En route pour Mars _ ARTE Regards

  • il y a 4 mois
Persuadé que le premier humain qui foulera le sol de Mars est déjà né, l’astrophysicien Gernot Grömer oeuvre activement à la réalisation de ce rêve d’ici 20 à 30 ans. Pour préparer de futures expéditions, il organise des stages permettant aux candidats astronautes de se familiariser avec un environnement similaire à celui de la "planète rouge".

La recherche spatiale est en plein boom. L’astrophysicien Gernot Grömer a fondé le forum de l’espace ÖWF, qui vise à faire avancer la recherche spatiale en Autriche. Au siège de l’association à Innsbruck, des passionnés travaillent depuis de dix ans sur un simulateur de vol. Selon Gernot Grömer, il s’agit de loin du meilleur appareil de ce type, qui permettra à terme de reproduire les conditions dans lesquelles les humains vivront et travailleront sur Mars.

Parallèlement, l’ÖWF et l’agence spatiale arménienne conduisent la mission de simulation Amadee-24 dans la région d’Ararat, où les conditions géologiques sont assez proches de celles de la "planète rouge". Un mois durant, des astronautes et une équipe de base y simuleront une mission sur Mars. Outre ses recherches sur Mars, l’ÖWF travaille sur un projet de nano-satellite permettant de collecter les débris spatiaux qui jonchent l’orbite terrestre. L’an dernier, le modèle Adler 2 a été mis en orbite via une fusée de la société SpaceX d’Elon Musk.

L’ingénieur en aérospatiale Stefan Brieschenk est bien décidé à s’affranchir de SpaceX. En 2018, il a créé la Rocket Factory Augsburg. Avec son équipe, il travaille en Allemagne et en Suède sur une fusée qui devrait bientôt permettre de lancer des satellites depuis l’Europe, qui plus est à un prix abordable.
Transcript
00:00 C'est dans la région de Lararat, en Arménie, que s'entraîne le Forum spatial autrichien
00:10 en vue de coloniser la planète rouge.
00:12 C'est la toute dernière station de simulation martienne.
00:20 Pendant un mois, une équipe de 6 astronautes analogues va effectuer des tâches que des
00:26 humains feront à leur tour dans 20 à 30 ans sur Mars.
00:30 Autrement dit, on va voir un petit aperçu de l'avenir.
00:36 Une équipe internationale d'astronautes teste de nouveaux appareils.
00:43 Il s'agit de détecter d'éventuelles sources d'erreurs qui pourraient être fatales dans
00:46 l'espace.
00:47 Je pense qu'il est temps qu'on aille sur Mars.
00:58 C'est une destination qui fait rêver.
01:00 Un jour, il y aura des villes sur cette planète.
01:03 J'en suis intimement convaincu.
01:05 Et ici, on fait les premiers pas, comme un bébé qui apprend à se déplacer à quatre
01:10 pattes avant de savoir marcher.
01:12 Tout est mis en œuvre pour que le voyage sur Mars ne se transforme pas en mission suicide.
01:17 Le Forum spatial autrichien a son siège dans la zone industrielle d'Innsbruck.
01:44 L'astrophysicien Gernot Grömer dirige les préparatifs pour la prochaine mission de
01:54 simulation sur Mars.
01:56 On va retirer le casque pour vérifier tous les capteurs et le câblage, et voir si on
02:03 peut éventuellement améliorer le routage.
02:05 Tu peux l'enlever ?
02:06 Le simulateur de combinaison spatiale doit bénéficier de fonctions supplémentaires.
02:11 C'est un véritable arsenal, cette combinaison.
02:15 Elle sert à mesurer un tas de données, à commencer par l'électrocardiogramme des
02:19 astronautes.
02:20 Mais elle permet aussi de faire des choses toutes simples, manger, boire ou aller aux
02:23 toilettes par exemple.
02:25 On veut éviter à tout prix que les astronautes éternuent dans leur combinaison, parce que
02:29 ce serait une vraie catastrophe.
02:30 Alors on a ici un morceau de tissu qui permet de se frotter le nez.
02:34 Avec la combinaison, on ne peut pas se gratter le nez.
02:37 Ce sont des détails qui ne sont pas spécialement high-tech, mais une fois dans l'espace,
02:42 on se rend compte qu'il facilite énormément la vie des astronautes.
02:46 Depuis plus de dix ans, les scientifiques tentent d'optimiser cette combinaison.
02:51 Ils vont maintenant l'équiper de capteurs, afin de mesurer la pénibilité des tâches
02:57 que les astronautes accompliront lors de la prochaine mission de recherche.
03:00 Ce simulateur de combinaison est unique en Europe.
03:05 C'est de loin le meilleur modèle du genre pour simuler les forces physiques auxquelles
03:09 les astronautes sont soumis au cours d'une journée, et voir comment ils peuvent vivre
03:13 et travailler sur Mars.
03:15 Gernot Grömer était encore un enfant lorsqu'il a observé pour la première fois l'espace
03:20 à travers un télescope.
03:21 Pour réaliser son rêve d'explorer les étoiles, il est devenu astronaute analogue,
03:28 c'est-à-dire qu'il effectue des recherches spatiales depuis la Terre.
03:33 On pense que d'ici 20 à 30 ans, des êtres humains atterriront sur la planète rouge.
03:39 Ça signifie que le premier qui posera le pied sur Mars est déjà né.
03:44 Nous sommes la génération des constructeurs, ceux qui permettront, grâce à ces équipements,
03:50 d'entreprendre un jour le voyage le plus complexe et le plus dangereux de toute l'Histoire
03:54 pour découvrir un nouveau monde.
03:56 On installe l'exosquelette qui permet de simuler les pressions auxquelles les astronautes
04:02 seront exposés sur Mars.
04:06 Quand je lève la main, je suis en position neutre, ma main ne retombe pas.
04:12 Maintenant, si je serre le poing, j'ai besoin d'un peu plus de force qu'en temps normal.
04:16 Grâce à ce dispositif, je peux simuler avec précision la charge à laquelle une combinaison
04:21 spatiale serait soumise sur Mars du fait de la pressurisation.
04:25 Depuis que des milliardaires comme le visionnaire de la Tech Elon Musk se sont mis à construire
04:31 des fusées et ont découvert que l'espace était un marché d'avenir, le secteur est
04:36 en plein boom.
04:37 En Europe aussi, de nombreuses start-up ont vu le jour et elles veulent leur part du gâteau.
04:43 Stéphane Brichenck se rend sur un site militaire désaffecté.
05:03 Fondateur et chef de développement de Rocket Factory à Augsburg, il travaille à la construction
05:09 d'une fusée qui doit un jour transporter des satellites dans l'espace.
05:14 Pour éviter les coûts d'une installation de tests certifiés, il loue un ancien bunker
05:19 de munitions.
05:20 Dans cette start-up, on aime improviser.
05:23 Qu'est-ce que vous avez fait avec le couplage ? Vous l'avez modifié ?
05:29 Oui, c'est le même flexible que sur un hélicoptère.
05:33 Aujourd'hui, on a fait un test très important pour savoir si cette turbopompe a les performances
05:43 requises.
05:44 Si ce n'est pas le cas, la fusée ne volera pas en orbite.
05:49 C'est parti !
05:51 Durant le test, un ancien moteur d'hélicoptère fait tourner la pompe.
05:57 La fusée doit être proposée plus tard à un prix défiant toute concurrence.
06:02 Super ! Au son, ça a l'air top.
06:08 Face au risque d'explosion, tout le monde doit s'éloigner.
06:11 Stéphane peut savoir au bruit si la pompe atteint les performances souhaitées.
06:19 Le test s'est très bien passé.
06:31 C'était un bon investissement.
06:33 On collecte des données, la turbopompe s'améliore, le réacteur aussi.
06:39 On sera bientôt prêt à voler en orbite.
06:42 Le siège de Rocket Factory à Augsbourg se trouve à 30 kilomètres de là.
06:49 Stéphane a créé l'entreprise avec un associé en 2018, à tout juste 33 ans.
06:54 250 experts de 40 nationalités différentes planchent sur la conception de la fusée qui doit décoller cet été.
07:03 La start-up est financée avec le capital risque des investisseurs,
07:09 le principe étant de réduire systématiquement les coûts au minimum.
07:13 Bien sûr, notre projet se distingue des autres par de nombreux détails techniques.
07:18 Par exemple, on a ici une cuve de stockage de bières comme on en trouve dans une brasserie.
07:22 Aller dans l'espace avec une cuve de bière en acier inoxydable, l'idée provient de l'intelligence artificielle.
07:30 Pour le reste, les ingénieurs préfèrent recourir à des pièces issues de l'industrie automobile ou produites avec une imprimante 3D.
07:37 Avant de fonder son entreprise, Stéphane a étudié la construction aérospatiale en Australie et travaillé 10 ans dans le secteur.
07:48 Le moteur de la fusée est la pièce maîtresse. C'est un miracle de la physique qu'il puisse fonctionner.
07:56 De manière générale, c'est vraiment prodigieux que l'astronautique existe.
08:02 Personne n'aurait pu l'imaginer.
08:05 Beaucoup de mathématiciens disaient qu'on ne pourrait jamais aller dans l'espace, qu'avec les lois de Dieu, il était totalement impossible d'explorer l'univers.
08:13 Puis, il y a un peu plus de 60 ans, les Russes ont montré qu'on pouvait bel et bien envoyer un satellite en orbite.
08:20 Et après, l'astronautique a explosé.
08:23 Son père était lui-même ingénieur. Il construisait des hélicoptères.
08:29 Stéphane vise encore plus haut. Et pour cela, il a choisi la discipline reine de l'ingénierie.
08:36 Selon lui, il n'y a rien de plus difficile que la construction de fusées. C'est le nec plus ultra des passionnés de technologie.
08:44 On va explorer l'espace et aller toujours plus loin.
08:47 Même si les chances d'y arriver sont encore très faibles, on trouvera le moyen de voyager dans le cosmos, d'en apprendre davantage,
08:54 et de répondre à ces grandes questions. Pourquoi existons-nous ? Qu'est-ce que nous faisons là ?
09:01 [Musique]
09:04 Stéphane aime passer ses soirées et ses week-ends à son établi.
09:16 En général, je suis ici tous les jours jusqu'à minuit.
09:24 Sans ça, je ne pourrais pas vivre. Sans cet atelier, je ne tiendrais pas.
09:29 J'ai besoin de bricoler.
09:32 Je veux passer le plus de temps possible ici pour faire avancer la science.
09:39 Stéphane est convaincu que les nouvelles technologies vont améliorer notre vie sur Terre.
09:45 La journée, il construit des fusées, et le soir, il essaye de révolutionner les moteurs automobiles.
09:53 Je travaille sur ce moteur depuis un bon bout de temps. Ça fait maintenant presque dix ans que je suis dessus.
09:59 Ça paraît fou, mais là, pour la première fois, j'ai pu démontrer qu'il fonctionnait.
10:04 Il n'émet absolument aucun gaz d'échappement. En gros, c'est un moteur à combustion doté de la technologie spatiale.
10:10 À l'atelier de l'entreprise, on construit des fusées comme des voitures, et ici, chez moi, je construis des voitures comme des fusées.
10:17 L'idée est de créer un moteur à combustion propre, de rendre possible l'impossible sur Terre et dans l'espace.
10:24 Comme Elon Musk, Stéphane est persuadé que l'être humain va devenir une espèce intergalactique.
10:30 C'est évidemment super important que l'humanité parvienne à installer quelque part sur une autre planète, une base qui soit habitée en permanence.
10:40 C'est la première étape.
10:43 Mars, la Lune, il y a différentes destinations en vue, mais ça paraît complètement logique d'aller sur Mars.
10:49 Une sablière en Haute-Autriche.
10:54 C'est ici que Gernot Grömer présente au public le prochain projet du Forum spatial autrichien.
11:00 Loin de tout romantisme futuriste, on considère l'espace comme un marché de plusieurs milliards, et l'Autriche ne peut pas passer à côté.
11:10 Une mission analogue va bientôt être lancée près d'Erevan, la capitale de l'Arménie.
11:14 L'aérospatiale « Made in Austria » pourrait bien s'imposer un jour ou l'autre, et avec cette mission, on lance peut-être le coup d'envoi.
11:23 Les roveurs martiens font particulièrement sensation.
11:30 Ils ont été conçus par des étudiants allemands et autrichiens pour la mission en Arménie.
11:37 Pour ces jeunes, c'est l'occasion de rencontrer les autres groupes et d'échanger avec eux.
11:42 Aujourd'hui, c'est la journée portes ouvertes « Ready for Space ». On s'entraîne pour l'Arménie.
11:51 Tout n'est pas encore au point, mais c'est justement pour ça qu'on organise ces séances.
11:56 Il nous reste cinq mois pour régler les bugs et autres petits problèmes.
12:00 L'habillage des astronautes peut prendre jusqu'à trois heures.
12:06 Annika Mellis est équipée de l'exosquelette qui permet de simuler la pression sur Mars.
12:12 Chez moi, j'ai lu dans le journal que le Forum spatial autrichien cherchait de nouveaux astronautes analogue.
12:22 Comme je suis passionnée d'astronautique, je suis allée sur le site web et je me suis dit, il faut absolument que je tente le coup.
12:31 Annika a étudié la microbiologie et l'ingénierie environnementales.
12:36 Comme tout le monde ici, elle est astronaute analogue à ses heures perdues.
12:41 Elle vient de Plauern, dans l'est de l'Allemagne. Son coéquipier du jour est italien.
12:47 Je me réjouis de participer à cette aventure. Je me demande comment ça va se passer avec tous les capteurs.
12:53 On a fait quelques tests pour voir à quels endroits ils exercent une pression et comment on peut les utiliser au mieux.
12:59 Les capteurs que les astronautes portent sous leur combinaison d'environ 50 kg servent à mesurer l'énergie déployée durant la mission.
13:06 Pour cela, ils reçoivent des consignes.
13:10 Dirige-toi lentement vers le point 2. Tu peux faire une pause ou y aller directement.
13:15 Un premier essai qui sera approfondi prochainement sur les hauts plateaux d'Arménie.
13:22 Je ne sais pas si ça se voit, mais je suis en neige.
13:25 L'intérieur de la combinaison est très chaud. Il doit faire autour de 32 degrés.
13:30 Et c'est très lourd, donc chaque mouvement est épuisant.
13:34 Mais je suis très contente parce que les capteurs ont très bien fonctionné et le visuel aussi.
13:39 Bref, on a fait ce qu'on avait prévu de faire et c'est super.
13:43 Tout se déroule en un instant.
13:48 Tout se déroule à merveille. Reste à savoir si ce sera pareil en Arménie.
13:55 A plus de 3000 kilomètres de là, tout au nord de la Suède, près du Cercle Polaire.
14:04 Stéphane se rend au centre spatial d'Essrange.
14:11 Dans cette région qui compte plus de rennes que d'habitants, Rocket Factory teste ses moteurs de fusée en conditions réelles.
14:18 Depuis trois ans, on effectue des tests de grande ampleur ici.
14:32 Ce sont même les essais les plus importants et les plus dangereux qui n'ont jamais été réalisés sur ce site.
14:38 Ce sont les plus grands tests qui ont été réalisés ici.
14:41 La première base spatiale d'Europe est isolée dans les forêts givrées.
14:48 Rocket Factory a loué ce terrain pour mener ses expériences.
14:54 Aujourd'hui, le réacteur à hélices conçu en Allemagne passe au banc d'essai.
15:01 Il va subir un test à haute température,
15:05 pour savoir qu'on va l'allumer comme lors du lancement réel d'une fusée,
15:08 afin de vérifier ses performances.
15:11 Je veux contrôler tout ce qui a été fait et comment ça a été fait.
15:16 Je vais passer en revue tous les changements qui ont été apportés,
15:20 pour qu'on puisse procéder aujourd'hui à ce test à la conscience tranquille.
15:24 Tout est prêt. Il faut juste exécuter encore quelques séquences d'essais parce qu'il fait très froid aujourd'hui.
15:34 Le test d'aujourd'hui ne doit pas capoter.
15:36 Il faut impérativement que ça marche.
15:39 Vous voyez ici l'aboutissement de cinq ans de travail.
15:43 Les moteurs numéro 2 et 3, construits par notre équipe, sont sur la salette.
15:49 Si les choses tournent mal, ce sont cinq années d'efforts qui partiront en fumée.
15:55 Si on se plante aujourd'hui, je monte là-haut et je fais le grand saut.
16:00 Tu vas rester tranquillement ici.
16:03 Je vais rester tranquillement.
16:06 L'entreprise dépend des fonds des investisseurs, qui veulent voir rapidement des résultats positifs.
16:11 À partir de ce soir, et jusqu'à demain matin, l'espace aérien au-dessus du centre spatial d'Essrange sera fermé.
16:23 Le réacteur a une puissance de 500 000 chevaux.
16:28 Ce test à haute température s'avère crucial pour le futur lancement de la fusée.
16:34 Le niveau de sécurité est maximal.
16:36 Avant d'allumer le moteur, on évacue le site.
16:41 Ça ne peut pas être pire qu'aujourd'hui.
16:48 On est au beau milieu de la nuit, il fait -30°C et le froid nous transperce les os.
16:53 On se souviendra encore de cette journée dans une semaine.
16:56 Il ne faut pas croire qu'on oubliera tout ça du jour au lendemain.
17:00 Pendant que les uns quittent le terrain, les autres effectuent les dernières vérifications du système.
17:06 Mais soudain, un imprévu.
17:10 On ne peut pas continuer.
17:14 Il y a un régulateur qui est chaud, mais ça ne suffit pas si on le met sous pression.
17:19 C'est la dernière étape avant le décollage.
17:23 C'est une des journées les plus difficiles pour l'espace.
17:27 On s'arrête là pour aujourd'hui. Demain, ça marchera.
17:30 Ok.
17:32 Bienvenue dans l'industrie aérospatiale.
17:41 A 5000 km plus au sud, au pied du mont Ararat, en Arménie,
17:48 la mission du Forum spatial autrichien va commencer.
17:53 Le bureau d'accueil des visiteurs est déjà installé.
17:57 Deux employées arméniennes montent la garde et chassent les indésirables.
18:02 Pour les visiteurs, c'est un grand plaisir de les voir.
18:16 Ils sont très curieux.
18:20 Pendant ce temps, Gernot Grömer se rend sur le site d'essai.
18:24 Mais pourquoi avoir choisi l'Arménie au juste ?
18:28 On sait que cette région présente des structures géologiques
18:32 comparables à celles qu'on trouve sur Mars.
18:35 C'est pour cette raison qu'on est venus ici.
18:47 Après l'enregistrement au village, une autre halte.
18:51 Voici le checkpoint avec une partie du contingent de sécurité.
18:58 Ces hommes sont là 7 jours sur 7 pour contrôler l'accès au site.
19:03 Et au sommet des collines, on a installé des caméras
19:07 pour assurer une surveillance 24 heures sur 24.
19:10 Comme des affrontements ont éclaté l'an dernier dans le Haut-Karabagh,
19:15 l'équipe ne peut pas prendre de risques.
19:17 Si la sécurité est garantie, la mission de recherche spatiale
19:21 n'est pas encore tout à fait au point, malgré des préparatifs minutieux.
19:25 Le partenaire américain n'a pas terminé l'installation de l'infrastructure.
19:30 La connexion Internet pose encore problème.
19:41 Les étudiants ont des difficultés à communiquer avec leurs robots martiens.
19:45 Les équipes de l'université technique de Graz et de l'institut de Würzburg
19:49 cherchent des solutions.
19:52 Il faut augmenter le débit. Un gigaoctet peut-être ?
19:56 Un gigaoctet, c'est très peu.
19:59 Ça devrait être là, mais il ne se passe pas grand-chose.
20:03 Si la communication n'est pas aisée sur Terre,
20:06 on peut se demander ce qu'il en sera dans l'espace.
20:10 En attendant, le rover de l'université de Graz se met en marche.
20:14 Le voyage sur Mars n'est pas pour demain.
20:17 Mais l'objectif à l'université est d'étudier les bases.
20:21 Et donc, c'est important de tester les différents composants.
20:25 Les rovers, conçus par leur soin, doivent explorer le terrain inconnu
20:29 en étant télécommandés depuis l'habitat.
20:32 Ici, tout le monde bénéficie de subventions nationales et européennes,
20:36 de fonds de l'Agence spatiale européenne et de dons privés.
20:40 Ce n'est pas simple.
20:42 Dans l'état actuel de nos connaissances et de nos compétences,
20:45 ce serait très dangereux d'aller sur Mars.
20:48 Et ce ne serait sûrement pas très productif sur le plan scientifique.
20:51 Alors, dans ces conditions très proches de celles qui règnent sur la planète rouge,
20:54 on doit apprendre à utiliser au mieux nos ressources.
20:57 Et c'est vraiment passionnant.
21:00 Mais les travaux de recherche ont pris du retard.
21:03 Car l'habitat destiné aux astronautes analogues n'a pas été livré dans les délais.
21:08 Aïk Aslanian, directeur de l'Agence spatiale arménienne,
21:10 a été confronté à des défis inattendus.
21:13 Maintenant, tout le monde met la main à la pâte.
21:20 Gernot préfère ne pas parler du lancement difficile de la mission.
21:23 Il faut dire qu'il avait tout soigneusement préparé.
21:27 Annika Mellis, l'astronaute analogue, avait elle aussi imaginé les choses autrement.
21:30 Bien sûr, c'est stressant.
21:34 Mais c'est toujours comme ça.
21:37 Les premiers jours, tout n'est pas encore parfaitement rodé.
21:40 Malgré tout, je n'avais encore jamais compris
21:43 que la Terre était un endroit où on pouvait aller.
21:46 Et que les choses se passent de la même manière.
21:49 Et que les choses se passent de la même manière.
21:53 Malgré tout, je n'avais encore jamais connu une situation pareille.
21:57 Si certains déplorent quelques couacs,
22:01 d'autres mettent de l'ardeur à la tâche.
22:04 Deux collaboratrices arméniennes installent le Wi-Fi.
22:09 Je m'intéresse à l'espace.
22:15 Je fais des études d'ingénieur.
22:18 Mon objectif est de travailler dans l'industrie aérospatiale.
22:22 Quand on était enfants, on voulait tous devenir astronaute.
22:24 On a envie de tout explorer.
22:27 C'est pour ça qu'on est passionnés par la science.
22:30 Aïk Aslanian a lui aussi de grands projets.
22:33 À l'époque soviétique, les Arméniens ont participé
22:36 à la construction du premier satellite, le Spoutnik,
22:39 et du premier rover martien.
22:42 Ils espèrent que cette mission va donner un nouvel élan
22:45 à l'astronautique.
22:49 Il faut avoir de grandes ambitions.
22:51 Quand on regarde le mont Ararat, on voit comme il est haut.
22:54 Eh bien, on doit rêver encore plus haut.
22:57 Sinon, je ne vois pas l'intérêt de vivre.
23:00 À la fin de la journée,
23:03 le rover de l'université de Graz est remis au forum spatial.
23:06 Les premiers essais sont encourageants,
23:09 et les étudiants arméniens se sentent bien.
23:12 Le rover est un peu plus grand que le satellite.
23:15 Il est plus large que le satellite.
23:18 Et les étudiantes arméniennes veulent-elles aussi en profiter ?
23:20 Retour en Suède.
23:33 Ici, le thermomètre a fait un bond en avant,
23:36 passant de -30 à -15 degrés.
23:39 Une température presque printanière.
23:42 Aujourd'hui, on ne peut plus invoquer le froid.
23:46 Mais on va réussir.
23:48 Stéphane est à la recherche du régulateur de pression
23:52 qui a causé des problèmes hier.
23:55 Le Néo-Zélandais Jonathan doit s'en occuper.
23:58 Normalement,
24:06 ça marche par -15 degrés.
24:09 On est en retard ?
24:12 Non, tout va bien.
24:15 C'est un câble de chauffage qu'on a préparé ce matin.
24:17 Il permet de s'assurer que le régulateur reste suffisamment chaud
24:21 et que tous les joints sont en bon état.
24:24 C'est dommage qu'hier, on n'ait pas pu faire nos tests à cause de ça.
24:27 Stéphane apporte lui-même le régulateur de pression
24:32 qui est à présent muni d'une meilleure isolation thermique.
24:35 Il ne veut rien laisser au hasard.
24:39 Maintenant, ça m'a l'air bien.
24:41 Prêt pour le test à haute température.
24:44 Tout est minutieusement préparé.
24:48 Si la moindre pièce est défaillante,
24:51 l'installation entière peut prendre feu.
24:54 C'est vraiment extraordinaire
24:58 de participer à un projet comme celui-ci.
25:01 C'est un projet qui a été fait en 2014.
25:04 C'est un projet qui a été fait en 2015.
25:08 Il y a très peu de missions aussi motivantes
25:10 que le lancement d'une fusée.
25:13 Tout le monde est au taquet.
25:16 Il n'y a rien de plus important pour eux.
25:19 Dans la salle de contrôle,
25:22 le chef d'équipe Robin Dunsen donne les dernières instructions.
25:25 Ne quittez pas la pièce.
25:28 Ne parlez pas. Concentration maximale.
25:31 Le test est lancé.
25:37 Les vannes sont ouvertes.
25:40 Tu comprends ?
25:42 9, 8, 7, 6,
25:45 5, 4, 3,
25:48 2, 1, 0.
25:51 Mission.
25:54 Mission.
25:56 Mission.
25:59 Mission.
26:02 Mission.
26:05 Mission.
26:08 Mission.
26:11 Soudain, le processus ralentit.
26:14 Encore un problème ?
26:17 Le but était d'arriver à 160 secondes.
26:23 Sur la caméra,
26:25 j'ai vu que quelques capteurs avaient été emportés.
26:28 Sans doute soufflés par le gaz.
26:31 C'est pour cette raison, je pense,
26:34 qu'ils n'ont pas pu fonctionner.
26:37 Au bout de 20 secondes,
26:43 le contrôleur a arrêté le test.
26:46 L'astronautique, c'est très dur.
26:49 On est toujours sur le fil.
26:52 Pour être ingénieur, on doit tout tester le plus souvent possible
26:54 pour repousser au maximum les limites.
26:57 L'opération a été interrompue par mesure de sécurité.
27:01 Le système de contrôle a fonctionné.
27:04 Malgré l'énorme énergie déployée,
27:07 l'installation a résisté.
27:10 Mais l'objectif était d'atteindre les 160 secondes.
27:14 Une aurore boréale brille au firmament.
27:16 Là-haut, dans cette zone de l'atmosphère
27:19 que Stéphane aimerait traverser un jour avec sa fusée.
27:22 Dans l'aérospatiale, l'euphorie et la déception vont de pair.
27:29 Pour travailler ici, il faut une certaine résistance à la frustration.
27:32 L'espace est un lieu de réflexion.
27:35 L'espace est un lieu de réflexion.
27:38 L'espace est un lieu de réflexion.
27:42 Même pour Elon Musk,
27:44 toutes les tentatives ne sont pas couronnées de succès.
27:47 Toute la technologie liée aux fusées est extrêmement complexe.
27:53 On repousse tellement les limites
27:57 que chaque jour, on est à deux doigts de transgresser les lois établies par Dieu
28:00 ou par celui qui a créé l'univers.
28:03 On se rend compte que ces lois tiennent bon,
28:06 mais qu'on va beaucoup plus loin qu'on ne l'aurait imaginé.
28:09 On se rend compte de ça.
28:11 Retour dans le semi-désert d'Arménie.
28:15 Ici, la conquête de Mars a déjà commencé.
28:18 Même si l'habitat n'est toujours pas terminé,
28:21 deux astronautes analogues se préparent à leur première mission.
28:24 Une fois que tout sera installé,
28:30 une équipe de six personnes vivra isolée dans ces locaux pendant quatre semaines.
28:33 Et il leur faudra enfiler cette combinaison pour chaque sortie.
28:38 Aujourd'hui, on va explorer un peu les environs de l'habitat
28:40 et voir ce que ça fait de marcher sur le sol.
28:43 On va prendre des photos
28:46 et faire un petit tour en quad pour vérifier que tout fonctionne bien.
28:49 Bref, ce sera un premier test.
28:52 Même s'ils n'iront sans doute jamais sur la planète rouge,
28:55 ils ont le sentiment de participer à la grande aventure de l'espace.
28:58 C'est un peu comme un voyage dans l'espace.
29:03 On va voir ce qu'il y a à l'intérieur.
29:07 Lorsque l'expédition sur Mars aura réellement lieu,
29:09 je serai peut-être déjà à la retraite et je dirai
29:12 « C'est moi qui ai mis les vis dans le temps ».
29:15 Mais mes jeunes collègues, eux, seront au milieu de leur carrière professionnelle.
29:18 Et aujourd'hui, ils ont créé une passerelle vers l'avenir.
29:21 Beaucoup pensent d'ailleurs que c'est un privilège de pouvoir collaborer à ce projet.
29:27 L'arménie a injecté plus d'un million d'euros dans cette mission
29:30 et l'Autriche un peu moins d'un million.
29:33 On sent ici toute la fascination qu'exerce l'espace intersidéral.
29:37 Les spectateurs sont émerveillés en voyant les deux créatures
29:40 qui se trouvent dans l'espace.
29:43 C'est un peu comme un voyage dans l'espace.
29:46 Mais on ne peut pas dire que c'est la première fois
29:49 que l'on voit les deux créatures ensemble.
29:53 Les spectateurs sont émerveillés en voyant les deux créatures en combinaison d'argent
29:57 évoluer parmi eux et prendre la pose.
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