Une semaine après le passage du cyclone Chido, les habitants de Mayotte manquent encore et toujours de tout malgré le retour progressif de l'eau courante dans le chef-lieu de l'archipel.
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00:00Sur l'archipel de Mayotte, nous sommes misous après le passage dévastateur du cyclone Shido.
00:04Une seule certitude, le retour à la normale va prendre des semaines ou des mois.
00:0990% de la population sera reliée à l'eau courante à partir de ce soir,
00:12mais seulement 8 heures par jour et 2 jours sur 3.
00:15Toujours aucun bilan précis des blessés qui sont désormais accueillis dans un hôpital de campagne
00:20bâti en 24 heures à Mamoudjou.
00:22Récit les envoyés spéciaux de BFMTV, Nicolas Coadou et Thomas Touchet.
00:26L'hôpital de campagne qui vient d'être installé, qui est en train d'être installé ici à Mamoudjou,
00:30commence à prendre forme, regardez.
00:32Il y a une petite dizaine de tentes pour l'instant qui ont été mises en place.
00:35Alors ce que vous voyez, c'est ce qu'on appelle la base vie.
00:37C'est ici que vont loger les logisticiens, les médecins, les personnes qui vont s'occuper de cet hôpital.
00:43Mais à terme, il y aura des tentes absolument partout
00:47parce que l'idée, c'est d'avoir un hôpital totalement opérationnel
00:50pour pouvoir soigner tous les patients, les habitants de Mamoudjou qui en auraient besoin.
00:56Lui étant connaît l'aide, Jacques Pagès, bonjour, c'est vous le responsable un petit peu ici.
01:00En fait, c'est comme un hôpital normal finalement.
01:03C'est comme un hôpital normal avec tous les services quasiment d'un hôpital,
01:07mais sous tentes, c'est-à-dire sous 1 600 m2 de tentes qui vont occuper tout cet espace.
01:12Voilà, et qui vont nous permettre chaque jour d'accueillir au minimum 100 patients par jour.
01:16On peut aller au-delà.
01:17On pourra hospitaliser une quarantaine de patients en continu,
01:21avoir un service d'urgence, avoir une unité de radiologie, d'imagerie médicale,
01:25une maternité, huit lits d'hydroanimation et deux blocs opératoires en pleine capacité
01:30pour pouvoir aider les collègues de l'hôpital local.
01:34Il était indispensable cet hôpital de campagne ?
01:36Oui, l'hôpital local n'est plus en pleine capacité et il y avait le besoin de venir l'appuyer.
01:41Et on va travailler en pleine complémentarité avec eux pour le transfert des patients
01:46et pour les délaster, qu'ils soufflent un peu.
01:47Ouverture à partir de mardi, c'est ça ?
01:49À partir de mardi matin, l'hôpital fonctionnera à pleine régime.
01:51Merci beaucoup, lieutenant Connel.
01:53Voilà, vous le voyez, tout est en train de se mettre en place ici.
01:56Et il est indispensable cet hôpital de campagne parce que l'hôpital de Mamoudzou,
01:59le seul ici, il a été déjà très endommagé par le cyclone.
02:03Et il y a un afflux de patients, notamment les habitants des bidonvilles
02:06qui, certains, n'osent pas forcément venir se faire soigner à l'hôpital,
02:09qui pourront venir ici recevoir des soins.
02:12On imagine que dès mardi, il y aura un afflux considérable de patients
02:16qui viendront ici réaliser des examens médicaux ou des soins de première urgence.
02:20Bonjour Alexandre Joissart.
02:22Bonjour, merci d'être sur le pateau.
02:23Vous êtes adjoint du Centre opérationnel de gestion des crises de la sécurité civile.
02:27Bonjour Aurél Guedj, médecin urgentiste et consultant santé BFM TV.
02:30Je me tourne vers tous les deux dans un instant.
02:32Mais avant cela, le terrain avec Patrick Millan.
02:34Merci de participer à nos essences.
02:35Vous êtes le directeur général de Quasi TV.
02:39Est-ce que vous nous confirmez ce qu'on tentait d'expliquer ?
02:42Est-ce que vous nous donnez les chiffres ?
02:43À savoir que concernant l'accès à l'eau, il y a véritablement du mieux.
02:48Alors oui, je vous le confirme.
02:50Juste avant ce plateau, avec les équipes,
02:53on a essayé de joindre les différentes communes de Mayotte
02:58pour savoir si, oui ou non, la promesse du ministre de l'Intérieur,
03:02qui consiste à dire que 90% de la population va bénéficier d'eau,
03:07aujourd'hui, on a vérifié.
03:10Je peux vous dire que du côté de Petit-Terre, Pamanzi,
03:13oui, il y a de l'eau.
03:14Mais attention, quand je dis qu'il y a de l'eau,
03:15c'est qu'il y a de l'eau une heure ou deux heures dans la journée.
03:18Et hop, on bascule à une autre commune après.
03:22Mamoudzou, la majorité des quartiers de Mamoudzou ont retrouvé l'eau,
03:25du côté de la Convalescence, du côté des Saint-Vila.
03:28En revanche, du côté de certaines zones de Pamanzi, du côté de Vahibé
03:32et notamment le nord de l'île, toujours pas d'eau.
03:37Les zones qui aujourd'hui ont de l'eau,
03:41ce sont les zones où il y a le plus de population, bien évidemment.
03:45Donc moi, je dirais, avec les calculs qu'on a pu faire,
03:48on est à 60% du territoire et 80% de la population.
03:53Ce qui veut dire clairement que je pense sincèrement que la promesse de Rotaïo,
03:58du ministre de l'Intérieur, sera respectée ce soir
04:01pour arriver à ces fameux 90%.
04:04– Patrick, une dernière question plus large.
04:06Lui d'ici, on a le sentiment qu'il y a une véritable logistique
04:10qui s'est mise en place ou qui commente être mise en place.
04:12On parle de ponts aériens, de ponts maritimes.
04:14Est-ce que c'est quelque chose que vous constatez ?
04:16Est-ce que c'est assez efficace ? Est-ce que c'est inefficace ?
04:19Est-ce que c'est encore insuffisant ?
04:22– Alors, le pont aérien, c'est drôle d'en parler comme ça
04:27parce que vous savez aussi bien que moi, sinon mieux que moi,
04:30les ministres ont toujours l'habitude de nous reprendre,
04:32nous les journalistes, en nous disant attention, les mots ont un sens
04:35et attention aux mots que vous utilisez.
04:38Eh bien oui, aujourd'hui j'ai envie de dire la même chose
04:39mais j'ai envie de leur dire… parce que le pont aérien a aussi un sens.
04:44Si il suffit de prendre le dictionnaire, qu'est-ce que veut dire un pont aérien ?
04:48Pour mémoire, on est en 1949, le pont aérien qui a servi
04:54pour sauver les berlinois de l'encerclement, à l'époque,
04:58était de 1 398 avions par jour et de 12 849 tonnes par jour.
05:04Ça c'était un pont aérien.
05:06Aujourd'hui, les 4 avions qui viennent quasi régulièrement de la Réunion,
05:11moi j'appelle ça un ravitaillement aérien mais pas un pont aérien.
05:14– Merci beaucoup Patrick Millon d'avoir été avec nous
05:16pour nous faire évidemment un état de la situation sur le terrain.
05:20Alexandre, je vois ça, évidemment on constate la difficulté,
05:23on sait que sur le coup, pour reprendre la comparaison,
05:26Berlin-Mayotte, situation évidemment compliquée,
05:29on sait que Mayotte et l'archipel est assez isolé,
05:31mais comment vous décourriez la situation une semaine après ?
05:36– Alors la situation est en évaluation favorable,
05:39notamment sur l'arrivée des secours et sur notre capacité
05:41à transmettre de l'eau, des vidres et aussi d'avoir des secouristes
05:45au contact de la population.
05:47– Dans les zones les plus reculées, parce qu'on a vu
05:49que c'était extrêmement compliqué dès qu'on rentrait.
05:51– C'est d'ailleurs le travail qu'on a coordonné hier ensemble
05:53avec le centre opérationnel, mais en échange évidemment
05:56avec le COS, le commandant des opérations de secours
06:00et la préfecture de Mayotte qui est en coordination sur place.
06:03Trois objectifs, premier objectif, créer des trinomes,
06:05c'est-à-dire des secouristes qui vont aller au contact de la population.
06:08Là on avait la difficulté d'avoir ce comptage-là,
06:11d'avoir la possibilité d'avoir les blessures légères notamment traitées
06:15et dans ce cadre-là, à Mayotte notamment, des blessures légères,
06:18des coupures pourraient au bout de quelques jours
06:21amener à des blessures plus importantes.
06:22C'est le travail qui a été mené hier, il va être poursuivi aujourd'hui,
06:25on augmente le nombre de secouristes qui vont dans les bangas,
06:28dans les zones qui étaient inaccessibles jusqu'à présent.
06:30Le deuxième travail, on a parlé de l'eau,
06:32on a un module de potabilisation de l'eau,
06:35de traitement de l'eau qui avait été projeté.
06:37Ce module-là, il créait de l'eau depuis 24 heures.
06:39– C'est ça avec des pastilles c'est ça ?
06:41– Notamment avec du matériel lourd qui permet de créer cette eau potable.
06:46Mais il fallait que l'ARS valide la distribution d'eau
06:48puisque l'objectif est de favoriser une distribution d'eau potable
06:52et non pas d'une eau impropre à la consommation.
06:54Et nous avons eu le go ce matin,
06:56et donc il va y avoir plus de 150 000 litres d'eau supplémentaires
06:59pouvant être distribués, ça c'est un point très favorable.
07:02Le troisième élément, on a parlé points aériens,
07:05peu importe la sémantique qui est gardée,
07:07le plus important c'est de dire qu'on a eu de plus en plus de moyens
07:10qui sont distribués et par rapport à ces moyens-là,
07:12le centre opérationnel notamment,
07:13travaille sur l'arrivée d'aides européennes
07:16puisque nous avons eu plusieurs pays,
07:18notamment la Belgique, la Suède, l'Allemagne, l'Italie,
07:21qui nous offrent des tentes,
07:22qui nous offrent des possibilités supplémentaires.
07:24Et donc ce sont l'ensemble de ces moyens
07:26qui vont pouvoir être projetés dans les 24-48 heures.
07:28Aurel, il y a d'infini ou de multiples priorités,
07:32mais quel est d'un point de vue médical, sanitaire, la priorité selon vous ?
07:36Alors, comme l'a dit M. Jouassar, il y a plusieurs temps.
07:39Là, le premier temps, ça va être l'urgence, les blessés,
07:42puisqu'il en reste malheureusement, il va falloir y accéder.
07:46C'est pour ça la problématique qu'on avait à cause des décombres,
07:48on ne pouvait pas y accéder.
07:50Donc, il a fallu envoyer des secouristes, des moyens,
07:52ce qu'on va appeler le chantier de l'avant.
07:54Et puis, dans un second temps, il va falloir évaluer ces patients.
07:57Sur le sujet qu'on a vu juste avant, et d'ailleurs, tiens, on voit les images.
08:01Ici, on voit un hôpital de campagne de Mamoudzou,
08:05mais qui vraiment témoigne du génie civil français
08:08et de ce que fait la sécurité civile,
08:10puisque ça paraît être juste des tentes.
08:12Moi, je vous dis la vérité, on pourrait dire que c'est juste des tentes,
08:14ça met cinq minutes à être installé.
08:15On met un matelas et on s'allonge et puis on récupère, mais ce n'est pas ça du tout.
08:17Sauf que ce n'est pas du tout ça.
08:19Très franchement, c'est-à-dire que la technologie à l'intérieur,
08:21l'idée, c'est un centre qui est totalement opérationnel
08:24où vous allez avoir, d'un point de vue organisationnel,
08:26à la fois un secteur chirurgical,
08:28puisque là, on a des polytraumatisés, donc potentiellement, il faut les opérer,
08:31un secteur médical, il y a des patients qu'il faut suivre pour l'hospitalisation,
08:34et un secteur logistique.
08:35C'est un camp qui est totalement indépendant, qui peut se déployer partout.
08:40Vraiment, c'est rassurant.
08:41C'est à peu près 80 lits d'hospitalisation, en théorie,
08:44avec un secteur de chirurgie.
08:45Et l'idée dans ce genre de situation, alors qu'on n'avait pas ça sur Mayotte,
08:49c'est d'avoir un hôpital relais, on emmène le blessé,
08:52on le met là, on le relaie potentiellement,
08:54on fait des soins de réanimation, on fait des soins de chir,
08:56ensuite on l'envoie à Mayotte, ensuite on l'envoie à La Réunion.
08:59Vraiment, c'est impressionnant.
09:00C'est de la médecine de guerre, sur la forme comme sur le fond.
09:03Ça ressemble à ça en tout cas.
09:03C'est de la médecine de catastrophe, ça c'est une évidence.
09:06Et nous avons donc des postes médicaux avancés également qui sont projetés.
09:09Ça permet de faire ce que vient de dire Aurélien Gage,
09:11c'est-à-dire la possibilité d'avoir une première source médicale
09:17qui est au contact, première évaluation,
09:19et ensuite soit on garde au poste médical avancé,
09:21on fait ce qu'on appelle, entre guillemets, de la bobologie,
09:23en tout cas des blessures légères et de surface,
09:25soit on a besoin d'évacuer,
09:27et donc on va jusqu'à cet hôpital de l'escrime qui a été déployé.
09:30Le problème de la bobologie, c'est, pour reprendre votre mot,
09:33c'est qu'on est quand même dans un territoire
09:34où les difficultés sociales, économiques, sanitaires
09:37ne datent pas du passage de Chido.
09:39Et que j'imagine que ce qui était de la bobologie
09:41ou ce qui est de la bobologie, très généralement, peut aussi s'aggraver.
09:43Est-ce que c'est aussi quelque chose à gérer et qui complique la situation ?
09:46Ce sont des éléments pris en compte et c'est d'ailleurs en ce sens
09:49que les matériels qui ont été engagés vont vers aussi plus de matériel
09:54qui permettent de soigner ces blessures légères.
09:56Comme je vous l'ai dit, les blessures légères
09:57à T plus une semaine, quinze jours,
09:59dans ces conditions particulières d'humidité et de chaleur,
10:02peuvent dégénérer et c'est pour cela qu'on avait besoin
10:04d'avoir ces équipes constituées,
10:06de pouvoir être au contact des populations.
10:08C'est ce qui est fait aujourd'hui,
10:09c'est ce qui va être augmenté encore demain, après-demain.
10:12Et donc, par rapport à votre question, qui était votre question initiale,
10:15il y a une amélioration sur place.
10:16Pour autant, la situation est difficile.
10:19Il faut aussi parler de la coordination.
10:21Avoir beaucoup de moyens, c'est important,
10:22mais il faut pouvoir les coordonner,
10:24il faut pouvoir les amener au fur et à mesure de la mission
10:26pour pouvoir avoir cette montée en puissance
10:28sans avoir de désordre sur place.
10:30Et ça, c'est très important également.
10:31Il y a un mot qui m'a frappé hier, Aurel.
10:33Choléra.
10:33C'était la directrice d'une école dans laquelle on avait accueilli des sinistrés
10:37et elle disait qu'il y a le risque du choléra
10:39et que si ça commence, on ne sait pas comment ça va se terminer.
10:42Qu'est-ce qu'on peut dire par rapport à cette inquiétude-là ?
10:44Alors là, ce qui est assez intéressant,
10:46c'est que vous rentrez dans le deuxième temps d'une catastrophe naturelle.
10:49Premier temps, c'est l'aiguë.
10:50Deuxième temps, ça va être les épidémies.
10:52Là, on a entendu potabilité de l'eau, c'est l'une des problématiques.
10:56Seconde problématique, conservation des aliments.
10:58Les aliments sont à portée.
10:59La troisième problématique, c'est le risque épidémique
11:02sur des épidémies sous-jacentes ou alors qui sont dormantes.
11:05Concernant le choléra, évidemment,
11:07ils surveillent ça comme du lait sur le feu.
11:09C'est une pathologie qui va se transmettre
11:13via des déjections humaines dans de l'eau non potable.
11:17Il faut savoir que le directeur du Centre national de recherche du choléra
11:21a été rassurant, même s'il y a eu une épidémie à Mayotte.
11:24Pour l'instant, pas de nouveaux cas.
11:26Pas de nouveaux cas recensés sur les îles aux alentours.
11:28Donc, il n'y a pas...
11:29Dans l'immédiat, le risque fort n'est pas là.
11:32Je le redis, dans l'immédiat, le risque fort n'est pas là.
11:34Cependant, on le guette.
11:35Et cependant, c'est exactement ce que font actuellement
11:38les différentes instances publiques.
11:40Toujours aucune idée du bilan.
11:41Qu'est-ce que vous disent les équipes ?
11:43Parce qu'on a l'impression que c'est une catastrophe sans corps.
11:46On voit très peu de...
11:47On voit quelques blessés, mais on voit très peu de corps.
11:49Ce bilan va être affiné dans les prochains jours
11:51parce que, justement, on arrive sur certaines zones
11:54dans lesquelles on n'avait pas pu être projetés jusqu'à présent.
11:58Rencontrer les populations.
11:59On prend aussi les éléments.
12:00On doit les vérifier
12:01puisqu'il y a eu plusieurs rumeurs.
12:03Et à chaque fois, ces rumeurs ont été soit diminuées,
12:06soit carrément écartées sur la présence de corps.
12:09Donc, c'est le travail qui est réalisé et piloté
12:11par la préfecture de Mayotte.
12:13Il y a des effectifs.
12:14Là aussi, je tiens à le dire, on parle beaucoup des sauveteurs.
12:17Ils sont présents en nombre.
12:18Mais aussi, on a toute une coordination,
12:19tout un panel de professions qui est représenté sur l'île
12:25avec de nombreuses équipes qui ont été directement à Mayotte,
12:28d'autres qui travaillent depuis la Réunion
12:29et celles qui travaillent depuis Paris
12:30avec notamment cette cellule interstelle de crise
12:33qui marche à plein régime, week-end, nuit y compris.
12:35Merci beaucoup Alessandro Joassar d'avoir été sur le plateau.
12:38Merci beaucoup Aurel.