Avec Anne Nivat, journaliste - grand reporter
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NewsTranscription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Christine Bouillaud, Gilles Anzmann.
00:05 Bienvenue à tous, bonjour Gilles.
00:07 Bonjour Christine.
00:08 Oh c'est notre dernier jour.
00:10 Mais non, je reviendrai.
00:11 Je reviendrai.
00:12 Pas mardi-mardi.
00:13 Je reviendrai, aujourd'hui on va s'intéresser.
00:15 C'est sûr que Valérie va encore prendre des vacances.
00:17 Elle a raison.
00:18 Elle a raison.
00:19 Allez, dans un instant, bien sûr on va faire le zapping de l'actualité, mais on est ravi
00:23 de recevoir aujourd'hui une journaliste qui va nous parler de ce qui se passe en Russie
00:29 et en Ukraine.
00:30 Grand reporter.
00:31 Grand reporter.
00:32 Priel Berlond.
00:33 Qu'est-ce que j'oublie, Anne Nivar.
00:34 Oh non, c'est déjà pas mal.
00:35 Ça me va, ça me va.
00:36 Ça vous va ?
00:37 Journaliste indépendante.
00:38 Et journaliste indépendante et surtout avec, parlons vrai, c'est vraiment votre credo
00:43 plus que jamais.
00:44 Vous publiez aux éditions Flammarion la haine et le déni avec les Ukrainiens et les Russes
00:48 dans la guerre.
00:49 Cette plongée auprès des deux camps, auprès de la population.
00:54 On va y revenir bien sûr avec vous dans un instant.
00:56 De l'humain, de l'humain et de l'humain, mais des deux côtés.
00:58 Vous allez auprès des gens que vous connaissez, des gens que vous croisez.
01:01 Du journalisme, quoi.
01:02 Du reportage.
01:03 Et ça, ça vous plaît.
01:05 Mais avec vous, on va s'intéresser aussi dans cette émission média sur ce que regardent
01:09 les Russes à la télévision, ce qu'ils écoutent, comment les Ukrainiens s'informent,
01:13 que dit Internet, comment ça se passe concrètement, parce que c'est aussi une guerre d'information
01:18 et c'est important d'avoir votre regard sur...
01:20 Oui, puis il faut dire qu'Anne Nivar est la fille de Georges Nivar qui a été évidemment
01:26 un grand universitaire spécialiste du monde russe.
01:29 Vous aimez en fait la Russie ?
01:31 C'est-à-dire que c'est mon père et ma mère qui tous les deux ont partagé avec moi leur
01:36 amour d'abord de la langue et de la littérature russe, puisqu'ils sont tous les deux à la
01:39 retraite maintenant bien sûr, mais ils étaient tous les deux professeurs.
01:41 Mon père à l'Université de Genève et ma mère en collège et lycée.
01:44 Elle était agrégée, mais elle a toujours voulu enseigner en collège et lycée.
01:47 Et je l'ai eu comme prof de la quatrième à la terminale, puisque j'ai fait en russe
01:51 deuxième langue.
01:52 Il n'y avait pas le choix, il n'y en avait qu'une de prof.
01:53 C'était elle.
01:54 Donc j'ai donné quand même si vous voulez, ce n'était pas simple tous les jours.
01:59 Mais vous êtes attachée à cette âme russe qui est vraiment tellement différente ?
02:03 Moi ce qui m'intéresse c'est, moi mes parents se parlaient russe, j'ai un frère il se
02:07 parlait russe à la maison quand il ne voulait pas par exemple qu'on comprenne ce qu'il
02:11 disait.
02:12 Donc ça nous fascinait mon frère et moi.
02:13 Je suis polyglotte, j'ai toujours aimé les langues.
02:15 Donc voilà, il se trouve que évidemment je pense que c'est grâce à mes parents que
02:20 je me suis intéressée à la Russie, à la langue russe.
02:22 C'est une langue que je parle couramment aujourd'hui.
02:24 Évidemment ça m'aide beaucoup dans mes reportages.
02:26 Parce que les gens ne me diraient pas la même chose.
02:28 Mais vous ne parlez pas que russe.
02:29 Non, allemand, italien, russe, tchèque, polonais.
02:32 Et vous avez quelques notions d'arabe.
02:33 Anglais bien sûr.
02:34 Et anglais.
02:35 On apprend des langues.
02:36 Pour moi c'est très important de connaître différentes langues pour pouvoir faire ce
02:39 métier.
02:40 Et ce que vous dites par rapport à votre livre, c'est qu'il n'y a pas de filtre d'un traducteur.
02:44 Je n'ai pas de traducteur ni de fixeur.
02:46 Je suis en direct avec tout le monde, mais ça j'ai toujours fait comme ça.
02:48 Avec les feuilles dans les bottes et les stylos dans l'autre.
02:51 Tout à fait.
02:52 Allez, on va faire Anne Niva, si vous le voulez bien, le tour de l'actualité de ces
02:56 dernières 24 heures à la télévision.
02:58 Il s'en est encore passé des choses.
02:59 Sud Radio Média.
03:00 L'instant Zapping.
03:01 Alors si Marseille c'est le Far West de la drogue et que Gérard Darmanin veut que la
03:08 police fasse place nette, alors on va en comparer à ce qui se passe en ce moment au Mexique.
03:13 Je peux vous dire que c'est du pipi de chat, peu cher.
03:16 Reportage sur place et vous allez voir que le gilet pare-balles est obligatoire.
03:21 À chaque patrouille, ils savent qu'ils risquent leur vie.
03:25 Les policiers de Celaya nous emmènent avec eux dans ce qu'ils appellent la zone rouge.
03:31 Un quartier où ils sont à chaque instant prêts à ouvrir le fond.
03:35 Les gangs envoient des hommes à moto qui sont chargés de nous surveiller.
03:39 Ils scrutent chacun de nos déplacements.
03:42 Chaque deux roues est observée avec nervosité.
03:47 Car ici, une vingtaine de policiers a été tué depuis le début de l'année, le plus
03:52 souvent dans des embuscades.
03:54 Celaya, 500 000 habitants, est le théâtre d'une guerre sanglante menée par les cartels.
04:00 Où les tueurs circulent à moto, ouvrent le feu en rafale, avant de repartir en toute
04:09 impunité.
04:10 Les postes de police sont attaqués à la grenade.
04:14 Le sujet de France 2 est assez incroyable.
04:17 Je me suis demandé si vous avez déjà eu peur.
04:19 Bien sûr, mais moi je tire mon chapeau à tous les journalistes du Mexique et d'autres
04:27 pays dans lesquels véritablement exercer son métier au jour le jour est un danger permanent.
04:31 Il faut avoir de l'humilité.
04:33 Nous, on n'est pas du tout là-dedans.
04:35 On est très confortable, tranquille ici en France.
04:37 Donc moi, évidemment, j'ai eu peur.
04:39 Mais pour d'autres raisons, c'est simplement parce que j'étais sous des bombardements.
04:41 Quand vous êtes sous des bombardements aériens, vous ne pouvez pas ne pas avoir peur.
04:44 Moi, j'ai été sous des bombardements aériens américains en Irak et en Afghanistan.
04:49 Donc j'étais sous les bombes américaines.
04:50 J'ai été sous des bombardements aériens russes en Tchétchénie, en Ukraine.
04:55 Mais j'ai la chance de pouvoir ensuite partir parce que ce n'est pas ma guerre.
05:00 Je ne suis ni russe, ni tchétchène, ni irakienne, ni afghane.
05:04 Je vais et je viens, ce qui est quand même un privilège quand on est journaliste.
05:09 Donc je repars et je reviens dans mon pays qui est quand même confort, dans lequel il n'y a pas de guerre.
05:16 - Et comment on revient, pour avoir aussi vu, rencontré des photographes de guerre, des reporters,
05:22 et à chaque fois, la question c'est comment on fait le sas de décompression de toutes ces images,
05:27 de toute cette violence, parce que...
05:29 - Ah non, mais vous avez raison, c'est très dur.
05:30 C'est très très dur, ça fait 30 ans que c'est très dur et ça ne s'arrange pas.
05:33 Il faut soi-même essayer de trouver comment faire le sas.
05:37 Mais même si on y arrive, on est quand même face, quand on rentre,
05:42 on est en même temps très content de rentrer, de retrouver évidemment sa routine,
05:46 et l'absence de danger, sa famille, etc.
05:49 Mais en même temps on est devant une espèce de mur d'incompréhension et d'indifférence
05:52 puisqu'on n'a pas vécu la même chose que ce que les autres vivent.
05:55 Mais le but c'est de le raconter.
05:58 C'est pour ça que j'ai écrit ce livre, et c'est pour ça que j'ai écrit tous mes livres.
06:00 C'est pour partager ce que j'ai vécu sur place.
06:03 Je n'oblige personne à le partager, j'y vais à la place de ceux qui n'y vont pas.
06:07 Il me semble que ça a l'intérêt.
06:09 Une dette colossale, 454 millions de dollars.
06:13 - Alors évidemment, je ne parle pas du déficit français, - On parle de qui là ?
06:17 mais de la dette de Donald Trump qui doit fournir
06:21 un demi-million de dollars à la justice américaine comme caution.
06:26 Alors ça c'était il y a une dizaine de jours.
06:28 Les chaînes américaines tournaient en boucle sur la dette de Donald Trump
06:33 et Quotidien à l'époque avait zappé dessus.
06:35 - Des nouvelles de Donald Trump. - Donald Trump est en panique.
06:40 Donald Trump est en panique, il ne serait pas en mesure de payer son amende
06:43 de près d'un demi-milliard de dollars pour fraude financière.
06:46 Ses nombreux biens seraient alors menacés.
06:48 Un coup d'œil pour l'ex-président dont la fortune s'est beaucoup bâtie sur son empire immobilier.
06:52 Il possède des buildings immenses à New York comme le Trump Building
06:55 ou la célèbre Trump Tower, mais aussi ça demeure un peu de Mar-a-Lago en Floride.
06:59 Mar-a-Lago est la maison la plus chère probablement dans le monde.
07:02 Son prix est de 1,5 milliard, 2 milliards, qui sait ?
07:05 Bon alors les experts l'ont plutôt évalué à 18 millions de dollars,
07:08 pas assez pour éponger sa dette.
07:10 Alors le magnat de l'immobilier est-il au bord de la faillite ?
07:13 La question se pose, il a pourtant toujours dit "Bah je suis plein aux as".
07:16 - Fortunatelement je suis très riche, ça ne m'importe pas.
07:19 - J'ai beaucoup d'argent, je peux faire ce que je veux faire.
07:21 - Je suis vraiment riche.
07:22 - Ça serait drôle si c'était pas si...
07:26 - Ah c'est Donald Trump. - Oui c'est Donald Trump, c'est vrai.
07:29 Mais en tout cas moi je vais pas le plaindre, je vais pas partir de ceux qui vont le plaindre.
07:32 175 millions, la dette a été rapportée en début de semaine à 175 millions.
07:38 - Ah bah déjà, il a de la chance.
07:39 - Il a de la chance, il a une semaine pour la régler.
07:42 Alors pour éponger ses dettes, c'est Donald, il n'est jamais à court d'idées.
07:47 Alors il y a quelques semaines il a lancé sa propre ligne de basket
07:50 qui s'appelle "Never Surrender", jamais, jamais, on se rend jamais.
07:55 - Extraordinaire.
07:56 - Une basket dorée à 370 euros.
07:58 Alors je peux pas vous la commander parce qu'ils sont en rupture de stock.
08:01 - Non mais ce qui est fabuleux c'est qu'il arrive à faire payer ses dettes à ses électeurs.
08:05 - Exactement.
08:05 - C'est incroyable.
08:07 - Et il vient de lancer en début de semaine, alors ça il y a plein de vidéos où il raconte ça,
08:11 il a lancé la Bible Trump, c'est-à-dire sa propre Bible.
08:14 Alors évidemment il y a une partie de la Holy Bible qu'ont les Américains,
08:19 qu'ont tous les Américains près de leur lit,
08:22 mais il a rajouté des passages à lui pour que ça devienne la Bible de Trump
08:26 avec des extraits, des textes dans la Bible
08:30 avec une partie de la Constitution américaine et une partie à lui.
08:37 Alors ça ça coûte 60 dollars, je vous la commanderais s'il vous plaît.
08:39 - Non c'est mal.
08:41 - Qui s'appelle la Bible Donald Trump.
08:42 - Ne faites pas de note de frais non plus.
08:43 - Quel lien il a avec Poutine-Trump ?
08:47 Est-ce que vous croyez quand il dit "si moi j'avais été là il n'y aurait pas eu de guerre" ?
08:53 - Non seulement il dit ça mais il fanfaronne plus en disant
08:55 "dès que je reviendrai au pouvoir, je réglerai le problème en moins de 24 heures".
08:59 Alors ça tout le monde l'attend au tournant,
09:01 y compris Volodymyr Zelensky, le président ukrainien qui a très mal pris ses propos.
09:06 Personne ne sait véritablement comment ils s'entendent,
09:08 mais le fait est que quand il était au pouvoir et qu'il a vu plusieurs fois Volodymyr Poutine,
09:11 on a bien vu qu'ils s'entendaient bien, tous les deux.
09:14 C'est-à-dire qu'ils se comprenaient l'un l'autre.
09:16 Ça c'est des questions de caractère, de nature humaine.
09:19 Tout simplement, vous savez les chefs d'État quand ils ont plus ou moins d'atomes crochus les uns avec les autres,
09:24 ça se voit aussi.
09:25 Et donc ça se voit quand ils s'entendent bien.
09:27 C'est deux hommes qui croient en la verticale du pouvoir,
09:31 qui sont sans foi ni loi.
09:33 Mais l'un a complètement l'américaine, Donald Trump,
09:35 et puis y a un autre, Vladimir Poutine, l'autre qui est complètement...
09:38 - Chacun avec son identité dans leur domaine excessif. - Tout à fait. Mais ils ont l'air de s'apprécier.
09:42 Alors on va rester dans le même domaine.
09:43 Sur le service public belge, il y a une émission très célèbre, très connue,
09:47 qui s'appelle "Le Grand Cactus",
09:49 qui est une émission de nourristique.
09:51 Alors ils ont en fait des imitateurs.
09:53 Et il y a eu un sketch, évidemment j'ai choisi ce son parce qu'on vous recevait,
09:56 Anne Niva,
09:58 où ils mettent en scène Emmanuel Macron, qui arrive déguisé en Napoléon,
10:02 et il est face à Vladimir Poutine.
10:04 Et ça a donné ça sur les antennes de la RTBF.
10:06 - Je vous le dis de droit dans les yeux, vous ne me faites pas peur, Vladimir.
10:10 - Vous répétez ce que vous venez de dire ?
10:13 - Vous ne me faites pas peur, Vladimir ?
10:15 - Répétez encore, hein ?
10:17 Droit dans les yeux.
10:19 - Monsieur Duvarsé ? - Oui ?
10:21 - Vous auriez des lingettes ? - Oui, oui !
10:23 [Rires]
10:25 - Faites-lui peur au moins une fois, affirmez-vous, monsieur Macron, allez, il est là !
10:29 - Vladimir,
10:32 je n'hésiterai pas, le cas échéant,
10:35 à déclarer
10:36 que si la Russie poursuit sa route échevelée vers la provocation rédhibitoire,
10:41 je prononcerai
10:42 concomitamment la plausibilité d'assumer le devoir qui est le nôtre.
10:45 Et ça, c'est notre projet !
10:47 - J'ai rien compris.
10:49 - Est-ce qu'il ne comprend rien, Poutine, à ce que fait Macron ?
10:51 - Je constate d'abord que ça s'est fait en Belgique, pas en France.
10:55 - Oui, exactement.
10:56 - Il faut le souligner quand même, c'est très bien fait.
10:58 - C'est l'excellente imitation de Macron, de Antoine Desnault,
11:05 qui est un candidat belge qui a été un incroyable talent.
11:08 - Termine, on termine.
11:10 - Vous vouliez poser une question ? - Non, du tout, je voulais vous dire.
11:12 - Et pour finir, un autre talent, celui de Catherine Ringer, qui était invitée dans "C'est à vous",
11:17 elle est venue présenter un spectacle qui s'appelle "L'érotisme de vivre".
11:21 Alors, il faut rentrer dans son univers, écoutons.
11:23 Sur le rock des paroles,
11:27 tes gestes se brisent,
11:33 se brisent.
11:37 Sur le rock,
11:46 je rêve du flux.
11:49 - C'est beau, hein ? - Oui, c'est très beau.
11:51 - Magnifique. - On sent une nostalgie chez Catherine Ringer.
11:54 - Ah, bien sûr. - C'est sublime.
11:56 - Qu'est-ce que vous avez pensé de sa variante ?
11:59 Vous avez peut-être suivi sa variante de l'hymne national au moment...
12:06 - Non, je ne suis pas... - Ah, vous n'avez pas suivi.
12:07 Je me suis dit que vous étiez peut-être en Russie.
12:09 - Je trouve extraordinaire ce qu'elle fait.
12:11 Ça, c'est un grand moment de télévision, des moments de véritable émotion.
12:15 - On n'en a pas tant que ça.
12:17 On vous retrouve dans un instant. Anne Niva est notre invitée dans l'émission Média sur Sud Radio.
12:21 A tout de suite.
12:23 Le 10h midi, Sud Radio Média.
12:26 Christine Bouillaud, Gilles Gansman.
12:29 Sud Radio Média, l'invité du jour.
12:34 - Anne Niva est notre invitée pour le livre publié chez Flammarion, "La haine et le déni",
12:39 avec les Ukrainiens et les Russes dans la guerre.
12:42 Avec vous, Anne Niva, grande spécialiste de ce conflit aussi entre l'Ukraine,
12:47 cette guerre de la Russie en Ukraine.
12:50 On voulait voir les Russes aujourd'hui, comment ils sont informés.
12:54 Et il y a quelque chose d'important, je trouve, depuis quelques jours,
12:58 c'est qu'on commence à parler du mot "guerre" en Russie,
13:01 alors qu'on parlait d'opération spéciale.
13:03 Il y a une sémantique qui vient de bouger.
13:05 - Oui, alors d'abord, dans ce livre, j'ai volontairement construit
13:10 chapitre après chapitre, j'ai structuré comme une alternance
13:14 entre chapitre 1, on est en Ukraine, chapitre 2 en Russie, chapitre 3 en Ukraine,
13:17 comme ce combat de boxe, c'est-à-dire on est du côté de chacun des belligérants.
13:22 Et évidemment, c'est plus facile pour un journaliste d'aller en Ukraine
13:26 que d'aller en Russie. Pourquoi ?
13:28 Parce que, quand on est journaliste, pour n'importe quel pays du monde,
13:32 si on doit demander un visa, c'est plus complexe.
13:34 En Ukraine, il n'y a pas de visa. On peut y aller comme ça, librement.
13:37 C'est pour ça qu'il y a énormément de journalistes en Ukraine.
13:40 En Russie, il y a toujours eu un régime de visa.
13:42 Ce n'est pas nouveau, mais simplement, avec cette guerre,
13:45 il devient de plus en plus restrictif.
13:47 Et là, par exemple, je viens de rentrer de Russie,
13:49 moi et tous les autres journalistes français,
13:52 parce qu'on est un certain nombre à avoir été en Russie,
13:55 en plus de ceux qui sont basés en permanence en Russie,
13:57 comme le Monde, le Figaro, etc.,
13:59 on a eu un visa de 8 jours seulement.
14:01 En 30 ans que je vais en Russie, je n'ai jamais eu un visa aussi court.
14:04 C'était un visa, disons, spécial élection.
14:06 8 jours de visa, c'est-à-dire, après 8 jours, il fallait partir.
14:09 Ce qui montre bien, et l'explication m'ont donné
14:12 certaines sources proches du Kremlin à Moscou,
14:15 c'est que la France fait partie des pays dits "hostiles",
14:18 "inamiko" on dit en russe.
14:20 Qu'est-ce que ça veut dire ?
14:21 Ça veut dire que ce sont des pays qui livrent des armes à l'Ukraine.
14:24 Donc, nous, journalistes ressortissants des pays hostiles,
14:26 nous avons eu 8 jours de visa.
14:27 Les autres ont obtenu 3 mois de visa.
14:30 Donc, j'espère que dans les mois à venir, ça va revenir comme avant.
14:33 Mais bon, tout ça est compliqué.
14:35 Mais quand on est journaliste, on doit faire avec ses complications.
14:36 - Mais quand vous êtes sur place, vous êtes espionné, Anna ?
14:39 - Moi, ça fait 30 ans, Gilles, que je vais en Russie.
14:42 Même plus.
14:43 Je connais par cœur les services qui me connaissent également par cœur.
14:47 Le dossier sur moi, je pense, est assez épais.
14:49 Mais il faut faire avec.
14:51 C'est pas parce que je suis espionné
14:54 que je ne vais plus y aller.
14:56 - Mais vous l'êtes.
14:57 - Moi, je pense que oui, mais je ne pense pas l'être tout le temps.
15:00 Si vous voulez, moi, je ne fais pas partie de ces journalistes qui
15:03 pensent qu'ils sont très importants à un point tel
15:08 qu'ils vont être l'objet d'espionnage incessant, etc.
15:11 Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai déjà été expulsée de Russie,
15:14 ce qui était bien la preuve que j'avais des gens derrière moi.
15:17 C'était lors de précédentes élections.
15:20 Ensuite, ils se sont excusés, ils sont revenus, ils m'ont redonné le visa.
15:23 Mais bon, j'ai eu plus d'un épisode.
15:26 Mais c'est pas mon genre d'appuyer là-dessus et de faire de la publicité là-dessus.
15:30 Moi, je préfère appuyer sur ce qui fonctionne,
15:31 c'est-à-dire ce que j'aime faire, c'est-à-dire du reportage.
15:34 - Qu'est-ce que vous diriez à Emmanuel Macron s'il vous écoutait ?
15:36 - Sur ?
15:37 - Sur cette guerre ?
15:39 - Oh là là, j'aurais beaucoup de choses à lui dire.
15:40 Mais Emmanuel Macron, en deux mots,
15:44 est un homme qui a changé de discours sur la Russie.
15:47 Il a le droit de changer de discours.
15:48 - Il est passé à ne pas vexer la Russie ?
15:50 - C'est-à-dire que pendant toute l'année 2022,
15:52 après le début de cette guerre, après l'invasion par la Russie de l'Ukraine,
15:57 il a d'abord dit qu'il fallait maintenir le dialogue avec la Russie,
16:01 qu'il fallait ne pas humilier la Russie.
16:03 Ce en quoi il a raison.
16:05 Et puis l'année 23, il n'a pas dit grand-chose.
16:07 Et là, en début d'année 24, il a commencé à complètement changer son discours,
16:10 puisqu'aujourd'hui, il est presque en train de dire
16:13 qu'on ne peut pas exclure l'éventualité d'envoyer des troupes.
16:17 Même s'il fait partie, il n'est pas le seul,
16:20 tous les dirigeants occidentaux sont comme lui,
16:22 c'est-à-dire personne ne définit véritablement avec clarté et détail
16:27 ce que signifie aider les Ukrainiens jusqu'au bout,
16:31 jusqu'à leur victoire, c'est-à-dire quoi exactement,
16:35 qu'est-ce que ça voudrait dire ?
16:37 Tout le monde reste assez flou là-dessus.
16:40 Bon, on est en guerre, le fait est qu'on est en guerre,
16:44 même si nous ne sommes pas co-belligérants,
16:46 nous les Français, nous ne sommes pas co-belligérants,
16:48 c'est-à-dire ni nous ni les Américains,
16:50 nous faisons bien attention à ce que...
16:52 Qu'est-ce que ça veut dire ?
16:52 Ça veut dire que nous faisons attention à nos armements,
16:55 ce que nous donnons aux Ukrainiens.
16:57 Nous ne voulons pas se retrouver dans la profondeur de la Russie,
17:01 c'est-à-dire on ne va pas avec un missile Scalpe tiré sur Moscou.
17:05 Voilà, ça, ça ne se fait pas jusqu'à présent.
17:08 Mais nos armements aident considérablement les Ukrainiens,
17:12 même si les Ukrainiens estiment que nous ne leur en donnons pas assez.
17:15 - Anne Nivave, vous avez suivi les élections,
17:18 ce qu'on appelle l'élection, le processus qui a permis à Vladimir Poutine
17:21 de rester au pouvoir. - Une cinquième réélection.
17:24 - La question c'est, est-ce qu'aujourd'hui en Russie,
17:27 dans les médias, dans les discours, à la radio, la presse écrite,
17:31 est-ce qu'aujourd'hui on parle d'un mot de guerre, officiellement ?
17:34 Est-ce que l'attentat du Crocus Sinterre a changé des choses ?
17:37 - Non, pas tout à fait.
17:39 C'est-à-dire d'abord il faut se représenter le fait que les médias en Russie
17:43 sont totalement contrôlés.
17:45 Moi j'ai écrit ma thèse de doctorat sur le rôle des médias en Russie,
17:47 donc c'était il y a longtemps, je l'ai soutenu en 1994.
17:50 Je l'ai soutenu à un moment où on pouvait parler d'un moment de liberté
17:56 de ces médias en Russie, parce que c'était les deux, trois décennies
18:00 après la fin de la dislocation du RSS, après 1991.
18:03 Maintenant ça a complètement changé, depuis l'arrivée de Vladimir Poutine
18:08 au pouvoir, qui petit à petit a tout verrouillé de façon très efficace,
18:13 puisqu'aujourd'hui on a les médias d'État.
18:15 La Russie reste, même après la dislocation de l'Empire,
18:19 le plus grand pays du monde.
18:20 Il y a onze fuseaux horaires.
18:21 Donc l'importance des médias est capitale.
18:23 Et vous avez des télévisions d'État, les mêmes chaînes qui sont vues
18:27 à Moscou ou à Vladivostok.
18:29 Il y a plusieurs chaînes d'État qui toutes apportent la bonne parole.
18:33 Et elles, elles reçoivent des consignes de la part du Kremlin,
18:36 des éléments de langage sur ce qu'il faut dire, ce qu'il ne faut pas dire,
18:39 sur les mots qu'il faut employer.
18:40 Et justement les mots qu'il faut employer depuis le début de cette guerre,
18:42 ce n'est pas le mot "guerre".
18:44 En Russe, il y a un acronyme, c'est "SVO", c'est l'opération militaire spéciale.
18:50 - Mais est-ce que les Russes sont dupes ou pas ?
18:52 - Non, justement.
18:53 Sauf que dans la population civile, les Russes à qui je parle,
18:57 dans la vie courante, tout le monde emploie le mot "guerre".
19:00 Bien sûr que tout le monde emploie le mot "guerre".
19:02 En fait, c'est publiquement qu'on n'a pas le droit d'employer le mot "guerre".
19:05 Le mot "guerre".
19:07 On n'a pas le droit, par exemple, de faire un poste, de poster quelque chose.
19:10 Si on le fait, on peut avoir 7 ans de prison,
19:14 selon un nouvel article du Code pénal.
19:17 On peut être accusé de discrimination des militaires et de l'armée,
19:21 de cette opération militaire spéciale.
19:23 Sauf qu'il s'est passé quelque chose il y a quelques jours,
19:26 c'était la veille de cet attentat de vendredi 22.
19:29 Dmitri Peskov, qui est le porte-parole de Vladimir Poutine au Kremlin,
19:33 a lui-même employé le mot.
19:36 Il a répondu à une question, à une interview,
19:39 et tout le monde était étonné du fait qu'aujourd'hui,
19:41 il se permettait, au plus haut niveau de l'État, de donner ce mot "guerre".
19:46 Mais en fait, c'est parce qu'aujourd'hui, ça a pris une telle ampleur,
19:49 et c'est tellement dans le narratif du Kremlin de dire
19:52 que finalement, il subisse une guerre qui vient de l'Occident.
19:56 C'est-à-dire, en fait, il a retourné la cause.
20:00 Ce que les Russes font en Ukraine s'appelle une opération militaire spéciale,
20:05 en réponse à une guerre qui est menée par l'Occident collectif,
20:09 c'est comme ça que le Kremlin appelle l'Occident,
20:11 vis-à-vis de la Russie.
20:12 Voilà le narratif officiel.
20:15 Dans votre livre, vous parlez par exemple à cette mère qui a son fils qui est au front,
20:20 dans un village, et qui raconte, c'est hyper touchant,
20:26 elle dit même s'il me parle deux minutes au téléphone,
20:27 je sais au moins qu'il est vivant, elle attend ce coup de fil.
20:29 Oui, et puis surtout elle attend ce coup de fil,
20:30 et le coup de fil n'est pas venu, et c'est parce qu'il était mort.
20:32 Voilà.
20:32 Et il est le seul de tout le village.
20:34 C'est ça.
20:35 Quand vous vous êtes retourné en Russie pour les élections,
20:39 est-ce que vous avez senti une animosité sur le fait justement
20:41 que les choses avancent dans le temps,
20:44 et qu'on parle aujourd'hui d'une attaque de l'Occident en tous les cas,
20:47 est-ce que vous, vous vous êtes senti menacé,
20:51 ou en tous les cas, est-ce qu'on vous a fait comprendre
20:53 que vous étiez dans le mauvais camp ?
20:55 Vous étiez française.
20:56 Moi je ne me sens pas menacé, moi je parle couramment russe.
20:58 Vous ne passez...
20:59 Voilà, exactement, je passe en dessous des radars,
21:01 je me fais discrète, mais ça je dirais que c'est la qualité principale
21:04 d'un reporter de terrain,
21:05 et j'ai fait comme ça sur tous mes terrains,
21:06 donc la Russie ne fait pas exception.
21:07 Oui, mais vous ne pourriez parler qu'anglais, comme certes,
21:08 beaucoup de reporters...
21:09 Je ne ferais pas ce métier si je ne parlais qu'anglais.
21:11 Je n'y arriverais pas.
21:12 Je n'arriverais pas à obtenir ce que j'ai obtenu dans ce livre,
21:14 c'est-à-dire de l'émotion, du parler vrai,
21:16 des dialogues sincères.
21:17 Moi je suis en recherche de la sincérité, Christine.
21:20 J'ai horreur des postures, j'ai horreur de l'hypocrisie,
21:22 j'ai horreur de tout ça.
21:24 Ce que je veux dire, c'est que ce que j'ai ressenti,
21:27 en fait, aujourd'hui, c'est une immense lassitude
21:30 de la part des Russes,
21:31 même de ceux qui sont pro-guerre et pro-Poutine
21:34 vis-à-vis de cette guerre.
21:35 Ils en ont marre.
21:36 Et ils en ont marre, pourquoi ?
21:37 Ils sont donc en colère.
21:39 Parce qu'ils n'arrivent pas à la gagner.
21:41 Même s'il y a cette propagande officielle,
21:43 ils se rendent bien compte
21:46 qu'ils n'arrivent pas à la gagner, cette guerre.
21:47 Les médias officiels n'arrivent pas à cacher
21:50 le fait qu'il n'y a pas de victoire militaire claire
21:53 côté Russe.
21:54 - Mais en Ukraine aussi, ils n'arrivent pas.
21:55 - Mais il n'y a pas de victoire militaire claire côté Ukrainien.
21:58 Absolument.
21:59 Donc, ce que ressentent les Russes aujourd'hui,
22:01 c'est que cette guerre est longue, qu'elle va durer.
22:04 Évidemment, ça ne leur plaît pas.
22:05 Ça ne leur plaît pas qu'elle dure.
22:07 Parce que ça change quand même
22:09 le point de vue, la mentalité de tous les Russes,
22:12 même ceux qui sont pro-guerre ou anti-guerre.
22:14 Ils n'arrivent pas à se projeter vers l'avenir.
22:16 Plus personne n'arrive à se projeter vers l'avenir
22:17 parce que tout le monde se dit "mais qu'est-ce qui va se passer
22:19 si notre économie est de plus en plus une économie en guerre,
22:21 si l'Occident est de plus en plus contre nous ?"
22:24 Donc, tout le monde vit dans l'instant
22:25 et véritablement quand même, l'atmosphère dans tout ce pays
22:28 est modifiée.
22:29 Comme il est modifié côté Ukrainien,
22:31 mais d'une autre façon.
22:32 D'une façon dont on a davantage parlé,
22:34 qu'on connaît mieux dans nos médias.
22:35 Un pays qui subit une invasion,
22:36 qui subit des bombardements tous les jours,
22:38 forcément, vit différemment.
22:40 Bien sûr.
22:41 Mais j'insiste pour dire, si vous voulez,
22:42 moi ce qui m'importe ce sont les Russes et les Ukrainiens.
22:45 Que nous, nous ayons peur de la guerre, certes,
22:47 mais je voudrais quand même qu'on sache raison garder.
22:49 Nous ne sommes pas en guerre.
22:51 Nous vivons normalement.
22:53 Et donc, moi j'ai beaucoup de respect
22:56 pour ceux qui subissent cette guerre
22:57 et c'est eux et leurs paroles que j'ai envie d'entendre.
23:00 - Mais est-ce que finalement, Emmanuel Macron
23:03 et les Américains ne sont pas responsables
23:05 de ne pas l'avoir vu venir ?
23:07 Parce qu'il est un peu prévenu quand même, Vladimir.
23:09 - Vladimir Poutine, effectivement,
23:11 depuis qu'il est arrivé au pouvoir,
23:13 a assez tôt commencé à avoir un discours
23:17 qu'effectivement, en Occident,
23:19 auquel on ne prêtait pas véritablement attention,
23:21 qui était un discours qui devenait de plus en plus
23:23 un discours prévenant du fait
23:26 qu'il allait sans doute enclencher une guerre.
23:28 Mais ce n'était pas simple de le comprendre.
23:30 Mais bien sûr que l'Occident a manqué de discernement.
23:33 Ça, moi je le dis depuis longtemps
23:34 et depuis bien avant cette guerre.
23:36 C'est-à-dire que nous ne voyons que finalement
23:37 ce que nous avons envie de voir.
23:38 Et ensuite, quand ça arrive,
23:40 je ne dirais pas que c'est trop tard,
23:41 mais on se réveille assez tard.
23:42 Et donc du coup, c'est difficile de réagir.
23:44 - Anne Niva est notre invitée sur Sud Radio ce matin,
23:46 qui publie la haine et le déni aux éditions Flammarion.
23:48 On fait une courte pause, on se retrouve juste après.
23:51 On va continuer cette conversation
23:53 avec vous et mon cher Gilles.
23:54 A tout de suite. - Avec plaisir.
23:55 - Mais oui.
23:57 - Le 10h30, Sud Radio Média.
24:00 Christine Bouillaud, Gilles Gance, Sud Radio.
24:04 Le Supplément Média.
24:06 - On est avec Anne Niva, qui est avec nous
24:08 pour son livre publié aux éditions Flammarion,
24:11 "La haine et le déni avec les Ukrainiens et les Russes dans la guerre".
24:15 On va avancer aussi sur cette question aujourd'hui.
24:17 Ça fait deux ans que cette guerre a éclaté.
24:20 Une question à la lecture de votre livre, Anne Niva,
24:23 c'est quel espoir de paix est-il envisageable
24:27 quand on va rencontrer les Ukrainiens, selon vous,
24:31 quand on va rencontrer les Russes aujourd'hui,
24:34 après deux ans d'efforts de guerre de deux côtés,
24:36 de bombardements, de fils qui partent au front.
24:39 Comment on fait pour se dire "une paix est possible" ?
24:42 - Bon, écoutez, moi je ne suis pas militaire,
24:44 je ne suis pas politique, je reste à ma place.
24:46 Et ça aussi, j'aime bien les gens qui restent à leur place.
24:48 C'est-à-dire, moi je ne fais qu'aller observer sur le terrain
24:50 les voix des uns et des autres.
24:52 - Alors qu'est-ce qu'ils attendent du plan de paix ?
24:53 - Effectivement, pour le moment, il n'est pas question,
24:57 tout le monde s'en rend bien compte,
24:59 qu'il n'est pas question de paix.
25:01 C'est-à-dire tant qu'il n'y aura pas...
25:03 Comment on construit la paix ?
25:04 On construit la paix quand il y a un des deux belligérants
25:06 qui considère que c'est dans son intérêt.
25:08 Pour le moment, c'est dans l'intérêt d'aucun des deux.
25:11 Sinon, on serait déjà en train de la construire.
25:13 Bon, mais ou alors il y a une victoire militaire claire
25:16 d'un côté ou de l'autre, et une capitulation.
25:18 On n'en est pas là non plus, ni d'un côté ni de l'autre.
25:21 Donc c'est bloqué.
25:23 Mais ça ne nous empêche pas, philosophiquement parlant,
25:25 de penser "toutes les guerres se sont terminées par des paix".
25:28 Mais on peut se poser la question de notre capacité
25:31 à construire la paix.
25:31 Et si nous n'étions plus capables de construire la paix,
25:34 c'est le titre de ma conclusion.
25:36 Donc la paix est-elle une affaire de justesse ou d'équité ?
25:40 Ça aussi c'est un autre problème.
25:41 Et une fois de plus, on n'en est pas là.
25:43 Mais dans la population, que ce soit côté russe ou côté ukrainien,
25:47 j'ai évidemment rencontré des gens qui voulaient que cette paix arrive.
25:51 Mais qui ne la veulent pas à n'importe quel prix, bien sûr.
25:54 Et les critères ne sont pas les mêmes quand vous êtes côté ukrainien
25:56 et côté russe, c'est évident.
25:58 Et c'est bien là que tout achope, si vous voulez,
26:00 tout est bloqué à cause de ça.
26:01 - Mais si les Américains arrêtent la livraison,
26:04 est-ce qu'ils n'obligent pas les Ukrainiens à faire la paix ?
26:06 - Si les Américains arrêtent les livraisons,
26:09 puisque effectivement les Américains sont jusqu'à présent
26:12 ceux qui livrent le plus, oui.
26:14 Mais en Europe, nous commençons à livrer beaucoup.
26:17 Et on a l'air de se préparer pour livrer encore plus.
26:21 - Oui, on passe en économie de guerre.
26:25 - Oui, mais ça va effectivement prendre du temps.
26:26 Or les Ukrainiens, c'est maintenant, qui meurent sous les bombes russes.
26:29 Et bien effectivement, la guerre va être prolongée.
26:33 Et sans doute, est-on en mesure de faire en sorte
26:37 que les Ukrainiens gagnent.
26:39 Mais beaucoup d'Ukrainiens m'ont dit que, oui,
26:41 ils entendaient bien ces paroles que disaient les Européens et les Américains,
26:43 mais qu'ils ne voyaient pas vraiment concrètement.
26:46 Ils se disent "mais pourquoi vous ne nous donnez pas plus ?
26:48 Parce que si vous nous donnez plus, on va pouvoir gagner maintenant."
26:51 Or, ils voient bien qu'on ne leur donne pas plus.
26:55 C'est-à-dire, ça, c'est assez complexe.
26:58 D'ailleurs, dans toutes les guerres que j'ai couvertes,
26:59 c'est la première fois que je me trouve confrontée à cela.
27:02 C'est-à-dire à un camp qui n'est pas en train de faire la guerre,
27:05 qui ne la subit pas comme le subit ceux qui sont en première ligne,
27:08 et duquel dépend la victoire ou pas.
27:11 Donc c'est très complexe.
27:12 Et je vois bien que ce camp, le camp occidental,
27:14 en même temps a envie que l'Ukraine gagne,
27:16 et en même temps ne fait pas absolument tout ce qu'il pourrait faire,
27:20 c'est ce que pensent les Ukrainiens,
27:21 pour que l'Ukraine gagne.
27:24 Et en face, on a le côté russe qui, évidemment, est patient,
27:28 et qui se dit, depuis le départ, c'est ce que se dit Vladimir Poutine,
27:32 ils n'aideront pas assez, ils se lasseront,
27:35 et je pourrai gagner cette guerre.
27:36 Voilà où nous en sommes aujourd'hui.
27:37 C'est bloqué.
27:38 - Est-ce que les réseaux sociaux, comment ça se passe ?
27:41 Internet, est-ce que vous savez avec eux,
27:44 si dans les deux camps ils se renseignent sur ce qui se dit ailleurs ?
27:48 - Alors d'abord, une chose qui est très intéressante, Christine,
27:50 c'est que les deux camps se lisent, s'écoutent, et s'épient en totalité.
27:55 - Il y a des familles qui ont été séparées, alors que...
27:57 - Non mais quand on parle des médias,
27:58 ce qui compte le plus aujourd'hui, ce sont les chaînes Telegram.
28:01 Tout le monde ne jure que par les chaînes Telegram,
28:04 puisque évidemment, en dehors des chaînes Telegram,
28:07 on n'a que de la propagande côté russe,
28:09 et en Ukraine, on a aussi une communication unifiée
28:12 de la part de la présidence et des militaires,
28:15 avec les chaînes qui ont été regroupées dans un marathon de chaînes en Ukraine,
28:19 et il n'y a plus, toutes ces chaînes privées,
28:21 il n'y a plus de voix discordantes en Ukraine.
28:22 Donc des deux côtés, si vous voulez, la population civile
28:25 ne jure que par les chaînes Telegram, des uns et des autres.
28:28 Et ils s'écoutent et ils se lisent tous.
28:30 Les Ukrainiens écoutent ce qui se passe sur les chaînes Telegram russes,
28:34 et les Russes ce qui se passe sur les chaînes Telegram ukrainiennes.
28:36 Donc ça c'est très important.
28:37 Il y a aussi quand même toute une dissidence,
28:39 il y a énormément de médias russes en exil, d'opposition,
28:43 qui jouent un rôle très important sur Youtube.
28:45 Youtube n'a pas été encore interdit en Russie.
28:49 En Russie, Facebook est censuré, Instagram est censuré,
28:53 mais tout cela est détourné avec un VPN.
28:55 Le VPN, c'est ce que vous mettez sur un téléphone portable,
28:57 sur votre ordinateur...
28:58 - Pour vous localiser ailleurs.
28:59 - Voilà, exactement.
29:00 Et ça fonctionne en Russie.
29:01 - Ah ça marche ça ?
29:02 - Bien sûr.
29:03 Donc énormément de Russes, et notamment jeunes,
29:05 pour eux c'est tout à fait normal d'avoir un VPN,
29:08 donc ils continuent à poster sur leur Instagram
29:10 alors que c'est interdit en Russie.
29:12 Vous voyez ?
29:13 Mais ils font très attention à ce qu'ils disent
29:14 parce que c'est surveillé par les autorités.
29:16 Donc il y a toute une hypocrisie.
29:17 C'est interdit mais c'est quand même surveillé, etc.
29:20 Mais donc il ne faut pas croire que les Russes ne savent rien.
29:24 Ils savent tout, pour ceux qui veulent savoir.
29:28 Et bien sûr, on est quand même bien d'accord
29:30 que ce n'est pas tous les segments de la population.
29:32 La vie continue en Russie.
29:33 Tout le monde, ça dépend de l'âge que vous avez,
29:35 de la ville dans laquelle vous vivez,
29:38 de là où vous en êtes dans votre carrière professionnelle.
29:40 Il y a des gens qui ont une autre priorité
29:42 qui est de survivre, de manger tous les jours
29:44 et qui ne sont pas toutes les deux secondes
29:45 en train de chercher ce qui se passe.
29:47 - Est-ce que quand vous êtes retournée à Moscou
29:48 par rapport aux autres fois,
29:49 vous avez trouvé le pays changé, la ville changée, cette capitale ?
29:52 Est-ce qu'on sent le poids de la guerre ou pas ?
29:54 - Non, à Moscou, on ne sent pas une seconde le poids de la guerre.
29:58 Moscou, je l'ai décrit dans un des chapitres de mon livre,
30:00 j'ai tenu à le faire,
30:02 Moscou est une ville hyper moderne.
30:04 Moscou est une ville qui vit 24h/74,
30:07 c'est une espèce de New York dans les années 80 ou 90.
30:10 Il y a des restaurants, les restaurants sont pleins,
30:13 les salles de spectacle, on l'a vu d'ailleurs
30:15 avec cet attentat terroriste.
30:17 Et donc, il n'y a pas du tout à Moscou de ressenti de la guerre.
30:20 Un des seuls endroits en Russie où on ressent la guerre,
30:23 c'est la ville de Belgorod,
30:25 qui se trouve à 8,5 km au sud,
30:27 où j'étais il y a 8 jours,
30:28 où j'étais juste avant l'attentat terroriste,
30:30 parce qu'en tant que reporter de terrain,
30:32 j'avais décidé d'aller là-bas, à Belgorod,
30:34 pour suivre les élections pour le point.
30:36 Et j'étais donc à Belgorod,
30:38 sous des missiles, des tirs de roquettes et de drones ukrainiens.
30:43 Belgorod est la seule grande ville de Russie
30:47 où on sent la présence de la guerre.
30:49 Mais c'est les habitants de Belgorod !
30:50 Comme je vous l'ai dit, la Russie, c'est 11 fuseaux horaires.
30:53 Donc les habitants de Belgorod, ils disent
30:54 "mais on aimerait bien qu'ailleurs en Russie,
30:56 les autres se rendent compte de ce que nous on vit ici à Belgorod".
30:59 Et bien non ! C'est parce que la Russie est gigantesque !
31:01 Et les Ukrainiens le savent bien !
31:02 - Et à l'inverse, est-ce qu'on a cette vie culturelle et autre à Kiev ?
31:06 Si on fait comme dans votre livre, on fait l'autre côté ?
31:10 - Oui, à Kiev, mais bien sûr pas du tout avec la même ampleur,
31:13 puisque Kiev est une ville qui est constamment en train de subir des bombardements,
31:17 qui est constamment avec des alertes.
31:20 Donc il y a une vie, heureusement,
31:23 une vie artistique, une vie sociale,
31:27 une vie associative très forte,
31:29 parce que dans la guerre, ce qui est très intéressant,
31:31 et je le montre bien avec les Ukrainiens que j'ai été voir,
31:33 les liens horizontaux à l'intérieur de la société sont beaucoup plus forts qu'en temps normal,
31:38 et là, évidemment, la société ukrainienne est métamorphosée par cette guerre.
31:42 Et justement, ce que j'ai rarement, même jamais vu,
31:45 dans toutes les guerres que j'ai couvertes,
31:46 c'est ce qui se passe en Ukraine,
31:48 du point de vue de la solidarité entre les civils et les militaires en Ukraine.
31:53 Ça, je n'avais jamais vu ça.
31:54 C'est-à-dire que les civils en Ukraine aident les militaires en Ukraine.
31:58 L'armée ukrainienne admet être aidée par des non-militaires,
32:04 ce qui se fait nulle part ailleurs.
32:06 Mais c'est cette guerre qui permet ça.
32:07 - Alors je vais revenir, on est dans une émission Média,
32:10 vous collaborez, vous êtes une des consultantes de LCI,
32:15 est-ce que LCI est pro-ukrainien ?
32:17 - Ah non, je ne peux pas dire ça.
32:19 - Non, c'est moi qui vous pose la question.
32:21 C'est vous parlant, qui le dit, c'est moi qui vous pose la question.
32:23 - Non mais selon moi, LCI n'est pas pro-ukrainien.
32:25 Selon moi, LCI fait son métier, fait ce qu'elle peut,
32:29 et je salue l'existence de LCI,
32:32 le fait que, justement, depuis cette guerre,
32:35 LCI s'est mise à véritablement, pratiquement, ne faire que de l'international,
32:42 ce qui est complètement inédit pour une chaîne française.
32:44 Moi, je suis sur l'international, Gilles, depuis des années,
32:47 c'est toute ma carrière journalistique.
32:48 Vous pensez bien que s'il y avait eu une chaîne avant qui fasse ça,
32:52 je m'y serais intéressée, je m'en serais rapprochée.
32:55 Ça n'existait pas.
32:55 Donc c'est LCI qui le fait, et qui le fait comme elle peut,
32:58 mais je dois dire que franchement, elle le fait plutôt vraiment très bien.
33:03 Et surtout, en accueillant énormément de gens divers et variés,
33:07 avec une légitimité différente.
33:10 Chacun a sa légitimité.
33:11 - Ah, c'est la question que j'allais vous poser.
33:13 Est-ce que des fois, quand vous regardez BFM ou les chaînes Info, on va...
33:15 - Je ne regarde pas BFM.
33:16 - Ah, oui, je suis bête.
33:17 - Voilà.
33:18 - Je n'ai pas du tout envie de regarder BFM.
33:21 - Je sais pourquoi.
33:23 Mais lorsque vous regardez LCI ou d'autres chaînes,
33:27 est-ce que vous vous dites, c'est incroyable,
33:30 tous ces gens qui parlent et qui n'y connaissent rien ?
33:32 - Parfois, ça peut m'arriver, oui.
33:34 Il y a parfois quelques imposteurs,
33:37 mais ce n'est pas récent, ce n'est pas nouveau,
33:40 ça a toujours été le cas.
33:41 Mais je dois dire que je ne jette pas complètement...
33:45 - Il faut que les éditorialistes ne soient plus des journalistes.
33:49 - Non, mais si vous voulez, sur les chaînes Info, Gilles,
33:52 il faut comprendre la façon de fonctionner des chaînes Info,
33:55 et vous le savez très bien.
33:56 C'est comme un ogre qui a tout le temps besoin de manger, la chaîne Info.
33:59 Elle travaille 24h sur 24, elle a besoin d'infos.
34:02 Et on ne peut pas avoir chaque minute, de chaque heure,
34:04 de chaque segment horaire,
34:06 tous les spécialistes qui sont là pour dire des choses.
34:09 Et on peut se tromper.
34:10 Moi, il peut m'arriver aussi de dire des choses
34:12 et de me tromper factuellement.
34:13 Et l'important est de le reconnaître.
34:15 Et puis, la pluralité, le pluralisme d'expression,
34:19 je trouve que c'est important aussi.
34:20 Moi, sur les plateaux où je vais,
34:22 je dis ce que j'ai envie de dire.
34:25 S'il y a quelques grosses erreurs, je peux les reprendre,
34:29 mais en général, il n'y en a pas.
34:30 - Est-ce que votre légitimité, vous la préservez, vous la gagnez,
34:34 parce que vous êtes une journaliste de terrain et avant tout...
34:37 - Et indépendante.
34:37 - Et indépendante.
34:38 - Vous n'avez pas de contrat.
34:40 - Non, c'est-à-dire, moi, j'ai fait toute ma carrière...
34:43 Cette guerre entre la guerre et la Russie arrive quand même...
34:46 Je ne suis pas en début de carrière.
34:48 Donc, ma légitimité, j'ai essayé de la construire
34:51 et mon indépendance, j'y tiens beaucoup
34:53 depuis mon tout début de carrière.
34:54 - Est-ce que c'est un luxe ?
34:54 - Christine, ça n'a pas été facile.
34:55 - Est-ce que c'est un luxe ?
34:56 - D'être une indépendante, ça n'a pas été facile.
34:58 Et je me suis pris plein de baffes.
35:00 On ne m'a souvent pas du tout respectée
35:03 parce que je n'étais aux yeux de mes interlocuteurs à l'époque,
35:06 rien ni personne,
35:06 justement parce que je n'étais pas adossée à une rédaction.
35:08 Aujourd'hui, les mêmes n'ont pas la même attitude envers moi, tant mieux.
35:12 Donc, ça veut bien dire qu'on avance dans la vie.
35:14 Et ça, moi, ça m'intéresse le fait qu'on avance dans la vie.
35:17 - La vérité du journaliste, c'est sur le terrain ?
35:18 C'est d'aller voir le crayon dans la plaie ?
35:21 - Pour moi, oui, mais je ne force personne à pratiquer le même journalisme que moi.
35:25 Mais pour moi, il n'est pas possible de gagner ma légitimité autrement.
35:29 Et je ne peux pas vivre sans le terrain.
35:30 Je n'ai rien à dire sans le terrain.
35:32 Je me nourris du terrain.
35:33 C'est le terrain qui fait que quand je rentre,
35:36 je vais sur LCI et je peux parler en ayant la légitimité du terrain.
35:40 Voilà, pour moi, c'est essentiel.
35:41 D'un côté, les livres, le point, l'écrit, le terrain,
35:45 et de l'autre côté, la télévision qui est importante.
35:48 La télévision, c'est très important parce que la télévision, c'est puissant.
35:50 Le direct, c'est puissant.
35:51 La radio, c'est puissant, vous le savez.
35:52 Et là, on est face à un autre public.
35:54 Et moi, j'adore ce public de LCI qui, ensuite, m'écrit sur mes réseaux sociaux
35:58 pour me poser, pour me dire, voilà, ceci, c'était bien, voilà,
36:01 pour dire, je comprends mieux.
36:02 Ça, c'est très important.
36:03 - C'est à sa conserve.
36:04 - J'ai une question parce qu'on arrive au bout et on va être obligés.
36:06 - À propre.
36:07 - C'est simplement le...
36:09 - C'est le problème.
36:10 - Oui, oui, si.
36:10 Anne, vous serez à Ombres Blanches, à Toulouse.
36:13 - Oui, tout à fait, à Toulouse, absolument.
36:15 - Ensuite, à Bordeaux.
36:16 - Oui, à Bordeaux, pour présenter votre livre.
36:18 - Bien sûr, c'est très important pour moi d'aller physiquement rencontrer mes lecteurs.
36:22 Je le fais depuis que j'écris des livres.
36:23 - Voilà, donc retrouvez Anne Nivaille, on vous recommande.
36:25 - Et moi, j'avais une dernière question importante pour moi.
36:28 C'est, est-ce que, Louis, votre fils vous dit,
36:31 "J'ai peur pour toi, maman, ne pars plus."
36:33 Est-ce que vous continuez à partir ?
36:34 - Louis, notre fils, puis c'est le fils que j'ai avec Jean-Jacques,
36:37 Jean-Jacques Bourdin, qui a 17 ans,
36:40 me dit, "Maman, j'aime te voir aimer faire ton travail."
36:45 Et ça, j'adore que mon fils me dit ça,
36:47 qu'il ait cette présence d'esprit de me le dire.
36:49 En revanche, il n'a pas envie de devenir journaliste.
36:51 Et ça, je suis assez contente.
36:53 - Voilà, vous voyez qu'il y a des moments d'émotion.
36:55 - Ben, j'ai pas jamais dit le contraire.
36:57 - Simplement, la pendule tourne et il y a un monsieur derrière la console
37:00 qui nous dit qu'on va déborder.
37:02 - Merci beaucoup, Christine.
37:04 - On avait bien raison de déborder avec vous, grand reporter,
37:06 et surtout, ce livre, on vous envoie la haine et le déni
37:09 chez aux éditions Flammarion.
37:11 Merci beaucoup d'être venu.
37:13 Et donc, "Ombre blanche", jeudi à Toulouse.
37:15 Et Bordeaux, la librairie, vous l'avez ?
37:17 - Le vendredi, le lendemain.
37:19 - Le lendemain, dans la foulée.
37:21 - Christine, je voulais vous remercier pour cette semaine.
37:23 C'est toujours un plaisir de vous voir et de travailler.
37:25 - On s'amuse. Et on apprend beaucoup de choses.
37:27 - On peut dire à nos auditeurs qu'on se taquine.
37:29 - Vous avez l'air, c'est super.
37:31 - Oui, on se taquine, mais on s'aime beaucoup.
37:33 - Et nos abonnés, YouTube, 900 000.
37:35 - Et je vous retrouve, et moi, tout seul, lundi, pour faire le best-of.
37:37 Vous imaginez ? C'est la première fois que tu es tout seul dans l'émission.
37:39 - C'est pas grave. Profitez-en.
37:41 Allez, dans un instant, on va retrouver nos débatteurs.
37:43 On va décortiquer l'actualité de cette fin mars
37:45 avec eux. À tout de suite.
37:47 - Sud Radio.
37:49 - C'est Philippe Espanguero. Vous êtes désormais 900 000 à nous suivre sur la page YouTube de Sud Radio.
37:53 Alors un grand merci à tous.
37:55 - Sud Radio, parlons vrai.