Alors que le gouvernement a lancé l’opération "Place Nette XXL" contre le trafic de drogue, la juge d’instruction du pôle criminalité du tribunal de Marseille a dit craindre de "perdre la guerre contre les trafiquants”. Cette guerre, Juliette la connaît : celle de La Griffe du chien de Don Winslow.
Retrouvez toutes les dramatiques de Juliette Arnaud dans « Le grand dimanche soir » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-juliette-arnaud
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AmusantTranscription
00:00 Allez, on est en direct et il est 19h26, non 18h26 pardon !
00:04 - Ah ouais j'ai eu peur !
00:05 - Je vous ai fait peur chez vous ! Vous étiez déjà là, là, là, faut coucher le petit,
00:08 les draps sont pas secs...
00:09 - Faut que je prenne un bain...
00:10 - Ouais, faut faire la tupperware pour demain, j'ai pas repassé ma chemise, pardon je vous
00:14 ai angoissé.
00:15 Non, 18h26, le lundi matin, et loin, loin, loin, et on le repousse, on le repousse avec
00:19 Juliette Arnault !
00:20 Le gouvernement, elle pousse comme ça le lundi matin, avec une chronique, vous allez voir,
00:25 elle pousse !
00:26 Le gouvernement a lancé, c'est pour lancer la culture, j'aime toujours bien de dire pousser
00:30 la culture, voilà.
00:31 Allez, on se concentre !
00:32 - Allez, on reste sur le texte Charlie, on reste sur le...
00:33 - Super dans ce sens !
00:34 - Sur ce qui est écrit quoi !
00:35 - Parce qu'en plus ça c'est moi qui l'ai écrit donc c'est...
00:36 Je suis au courant normalement !
00:37 Allez, le gouvernement a lancé l'opération Plasnet XXL contre le trafic de drogue, et
00:49 une phrase de la juge d'instruction du pôle criminalité du tribunal de Marseille vous
00:54 a intrigué Juliette, elle dit ceci.
00:55 "Je crains que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants, hoho" avez-vous
01:01 pensé ? Parce que je sais que vous pensez comme ça, c'est pas tout ça !
01:04 - Je pousse et je fais "hoho" !
01:06 - Vous êtes du "hoho" mais je la connais cette guerre ! Ne serait-ce pas celle de la griffe
01:11 du chien de Don Winslow !
01:12 - Je crois que c'est le meilleur lancement du monde ! Moi j'ai fait une école de lancement,
01:17 c'est incroyable ce qui est en train de se passer !
01:19 - Si je m'en sors je veux une médaille !
01:21 - La griffe du chien de Don Winslow !
01:24 - Oui, cette expression qui mêle guerre et drogue est loin d'être toute neuve.
01:28 En 1971, Richard Nixon, président des Etats-Unis, la lance, il appelle ça "War on Drugs", c'est
01:34 son appellation.
01:35 Et en 1973, on voit la création de la DEA, c'est-à-dire l'Agence fédérale de lutte
01:40 contre la drogue.
01:41 Au début de son roman "La griffe du chien" en 1975, le héros, Art Keller, est convaincu
01:46 que c'est une chose à faire cette guerre contre la drogue.
01:49 Il en est convaincu parce qu'il a vu les conséquences terribles de la consommation
01:52 d'héroïne, notamment dans son quartier pauvre de San Diego.
01:55 Et puis, Art Keller est en situation de la mener parce que c'est un soldat aguerri et
01:59 il vient d'être embauché par la DEA.
02:01 Il dit à sa femme "Peut-être s'agit-il cette fois d'une guerre qui vaut la peine d'être
02:06 livrée, c'en est peut-être une que nous pourrons gagner".
02:10 Par opposition, bien sûr, à celle que les Américains en 1975 viennent de ne pas gagner,
02:14 c'est-à-dire le Vietnam, grosse déculottée, militaire et morale, que Art Keller a faite.
02:21 C'est d'autant plus la bonne personne que lui, Art Keller, est à moitié mexicain.
02:25 Alors on l'envoie là-bas, au Mexique, dans ce pays qui a 3000 kilomètres de frontière
02:28 avec les Etats-Unis, ce pays où passe la drogue produite en Colombie.
02:32 Et parce qu'Art Keller parle espagnol, parce qu'il sait boxer, parce qu'il est finaux,
02:37 il commence par réussir au début du roman et là où la DEA a échoué, il entre en
02:42 contact avec des jeunes trafiquants.
02:44 Et puis très vite, le roman bascule.
02:46 Art, en gros, a pris la confiance et un de ses adjoints perd la vie.
02:50 Désormais, cette guerre sera aussi la sienne, puisqu'il est animé par un désir paroxystique
02:55 de vengeance qui va souffler sur 20 ans.
02:57 Et l'auteur, Don Winslow, en fait une construction littéraire inoubliable.
03:02 Parce qu'il y a des murs porteurs, très solides, une documentation gigantesque et
03:06 son savoir à lui d'ancien détective privé.
03:08 Mais évidemment, ça, ça ne suffit pas à faire un roman, madame.
03:12 Alors Don Winslow multiplie les points de vue.
03:14 Il y a celui du flic, celui du futur patron du cartel mexicain, celui d'un prêtre
03:18 héroïque lié à une call girl, en tout bien, tout honneur, non moins déterminée
03:23 que lui, la call girl, un tueur à gage irlandais, les barbouzes de la CIA qui, dans le dos de
03:28 la DEA et du Congrès américain, s'allient avec les barons de la drogue pour financer
03:32 des groupes paramilitaires anticommunistes en Amérique latine.
03:34 Et je laisse de côté les vendeurs d'armes chinois, le Vatican et la mafia italienne,
03:39 parce que c'est ça le trafic de drogue.
03:41 C'est tout à fait mondialisé et à ce titre, c'est géostratégique.
03:44 Dans la vraie vie, entre 1971 et 1988, les importations de drogue aux Etats-Unis ont
03:51 triplé.
03:52 Je pense qu'on peut donc à nouveau parler de grosses déculottées.
03:56 Enfin, je rappelle à toutes fins utiles que tout ça commence ces guerres contre la drogue
04:01 quand la demande de drogue a explosé dans les pays riches.
04:05 Je vous laisse y réfléchir en savourant ces 800 pages.
04:08 Aucun risque d'overdose pourtant.
04:11 Merci, bisous, merci.
04:12 Place au théâtre.
04:19 Bon, le théâtre à la radio, donc vous vous emballez pas.
04:23 La scène se passe à l'Elysée où le président de la République, ce sera vous Juliette, tient
04:29 une réunion avec son ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, incarné par Guillaume.
04:33 Il en rêvait, il en rêvait.
04:34 Son ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, ce sera Emric, il en rêvait aussi.
04:38 L'objet de cette réunion ministérielle, c'est cette fameuse guerre contre les trafiquants
04:43 bien sûr.
04:44 Bon, monsieur le président, le plan XXL anti-drogue est un échec.
04:53 Non, alors monsieur Darmanin, je ne dirais pas que c'est un échec.
04:56 Je dirais que ça n'a pas marché.
04:58 Moi aussi.
04:59 Enfin, si vous voulez, mais il nous faut un nouveau plan anti-drogue là.
05:01 Et si on créait le plan Maxi Bestow ?
05:03 Ou, non, j'ai une autre idée.
05:08 Ou le plan Double Whopper ?
05:09 Non, encore une autre idée.
05:11 J'ai plein d'idées.
05:12 Ou alors le plan Croque-Monsieur ?
05:14 Quoi ? Ouais, ça se voit que j'ai la dalle.
05:17 Bon, allez, à part sur un plan culinaire, est-ce qu'il y en aurait un de vous deux
05:21 qui aurait une idée ?
05:22 Oui, si on créait le plan banlieue blanche.
05:24 Ah, blanche comme l'héroïne.
05:26 Vous pratiquez l'art de la métonymie, Gérald.
05:29 Oui, et on vire tous les étrangers de nos banlieues, on met que des Français de souche.
05:32 Ouais, c'est quoi le rapport avec la drogue ?
05:34 Ah, il faut un rapport avec la drogue ?
05:35 Oui, et je crois qu'il faut éliminer la drogue de nos sociétés ibico-presto.
05:41 Il faut créer un plan guerrier.
05:43 Il faut qu'on sente qu'on a de grosses...
05:46 Oh, mais pas du tout, c'est quoi ce bip ?
05:49 J'allais dire de grosses responsabilités.
05:52 Il faut qu'on sente qu'on part en guerre contre la drogue.
05:54 Et si on créait le plan voyage au bout de l'enfer ?
05:57 Pas mal.
05:58 Ou mieux, le plan apocalypse now.
06:01 Ouais !
06:02 Ou alors le plan la grande batterie.
06:09 One, two, three, j'ai vu c'est quoi ?
06:14 Tifo, tifo.
06:16 Bon, allez, on va dire banco pour le plan apocalypse now.
06:20 Voilà, on va dire ça.
06:21 Seulement maintenant, il nous faut un homme pour incarner ce plan.
06:24 Vous pourrez le faire selon vous.
06:25 Ça me paraît évident, je vais le faire.
06:27 Avec ton physique d'humoriste de France Inter ?
06:29 Non, ce qu'il nous faut, c'est un homme puissant, un homme viril, un homme qui fait
06:39 de la boxe, un homme qui a de grosses...
06:42 J'allais dire de grosses capacités à mettre KO la drogue.
06:46 Là, on a l'impression que vous parlez quand même pas mal de vous, monsieur le président.
06:50 Écoutez, c'est vous qui me le proposez.
06:51 Et je dis banco.
06:53 Habemus Vendam.
06:54 Merci.
06:55 Merci, Julien Tardeau et sa petite troupe.
07:02 Merci également à Camille Lamy à la vidéo, ainsi qu'à Cédric Dupré et Julien Mizenne
07:07 aux lumières.