• il y a 7 mois
Collectionneurs ou vaporistes, modélistes ou constructeurs professionnels, une même passion réunit les amateurs de trains électriques. Dans les jardins japonais ou dans les sous-sols américains, des clubs se créent, qui rivalisent de créativité et d'habileté. Certains mettent l'accent sur le gigantisme, comme cet amateur du New Jersey qui a consacré une grande partie de son existence à la construction du plus grand réseau miniature au monde. D'autres privilégient les décors, s'amusant à reproduire à petite échelle des lieux réels et des scènes de la vie quotidienne. On trouve de tout dans le monde merveilleux des trains électriques, où se confondent modèles et originaux, grands et petits.

Category

Personnes
Transcription
00:00 Tous les petits garçons, européens, américains ou asiatiques, ont joué au moins une fois
00:12 dans leur vie au train électrique.
00:14 Certes, beaucoup, en vieillissant, passent à autre chose, mais d'autres conservent
00:19 cet enthousiasme tout au long de leur vie d'adulte.
00:22 Ils rejoignent alors l'immense univers des passionnés du modélisme ferroviaire.
00:28 Immense d'abord géographiquement, car le soleil ne se couche jamais sur le monde des
00:33 trains miniatures.
00:34 On trouve des adeptes à Bruxelles comme à Los Angeles ou à Tokyo.
00:37 Et ils se divisent en deux grandes familles.
00:40 D'un côté, ceux qui s'intéressent à faire rouler leurs trains en construisant
00:44 des circuits, et de l'autre, le monde des collectionneurs qui ne voient dans leurs locomotives
00:49 que des objets à mettre en vitrine.
00:51 Et bien sûr, autour de ces passionnés gravite une multitude de professionnels.
00:56 Le monde du modélisme ferroviaire regorge ainsi de boutiques spécialisées ou de foires
01:01 expositions qui sont autant d'occasions de se retrouver entre adeptes.
01:05 Le tout financé par la dizaine de grands fabricants mondiaux qui soumettent les amateurs
01:12 à la tentation d'une offre perpétuellement renouvelée.
01:15 Un univers, vous dis-je, sur lequel nous allons jeter quelques coups de projecteurs, forcément
01:22 injustes et arbitraires, tant cette galaxie est vaste.
01:26 Tokyo, Japon, et devant nous, Michel Théoval, cadre français expatrié.
01:49 Dans son grand sac bleu, les quelques wagons et locomotives qu'il a décidé de faire
01:54 rouler aujourd'hui.
01:55 Car il se rend, comme tous les dimanches matins, à la réunion de son club de modélisme.
02:00 Le club, comme beaucoup d'autres dans le monde, a sa personnalité propre, c'est-à-dire
02:10 le thème autour duquel il s'est constitué.
02:12 Ici, c'est le caractère international et l'exactitude historique du matériel roulant.
02:17 Ça, c'est le train de nuit qui va à Hokkaido, ça.
02:23 Le Blue Train.
02:25 De Ueno à Hokkaido.
02:27 Et comme à Hokkaido, il n'y a pas de ligne électrique, ils mettent des diesels couplés.
02:30 Très joli, aménagé.
02:35 Et sur le réseau à voies étroites, il y a un autorail des chemins de fer de Provence.
02:39 Ça va de Nice à Dignes.
02:42 Le modélisme ferroviaire, c'est le rêve.
02:47 Parce que le train, c'est vraiment le voyage, le départ.
02:52 Et pour des gens qui ont voyagé et qui rêvent de voyager encore, par exemple pour ses amis
02:59 japonais, jouer avec des trains européens, c'est déjà se retrouver un peu en Europe.
03:04 Et pour les gens qui ont parcouru un peu le vaste monde, c'est intéressant d'avoir
03:09 des trains de différentes nationalités.
03:12 D'autant que les techniques ferroviaires, jusqu'à une date assez récente, étaient
03:15 très typées.
03:16 C'est comme les costumes régionaux en Europe.
03:19 Par exemple, un autorail allemand ancien, il y a une construction vraiment typique qui
03:27 correspondait à des solutions adoptées par des ingénieurs qui avaient certes des contacts
03:32 avec les pays à côté, mais qui avaient leurs propres idées sur la façon de faire
03:35 des autorails.
03:36 C'est un autorail à essence, je pense.
03:38 Est-ce qu'il faut s'intéresser au vrai train pour s'intéresser au modèle réduit ?
03:42 Je crois, oui.
03:44 Certaines personnes qui jouent avec des trains miniatures sont des véritables experts en
03:48 matière de trains réels aussi.
03:49 Voici l'Estrela.
03:50 Il est peint d'une façon très particulière, en jaune et bleu.
03:56 Le wagon postal, lui, est peint en jaune, aux couleurs de la poste royale espagnole.
04:02 Ce train allait d'Hiroune, en Espagne, jusqu'à Paris.
04:11 Et on changeait les essieux pour adapter l'écartement.
04:15 Vous remarquerez que ce club étant très branché matériel roulant, wagon, locomotive,
04:21 le décor des voies reste sommaire.
04:25 Tout à l'heure, dans d'autres clubs, vous verrez que ça peut être exactement l'inverse.
04:29 Moi, en Europe, je fais partie d'un club qui s'appelle CFO, qui vient juste le contraire.
04:35 C'est des gens qui s'intéressent aux trains extra-européens, et plus particulièrement
04:39 vers l'est, puisque le club s'appelle Chouinefer de l'Est européen et de l'Orient.
04:44 C'est-à-dire que ça couvre exactement ce qu'on apprend à faire ici.
04:46 Le Rostar, là, il fait du 250 km/h en France, mais seulement 110 en Angleterre.
04:58 Et quand le temps le permet, le club se transporte tout entier à l'extérieur.
05:19 Le club regroupe une trentaine de membres, et la moyenne d'âge est assez élevée,
05:26 comme souvent dans le modélisme ferroviaire de par le monde.
05:29 Les membres du club peuvent venir quand ils veulent.
05:37 On se réunit en général le dimanche.
05:42 C'est un fonctionnement très libre.
05:48 Tout le monde, même les amis non-membres du club, peuvent venir et jouer au train.
05:57 Les rails et les modèles réduits sont importants, mais ne sont pas tout.
06:05 Le décor aussi fait partie du jeu.
06:08 Comme nous jouons dans un jardin, les arbres et l'herbe forment un arrière-plan naturel.
06:13 Je ne sais pas comment ça se passe dans les autres pays, mais je peux vous dire qu'au
06:25 Japon, les petits garçons adorent tout ce qui bouge.
06:28 Les avions, les voitures, les trains.
06:35 Pour ce qui me concerne, je ne sais pas du tout pourquoi j'ai choisi les trains.
06:39 Ça m'est venu très naturellement et depuis toujours.
06:43 Je suis devenu un journaliste.
07:09 Je suis devenu un journaliste.
07:26 Et puis, parce qu'on est en Amérique, c'est la taille des lieux, le grand nombre de membres,
07:47 la qualité du décor et la sophistication technique qui font ici le caractère du club.
07:53 Chaque locomotive a un numéro de code peint sur son flanc.
07:58 Ce code est programmé dans un composant qui est installé à bord de la locomotive.
08:04 Donc, quand nous voulons télécommander une locomotive particulière, par exemple ici
08:09 la 3046, nous tapons son code.
08:12 C'est celle qui est là-bas qui a le numéro 3046.
08:15 Elle est programmée pour ne répondre qu'à ce code.
08:18 Quand je veux télécommander la 3046, je tape son code ici et elle va répondre à mes ordres.
08:24 Ah, ça ne marche pas.
08:27 En fait, avec ce système, les membres du club cohabitent sur le même réseau, mais font
08:32 train à part.
08:33 Chacun suit et contrôle son train personnel, ce qui fait faire de la marche à pied, car
08:39 le réseau est long de presque un demi-kilomètre.
08:45 Le club a pour thème le trafic marchandises.
08:53 Le décor représente donc des gares de triage, des aciéries ou des entrepôts.
08:58 Tout y est, y compris la paperasse.
09:01 Ce sont des bords de route transport.
09:05 Nous simulons le fonctionnement d'une vraie compagnie.
09:07 Aucun wagon ne bouge sans un document indiquant son lieu de chargement et son point d'arrivée.
09:11 C'est exactement comme dans la réalité.
09:13 Ma compagnie de chemin de fer préférée est celle de Santa Fe.
09:25 Pourquoi est-ce votre préférée?
09:27 Je ne sais pas.
09:28 Ça a probablement à voir avec la magie et la mystique de l'Ouest.
09:32 Ouest des cow-boys?
09:34 Oui, peut-être.
09:35 C'était une époque formidable.
09:37 C'est aussi parce que c'était une compagnie qui avait de la classe.
09:40 Malheureusement, elle n'existe plus en tant que telle.
09:45 Elle a été absorbée par une autre compagnie.
09:47 Alors nous, les vrais fanats, en parlons maintenant comme d'un drapeau en berne.
09:54 Les trains qui circulent sur ce genre de réseau sont fabriqués par une petite dizaine de
10:04 marques mondiales de matériel grand public.
10:06 En Europe, les noms les plus connus sont Roco et Fleischmann en Autriche, Rivarossi et Lima
10:14 en Italie, Jouef en France, Marklin et Arnold en Allemagne.
10:20 Et ailleurs, on trouve Kato au Japon ou encore Lionel aux Etats-Unis.
10:26 Pour répondre à la question qui nous intéresse ici, c'est-à-dire comment fabrique-t-on
10:32 industriellement un modèle réduit de train, voici une petite visite de l'usine de la
10:36 société Marklin à Göppingen en Allemagne.
10:40 Le lieu est historique car Marklin revendique d'être la société qui a inventé ici même
10:47 le modélisme ferroviaire.
10:48 Monsieur Gogolais, responsable des relations extérieures.
10:52 C'est en 1859 que l'entreprise de ferblanterie de Theodor Friedrich Wilhelm Marklin a commencé
10:58 à fabriquer des jouets en métal embouti.
11:00 Ses premières fabrications ont été les accessoires de maisons de poupées comme ses
11:04 casseroles et ses réchauds.
11:05 Il a rencontré un tel succès que la fabrication de jouets est devenue l'unique activité
11:09 de l'entreprise.
11:10 Voici la première locomotive Marklin.
11:13 Comme vous pouvez le voir, elle fonctionnait avec un moteur à ressort qu'il fallait
11:16 remonter avec une clé.
11:18 Évidemment, elle ne marchait pas très longtemps et c'était assez limité.
11:21 Elle a été construite en 1891 et on considère généralement que cette date marque la naissance
11:27 du modélisme ferroviaire moderne.
11:29 La compagnie Marklin est forte de 2200 employés sur 4 sites de production en Allemagne.
11:40 Ici à Göppingen, l'usine fabrique des locomotives.
11:43 Nous avons aussi sur ce site le stockage pour l'Europe, le service commercial et le bureau
11:47 d'études.
11:48 Figure à notre catalogue, pas loin de 100 modèles de locomotives et plus de 200 wagons.
11:53 Comment apparaissent les nouveaux modèles ? Ici, comme chez les concurrents, il est
12:07 ultra rarissime qu'un modèle réduit soit une création pure qui ne s'adosse à rien
12:12 d'existant en vraie grandeur.
12:13 Le bureau d'études, très bien équipé, ne fait donc pas de la création mais seulement
12:19 de la copie avec mise à l'échelle.
12:21 La décision de mettre un nouveau modèle en fabrication est prise par le comité de
12:29 direction.
12:30 Les propositions découlent directement de l'observation des nouveaux équipements que
12:39 les grandes compagnies comme la SNCF ou les chemins de fer allemands mettent en service.
12:42 Chaque fois qu'une compagnie de chemin de fer repeint ses wagons et ses locomotives ou
12:47 change de logo, nous devons suivre le mouvement.
12:49 Markklin met beaucoup l'accent sur la qualité des accessoires et de la peinture extérieure.
12:53 Pour avoir du succès, un modèle réduit, par exemple de locomotive, doit correspondre
12:59 parfaitement à l'original.
13:00 Il doit avoir tous les détails mais en même temps ne pas être trop fragile.
13:04 Pour y parvenir, Markklin ne sous-traite que très peu à l'extérieur.
13:10 Presque toutes les opérations de fabrication se font ici, en commençant par la fonte
13:16 des lingots de métal brut.
13:17 Nos nouveaux modèles de locomotive sont entièrement fabriqués en métal.
13:24 C'est une machine automatique qui coule l'alliage dans le moule.
13:28 Après démoulage, l'ébarbage est entièrement fait à la main.
13:33 Puis on applique un traitement de surface.
13:35 Mais c'est sur la décoration extérieure et la peinture que la bataille du réalisme
13:43 se gagne ou se perd.
13:45 Nous assurons ici même, à Göppingen, toutes les opérations d'application de peinture
13:53 et de vernissage.
13:54 Le modèle n'est jamais peint une seule fois.
13:58 Il faut presque toujours plusieurs opérations.
14:00 Par exemple, on applique d'abord une sous-couche avec un système automatique.
14:04 Puis on peint les autres teintes à l'aide de différents systèmes de pochoir.
14:12 Enfin, avec une sorte d'imprimante, on imprime les très petits détails.
14:19 C'est très précis et le texte reste lisible, même sur les plus petits panneaux.
14:23 Même à l'échelle industrielle, il subsiste toujours quelques opérations de peinture
14:31 ultra détaillées qu'il est impossible de mécaniser.
14:35 Les carrosseries complètement peintes et finies ne restent plus qu'à assembler le
14:42 tout, monter les moteurs électriques dans les essieux et enfin procéder à des essais.
14:49 Il vous faudra débourser entre 100 et 200 euros pour acquérir une de ces petites merveilles.
14:59 Mais les vrais mordus ne se contentent pas de ce qu'ils trouvent à l'ouverture de
15:08 la boîte.
15:09 Ils veulent y mettre leur marque, leur patte.
15:12 Jan Bode, spécialiste de la patine des modèles réduits, en vadrouille au dépôt SNCF de
15:18 Dijon.
15:19 Nous voilà au cœur du sujet.
15:24 C'est vraiment l'entre où souhaitent venir tous les modélistes pour voir la machine
15:33 dans son élément.
15:34 C'est intéressant de faire des photos de détail de la machine parce que c'est des
15:39 choses qu'on va reproduire en maquette.
15:40 Alors là on a un bel exemple de patine qui peut être sympa de reproduire en modélisme.
15:45 Une belle coulure de gasoil.
15:47 Des choses comme ça, le marchepied un peu usé par les traces de pas.
15:58 Ça aussi c'est des choses qu'on peut reproduire en maquette qui donnent un peu la vie parce
16:01 que ça montre un peu l'endroit où est monté le conducteur.
16:04 Les terras décors vont casser l'aspect brillant de la toiture qui est en fait pas
16:15 du tout réaliste.
16:16 C'est une magnifique peinture mais qui correspond à une machine neuve et pas du tout à une
16:21 machine en service.
16:22 Ma conception du modélisme c'est évidemment il y a une part individuelle mais c'est de
16:27 s'inspirer de la réalité.
16:28 C'est d'essayer de reproduire quelque chose qu'on a vu ou qu'on a vu soit enfant
16:33 ou qu'on voit encore de nos jours.
16:35 Je crois que plein de façons de voir les choses, chacun voit un petit peu midi à sa
16:39 porte.
16:40 Ce qui est intéressant c'est d'évoquer la réalité.
16:42 Je crois qu'il s'agit de trouver le juste milieu entre une subtilité et une évocation
16:48 de la réalité qui soit plausible.
16:50 C'est les principes du décor de cinéma ?
16:52 Oui, en quelque sorte.
16:54 Je trouve qu'on aurait dans notre pratique largement à s'inspirer aussi bien de la
16:59 pratique théâtrale que du cinéma parce qu'on fait réellement de la mise en scène.
17:03 Je crois qu'au niveau aussi bien de la lumière, au niveau de l'application des patines,
17:08 de l'équilibre des volumes, je crois que reproduire strictement la réalité ce ne serait
17:12 pas très intéressant.
17:13 Donc voilà, on va évoquer les couleurs de gasoil.
17:19 Là, je force un petit peu la patine parce que c'est des machines un petit peu anciennes,
17:24 en fin de vie.
17:25 Donc c'est vrai qu'elles ne bénéficient pas d'autant de soins d'entretien et de
17:29 nettoyage que des machines plus récentes.
17:31 Mais Jan Bode s'intéresse tout autant à ce qui entoure le train qu'au train lui-même.
17:36 Il compose des sortes de mini-vitrines décorées qu'on appelle des dioramas.
17:41 Le diorama évoque souvent dans d'autres pratiques, en particulier le modélisme militaire,
17:48 quelque chose de figé.
17:49 Moi, j'ai tendance à dire que j'aime le diorama animé.
17:52 C'est-à-dire le diorama dans le sens où il s'agit de recréer des scènes très
17:55 précises, des scènes nettes sur une petite surface.
17:58 Il faut que le train rentre en gare, il faut le mouvement.
18:02 Le train fixe ne me satisfait pas, ne me suffit pas.
18:06 Quand je suis en peine d'inspiration pour faire une maquette, je vais voir ce qu'il
18:17 reste, les vestiges du chemin de fer d'antan sur place.
18:20 Ça me donne envie de les faire revivre.
18:22 Je rentre dans mon atelier et j'ai envie de me remettre à faire des maquettes.
18:27 C'est un travail difficile.
18:28 J'ai tâché de faire la rue qui monte ici de plus en plus étroite vers le fond pour
18:37 donner l'impression qu'elle s'en va loin vers le fond.
18:39 C'est une tâche très difficile, plus ou moins difficile à mettre en œuvre.
18:45 Là, c'est un diorama qui est en cours de construction.
18:54 Il reste à faire tous les arbres, en particulier un bosquet d'arbres ici qui va masquer la
19:00 sortie du train en coulisses.
19:02 C'est encore un terme employé au théâtre.
19:04 On parle de coulisses.
19:06 Le train, comme un acteur, va rentrer dans la scène, va jouer un petit peu, va s'offrir
19:12 au regard du spectateur et après va disparaître en coulisses.
19:14 Je suis attaché à l'univers général du chemin de fer et je dirais même un univers
19:27 autour du chemin de fer aussi.
19:29 C'est-à-dire que j'aime les trains, j'ai une fascination pour les machines à vapeur
19:33 par exemple, mais une machine à vapeur dans une vitrine, ça ne m'intéresse pas du tout.
19:38 Ça ne m'évoque rien.
19:40 Pour moi, une machine à vapeur, elle doit avoir la vie, on doit sentir la graisse et
19:44 au-delà, on doit la sentir sur des rails balastés, éventuellement avec quelques herbes
19:48 entre les traverses.
19:49 Il s'agit de reproduire, au-delà de l'aspect visuel, il s'agit de reproduire toute une
19:55 ambiance.
19:56 Je crois que c'est revoir rouler les trains de son enfance.
20:01 C'est d'une certaine façon revivre des moments de fascination brute.
20:06 Mais le diorama n'est pas qu'une affaire de passionnés isolés.
20:20 Des clubs aussi en font leur thème de prédilection.
20:23 Nous sommes dans la banlieue de Rennes, en France, un soir d'été.
20:27 Les membres du club de Saint-Grégoire viennent, comme tous les vendredis, mettre la dernière
20:34 main au gigantesque diorama circulaire, pas loin d'une cinquantaine de mètres, qu'ils
20:40 préparent pour un prochain salon du modélisme.
20:42 Contrairement à Janbode, qui compose des décors essentiellement imaginaires, eux se
20:49 donnent pour objectif la reproduction d'un paysage bien précis tel qu'il existait à
20:54 une époque bien précise.
20:55 Voici donc la gare de Quiberon telle qu'on pouvait la voir au début des années 70.
21:01 C'est une ligne très touristique qui reçoit beaucoup de gens, avec le fameux tir bouchon,
21:10 le train qui permet de circuler un peu plus aisément sur cette presqu'île.
21:15 Maintenant que là c'est reproduit en saison estivale, tout doit y contribuer.
21:19 L'éclairage qui a été choisi est un éclairage avec une lumière un peu plus chaude.
21:22 C'est un peu tout ça, c'est-à-dire toute cette alchimie qui va contribuer à faire
21:27 un spectacle.
21:28 Et sur la gare on retrouve tout un tas de mini-scénettes où on retrouve des histoires.
21:32 Je ne sais pas si c'est l'honneur, mais en tout cas, j'y suis même dessus, puisque
21:37 étant un peu habitué le midi à manger avec mon camarade FX au McDo, j'ai eu le droit
21:42 à voir ma voiture avec les sacs McDo.
21:45 C'est en fait bourré de petites choses comme ça, ou alors avec quelques scènes un peu
21:49 plus osées ou plus taquines.
21:51 Derrière les arbres sont cachés, mais on les aperçoit un petit peu, les charmantes
21:55 demoiselles en tenue très allégée, on va dire.
21:58 Là, on sort de la zone de la gare de Quiberon proprement dite, mais on reste sur la presqu'île
22:04 pour arriver sur la zone sur laquelle il était en train de travailler, c'est-à-dire en fait
22:08 sur l'isme de la presqu'île de Quiberon.
22:10 Donc il y a toujours ce passage du train et en même temps cette volonté de reproduire
22:16 des petites scènes de la vie courante.
22:18 Alors peut-être qu'il y a une forme de fantasme, je ne sais pas exactement, mais on retrouve
22:22 régulièrement de petites personnes dans des tenues.
22:28 Il y a des gens qui ont un certain âge qui conduisent le train et puis pour eux le train
22:53 c'est un esprit de collection et puis c'est du grand jouet de qualité.
22:58 Donc ils trouvent ça aberrant que quelqu'un achète du matériel une voiture à 300 francs
23:05 pièce et puis s'amuser à la démonter, à la taguer complètement.
23:08 Il se dit il est cinglé celui-là.
23:11 Mais bon, ça fait un petit peu partie du décor je dirais.
23:14 Parce que toute rame italienne venant en France, il n'y a pas une voiture qui n'est pas taguée.
23:19 Ces voitures taguées si particulières deviendront sans doute dans un futur plus ou moins lointain
23:27 des objets de collection.
23:28 Alors elles se retrouveront inévitablement un jour ou l'autre à Chartres, ici dans
23:36 la salle des ventes de Maître Lelievre, grand spécialiste des jouets et modèles réduits
23:43 anciens.
23:44 - J'ajouge, 4400 aux 10 s'il vous plaît.
23:50 Le temps d'air, montrez le temps d'air.
23:54 Voilà.
23:55 Un chamalot là et un chamalot là.
23:56 1300 par monsieur.
23:59 J'ajouge 1300.
24:00 Non, bien vu j'ajouge.
24:03 Ici c'est une tout autre tribu qui s'assemble, celle des collectionneurs de pièces rares
24:09 et anciennes.
24:10 Mais justement, depuis quand construit-on des modèles réduits de trains ?
24:15 - Vous savez, le jouet en général reproduit pour l'enfant le monde des adultes.
24:18 Donc dès que le train est apparu, c'est-à-dire au milieu du 19ème avec la fameuse ligne
24:23 Paris Saint-Germain, dès ce moment-là on a fait des petits trains, d'ailleurs on en
24:27 a vendu ce matin, des petits trains qui ont la silhouette des premiers petits trains de
24:31 Paris Saint-Germain.
24:32 Donc au milieu du 19ème.
24:33 - J'ajouge à 9500, c'est bien vu ? Bravo.
24:37 - Aujourd'hui nous vendons que du chemin de fer, des trains de fer allemands, des français,
24:46 des anglais.
24:47 Les marques des fabricants c'était Marklin, Bink pour l'Allemagne, c'était Jepp, Hornby
24:53 pour la France.
24:54 Il y a des wagons, des locomotives, des motrices, il y a des choses mécaniques, des choses
25:00 à vapeur, des choses électriques.
25:01 Je crois qu'aujourd'hui dans la salle il y a 5-6 nationalités.
25:04 Il y a des gens qui font rouler, qui ont des réseaux, qui veulent que les trains fonctionnent.
25:11 Il y a des gens qui au contraire recherchent la pièce rare pour mettre en vitrine.
25:15 - 1000 francs cette rame en zéro, électrique, à 1000, 1000 francs la rame, à 1000 francs
25:22 1200.
25:23 - Le mythe, le dieu dans le chemin de fer c'est Marklin, la marque allemande.
25:28 Mais pour celui qui, cet après-midi je vends un train français Jepp qui est un triple
25:34 bleu, l'autorail en trois éléments bleus, très peu de collectionneurs de Jepp le possèdent.
25:40 Donc pour celui qui cherche le Jepp ça peut être ça.
25:43 Il y en a pour tout le monde, c'est ce qui est bien et qui fait que le chemin de fer
25:47 est un domaine de collection extraordinaire.
25:49 - 58 000, 70 000, 78 000, 88 000, 100 000.
25:56 100 000, nous sommes à 105 000, 110 000, à 110 000 francs.
26:06 Personne ne vous recherche de 110 000, j'adjuge, une fois, 110 000 deux fois bien vu non,
26:11 à vous, adjugé, 110 000, merci.
26:14 - 81. Ce monde des grands collectionneurs est, ne serait-ce que par les prix qui s'y
26:20 pratiquent, un univers à part.
26:22 Monsieur Kawajima est le richissime propriétaire d'une chaîne japonaise d'auto-école.
26:28 Il a fait construire dans son jardin un bâtiment qui n'a qu'une seule fonction, abriter sa
26:34 fabuleuse collection de locomotives et wagons à l'échelle haut.
26:38 C'est une des plus importantes du monde, pas loin de 3000 pièces.
26:42 - Ici, ce sont les trains japonais.
26:47 Ensuite, par ici, ce sont les modèles anglais.
26:56 Ici, ce sont des trains français.
27:03 Voici un modèle allemand.
27:08 Le Hamburg-Frankfurt, c'est un train allemand fabriqué en Suisse par SMF.
27:22 Voici des trains suisses et quelques modèles italiens et allemands.
27:28 A partir d'ici, ce sont des trains américains.
27:36 J'aime beaucoup ce modèle.
27:45 C'est une locomotive à vapeur qui tirait de très gros trains de marchandises entre
27:49 Dallas et Milwaukee.
27:50 C'était une locomotive très puissante.
27:52 - Au rez-de-chaussée, M.
27:56 Kawashima a installé un circuit qui lui permet de faire rouler ses trains, en particulier
28:01 les modèles américains.
28:02 - C'est un train américain.
28:23 - M.
28:39 Kawashima ne prend pas de risques inutiles.
28:51 Ses plus belles pièces restent entreposées à l'abri des placards de son domicile.
28:56 - Là, c'est une locomotive à vapeur anglaise, Starline Lifestim.
29:06 Ceux-ci ont des éléments en bois.
29:12 Ils doivent absolument être conservés à l'abri de l'humidité.
29:16 Ce sont des modèles très rares, même en Europe.
29:24 Je vais vous en montrer quelques-uns.
29:27 Les maquettes nous racontent l'évolution des pays dans l'histoire.
29:34 C'est ce qui me plaît.
29:38 En fait, il faut être passionné par l'histoire pour faire une collection comme celle-ci.
29:51 Par exemple, quand le président Lincoln a été assassiné, son corps a été explosé
30:04 à travers l'Amérique.
30:05 C'est en train qu'on l'a transporté.
30:11 Comme une sorte de voyage funèbre.
30:13 Il y a beaucoup d'autres histoires de ce genre.
30:19 Quand on est un collectionneur du calibre de M.
30:22 Kawashima, on ne va pas au-devant des fabricants.
30:24 Ce sont eux qui viennent vous voir pour faire l'article de leur nouveau modèle.
30:29 - Regardez comme le dessous est très travaillé.
30:32 Les moteurs sont suspendus comme sur l'original.
30:37 Même l'intérieur de la porte a tous les détails.
30:41 Le prix est de 448 000 yens, environ 5 000 euros.
30:46 Ces fabrications en série très limitées sont la spécialité de firmes semi-artisanales
30:57 comme Tencho Do, dont l'atelier d'une quinzaine de personnes est installé ici, dans la grande
31:02 banlieue de Tokyo.
31:03 - Sur ce poste de contrôle qualité, on vérifie surtout que les soudures et l'assemblage des
31:11 pièces sont correctes, comme sur ce modèle.
31:15 Il en résulte des prix stratosphéries, entre 4 000 et 10 000 euros pour une locomotive.
31:25 - Tous nos trains sont fabriqués à la main.
31:35 Il n'y a pas de chaîne de fabrication.
31:42 Tout le travail est artisanal.
31:44 Le plus souvent, nous utilisons du laiton parce que c'est un métal qui ne rouille pas
31:58 et dont la couleur reste toujours la même.
32:00 C'est aussi un métal qui se prête très bien à la peinture.
32:07 Le fabricant a environ 300 pièces de chaque nouveau modèle.
32:22 - Le problème est qu'au Japon, les seuls modèles réduits qui se vendent bien sont
32:29 ceux qui reproduisent les vrais trains roulants dans le pays.
32:33 C'est d'ailleurs pareil partout.
32:37 On ne peut donc pas fabriquer des milliers de trains miniatures, comme dans d'autres
32:43 industries qui travaillent pour le monde entier.
32:44 Pour les petites séries, c'est le laiton qui reste le matériau le plus approprié.
32:51 La France aussi compte ses amoureux de la belle mécanique ferroviaire miniature.
33:13 Guy Boileau, gardien de la paix en retraite mais artisan amateur toujours très actif,
33:18 est une légende vivante de ce petit milieu dans lequel tout le monde connaît tout le
33:22 monde.
33:23 Il se rend aujourd'hui chez son ami Henri Cibère pour procéder aux essais d'un modèle
33:28 dont il vient de terminer la construction.
33:30 Car si Guy Boileau construit ses modèles à 100%, il ne possède chez lui aucun circuit
33:36 pour les faire rouler.
33:37 - Oh, qu'elle est belle ! Tu sais que ça fait un an que je ne l'ai pas vue, celle-là.
33:41 - Comment tu penses que j'en ai une à construire et que personne ne me l'a fait ?
33:46 - Sur quel circuit on peut la mettre ?
33:48 - Attends, je vais te reculer quelque chose.
33:50 Eh bien, la voie 2, c'est le circuit vert.
33:52 À toi, mon cher Guy, c'est ta bécane.
33:54 Tu fais comme chez toi.
33:56 - Non, non, elle ne prend pas le courant.
33:57 Je ne comprends pas parce que hier soir, moi, je lui ai dérouillé les roues.
34:03 Enfin, dérouillé.
34:04 Elle ne me parlait, quoi.
34:05 - Non, parce qu'elle a un bruit de moteur de l'époque.
34:06 Essaie de la faire tourner comme ça, plein pot.
34:07 - Bien, vas-y, jusqu'où elle va.
34:08 Guy Boileau ne peint pas ses locomotives.
34:18 Il laisse le métal brut visible pour permettre aux spectateurs d'apprécier la réalité
34:24 de son travail.
34:25 Eh oui, c'est toujours comme ça.
34:30 C'est justement le jour où la télévision filme que ça tombe en panne.
34:33 - Pourquoi elle fait ça ?
34:34 Ah non, bon.
34:41 N'insistons pas.
34:45 Pour bien apprécier ce que le travail de Guy Boileau est exceptionnel, il faut garder
34:52 une chose présente à l'esprit.
34:54 Ne rentrent dans cet atelier que des barres et des feuilles de métal brut.
34:59 Au bout de quelques milliers d'heures de travail, en sortent des locomotives, comme celles que
35:05 vous avez vues ou que vous allez voir.
35:07 - Dès l'âge de 11 ans, 12 ans, je construisais des modèles, tout en carton.
35:13 D'ailleurs, mes cahiers d'écoliers, que je possède toujours, n'ont plus aucune couverture.
35:16 Tout est passé dans des locomotives et des wagons.
35:18 Il y a plus de 35 ans que Guy Boileau a construit sa première locomotive en métal.
35:25 - Je suis tombé en arrêt devant une locomotive, c'était une Fulgure X, une 241P, non peinte,
35:33 dans une boutique de la rue de Lyon, à côté de la gare, du même nom.
35:37 Et cette locomotive valait à l'époque 1 000 francs, donc il était hors de question
35:41 pour moi d'acheter cette locomotive.
35:44 Et je me suis dit, tiens, pourquoi je ne la construirais pas ? J'ai l'habitude du carton,
35:49 du papier, du carton.
35:51 Donc voici cette première, fameuse première locomotive qui a été faite sans tour, sans rien.
35:58 Je n'avais vraiment pas grand-chose, sauf un fer à souder.
36:02 Cette machine est quand même exceptionnelle parce qu'elle est entièrement suspendue.
36:07 Comme vous allez voir, il y a des ressorts à lame dessous et des balanciers,
36:11 comme une locomotive réelle.
36:12 Ensuite, le relevage est fonctionnel.
36:16 Tout fonctionne comme une locomotive réelle.
36:18 C'est-à-dire qu'une roue appuie sur l'autre, et ainsi de suite.
36:22 Je vous montre également ce petit autorail.
36:26 Et cet autorail, c'est l'autorail que conduisait mon père à la Roche.
36:30 Et si vous regardez bien dans la cabine de conduite, la personne en bleu, c'est mon papa.
36:38 Et le petit gamin qui est avec un polo rouge, assis sur le volant de frein à main, c'est moi.
36:44 - Mais c'est un vrai souvenir d'enfance, hein ?
36:47 - Un peu, oui.
36:48 Ah oui !
36:49 Et c'est moi qui claxonnais !
36:52 L'autorail de papa, de mon papa.
36:56 Ce modèle a demandé à peu près 700 heures de travail.
37:11 Toutes les pièces ont été élaborées ici, y compris les roues pour lesquelles j'ai
37:17 fait un modèle maître.
37:18 Elles ont été fondues en cire perdue.
37:22 Les seules pièces qui ne sont pas du commerce, c'est le moteur qui est à l'intérieur du
37:26 foyer.
37:27 Il y a des lampes à l'avant et à fumigène.
37:30 Il y a environ, je ne me rappelle plus très bien, 1 500 pièces dessus, je crois.
37:35 Et rien que ce petit modèle, en fait, c'est un compresseur qui est actionné par une double
37:41 moteur à vapeur.
37:42 Il y a 150 pièces dans ce modèle.
37:45 Tout est empilé, tout est soudé.
37:47 Tout est reproduit, les rivets, les boulons, les écrous, le graisseur, le régulateur,
37:53 etc.
37:54 Il y a quand même une amertume.
37:59 Moi, je suis né dans le chemin de fer, j'étais fils de cheminot.
38:02 Et il y a quand même une amertume de ne pas être monté sur ces engins.
38:08 Oui, ça, c'est quand même une amertume.
38:14 Guy Boileau se rend au fin fond de la campagne française à Stigny, chez Benoît Semblat.
38:22 Benoît Semblat a ouvert il y a quelques années une petite entreprise de fabrication de kits
38:27 ferroviaires.
38:28 Il s'agit là de proposer aux amateurs un stade intermédiaire entre le trop facile,
38:33 l'achat d'une locomotive toute faite, et le trop difficile, c'est-à-dire la construction
38:37 intégrale à la Guy Boileau.
38:39 Alors, ça y est, c'est sorti ?
38:41 En biais d'âge.
38:42 Ça va vous occuper un peu ?
38:43 Super, super, super.
38:44 Donc là, vous êtes en cours de fabrication de la chaudière, des tôles d'enveloppe.
38:50 En cours de la chaudière.
38:51 La partie foyer qui viendrait ici.
38:55 Ce qui fera donc le neuvième ensemble.
39:00 Avec le tablier.
39:01 Le tablier, toute la distribution, petits mouvements.
39:05 Il n'y a pas de photographie.
39:06 Aucune pièce de photographie.
39:07 Non.
39:08 Tout est découpé.
39:09 C'est tout usiné.
39:10 C'est ce qui fait la qualité de votre travail, ce que j'admire.
39:13 On fabrique tout ici.
39:15 Rien n'est sous-traité.
39:16 C'est très beau.
39:19 Très, très beau.
39:22 Très beau.
39:24 Benoît Semblat conçoit et fabrique toutes les pièces nécessaires au montage d'une locomotive.
39:29 C'est un micro-marché qui concerne tout au plus quelques milliers d'amateurs en France.
39:34 On reproduit la machine aussi loin qu'on peut dans le détail, au 43-5.
39:38 C'est-à-dire qu'on essaye de reproduire même les détails les plus petits,
39:41 les plus petits boulons ici qui sont au dixième.
39:43 Ça, c'est une petite vis qui fera peut-être cette dixième.
39:46 On essaye de pousser le détail le plus loin possible de manière à faire une maquette.
39:52 D'où la différence entre une maquette et un modèle réduit.
39:55 Une maquette, c'est la reproduction la plus fidèle possible d'une machine grandeur réelle,
40:02 très détaillée, alors qu'un modèle réduit, on le rend fonctionnel au détriment du détail.
40:08 Et vous, vous situez ?
40:10 Maquette.
40:12 Le grand avantage du kit est qu'il enlève à l'amateur le souci de fabriquer les pièces
40:20 pour lesquelles il faut une vraie compétence de mécanicien de précision.
40:24 En effet, très rares sont les amateurs capables de se lancer dans la fonderie laiton à cire perdue
40:31 le sertissage des axes de roues
40:38 ou la découpe numérique des éléments de carrosserie.
40:44 Au final, un kit comme celui-ci est vendu aux environs de 3000 euros.
40:51 Ajoutez-y des milliers d'heures de travail et vous aurez une véritable pièce de collection.
40:56 C'est magnifique.
41:03 A voir pareil mécanique, on pourrait penser que la collection est par essence
41:09 l'amour du bel ouvrage et de la belle mécanique,
41:12 un plaisir d'esthète qui ne tolère que la plus haute qualité de l'objet.
41:17 Erreur, erreur, pour faire une collection, il suffit de se donner une règle.
41:24 Nous sommes dans le Connecticut.
41:27 Stan Trosky possède la plus grande collection de trains en plastique bas de gamme de tous les Etats-Unis.
41:34 C'est une collection complète des trains miniatures en plastique de marque Marx
41:39 fabriqués entre 1948 et 1974, quand l'usine a fait faillite.
41:45 Ici, ce sont des wagons simples, tout en plastique,
41:49 c'est-à-dire vraiment le bas de gamme dans les années 60 et 70.
41:54 Voici la gamme des trains militaires Marx, toujours fin des années 60.
41:59 Voici les wagons à huit roues, gamme dite luxe, toujours à la même époque.
42:04 Voici ce qu'on trouvait dans la boîte Cap Canaveral, c'était très coloré et varié.
42:10 Son but est d'avoir absolument tout et de ne rien laisser passer.
42:14 Plus facile à dire qu'à faire, car les trains Marx étaient considérés à leur grande époque comme de la camelote,
42:20 qu'il ne venait à l'idée de personne de conserver précieusement.
42:25 Comme Louis Marx l'inscrivait sur chaque boîte, en avez-vous au moins un de chaque ?
42:31 J'imagine qu'aujourd'hui, Louis Marx doit bien rire en me regardant de là-haut.
42:35 Vous ne savez jamais ce que cette marque peut vous réserver.
42:39 Je crois pouvoir dire que j'en ai un de chaque, mais je peux être démenti demain.
42:44 C'est ça qui fait la saveur de cette collection, la découverte.
42:48 Ce qui fait de Marx une marque différente des autres est son côté plastique bas de gamme.
42:53 C'est fabriqué en plastique moulé avec un moteur électrique correct à l'intérieur.
42:58 Comme il disait à l'époque, ça marchera toujours quoi que vous fassiez. Et c'est vrai.
43:05 Ce ne sont que des jouets et rien que des jouets. Les modèles ne sont pas du tout détaillés.
43:11 Mais en trouver dans cet état, c'est comme trouver un trésor.
43:17 Louis Marx ne prétendait pas faire autre chose que des jouets.
43:21 Alors quand il mettait en fabrication des locomotives jaunes, il prenait n'importe quelle granule jaune
43:26 et les mettait dans la machine à injecter. Un coup, c'était jaune vif, le coup suivant, c'était jaune moutarde.
43:32 Et bon, ça tombait comme ça. Mais pour ma collection, il est intéressant d'en avoir un exemplaire jaune vif
43:37 et un exemplaire jaune moutarde, le dernier étant le plus difficile à trouver.
43:42 Louis Marx vendait beaucoup dans les supermarchés. Il essayait donc d'être vraiment le moins cher possible,
43:49 d'avoir les prix les plus bas. C'était au point que... Tenez, voilà un exemple.
43:55 Cette locomotive devrait avoir un essieu arrière qui supporte le tendai, mais on l'a supprimé.
44:00 Comparez les deux versions. Un modèle avec, un modèle sans. En faisant ça, ils ont économisé une dizaine de centimes d'euros.
44:10 Je voudrais vous montrer quelque chose de très intéressant qu'un petit garçon aimerait beaucoup recevoir à Noël.
44:16 Voici un wagon de marchandises vendu avec tous les outils nécessaires à un chantier de travaux publics.
44:21 Il y a des tuyaux, des râteaux et même un bureau pour le contre-mettre, des poteaux, des pelles.
44:28 On pouvait jouer des heures avec ça. Tout ça est très américain. C'était le rêve américain de Louis Marx, construire ces trains.
44:38 Une autre composante du rêve américain est bien sûr l'appétit du gigantisme.
44:43 C'est donc à Flemington, dans le New Jersey, qu'on trouve le plus grand réseau du monde.
44:48 C'est une attraction payante, une sorte de Disneyland du train miniature, qui est l'œuvre de toute une vie.
44:55 Celle de cet homme, Bruce William Zacaninio.
44:59 Ancien organiste, il a fait fortune dans l'informatique, puis l'a dépensé dans le modélisme ferroviaire.
45:05 Son circuit est immense, fait de passages dérobés, de recoins et de passerelles.
45:10 Pas loin de 200 trains y circulent, commandés depuis une salle des machines digne d'une centrale nucléaire.
45:23 Les visiteurs en font le tour sur des chemins de rondes qui montent et descendent sur plusieurs étages.
45:28 Car ce circuit pharaonique ne se contente pas d'occuper une vaste surface horizontale.
45:34 Il se déploie aussi en hauteur sur plus de 15 mètres.
45:38 Il faut à une famille entre 2 et 3 heures pour parcourir tout le circuit.
45:42 Ils doivent marcher un peu plus d'un kilomètre et demi.
45:45 L'histoire de ce réseau commence avec l'achat par ma femme et moi d'une maison dans les environs.
45:51 J'avais prévu de construire un réseau aux sous-sols.
45:54 J'ai commencé à le faire et en 18 ans, je l'ai étendu de plus en plus, au point de devoir ajouter 5 sous-sols en plus à la maison.
46:02 Tout ça m'a appris à faire ce que vous voyez ici.
46:05 J'ai tout conçu et j'ai moi-même fait 99% du travail.
46:09 Avant que nous puissions ouvrir en 1997, la construction a pris 4 ans et demi.
46:14 À raison de journées de 18 à 19 heures de travail, 7 jours sur 7, sans arrêt.
46:19 Je travaille en permanence dessus.
46:21 Nous sommes le plus grand réseau de trains miniatures du monde reconnu comme tel par le livre Guinness des records.
46:28 Nous sommes au moins 100 fois plus grands que le deuxième plus grand réseau du monde.
46:32 Nos trains évoluent sur 15 kilomètres de voie.
46:36 Mais au final, le résultat est controversé.
46:41 Certes, les profanes du modélisme ferroviaire emprennent plein les mirettes et tombent sous le charme du gigantisme.
46:49 Nous sommes au moins à la hauteur d'un troisième étage.
46:52 Tout a l'air minuscule vu d'ici.
46:55 Il a dû falloir du monde pour construire tout ça.
47:00 Mais les vrais praticiens sont, eux, beaucoup plus réservés.
47:16 Ça pourrait être pas mal.
47:18 C'est trop grand.
47:21 Du coup, la mise en place, c'est un peu amateur.
47:24 C'est pas terrible.
47:27 Ça viguille pas très bien.
47:30 Mais c'est pas mal.
47:33 J'ai vu beaucoup de circuits plus petits qui étaient bien mieux.
47:39 Mais la grande réussite de Bruce William Zacaninio, c'est d'avoir construit son réseau si grand
47:43 qui lui procure un plaisir que très peu de maquettistes ferroviaires peuvent goûter.
47:48 Pouvoir y pénétrer et s'y fondre comme une sorte de gulliver bienveillant,
47:54 démurge de son lilliput ferroviaire.
47:57 Car tous les amateurs de modélisme gardent au fond du cœur la nostalgie d'une machine miraculeuse
48:04 qui leur permettrait de rapetisser suffisamment pour monter à bord de leur petit train.
48:09 Mais il existe une autre solution pour parvenir au même résultat.
48:14 Augmenter suffisamment la taille de la maquette pour pouvoir s'asseoir dessus
48:19 et en devenir vraiment le conducteur.
48:21 Bienvenue dans la tribu des vaporistes.
48:25 [Musique]
48:27 Le club de Sanois dans le nord de la banlieue parisienne regroupe une trentaine de membres
48:40 et dispose d'un circuit que la municipalité met à sa disposition.
48:44 Le président Jean-Louis Seratinski.
48:47 On y vient en général par le modélisme ferroviaire parce qu'on a tout joué au train électrique.
48:52 Moi j'ai commencé à jouer au train à quatre pattes sur un tapis, sur un plancher.
48:56 Et puis un jour j'ai découvert la vapeur vive.
48:59 Et conduire ma locomotive c'était quand même la forme ultime du modélisme.
49:02 Là ma locomotive c'est la mienne, elle fonctionne comme une vraie.
49:06 Quand je la conduis je la sens au bout de mes doigts, j'entends le allaitement de la machine.
49:10 C'est quand même quelque chose de formidable.
49:12 La vapeur vive a des exigences très particulières.
49:16 Aucun fabricant industriel ne construit ces machines.
49:20 Impossible donc de les acheter toutes faites dans le commerce.
49:23 Chacun doit obligatoirement construire la sienne.
49:26 Nous maintenons des liens étroits avec nos amis vaporistes à l'étranger.
49:44 Que ce soit en Angleterre ou que ce soit plus près de nous en Belgique.
49:47 Ou par exemple à côté de Bruxelles il y a une association qui a un réseau formidable.
49:52 Et qui nous accueille plusieurs fois par an.
49:54 Ils font des rencontres, des journées vapeurs.
49:57 A laquelle ils convient tous leurs amis vaporistes de France, de Belgique, de Hollande, d'Angleterre, d'Allemagne.
50:03 Et on se retrouve plusieurs fois par an là-bas.
50:06 [Bruit de machine à vapeur]
50:28 La vapeur vive a quelque chose de magique.
50:33 C'est difficile à expliquer, c'est presque comme une drogue.
50:36 Si vous êtes accro à la vapeur vive, vous y pensez en permanence.
50:40 Posséder une machine comme celle-ci devient un besoin.
50:43 C'est le comble du jouet de petit garçon.
51:01 C'est vraiment un gros gag parce que c'est vraiment une machine à vapeur.
51:05 Mais c'est le gag de la clé comme le jouet du gosse.
51:08 Il y a des gens qui conçoivent des locomotives qui n'ont rien à voir avec une machine réelle.
51:26 Ce sont des machines on pourrait dire presque expérimentales.
51:30 Parce que ce sont des gens qui ont envie d'essayer certaines techniques.
51:34 Par exemple, il y a des gens qui construisent des locomotives à turbine.
51:37 Alors que ce sont des locomotives qui n'ont jamais existé dans les chemins de fer réels.
51:42 Simplement quelques petits croquis que j'ai trouvé dans un bouquin.
51:52 J'adore la créativité.
51:55 Donc à partir de ces quelques petits croquis, le reste vient de l'imagination.
52:00 Donc c'est une machine qui n'existe pas en taille réelle.
52:03 Qui n'a jamais existé et pour laquelle il n'y a aucun plan.
52:06 Moi j'ai toujours adoré ça.
52:09 Dans ma jeunesse, je faisais de la mécanique avant de courir les filles.
52:12 On l'a conçu, on l'a imaginé, on l'a rêvé, on a cauchemardé, on a usiné.
52:22 On s'est parfois blessé.
52:25 Et puis on met ça sur la voie.
52:27 Et le plus grand des plaisirs, c'est de voir que ça fonctionne à la première mise en chauffe.
52:32 Et quand on est dessus, on le vit intensément.
52:35 Dans le sens que l'on sent vivre la machine.
52:38 Quelqu'un qui construit un avion, il a le plaisir de le voir voler.
52:41 C'est immense, mais il n'est pas à bord.
52:43 Nous nous sommes à bord.
52:45 [Musique]
52:49 [Musique]
52:53 [Musique]
52:56 [Musique]
53:07 [Musique]
53:13 [Musique]
53:21 [Musique]
53:24 [Musique]
53:30 [Musique]
53:37 [Musique]
53:43 [Musique]
53:50 [Musique]
53:53 [Musique]
54:00 [Musique]
54:06 [Musique]
54:15 [Musique]
54:18 [Musique]
54:24 [Musique]
54:30 [Musique]
54:36 [Musique]
54:42 Merci.

Recommandations