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À Mayotte, la situation est critique depuis le passage du cyclone Chido. L'électricité et l'eau courante manquent sur Petite et Grande Terre. L'aéroport, dévasté, est devenu un camp de base pour les secours. Les rotations aériennes s'intensifient pour apporter aide et soins aux populations en détresse.

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Transcription
00:00Bonsoir, Anne-Laure. Ah non, on a même réussi à, parce qu'il y a quelques secondes, il faut raconter aux gens qui nous regardent ce qui se passe,
00:06parce qu'en fait, ça dit aussi quelque chose de la situation sur place. Il est très compliqué de travailler techniquement, il est très compliqué aussi
00:14de rester sur l'île de Mayotte. Anne-Laure, racontez-nous ce que vous avez vécu ces dernières heures, et ensuite vous nous direz évidemment ce que vous avez vu
00:22et ce qui vous a marqué.
00:25Oui, effectivement, Alice, nous sommes dans l'un des rares lieux de la Grande-Terre à posséder encore de l'électricité, parce qu'il n'y a plus ni électricité
00:35ni eau courante sur Petite-Terre et sur Grande-Terre qui, eh bien, composent Mayotte. On a eu des difficultés, effectivement, à arriver ici,
00:45parce que, et vous le comprendrez, les rotations, le pont aérien mis en place entre La Réunion et Mayotte, priorité donnée aux forces de l'ordre,
00:54mais aussi aux secours, aux matériels, aux renforts humains, parce que l'urgence ici, c'est de prendre soin des populations, tenter d'y accéder,
01:03parce qu'il y a encore certaines villes qui sont très difficiles d'accès aux secours, et puis surtout leur apporter les premiers soins.
01:12Les rotations vont s'intensifier dans les jours à venir, mais il faut savoir que lorsque nous sommes arrivés sur le tarmac de l'aéroport de Mayotte,
01:20c'est un aéroport complètement vide et surtout détruit, qui ne possède plus de tour de contrôle. Ce sont les militaires qui ont mis en place une tour de contrôle provisoire
01:29pour permettre au vol d'atterrir, et puis il n'y a plus de balises pour éclairer des atterrissages nocturnes. Les réparations sont en cours,
01:39mais pour l'instant, l'aéroport en lui-même est très limité. C'est transformé en camp provisoire pour le repos et aussi pour accueillir tous les gendarmes,
01:50les forces de l'ordre, les pompiers qui vont arriver pour prêter main-forte à la population.
01:55– Alors Anne Lor, les images que nous voyons défiler à côté de vous sont des images que vous avez filmées en arrivant cet après-midi.
02:03La question, c'est cette île, on l'aperçoit comme une globalité. En réalité, il y a beaucoup de populations qui n'habitent pas forcément d'ailleurs
02:12dans des bâtiments précaires au nord et au sud, dont on est sans nouvelles parce que les voies de communication ne sont pas encore totalement rétablies.
02:20Donc il y a des gens qui sont dans le sud ou dans le nord de l'île depuis 3 jours, 4 jours, dont on est absolument sans nouvelles.
02:28– Oui, tout à fait, c'est pour ça que le bilan humain est très difficile à estimer.
02:33Alors oui, vous l'avez vu sur ces images de Domiti Berto, c'est un paysage lunaire complètement détruit par ce cyclone.
02:41Il reste encore de rares arbres encore debout mais les plupart ont été complètement couchés.
02:46On a un peu l'impression qu'il y a eu un espèce de chalumeau qui a été passé sur cette île qui est devenue complètement grise comme brûlée.
02:53C'est vous dire la puissance dévastatrice de ce cyclone.
02:58Alors effectivement, des arbres sont tombés sur la route, ils ont été déracinés.
03:03Il y a plusieurs zones encore très difficiles d'accès pour les secours notamment, c'est pour ça qu'ils sont acheminés.
03:11On a vu notamment des camions de pompiers, il y a des sapeurs-pompiers, il y a aussi des soldats du génie civil
03:18qui viennent prêter main-forte pour déblayer ces rues et ces routes et ces grands axes pour permettre aux secours ensuite d'atteindre les populations qui auraient besoin de cette aide.
03:29Et elles sont nombreuses ces personnes.
03:32Nous étions avec Domiti par exemple dans un quartier qui s'appelle le quartier de l'Abattoir, c'est sur la petite terre.
03:39Et là, nous avons rencontré une famille qui vit dans des bangas.
03:43Vous savez, ce sont des habitats précaires, il y a des toits en tôle.
03:47Forcément, tous ces toits en tôle se sont envolés, ils n'ont plus de maison, ils dorment dehors la nuit.
03:53Et pourtant, et ça c'est très surprenant, quand nous sommes arrivés, ils étaient déjà en train de reconstruire un habitat avec notamment des morceaux de bois et les tôles qu'ils ont pu trouver
04:03parce qu'il faut mettre un toit au-dessus de sa tête et de la tête de mes enfants, a expliqué la dame que nous avons rencontrée.
04:10Pour répondre aussi à votre question sur les accès, il y a la petite terre et la grande terre.
04:15Et pour lier ces deux morceaux de terre, d'une certaine manière, il y a des barques, il y en a trois normalement.
04:22Deux sont en fonctionnement, mais elles sont avant tout destinées et réquisitionnées pour les secours qui continuent d'arriver par vagues ici à Grande Terre et notamment dans la capitale Mamoudzou où nous nous trouvons avec Domiti Berthoud.
04:37Alors, la situation sécuritaire devient aussi une préoccupation et un couvre-feu devrait entrer en vigueur d'ici une heure, c'est bien ça ?
04:48Oui, tout à fait, c'est un couvre-feu qui va s'étendre de 22h jusqu'à 4h du matin.
04:53Il y a ces questions sécuritaires parce que la population ici manque de tout, bien évidemment, il n'y a ni eau courante, ni nourriture et puis aucune électricité, donc pas de visibilité.
05:06L'objectif pour les autorités aussi, c'est de maintenir en sécurité ces personnes, éviter des pillages dans les magasins parce que la situation, en fait, elle est très précaire.
05:17Il y a des gens qui n'ont pas bu d'eau potable depuis plusieurs jours, je vous le disais, et puis même lorsqu'on regarde le paysage que vous ne pouvez pas voir mais que je vais vous décrire,
05:26on voit des collines et on voit aussi des sortes de points lumineux, ce sont des feux de bois qui ont été créés par des familles, c'est le seul lien qu'ils ont pour s'éclairer et potentiellement aussi chauffer leur nourriture.
05:40Vous avez pu, je sais que vous êtes arrivés aujourd'hui, on vous en demande peut-être trop, Anne-Laure, mais est-ce que vous avez pu regarder, voir, échanger avec des habitants sinistrés ?
05:51Est-ce qu'il y a une forme de résilience ? Est-ce qu'on est déjà en train de rebâtir ces habitations de fortune ? Vous l'avez évoqué il y a quelques instants, une personne qui vous a dit
06:01« je suis en train d'essayer de mettre un toit sur la tête de mes parents ». Est-ce qu'on est déjà dans l'après ? Quel est l'état d'esprit des gens ? Vous avez eu des scènes de désespoir ?
06:10Est-ce que vous avez assisté à des funérailles ? Racontez-nous un peu l'état d'esprit des populations qui sont touchées dramatiquement.
06:20Alors ce qu'on tient à souligner avec Domiti Berto, c'est qu'il y a énormément de dignité et de résilience. Aujourd'hui, pour les personnes avec qui nous avons pu échanger, il y a une urgence.
06:30L'urgence de se nourrir, de boire et de se reposer après ce cyclone. Donc il y a énormément d'activités, c'est-à-dire de déblayage de la part de ces populations.
06:40Les populations qui vivent dans ces zones très précaires, elles n'ont d'autre choix que de reconstruire avec ce qu'elles trouvent autour d'elles pour mettre un toit au-dessus de leur tête et surtout au-dessus de celle de leurs enfants.
06:53Nous avons rencontré cette famille avec Domiti Berto. Il y a aussi un état de sidération parce que ce cyclone a été très bruyant. Il y a eu des rafales à plus de 200 km heure.
07:07Et ce qui revient dans la bouche de toutes les personnes que nous avons interrogées, c'est ce traumatisme, la difficulté d'entendre le bruit du vent et cette peur, la peur de mourir.
07:18Et aussi cette inquiétude de ne pas avoir de nouvelles des proches. Il y avait par exemple cette proviseure adjointe d'un collège avec qui nous avons échangé.
07:26Elle était très émue parce qu'effectivement cet épisode a été très violent et elle est toujours sans nouvelles de plusieurs de ses élèves qui vivent notamment dans ces bangas, ces habitats précaires.
07:38Il faut savoir aussi qu'il y a une grande partie de la population qui est sans papier, qui par peur, malgré les messages de la préfecture, n'ont pas souhaité se réfugier dans les zones où elles auraient pu être à l'abri.
07:49Ces personnes, pour beaucoup d'entre elles, on est sans nouvelles d'elles et les secours sont toujours en train de chercher des victimes. C'est une avancée des secours très lente parce que les conditions sur place sont très précaires.

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