• il y a 6 mois
Des manifestants ont bloqué les abords de Sciences Po Paris sur fond de mobilisation propalestinienne ce vendredi. La tension est montée en milieu de journée avec l'arrivée de plusieurs manifestants pro-Israël. Sur demande du préfet de police, l'évacuation de la rue Saint-Guillaume est en cours

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Transcription
00:00 Est-ce que vous vous avez constaté, sur une période de 14 ans par exemple,
00:04 une dérive chez certains de vos étudiants ?
00:10 Déjà si vous parlez de dérive, c'est que vous faites un jugement de valeur,
00:13 si je puis me permettre, n'est-ce pas ?
00:16 Je vous pose la question.
00:17 Il y a plutôt une évolution.
00:18 Moi je suis arrivé comme directeur à Lille en 2007,
00:21 et je fais plusieurs mandats et avec une interruption je suis parti il y a un mois et demi.
00:26 Je pense que les centres d'intérêt, pour le dire autrement que dérive,
00:30 les centres d'intérêt dominants des étudiantes et des étudiants très engagés politiquement
00:34 et en l'espèce plutôt engagés à gauche ont évolué.
00:37 Et ont évolué vers des thématiques notamment tiers-mondistes, autour de la question du genre,
00:42 notamment c'était évident autour bien sûr de la question de la transition écologique.
00:46 Et d'autre part, et on le voit là sur votre écran,
00:49 c'est que ce qui a évolué aussi c'est les formes d'organisation des étudiantes et des étudiants.
00:54 Quand je suis arrivé comme directeur, on avait de grosses organisations syndicales type l'UNEF,
00:58 on avait les jeunesses socialistes, les jeunesses communistes,
01:02 avec lesquelles en tant que directeur on pouvait discuter, négocier,
01:05 pour éviter par exemple un blocage, en transigeant, en proposant de mettre à disposition un amphi.
01:10 On arrivait assez bien à le faire.
01:11 C'est vrai qu'au fur et à mesure des années,
01:13 on a vu plutôt des organisations un peu, comment dire, liquides, comme on dit maintenant, gazeuses,
01:18 c'est-à-dire des organisations sans leader,
01:22 donc avec une très grande difficulté quand on est en déposition de direction,
01:25 à pouvoir négocier, discuter, parce qu'on n'a pas en face de nous d'organisation structurelle.
01:30 C'est ça qui a évolué je pense et qui est la chose la plus complexe à gérer quand on est,
01:35 passez-moi l'expression, de l'autre côté du manche,
01:37 et qu'on doit faire face en tant que directeur,
01:40 donc garant quand même de la sécurité et du bien-être de l'ensemble de la communauté,
01:45 les étudiantes et les étudiants, les personnels, les profs, etc.
01:49 C'est vrai que ne pas avoir véritablement d'interlocuteur face à nous,
01:52 de ne pas toujours comprendre ce qui est demandé par exemple,
01:54 c'est vrai que ça peut être une difficulté.
01:56 - Au-delà des formations qui se créent à l'intérieur de Sciences Po,
01:59 est-ce que vous avez eu l'impression, vous, en 14 ans, qu'une pensée dominante a émergé à Sciences Po
02:05 et est-ce qu'avec le temps n'est pas survenue aussi une forme d'auto-censure ?
02:10 - Alors il n'y a pas de...
02:11 Alors une pensée dominante, ça voudrait dire que tout le monde pense la même chose.
02:14 Ce que l'on peut dire en essayant d'être objectif,
02:17 c'est qu'une minorité très activiste,
02:20 mais qui ne représente pas plus de quelques pourcents des étudiantes et des étudiants,
02:24 cette minorité très activiste est très mobilisée, très engagée,
02:28 et d'autant plus engagée qu'on a aussi affaire à une majorité
02:32 qui est là pour étudier et qui s'engage assez peu, pour le dire vite.
02:35 Et c'est vrai que cette minorité très engagée, très investie,
02:38 a tendance à occuper le terrain aussi bien physiquement que sur les réseaux sociaux
02:43 et à tenter quelque part, disons, d'imposer ses manières de voir.
02:47 Mais quand on est du côté de la direction,
02:48 le travail qu'on a à mener, c'est d'essayer de faire en sorte de garantir le pluralisme,
02:53 ce qui fait partie quand même de nos missions,
02:55 de garantir la liberté d'expression dans les établissements, la liberté de débat.
02:59 C'est un travail de tous les jours qu'on arrive à peu près à mener
03:02 dès lors qu'on a des relations, qui parfois sont sportives bien sûr,
03:05 mais des relations régulières et directes avec les étudiants les plus engagés.

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