Xefi Canal a reçu Antoine Goutaland, doctorant au sein du réseau de transport d'électricité (RTE) et du centre du gestion scientifique (CGS) Mines Paris, pour parler de la gestion du risque de black-out.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00 Bonjour Antoine Goutalent.
00:09 Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:10 Antoine Goutalent, vous êtes doctorant chez RTE.
00:14 RTE, c'est le Réseau de Transport d'Electricité.
00:16 Vous êtes à la Direction de la Recherche et du Développement et vous êtes doctorant
00:20 au Centre de Gestion Scientifique, CGS, MINPARI.
00:23 Auteur dans la revue française de gestion, avec plusieurs auteurs bien connus sur ce
00:28 plateau, donc Charlotte de Monsant, Armand Hachuel, Kevin Le Villain, Blanche Grestin,
00:33 donc du CGS, une équipe du CGS, et Gérald Vignal, Direction de la Recherche et du Développement
00:38 de RTE, un article dans la revue française de gestion, "Gérer le risque de blackout
00:42 pour une application du modèle du péril commun", c'est dans le numéro 309.
00:46 Alors, il faut nous éclairer sur ce qu'est ce risque de blackout qui va nous occuper
00:52 quelques hivers.
00:53 Oui, tout à fait.
00:54 Qui nous occupe depuis quelques hivers et qui va nous occuper quelques hivers.
00:57 En fait, qui occupe la gestion des réseaux électriques depuis plusieurs décennies.
01:02 C'est une des missions fondamentales des réseaux de transport d'électricité et
01:06 de leur gestionnaire, de préserver le risque de blackout.
01:09 Mais cette situation revient sur la scène, on va dire, du grand public pour un certain
01:14 nombre de raisons, en particulier liées à la crise énergétique qu'on connaît depuis
01:18 l'hiver 2022, pour faire simple, et qui révèle un certain nombre d'évolutions
01:23 structurelles du secteur électrique, notamment la montée des énergies renouvelables et
01:28 les questions de transition énergétique.
01:30 Bien sûr.
01:31 Alors, est-ce que vous pouvez nous éclairer sur la façon dont chez RTE, précisément,
01:35 on gère cette situation blackout qui effraie tout le monde et dont on peut comprendre que
01:41 ça ne peut aller que croître, parce qu'avec le véhicule électrique, etc., etc., la demande
01:46 d'énergie électrique est considérable.
01:48 Oui, tout à fait.
01:50 Ce qui est, afin d'entrer bien équipé dans cette analyse, il faut repréciser un
01:55 certain nombre de fondamentaux sur la manière dont est gérée le réseau électrique.
01:58 On va se restreindre à une catégorie des sources de ce risque de blackout, en particulier
02:04 celui lié à l'équilibre entre la consommation et la production.
02:07 Il faut savoir que pour que l'électricité passe, y compris dans ces ampoules, il faut
02:12 qu'à chaque instant, la production égale à la consommation.
02:15 C'est le rôle des gestionnaires de réseau actuellement d'assurer cet équilibre et
02:20 de coordonner les moyens de production, mais aussi d'avoir un certain nombre d'effets,
02:24 de mesures d'inflexion sur la demande.
02:25 L'immense problème, c'est que si on a un déséquilibre entre l'offre et l'allemande,
02:31 à ce moment-là, la fréquence qui passe dans tous les câbles électriques, y compris
02:34 dans ces ampoules, est modifiée et un stand de sécurité se met en place.
02:40 Ce sont ces sécurités qui peuvent causer des désordres assez importants sur le réseau
02:45 et donc activer le risque de blackout.
02:47 D'où ce qui était dans toutes les têtes, c'est est-ce qu'on va avoir l'électricité
02:51 qui va nous être coupée à partir de telle heure, des moments de charge, l'appel à
02:55 la sobriété aussi.
02:56 C'est pas vers ça ici, on a tous ça en tête.
02:59 C'est quoi les grandes modalités de gestion de ce risque ?
03:05 Ce qui est intéressant, c'est que d'un point de vue fondamental pour les sciences
03:09 de gestion, c'est que ça pose un vrai problème.
03:11 Pourquoi ? Parce qu'aucune des consommations individuelles n'est problématique, mais
03:15 c'est leur cumul collectif qui devient problématique.
03:18 C'est comme dans les assurances, c'est quand il y a tous les accidents en même temps.
03:19 Exactement.
03:20 On peut en tout cas faire cette analogie.
03:22 Pour éviter ce risque de blackout, effectivement, il y a un certain nombre de mesures qu'on
03:30 a à notre disposition.
03:31 Le premier, et vous l'avez bien mentionné, ce sont les appels à l'économie d'énergie,
03:37 qui sont des mesures qu'on a pu voir massivement dans le grand public.
03:41 A l'inverse, le plus coercitif, ou disons le plus immédiatement à disposition du gestionnaire
03:47 de réseau, de la salle de contrôle, opérée par des opérateurs qu'on appelle des dispatchers,
03:52 c'est ce qu'on appelle les désestages, qui sont en fait des coupures préventives.
03:57 Dans ce cadre-là, eux ont un certain nombre d'indicateurs qui leur permettent d'évaluer
04:01 l'état du réseau, et en fonction de cet état-là, lorsque le déséquilibre entre
04:05 l'offre et la demande est trop fort et risque de perturber significativement le réseau,
04:12 ils coupent préventivement.
04:13 Et puis, il y a le troisième.
04:15 Le troisième, ce sont toutes les catégories de mesures liées au signal-prix.
04:18 Dans ces mesures, on a plein, et en fait, c'est très efficace, c'est ce qui a énormément
04:24 agi à l'hiver dernier.
04:25 Effectivement, ça a très bien fonctionné.
04:29 On va voir que ça passe sans conséquence.
04:30 Dans ce cas-là, un signal-prix est censé permettre, responsabiliser chacun des consommateurs,
04:39 lui permettre d'arbitrer, mais avec une certaine coercition quand même, coercition économique,
04:43 il peut faire lui-même son analyse de ses bénéfices, en tout cas, c'est la théorie,
04:46 c'est la représentation qui est derrière.
04:47 C'est le principe des heures creuses, des heures pleines, etc.
04:50 Exactement.
04:51 Et dans ce cas-là, chaque consommateur est exposé à un signal-prix qui va à la fois
04:59 fixer l'efficacité et la répartition.
05:01 Bien sûr, un véritable dilemme.
05:04 L'originalité de votre article, et on la creusera ensemble, c'est de proposer une
05:11 modélisation autour de la notion de péril commun.
05:15 Tout à fait.
05:16 On y reviendra.
05:17 Merci à vous, Antoine Goutard.
05:18 Merci à vous, Jean-Philippe Demi.
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