Vendredi 5 avril 2024, SMART BOURSE reçoit Elizabeth de Saint-Léger (Gérante, Clartan) , Julien-Pierre Nouen (Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée, Lazard Frères Gestion) , Yves Maillot (Président, YAM Capital) et Céline Piquemal-Prade (Présidente, Piquemal Houghton Investments)
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00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bismarck pour rester à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h en direct
00:16 si vous me suivez sur Bismarck TV, émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur Bismarck.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24 Le sommaire de cette édition ce soir, le bilan d'une semaine qui aura marqué un coup d'arrêt sur la dynamique des actions et des actions mondiales.
00:31 L'indice MSCI World a reculé d'environ 2% sur l'ensemble de cette semaine, c'est à peu près ce qu'on observe pour les indices européens ou les grands indices américains
00:41 avec une séance du jour négative notamment en Europe et une baisse autour de 1% pour les actions européennes ou en tout cas notamment pour le CAC 40 ou encore le DAX en Europe.
00:55 Le CAC qui reste néanmoins au-delà de son niveau des 8000 points et qui était il y a encore 4 ou 5 jours sur des nouveaux records à plus de 8250 points.
01:04 Coup d'arrêt marqué également par les marchés actions aux Etats-Unis, on aura une baisse hebdomadaire pour les grands indices américains
01:14 qui sont néanmoins en hausse en cette fin de semaine sur cette dernière séance après un rapport emploi américain particulièrement solide pour le mois de mars.
01:24 Des créations d'emplois à plus de 300 000, un taux de chômage qui retombe à 3,8% et une progression des salaires qui reste somme toute contenue à peu près en ligne
01:34 avec ce qu'on a pu observer ces derniers temps. Néanmoins la croissance du marché du travail soulève des doutes, des hésitations chez les investisseurs.
01:42 Est-ce que la Fed sera en capacité de baisser ses taux aussi vite que prévu c'est-à-dire à compter du mois de juin ?
01:49 Rien n'est moins sûr et on voit que les paris du marché sont en train de se décaler non plus vers juin ou juillet mais plutôt vers septembre.
01:56 C'est à cette date que le marché estime qu'il y aura une pleine et entière première baisse de taux de la part de la réserve fédérale américaine.
02:04 On a vu beaucoup de discours de banquiers centraux américains ces derniers jours, certains estimant qu'il n'y aurait peut-être même pas besoin de baisser les taux cette année
02:13 tant l'économie américaine était encore résiliente à ce stade. Discussions à suivre bien sûr avec nos invités de Planète Marché dans un instant
02:21 sur l'emploi américain, sur la situation des marchés actions. Et puis dans le dernier quart d'heure, comme chaque mois, nous retrouvons les équipes de Clartan Associés
02:28 pour un cas d'analyse fondamentale, un cas d'investissement et c'est le dossier Arcadis, leader mondial du conseil et de l'ingénierie durable,
02:36 mid-cap néerlandaise qui nous occupera ce mois-ci. Nous retrouverons Elisabeth de Saint-Léger, gérante chez Clartan Associés à 17h45 pour détailler ce cas Arcadis.
02:47 Avant d'accueillir nos invités de Planète Marché, les infos clés du jour sur les marchés comme chaque soir en ouverture de Smart Bourse avec Pauline Grattel.
03:05 Cette semaine aura été une semaine de consolidation pour les actions. Les actions mondiales perdent 2% sur la semaine après les récents records.
03:15 En Europe, le CAC 40 retombe autour de 8 000 points et s'éloigne un peu de ses records d'il y a quelques jours. Côté américain, à Wall Street,
03:24 les marchés ouvrent en légère hausse après un rapport sur l'emploi particulièrement solide. En mars, l'économie américaine a créé 303 000 emplois
03:33 alors que les analystes n'en attendaient que 212 000. Concernant le chiffre de février, il a été revu à la baisse à 270 000.
03:42 Le taux de chômage recule à 3,8% de la population active, de 0,1 point. Du côté des salaires, il ressort à +0,3% et 4,1% sur un an.
03:54 C'est conforme aux attentes. Le nombre de secteurs qui créent des emplois augmente ce mois-ci à 54% contre 50% le mois dernier, selon le rapport.
04:05 Une fois ces statistiques publiées, on a vu les taux longs repartir à la hausse, avec un disant américain frôlant à nouveau les 4,4%.
04:14 Du côté des autres indicateurs du jour, les ventes au détail en zone euro ont reculé de 0,5% sur un mois en février, selon Eurostat.
04:25 C'est légèrement en dessous de ce que pensaient les analystes, et après 0% en janvier. En France, la production industrielle rebondit moins que prévu en février,
04:35 à 0,2% sur un mois après un recul de 0,9% en janvier. Enfin, les commandes à l'industrie allemande ont progressé de 0,2% en février.
04:47 Les analystes attendaient une hausse plus marquée de 0,6%. Ceci étant dit, faisons un détour par l'Asie, où la semaine se termine sur la même tendance baissière qu'ailleurs.
04:59 Le Nikkei à Tokyo chute de 2%. Les autres bourses asiatiques, comme à Taïwan, Shanghai, Hong Kong ou Séoul, sont également en recul.
05:09 À Séoul, d'ailleurs, Samsung annonce que son bénéfice d'exploitation du premier trimestre devrait augmenter de plus de 930%, grâce notamment au marché des puces.
05:19 La séance est à nouveau marquée par la hausse des cours du pétrole en raison de la situation géopolitique en Israël et en Syrie,
05:28 dopée par le prix du baril de Brent qui se maintient au-dessus des 90 dollars. Total Energy signe un nouveau record à plus de 67 euros.
05:38 Dans les autres actualités des sociétés, Wendel est en hausse au sein du SBF 120 après avoir annoncé hier soir la cession de 9% du capital de Bureau Veritas pour plus d'un milliard d'euros.
05:51 Le titre de Bureau Veritas perd 3%. Lundi, peu d'indicateurs macroéconomiques importants sont trop au programme.
05:59 Les investisseurs prendront tout de même connaissance de la production industrielle et de la balance commerciale allemande pour le mois de février.
06:07 On rappelle également que la semaine prochaine sera marquée par l'inflation américaine de mars-mercredi, la décision monétaire de la BCE jeudi
06:15 et le retour des résultats d'entreprises en fin de semaine prochaine avec les publications des grandes banques américaines pour le premier trimestre.
06:23 Tendance mon ami. Chaque soir en ouverture de Smartbourse, les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel sur Bsmart.
06:40 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Céline Pickmal-Prad est à nos côtés, présidente de Pickmal Auton Investments.
06:47 Bonsoir Céline. - Bonsoir Diegor. - Merci d'être là. Yves Maillot nous accompagne également. Bonsoir Yves. - Oui, bonsoir Diego.
06:52 Ravi de vous retrouver. Vous êtes président de YAM Capital et avec nous également Julien Pierre Nouan. Bonsoir Julien Pierre.
06:58 Vous êtes directeur des études économiques et de la gestion diversifiée de Lazard Frères Gestion. C'est le chiffre du jour, le chiffre du mois.
07:07 Le rapport mensuel sur l'emploi américain. Pauline a rappelé les détails. Plus de 300 000 créations. Taux de chômage qui retombe à 3,8%.
07:15 Je crois qu'on a même le taux de participation qui réaugmente. Le nombre d'heures travaillées sur la semaine également a augmenté au cours du mois de mars.
07:25 Ça semble être une excellente nouvelle. Est-ce que ce genre d'excellente nouvelle reste une bonne nouvelle également pour les marchés et les investisseurs, Julien Pierre ?
07:33 Alors ça montre effectivement que l'économie américaine est plutôt sur un scénario de no landing. Après avoir passé 2023, elles étaient entre le stock lending et le hard lending.
07:42 On voit plutôt donc que depuis quelques mois, il y a une réaccélération qui se confirme dans ces chiffres. Au-delà du chiffre global de création d'emploi, on a un nombre d'heures travaillées qui remontent aussi.
07:53 Et une des inquiétudes qui avaient émergé sur les deux derniers chiffres était l'écart entre l'enquête auprès des entreprises et l'enquête auprès des ménages.
08:01 Avec une enquête auprès des ménages qui montrait des fortes destructions d'emplois. Et là, on a retrouvé des créations d'emplois tout aussi fortes que dans l'enquête auprès des entreprises.
08:10 Donc clairement, ça montre que l'activité reste bien orientée. Alors pour les marchés, ça a deux conséquences. La première, c'est que ça nous dit que le volume d'activité des entreprises va rester bien orienté.
08:21 La deuxième question sur laquelle il y a plus d'incertitude, c'est que se passe-t-il au niveau du marché du travail et des salaires et de l'inflation.
08:32 Est-ce que cette activité qui reste très solide va régénérer des tensions sur les salaires ? Là, c'est vrai que le chiffre était assez modéré.
08:40 Quoique c'est un 0,3, un gros 0,3. On est à 0,35 en fait.
08:43 Sur un mois. C'est ça, la réduction du salaire horaire moyen.
08:46 Et puis, il y a des effets aussi de composition. On attendra les données de la fête d'Atlanta. Mais pour nous, ça va être vraiment l'enjeu des prochains mois, de savoir, cette économie américaine qui ne veut pas ralentir, est-ce qu'elle va régénérer des tensions sur le marché du travail et sur les salaires ?
08:59 Jusqu'à présent, et c'était il y a encore à peine quelques semaines je crois, Jérôme Poel nous disait, une forte croissance du marché du travail n'est pas une raison pour ne pas baisser les taux directeurs de la réserve fédérale américaine.
09:14 C'est à ce stade toujours l'inflation qui compte, Julien Piat.
09:18 Oui, c'est l'inflation qui compte. Et encore, on a vu effectivement le dernier graphique des dots, c'est les dernières prévisions de la fête, nous disait toujours trois baisses de taux.
09:27 Et malgré des révisions hausses sur la croissance 2024, une légère révision hausse sur l'inflation 2024.
09:34 Et on disait que la Fed était effectivement à l'aise avec une activité qui reste solide tant que l'inflation donne le sentiment d'aller dans le bon sens.
09:45 Ça c'était vrai sans doute aussi parce que les anticipations de marché restaient bien orientées.
09:50 S'il y a un moment, on recommence à avoir de l'inquiétude, et c'est vrai qu'on voit des choses comme le prix de l'or qui progresse fortement.
09:57 Donc est-ce que les marchés ne risquent pas un moment de mettre en cause la crédibilité de la Fed ?
10:04 Il y a un éditorial du 2e économiste aujourd'hui qui pose cette question.
10:08 Voilà, dans l'immédiat pas forcément, mais c'est vrai que ça peut être le sujet des prochains mois.
10:14 Est-ce que la Fed joue avec le feu ? Je ne sais pas quelle est votre lecture de la situation du cycle américain aujourd'hui à travers les entreprises que vous pouvez suivre, bien sûr, Céline.
10:24 Et est-ce que de voir des chiffres encore aussi forts, est-ce que ça reste une bonne nouvelle pour les investisseurs à action, pour les actifs risqués ?
10:31 Moi ce qui me fascine c'est combien le marché a effacé de baisse de taux ces 3-4 derniers mois sans impact sur les marchés d'actifs risqués.
10:41 On était à 6-7 baisses de taux anticipées. On est peut-être plus qu'à 2 ou un peu plus de 2 aujourd'hui avec un démarrage qui ne se ferait plus forcément en juin ou juillet, mais peut-être en septembre.
10:52 Et le marché semble continuer d'accepter cette idée.
10:56 Jusqu'à quand ? Donc effectivement c'est la question du jour, mais comme le disait à l'instant Julien Pierre, on est quand même dans un environnement où on voit qu'on retrouve de la tension, notamment sur le marché obligataire.
11:10 Et des taux qui sont en train de remonter vers 4,4, 4,5, ça va finir par peser.
11:18 Là c'est des niveaux importants.
11:20 C'est des niveaux importants. On attendait effectivement. On a anticipé parce que les marchés à action, ils anticipent.
11:25 Donc toute l'année dernière on a eu des marchés qui ont progressé parce qu'on anticipait les baisses de taux.
11:30 Aujourd'hui maintenant on est en train d'anticiper qu'on n'aura plus de hausses de taux. En tous les cas, si on a des hausses de taux, elles arrivent beaucoup plus tard que ce qui avait été anticipé.
11:40 Baisses de taux ? Baisses, pas hausses.
11:42 Oui, baisses de taux.
11:44 Certains pensent qu'il y aura peut-être des hausses de taux encore.
11:46 Ce qui est important quand même, c'est qu'ici on parle de finance et quand on fait de la finance, on calcule la valeur des actifs en prenant en compte un taux, un discount rate.
12:00 Et donc quand on prend un taux qui est plus élevé, vos actifs mécaniquement doivent baisser en valeur.
12:07 Donc c'est toute la question que je me pose aujourd'hui. Je suis convaincue que nous allons atteindre...
12:13 Ce qui est très difficile avec ce type d'indicateur, c'est qu'on ne peut pas savoir à quel moment le marché les prend en compte.
12:20 Mais ce qu'on sait, c'est que historiquement quand on a une augmentation du coût du crédit, un renchérissement du coût de l'argent, ça finit par avoir un impact sur la valorisation des actifs.
12:30 Ça a toujours été le cas, mais l'anticipation est très difficile et ça arrive à un moment en plus qui est très délicat,
12:36 puisque aujourd'hui si vous regardez la valorisation des sociétés technologiques américaines, on est à 8,2 fois les ventes.
12:44 On est au-dessus du point haut qu'on avait eu à 8,18 avant le krach de 2022 et on est au-dessus du 7,8 de 2000.
12:54 Donc on n'est pas en train d'arriver sur un environnement de marché un peu plus compliqué avec des valorisations qui nous laissent une marge de sécurité, comme dirait Benjamin Graham.
13:03 Donc c'est pour moi une grosse question. Et pour finir, pour revenir sur ce point-là, on me dit souvent "oui mais Céline, il y a beaucoup de croissance".
13:13 Dans la tech ?
13:14 Partout.
13:15 Partout ? D'accord.
13:16 Mais donc ça peut justifier qu'on ait effectivement des multiples plus élevés. Et là, je vous enjoins à regarder ce qu'il se passe entre 2000 et 2024
13:28 pour une société qu'on connaît tous très bien qui s'appelle Cisco, qui était la plus grande société au monde en 2000, qui se valorisait à 37 fois les ventes.
13:38 Aujourd'hui Nvidia c'est 37 fois les ventes.
13:41 Entre 2000 et 2024, les bénéfices de Cisco ont été multipliés par 10. Le cours de bourse, -39%.
13:48 Donc il faut quand même un petit peu faire attention parce qu'on fait de la finance, on n'est pas en train juste de vouloir trouver des sociétés qui ont la croissance de bénéfices.
13:54 Mais c'est là où je trouve que le marché est parfaitement cohérent.
13:57 Qu'on puisse légitimement imaginer que ce soit difficile pour la tech américaine de se payer beaucoup plus cher avec en plus des taux qui remontent, j'ai pas de problème là-dessus.
14:04 Mais ce qui a fait le marché, en tout cas ce qui a été le leader de marché sur le premier trimestre, c'est la zone Japon, ce sont les actions européennes zone euro tirées par les banques,
14:15 tirées par l'automobile, tirées par l'industrie, tirées par des secteurs cycliques à durations quand même plutôt courtes comme on dit.
14:23 Pour remettre les choses en perspective, Nvidia, c'est un cinquième de la progression des marchés boursiers mondiaux sur le premier trimestre.
14:34 Un cinquième.
14:35 Oui, oui, c'est colossal pour une seule valeur.
14:38 C'est une valeur 20% monde.
14:40 De doutes là-dessus.
14:41 Alors effectivement il y a des choses en parallèle qui se sont bien comportées, mais c'est quand même énorme.
14:47 Donc ma problématique aujourd'hui, c'est mon niveau de dépendance en fait, c'est juste que effectivement si jamais demain j'ai un petit blip sur une de ces valeurs qui peut d'un coup représenter 20% du marché.
15:00 Ça peut embarquer l'ensemble du marché derrière ?
15:01 Ben mon problème ça va être sur les indices.
15:03 Aujourd'hui mon problème c'est qu'il y a plus de la moitié des investisseurs qui sont investis sur des trackers et sur de la gestion indicielle, et donc ça, ça me pose quand même un gros problème.
15:13 Mais on verra ce qui se passe en fin d'année.
15:16 Oui, puis les résultats vont revenir bientôt.
15:18 La semaine prochaine on va rentrer à nouveau dans la séquence micro avec les résultats du premier trimestre.
15:23 Yves, revenons oui sur la dynamique du marché américain et du marché de l'emploi américain, du marché boursier américain.
15:32 Et puis Julien Pierre soulevait la question sur l'or.
15:35 Pourquoi l'or monte ? Et pourquoi aujourd'hui ?
15:37 Pourquoi maintenant alors qu'on a plutôt des taux réels d'ailleurs qui ont eu tendance à remonter un peu ces dernières semaines et ces derniers mois ?
15:46 Ça, ça peut intriguer beaucoup de gens effectivement puisqu'on a connu des mécaniques totalement inverses il n'y a pas si longtemps,
15:52 où effectivement la montée des taux d'intérêt était un facteur aggravant sur le cours de l'or.
15:57 Ce qu'on peut expliquer en réalité, et pour faire le parallèle avec ce qui vient d'être dit par Céline,
16:04 on s'aperçoit depuis un an, un an et demi maintenant que l'aversion risque à beaucoup chuter,
16:10 que finalement c'est pas seulement Nvidia qui a un gros poids au sein du marché action,
16:15 dont le prix monte, c'est en fait tous les actifs.
16:18 Parce que malgré les politiques de durcissement des politiques monétaires des banques centrales,
16:24 les liquidités sont restées très abondantes.
16:27 Et le marché sait très bien, puisqu'on l'a testé il y a pile un an,
16:31 que en cas de problème, en cas d'émergence d'un risque, bancaire par exemple,
16:35 comme ça a pu être le cas il y a quelques semaines, ou autre, ou facteur exogène,
16:40 les liquidités sont à tes dispositions au moins un certain temps.
16:43 Et que par conséquent, ces liquidités sont restées très présentes,
16:48 par effet de capilarité, une fois que le risque est bien retombé,
16:55 on commence à s'investir, c'est d'abord concentrer cet argent sur les sociétés avec les plus gros potentiels,
17:03 Nvidia, Semi, Tech, etc.
17:07 Et depuis 5-6 mois, ce percole sur l'ensemble des secteurs,
17:14 tant et si bien qu'aujourd'hui et sur les autres classes d'actifs,
17:17 tant et si bien qu'aujourd'hui, on a plutôt ces dernières semaines,
17:21 une surperformance de valeurs industrielles, cycliques, bancaires,
17:25 qui prennent le relais de ce qu'il y a effectivement.
17:27 En Europe, les banques sont à +20 depuis le début de l'année, c'est mieux que la Tech, en Europe.
17:31 Voilà. Donc la situation, en fait, l'argent est abondant, malgré tout.
17:36 On parle quotidiennement, on tergivère sur l'amplitude, le calendrier des baisses de taux, etc.
17:42 Et c'est vrai que c'est une importance dans le calcul de rentabilité du capital, du coût du capital,
17:47 du calcul de la prime de risque.
17:49 On est bien d'accord là-dessus. Conceptuellement, c'est implacable.
17:53 Simplement, il y a eu beaucoup d'entorses à cette mécanique financière ces dernières années,
17:58 puisqu'implicitement, on a tous appliqué des primes de risque très élevées quand les taux étaient à zéro.
18:03 Donc, on s'accommode bien finalement d'une situation asynchrone
18:08 entre les mouvements de taux et la valorisation des actifs, pour peu que la confiance soit là et que les liquidités soient là.
18:15 C'est ce qu'on appelle le momentum, quoi.
18:17 Oui. Alors, ce qui se passe en ce moment, c'est qu'effectivement, on sent qu'on peut avoir un report un peu plus fort que prévu
18:23 de la baisse des taux et donc du prix de l'argent, que prévu il y a quelques mois.
18:28 Simplement, c'est pour l'instant, en tout cas, sous farce au goût, d'une situation presque idéale,
18:32 puisqu'on n'a pas la récompense tout de suite, mais on sait qu'on va l'avoir.
18:35 Et donc, finalement, c'est presque mieux que le moment où elle tombe.
18:39 Moi, je pense que la psychologie des marchés, c'est un peu ça en ce moment.
18:43 Et puis, si on reporte le calendrier des baisses de taux, c'est aussi parce qu'on a encore une économie en croissance,
18:49 avec une croissance nominale très forte encore pour l'économie américaine.
18:52 Exactement. Donc, jusqu'à présent, en termes de marché, j'allais dire tout va bien.
18:57 Maintenant, c'est vrai que des valorisations ont beaucoup progressé.
19:02 On a une expansion de la hausse sur tout un ensemble de valeurs.
19:08 Et donc, va se poser le problème, j'allais dire, du point de jonction.
19:12 Là, on sait que vraiment le prix de l'argent va baisser,
19:15 eu égard aux valorisations qui sont vraiment tendues depuis un certain temps.
19:19 À moins qu'on ait de nouveau un game changer, un signal plus fort.
19:23 Et puis, on sait qu'on est en année électorale, que l'argent, de toute façon, est abondant.
19:27 Quand ce n'est pas la politique monétaire, c'est le budget.
19:29 Ce ne sera plus le budget, ce sera de nouveau peut-être des politiques monétaires plus incitatives.
19:34 Et tout ça, pour l'instant, finalement, porte la valeur des actifs.
19:39 Et on sent...
19:40 Je préfère, intuitivement, je préfère, comme vous dites, un rallye qui se diffuse,
19:44 une participation à la hausse beaucoup plus large,
19:46 que simplement concentrer sur trois, quatre valeurs, aussi performantes soient-elles,
19:51 aussi belles soient-elles, etc.
19:53 Oui, absolument.
19:54 Alors, pour terminer...
19:55 Il y a au moins quelque chose de cohérent de ce point de vue-là.
19:57 Néanmoins, tout a une fin, au moins ponctuelle, sur un cycle.
20:01 Et moi, ce que je décède dans les outils que j'utilise, c'est qu'il y a une poursuite de la diffusion.
20:06 Mais on n'est peut-être pas loin du moment où, réellement,
20:09 la diffusion aurait été quasi généralisée sur le marché.
20:13 Parce qu'on a, simultanément, quelques petits signes, quand même, d'un marché qui se dit stop
20:20 à la baisse de la version au risque.
20:21 Donc, on n'est pas loin d'avoir des signaux un peu contrariants, vous dites, peut-être, de ce point de vue-là.
20:25 Et comme en termes de saisonnalité, dans le calendrier annuel du marché,
20:29 on a eu un excellent premier trimestre.
20:32 On sait très bien qu'il y a toujours un point, comme ça, de prise de consolidation avril-mai,
20:37 jusqu'où on peut aller être porté, après, par les versements des dividendes.
20:41 Et on sait que l'été, début de rentrée de septembre, là, c'est la situation dangereuse sur les marchés.
20:47 Voilà.
20:48 Quand il y a secousse, quand il y a correction forte.
20:51 Voilà un petit peu la situation par rapport à ce panorama américain et monétaire.
20:57 – Ah ouais.
20:58 Julien Pierre, je reviens à...
21:01 Alors, on parlait du marché du travail américain.
21:04 Si on peut estimer que les hésitations ou les doutes du côté des banquiers centraux américains
21:09 sur l'idée de baisser les taux dès le mois de juin sont légitimes,
21:12 qu'en est-il pour la Banque centrale européenne ?
21:14 On a vraiment l'impression que là, il y a un chemin ou deux chemins qui sont en train de s'écarter.
21:19 Est-ce que la BCE, j'allais dire comme une grande banque centrale,
21:22 avec un peu plus de 20 ans d'existence maintenant,
21:25 peut prendre ses responsabilités dans un contexte économique en zone euro qui pourrait le justifier,
21:32 sans attendre la Fed ou en s'affranchissant du calendrier de la Réserve fédérale américaine ?
21:37 Est-ce que le marché est prêt à ça ? Est-ce que ça peut générer, je ne sais pas, des frictions, des tensions ?
21:41 Qu'est-ce que ça peut générer comme mouvement de marché ?
21:43 – Comme l'a rappelé un des gouverneurs de la BCE,
21:46 la BCE n'est pas le 13e district du système de la Réserve fédérale.
21:50 – Ah, je ne l'ai pas entendu celle-là, très bonne.
21:52 – Effectivement, on a des situations économiques qui sont très différentes.
21:55 Aux États-Unis, on a une économie, on l'a dit, un peu de "no landing",
21:59 on reste sur une croissance assez forte,
22:02 des sujets d'inflation qui ne sont pas totalement éteints.
22:05 Zone euro, la situation est un peu différente.
22:07 En termes de croissance, on a quand même eu deux trimestres à zéro moins en fin d'année.
22:12 Les données d'activité sur le premier trimestre sont faibles.
22:14 Ce matin, on a eu les ventes au détail,
22:16 les chiffres de production industrielle aussi ne sont pas très bons.
22:18 Tout ça est très lesté par l'Allemagne, mais globalement, ça reste assez mou.
22:23 On commence à avoir un peu de mieux sur les enquêtes,
22:25 mais ça reste quand même beaucoup plus mou, on passe de zéro moins peut-être à zéro plus.
22:30 – Ce n'est pas le grand décollage.
22:32 – En termes du marché du travail, on reste sur un taux de chômage qui est très bas.
22:37 La bonne nouvelle, c'est peut-être sur l'inflation,
22:39 ou si on exclut les prix des services,
22:41 mais on sait que les prix des services sont importants pour la durée des chocs inflationnistes.
22:50 Or, ça, on a quand même une évolution qui est plutôt favorable.
22:53 Et puis, on le sent, lorsqu'on écoute tous les gouverneurs de la BCE,
22:57 même les plus faux cons se sont ralliés à l'idée d'une baisse en juin.
23:01 La question, c'est après.
23:03 C'est vrai que la croissance est plus faible,
23:05 donc peut-être, le marché aujourd'hui est sur trois, quatre baisses.
23:10 Ce qui est intéressant, c'est qu'on est sur trois, quatre baisses.
23:13 Aux États-Unis, on parle peut-être de trois, peut-être une, ou un zéro.
23:18 Et pour l'instant, il y a quelque chose qui a assez peu réagi à tout ça, c'est l'euro/dollar.
23:24 L'euro/dollar qui reste autour de 1,08.
23:27 On pourrait penser que, et ça sera peut-être déclenché par une matérialisation de ce différentiel,
23:35 voir un dollar qui s'apprécierait face à l'euro sur les prochains trimestres.
23:39 Oui, d'accord.
23:41 Mais vous n'avez pas de doute sur l'idée que la BCE sera mûre en juin,
23:45 pas la semaine prochaine, mais pour le meeting du mois de juin,
23:48 pour attaquer et entamer un cycle de baisse d'euro.
23:52 Ils ont fait tout le travail de préparation, ils ont dit quels indicateurs ils vont regarder.
23:56 Donc, sauf surprise sur ces fameux indicateurs du coût du travail,
23:59 il est très probable qu'ils baissent à ce moment-là.
24:05 Ce que ça peut déclencher, c'est un problème sur l'euro/dollar.
24:10 Est-ce que ça peut avoir un gros effet sur l'inflation dans la zone euro,
24:13 sachant qu'aujourd'hui c'est beaucoup l'inflation des services,
24:16 donc plus domestiques qui tirent l'inflation ?
24:18 Je pense que c'est un peu de second ordre.
24:20 Comment vous réfléchissez à ce que ça peut apporter au marché,
24:23 d'avoir quand même cette perspective de baisse de taux dans certaines zones ?
24:27 On peut débattre de la Fed, mais en zone euro, ça semble quand même plutôt écrit pour 2024.
24:33 Dans les grands pays émergents, ça a déjà commencé.
24:36 Céline, comment ça impacte le fonctionnement du marché ?
24:40 Et vous, dans vos choix d'investissement, quelle place est-ce que ça représente ?
24:45 Ce qui est intéressant, c'est qu'on peut avoir une certaine dichotomie
24:49 entre ce qui va se passer de part et d'autre de l'Atlantique,
24:52 qui pourrait pour une fois être plutôt favorable à l'Europe et aux pays en dehors des États-Unis.
24:57 Et ça, c'est quelque chose d'intéressant,
24:59 parce qu'effectivement, les marchés en dehors des États-Unis n'ont pas fait grand-chose depuis 15 ans.
25:06 Voir la valorisation, je crois, du marché en dehors des États-Unis,
25:10 au moins en price-to-book, il n'a pas bougé depuis 2000.
25:13 Donc, ça vous dit qu'il y a peut-être des choses à refaire,
25:16 ou des pierres à retourner, ou des dossiers à regarder.
25:20 Alors qu'effectivement, comme on le disait tout à l'heure,
25:23 sur le marché américain, il y a beaucoup de pierres qui ont été retournées
25:25 et des valorisations qui sont quand même très tendues.
25:28 Donc, ça laisse des potentiels de surprises qui sont intéressants
25:31 et ça laisse des dossiers qui sont potentiellement des dossiers
25:35 qui pourraient nous porter pour les 10, 15 prochaines années.
25:38 Vous réfléchissez avec cette longueur d'horizon aujourd'hui, Céline.
25:43 Sur 15 ans, les États-Unis sont imbattables versus le reste du monde.
25:48 Il y a peut-être quelque chose d'un retournement de situation pour longtemps.
25:52 Voilà. Et effectivement, c'est pour ça que tout à l'heure, je parlais de 2000.
25:56 Mais quand on a des points de rupture, on l'a eu aussi en 1972, à la fin des Nifty Fifties,
26:00 on sait que quand on a des points de rupture comme ça sur les marchés,
26:04 on a toujours des cycles, quand on a la fin d'un cycle,
26:08 on a un nouveau leadership qui émerge, avec une nouvelle histoire qui apparaît.
26:12 Et donc, c'est ce qu'on a eu.
26:14 En 2008, c'est quand même la chute de Lehman,
26:17 qui pouvait imaginer que, alors que les États-Unis étaient vus
26:19 comme le pays au bord du gouffre, ça serait le pays qui allait dominer
26:22 tous les marchés mondiaux pendant les 15 prochaines années.
26:25 C'est pas forcément simple à le voir quand on le vit, au moment où on le vit.
26:29 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'effectivement, à l'époque,
26:31 c'était un marché qui était complètement délaissé.
26:33 Je me souviens qu'on nous demandait toute la journée,
26:35 vous avez quelle exposition sur l'Inde et la Russie ?
26:37 C'était l'obsession. On était obsédé par la croissance dans les pays émergents.
26:41 Donc maintenant, on est en 2024, c'est plus le même environnement.
26:44 Et pour le coup, on est devenu obsédé par ce qui se passe aux États-Unis
26:48 et on regarde plus du tout d'autres dossiers.
26:50 Et c'est ça qui fait que notre métier est intéressant en tant que gérant actif.
26:53 C'est une chose à faire. Et on parlait tout à l'heure de Total, par exemple.
26:57 Ce qui est intéressant, c'est qu'effectivement, on a des leaders en France
27:00 qui sont exposés au monde entier, qui profitent de l'environnement actuel.
27:03 On parlait de l'or également tout à l'heure.
27:05 Et ce qui est intéressant, c'est qu'effectivement, il y a quelque chose
27:07 qui se passe aujourd'hui sur les matières premières.
27:09 Il y a quelque chose qui se passe clairement sur les matières premières.
27:11 Et là aussi, la hausse se diffuse.
27:12 Ce n'est plus juste le pétrole, c'est les métaux industriels et précieux.
27:16 Le cuivre, etc. Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
27:18 Si vous regardez l'exploration de métaux, de gaz et de pétrole depuis 15 ans,
27:22 on n'a quasiment pas exploré. Pourquoi ?
27:24 Parce qu'effectivement, déjà, on a un peu nettoyé les écuries
27:28 parce qu'il y a eu beaucoup de bêtises qui ont été faites
27:30 justement pendant la précédente période euphorique de 2000 à 2010.
27:35 Donc il a fallu 15 ans pour nettoyer tous les bilans.
27:38 Et puis une fois qu'on a nettoyé tous les bilans,
27:40 on n'a surtout pas investi pour l'avenir parce que franchement,
27:42 on avait déjà connu suffisamment de pain noir comme ça.
27:45 Donc comme on n'investit pas, aujourd'hui on a des niveaux de stock
27:48 pour tous les métaux qui sont au plus bas depuis 15 ans.
27:51 Et donc quand on a des stocks qui sont bas et qu'on a un tout petit peu de croissance,
27:54 ce qu'on n'attendait plus parce qu'évidemment on était persuadé
27:56 qu'il n'y aurait jamais de croissance,
27:57 ça fait qu'on se retrouve avec un goulet d'étranglement et des prix qui montent.
28:01 Donc minières, producteurs d'énergie, producteurs de...
28:03 Voilà, voilà.
28:04 Ça c'est des dèmes...
28:05 Des sociétés différentes, effectivement.
28:07 On parlait des biens manufacturiers, la demande qui s'améliore.
28:10 Là aussi, ça peut profiter à des sociétés industrielles.
28:12 Du coup, il y a des choses à faire.
28:13 Après c'est dossier par dossier.
28:15 Et les banques dans tout ça, je dis c'est le meilleur secteur en Europe sur un trimestre.
28:18 Mais l'Europe fait mieux que le Nasdaq.
28:20 L'Eurostock 50 fait mieux que le Nasdaq grâce à un secteur comme le secteur bancaire.
28:24 Et les banques ont déjà très bien fait en 2023.
28:26 Tout à fait.
28:27 Donc il y a effectivement...
28:28 J'avais beaucoup...
28:30 Je crois que je suis venue ici d'ailleurs pour en parler quand il y avait eu la crise...
28:33 SVB ?
28:34 Oui.
28:35 Ah bah c'est possible.
28:36 Oui, oui, bien sûr.
28:37 J'avais dit qu'il fallait prendre des crédits agricoles avec un coupon qui était très élevé.
28:41 Mais effectivement, ça a très bien fait.
28:43 La seule interrogation que j'ai aujourd'hui sur les banques européennes, c'est sur le parti immobilière.
28:48 Parce qu'effectivement, on parlait tout à l'heure de la hausse du coût du crédit.
28:52 La hausse du coût du crédit, les banques françaises, les banques européennes ont beaucoup d'exposition à l'immobilier.
28:57 Donc je ne sais pas à quel point elles vont être impactées.
28:59 Donc je préférais des banques en dehors.
29:01 C'est l'idée qu'il y a un nouveau cycle, des nouveaux leaders qui vont s'installer peut-être pour longtemps ?
29:08 Parce que jusqu'à présent, quand même, effectivement, on a aussi parlé de la tech américaine.
29:11 Enfin, je veux dire, l'un n'empêche pas l'autre.
29:14 Les banques européennes peuvent très bien performer quand la tech américaine continue de bien se comporter.
29:18 C'est ce qu'on voit d'ailleurs.
29:19 Oui, oui.
29:20 Enfin, il faut se garder d'être trop radical dans les conclusions.
29:23 Parce que oui, là, il y a un rattrapage de secteurs qui prennent le relais dans le mouvement qu'on décrivait tout à l'heure.
29:30 Après, est-ce qu'il faut pour autant gommer ou oublier ce qui a fait le cœur de la reprise boursière depuis quelque temps ?
29:39 Non.
29:40 Alors après, on a le frein des valorisations, comme le disait Céline.
29:44 Mais les thèmes, alors, sans parler de l'intelligence artificielle, mais on sait très bien que, à l'image des matières premières,
29:51 la cybersécurité, c'est un truc vital au jour d'aujourd'hui.
29:54 Et ça, ça ne va pas s'effacer.
29:57 Voilà. Il faut regarder les choses fondamentalement, au-delà des mouvements de rattrapage.
30:01 Donc, moi, je serais moins radical dans la conclusion.
30:04 C'est des choses qu'il faut savoir mitiguer, mélanger dans un portefeuille, pour avoir un bon équilibre.
30:16 Sur l'or, vous ne m'avez pas totalement répondu tout à l'heure.
30:19 Oui, j'ai même oublié parce que j'étais parti dans…
30:21 Pourquoi l'or monte et pourquoi maintenant, quand les taux réels se mettent à remonter un peu ?
30:26 Absolument, ce n'est pas du tout intuitif.
30:29 Et il semble… En fait, l'or a longtemps été, jusqu'en 1971, en tout cas, ça l'a été pendant plus d'un siècle et demi,
30:41 l'outil, en fait, une monnaie, une référence.
30:45 Et quand on essaye de regarder ça à travers le temps, on voit que l'or a défendu le pouvoir d'achat.
30:51 Alors, c'est difficile de l'estimer quand on remonte à l'art romantique.
30:54 Mais on a quand même une approche qui montre que… Ce qui n'est pas le cas de nos grandes devises.
30:59 D'ailleurs, le…
31:00 Ça a apporté une stabilité.
31:02 Ça permet de défendre le pouvoir d'achat.
31:04 Alors, quand on me rétorque que oui, mais ça ne procure aucun cash flow, par définition, une monnaie, ça rapporte.
31:08 Ce n'est pas fait pour ça, une monnaie.
31:10 C'est un moyen de transaction.
31:12 C'est un étalon.
31:14 Voilà, ça peut être une réserve de valeur pour transférer la valeur dans le temps,
31:18 pour peu qu'il n'y ait pas trop d'inflation, c'est-à-dire pas trop de dévalorisation de sa monnaie.
31:22 Là, les banquiers centraux ont depuis des années un objectif, qu'ils avaient atteint d'ailleurs,
31:26 c'est de dire que c'est 2% l'inflation.
31:29 2%, ça veut dire que votre dollar ou votre euro perd 2% de pouvoir d'achat chaque année.
31:34 Ce n'est pas le cas de l'or.
31:36 L'or peut être soumis à des variations aussi.
31:39 Ça peut monter, ça peut baisser aussi.
31:41 Là, on parle tendanciellement.
31:43 Et quand on regarde ce qui s'est passé depuis 20 ans, moi je pratique un exercice,
31:47 je ne sais pas beaucoup de gens le font, qui est très instructif.
31:51 C'est de retraduire l'évolution des classes d'actifs et des marchés en or,
31:55 plutôt qu'en euro ou en dollar.
31:57 Et là, on est très surpris du constat qu'on tire sur une période.
32:00 On n'est pas du tout dans un boule marquée.
32:02 Sauf peut-être un peu le Nasdaq.
32:04 Et du coup, là, on inverse les propositions et on s'aperçoit que psychologiquement,
32:08 ça modifie beaucoup d'attitudes.
32:10 Et mes analyses récentes, comptes, etc., montrent quand même qu'il y a un certain nombre de gens
32:15 qui ont parlé de crédibilité des banquiers centraux, de leur politique, donc de la monnaie,
32:19 commencent à se poser pas mal de questions.
32:21 Simultanément, on voit émerger un nouvel or numérique, dont on parle, qui est le bitcoin.
32:26 Et on voit que, alors ce n'est pas synchrone, mais en tandem,
32:29 on a une appréciation de ces deux actifs, de ces deux classes d'actifs,
32:35 qui répondent à cette histoire-là.
32:38 On est là dans des monnaies qui sont, si ce n'est des flationnistes,
32:41 enfin des actifs, beaucoup de gens ne veulent pas appeler ça une monnaie,
32:45 en tout cas très faiblement inflationnistes.
32:48 Donc voilà, il y a probablement une prise de conscience à un moment donné,
32:52 où le dollar reste la monnaie centrale, la monnaie de réserve,
32:55 mais perd un petit peu quand même.
32:58 Et à un moment où des conflits géopolitiques montrent qu'il y a d'autres systèmes alternatifs
33:02 qui se dessinent.
33:03 Donc quelque part, il y a des questions qui se posent,
33:05 qui ne se posaient pas il y a 20 ans, 30 ans.
33:08 De toute façon, on verra, je crois que le Zimbabwe lance une monnaie dollar.
33:13 Alors, ils ont connu de l'inflation à 4 chiffres au Zimbabwe, donc voilà.
33:16 - C'est le seul record. - Oui, c'est ça.
33:18 Ça reste un cas d'école, ce point de vue-là.
33:20 Et donc, ils lancent un dollar baquet adossé sur l'or, justement.
33:25 On verra ce que ça donne.
33:26 Sur l'or, je ne sais pas, quel est le message un peu macro,
33:29 même que vous retirez, ou monétaire, je ne sais pas,
33:31 que vous retirez de la hausse de l'or aujourd'hui, en ce moment, Julien Piat ?
33:35 - Ce soir, on a pas mal parlé, effectivement, d'histoire.
33:38 Et c'est vrai que c'est intéressant, parce que, grosso modo,
33:41 depuis le début des années 70, on est dans un domaine,
33:43 un système financier dominé par le dollar et le crédit.
33:47 Est-ce que tout le monde est heureux avec ce système aujourd'hui ?
33:50 On a l'impression qu'il y a un certain nombre de banques centrales,
33:53 du côté, on peut penser, une grande banque centrale du côté de l'Asie,
33:55 qui verraient bien un autre système monétaire à l'échelle de la planète.
34:00 Et on voit, dans les facteurs de force de l'or sur les derniers mois,
34:06 il y a pas mal d'achats de la part de ces banques centrales.
34:08 Donc, on a parlé un peu de géopolitique.
34:11 Tout ça pourrait, dans les années à venir, évoluer.
34:15 - Pour assoir la crédibilité d'un autre système monétaire,
34:19 ou d'un système basé sur des devises différentes que le dollar ?
34:24 - Certains peuvent faire l'analyse que la dérégulation financière
34:28 qu'on a eue à partir des années 70, la forte croissance du crédit,
34:32 a généré pas mal de crises.
34:34 Et donc, un autre système pourrait être plus stable.
34:37 Alors, il aurait aussi ses défauts, comme on l'avait connu auparavant.
34:40 Mais certains pourraient...
34:42 Ça peut être une partie des éléments qui amènent certains acteurs à acheter de l'or.
34:48 - Juste un petit... - Bien sûr, bien sûr.
34:50 - Mais concrètement, c'est vrai que ça fait déjà pas mal de temps
34:53 que la Banque de Chine fait des achats réguliers, massifs, d'or physique.
34:58 - C'est pas la seule, mais bien sûr.
35:00 - Et essaie, à mon sens, un peu d'optimiser ses achats.
35:04 Parce qu'on a un cours de l'or qui, finalement,
35:06 n'a pas énormément bougé malgré tout depuis quelques années.
35:09 Là, on a une face, quelque part, à mon sens, de rattrapage.
35:13 Mais on sait que ce sont des acheteurs réguliers.
35:15 Bon, la Chine, qui est d'un autre côté, en même temps,
35:18 une économie hyper léfrégiée, très endettée aussi.
35:21 Donc, tout ça est assez compliqué à comprendre.
35:25 Mais on a des acheteurs, effectivement, importants du métal.
35:30 - Bon, en tout cas, il y a les minières derrière.
35:32 Céline, si vous voulez réagir, bien sûr.
35:34 - Oui, non, non, mais effectivement, ce qui est important de voir,
35:36 c'est que je crois que depuis 1945,
35:39 c'était 40% des réserves des banques centrales qui étaient en or, en moyenne.
35:43 Et on est tombé à 15.
35:45 Et donc, effectivement, on est en train de remonter vers les 20.
35:48 Mais on est loin des 40 qu'on avait en moyenne.
35:50 Et effectivement, c'est très massivement une demande
35:53 qui vient des pays émergents.
35:55 Qui représente maintenant, si on prend les brix,
35:59 enfin, les brix élargies, on doit être à 37% du PIB mondial.
36:02 Donc, en fait, effectivement, aujourd'hui,
36:04 ils sont en train de nous envoyer le signal
36:06 que peut-être qu'ils n'ont pas besoin d'avoir notre devise.
36:08 Surtout à un moment où, géopolitiquement...
36:10 - En même temps, quand on vend des produits aux Etats-Unis,
36:13 on récupère... enfin, je veux dire...
36:15 - Oui, mais c'est vrai que le message qui a été envoyé à la Russie,
36:17 il était très clair.
36:19 - Ah ça, oui ! Ah bien, un an après.
36:21 - Donc, du coup, maintenant, ça a quand même fait peur.
36:23 - On peut saisir les activités de banques centrales.
36:25 - Et après, il faut aussi avoir en compte que, pour l'or,
36:27 on a la moitié de la demande qui vient quand même de la joaillerie.
36:31 Donc, effectivement, il y a les trackers.
36:33 Les trackers, or, pour le coup, il n'y a aucune demande.
36:35 Donc, on voit bien que...
36:37 Alors, est-ce que ça a été remplacé par la demande
36:39 dans les pays développés pour les bitcoins ?
36:41 Peut-être.
36:42 - Il n'y a pas de flux sur les trackers.
36:43 - Non.
36:44 - Donc, c'est ailleurs que ça s'achète.
36:45 - En tous les cas, les trackers, c'est pas...
36:47 On n'a pas une spéculation financière frénétique sur l'or.
36:49 On a une demande de la part des banques centrales.
36:51 Et après, l'autre grand moteur,
36:53 c'est le fait qu'on a de la joaillerie.
36:55 Et la joaillerie, c'est qui ?
36:57 C'est pareil, encore.
36:58 C'est les Indiens et les Chinois qui consomment massivement de l'or
37:01 comme valeur refuge lors des mariages, des fêtes, etc.
37:05 Et quand on regarde, par exemple, les chiffres du Nouvel An chinois,
37:08 je crois que la progression des ventes de joaillerie,
37:11 c'est 22% cette année, en 2024.
37:14 Donc, on a vraiment un appétit très fort dans ces pays
37:17 pour l'or comme valeur, pour transmettre de l'argent dans le temps.
37:21 Et ça, c'est culturel.
37:22 Et comme c'est une population qui est beaucoup plus importante maintenant
37:26 que la population de petits pays développés,
37:28 finalement, je crois que les Etats-Unis et l'Europe,
37:30 on va se retrouver à 15% de la population mondiale,
37:33 forcément, il faut quand même regarder ce que font les autres populations
37:37 pour investir leur épargne sur le long terme.
37:40 Et donc, l'or en fait partie.
37:41 C'est sûr que les Chinois, après l'immobilier, après la bourse,
37:45 je crois qu'effectivement, l'or peut être un...
37:48 Mais il n'y a pas que eux, il y a les Indiens aussi.
37:50 Les Indiens, historiquement, oui, la joaillerie, effectivement,
37:52 ça a toujours été... Il y a une vraie utilité physique de l'or.
37:55 Notamment dans ces pays-là.
37:58 De l'or à la question des déficits et de la dette,
38:02 là aussi, Julien Piat, je voulais bien avoir votre éclairage.
38:05 C'est le sujet permanent d'attention.
38:08 Alors, on peut regarder les déficits américains,
38:10 on peut regarder l'Europe et la France ou l'Italie,
38:14 qui s'attend à une procédure de déficit excessif.
38:18 Le marché semble dire, pour l'instant, vous avez le temps.
38:23 Il n'y a pas de panique de marché, en tout cas sur ces sujets-là.
38:26 Même peut-être une forme de bienveillance.
38:29 - Oui, les marchés... - Comment ça s'explique ?
38:31 - Parce que la croissance reste bien orientée, que...
38:36 Voilà, et puis en Europe, les marchés se disent que,
38:39 de toute façon, à un moment, la BCE interviendra pour caper les spreads.
38:43 Donc le sujet n'est pas là.
38:45 Mais c'est vrai que, quand on y réfléchit en tant qu'économiste,
38:49 on voit des déficits qui sont à 5, 6, 7 % suivant les pays, au plein emploi.
38:57 Donc ça veut dire que le risque, ça sera au prochain retournement cyclique.
39:03 Si ces déficits prennent encore 3, 4 points,
39:07 on se retrouvera à des niveaux vraiment très importants.
39:10 Des questions sur les perspectives de croissance.
39:13 Si on est en récession, est-ce qu'on rebondira autant ?
39:16 Et là, peut-être que les inquiétudes pourraient se matérialiser.
39:18 Après, aux États-Unis, tout le monde sait qu'il y a la fête in fine.
39:22 Mais voilà, on en revient à cette question du dollar, de la confiance...
39:25 - Oui, c'est ça. Ça nous ramène à l'or.
39:27 Il y a cette défiance un peu qui se traduit à travers la hausse des coûts.
39:30 - C'est clair qu'il y a un sujet budgétaire aux États-Unis.
39:32 Quand on regarde les prévisions du long terme du CBO,
39:34 on peut faire discuter les prévisions de croissance.
39:37 Mais on est quand même sur des niveaux qui ne sont pas soutenables.
39:40 - Comment on se positionne dans ce contexte de marché, là,
39:43 après un très bon premier trimestre pour les actifs risqués,
39:46 dans une gestion diversifiée ?
39:48 Quels vont être pour vous les enjeux, là, des prochains mois ?
39:51 Et comment on s'équilibre ?
39:54 - Alors, au sein de la poche action, nous, ce qu'on a plutôt fait,
39:57 c'est effectivement d'aller hors des États-Unis.
40:00 Parce que le marché américain, même si vous enlevez la tech,
40:02 vous êtes quand même à 18 fois des résultats prospectifs
40:05 sur des hypothèses de croissance assez fortes.
40:07 Donc, ça fait quand même cher.
40:10 Vous regardez, comparez ça aux 20 dernières années.
40:13 En Europe, on a commencé à se réexposer sur les petites capitalisations.
40:18 On peut les oublier des 2-3 dernières années.
40:22 Et on parle, voilà, cycle manufacturier,
40:24 c'est quand même des valeurs qui peuvent bénéficier dans cet environnement.
40:29 - 24 doit voir une amélioration de ce segment de marché ?
40:32 - Alors, nous, nos gestionnaires spécialisés sur cette classe d'actifs,
40:36 disent que les entreprises commencent à dire
40:39 qu'on peut les excès qu'on avait pu avoir,
40:43 ou les problèmes de stock sont en train d'être résolus.
40:47 Et que, en tout cas, les attentes du marché sont très prudentes.
40:51 Donc, ça, c'est intéressant.
40:53 Au niveau de la poche obligataire,
40:55 on a remis des protections contre la hausse des taux américains.
40:59 On a réaugmenté nos expositions au dollar.
41:01 Parce que, voilà, si les taux américains montent plus qu'en Europe,
41:04 normalement, au moment, le dollar devrait s'apprécier.
41:08 - Ça va mettre de la pression, quand même, ça.
41:11 - Sur qui ?
41:12 - Je ne sais pas, sur peut-être le Yen japonais, par exemple, sur d'autres devises.
41:16 Un dollar encore un peu plus fort qu'il ne l'est déjà,
41:20 sur des parités qui sont déjà le Yen japonais,
41:23 voilà, on voit que sur 52...
41:26 - C'est aussi une des positions longues qu'on a,
41:28 parce que, voilà, en valorisation, c'est très bas,
41:32 par rapport au pouvoir d'achat, etc.
41:35 À notre avis, les marchés ont eu une lecture très doviche de la BOJ,
41:42 parce que, je pense, la BOJ ne voulait pas créer de secousse.
41:47 Mais je pense qu'ils sont quand même dans une optique de normalisation.
41:50 - Je crois que quelques commentaires de Casio et Ueda, ces dernières heures,
41:54 le gouverneur de la Banque centrale du Japon,
41:56 ont redonné peut-être un peu d'allant à l'idée
41:58 qu'il y aurait peut-être plus qu'une seule hausse d'auto.
42:01 - Donc on pense que, voilà, sur le Yen, on peut avoir aussi des choses intéressantes.
42:04 - Qu'est-ce qui vous intéresse en ce moment, Céline ?
42:06 - Effectivement, je suis tout à fait d'accord sur le fait que le Yen
42:09 peut être la grande surprise de l'année,
42:11 et donc, ce n'est pas idiot, par rapport à ça,
42:14 d'aller chercher des sociétés domestiques japonaises.
42:17 Parce que, jusqu'à présent, on jouait le Nikkei en jouant les exportatrices.
42:22 Mais donc, là, plutôt aller chercher des sociétés qui sont exposées...
42:27 - Et qui ne souffriraient pas de la hausse du Yen.
42:30 Qui ne souffriraient pas de la hausse du Yen.
42:32 - Oui, oui, oui, non mais...
42:34 - Vous prenez des sociétés domestiques, des pharmacies,
42:36 enfin, voilà, des choses du commerce de détail au Japon,
42:38 ils ne sont pas du tout exposés à ce qui va se passer.
42:40 Donc ça, ça peut être très intéressant, parce que là, vous avez des sociétés,
42:43 c'est quand même un marché, le marché japonais, qui a été délaissé pendant 30 ans,
42:46 donc il y a quand même des choses à regarder.
42:48 Donc ça, ça peut être intéressant, et en plus, du coup,
42:50 vous pouvez avoir la hausse de la devise en même temps.
42:52 Donc ça, ça me semble un truc intéressant.
42:54 On a parlé beaucoup tout à l'heure de l'or,
42:57 mais, comme vous le savez, les mines d'or n'ont rien fait cette année,
43:00 elles sont toujours en baisse.
43:02 - Depuis le début de l'année ? - Ouais.
43:04 - Toujours en baisse, donc elles ont progressé depuis un mois,
43:06 mais il y a quand même quelque chose qui ne fonctionne pas complètement.
43:08 - Il y a un petit décalage entre la hausse des cours de l'or et le...
43:10 - Là, ça semble assez facile, quand même, d'aller chercher ces sociétés-là,
43:13 parce que c'est évident de penser qu'il va y avoir une augmentation du cash
43:17 qui va être généré par ces entreprises,
43:19 donc ça, c'est une idée qui me semble intéressante.
43:21 Et puis après, effectivement, plutôt, pareil, ce que je disais tout à l'heure,
43:24 les sociétés sur l'énergie, l'industrie, en Europe et en dehors,
43:28 et ce dont je n'ai pas parlé, oui, on parlait aussi des matières premières,
43:32 mais on n'a pas parlé des pays émergents,
43:34 mais je pense toujours qu'il y a quand même des choses à faire en dehors de l'Inde,
43:38 qui est le pays le plus cher aujourd'hui avec les États-Unis.
43:42 - Et c'est quoi en dehors de l'Inde, alors ?
43:44 - Vous avez l'Amérique du Sud, il y a l'Asie, donc la Chine, bien sûr,
43:49 mais aussi l'Indonésie, enfin, tout l'axe asiatique, qui me semble intéressant.
43:55 Donc ça, je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire,
43:57 et c'est des pays qui étaient surexploités avec les BRICS il y a 20 ans
44:02 et qui sont aujourd'hui complètement sous-regardés.
44:05 - Ah oui, bien sûr.
44:06 - Donc ça me semble intéressant de les regarder.
44:08 - Yves, qu'est-ce qui peut vous paraître intéressant, vous, dans ce marché ?
44:11 Bon, on a parlé de l'or, bien sûr, des matières premières,
44:14 l'idée des "small and mid-cap", je ne sais pas, oui ?
44:17 - Oui, oui, oui, alors ?
44:18 - Il y a un alignement, quand même, à un moment, qui fait que...
44:21 - Et ce qui manque, parce que c'est flagrant, en fait, la décor.
44:24 - Ah, ben, c'est l'éléphant dans la pièce d'une carte de la valorisation, oui.
44:27 - Et c'est flagrant entre ce qui se passe dans le non-coté,
44:30 qui est vraiment le domaine à la mode depuis 2-3 ans,
44:32 et qui a en fait capté des flux, et qui empêche,
44:35 et qui a tiré des flux du compartiment coté, ce qui est un paradoxe.
44:40 Et donc là, il y a...
44:41 - Il y a une prime d'illiquidité et une décote de liquidité sur ce segment "mid-market".
44:45 - Là aussi, on marche sur la tête.
44:47 Et donc, il manque plus que quoi ?
44:50 C'est ce qui n'arrive pas pour l'instant, ou peu,
44:53 quoique, on a des petits signes, là aussi,
44:55 d'argent qui arrive sur des produits indexés "small cap".
44:59 Ben, c'est des flux, des flux qui pourraient corriger.
45:02 Il faut faire attention, parce que ça peut être très rapide, en fait.
45:06 - On a eu une petite répétition en fin d'année, sur quelques semaines,
45:09 on a vu que ça pouvait, effectivement, être violent.
45:12 - On a vu dans le sillage de ce qui s'était passé sur le Russell, aux Etats-Unis,
45:15 à partir d'octobre-novembre, effectivement, puis ça s'est estompé.
45:18 Donc ça, c'est un segment intéressant.
45:19 Sinon, en termes "actions sectorielles", pour aller à l'essentiel,
45:23 moi, je regarde les idées de croissance de long terme,
45:27 certes, peut-être chères à très court terme,
45:30 j'ai parlé de cybersécurité, voilà, qui reste dans les domaines tech.
45:33 Et puis, à plus court terme, là, je rejoins Céline, c'est que,
45:37 en plus, on est sur une sorte de barbelle, en termes de gestion actions,
45:41 avec des secteurs liés aux matières premières, au pétrole,
45:45 acteurs dans le pétrole, sur les services pétroliers,
45:47 qui montrent techniquement des signaux très intéressants,
45:50 et puis, des sociétés minières, qui, effectivement, pour pas mal d'entre elles,
45:55 affichent des retards assez forts par rapport aux sous-jacents en matières premières,
45:59 c'est vrai sur les métaux précieux, mais aussi sur d'autres valeurs minières.
46:05 - Ça fait partie des secteurs en retard.
46:07 Merci beaucoup, merci à vous trois d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
46:10 Yves Maillot, président de YAM Capital,
46:12 Julien Pierre-Nouan, directeur des études économiques et de la gestion diversifiée de Lazare,
46:16 frère gestion, et Céline Picmal-Prade, présidente de Picmal Auton Investments.
46:20 - Un quart d'heure de Smart Bourges chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:33 Une fois par mois, nous prenons le temps de décrypter un cas d'investissement
46:37 avec le prisme de l'analyse fondamentale.
46:39 Et ce sont les équipes de Clartan Associés qui nous accompagnent pour ce rendez-vous.
46:43 Elisabeth de Saint-Léger est à mes côtés, gérante chez Clartan.
46:45 Bonsoir Elisabeth. - Bonsoir Grégoire.
46:47 - On parle avec vous ce mois-ci d'une société néerlandaise qui s'appelle Arcadis,
46:52 qui se présente comme leader du conseil et de l'ingénierie durable.
46:55 C'est une capitalisation de taille moyenne autour de 5 milliards d'euros,
46:59 cotée notamment sur le marché d'Euronext à Amsterdam.
47:03 Société qui a été fondée il y a longtemps, qui a beaucoup plus d'un siècle maintenant,
47:09 fin 19e, aux Pays-Bas, donc, qui est un pays,
47:12 et j'imagine que ça explique aussi le positionnement de l'entreprise aujourd'hui et de ses métiers,
47:17 un pays sous fortes contraintes environnementales,
47:20 notamment du fait qu'une majorité ou une grande partie du pays se situe sous le niveau de la mer.
47:25 - Oui, effectivement. On va dire que les racines historiques d'Arcadis
47:30 sont une expertise dans la gestion de l'eau,
47:33 puisqu'ils ont contribué à rendre des terres inondées, habitables et cultivables.
47:39 Et elle a accumulé des expertises dans des domaines connexes,
47:45 dans l'environnement, les infrastructures et puis les bâtiments.
47:51 Et elle a enrichi son portefeuille, à la fois de façon organique et par des acquisitions.
48:00 - Qu'est-ce que ça veut dire quand il se présente "leader du conseil de l'ingénierie durable" ?
48:05 On sait que le marché du conseil de l'ingénierie dans le monde, c'est un marché qui est quand même très fragmenté.
48:10 On peut avoir des sociétés avec des marchés importantes, mais ça reste quand même un marché fragmenté.
48:15 Qu'est-ce qu'ils veulent dire quand ils se présentent de cette manière-là, concrètement ?
48:18 - Alors, en fait, ils sont vraiment sur des marchés qui sont portés par ces thématiques de la durabilité.
48:26 Alors, au départ, c'était un peu par construction.
48:29 Et puis, ça devient de plus en plus un choix du fait des marchés auxquels ils s'adressent,
48:36 qui sont mûs par l'urbanisation croissante, les besoins en énergie, en eau, les besoins d'efficacité énergétique.
48:45 Et eux, ils ont des compétences pour pouvoir accompagner leurs clients sur ces enjeux de transition énergétique,
48:52 de décarbonation, de digitalisation, d'industrie du futur, de mobilité intelligente, comme on dit.
49:01 - Oui, bien sûr. - Il y a plein de choses. Smart.
49:03 - Oui, oui, tout est smart, oui, aujourd'hui. Évidemment. Ce n'est pas ici qu'on dira le contraire.
49:08 - Et donc, ils ont ces compétences et ils concentrent leur énergie sur ces compétences-là
49:16 parce que ce sont des vecteurs de croissance pérenne.
49:22 - C'est ce qui les caractérise aujourd'hui dans cet univers du conseil de l'ingénierie au sens large ?
49:27 - Oui. - Ce positionnement sur ces métiers, sur ces tendances lourdes ?
49:31 - Oui, aussi le fait qu'ils sont un pur player, parce que souvent, les sociétés d'ingénierie
49:38 avec lesquelles ils se trouvent en concurrence peuvent avoir des compétences de construction.
49:45 Alors eux, ce n'est pas du tout leur cas. Ils ne sont que col blanc.
49:48 - D'accord. - Ils sont vraiment des purs players.
49:51 Et ils cherchent aussi à augmenter en permanence la valeur ajoutée de leurs prestations,
49:59 notamment en intégrant des aspects de gestion de données et d'analyse de données pour accompagner leurs clients.
50:08 - Oui. Vous le disiez, effectivement, croissance interne et croissance externe dans ces marchés fragmentés.
50:14 Ils ont acquis un vrai savoir-faire en matière de M&A, de rachat d'entreprise, Elisabeth,
50:21 sachant qu'il y a eu dans cette histoire-là du M&A chez Arcadis, un avant-après 2014, je crois,
50:27 qui est l'année où ils ont racheté une grosse société britannique qui s'appelait Hyder à l'époque.
50:34 Je ne sais pas s'ils ont conservé la marque. - Non.
50:37 - Et ça a été pour eux un véritable challenge, justement, dans cette dynamique de croissance externe.
50:42 - Effectivement, parce qu'ils ont eu un historique d'acquisition et de capacité avérée d'intégration
50:55 qui s'est déroulé à peu près sans annie-croche. Et puis est arrivée cette acquisition-là,
51:01 qui était quand même d'une taille plus importante que ce qu'ils avaient fait jusque-là,
51:05 qui était aussi une société cotée. Donc les diligences sont parfois plus difficiles à mener
51:13 avec le même degré d'aboutissement avant. Et ils ont donc trouvé dans la corbeille de la mariée du très bon.
51:22 Ils avaient identifié des choses très bonnes, notamment une forte présence qu'ils n'avaient pas
51:29 au Royaume-Uni, en Australie. Et puis aussi un modèle opérationnel qui est excellent,
51:39 parce que c'est un modèle qui est organisé comme pour les leaders du conseil en informatique,
51:46 c'est-à-dire un modèle où il y a localement des commerciaux qui travaillent avec les clients
51:53 et dans des centres d'excellence, des ingénieurs de haut niveau, regroupés dans des pays
52:01 où il y a suffisamment d'ingénieurs. Parce que ce talent-là se fait part.
52:07 - C'est un problème. Mais bien sûr, le monde manque d'ingénieurs.
52:09 - Et qui permet à la fois un bon effet de levier. - On plateformise un peu, c'est ça la matière grise.
52:19 Mais il y avait aussi dans le pot, un certain nombre de contrats et puis une culture
52:30 qui n'était pas la même en termes d'efficacité opérationnelle et en termes de pratiques commerciales.
52:35 Ce qui fait que ça a plombé pendant un moment. L'efficacité opérationnelle, ça a notamment
52:45 tiré pas mal sur le besoin en fonds de roulement parce que les termes dans lesquels les contrats
52:51 avaient été conclus n'étaient pas au standard d'Arcadis. Et ça, ça a mangé pas mal d'énergie.
52:59 Alors il se trouve que c'est arrivé un peu concomitamment avec quelques difficultés
53:05 conjoncturelles sur certains marchés finaux, notamment au Brésil et puis aux Etats-Unis.
53:12 - Donc cette fin des années 2010 a été difficile pour l'entreprise, c'est ça ?
53:15 - Oui, parce que là, ils ont connu une petite phase de décélération.
53:23 Ça s'est même traduit par le départ du management à l'automne 2016.
53:30 Une petite phase de repositionnement et un nouveau patron qui est arrivé en mars 2017,
53:38 d'un monde différent. Le précédent était plus conseil, stratégie, etc.
53:44 Le patron qui est arrivé en mars 2017, lui, venait d'un autre grand acteur nord-américain, d'ingénierie.
53:52 - D'accord, pur ingénieur.
53:54 - Quelles leçons ils ont retenues de ce passage à vide, de ce changement d'équipe managériale
54:00 et qu'est-ce que le management a mis en place pour tirer les leçons peut-être de cette acquisition
54:09 structurante, certes, avec du positif, mais aussi avec du négatif ?
54:13 - Ils ont vraiment fait en sorte de resserrer les boulons un peu partout
54:22 en termes de culture et de sélectivité des projets.
54:28 Parce qu'ils ont des très bonnes compétences, ils ont une très bonne image,
54:32 ils ont un maillage mondial qui leur permet d'être présent dans des très beaux projets
54:41 auprès de clients de très belle envergure.
54:45 Mais il y avait ce besoin d'instiller jusqu'au terrain la sélectivité.
54:53 Alors ils avaient un motto qui s'appelait "Make every project count".
54:59 Et donc ça, ça veut dire que depuis l'appel d'offres jusqu'à l'exécution,
55:05 il faut être vigilant sur la façon à la fois de choisir...
55:12 - Chaque projet est stratégique, chaque projet doit être vu comme un projet clé.
55:16 - Et il y a eu un recentrage aussi sur les géographies où ils voulaient être présents.
55:20 Parce qu'il y a des pays où, soit par absence de taille critique,
55:25 soit parce que la pratique commerciale dans ce pays-là ne correspond pas à leur standard...
55:31 - Ils étaient capables de refuser effectivement peut-être de pénétrer certains marchés,
55:35 d'aller sur certains contrats, pour des questions de pricing power, d'aller sans.
55:41 - Et puis de se retirer aussi.
55:43 Donc je ne sais pas, ils étaient au milieu des années 2010,
55:47 ils étaient dans plus d'une quarantaine de pays, aujourd'hui c'est 30.
55:51 Donc ils ont fait ces choix et ils ont remis la maison en ordre.
55:56 - Quelle est la feuille de route du groupe aujourd'hui, à ce stade, Elisabeth ?
56:01 - Alors la feuille de route, c'est un prolongement et même une amplification
56:07 de la feuille de route qui vient de s'achever.
56:10 Parce qu'ils ont fait des plans successifs dont le but était de restaurer les conditions d'une croissance structurelle.
56:20 Donc là le dernier qui vient de s'achever c'est 2020-2023.
56:26 Et ils ont fait à peu près 7% de croissance annuelle moyenne sur cette période-là.
56:32 Et pour les trois années qui viennent, ils se sont de nouveau fixés un objectif du même à Cabi.
56:38 Il y avait un objectif d'amélioration des marges qui a été atteint.
56:43 Et de nouveau, là, ils veulent encore franchir une marche de ce point de vue-là.
56:48 Et puis toujours rester attractifs pour les talents.
56:52 - C'est ça. J'allais demander quel est le risque pour une société comme Arcadis aujourd'hui,
56:57 qui a connu ce trou d'air, qui s'est remise en ordre de marche,
57:01 qui a repris le contrôle sur son pouvoir de fixation des prix, de sélection des contrats, etc.
57:05 La guerre des talents, ça c'est un risque permanent.
57:08 - Ça c'est un enjeu parce qu'ils ont besoin de ces ressources en ingénieurs de qualité.
57:14 Et je pense qu'ils sont sur des métiers qui attirent
57:19 parce que c'est très dans l'air du temps d'aider à réaliser ces objectifs.
57:26 - Ça donne du sens !
57:27 - Voilà, ça donne du sens, exactement.
57:28 - Pour toute une nouvelle génération d'ingénieurs qui a besoin de ça, mais c'est normal.
57:31 - Oui, exactement.
57:32 - Mais bien sûr.
57:33 - C'est pas ça, mais il y a la réalité qui est que...
57:37 - Il n'y a pas assez d'ingénieurs.
57:39 - Oui, et qu'il y a beaucoup de concurrents qui recherchent les bons talents.
57:42 - Donc eux, ils font des académies en interne.
57:45 Par exemple, ils ont construit une académie de la transition énergétique pour anticiper là-dessus.
57:51 - Un mot pour conclure du cours de bourse de la société.
57:56 Effectivement, j'ai regardé, depuis 2020, c'est une société qui a bien rattrapé,
58:00 qui a été bien revalorisée.
58:01 Le marché ne s'est pas trompé.
58:02 - Non.
58:03 - D'une certaine manière.
58:04 - Oui.
58:05 - Donc, quel est le moteur de croissance boursier pour cette entreprise aujourd'hui ?
58:07 - Là, on est effectivement, je pense, aux alentours du prix, parce qu'on est à 17 fois.
58:13 Au vu des perspectives de croissance, c'est tout à fait raisonnable.
58:21 Il n'y a pas de décote manifeste, mais le moteur fondamental est bon.
58:29 Donc, c'est une société qui peut accompagner la performance.
58:35 D'ailleurs, dans notre fonds Mid Cap, depuis son lancement en septembre 2020,
58:42 Arcadis est le deuxième meilleur concurreur.
58:45 - Le performeur ?
58:46 - Oui.
58:47 - Donc, c'est la croissance de l'entreprise, des résultats et de la rentabilité de l'entreprise
58:50 qui va faire le cours de bourse aujourd'hui.
58:52 - Il y a eu la phase rétablissement de la confiance qui avait été abîmée.
58:54 - J'entends.
58:55 - Ça, c'est fait.
58:56 Et donc, maintenant, on est plus sur une tendance structurelle.
58:58 - Merci beaucoup, Elisabeth.
58:59 Merci de nous avoir fait découvrir, en tout cas moi personnellement, le cas Arcadis,
59:03 cette Mid Cap néerlandaise, leader mondial du Conseil de l'ingénierie durable.
59:08 Elisabeth de Saint-Léger, gérante chez Clartemps,
59:10 qui était avec nous pour ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
59:12 - Merci.
59:13 - Merci.
59:15 - Merci.
59:17 - Merci.
59:18 - Merci.
59:19 - Merci.
59:20 - Merci.
59:21 - Merci.
59:22 - Merci.