Deux, pourquoi est-ce qu'il essaie de scier les barreaux de la cellule
00:17:33 dans laquelle il est, alors que sans doute,
00:17:35 j'ai du mal à imaginer qu'il n'est pas au courant
00:17:37 que quelque chose se précise.
00:17:39 Il y a quand même, pardonnez-moi, il y a quand même quelques zones d'ombre
00:17:41 autour de ce drame semblant.
00:17:44 - Oui, oui, mais ce sont des zones d'ombre.
00:17:45 - Ce sont des zones d'ombre que nous n'avons pas vérifiées.
00:17:47 - Mais en ce moment, l'avocat, lui, il y est.
00:17:48 - Attendez, on part au ministère.
00:17:49 - Je crois.
00:17:50 - Quel que soit en fait la réalité de cette affaire,
00:17:51 en effet, on ne la connaît pas à l'heure où on parle,
00:17:53 si c'est un enlèvement pour une autre affaire de gens qui lui voulaient du mal...
00:17:57 - Mais on ne tue pas des agents de la pénitentiaire.
00:17:59 - Ça dépend de quelle est votre motivation.
00:18:00 - On le fait exécuter en prison.
00:18:01 - Mais Laurence, en fait, que ce soit ça ou que ce soit une évasion en place
00:18:04 avec des commanditaires, etc., peu importe, dans les deux cas, c'est gravissime.
00:18:07 - Dans tous les cas, c'est grave.
00:18:09 - Oui, moi, je suis assez perplexe.
00:18:10 On ne va pas faire l'enquête à la place des enquêteurs,
00:18:12 mais je suis assez perplexe parce qu'effectivement,
00:18:14 aujourd'hui, il est quand même peut-être plus facile
00:18:16 pour des commanditaires de faire assassiner quelqu'un en prison.
00:18:18 Et le nombre d'assassinés en prison, si on en parlait,
00:18:21 on se rend compte qu'il y a pas mal de choses qui circulent,
00:18:24 des lames et autres, pour pouvoir planter les uns ou les autres.
00:18:27 La réalité, c'est que moi, ce qui m'interroge plutôt
00:18:30 par rapport à ce gang de criminels, c'est le niveau d'information qu'ils avaient.
00:18:34 C'est plutôt ça qui m'interroge.
00:18:36 - Vous avez raison.
00:18:37 - Le niveau d'information.
00:18:38 C'est quand même très, très timé, quoi.
00:18:40 Je veux dire, là, ils ont des informations,
00:18:43 il a passé une heure chez le juge en audition,
00:18:45 il est sur le chemin du retour, il est au péage.
00:18:47 À ce moment-là, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:18:49 Est-ce qu'ils ont balisé les véhicules ?
00:18:51 On va le savoir avec les enquêteurs.
00:18:52 Est-ce qu'ils avaient des informateurs de l'intérieur ?
00:18:54 Force est de constater que c'est pas improvisé
00:18:56 et qu'ils ont des informations qu'ils ne devraient pas avoir.
00:18:59 - Enfin, une des craintes des magistrats marseillais
00:19:01 qui avait témoigné du fameux rapport au Sénat,
00:19:03 et je crois que c'était le procureur de la République de Marseille
00:19:06 ou une magistrate, c'était de dire "attention,
00:19:08 la corruption avec l'argent qui circule de la drogue
00:19:11 est en train de contaminer beaucoup de corps de l'État".
00:19:14 - Il y a une infiltration, effectivement, de l'narcotrafic dans les rouages de l'État.
00:19:17 J'aimerais juste qu'on parte devant le ministère de la Justice.
00:19:19 Rejoindre Mickaël Dos Santos et Olivier Gangloff.
00:19:21 Bonsoir à tous les deux. Pardon de vous avoir fait attendre.
00:19:23 Mickaël, le garde des soins a reçu les représentants des agents pénitentiaires.
00:19:27 Dans quel état d'esprit sont sortis les syndicats ?
00:19:29 Je crois qu'ils ont déjà annoncé la reconduction de leur mouvement de grève.
00:19:32 - Oui, Laurence, écoutez, après cette réunion de trois heures
00:19:38 avec Éric Dupond-Moretti, les représentants syndicaux
00:19:42 de l'administration pénitentiaire semblaient satisfaits.
00:19:45 Satisfaits, dans un premier temps, pour leur dernier collègue
00:19:48 blessé lors de cette attaque de fourgon.
00:19:50 Il semble hors de danger après une blessure à la jambe.
00:19:53 Il ne devrait pas être amputé et a même pu échanger, d'ailleurs,
00:19:56 avec sa compagne. Satisfait également car le ministre de la Justice
00:20:00 a tenu des engagements sur l'armement du personnel et des véhicules
00:20:04 qui pourraient être renforcés lors de ces escortes de détenus.
00:20:08 Mais aussi sur la réduction des flocages sur les véhicules siglés,
00:20:12 sur l'accès facilité aux fiches des détenus,
00:20:15 mais aussi sur les extractions judiciaires.
00:20:18 D'ailleurs, sur ce point, les représentants syndicaux
00:20:21 ont lancé un appel aux magistrats.
00:20:23 Ils souhaitent désormais plus de visioconférences
00:20:26 pour éviter des sorties de détenus qu'ils jugent parfois innécessaires.
00:20:30 Dans les prochains jours, ces représentants syndicaux
00:20:34 vont maintenir la pression jusqu'à avoir des preuves écrites,
00:20:37 ce qui signifie que le mouvement "Prison morte"
00:20:40 pourrait se poursuivre dans les prochains jours.
00:20:43 Une réunion est prévue également fin mai, nouvelle réunion,
00:20:46 qui pourrait signifier la signature d'un protocole d'accord
00:20:49 avec Éric Dupond-Moretti.
00:20:51 - Merci.
00:20:53 Olivier Gangloff devant le ministère de la Justice.
00:20:56 Un représentant syndical des prisons, devant la prison de Fleury-Mérogis,
00:21:00 où s'est déroulé le mouvement aujourd'hui,
00:21:03 demande un certain nombre de choses,
00:21:05 notamment le blindage et la banalisation des fourgons pénitentiaires.
00:21:08 - Depuis que je suis dans la pénitentiaire,
00:21:10 c'est la première fois à l'extérieur que je vois un tel scénario.
00:21:13 Ce scénario qui s'est passé, jamais on ne les a vus.
00:21:16 Des vrais hulls qui utilisent des armes de guerre
00:21:19 pour nous attaquer, alors qu'on est simplement munis
00:21:22 d'un pistolet automatique, je pense qu'on a franchi un cap.
00:21:25 Nous demandons que les voitures soient banalisées, bien entendu.
00:21:28 Nous demandons aussi qu'on ait des fourgons blindés
00:21:31 pour effectuer ces missions, d'autres moyens d'équipement
00:21:34 qui sont adaptés par rapport à cette violence aussi qui se trouve.
00:21:37 Vous savez, on avait simplement les collègues munis
00:21:40 d'un pistolet automatique face à des armes lourdes de guerre.
00:21:43 Vous comprenez bien que la situation, il y a un déséquilibre.
00:21:46 L'autorité, le mot est lancé.
00:21:49 On doit retrouver les clés de l'autorité.
00:21:52 - Absolument, vous comprenez ce qu'il dit.
00:21:55 - On comprend bien ce qu'il dit, oui, parce qu'on vit la même chose.
00:21:58 - Là, c'est des armes de guerre.
00:22:01 - On vous envoie à la guerre en pyjama, je suis désolé de le dire,
00:22:04 mais c'est un peu ça. Quand on fait un convoyage de détenus
00:22:07 avec un fourgon de livreur qui a juste un centimètre de tôle,
00:22:10 à un moment donné, il faut aussi se poser les bonnes questions.
00:22:13 - C'est le cas. - C'était le cas. Il n'est pas du tout blindé, le camion.
00:22:16 On a l'impression que la technostructure est au niveau
00:22:19 des compétences et surtout de nos attentes.
00:22:22 Mais pas du tout, en fait, ils s'en fichent complètement.
00:22:25 Eux, c'est remplir les missions, remplir les fichiers Excel,
00:22:28 dire "OK, j'ai ma prime à la fin de l'année", et c'est tout ce qui les intéresse.
00:22:31 Quand ils sont confrontés au réel avec des morts et qu'effectivement,
00:22:34 ils voient malheureusement des familles attristées avec des enfants
00:22:37 et des femmes qui leur parlent dans les yeux, là, ils se rendent compte
00:22:40 de ce que c'est et qu'on n'est pas que des matricules, on est aussi des êtres humains.
00:22:43 Et oui, il y a un ras-le-bol, et un ras-le-bol dans la police aussi.
00:22:46 Parce que les collègues, hier, tout le monde était en colère, ils ont la haine.
00:22:49 Et je peux vous dire, bien sûr qu'on va mettre tout ce qu'on peut pour les retrouver.
00:22:52 On va lâcher les chiens et on va les retrouver. Ils seront traduits devant la justice.
00:22:55 Il faut que derrière, la justice, elle soit aussi à la hauteur des attentes des citoyens.
00:22:58 - Absolument. - Ce qui est dramatique, c'est qu'il faut vivre
00:23:01 de tels événements, des assassinats, de horribles gardiennes de prison,
00:23:05 pour se pencher sur les conditions de travail de ces gens-là.
00:23:09 Mais les conditions de travail de ces gens-là, au quotidien, elles sont horribles.
00:23:13 Horribles ! - Qui a envie d'être arrêté de l'ancien aujourd'hui ?
00:23:16 - C'est de la folie ! Ils passent autant de temps en prison quasiment qu'un détenu.
00:23:20 Ils voient leur famille. - Plus ! Ils passent plus de temps !
00:23:23 - Certainement. - Ils sortent avant les prisonniers.
00:23:25 - Dans une vie additionnée, certainement. Surpopulation carcérale.
00:23:28 Tout circule en prison. La drogue, les téléphones, l'alcool.
00:23:32 Ils sont menacés. - Leur famille !
00:23:37 - Parfois, on sait où ils habitent et autres.
00:23:40 Mais on ne s'imagine pas la vie de ces gens-là.
00:23:43 Et quand on leur fait convoyer un détenu,
00:23:48 alors ce n'était pas l'ennemi public numéro un, c'est vrai,
00:23:51 mais on ne peut pas les mettre dans un JNF d'une entreprise de construction,
00:23:55 sérigraphié en plus, pénitentiaire, il n'est même pas anonyme.
00:23:58 Encore s'il était anonyme pour passer à travers, il serait identifié de loin.
00:24:02 En fait, ils ont été face à des gens qui utilisent des méthodes
00:24:06 que les corses utilisaient sur les convois de fond.
00:24:09 Avec des blindés. Ils ne peuvent pas lutter.
00:24:13 Ce n'est pas possible. Là, ils sont envoyés à la boucherie.
00:24:17 - On peut quand même avoir une inquiétude.
00:24:19 Parce que quand on voit la violence de ces assassins,
00:24:22 on comprend bien que rien ne les arrête.
00:24:24 J'ai entendu un syndicaliste de la pénitentiaire expliquer
00:24:27 que bien sûr un 9 mm automatique FACS a des armes de guerre.
00:24:30 Ils se sont fait tirer dessus comme on tire à la fête foraine.
00:24:35 Et ils sont morts.
00:24:37 Mais ce syndicaliste disait, attention quand même,
00:24:39 bien sûr qu'il faut peut-être du blindage,
00:24:41 peut-être qu'il faut plus de visio.
00:24:43 - Oui, moins de transferts.
00:24:45 - Mais il disait, attention, si les agents pénitentiaires sont surarmés,
00:24:49 alors ces gens qui ne reculent devant rien,
00:24:51 demain ne tireront pas à la cage Nikoff, ils tireront au bazooka.
00:24:54 Et c'est une crainte également de voir cette violence inarrêtable.
00:24:59 - Mais alors là, on voit, on en met des pistolets à eau, Eric.
00:25:02 - Non, mais Laurence, c'est un vrai sujet.
00:25:04 - Mais quand vous voyez que ces gens sont capables de tuer,
00:25:07 comme ils ont tué ces agents de la pénitentiaire,
00:25:10 ça veut dire que rien ne les arrête.
00:25:12 Donc demain, il y a quand même une question à se poser.
00:25:14 - Donc rien ne les arrête.
00:25:16 - Pour connaître l'administration, elle a pratiqué,
00:25:19 tout l'intérêt de l'administration, c'est de dire,
00:25:21 on va vous donner des éléments de protection.
00:25:23 Comme ça, vous voyez, on est carré.
00:25:25 Vous avez de quoi vous protéger, vous avez des gilets pare-balles lourds, etc.
00:25:28 Mais en fait, c'est en amont qu'il faut travailler.
00:25:30 C'est bien de se protéger, mais c'est aussi en amont.
00:25:32 On a vu ça un petit peu en 2015,
00:25:34 quand nos collègues sont intervenus au Bataclan,
00:25:36 où on n'était pas du tout armés.
00:25:38 On n'était même plus habilités au tir du pistolet mitrailleur,
00:25:41 parce que les pistolets mitrailleurs,
00:25:43 ça prenait trop de temps d'envoyer des fonctionnaires
00:25:46 pour tirer et d'avoir des habilitations.
00:25:48 Du coup, quand on a ressorti tout le matériel,
00:25:50 plus personne n'avait les habilitations.
00:25:52 C'était que les anciens qui pouvaient prendre les vieux PM.
00:25:54 Mais on en était là.
00:25:56 Et donc, il faut un choc aussi dans notre technostructure,
00:25:59 soit en justice ou même pénitentiaire,
00:26:01 pour prendre en charge et refaire de la formation.
00:26:03 - Il y a une vraie question aussi qui doit se poser,
00:26:05 c'est dans les auditions entre les délinquants et les juges.
00:26:07 Aujourd'hui, il y a 25 % de ces auditions
00:26:09 qui se font en visioconférence.
00:26:11 Quand parfois vous avez un détenu que vous transportez
00:26:14 et qu'il arrive devant la juge ou le juge
00:26:17 et qu'il ne veut pas s'exprimer,
00:26:19 vous avez effectué un transport en mettant la vie en danger
00:26:21 des agents pour rien.
00:26:23 Pourquoi on ne veut pas plus vers la visioconférence ?
00:26:25 - Parce que les juges, Karim,
00:26:27 les juges demandent à voir les délinquants.
00:26:31 Parce que le fait de leur parler aussi, ça peut peut-être être important.
00:26:34 - Pourquoi les juges ne se déplacent-ils pas plus vers les prisons
00:26:37 plutôt que de faire sortir les détenus ?
00:26:39 Ça aussi, il pourrait y avoir un espace.
00:26:41 - Parce qu'ils ont ça de dossier sur leur mur.
00:26:43 - Oui, mais je sais, Karim, mais il faut voir aussi
00:26:45 ce qui se passe réellement dans le système judiciaire.
00:26:47 - Entre la visioconférence, le fait qu'ils puissent parfois se déplacer,
00:26:49 je pense qu'on minimise aussi le risque pour les hommes.
00:26:51 Il faut qu'on y pense.
00:26:53 - Mais vous avez raison. On essaiera d'avoir Béatrice Brugère
00:26:55 qui est toujours magistrate, qui nous expliquera pourquoi
00:26:57 parfois c'est important de voir les délinquants.
00:26:59 - Oui, ils peuvent aller en prison.
00:27:01 - Petite pause. On se retrouve dans un instant.
00:27:03 On continuera à évoquer ce qui se passe sur le plan de sécurité,
00:27:06 notamment en Nouvelle-Calédonie.
00:27:07 Puis Sandra Buisson, je vous interrogerai sur ce qui s'est passé
00:27:09 dans un bar de 20e arrondissement de Paris
00:27:11 avec une fusillade en plein jour.
00:27:13 Hier soir, il y a eu des tirs.
00:27:15 - Il y a eu des tirs.
00:27:17 - Vous nous en direz plus dans un instant, juste après la pause.
00:27:19 À tout de suite.
00:27:23 - 17h30, on se retrouve en direct dans Punchline
00:27:25 sur CNews avec le rappel des titres de l'actualité.
00:27:27 Simon Guillain, Simon.
00:27:29 - On vient tout juste de l'apprendre.
00:27:33 Un homme a été tué par balle cet après-midi
00:27:35 dans le 20e arrondissement de la capitale.
00:27:37 Un individu a tiré en direction d'un bar vers 15h30
00:27:39 avant de prendre la fuite à scooter.
00:27:41 Un périmètre de sécurité a été mis en place
00:27:43 dans cette rue où se trouvent plusieurs bars et restaurants.
00:27:45 Interpol a diffusé une notice rouge
00:27:47 pour tenter de retrouver Mohamed A,
00:27:49 ce détenu qui s'est évadé lors de la tente
00:27:51 de deux fourgons qui a coûté la vie
00:27:53 à deux agents pénitentiaires hier.
00:27:55 Une action qui permettra de rechercher le fugitif
00:27:57 hors des frontières françaises.
00:27:59 Vladimir Poutine se félicite des avancées
00:28:01 de l'armée russe en Ukraine.
00:28:03 Moscou a revendiqué la prise de plusieurs localités
00:28:05 dans la région de Kharkiv.
00:28:07 Le président ukrainien Volodymyr Zelensky
00:28:09 a annulé tous ses déplacements à l'étranger.
00:28:11 Les soldats russes mènent une offensive d'ampleur
00:28:13 dans le nord-est de l'Ukraine
00:28:15 depuis plus d'une semaine.
00:28:17 - Merci beaucoup, Simon Guillain.
00:28:19 Avant de parler de la Nouvelle-Calédonie,
00:28:21 Sandra Buisson, peut-être nous expliquer
00:28:23 ce qui s'est passé dans le 20e arrondissement de Paris.
00:28:25 - C'était cet après-midi, vers 15h30,
00:28:27 dans cette rue du 20e arrondissement.
00:28:29 L'individu est arrivé à scooter.
00:28:31 Selon une première remontée de sources policières
00:28:33 qui reste encore à confirmer par les éléments
00:28:35 de l'enquête, l'individu serait descendu
00:28:37 de son scooter, serait rentré dans le bar,
00:28:39 aurait demandé à voir quelqu'un.
00:28:41 Une personne serait sortie, il y aurait eu
00:28:43 une altercation sur le trottoir
00:28:45 et de là, des coups de feu, plusieurs.
00:28:47 L'individu est décédé des suites
00:28:49 de ses blessures.
00:28:51 L'individu à scooter a pris la fuite.
00:28:53 Selon les premiers éléments,
00:28:55 dans cette rue, il y aurait du trafic
00:28:57 de stupéfiants.
00:28:59 Est-ce que c'est lié directement ?
00:29:01 Ça reste à déterminer par l'enquête.
00:29:03 Voici les premiers éléments.
00:29:05 - Jean-Christophe Couville, 15h30,
00:29:07 en plein coeur de Paris,
00:29:09 dans le 20e arrondissement de Paris.
00:29:11 On ouvre le feu sur le trottoir.
00:29:13 - Bienvenue en France.
00:29:15 C'est ça, notre quotidien.
00:29:17 C'est notre futur, jusqu'à ce qu'on
00:29:19 prenne une décision
00:29:21 de passer, d'être un peu plus
00:29:23 proactif. Mais là, encore une fois,
00:29:25 on dit qu'on prend des pincettes.
00:29:27 C'est peut-être la drogue, etc. C'est normal qu'on prenne des pincettes.
00:29:29 Ce que je veux dire, c'est qu'on le sait.
00:29:31 C'est des règlements de compte, on doit de l'argent.
00:29:33 Il n'y a pas si longtemps que ça à Périgueux,
00:29:35 petite ville de 35 000 habitants.
00:29:37 Il y a un gamin qui devait 20 euros.
00:29:39 Il a planté à coups de couteau.
00:29:41 Une autre personne est morte.
00:29:43 Là, c'est peut-être des...
00:29:45 On en est là, aujourd'hui.
00:29:47 L'humain ne compte plus. C'est l'argent.
00:29:49 L'argent qui est roi. Aujourd'hui, le dieu, c'est l'argent.
00:29:51 - Oui, mais ce qui me frappe, c'est qu'on n'hésite plus
00:29:53 à ouvrir le feu, à tirer...
00:29:55 - Mais ça veut dire que c'est des canards qui ont des armes.
00:29:57 - On a l'impression qu'il y a une digne
00:29:59 qui a sauté, carrément. Je ne sais pas comment vous dire.
00:30:01 Bon, là, l'enchaînement depuis
00:30:03 une semaine est absolument terrifiant.
00:30:05 Mais là, on ouvre le feu en plein jour, en plein Paris,
00:30:07 sur le trottoir, au milieu des gens,
00:30:09 des passants. - Pour moi, la drogue, de manière
00:30:11 stratifique, c'est le cancer de notre société.
00:30:13 Parce que ça... Quand vous prenez
00:30:15 tous les sujets liés à la drogue, la désocialisation
00:30:17 de jeunes, de plus en plus jeunes,
00:30:19 ils terrorisent des quartiers entiers,
00:30:21 des règlements de comptes, des armes
00:30:23 qui circulent. Ils sont tous armés.
00:30:25 C'est normal. C'est la norme, maintenant.
00:30:27 Ils sont armés.
00:30:29 Certains vont dire pour se défendre, mais le sort,
00:30:31 ils l'utilisent facilement. S'ils l'utilisent
00:30:33 contre les délinquants, aujourd'hui,
00:30:35 ils l'utilisent aussi avec des impacts collatéraux
00:30:37 sur la population. Ils l'utilisent éventuellement.
00:30:39 S'ils croisent un fonctionnaire de police
00:30:41 en tenue, je veux dire, c'est la porte ouverte
00:30:43 à tout. C'est le cancer de
00:30:45 notre société. - Ils n'ont plus peur de rien.
00:30:47 - On est tranquille nulle part avec ces phénomènes-là. - Et ils n'ont plus peur de rien.
00:30:49 - Parce que déjà, moi, je rejoins Jean-Christophe.
00:30:51 Il y a un problème, déjà, ne serait-ce qu'à nommer
00:30:53 le problème, c'est-à-dire, en fait,
00:30:55 à réaliser qu'entre
00:30:57 il y a 20 ans et aujourd'hui, c'est plus la même société.
00:30:59 Du tout. Parce que les
00:31:01 narcotrafics, parce que les migrants,
00:31:03 aussi, quand on se souvient des gens très différents qui se baladent avec des couteaux
00:31:05 et qui, parfois, ont des pulsions
00:31:07 particulières, pas tous, mais ça arrive quand même assez régulièrement.
00:31:09 Pour toutes ces raisons-là, parce que la drogue,
00:31:11 je l'ai déjà dit, pour toutes
00:31:13 ces raisons-là, vous avez une société qui a changé et un État
00:31:15 qui n'a pas décidé de s'adapter à ça. Et donc,
00:31:17 la conséquence de ça, l'État n'essaye
00:31:19 même pas de se faire respecter, que ce soit dans
00:31:21 les décisions de justice qui sont prises ou dans la politique
00:31:23 pénale qui est appliquée, dans le nombre de places de prison
00:31:25 qui n'est pas construite, et on envoie au casse-pipe
00:31:27 des pauvres policiers qui n'ont rien demandé à personne
00:31:29 et qui ne sont pas formés différemment, qui ne sont pas équipés
00:31:31 différemment, qui ne sont pas armés différemment
00:31:33 ou des administrations pénalisations
00:31:35 qui doivent gérer une situation
00:31:37 qui, elle, a changé. - D'accord. Alors, on va
00:31:39 maintenant passer, si vous le voulez bien, à ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
00:31:41 On va voir des images de ce qui
00:31:43 s'est passé cette nuit. On a un bilan
00:31:45 qui a encore augmenté. Quatre morts, dont
00:31:47 un gendarme qui a succombé
00:31:49 à ses blessures. Ce sont
00:31:51 les interdentistes qui mènent
00:31:53 cette fronde depuis deux jours.
00:31:55 On va rejoindre notre envoyé spécial
00:31:57 Florian Tardif, qui se trouve avec
00:31:59 Charles Baget, pour...
00:32:01 devant l'hôtel de Matignon.
00:32:03 Bonsoir, Florian, puisque c'est...
00:32:05 Pardon, oui, pour savoir
00:32:07 où en est le Conseil des ministres.
00:32:09 Je ne crois pas que vous êtes à l'hôtel
00:32:11 de Matignon. Vous allez me dire où vous vous trouvez. Ce sera plus simple.
00:32:13 Comme ça, je ne m'emmènerai pas les pinceaux.
00:32:15 C'est l'Elysée, évidemment, si c'est le Conseil des ministres.
00:32:17 Est-ce que l'état d'urgence
00:32:19 a été décrété en Conseil des ministres,
00:32:21 Florian ?
00:32:23 - Oui, il n'y a aucun
00:32:25 problème, Laurence. État d'urgence
00:32:27 qui est en train d'être décrété, effectivement,
00:32:29 durant ce Conseil des ministres,
00:32:31 qui se déroule depuis un peu plus d'une heure
00:32:33 maintenant au palais de l'Elysée.
00:32:35 Un décret, donc, pour instaurer
00:32:37 l'état d'urgence à circonstances
00:32:39 exceptionnelles, mesures exceptionnelles.
00:32:41 En quoi consiste
00:32:43 précisément cet état d'urgence ?
00:32:45 Cela permet, en fait, de donner des pouvoirs
00:32:47 accrus aux autorités, pour
00:32:49 tenter de ramener l'ordre, vous l'avez compris,
00:32:51 sur l'île. Cela facilite l'instauration du couvre-feu,
00:32:53 qui est d'ores et déjà appliqué en Nouvelle-Calédonie.
00:32:55 Cela facilite des perquisitions, des réquisitions.
00:32:57 Mais cela permet
00:32:59 également aux ministres
00:33:01 de l'Intérieur d'assigner
00:33:03 à résidence des personnes
00:33:05 jugées comme pouvant
00:33:07 potentiellement commettre des exactions.
00:33:09 Il y a d'ailleurs un second
00:33:11 décret qui est pris
00:33:13 en ce moment même par le gouvernement
00:33:15 pour permettre de dessiner
00:33:17 des zones dans lesquelles
00:33:19 le ministre de l'Intérieur pourra, donc,
00:33:21 assigner ces personnes à résidence.
00:33:23 Et le gouvernement, également,
00:33:25 pourra demander que
00:33:27 les armes détenues légalement
00:33:29 par des personnes en Nouvelle-Calédonie
00:33:31 soient remises aux autorités compétentes.
00:33:33 C'est extrêmement rare que cet
00:33:35 état d'urgence soit pris sous tout ou partie
00:33:37 du territoire. Cela avait été le cas
00:33:39 durant de précédentes émeutes en Nouvelle-Calédonie
00:33:41 dans les années 80, mais également
00:33:43 après les émeutes de 2005 en France
00:33:45 ou encore les attentats terroristes de 2015 et 2017.
00:33:47 Merci beaucoup, Florian Tardif,
00:33:49 Charles Baget, à l'Elysée
00:33:51 pour cet état d'urgence qui a été décrété
00:33:53 en Nouvelle-Calédonie. On va voir avec le sujet
00:33:55 de Maxime Lavandier que des scènes
00:33:57 de chaos se déroulent en permanence dans cet archipel.
00:33:59 La situation en Nouvelle-Calédonie
00:34:03 empire de jour en jour.
00:34:05 Face à ce constat, Emmanuel Macron
00:34:07 a décidé de déclarer l'état d'urgence dans l'archipel.
00:34:09 Toutes les violences sont
00:34:11 intolérables et feront l'objet d'une réponse
00:34:13 implacable pour assurer le retour
00:34:15 de l'ordre républicain.
00:34:17 La police annonce également un nouveau bilan
00:34:19 de quatre morts, dont un gendarme
00:34:21 après deux nuits d'émeute.
00:34:23 Un chaos qui contraint les habitants
00:34:25 à s'organiser eux-mêmes pour protéger
00:34:27 leurs résidences et assurer leur sécurité.
00:34:29 Des milices sont créées,
00:34:31 comme l'explique ce résident.
00:34:33 Il y a une organisation parce qu'on sent bien
00:34:35 que la police est débordée.
00:34:37 Chacun s'organise comme il peut
00:34:39 et la solidarité prend le dessus.
00:34:41 C'est très bien, mais on se sent un peu
00:34:43 délaissé à 19 000 km de là.
00:34:45 On a hâte que les renforts arrivent
00:34:47 parce que c'est très compliqué.
00:34:49 Ces dernières heures,
00:34:51 les pillages et les incendies de magasins
00:34:53 se sont succédés. Les affrontements
00:34:55 ont également fait des centaines de blessés
00:34:57 du côté des forces de l'ordre.
00:34:59 Pour tenter de trouver une solution rapidement
00:35:01 à cette crise, Gabriel Attal proposera
00:35:03 une date aux délégations calédoniennes
00:35:05 afin de les recevoir à Matignon.
00:35:07 Voilà pour le point sur la situation.
00:35:09 Jean-Christophe Couvin, on est sur un bilan effrayant.
00:35:11 Donc des centaines de blessés côté
00:35:13 des forces de l'ordre et un gendarme
00:35:15 qui est décédé.
00:35:17 Toutes mes condoléances aussi aux collègues
00:35:19 de la gendarmerie parce que ça ne fait jamais
00:35:21 plaisir de perdre un des siens.
00:35:23 J'ai reçu un texto
00:35:25 tout à l'heure d'un de mes collègues,
00:35:27 notre délégué qui est en Nouvelle-Calédonie
00:35:29 et qui nous fait un bilan.
00:35:31 Mais quand vous lisez ça, vous dites
00:35:33 que c'est la Troisième Guerre mondiale. Ce n'est pas possible.
00:35:35 C'est-à-dire que les policiers travaillent
00:35:37 H24, n'ont même plus de repos.
00:35:39 Ils sont en train de déformer les maisons.
00:35:41 Certains policiers sont retranchés
00:35:43 dans le commissariat central en Nouvelle-Calédonie
00:35:45 pour protéger le commissariat.
00:35:47 Et d'ailleurs le collègue nous dit que l'État n'est plus en mesure
00:35:49 d'assurer la sécurité de la population.
00:35:51 C'est-à-dire qu'on ne peut pas empêcher les pillages.
00:35:53 Alors à une époque, on avait des compagnies de CRS
00:35:55 qui étaient à demeure en Nouvelle-Calédonie.
00:35:57 - Il y en a qui sont envoyées en reflets.
00:35:59 - Alors là, il y en a qui sont envoyées, mais bien sûr, il y a 22 heures d'avion.
00:36:01 Mais à un moment donné, il y a aussi le manque d'anticipation
00:36:03 sur plein de choses. Là, on envoie la CRS 8,
00:36:05 enfin une partie de la CRS 8,
00:36:07 la CRS 82 qui part.
00:36:09 On envoie 10 officiers de police judiciaire pour traiter aussi,
00:36:11 parce que là-bas, ils sont débordés.
00:36:13 Et en fait, si vous voulez,
00:36:15 aujourd'hui, encore une fois,
00:36:17 on a l'impression de revivre ce qu'on a vécu au mois de juin.
00:36:19 C'est-à-dire que c'est des bandes de jeunes
00:36:21 qui arrivent, qui dépouillent, qui agressent les gens.
00:36:23 Donc les gens se forment en milice pour se défendre
00:36:25 parce que la police n'est pas en nombre,
00:36:27 et je le dis, pour justement arriver
00:36:29 à faire revenir l'ordre.
00:36:31 Alors on attend les renforts, nous aussi,
00:36:33 mais les collègues, c'est fort à la mou, ils sont dans leur maison,
00:36:35 ils sont dans leur famille.
00:36:37 - Donc c'est ça, ils préfèrent défendre les personnes que les biens,
00:36:39 parce que là, il y a un moment, ils ont poussé les magasins, tant pis.
00:36:41 - Sauf que les biens, il y a aussi toute une vie
00:36:43 derrière les biens.
00:36:45 Et en fait, il y a des gérants de société
00:36:47 qui défendent aussi leurs biens parce que tout part en fumée.
00:36:49 Et donc du coup, vous avez une guerre civile.
00:36:51 Et en face de vous, vous avez des gens
00:36:53 qui sont armés. Les gendarmes le disent,
00:36:55 ils nous tirent avec tout ce qu'ils ont, il y a des impacts de brénecs,
00:36:57 de fusils de chasse.
00:36:59 Et là, le pauvre gendarme qui est décédé,
00:37:01 il est décédé dans un guet-apens.
00:37:03 C'est insurrectionnel, c'est la guérilla.
00:37:05 Voilà, c'est des scènes de guerre.
00:37:07 Ce ne sont plus des manifestants comme on peut voir avec des Black Blocs.
00:37:09 Là, c'est des gens armés qui veulent vous tuer.
00:37:11 - Encore un symptôme de l'affaiblissement de notre État.
00:37:13 Éric Revel.
00:37:15 - La situation en Nouvelle-Gadonnie, elle est compliquée
00:37:17 depuis très très très longtemps. Mais c'est vrai que là,
00:37:19 ils sont au bord de la guerre civile.
00:37:21 Parce que décider de l'état d'urgence,
00:37:23 c'est une décision grave du président de la République
00:37:25 parce que la situation est extrêmement grave.
00:37:27 J'ai eu, alors pas des témoignages
00:37:29 de policiers, mais de gens
00:37:31 sur place qui sont apeurés,
00:37:33 qui sont retranchés, qui sont en train de
00:37:35 chercher des armes pour se défendre
00:37:37 face à... Alors vous avez de tout, vous avez
00:37:39 des narcotrafiquants,
00:37:41 vous avez des émeutiers professionnels,
00:37:43 vous avez aussi des indépendantistes,
00:37:45 parce qu'il y a un sujet
00:37:47 central quand même, pardon.
00:37:49 Et ça, je pense que le gouvernement
00:37:51 ne pourra pas faire l'économie
00:37:53 de ce dialogue, et le Premier ministre appelle un dialogue
00:37:55 des parties prenantes, parce qu'en réalité,
00:37:57 la modification du scrutin
00:37:59 tel qu'elle est prévue
00:38:01 en Nouvelle-Calédonie,
00:38:03 c'est un sujet épineux et majeur.
00:38:05 Je rappelle quand même qu'il y a eu
00:38:07 trois référendums, le dernier en 2021.
00:38:09 Les trois référendums ont conclu
00:38:11 à une majorité
00:38:13 qui refusait l'indépendance.
00:38:15 Bien. Mais vous avez
00:38:17 une population qu'on appelle "canac"
00:38:19 avec différents mouvements indépendantistes
00:38:21 à l'intérieur de cette mouvance "canac"
00:38:23 qui en fait, historiquement, s'oppose à ceux
00:38:25 qui sont arrivés plus tard en Nouvelle-Calédonie
00:38:27 qu'on appelle les "caldoches", même si le terme
00:38:29 n'est pas le bon. Et en fait, ça,
00:38:31 c'est terrible. Moi, je pense que le gouvernement
00:38:33 aurait dû pousser la médiation
00:38:35 beaucoup plus loin, même si les deux assemblées
00:38:37 ont ratifié la modification
00:38:39 du scrutin. Ils auraient dû pousser
00:38:41 beaucoup plus loin, parce que l'état d'urgence, pour moi,
00:38:43 c'est casser le thermomètre
00:38:45 pour que la température redescende,
00:38:47 mais ça, ça peut tenir
00:38:49 deux ou trois jours, mais si sur le fond du dossier
00:38:51 les choses ne sont pas réglées, ça reprendra
00:38:53 à n'importe quel moment. Attendez, il y a eu trois référendums, vous m'avez dit ?
00:38:55 - Oui. - Trois référendums ?
00:38:57 - Oui, et j'ajoute... - Trois référendums ?
00:38:59 - Et on continue ? Il en faut un quatrième,
00:39:01 un cinquième, un sixième ? - Il y a un aspect très fort aussi...
00:39:03 - Non, c'est vrai, mais ils sont contestés, les référendums, malheureusement, c'est ça le problème.
00:39:05 - Alors, ils sont contestés, mais le dernier référendum,
00:39:07 les indépendantistes... - Le peuple a tort ?
00:39:09 Le peuple vote, on dit qu'il a tort ?
00:39:11 - C'est ça le problème. - Prenez le refrain.
00:39:13 - Le dernier référendum a été boycotté par les indépendantistes,
00:39:15 mais juste un aspect économique qui est déterminant,
00:39:17 déterminant, parce que là aussi,
00:39:19 c'est un vrai sujet, c'est la rente minière,
00:39:21 c'est le nickel.
00:39:23 - Et là, j'entends dire que les Chinois seraient à la même...
00:39:25 - Alors, voilà, je voulais en venir là,
00:39:27 parce que là, il y a un vrai sujet, quand on voit comment la puissance
00:39:29 chinoise est en train de se développer dans le Pacifique,
00:39:31 je ne dis pas que certains sont
00:39:33 manipulés par la Chine,
00:39:35 mais la Chine voit évidemment d'un
00:39:37 bon oeil le chaos qui est en train
00:39:39 de s'installer en Nouvelle-Calédonie.
00:39:41 - Bon, Geoffroy ? - Je ne reviens pas sur les causes,
00:39:43 moi je suis d'accord avec ce qu'Éric a dit, mais
00:39:45 sur les conséquences, c'est-à-dire
00:39:47 ce qu'on voit, ces émeutes-là, etc.,
00:39:49 je suis désolé, mais je vois les mêmes images en effet qu'en métropole
00:39:51 l'été dernier
00:39:53 et qu'à Mayotte d'ailleurs, parce que Mayotte,
00:39:55 c'est exactement les mêmes phénomènes.
00:39:57 Et en fait, ce que je me dis, c'est que
00:39:59 l'État est obligé, donc celle-là c'est l'état d'urgence,
00:40:01 mais l'État est obligé d'envoyer un maximum
00:40:03 de force de l'ordre pour en effet casser
00:40:05 le thermomètre pour faire baisser la température,
00:40:07 sans jamais régler le problème.
00:40:09 Et je me dis, si vous voulez, c'est un peu comme dans le sujet
00:40:11 précédent, sur les conséquences
00:40:13 du laxisme et les conséquences du fait que
00:40:15 l'État n'a pas voulu se faire respecter, se défendre.
00:40:17 Quand l'État est faible, dans l'histoire de France,
00:40:19 à chaque fois, vous avez l'apparition
00:40:21 des bandes, les rasias, les pillages,
00:40:23 la violence, etc.
00:40:25 - Et là, ce sont des jeunes, encore une fois,
00:40:27 ce ne sont pas des indépendantistes de 60 ans,
00:40:29 ce sont des jeunes assez désœuvrés.
00:40:31 On a toujours le même schéma.
00:40:33 - Parce qu'on a envoyé le message que tout était possible,
00:40:35 que si jamais ils se font attraper, ce ne sera pas si grave que ça,
00:40:37 la réponse judiciaire, etc.
00:40:39 Donc on envoie à nouveau, c'est exactement le même schéma,
00:40:41 on envoie des forces de l'ordre pour faire le boulot pendant un temps
00:40:43 et puis le problème ne sera jamais réglé.
00:40:45 - Il y a plusieurs paramètres. C'est vrai que le premier sujet,
00:40:47 c'est l'ordre républicain.
00:40:49 On est dans un climat insurrectionnel,
00:40:51 de guerre civile, les gens sont terrés
00:40:53 chez eux, il y a des
00:40:55 milices de défense qui se mettent en place
00:40:57 parce que les forces de l'ordre ne peuvent pas
00:40:59 couvrir tout le territoire, elles ne sont pas suffisantes
00:41:01 en nombre, on a le Raid qui est envoyé là-bas.
00:41:03 Je veux dire, ça part dans tous les sens.
00:41:05 Effectivement, on ne peut pas évoquer
00:41:07 la question politique dans ce climat-là.
00:41:09 Ce n'est pas possible. Pour autant, la question politique,
00:41:11 il va falloir la mettre sur la table.
00:41:13 Mais premier enjeu, c'est restaurer l'ordre républicain,
00:41:15 protéger les personnes,
00:41:17 j'allais dire les biens, non, les biens.
00:41:19 - En tout cas, c'est ton pire.
00:41:21 - Tout est en train d'exploser.
00:41:23 Après, la Nouvelle-Calédonie,
00:41:25 c'est une position, moi aussi,
00:41:27 géostratégique.
00:41:29 - Oui, évidemment.
00:41:31 - Au cœur de l'Océanie, vous avez
00:41:33 la volonté aussi de déstabiliser
00:41:35 la présence française là-bas,
00:41:37 le nickel, ça a été évoqué,
00:41:39 qui est une matière aujourd'hui
00:41:41 recherchée, prépondérante,
00:41:43 que beaucoup veulent.
00:41:45 Après, c'est vrai qu'il y a
00:41:47 une jeunesse qui est désoeuvrée, 30% de chômage.
00:41:49 Moi, je ne les confondrai pas avec les indépendantistes.
00:41:51 Parce que je pense que les indépendantistes
00:41:53 sont sur une approche qui est politique.
00:41:55 Et là, j'ai le sentiment que le dégel du corps électoral,
00:41:57 qui est le projet de loi constitutionnel,
00:41:59 est presque un enjeu pour cette jeunesse
00:42:01 pour créer ce climat insurrectionnel.
00:42:03 - Vous ne croyez pas que c'est un prétexte ?
00:42:05 - Oui, je pense que c'est le prétexte.
00:42:07 Il faut bien qu'ils trouvent un prétexte
00:42:09 pour se comporter comme des élus.
00:42:11 - On est d'accord.
00:42:13 - Les indépendantistes sont prêts
00:42:15 à revenir autour de la table avec les loyalistes.
00:42:17 La Nouvelle-Calédonie, c'est 270 000 personnes.
00:42:19 Il faut quand même le dire.
00:42:21 Autour de trois provinces,
00:42:23 il y a des forces politiques en présence.
00:42:25 Il faut les remettre autour de la table
00:42:27 pour que le calme...
00:42:29 - Mais attendez, juste Eric.
00:42:31 Le problème pour moi, c'est que là,
00:42:33 on a les gens qui sont chez eux, terrés, et on la trouille.
00:42:35 Le reste, c'est les milices.
00:42:37 C'est que les gens vont s'armer et se dire
00:42:39 "Mais je vais me faire moi-même ma protection".
00:42:41 Et puis ils vont pouvoir ouvrir le feu.
00:42:43 C'est ce qui s'est passé d'ailleurs, j'imagine.
00:42:45 - C'est ce qui se fait d'ailleurs.
00:42:47 Vous ne pouvez pas subir quand vous voyez
00:42:49 que l'État n'est pas en mesure de vous protéger.
00:42:51 Qu'est-ce que vous faites ?
00:42:53 Moi, je protégerai moi le premier, mes enfants, ma famille.
00:42:55 C'est normal, c'est un réflexe de survie.
00:42:57 - On n'est plus dans l'État.
00:42:59 - On en est là aujourd'hui.
00:43:01 Ce qui se dit en off, c'est peut-être
00:43:03 que les gens du Nord vont peut-être se mêler au mouvement.
00:43:05 Et là, c'est catastrophe, c'est reparti,
00:43:07 on en repart sur une guerre d'usure politique.
00:43:09 Et donc, effectivement, il faut intervenir tout de suite.
00:43:11 Moi, ce que je veux, c'est qu'on trouve
00:43:13 très rapidement un compromis.
00:43:15 Peu importe, il faut que nos collègues,
00:43:17 nous, arrêtent sur le terrain
00:43:19 de servir de variable d'ajustement.
00:43:21 - Regardez quand même sur le fond
00:43:23 comment la République est absolument incohérente.
00:43:25 Geoffroy Lejeune citait l'affaire de Mayotte
00:43:27 qui est une vraie affaire.
00:43:29 Submersion de l'immigration.
00:43:31 - Droit du sol, non. Droit du sang, oui.
00:43:33 Eh bien, si vous inversez la problématique
00:43:35 en Nouvelle-Calédonie, vous avez un vrai sujet
00:43:37 entre droit du sol et droit du sang.
00:43:39 Et là, on inverse dans la réforme constitutionnelle
00:43:41 la proposition. Mais c'est vrai.
00:43:43 - C'est un poil technique, mais vous avez raison.
00:43:45 - C'est vrai, c'est vrai.
00:43:47 On donnerait la primauté au droit du sol
00:43:49 dans le dégel du corps électoral.
00:43:51 Ce qu'on refuse, effectivement, à Mayotte.
00:43:53 C'est vrai qu'il y a une question de cohérence aussi.
00:43:55 - Alors Mayotte est submergée
00:43:57 par une immigration illégale
00:43:59 où il suffit de venir accoucher à Mayotte
00:44:01 pour avoir son... Mais voyez le sujet.
00:44:03 - Bien sûr. Allez, j'aimerais qu'on revienne
00:44:05 à la traque qui se poursuit,
00:44:07 évidemment pour retrouver les assassins
00:44:09 de deux agents pénitentiaires, avec ce suspect
00:44:11 numéro un, Mohamed Hamra,
00:44:13 l'homme qui s'est évadé
00:44:15 à la faveur de cette attaque sanglante
00:44:17 du fourgon pénitentiaire.
00:44:19 On a sa photo, désormais.
00:44:21 On sait qu'une fiche
00:44:23 interpol rouge a été déclenchée.
00:44:25 Ça veut dire qu'il est recherché dans le moment entier.
00:44:27 Écoutez le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
00:44:29 qui était ce matin l'invité de nos confrères de RTL,
00:44:31 et qui lui estime que le narco-banditisme
00:44:33 aujourd'hui tue plus que le terrorisme.
00:44:35 Écoutez-le.
00:44:37 - On ne peut pas à la fois, c'est ce que je vais vous dire
00:44:39 en quelques instants,
00:44:41 pleurer les veuves et les orphelins
00:44:43 sur le péage de l'heure et continuer
00:44:45 à fumer son joint. C'est pas possible.
00:44:47 Ça s'appelle la schizophrénie
00:44:49 et chacun est responsable.
00:44:51 Toutes les sociétés occidentales sont touchées par cela.
00:44:53 Le narco-banditisme tue,
00:44:55 tue énormément,
00:44:57 bien plus que le terrorisme, même si le terrorisme
00:44:59 c'est évidemment une priorité pour chacun des États,
00:45:01 mais tue bien plus que le terrorisme.
00:45:03 Et ce qui s'est passé au péage de l'heure,
00:45:05 c'est désormais,
00:45:07 j'espère pour que tout le monde le comprenne,
00:45:09 j'ai parlé moi-même d'ensauvagement quand j'étais ministre de l'Intérieur,
00:45:11 j'ai été très critiqué pour ça. La violence désinhibée
00:45:13 pour des personnes
00:45:15 qui prennent tous les risques,
00:45:17 ils ne sont pas très âgés souvent,
00:45:19 ils ne sont parfois même pas dans le trafic de drogue,
00:45:21 parce qu'ils ont une commande
00:45:23 de trafic en drogue pour libérer un voyou.
00:45:25 Cette violence désinhibée
00:45:27 où on tire la cache-licoff sur des pères de famille,
00:45:29 elle peut comprendre qu'elle a une source,
00:45:31 c'est la consommation de drogue.
00:45:33 - Effectivement, la consommation de drogue
00:45:35 à un niveau record dans notre pays.
00:45:37 Il y a eu ce rapport rendu par la commission d'enquête
00:45:39 sénatoriale sur le trafic
00:45:41 de stupéfiants. On nous dit qu'on n'est pas encore
00:45:43 un narco-État. Pas encore,
00:45:45 pour Christophe Covid. Mais ça veut dire qu'on n'en est pas si loin que ça.
00:45:47 - C'est-à-dire que là, il est temps de se réveiller
00:45:49 parce qu'effectivement, alors c'est bien de faire un rapport,
00:45:51 je suis pour faire un rapport, effectivement.
00:45:53 Sauf qu'après, ce rapport, il doit servir à quelque chose.
00:45:55 Si c'est pour caler une armoire à l'Assemblée nationale
00:45:57 ou au Sénat, ce n'est pas très intéressant.
00:45:59 Il faut que derrière, on puisse transformer ça.
00:46:01 Après, on fait un bilan.
00:46:03 Il y a 240 000 personnes en France
00:46:05 qui vivent du trafic de stupéfiants.
00:46:07 3,5 milliards d'euros de revenus
00:46:09 qui rentrent d'ailleurs dans le calcul du PIB.
00:46:11 C'est ce qui est quand même extraordinaire.
00:46:13 Et ça, c'est que pour le cannabis.
00:46:15 Derrière, il y a aussi, j'allais dire,
00:46:17 les autres drogues, la cocaïne,
00:46:19 les drogues synthétiques, de synthèse, etc.
00:46:21 Donc tout ça, c'est une amende d'argent énorme.
00:46:23 On voit bien que, oui, il a raison,
00:46:25 ça touche tous les pays d'Europe,
00:46:27 même les pays où on a légalisé.
00:46:29 Parce que derrière, il y a toujours ce trafic.
00:46:31 Les pays légalisés, ils n'ont pas,
00:46:33 j'allais dire, aseptisé la criminalité.
00:46:35 On vende d'autres produits.
00:46:37 C'est juste un appel d'offre, le cannabis.
00:46:39 Alors ça va faire plaisir à certains,
00:46:41 68 ars, qui sont contents, effectivement,
00:46:43 de rouler leur petit pétard et de se décontracter le soir.
00:46:45 Mais en fait, quelque part, il a raison.
00:46:47 Quand vous achetez du cannabis,
00:46:49 quand vous achetez des drogues, le rail de cocaïne,
00:46:51 pour aller en batte de nuit, pour faire la fête,
00:46:53 derrière tout ça, il y a des morts.
00:46:55 Et derrière tout ça, effectivement, il y a des gens qui meurent,
00:46:57 qui grillent dans des voitures.
00:46:59 C'est pas très beau, la guerre contre les stups.
00:47:01 Il faut savoir que quand il y a des atrocités
00:47:03 tous les jours, mais ça, effectivement,
00:47:05 les gens, ça ne les touche pas.
00:47:07 Alors ils ont le cœur, la main sur le cœur.
00:47:09 Le cœur, pardon, c'est tous des humanistes,
00:47:11 parce qu'ils fument leur bédo.
00:47:13 Je suis désolé, mais derrière, effectivement, il y a des morts.
00:47:15 Non, mais il y a une course contre la montre
00:47:17 qu'on est en train de perdre.
00:47:19 Quand on dit qu'on n'est pas encore un narco-État,
00:47:21 on en prend le chemin.
00:47:23 Les magistrats de Marseille ont été très clairs
00:47:25 quand ils ont été auditionnés par la commission de l'OQN.
00:47:27 Évidemment, les magistrats,
00:47:29 là, le rapport sénatorial, il est très intéressant.
00:47:31 Il explique que toutes les drogues,
00:47:33 les consommations de drogues, montent en puissance.
00:47:35 Notamment la cocaïne,
00:47:37 qui ces dix dernières années a fait un bond colossal.
00:47:39 Avec les drogues
00:47:41 extasy, amphétamines aussi,
00:47:43 le cannabis,
00:47:45 qui est toujours à des niveaux records.
00:47:47 Moi, je crois que nous avons
00:47:49 un écueil qui est
00:47:51 crucial. C'est qu'on n'a pas
00:47:53 calibré nos organisations
00:47:55 et nos moyens en fonction
00:47:57 de l'évolution des trafiquants.
00:47:59 Les trafiquants se sont structurés,
00:48:01 se sont devenus des PME criminels,
00:48:03 du crime, s'organisent-ils tels des
00:48:05 mafias, voire des
00:48:07 gangs cartélisés.
00:48:09 Et on a toujours en face
00:48:11 la même réponse. Une juridiction
00:48:13 qui est assez généraliste, alors
00:48:15 que là, le rapport dit qu'il faut une juridiction
00:48:17 spéciale et spécifique
00:48:19 pour travailler sur les narcotrafiquants.
00:48:21 - Un parquet antistupe, qu'il demande.
00:48:23 Mais c'est refusé par le gouvernement déjà.
00:48:25 - Il faut des services spécialisés
00:48:27 pour s'attaquer à... - Comme le parquet national
00:48:29 antiterroriste, comme le parquet
00:48:31 national financier. - Exactement.
00:48:33 Et tout faire aussi, tout à l'heure,
00:48:35 je crois que c'est Éric Revelle qui parlait de corruption,
00:48:37 tout faire aussi
00:48:39 pour qu'il n'y ait pas d'étanchéité
00:48:41 entre les services, parce que
00:48:43 ils sont très forts. Avec l'argent,
00:48:45 ils achètent tout. Ils achètent le
00:48:47 renseignement, ils achètent tout.
00:48:49 - Ils arrivent à corrompre des fonctionnaires ?
00:48:51 - Évidemment. Le douanier,
00:48:53 l'agent portuaire,
00:48:55 l'agent d'estupe,
00:48:57 et même si l'immense majorité n'est pas corrompue,
00:48:59 il suffit qu'il y en ait une qui soit corrompue.
00:49:01 Il met tout par terre, je veux dire,
00:49:03 tout le travail des collègues. C'est catastrophique.
00:49:05 Un gardien de prison,
00:49:07 là aussi, il travaille extrêmement
00:49:09 difficile. Mais la peur,
00:49:11 l'argent, je veux dire, toutes ces
00:49:13 considérations, j'ai le sentiment qu'on ne les a pas prises en compte.
00:49:15 Il faut qu'on réponde à ce
00:49:17 rapport, par des actes, par des moyens,
00:49:19 par une organisation différente
00:49:21 à la hauteur de celle des trafics.
00:49:23 - Puisqu'on parle beaucoup de la corruption et du rapport sénatorial,
00:49:25 je voudrais vous dire la phrase qui est dans le rapport sénatorial,
00:49:27 donc signée des sénateurs qui ont rédigé ce rapport.
00:49:29 Les sénateurs alertent sur le
00:49:31 risque très élevé,
00:49:33 de corruption d'agents publics,
00:49:35 privés, d'intermédiaires, indispensables
00:49:37 à la conduite du trafic. Et la phrase
00:49:39 suivante, c'est "la France se situe à un point de bascule".
00:49:41 - On va juste écouter Étienne Blanc, qui fait partie
00:49:43 d'un sénateur,
00:49:45 qui a participé à l'écriture
00:49:47 de ce rapport. Écoutez-le, je passe la parole ensuite.
00:49:49 - Le narcotrafic,
00:49:51 c'est comme une entreprise. Vous avez un client,
00:49:53 c'est le consommateur.
00:49:55 Plus il y a de clients, plus il y a de drogues.
00:49:57 Et plus il y a de drogues, plus il y a de violences.
00:49:59 Les ministres l'ont dit,
00:50:01 je crois qu'il faut le rappeler.
00:50:03 Il y a le propriétaire de l'entreprise.
00:50:05 Donc le propriétaire de l'entreprise, il cherche à
00:50:07 alimenter ce réseau de consommateurs.
00:50:09 Et là, l'entreprise est d'une complexité.
00:50:11 Elle est
00:50:13 vraiment dans un système libéral.
00:50:15 Il y a des prestataires, il y a des prestations
00:50:17 qui parfois sont externalisées,
00:50:19 il y en a qui sont gérées en direct.
00:50:21 Mais la drogue, il faut la produire, il faut la transformer,
00:50:23 il faut la transporter.
00:50:25 Il faut la cheminer au plus près du
00:50:27 consommateur. Après, il faut blanchir
00:50:29 l'argent, blanchir le produit.
00:50:31 Donc c'est une entreprise extrêmement complexe.
00:50:33 Et c'est ce que nous disons dans notre rapport.
00:50:35 On n'arrivera pas à lutter contre ce phénomène
00:50:37 si on ne le prend pas
00:50:39 de la base jusqu'au sommet.
00:50:41 Tellement vrai. Je vous prends le jeune.
00:50:43 Moi, je le trouve très bien ce rapport.
00:50:45 Il a le mérite, comme tout d'ailleurs,
00:50:47 comme tous les rapports du Sénat.
00:50:49 Mais à quoi va-t-il servir ? C'est la question.
00:50:51 Ce n'est pas tellement ça. En fait, moi, il y a
00:50:53 deux choses qui m'ont choqué. Bien sûr.
00:50:55 La première chose, c'est que quand vous vous intéressez
00:50:57 au sujet, ou vous discutez avec des gens, des enquêteurs,
00:50:59 des stups, vous ne découvrez rien du tout dans le rapport.
00:51:01 C'est-à-dire qu'en fait, il faut aujourd'hui que les sénateurs
00:51:03 auditionnent des magistrats professionnels
00:51:05 pour leur poser des questions que nous,
00:51:07 on peut se poser ensuite pour les consigner
00:51:09 dans un rapport pour que tout à coup,
00:51:11 le grand public puisse s'intéresser à la question.
00:51:13 La vérité, c'est que les pouvoirs publics, notamment au gouvernement,
00:51:15 devraient savoir ça depuis très longtemps.
00:51:17 Et on ne devrait pas avoir besoin des sénateurs pour l'apprendre.
00:51:19 Ça, c'est la première chose. Et la deuxième chose qui me choque,
00:51:21 c'est que pour moi, la vraie info de ce rapport,
00:51:23 ce n'est pas tellement qu'on soit à un point de bascule
00:51:25 de narco-État, etc. Honnêtement, on l'a déjà dit 20 fois,
00:51:27 on l'a écrit 20 fois, on le sait.
00:51:29 - Je n'ai jamais entendu les magistrats le dire aussi clairement
00:51:31 que depuis 6 mois.
00:51:33 - Les images, bien sûr, étaient très impressionnantes.
00:51:35 Et heureusement qu'ils le faisaient. Ils ont été très courageux
00:51:37 de le faire, de répondre à cette convocation.
00:51:39 Ce que je veux juste dire, c'est que quand vous lisez les bouquins
00:51:41 sur... Vous avez reçu notre ami de Paris Match,
00:51:43 par exemple, qui avait fait un documentaire,
00:51:45 souvenez-vous, "Merci Frédéric Ploquin",
00:51:47 sur le narcotrafic, il disait exactement ça.
00:51:49 Il disait ce que disent les magistrats marseillais.
00:51:51 Donc, dans la presse, dans les livres, etc.,
00:51:53 il n'y avait pas besoin de l'apprendre. Moi, ce qui me choque,
00:51:55 c'est que quelqu'un qui est au courant de tout ça,
00:51:57 en l'occurrence, M. Dupont-Moretti, le ministre de la Justice,
00:51:59 est allé, après les auditions de magistrats marseillais,
00:52:01 les engueuler à Marseille.
00:52:03 - Des fêtistes.
00:52:05 - En leur disant qu'ils alimentaient l'extrême droite.
00:52:07 - En leur interdisant de poser ce diagnostic.
00:52:09 Donc, si vous voulez, on ne peut pas avoir d'un côté des gens
00:52:11 qui veulent cacher cette réalité,
00:52:13 et de l'autre qui ont la main sur le cœur quand on pleure
00:52:15 la mort de nos agents pénitentiaires.
00:52:17 - Je crois qu'on voit dans les images de fond
00:52:19 le quartier Lac-Castellane, que je sens immensable,
00:52:21 que je reconnais. Donc, depuis quelques mois,
00:52:23 - Marseille, donc.
00:52:25 - Ce n'est plus un jour, ce n'est plus une semaine,
00:52:27 on a mis en place une sécurisation du quartier.
00:52:29 Il n'y a plus un dealer.
00:52:31 - Qui a mis en place la sécurisation ? Les policiers ?
00:52:33 - La police nationale.
00:52:35 - Les policiers, d'accord, mais il faut le procéder.
00:52:37 - On a les compagnies républicaines de sécurité,
00:52:39 mais qui ne sont pas là en masse. Il y a 3, 4 équipes
00:52:41 qui tournent, qui sont là et qui occupent le terrain.
00:52:43 Comme quoi, la nature a horreur du vide.
00:52:45 Je le dis depuis des années,
00:52:47 autour de ce plateau,
00:52:49 et je continuerai de le dire,
00:52:51 et le patron du syndicat des commissaires
00:52:53 qui a remplacé notre ami David Lebarce
00:52:55 le dit dans une interview récemment,
00:52:57 il dit "la présence sur le terrain,
00:52:59 la reconquête du terrain avec du monde".
00:53:01 Oui, ça va coûter de l'argent les effectifs,
00:53:03 mais je veux savoir où vont mes impôts.
00:53:05 Si c'est pour protéger les populations et notre pays,
00:53:07 je n'ai aucun problème.
00:53:09 - Merci beaucoup. On fait une petite pause.
00:53:11 On se retrouve dans un instant dans Punchline,
00:53:13 sur CNews et sur Europe 1. On reviendra sur cette track
00:53:15 pour retrouver le fugitif et sur la situation
00:53:17 en Nouvelle-Calédonie. A tout de suite.
00:53:19 - Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:53:21 Bienvenue dans Punchline,
00:53:23 ce soir sur CNews et sur Europe 1.
00:53:25 La notice d'Interpol pour retrouver
00:53:27 le fugitif Mohamed Amra est rouge.
00:53:29 Rouge comme la colère qui nous a envahis
00:53:31 après le massacre de deux agents pénitentiaires
00:53:33 hier dans l'heure et les tirs malarmes de guerre
00:53:35 qui ont blessé trois de leurs collègues.
00:53:37 Rouge comme le sang qui a été versé
00:53:39 pour faire évader un prisonnier multirécidiviste
00:53:41 qui a commencé son itinéraire de délinquance
00:53:43 dès l'âge de 11 ans et qui est devenu
00:53:45 un narcotrafiquant aux mains sales
00:53:47 mais au portefeuille bien rempli
00:53:49 au moins autant que son casier judiciaire
00:53:51 pour se payer une telle évasion.
00:53:53 Rouge aussi comme l'idéologie
00:53:55 de ceux qui ont longtemps jugé avec mensuétude
00:53:57 expliquer, excuser
00:53:59 ces parcours de déviance en utilisant
00:54:01 l'argument de la victimisation,
00:54:03 de la mauvaise intégration
00:54:05 de ces jeunes à une société française
00:54:07 qui devrait se sentir coupable
00:54:09 de ne pas avoir tout offert sur un plateau.
00:54:11 Alors aujourd'hui, nous sommes passés du rouge au noir
00:54:13 et nous pleurons ces agents pénitentiaires.
00:54:15 On va en débattre ce soir dans Punchline.
00:54:17 (Générique)
00:54:31 - 18h, bienvenue sur CNews et sur Europe.
00:54:33 D'abord le rappel des titres de l'actualité.
00:54:35 Un homme a été tué par balle cet après-midi
00:54:37 dans le 20e arrondissement de Paris.
00:54:39 Un individu a tiré en direction d'un bar
00:54:41 vers 15h30 avant de prendre la fuite à scooter.
00:54:43 Un périmètre de sécurité a été mis en place
00:54:45 dans cette rue où se trouvent plusieurs
00:54:47 bars et restaurants tout près du parc de Belleville.
00:54:49 Le gendarme grèvement blessé
00:54:51 lors des émeutes en Nouvelle-Calédonie
00:54:53 est décédé. Des suites de ces blessures,
00:54:55 il s'agit d'un gendarme mobile de 22 ans.
00:54:57 Trois autres personnes ont trouvé la mort
00:54:59 lors de ces affrontements. Emmanuel Macron
00:55:01 a demandé l'instauration de l'état d'urgence
00:55:03 après une nuit d'émeute particulièrement
00:55:05 violente. L'archipel est touché
00:55:07 par la fronte des indépendantistes contre la réforme
00:55:09 électorale votée par le Parlement aujourd'hui.
00:55:11 Le Premier ministre
00:55:13 Slovaque Robert Fico
00:55:15 a été tué par balle,
00:55:17 en tout cas a été blessé par balle et
00:55:19 hospitalisé. Les faits se sont produits
00:55:21 juste après une réunion de cabinet.
00:55:23 Selon la presse locale, son pronostic
00:55:25 vital est toujours engagé ce soir.
00:55:27 Le tireur présumé a été arrêté par la police.
00:55:29 On va en parler dans un instant avec Vincent Herouët.
00:55:31 Et puis 222ème jour
00:55:33 de détention pour les otages détenus par l'organisation
00:55:35 terroriste du Hamas dans la bande de Gaza.
00:55:37 Trois de ces otages sont français.
00:55:39 Ils se nomment au fer Orion Horad.
00:55:41 Nous demandons évidemment une fois de plus
00:55:43 leur libération immédiate et sans condition.
00:55:45 Voilà pour les titres de l'actualité.
00:55:47 Il est 18h01 et quelques secondes.
00:55:49 Nous sommes en plateau avec Geoffroy Lejeune.
00:55:51 Bonsoir Geoffroy. Avec Vincent Herouët.
00:55:53 Merci de nous avoir rejoints. Driss Ghali.
00:55:55 Essayiste. Merci d'être avec nous.
00:55:57 Sandra Bisson du service de police-justice de CNews.
00:55:59 Bonsoir. Jean-Grissof Kouvi,
00:56:01 secrétaire national du syndicat de police-unité
00:56:03 et Eric Reuvel. On va commencer
00:56:05 si vous le voulez bien évidemment par la traque
00:56:07 qui se poursuit pour tenter de retrouver
00:56:09 Mohamed A et ses complices.
00:56:11 On va rejoindre nos envoyés spéciaux. Thibault Marchotto
00:56:13 et Fabrice Elsner. Bonsoir à tous les deux.
00:56:15 Vous êtes tout près du péage d'un Carville
00:56:17 dans l'heure où s'est déroulé le drame hier. C'est cela ?
00:56:19 Absolument Laurence.
00:56:23 Les recherches continuent avec un dispositif
00:56:25 sans précédent disait ce matin le ministre
00:56:27 de l'Intérieur Gérald Darmadin avec
00:56:29 plus de 450 policiers
00:56:31 et gendarmes mobilisés. Également le renfort
00:56:33 du GIGN appuyé d'un
00:56:35 hélicoptère. Une coopération
00:56:37 également internationale parce qu'on peut penser
00:56:39 que les fugitifs ont décidé de quitter le
00:56:41 territoire. Vous l'avez dit une notice rouge
00:56:43 interpole avec
00:56:45 dans tous les pays aux
00:56:47 alentours de la France. On se trouve avec
00:56:49 Fabrice Elsner devant la mairie
00:56:51 d'un Carville parce que
00:56:53 le maire a décidé demain d'organiser
00:56:55 un rassemblement silencieux devant la
00:56:57 mairie pour rendre hommage à ces
00:56:59 deux personnes qui sont décédées. Il y a certains
00:57:01 habitants d'un Carville qui ont entendu
00:57:03 hier la fusillade parce qu'elle s'est déroulée
00:57:05 à quelques dizaines de mètres
00:57:07 de leur habitation. Le maire
00:57:09 a décidé de mettre le drapeau en berne.
00:57:11 Ce rassemblement se veut apolitique
00:57:13 pour justement apporter
00:57:15 le soutien aux familles des deux personnes qui sont
00:57:17 décédées hier ici à un Carville.
00:57:19 Si beaucoup de Tibault marchent autour Fabrice Elsner
00:57:21 à un Carville dans l'heure. Sandra Nuisson
00:57:23 la traque n'a rien donné pour l'instant.
00:57:25 On sait que des hommes sont toujours déployés.
00:57:27 Le GIGN est toujours mobilisé
00:57:29 à l'heure où on se parle Sandra ? Alors il sera mobilisé
00:57:31 si effectivement il faut mener
00:57:33 cette interpellation qui promet d'être compliquée
00:57:35 puisque ces individus, on l'a vu, sont
00:57:37 prêts à tout. Donc cette
00:57:39 traque, effectivement, elle se poursuit
00:57:41 maintenant en judiciaire. C'est-à-dire que
00:57:43 hier il y avait ce plan épervier,
00:57:45 quadrillage total du terrain pendant plusieurs heures
00:57:47 mais comme ça n'a rien donné désormais
00:57:49 ce sont les éléments d'enquête, les renseignements,
00:57:51 les écoutes, les auditions
00:57:53 qui vont permettre d'orienter les recherches
00:57:55 des policiers et des gendarmes qui
00:57:57 restent mobilisés pour
00:57:59 récupérer ces fuyards.
00:58:01 Donc au minimum ils sont 5, puisqu'au minimum
00:58:03 ils étaient 4 pour faire évader cet individu.
00:58:05 Soit ils se terrent dans
00:58:07 la zone périmétrique en
00:58:09 attendant que la pression
00:58:11 des forces de l'ordi eut nu, soit ils sont partis
00:58:13 beaucoup plus loin. Qui est vraiment
00:58:15 Mohamed Hamra, Jean-Christophe Couillard ?
00:58:17 On va se pencher sur le pédigré de cet homme.
00:58:19 On a cette photo, on a cette notice rouge
00:58:21 d'Interpol. Ça veut dire quoi la notice rouge d'Interpol ?
00:58:23 La notice rouge, en fait, c'est une notice envoyée
00:58:25 à toutes les polices du monde qui participent
00:58:27 au programme Interpol, d'effectivement
00:58:29 d'interpeller et de remettre
00:58:31 à disposition de la justice française.
00:58:33 Ou qu'il se trouve dans le monde. Oui, bah oui,
00:58:35 en fonction, bien sûr. S'ils ont réussi à passer
00:58:37 à l'étranger. On fait d'abord le point sur ce
00:58:39 profil de ce multi-récidiviste,
00:58:41 je vous le disais, avec plusieurs condamnations
00:58:43 à son actif, et un parcours de délinquance
00:58:45 qui a commencé dès l'âge de 15 ans.
00:58:47 Maxime Leguerre.
00:58:49 Mohamed A, âgé de 30 ans,
00:58:51 et un visage connu des services
00:58:53 de police depuis son adolescence.
00:58:55 Des antécédents judiciaires inquiétants
00:58:57 et détaillés par la procureure
00:58:59 de la République de Paris.
00:59:01 Son casier judiciaire porte mention
00:59:03 de 13 condamnations.
00:59:05 Elle porte sur des atteintes
00:59:07 aux biens, notamment des vols
00:59:09 avec effraction aggravée.
00:59:11 Son casier judiciaire ne porte
00:59:13 à ce jour mention d'aucune condamnation
00:59:15 pour infraction à la législation sur
00:59:17 les stupéfiants. Il était
00:59:19 emprisonné à la maison d'arrêt d'Evreux depuis
00:59:21 le 11 avril. La procureure précise
00:59:23 que son nom est aussi cité
00:59:25 dans deux autres affaires, le faisant
00:59:27 passer de la délinquance au crime organisé.
00:59:29 - Des mises en examen pour tentative
00:59:31 d'extorsion avec arme, tentative
00:59:33 d'assassinat et détention d'armes de catégorie
00:59:35 B, pour complicité de meurtre
00:59:37 avec préméditation en bande organisée,
00:59:39 complicité d'enlèvement et séquestration
00:59:41 d'otages pour obtenir l'exécution
00:59:43 d'une condition.
00:59:45 - Sa mère s'est exprimée hier. Elle évoque
00:59:47 un homme peu bavard.
00:59:49 - Je ne sais pas ce qu'il a. Moi, il ne me parle pas.
00:59:51 Moi, il ne me parle pas. C'est mon fils.
00:59:53 Il ne me parle de rien.
00:59:55 Moi, il ne m'a rien montré. Je ne comprends pas.
00:59:57 - Une enquête à l'encontre du commando
00:59:59 et Mohamed A a été ouverte pour meurtre,
01:00:01 tentative de meurtre et évasion
01:00:03 en bande organisée. Il risque
01:00:05 la réclusion criminelle à perpétuité.
01:00:07 - Driss Ghali,
01:00:09 vous êtes avec nous. Vous êtes essayiste, auteur de
01:00:11 "La diversité au séparatisme". Qu'est-ce que cela
01:00:13 évoque pour vous, ce parcours de délinquance
01:00:15 que rien n'a permis d'endiguer, puisqu'il a commencé
01:00:17 très, très tôt et que la justice française n'a pas pu
01:00:19 y mettre un terme ?
01:00:21 - Il évoque la tragédie humaine. Même dans les
01:00:23 meilleures familles, il peut y avoir des voyous.
01:00:25 En col blanc ou des terroristes,
01:00:27 rappelez-vous de Carlos. La violence
01:00:29 n'est pas née aujourd'hui.
01:00:31 Elle n'est pas née
01:00:33 d'aujourd'hui. Mais ce qui
01:00:35 est frappant de nos jours, c'est que
01:00:37 notre système, c'est notre État,
01:00:39 pour dire les choses clairement, les juges, mais aussi le système
01:00:41 médiatique, l'audiovisuel
01:00:43 public, l'université publique.
01:00:45 J'ai l'impression qu'ils donnent toujours un
01:00:47 avantage, comme au tennis, au plus
01:00:49 violent, comme un privilège
01:00:51 pour récidiver.
01:00:53 - Au détriment de la victime.
01:00:55 - Et au fait, pour
01:00:57 à leurs yeux, le criminel, l'ultra
01:00:59 violent, est une
01:01:01 victime de la société. Il faudrait le comprendre,
01:01:03 essayer de le réinsérer.
01:01:05 Dernier point, je suis évidemment pour la réinsertion,
01:01:07 mais une fois qu'il y a le repentir,
01:01:09 nous n'arrivons plus à condamner moralement
01:01:11 la violence. Or, ce qu'on ne condamne pas
01:01:13 moralement, on ne peut pas le punir pénalement.
01:01:15 - On est d'accord. Cette idéologie rouge
01:01:17 que j'évoquais il y a quelques instants,
01:01:19 le fait qu'on a
01:01:21 beaucoup travaillé avec la culture de l'excuse
01:01:23 depuis 30 ans dans notre pays.
01:01:25 - Oui, mais ce qui me paraît très singulier
01:01:27 dans cette affaire, c'est que ça fait
01:01:29 très longtemps, 20-30 ans,
01:01:31 que les
01:01:33 spécialistes de la question des narcotrafics
01:01:35 sonnent le toxin
01:01:37 dans un désert total en disant que
01:01:39 il n'y a aucune raison pour que l'Europe,
01:01:41 les vieux pays, échappent
01:01:43 à la montée d'une violence tout à fait nouvelle
01:01:45 et à la montée aussi de la corruption,
01:01:47 la généralisation de la corruption.
01:01:49 Et on sait que,
01:01:51 si on regarde les faits objectifs,
01:01:53 vous avez de plus en plus,
01:01:55 finalement, de meurtres qui sont commis en France,
01:01:57 d'assassinats, de fusillades
01:01:59 entre trafiquants,
01:02:01 on sait que les tentacules
01:02:03 de la pieuvre s'étendent de plus en plus.
01:02:05 Et en face
01:02:07 de ça, vous n'avez absolument pas
01:02:09 une prise de conscience politique
01:02:11 réelle. On nous parle de guerres
01:02:13 contre toutes sortes de choses,
01:02:15 pas simplement en Ukraine,
01:02:17 mais on ne parle jamais de guerres
01:02:19 au narcotrafic. Or, il faudrait
01:02:21 sans doute, face à cette
01:02:23 menace bien réelle,
01:02:25 un outillage, un arsenal
01:02:27 digne de la guerre au terrorisme, par exemple,
01:02:29 avec une juridiction spécialisée,
01:02:31 avec des moyens de renseignement...
01:02:33 - Proposés par les sénateurs, retoqués par le gouvernement.
01:02:35 - Avec une politique étrangère... - La juridiction spécialisée.
01:02:37 - Exactement, mais le rapport parlementaire est intéressant.
01:02:39 Mais avec une politique étrangère,
01:02:41 par exemple, qui soit
01:02:43 courageuse face aux pays
01:02:45 qui sont d'une extrême
01:02:47 tolérance avec
01:02:49 le blanchiment de la drogue. Vous allez à Dubaï,
01:02:51 vous allez faire un tour à Dubaï,
01:02:53 qu'est-ce que vous voyez à Dubaï ? Vous voyez des tas
01:02:55 de gamins
01:02:57 qui flambent
01:02:59 le pognon,
01:03:01 les 10 000 euros
01:03:03 qu'ils ont amenés de France. Et vous avez,
01:03:05 à côté, dans les mires à voisins,
01:03:07 là, on blanchit, là, c'est plus les détaillants,
01:03:09 les francistes. Et face à ça,
01:03:11 nous, on se bouche les yeux,
01:03:13 on a des débats irréels
01:03:15 sur la légalisation de chichons,
01:03:17 mais c'est totalement à côté de la plaque.
01:03:19 Le fentanyl, ça arrive,
01:03:21 l'héroïne, ça se développe. - Drogue de santé.
01:03:23 - L'héroïne, non, ça ne se développe pas. L'héroïne, au contraire,
01:03:25 avec les talibans, il y en aura moins. - Oui.
01:03:27 - Mais par contre, la cocaïne, le coût du gramme
01:03:29 de cocaïne est stable en France. - Absolument.
01:03:31 Éric Rebel. - Oui, oui, c'est juste
01:03:33 et pourtant, on a des outils internationaux.
01:03:35 Alors, on pourrait avoir une politique interne
01:03:37 en France qui essaierait
01:03:39 de lutter contre le narcotrafic comme on lutte
01:03:41 contre le terrorisme. Vincent Leroy, tu as raison, mais
01:03:43 je rappelle quand même qu'il y a un organisme
01:03:45 au niveau international, il s'appelle le GAFI,
01:03:47 qui est censé lutter
01:03:49 contre le blanchiment d'argent
01:03:51 dans des paradis fiscaux, sur des listes grises,
01:03:53 blanches et noires. Donc, en fait,
01:03:55 vous avez les moyens de bloquer
01:03:57 les gros bonnets qui déposent...
01:03:59 Ils ne flambent pas tout
01:04:01 en liquide, Vincent, il y en a aussi qui déposent...
01:04:03 Eh bien, ça, ça ne se fait pas. C'est-à-dire que vous avez
01:04:05 entendu récemment parler du GAFI, non, personne
01:04:07 ne parle plus du GAFI. Et pourtant, ces paradis
01:04:09 fiscaux sont connus. Il y a des listes
01:04:11 noires de paradis fiscaux dont on sait
01:04:13 qu'une partie de leur prospérité financière
01:04:15 est due au blanchiment de l'argent,
01:04:17 notamment de la drogue. - Vous avez raison. J'aimerais qu'on revienne
01:04:19 maintenant quand même à ce qui s'est passé avec ces agents
01:04:21 de la pénitentiaire, deux morts, trois blessés.
01:04:23 Sandra Buisson, des nouvelles du troisième
01:04:25 blessé dont le pronostic vital était
01:04:27 engagé. - Oui, effectivement, c'était
01:04:29 lui qui était le plus grievement blessé et
01:04:31 selon un représentant d'un syndicat
01:04:33 de la pénitentiaire qui s'exprimait à la sortie
01:04:35 du rendez-vous avec le ministre de
01:04:37 la Justice, il a commencé donc sa prise
01:04:39 de parole en expliquant qu'il était sorti du
01:04:41 coma et qu'il y avait des inquiétudes
01:04:43 sur son usage de sa jambe
01:04:45 et qu'à priori, les nouvelles étaient bonnes et qu'il
01:04:47 pourrait vraisemblablement garder l'usage de cette jambe.
01:04:49 - Voilà, une pensée, je le disais,
01:04:51 pour les familles des deux victimes.
01:04:53 On va écouter le témoignage d'un
01:04:55 ami d'un des deux agents qui est décédé.
01:04:57 Il était, il y a quelques instants
01:04:59 dans l'émission de Pascal Praud sur Europe 1,
01:05:01 Pascal Praud et vous. C'était son
01:05:03 ami, vraiment, c'était le témoin de son
01:05:05 mariage, écoutez-le.
01:05:07 - L'un de mes meilleurs amis, c'était mon
01:05:09 futur témoin
01:05:11 pour mon mariage le mois prochain, c'était
01:05:13 un frère,
01:05:15 un frère motard, un frère
01:05:17 supporter de Lance,
01:05:19 qui aimait toujours
01:05:21 mettre la bonne humeur,
01:05:25 toujours souriant.
01:05:29 Un vrai tonton pour
01:05:31 mes filles.
01:05:33 C'est un choc, c'est...
01:05:35 Surtout en sachant qu'il allait être papa
01:05:37 dans quelques mois.
01:05:39 Ça fait une dizaine d'années qu'on se connaît.
01:05:41 C'est inexplicable,
01:05:43 c'est vrai que quand on entend
01:05:45 la radio ou la télévision
01:05:47 qu'on voit des drames pareils,
01:05:49 ça nous touche, mais là, c'est...
01:05:51 Surtout qu'il n'y avait
01:05:53 pas de raison
01:05:55 qu'il laisse sa vie.
01:05:57 Le connaissant, il aurait lâché son arme
01:05:59 et puis...
01:06:01 Je n'arrive pas à comprendre cette barbarie
01:06:03 dans notre pays
01:06:05 et que notre gouvernement aussi
01:06:09 ferme les yeux.
01:06:11 J'ai appris dans l'ambulance, à la radio
01:06:13 et en fait, j'ai tout dit
01:06:15 à son épouse et on était en attente
01:06:17 pendant plus d'une heure, une heure et demie
01:06:19 et ça a été très long et
01:06:21 dans le fond, je sentais déjà que
01:06:23 il en faisait partie.
01:06:25 Je ne sais pas, c'était ancré au fond de moi.
01:06:27 C'est... C'est dur, quoi.
01:06:29 C'est fou.
01:06:31 Ils m'ont envoyé encore un message
01:06:33 il y a deux, trois jours pour me dire
01:06:35 qu'il était enfin un homme heureux
01:06:37 et je pense que c'était un petit signe
01:06:39 pour me dire qu'il avait de papa
01:06:41 et je...
01:06:43 Ils devaient nous l'annoncer ce week-end.
01:06:45 Profitez de vos proches.
01:06:47 Il ne faut plus
01:06:49 se prendre la tête pour rien et puis
01:06:51 profitez de la vie parce qu'elle est courte.
01:06:53 Profitez de ce qu'on aime
01:06:55 avant qu'ils partent.
01:06:57 Voilà pour ce témoignage d'un ami des agents pénitentiaires
01:06:59 des CT. Geoffroy Lejeune, nous on a nos larmes.
01:07:01 Eux, ils ont les armes de guerre.
01:07:03 Il est insupportable ce témoignage
01:07:05 en réalité à écouter. Il ressemble
01:07:07 d'ailleurs à tous les témoignages de tous les proches
01:07:09 de toutes les affaires
01:07:11 de banditisme ou d'insécurité.
01:07:13 C'est les mêmes mots qui reviennent, c'est la même émotion.
01:07:15 C'est atroce.
01:07:17 Atroce d'écouter ça et en fait
01:07:19 je ne suis pas un responsable politique
01:07:21 si je l'étais, je me poserais la question de ce que je peux faire pour éviter ça.
01:07:23 Et je pense que
01:07:25 c'est bien d'avoir des
01:07:27 responsables politiques qui sont émus, c'est à dire qu'ils ont un cœur
01:07:29 mais en fait on attend presque plus à deux.
01:07:31 C'est mieux qu'ils agissent.
01:07:33 Et en l'occurrence, j'entends la petite musique
01:07:35 consistant à criminaliser
01:07:37 moralement
01:07:39 les consommateurs de drogue et je suis d'accord
01:07:41 avec ça, je n'ai aucun problème parce que pendant très longtemps
01:07:43 il y a eu une forme de banalisation, voire même de glorification
01:07:45 dans la culture populaire. Mais je suis
01:07:47 désolé, le vrai sujet c'est celle de la justice
01:07:49 et de l'exception qui va être rendue pour ces gens-là.
01:07:51 Si c'est vraiment le cancer de nos sociétés,
01:07:53 en effet, l'état de droit
01:07:55 particulier qu'on a appliqué pour le terrorisme,
01:07:57 on peut décider de l'appliquer pour le trafic de drogue.
01:07:59 Je ne suis pas d'accord pour que les droits de la défense
01:08:01 soient les mêmes pour toutes les délinquances et en l'occurrence
01:08:03 le trafic de drogue c'est différent.
01:08:05 L'intersyndicale des agents pénitentiaires a renouvelé
01:08:07 sa grève demain jusqu'à ce qu'un
01:08:09 accord aérien soit trouvé avec le ministre de la justice.
01:08:11 Driss Ghali, on n'aura pas laissé une seule chance
01:08:13 à ces agents pénitentiaires.
01:08:15 Ils n'avaient aucune chance de s'en sortir.
01:08:17 C'est terrible, ça rappelle l'Algérie des années 90,
01:08:19 ça rappelle la Colombie de l'époque
01:08:21 de Pablo Escobar.
01:08:23 Comme partout,
01:08:25 les gouvernements, c'est-à-dire les élites qu'il y a derrière,
01:08:27 médiatiques, universitaires, politiques, de droite,
01:08:29 de gauche, ne veulent pas les mauvaises nouvelles
01:08:31 parce que tout le monde veut le business as usual
01:08:33 et continuer à ronronner.
01:08:35 Là, on ne peut plus ronronner,
01:08:37 nous sommes rattrapés par le réel.
01:08:39 Ça commence toujours par les prolétaires, ce sont des prolétaires
01:08:41 qui sont morts ces agents pénitentiaires.
01:08:43 On va faire une petite pause.
01:08:45 On reparlera de la situation dans les prisons tout à l'heure,
01:08:47 vers 18h30, avec Pierre Botton,
01:08:49 qui a été incarcéré et qui ce matin
01:08:51 a poussé un coup de gueule en disant
01:08:53 "voilà ce qui se passe dans les prisons".
01:08:55 Explique aussi peut-être cette violence,
01:08:57 cette sauvagerie que l'on voit ensuite
01:08:59 à l'extérieur. Une petite pause,
01:09:01 on parlera aussi de l'état d'urgence qui a été décrété
01:09:03 en Nouvelle-Calédonie. A tout de suite,
01:09:05 dans Punchline, sur CNews et Europe 1.
01:09:07 18h19, on se retrouve en direct
01:09:11 dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
01:09:13 On a été rejoint par Philippe Dunoyer, député Renaissance de Nouvelle-Calédonie.
01:09:15 Bonsoir à vous. - Bonsoir.
01:09:17 - Merci d'être là. On va évoquer les violences
01:09:19 qui se déroulent sur votre archipel,
01:09:21 avec cette terrible nouvelle, un quatrième mort,
01:09:23 un gendarme qui a décédé des suites de ses blessures.
01:09:25 Le Premier ministre, Gabriel Attal,
01:09:27 a évoqué l'état d'urgence qui a été décrété.
01:09:29 On va l'écouter à l'Assemblée nationale.
01:09:31 Gabriel Attal.
01:09:33 - La violence n'est jamais ni tolérable
01:09:35 ni justifiable.
01:09:37 En aucune circonstance.
01:09:39 Et c'est la raison pour laquelle
01:09:41 le ministre de l'Intérieur
01:09:43 a annoncé l'envoi de renforts
01:09:45 sur place pour garantir
01:09:47 la sécurité. Et je veux rendre hommage
01:09:49 à l'ensemble des forces de sécurité,
01:09:51 les policiers, les gendarmes
01:09:53 qui sont engagés actuellement
01:09:55 pour assurer l'ordre.
01:09:59 Je le dis
01:10:01 et je le redis,
01:10:03 la priorité, c'est de retrouver
01:10:05 l'ordre, le calme et la sérénité.
01:10:07 Nous avons toujours été
01:10:09 dans le dialogue
01:10:11 avec l'ensemble des parties prenantes.
01:10:13 Et nous resterons toujours dans le dialogue.
01:10:15 Parce que je crois profondément
01:10:17 au dialogue. Parce que le processus
01:10:19 qui a été engagé,
01:10:21 le texte qui a été examiné
01:10:23 et adopté par cette Assemblée hier
01:10:25 est précisément issu d'un dialogue.
01:10:27 - Philippe Desnoyers, député à Renaissance de Nouvelle-Caledonie.
01:10:29 On a le sentiment que la situation
01:10:31 échappe à tout contrôle sur place.
01:10:33 Est-ce que vous me le confirmez ?
01:10:35 Les gens sont terrés chez eux,
01:10:37 les policiers, les gendarmes n'arrivent pas à protéger tout le monde.
01:10:39 - Oui, c'est un enfer.
01:10:41 40 ans en arrière, c'est le début
01:10:43 des événements, la période des événements 1984-88.
01:10:45 Toutes choses égales par ailleurs.
01:10:47 Mais c'est vraiment, pour moi,
01:10:49 le retour en arrière à la pire période
01:10:51 de notre histoire. Parce que, en 3 jours
01:10:53 maintenant, mais dès la première journée,
01:10:55 c'était plusieurs dizaines de magasins
01:10:57 d'industrie qui étaient incendiés, des infrastructures,
01:10:59 plusieurs centaines de salariés.
01:11:01 Aujourd'hui, ils sont 2000 à avoir perdu leur emploi.
01:11:03 Les personnes qui, d'abord, sont passées
01:11:05 par un stade de sidération, sont passées
01:11:07 aujourd'hui à un stade de défense.
01:11:09 - C'est-à-dire que les gens s'arment ?
01:11:11 - Les gens sont armés, il y a 100 000 armes en circulation
01:11:13 dans la Galédonie.
01:11:15 Évidemment, quand on a peur pour soi, pour sa famille,
01:11:17 sa maison, son entreprise, et c'est le cas,
01:11:19 il y a des civils qui descendent
01:11:21 pour essayer de faire, eux-mêmes,
01:11:23 la police qu'ils considèrent ne pas être
01:11:25 présente partout. Et je veux rendre hommage
01:11:27 véritablement, parce que, pour eux,
01:11:29 je n'imagine pas dans quel état de fatigue
01:11:31 ils se trouvent à l'ensemble des forces de l'ordre.
01:11:33 Et malheureusement, parce que, voilà,
01:11:35 on ne peut que le déplorer, rendre hommage, évidemment,
01:11:37 à la famille, m'incliner devant
01:11:39 la disparition de ce gendarme.
01:11:41 - Bien sûr. - Alors, mes condoléances
01:11:43 à la famille, sans oublier, d'ailleurs,
01:11:45 les deux autres victimes, parce qu'il y en a même une troisième,
01:11:47 un bébé in utero qui est décédé, on en parle peu,
01:11:49 mais parce que sa maman n'a pas pu accéder
01:11:51 à l'hôpital. Aujourd'hui,
01:11:53 la priorité des priorités,
01:11:55 c'est pour ça que l'état d'urgence a été
01:11:57 décidé, c'est véritablement de rétablir
01:11:59 l'ordre. - Oui. Mais ça sera
01:12:01 temporaire, l'état d'urgence ? Ça ne va pas régler
01:12:03 les problèmes, monsieur le député ? - Non, non, non.
01:12:05 Le problème politique, le sujet
01:12:07 du corps électoral, c'est un sujet qui existe
01:12:09 depuis très longtemps. Il a préexisté
01:12:11 et il peut être résolu. Parce que, contrairement
01:12:13 aux apparences, même s'il a été
01:12:15 annoncé comme étant l'explication
01:12:17 de ce qui se passe, il échappe, maintenant,
01:12:19 dorénavant, à toute revendication. - Donc, vous me confirmez
01:12:21 que ce ne sont pas des indépendantistes qui sont dans la rue à tout brûler ?
01:12:23 Ce sont des voyous, des délinquants. - Si ce sont des
01:12:25 indépendantistes, il faut leur expliquer que la moitié
01:12:27 des gens qui ont perdu leur emploi, leur
01:12:29 maison et leur entreprise sont autant
01:12:31 indépendantistes, puisqu'on a un rapport de force à peu près égal.
01:12:33 - D'accord. - Qui peut plus pour une indépendance...
01:12:35 - Donc, tout ça est un prétexte, en réalité, pour la violence.
01:12:37 - Mais pour ceux qui descendent dans la rue et qui brûlent
01:12:39 sans avoir oublié, quand même, de prendre
01:12:41 les téléphones, les ordinateurs et puis de vider un petit peu
01:12:43 les frigos, oui, bien sûr que c'est le cas.
01:12:45 Mais ça prend une ampleur terrifiante, parce que
01:12:47 sur un territoire qui est relativement
01:12:49 petit à notre échelle, mais quand même
01:12:51 très grand, eh bien, tous les habitants sont terrorisés.
01:12:53 - Vincent Herouette, la situation en Nouvelle-Calédonie
01:12:55 nous ramène, effectivement, des années en arrière,
01:12:57 avec des violences
01:12:59 dans les années 80, aussi.
01:13:01 C'est un scénario qu'on a déjà vu ou pas ?
01:13:03 Il y a eu trois référendums, entre temps.
01:13:05 - Oui, mais il y a eu un... - Qui ont dit non à l'indépendance.
01:13:07 - C'est la grotte d'Ouvéa. - Bien sûr, la grotte d'Ouvéa.
01:13:09 - Tous les esprits, on se souvient
01:13:11 tous de ce qui s'est passé.
01:13:13 Il y a eu une vingtaine de morts
01:13:15 au tapis, quand même.
01:13:17 Et un blocage politique
01:13:19 qu'il a fallu ensuite dénouer.
01:13:21 Moi, ce qui me frappe, je vais vous dire,
01:13:23 pardon de ma simplicité,
01:13:25 c'est que cette histoire de corps électoral,
01:13:27 de réforme,
01:13:29 du corps électoral me paraît
01:13:31 assez incroyable,
01:13:33 quand on sait l'enjeu que constitue
01:13:35 la Nouvelle-Calédonie,
01:13:37 et le peu de moyens dont dispose aujourd'hui
01:13:39 l'État français,
01:13:41 qu'il peut mobiliser pour
01:13:43 assurer le maintien de sa souveraineté
01:13:45 sur cet archipel du bout
01:13:47 du monde, à 17 000 km de chez nous,
01:13:49 et qui représente un enjeu stratégique
01:13:51 considérable.
01:13:53 On a très peu de moyens de défense
01:13:55 à investir.
01:13:57 - Pourquoi c'est un enjeu stratégique ?
01:13:59 - Parce que vous regardez une carte,
01:14:01 vous êtes en plein milieu d'une zone
01:14:03 qui est décrite par tous
01:14:05 comme le futur
01:14:07 centre du monde.
01:14:09 C'est un véritable atout pour la France de voir ça.
01:14:11 On n'a pas une marine nationale qui peut déployer
01:14:13 autour de ces îlots
01:14:15 et de ces îles
01:14:17 une armada pour la défendre.
01:14:19 Vous avez évidemment des grands voisins comme la Chine
01:14:21 qui ont tout intérêt
01:14:23 à déstabiliser et à faire
01:14:25 ami-ami avec les groupes les plus violents
01:14:27 dans toute la zone,
01:14:29 pas uniquement en Nouvelle-Calédonie.
01:14:31 Il y a évidemment une grande prudence à avoir
01:14:33 quand vous êtes à 18 000 km de là,
01:14:35 vous avancez,
01:14:37 vous marchez comme sur des oeufs,
01:14:39 quand vous vous souvenez de l'histoire
01:14:41 et quand vous regardez la géographie,
01:14:43 vous avez intérêt à faire drôlement attention.
01:14:45 - Philippe Lénoyer, vous êtes d'accord ?
01:14:47 - L'enjeu géostratégique, c'est indéniable.
01:14:49 C'est très difficile de résumer l'histoire calédonienne
01:14:51 parce qu'elle est éminemment compliquée
01:14:53 et particulière. Pour aller très vite,
01:14:55 les référendums ont posé des questions
01:14:57 auxquelles les Calédoniens ont répondu par trois fois non
01:14:59 à l'accession à l'indépendance.
01:15:01 Mais ils n'ont pas encore répondu oui,
01:15:03 fait un choix,
01:15:05 et c'est tout l'enjeu.
01:15:07 - Répondez-vous à quoi ?
01:15:09 - Ils ont dit non à l'indépendance,
01:15:11 mais comme on est en train d'utiliser le droit
01:15:13 à l'autodétermination qui nous est reconnu
01:15:15 par l'Union Européenne et par l'ONU,
01:15:17 l'objectif de ce droit à l'autodétermination,
01:15:19 c'est de trouver un moment, une expression positive
01:15:21 pour une solution de sortie.
01:15:23 C'est tout l'enjeu d'ailleurs depuis 1988
01:15:25 et de l'accord de Nouméa de 1998
01:15:27 et de la sortie aujourd'hui de ces émeutes.
01:15:29 C'est très important de l'avoir en tête
01:15:31 parce que le sujet du corps électoral
01:15:33 est un des éléments de l'accord global
01:15:35 qui constitue l'essentiel et l'objectif
01:15:37 qu'on doit atteindre avec le président de la République,
01:15:39 Mme Ferrari, qui dimanche,
01:15:41 invitait toutes les formations politiques
01:15:43 à accepter cette invitation.
01:15:45 - Et en attendant, Jean-Christophe Coville,
01:15:47 ce sont les policiers, les gendarmes
01:15:49 qui sont une fois de plus en première ligne
01:15:51 qui tentent de défendre ce qu'ils peuvent
01:15:53 en Nouvelle-Calédonie.
01:15:55 - Oui, j'ai mon collègue qui est là-bas,
01:15:57 un de nos délégués qui travaille,
01:15:59 qui est sur place et qui fait 24 heures
01:16:01 pour défendre les intérêts des citoyens
01:16:03 sur place, qui nous dit que l'État
01:16:05 n'est plus en mesure d'assurer la sécurité
01:16:07 de la population. Je lis ce qu'il m'a écrit,
01:16:09 on n'a plus la capacité opérationnelle
01:16:11 de faire ce qu'il faut pour protéger
01:16:13 les citoyens. C'est fort à la mot.
01:16:15 Il y a des policiers qui sont enfermés
01:16:17 dans le commissariat pour défendre le territoire
01:16:19 et défendre le commissariat pour ne pas qu'il brûle.
01:16:21 À une époque, on avait une CRS,
01:16:23 il y en avait des CRS qui étaient toujours
01:16:25 en Nouvelle-Calédonie. Depuis des années,
01:16:27 on les a supprimées parce qu'encore une fois,
01:16:29 on fait des économies, mais à la fin,
01:16:31 on voit bien qu'en fait, ça nous coûte plus cher.
01:16:33 Et donc là, on envoie des renforts,
01:16:35 on envoie une partie de la CRS 8, la CRS 82,
01:16:37 c'est une nouvelle CRS maintenant pour lutter
01:16:39 et on veut reprendre la main, sauf qu'il y a 22 heures d'avion.
01:16:41 Et là, je suis d'accord avec vous, je ne comprends pas
01:16:43 que quand on est dans un système de stratégie
01:16:45 globale, on ne puisse pas anticiper.
01:16:47 Et notre pays, en fait,
01:16:49 a un problème d'anticipation. On le voit
01:16:51 sur un point de vue stratégique-militaire,
01:16:53 on le voit dans la délinquance,
01:16:55 on le voit dans l'économie, on le voit dans la fonction
01:16:57 publique. En fait, on a un problème d'anticipation
01:16:59 et c'est ce qu'on appelle l'ignorance volontaire.
01:17:01 On ne veut pas voir parce que ça ne nous intéresse pas,
01:17:03 on a d'autres projets. - Quelques témoignages
01:17:05 d'habitantes sur place qui nous disent à quoi
01:17:07 ressemble la vie en Nouvelle-Calédonie
01:17:09 dans ces émeutes.
01:17:11 - C'est le chaos, c'est que ça brûle partout,
01:17:13 ça pisse des maisons, ça saccage,
01:17:15 ça rentre dans les magasins,
01:17:17 ça les vole, après ça les brûle.
01:17:19 Non, c'est un chaos total.
01:17:21 C'est...
01:17:23 Je ne l'avais jamais vécu, mais c'est
01:17:25 spécial. Il y a la crainte,
01:17:27 on ne dort pas trop bien la nuit,
01:17:29 on ne bouge plus,
01:17:31 en fait, on nous a ordonné de ne plus sortir
01:17:33 de chez nous, donc voilà.
01:17:35 On nous surveille constamment.
01:17:37 Évidemment, on ne travaille pas, on ne sait même pas
01:17:39 si on va pouvoir reprendre notre travail
01:17:41 ou quoi que ce soit, parce que
01:17:43 tout est dégradé.
01:17:45 On a peur d'être
01:17:47 volé, on a peur qu'on s'introduise
01:17:49 chez nous, on dort à peine.
01:17:51 - Voilà pour ces témoignages d'habitants.
01:17:53 À l'instant, on apprend que l'état d'urgence va
01:17:55 entrer en vigueur dès 20h,
01:17:57 heure de Paris, monsieur le député.
01:17:59 Ça va permettre d'apaiser les choses, vous pensez ?
01:18:01 - C'est l'objectif, parce qu'il y a quand même 500
01:18:03 renforts qui sont annoncés, alors il faut
01:18:05 qu'ils arrivent, on est loin,
01:18:07 mais ces 500 renforts vont, à mon avis,
01:18:09 en tout cas, permettre d'abord à ceux qui sont engagés
01:18:11 de se reposer aussi, accessoirement,
01:18:13 de libérer des points de protection
01:18:15 qu'ils assurent peut-être un peu seuls aujourd'hui.
01:18:17 Et puis dans une agglomération, parce que
01:18:19 c'est quand même très spécifique et c'est une grosse différence
01:18:21 par rapport aux événements auxquels je faisais moi-même référence,
01:18:23 c'est circonscrit à l'agglomération.
01:18:25 Heureusement.
01:18:27 Et donc, il y a un territoire qui est quand même
01:18:29 relativement vaste, mais qui peut être, je l'espère,
01:18:31 en tout cas, contrôlé le plus rapidement possible,
01:18:33 parce qu'à côté, toutes les autorités
01:18:35 politiques, civiles, religieuses et coutumières
01:18:37 condamnent,
01:18:39 malheureusement ils ne sont pas entendus, mais de toute façon, on les émutie
01:18:41 les coups de personne, mais condamnent quand même, et ça veut dire
01:18:43 politiquement beaucoup de choses pour nous, parce que
01:18:45 on reste sur une opposition non-indépendantiste-indépendantiste,
01:18:47 on a des combats à mener, on a un accord à trouver,
01:18:49 mais ce n'est pas comme ça que cet accord,
01:18:51 évidemment, peut parvenir à naître.
01:18:53 - Jean-François Lejeune, un dernier mot là-dessus, sur la Nouvelle-Calédonie.
01:18:55 - L'affaire calédonienne,
01:18:57 elle est passionnante depuis très longtemps et
01:18:59 politiquement assez complexe,
01:19:01 mais j'ai l'impression, si je vous comprends bien, monsieur le député,
01:19:03 qu'on est très loin de ça en ce moment, c'est vraiment pas ça qui est en train
01:19:05 de se jouer en ce moment, et ce ne sont pas des indépendantistes
01:19:07 qui sont en train de s'en prendre à l'État.
01:19:09 Moi, je me pose la question, quand je vois
01:19:11 ces images,
01:19:13 et quand j'entends ces témoignages, de quel
01:19:15 endroit du territoire français, qu'il s'agisse de la
01:19:17 métropole ou d'ailleurs, est épargné par ce genre de phénomène ?
01:19:19 - Quel endroit ? - C'est-à-dire que l'état d'urgence, en réalité,
01:19:21 il est partout, tout le temps. Tout à l'heure, je sais que
01:19:23 vous avez dit que les problématiques de territoire ne sont pas les mêmes,
01:19:25 mais Mayotte, il n'y a pas très longtemps, on a fait
01:19:27 Ouambouchou 1, Ouambouchou 2, là, on a
01:19:29 cette situation, cet état d'urgence.
01:19:31 L'été dernier, en métropole,
01:19:33 on a eu le même problème. À un moment donné,
01:19:35 c'est aussi une question de respect de l'autorité
01:19:37 de l'État et de capacité, là, je rejoins
01:19:39 le propos de Jean-Christophe, d'anticipation
01:19:41 de forces publiques, en réalité,
01:19:43 et on en est très loin. - Et à l'instant, Emmanuel Macron
01:19:45 affirme ressentir une vive émotion en apprenant
01:19:47 la mort d'un de nos gendarmes de l'escadron
01:19:49 de Melun en Nouvelle-Calédonie. La Nation pense à sa famille,
01:19:51 ses proches, à tous ses frères d'armes
01:19:53 dont l'engagement pour nous, protéger,
01:19:55 force, le respect. Voilà, il est 18h30,
01:19:57 l'heure du rappel des titres de l'actualité sur CNews
01:19:59 et sur Europe 1, avec Simon Guilain.
01:20:01 (Générique)
01:20:03 - Un homme a été tué par balle
01:20:05 cet après-midi dans le 20e arrondissement
01:20:07 de la capitale. Un individu a tiré
01:20:09 en direction d'un bar vers 15h30
01:20:11 avant de prendre la fuite à scooter.
01:20:13 Un périmètre de sécurité a été
01:20:15 mis en place dans cette rue où se trouvent plusieurs
01:20:17 bars et restaurants.
01:20:19 Toujours à Paris, une enquête a été ouverte
01:20:21 pour dégradations aggravées. Cela fait
01:20:23 suite aux mains rouges taguées sur le mur des
01:20:25 Justes du Mémorial de la Shoah.
01:20:27 Ce mur qui rend hommage aux 4000 personnes
01:20:29 qui ont sauvé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
01:20:31 Une dizaine d'autres lieux
01:20:33 ont également été tagués dans le quartier du Marais,
01:20:35 notamment des écoles.
01:20:37 Et puis Vladimir Poutine se félicite des
01:20:39 avancées de l'armée russe en Ukraine.
01:20:41 Moscou a revendiqué la prise de plusieurs
01:20:43 localités dans la région de Kharkiv.
01:20:45 Et conséquence, le président ukrainien
01:20:47 Volodymyr Zelensky annule tous ses déplacements
01:20:49 à l'étranger. Les soldats russes
01:20:51 mènent une offensive d'ampleur dans le nord-est
01:20:53 de l'Ukraine depuis une semaine, Laurence.
01:20:55 - Merci beaucoup Simon.
01:20:57 Guylain, Vincent Hervoët, un mot de cette
01:20:59 tentative d'assassinat que l'on vient d'apprendre
01:21:01 du Premier ministre slovak entre la vie et la mort.
01:21:03 Il a été
01:21:05 abattu à la sortie d'une...
01:21:07 En tout cas, il a reçu des tirs
01:21:09 après une réunion.
01:21:11 Qu'est-ce que l'on sait exactement
01:21:13 de ce qui s'est passé ? - Le tireur a été arrêté.
01:21:15 Je veux dire, c'est un événement
01:21:17 absolument
01:21:19 considérable dans ce petit
01:21:21 pays. Parce que Bratislava, c'est pas
01:21:23 vraiment une capitale tragique.
01:21:25 Et la Slovaquie, c'est un pays où le dernier attentat
01:21:27 qui a marqué les esprits, ça remonte
01:21:29 à un siècle.
01:21:31 Et donc, c'est... Et l'homme
01:21:33 qui a été blessé, donc le Premier ministre Fico,
01:21:35 c'est le personnage central de la
01:21:37 vie politique en Slovaquie depuis
01:21:39 20 ans. C'est autour de lui que tout
01:21:41 le jeu politique se fait. C'est un personnage
01:21:43 assez singulier qu'on a
01:21:45 du mal à fixer.
01:21:47 - Un ex-communiste en Poutine.
01:21:49 - Voilà, c'est un ex-communiste, ex-socialiste,
01:21:51 ensuite populiste, nationaliste,
01:21:53 anti, totalement hostile à la guerre,
01:21:55 à la participation européenne,
01:21:57 au conflit en Ukraine.
01:21:59 Mais en même temps, acceptant quand même
01:22:01 que toutes les unes d'armement de la Slovaquie
01:22:03 travaillent pour Kiev.
01:22:05 Donc c'est un personnage qui a
01:22:07 un discours vibrillant.
01:22:09 Mais franchement, il y a eu...
01:22:11 Il a été
01:22:13 de nouveau Premier ministre depuis le mois de septembre
01:22:15 dernier.
01:22:17 Le président qui vient d'être élu
01:22:19 est un de ses alliés.
01:22:21 Donc vous aviez un tandem à la tête du pays
01:22:23 qui était très, très uni.
01:22:25 Et cet attentat, on ne sait absolument pas qui est derrière.
01:22:27 On verra. - Il est entre la vie et la mort.
01:22:29 Il est opéré en ce moment. - Ça va ressentir une provocation, mais ça va déstabiliser.
01:22:31 Réellement, ça aura une ombre de choc
01:22:33 dans toute l'Europe centrale, sans aucun doute
01:22:35 considérable. - Déjà, une zone
01:22:37 déjà bien perturbée. Merci beaucoup, Vincent Herouët.
01:22:39 Petite pause, on se retrouve dans un instant dans "Punchline"
01:22:41 sur CNews et sur Europe 1. On reviendra
01:22:43 sur la situation dans les prisons françaises
01:22:45 avec Pierre Botton. Que se passe-t-il ?
01:22:47 Est-ce qu'il s'agit vraiment d'usines
01:22:49 qui fabriquent des criminels encore
01:22:51 plus endurcis quand ils en ressortent ?
01:22:53 On en débat dans un instant, tout de suite.
01:22:55 [Musique]
01:22:57 18h38,
01:22:59 on se retrouve en direct sur CNews et sur Europe 1.
01:23:01 On est toujours avec Driss Ghali, avec
01:23:03 Vincent Herouët et Geoffroy Lejeune. On accueille
01:23:05 Pierre Botton. Bonsoir. - Bonsoir. - Vous êtes un homme d'affaires,
01:23:07 ancien détenu. Vous avez passé
01:23:09 602 jours en prison. Vous allez nous raconter
01:23:11 cela dans sept maisons d'arrêt différentes.
01:23:13 On va évoquer votre expérience
01:23:15 à la lumière de ce qui s'est passé pour ces agents de la
01:23:17 pénitentiaire qui ont été abattus dans l'heure
01:23:19 hier pour l'évasion d'un
01:23:21 détenu qui était dangereux, qui avait
01:23:23 un très long pédigré
01:23:25 judiciaire. J'aimerais juste qu'on
01:23:27 revienne sur l'opération qui a été menée dans les
01:23:29 prisons aujourd'hui, prison morte,
01:23:31 évidemment, menée par les agents de la
01:23:33 pénitentiaire. On fait le point avec Tancrede Guillotel
01:23:35 et je vous passe la parole ensuite.
01:23:38 Tête baissée, devant un drapeau en berne,
01:23:41 ce matin, les agents pénitentiaires
01:23:43 ont respecté une minute de silence
01:23:45 pour rendre hommage à leurs deux collègues
01:23:47 décédés hier dans l'attaque d'un fourgon au
01:23:49 PH d'un quart-ville dans l'heure. Au centre
01:23:51 pénitentiaire de Caen, à la prison
01:23:53 de la Santé à Paris ou encore à Gradignan
01:23:55 en Gironde, plusieurs centaines de
01:23:57 surveillants pénitentiaires ont même bloqué leurs
01:23:59 établissements pour une journée prison morte.
01:24:01 Bruno Brasme du syndicat
01:24:03 Une FAP, Une Sa Justice à Caen,
01:24:05 témoigne de leur mal-être.
01:24:07 L'émoi est présent pour tout le monde.
01:24:09 On part du surveillant jusqu'au
01:24:11 chef d'établissement, tout le monde est en émoi.
01:24:13 De la tristesse,
01:24:15 mais également de la colère pour le personnel
01:24:17 pénitentiaire qui alerte sur la
01:24:19 dangerosité du métier. La profession
01:24:21 demande notamment des solutions face à la
01:24:23 surpopulation carcérale, mais aussi
01:24:25 la réduction des extractions judiciaires.
01:24:27 L'intersyndical a été reçu cet
01:24:29 après-midi par Eric Dupond-Moretti.
01:24:31 Emmanuel Baudin, du syndicat FO
01:24:33 de la justice pénitentiaire, assure qu'elle a été entendue.
01:24:35 Il y a des annonces importantes et rapides qui vont pouvoir
01:24:37 être mises en place au niveau de l'armement,
01:24:39 des équipements, véhicules,
01:24:41 des choses qu'on avait demandé, on a été entendu sur ce sujet.
01:24:43 On va avoir, vous savez,
01:24:45 développer, réduire les
01:24:47 extractions judiciaires et pouvoir
01:24:49 augmenter les visios, déplacer
01:24:51 les magistrats, là aussi le sujet est lancé.
01:24:53 L'intersyndical a annoncé maintenir
01:24:55 les mouvements sociaux sur les établissements
01:24:57 pénitentiaires dans l'attente des décisions
01:24:59 prises par le ministère de la Justice.
01:25:01 Elle devrait leur être transmise demain matin.
01:25:03 Voilà pour ce qui s'est passé dans les prisons
01:25:05 aujourd'hui. Pierre Botton, je vous ai
01:25:07 entendu très ému ce matin chez Pascal Praud.
01:25:09 Oui, je suis très ému parce que j'ai
01:25:11 beaucoup de respect pour les surveillants. Il faut dire
01:25:13 qu'il y en a un qui m'a sauvé la vie.
01:25:15 Littéralement ? Oui, tout à fait.
01:25:17 J'étais pas bien, comme ça peut arriver en prison.
01:25:19 Et contre tous les
01:25:21 règlements, il a ouvert la porte de la
01:25:23 prison le soir et il m'a permis de
01:25:25 parler et tout ça. Et donc,
01:25:27 il s'appelle Charles Roche, je peux le nommer.
01:25:29 Et j'ai beaucoup de respect pour cette profession
01:25:31 qui est complètement lâchée par sa
01:25:33 hiérarchie. Quand je dis que c'est de la
01:25:35 chair à canon, c'est exactement ça.
01:25:37 C'est-à-dire qu'ils sont envoyés au
01:25:39 front avec une population pénale
01:25:41 qui est de plus en plus difficile, mais
01:25:43 très, très difficile. Plus violente ?
01:25:45 De plus en plus violente ?
01:25:47 Moi, ce que j'ai vu et ce que j'ai
01:25:49 raconté dans le livre,
01:25:51 c'est juste hallucinant,
01:25:53 madame Ferreri. Et malheureusement,
01:25:55 évidemment, comme j'ai un passé judiciaire, on m'écoute
01:25:57 pas forcément. Vous voyez ce que je veux dire ?
01:25:59 - Parce que vous êtes ancien détenu ?
01:26:01 - Oui, je suis ancien détenu. Mais ce que je dis souvent,
01:26:03 je ne suis pas en train de vous expliquer comment
01:26:05 vous allez remplir votre déclaration d'impôt.
01:26:07 Je suis en train de vous expliquer ce que j'ai
01:26:09 vécu, madame Ferreri. Ce que j'ai
01:26:11 vu, ce que j'ai vécu pendant
01:26:13 des jours et des jours et des jours. - C'est-à-dire ?
01:26:15 - La drogue de partout. - La drogue de partout ?
01:26:17 - De partout. Les téléphones,
01:26:19 j'ai vu
01:26:21 monsieur le garde des Sceaux dire qu'il avait fait
01:26:23 une opération cellule nette.
01:26:25 Il a dit "on a récupéré
01:26:27 117 téléphones". Vous savez combien ils en ont retirés l'année dernière ?
01:26:30 L'administration pénitentiaire, 40 000.
01:26:32 - Juste l'année dernière ? - 40 000 !
01:26:34 Il y en a de partout. La violence,
01:26:36 de partout. La corruption, madame.
01:26:38 Vous savez ce à quoi sont soumis ces surveillants ?
01:26:40 Vous savez ce que c'est que
01:26:42 se faire cracher dessus 3, 4, 5 fois ?
01:26:44 - Par jour ? - Oui. Et puis, il y a
01:26:46 une organisation au sein de la...
01:26:48 Une organisation... Je vais vous raconter une petite...
01:26:50 - Parallèle, une organisation parallèle. - Mais il y a une organisation...
01:26:52 Tous les détenus se connaissent.
01:26:54 Donc, s'ils voulaient...
01:26:56 S'ils prennent un surveillant
01:26:58 en chasse, ils le suivent de bâtiment en bâtiment
01:27:00 et le gars, il peut pas
01:27:02 résister. Je vais raconter des scènes que
01:27:04 j'ai vécues, madame. Je les ai vécues.
01:27:06 - Pierre Motton. - Quand on se
01:27:08 promène, on a une carte. Le gars
01:27:10 n'avait pas sa carte. Donc, le
01:27:12 surveillant lui dit "votre carte, elle est où ?"
01:27:14 En cellule. "Vous pouvez la chercher ?"
01:27:16 "Non." "Vous pouvez aller chercher
01:27:18 votre carte, s'il vous plaît ?" "Non."
01:27:20 "Tu m'ouvres ta bagnole, le crabe,
01:27:22 ce soir." Et le pire, c'est que la bagnole,
01:27:24 elle crame, le soir.
01:27:26 - Donc, ils connaissent tout. - Mais qu'est-ce que vous faites le deuxième soir ?
01:27:28 Mais madame, je vais vous poser une question.
01:27:30 Vous êtes capable de trouver 5 personnes pour vous accompagner
01:27:32 pour
01:27:34 vous sortir de tôle avec des mitraillettes ?
01:27:36 Ils ont été élevés avec ça.
01:27:38 Tout a changé. On parle
01:27:40 des extractions judiciaires.
01:27:42 Moi, je veux bien. Et la drogue,
01:27:44 en prison, on en parle. Pourquoi on met pas les chiens ?
01:27:46 Pourquoi on met pas des chiens renifleurs
01:27:48 qui viennent dans les... - Parce qu'on veut pas trouver la drogue.
01:27:50 - Non. - Mais parce qu'on ne veut pas la trouver, madame.
01:27:52 - On est d'accord. C'est ce que je vous dis. - On ne veut pas la trouver.
01:27:54 On achète... Et qu'est-ce qui rentre avec la drogue ?
01:27:56 L'argent.
01:27:58 L'argent. Et je vous assure,
01:28:00 j'ai... Je suis triste
01:28:02 pour cette famille de surveillants, comme vous avez pas idée.
01:28:04 C'est tellement horrible.
01:28:06 C'est tellement horrible. Ils ne méritent pas ça,
01:28:08 les surveillants. Ils ne méritent pas ça.
01:28:10 Mais ils sont totalement lâchés par leur hiérarchie.
01:28:12 Qui s'en fout ? Surtout, pas de vague.
01:28:14 Et dès qu'il y a une vague... Vous savez, très souvent,
01:28:16 j'emploie cette expression, je dis que
01:28:18 la pénitentiaire, c'est
01:28:20 l'école avant l'arrivée
01:28:22 d'Atalme. Alors, le vent, il est reparti,
01:28:24 Belloubet est revenu, donc j'ai peur qu'on ait
01:28:26 les mêmes résultats que quand il était à la justice.
01:28:28 Mais c'est exactement ça.
01:28:30 Et donc, c'est surtout pas de vague. Et dès qu'il y a
01:28:32 une vague, on coupe la tête de celui...
01:28:34 Je vais raconter une autre anecdote. - Pierre Botton,
01:28:36 allez-y. - Je suis...
01:28:38 Je suis
01:28:40 mis en danger
01:28:42 par des gens qui n'aiment pas
01:28:44 que je conteste l'appel à la prière le matin.
01:28:46 - OK. Dans la prison ? - Oui, oui, dans la prison.
01:28:48 - Vous êtes détenu ? - À 5h du matin,
01:28:50 je trouve que c'est pas normal et tout ça.
01:28:52 Je suis appelé par la direction,
01:28:54 qui me dit "Monsieur Botton,
01:28:56 qu'est-ce que vous... D'abord,
01:28:58 vous révélez dans un de vos courriers
01:29:00 l'appel à la prière." Pas du tout ça, un courrier,
01:29:02 parce qu'on lisait mon courrier. Et on me dit
01:29:04 "Mais vous...
01:29:06 Vous révélez ça, est-ce que vous pouvez me dire
01:29:08 dans quelle cellule c'est ?" Je dis "Vous plaisantez."
01:29:10 - Oui. - Non mais vous plaisantez,
01:29:12 le gars, il a des baves comme ça, toute la prison l'entend,
01:29:14 vous ne le savez pas et en plus vous allez moi me transformer
01:29:16 à... Je lui dis "Mais certainement pas."
01:29:18 "Et qu'est-ce que vous envisagez ?"
01:29:20 "Qu'est-ce que vous envisagez ?" Je suis détenu,
01:29:22 Madame. - Vous êtes détenu à l'école.
01:29:24 - On me pose la question "Qu'est-ce que vous envisagez ?"
01:29:26 Et je lui explique "Est-ce que vous allez demander
01:29:28 votre transfert ?" C'est exactement
01:29:30 comme dans l'école. - On préfère vous transférer.
01:29:32 - Il faut surtout rien dire.
01:29:34 Il faut surtout ne rien dire.
01:29:36 Et c'est exactement ce qui se passe.
01:29:38 Et les surveillants sont confrontés à ça, Madame.
01:29:40 Ils sont confrontés à...
01:29:42 Et je le dis, dans mon livre,
01:29:44 malheureusement, je dis
01:29:46 "Est-ce qu'on voit ce qui se passe ?"
01:29:48 La République est attaquée, mais quand c'est une gamine
01:29:50 qui est dans sa chambre d'école et qui,
01:29:52 suite à un règlement de compte, elle est descendue,
01:29:54 la République, elle n'est pas attaquée là.
01:29:56 - À Marseille. - Elle n'est pas attaquée là.
01:29:58 Quand c'est un gamin de 11 ans sur un parking à Nîmes,
01:30:00 elle n'est pas attaquée. Mais où on est ?
01:30:02 Là, aujourd'hui, un gars dans le 20ème,
01:30:04 c'est tout le temps.
01:30:06 Et j'écris dans mon livre, je leur dis
01:30:08 "Attention, ça va toucher dans toutes les toutes
01:30:10 petites villes." Parce que c'est...
01:30:12 Excusez-moi, je les appelle comme ça,
01:30:14 même si je vais choquer ces gamins.
01:30:16 C'est des gamins. Ils n'ont plus...
01:30:18 - Ces tueurs-là, c'est des gamins, vous croyez, Pierre Botton ?
01:30:20 - C'est des gamins, oui, bien sûr. C'est des gamins élevés
01:30:22 dans la violence depuis le début.
01:30:24 Moi, j'ai été avec eux... - Des tueurs nés.
01:30:26 - Non, non, mais Madame Ferré, j'ai été
01:30:28 avec eux. Ces gars-là,
01:30:30 moi,
01:30:32 j'arrivais à faire en sorte
01:30:34 qu'ils me respectent.
01:30:36 Pourquoi ? Parce qu'ils n'ont pas eu d'image de père.
01:30:38 Leur seule image qu'ils ont eue, c'est la violence.
01:30:40 Ils ont été élevés avec des couteaux. On leur offre des couteaux
01:30:42 à 14 ans. Avec des kalachnikovs,
01:30:44 avec ça. Ils ont été élevés
01:30:46 avec ça. Donc je vous dis,
01:30:48 ils ont la vie oubliée.
01:30:50 Et moi, ils me disaient "Pierre, si je me fais
01:30:52 arrêter,
01:30:54 ils m'arrêteront pas." - Pourquoi ?
01:30:56 - Kalachnikovs. Ils vont répondre à la kalache.
01:30:58 C'est exactement ce qui se passe. - C'est ce qui s'est passé.
01:31:00 - Et c'est exactement ce qui se passe.
01:31:02 Et ça va être de plus en plus...
01:31:04 Vous pensez quoi ? Vous pensez que vous allez enfermer un mec
01:31:06 pendant 30 ans, on dit "il faut mettre les peines", vous allez
01:31:08 l'enfermer pendant 30 ans et qu'il va se laisser enfermer pendant
01:31:10 30 ans ? - C'est-à-dire qu'il tentera tout ?
01:31:12 - Mais bien sûr ! Mais vous avez des...
01:31:14 Vous voyez, Madame Ferreri,
01:31:16 ce qui me surprend, c'est que j'ai l'impression
01:31:18 que je dis des choses et que les gens
01:31:20 découvrent. Enfin, le gars
01:31:22 qui est parti en hélicoptère,
01:31:24 il est parti en hélicoptère. - Mais vous le dites depuis longtemps,
01:31:26 ça, Pierre Bonnet. - Mais oui, je le dis. - Mais personne ne l'entend.
01:31:28 Personne ne l'entend parler des prisons
01:31:30 dans le pays. - Je ne sais pas pourquoi. C'est sans doute
01:31:32 lié à ma personnalité, à la façon de le faire.
01:31:34 Je ne sais pas. On est toujours responsable de quelque chose.
01:31:36 Donc, si vous voulez,
01:31:38 c'est sans doute lié à la façon dans laquelle je le fais.
01:31:40 Mais je dis aux gens, je vous en supplie,
01:31:42 prenez-en conscience, et je dis
01:31:44 vraiment aux surveillants...
01:31:46 Vous savez qu'ils ne pouvaient pas recruter,
01:31:48 parce que qui, pour 2000 euros,
01:31:50 veut se faire descendre ?
01:31:52 Alors là, c'est fini. Avec ce qui vient de se passer,
01:31:54 c'est fini. Plus personne n'ira dans
01:31:56 la pénitentiaire. Donc, on ne s'attaque
01:31:58 encore une part, on ne parle pas
01:32:00 du vrai problème. - Il y a un autre sujet que vous
01:32:02 abordez, qui va rejoindre une des préoccupations
01:32:04 de Driss Ghali. Ce que vous dites,
01:32:06 il y a un autre vrai problème en prison,
01:32:08 c'est la radicalisation, qui
01:32:10 transforme des petits délinquants en terroristes.
01:32:12 Ça, vous l'avez vu à l'oeuvre dans les prisons françaises.
01:32:14 - Oui. Mais alors, je ne veux pas qu'on...
01:32:16 Vous savez, parfois,
01:32:18 je m'exprime mal. Il ne faut pas
01:32:20 confondre
01:32:22 la délinquance
01:32:24 et l'islam. L'islam n'a rien
01:32:26 à voir avec la délinquance. Je veux vraiment être
01:32:28 clair avec ça. Et vraiment,
01:32:30 c'est super important. Maintenant, j'ai vu...
01:32:32 Vous savez, on est perdus.
01:32:34 Quand vous êtes en prison,
01:32:36 on est perdus. Je veux juste
01:32:38 parler de mon cas personnel.
01:32:40 Moi, madame, je suis devenu très croyant en prison.
01:32:42 Alors que j'ai vécu un drame horrible.
01:32:44 Je suis devenu très
01:32:46 croyant en prison, sous l'égide
01:32:48 de quelqu'un qui m'a guidé. Mais
01:32:50 heureusement, cette personne-là ne m'a pas
01:32:52 dit d'aller tuer des gens. Je ne l'aurais pas fait.
01:32:54 Mais vous voyez, donc,
01:32:56 il faut comprendre ce qui se passe.
01:32:58 Il faut comprendre ce qu'est la prison.
01:33:00 Donc, évidemment, il tombe sur des mauvaises personnes
01:33:02 qui... Je vais vous donner, excusez-moi,
01:33:04 juste deux choses. Quand ils arrivent,
01:33:06 moi, j'étais incarcéré au QB4,
01:33:08 c'est ce qu'on appelle le QATVIP, sous les arrivants.
01:33:10 Il y a les deux premières questions
01:33:12 d'un détenu qui arrive, c'est celle-ci.
01:33:14 "Allô ? Il y a quelqu'un du
01:33:16 9-3 ? Il y a quelqu'un du 9-4 ?
01:33:18 Ouais, je suis du 9-4."
01:33:20 "Alors, une cité, n'importe laquelle."
01:33:22 "Ah ouais, tu connais, machin ?"
01:33:24 "Ouais, ouais, je le connais." OK. Première question.
01:33:26 Immédiatement, il se retrouve.
01:33:28 Deuxième question.
01:33:30 Où est-ce qu'il faut que je me tourne pour faire la prière ?
01:33:32 Voilà. - C'est ça, les deux questions
01:33:36 qu'on entend en prison, Pierre Botton.
01:33:38 - Voilà, c'est ça.
01:33:40 Et donc, si vous tombez sur la mauvaise
01:33:42 personne, eh bien, vous pratiquez
01:33:44 une mauvaise religion. - Vous en même, le racisme et le terrorisme.
01:33:46 Adriesse Galli, peut-être une réaction à ce qu'on vient d'entendre
01:33:48 de la part de Pierre Botton. - Bah, écoutez, c'est très
01:33:50 frappant, puis vous avez la légitimité
01:33:52 du terrain. Ce n'est pas votre
01:33:54 personne qui est le problème.
01:33:56 Ce sont les écouteurs, les gens
01:33:58 à qui vous adressez, les responsables politiques,
01:34:00 qui ne veulent pas écouter. C'est ce que j'appelle la monstruosité
01:34:02 des bien-pensants.
01:34:04 Ils alimentent.
01:34:06 Ils alimentent tout ça. Ils ont
01:34:08 les mains sales du sang
01:34:10 au péage d'un Carville. Parce qu'ils
01:34:12 ont permis ça, vous le dites très bien, avec toutes
01:34:14 les lâchetés que vous avez décrites en prison.
01:34:16 Ils ne veulent pas sortir de leur rêve éveillé
01:34:18 qui leur permet de nous gouverner et de nous
01:34:20 traiter d'extrême droite dès que nous
01:34:22 disons la vérité. Sur l'islam,
01:34:24 en tant que musulman pratiquant qui
01:34:26 fait sa prière, je ne peux pas en vouloir
01:34:28 à un délinquant qui se convertit à l'islam.
01:34:30 Pourquoi pas ? Qu'il soit musulman
01:34:32 d'origine ou français d'origine. Moi,
01:34:34 ce qui m'interpelle, quand même,
01:34:36 c'est que le silence abyssal, absurde
01:34:38 des autorités musulmanes en France
01:34:40 par rapport à
01:34:42 la cohabitation entre
01:34:44 le deal et l'islam. Il n'y a pas
01:34:46 plus anti-islamique
01:34:48 que le deal ou que le rodéo urbain
01:34:50 ou que les agressions.
01:34:52 Malheureusement, il y a
01:34:54 une ligue du déni, je dirais,
01:34:56 chez les élites françaises et il y a une ligue de l'hypocrisie
01:34:58 chez nos responsables musulmans. Je ne les mets pas
01:35:00 tous dans le même sac, je ne les connais pas très bien, mais
01:35:02 je n'ai jamais vu quelqu'un dire
01:35:04 aux jeunes de banlieue "la drogue, ce n'est pas
01:35:06 islamique". Je n'ai jamais entendu ça. J'entends
01:35:08 la vahya, j'entends le voile, j'entends
01:35:10 "laissez-nous faire le ramadan", mais je n'entends pas
01:35:12 dire "la cocaïne, ce n'est pas islamique".
01:35:14 - Pierre Botton, donc,
01:35:16 il y a tous ces problèmes mélangés
01:35:18 dans les prisons qui sont surpeuplés aussi.
01:35:20 - Oui, alors... - Ce sont des enfers...
01:35:22 - Madame Ferrari, on est devant
01:35:24 un truc incroyable. On dit qu'il faut
01:35:26 construire des prisons. Moi, j'entends ça depuis 15 ans.
01:35:28 Il faut construire des prisons, il faut construire des prisons.
01:35:30 Il faut 20 ans pour construire une prison, 10 ans, 15 ans, peu importe.
01:35:32 Il ment à tout le monde, y compris au président de la République,
01:35:34 d'ailleurs. Mais madame...
01:35:36 - Mais qui ment, Pierre Botton ? - L'administration pénitentiaire.
01:35:38 - OK. - L'administration pénitentiaire.
01:35:40 Vous savez, il y a des gens qui sont très, très
01:35:42 puissants. La TIGIP,
01:35:44 qui s'occupe du travail,
01:35:46 il y a une institution
01:35:48 qui s'occupe des prisons. Peu importe.
01:35:50 Madame, on a été capables, pour les Jeux olympiques,
01:35:52 de supprimer
01:35:54 toutes les procédures, tous les recours administratifs
01:35:56 pour construire des stades olympiques.
01:35:58 On n'est pas capables de le faire pour les prisons.
01:36:00 On me dit "oui, mais alors pour les familles,
01:36:02 pour aller loin, ça va être loin et tout ça,
01:36:04 et festime".
01:36:06 Mais moi, je préfère parler 10 fois à mes enfants
01:36:08 par festime, plutôt qu'elles
01:36:10 viennent me voir en prison. - Parce que le pardoir
01:36:12 était épouvantable. - Mais...
01:36:14 Et vous pensez quoi, madame ? Vous pensez pas
01:36:16 qu'il y a des...
01:36:18 des territoires totalement isolés
01:36:20 qui seraient contents d'accueillir des prisons ?
01:36:22 Et puis l'autre chose, madame, où je
01:36:24 rejoins les surveillants.
01:36:26 Il ne faut pas faire des prisons pour tout le monde, il ne faut pas oublier
01:36:28 une chose. Là, quand on voit ça, évidemment, c'est horrible.
01:36:30 Et c'est vraiment horrible.
01:36:32 Mais il y a 90%
01:36:34 des détenus, vous laissez la porte ouverte,
01:36:36 ils ne sortent pas. - Ils ne sortent pas ? - Mais non.
01:36:38 - Pourquoi ? - Parce qu'ils n'ont pas envie de sortir,
01:36:40 ils veulent finir la peine, et puis, ciao, au revoir !
01:36:42 Je vous assure que c'est vrai.
01:36:44 - Donc ceux qui veulent s'évader, c'est un fait parti ?
01:36:46 - Non, ceux qui sont dangereux,
01:36:48 mais attention, 10% sur 77 000,
01:36:50 ça fait 7 000, c'est beaucoup, hein ?
01:36:52 Avec des moyens très importants
01:36:54 et avec une violence inégalée.
01:36:56 Il ne faut pas confondre le gars qui se bagarre en cours
01:36:58 de promenade avec le gars qui est capable
01:37:00 de prendre des calages, ce qu'ils sont en train de faire.
01:37:02 Mais madame, on peut
01:37:04 faire des prisons très légères, on peut les construire en 18 mois.
01:37:06 Où est la volonté politique ?
01:37:08 Où est la volonté politique ?
01:37:10 Si on veut, on peut.
01:37:12 Et le très bon exemple que je donne, c'est ça.
01:37:14 C'est demain, s'ils gardent des sauveux,
01:37:16 ils disent "OK, on prend trois chiens,
01:37:18 on les met à la prison de Freyne et on va trouver le truc."
01:37:20 Et hop, on recommence le lendemain, on recommence le lendemain.
01:37:22 Ils ne veulent pas ça,
01:37:24 ils laissent ça parce que ça les arrange.
01:37:26 Mais ça ne va pas arranger les Français, madame.
01:37:28 Ça ne va pas arranger les Français
01:37:30 parce qu'on le voit aujourd'hui, et malheureusement, je l'ai écrit,
01:37:32 on le voit aujourd'hui,
01:37:34 la délinquance violente arrive.
01:37:36 Faudra-t-il qu'elle arrive dans le 16e arrondissement,
01:37:38 dans le 8e arrondissement et dans le 7e arrondissement
01:37:40 pour qu'on comprenne
01:37:42 ce que je suis en train de dire.
01:37:44 Quand on tue une étudiante
01:37:46 qui est dans sa chambre à Marseille,
01:37:48 dans un quartier pauvre, on s'en fout.
01:37:50 Je suis désolé, on s'en fout.
01:37:52 Quand ça va être l'étudiant de quelqu'un
01:37:54 qui habite le 8e
01:37:56 et qui va être... Parce que eux aussi, ils dealent.
01:37:58 Eux aussi, ils dealent.
01:38:00 Eux aussi, ils consomment de la drogue.
01:38:02 Il ne faut pas croire
01:38:04 que la consommation de drogue,
01:38:06 c'est devenu un fléau, madame.
01:38:08 - Tous les milieux, évidemment. - Tous les milieux.
01:38:10 - Geoffroy Lejeune, une question, peut-être.
01:38:12 - J'ai une question. Votre témoignage, il est à la fois édifiant
01:38:14 et moi, il me met très en colère parce qu'en effet,
01:38:16 on a le sentiment que rien n'est tenté.
01:38:18 Par rapport à ce que vous disiez
01:38:20 au début de votre intervention
01:38:22 sur le rapport de force complètement inversé
01:38:24 entre l'administration pénitentiaire et les détenus,
01:38:26 qu'est-ce que vous, qui connaissez bien le sujet
01:38:28 de l'intérieur, vous feriez pour que l'ordre
01:38:30 règne en prison, tout simplement ?
01:38:32 - Déjà, vous venez de le dire, madame.
01:38:34 Vous êtes, excusez-moi,
01:38:36 mais c'est juste du bon sens. Vous êtes dans un local
01:38:38 fermé, dans lequel normalement,
01:38:40 un établissement fermé, dans lequel normalement,
01:38:42 on doit faire respecter la loi.
01:38:44 La loi
01:38:46 n'est respectée nulle part.
01:38:48 Vous trouvez ça normal ?
01:38:50 C'est difficile.
01:38:52 Mais attendez, si c'est difficile à faire respecter dans une prison,
01:38:54 je veux pas
01:38:56 prendre mon cas personnel. Moi, pour moi,
01:38:58 quand j'étais incarcéré, on la fait respecter.
01:39:00 Un horrier de plus, j'avais pas le droit.
01:39:02 Une couverture de plus, j'avais pas le droit.
01:39:04 J'étais fouillé, ma cellule fouillée,
01:39:06 toutes les semaines. Moi, fouille à corps,
01:39:08 toutes les semaines. Donc quand on veut, on peut.
01:39:10 Je le reproche pas, c'est les règlements. - Mais c'est pas le cas pour tout le monde ?
01:39:12 - Non, bien sûr que non.
01:39:14 D'ailleurs, les surveillants étaient très gênés.
01:39:16 C'est pour ça que j'ai beaucoup, beaucoup de respect pour les surveillants.
01:39:18 Les surveillants étaient très gênés.
01:39:20 Ils me disaient "Monsieur Botton, je suis désolé, c'est encore vous,
01:39:22 excusez-moi, je sais que je vais rien trouver, mais bon..."
01:39:24 - Vous êtes le seul au sein du galant, on va rien...
01:39:26 - Pourquoi ça ? Parce que si vous voulez,
01:39:28 si jamais ils contrôlent un gars qui a quelques moyens à l'extérieur
01:39:32 et qui les fait suivre, ça va pas se passer tout à fait de la même façon.
01:39:35 Mais vous savez, j'ai entendu tellement de choses
01:39:37 que je me limite à certaines choses.
01:39:39 Parce que si je disais, c'est la réalité de ce que j'ai entendu
01:39:42 et dont je vois, je visualise tous les jours,
01:39:45 tous les jours, les effets et la réalité.
01:39:48 Il y a des choses que je ne croyais pas quand j'étais incarcéré.
01:39:51 Il y a des choses que des détenus m'ont dit que je ne croyais pas
01:39:53 quand j'étais incarcéré. Je vous l'avoue, Laurent,
01:39:55 je pensais que ces gens-là étaient des gens qui racontaient des histoires.
01:40:01 Mais tous les jours, je vois que c'est la réalité.
01:40:03 Il y a un magistrat qui dit que c'est la corruption qui l'envahit.
01:40:06 Et Mme Ferrari, la corruption, elle n'envahit pas que les surveillants.
01:40:11 Elle n'envahit pas que les surveillants.
01:40:13 - C'est-à-dire ? Qu'est-ce que vous entendez ?
01:40:15 Elle envahit les magistrats ?
01:40:17 - Je sais pas, moi je regarde l'actualité comme tout le monde.
01:40:19 Il y a une magistrate qui a été en Corse,
01:40:21 il y a une mère à Vallon, je crois,
01:40:24 qui a été en prison, il y a un directeur de prison
01:40:27 qui a été pris pour corruption.
01:40:30 Voilà. Donc je ne fais que lire l'actualité.
01:40:34 Moi, vous savez, je ne parle que de ce que je vois.
01:40:37 Et tout ce que je vous raconte, je l'ai vu.
01:40:39 Je vais raconter une petite anecdote.
01:40:41 - La dernière. - La dernière.
01:40:43 Je suis un jour au service médical, il y a un surveillant qui est là,
01:40:45 et il me fait, vous savez, "Ah, M. Botton, je vous ai connu il y a 25 ans,
01:40:49 pfff, les choses ont beaucoup changé."
01:40:51 "Non, mais maintenant, c'est les détenus qui protègent les surveillants."
01:40:56 Je lui dis, "C'est rigolo, vous avez fait une erreur, vous avez inversé."
01:40:59 Elle me dit, "Non, non, j'ai pas inversé, M. Botton.
01:41:02 Aujourd'hui, c'est les détenus qui protègent les surveillants."
01:41:04 Voilà où on en est.
01:41:06 Il faut agir vite, parce que ça, ça va remonter dans tous les territoires, madame.
01:41:11 Vous allez faire Marseille, ça va remonter dans les campagnes, dans nos campagnes.
01:41:14 Et nos enfants.
01:41:16 - Témoignage édifiant de Pierre Botton.
01:41:18 Merci beaucoup d'être venu ce soir dans Punchline,
01:41:20 sur Europe 1 et C News.
01:41:21 Merci Geoffroy Lejeune, Vincent Herouette, Edris, Gali.
01:41:23 Dans un instant, sur Europe 1, c'est Pierre De Villeneuve qui vous attend.
01:41:26 Bonsoir, Pierre. Vous allez revenir sur la situation en Nouvelle-Calédonie, c'est cela ?
01:41:29 - Exactement, avec l'état d'urgence qui va être décrété dans une heure.
01:41:33 Et puis, nous recevrons également l'avocat Arnaud de Sénil,
01:41:36 qui publie "Le monde tel qu'il est",
01:41:38 et qui s'en prend notamment au climato-sceptique.
01:41:40 - Merci, Pierre De Villeneuve.
01:41:41 19h21, NAR sur Europe 1.
01:41:43 Demain, à 8h10, sur Europe 1 et C News,
01:41:45 mon invité sera Michel Onfray.
01:41:47 Et tout de suite, sur C News,
01:41:48 vous avez rendez-vous avec Christine Kelly pour "Face à l'infopod".
01:41:50 Soirée à vos centres des antennes. À demain.
01:41:52 - Sans chichons.
01:41:53 ♪ ♪ ♪