Xerfi Canal a reçu Maxime Massey, docteur en sciences de gestion et du management, ESCP Business School, chercheur indépendant, pour parler de l'innovation façon pirate.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00Bonjour Maxime Masset. Bonjour Jean-Philippe Denis. Maxime Masset, comment les organisations
00:13pirates construisent-elles leur légitimité ? Le cas de la start-up Itch, c'est dans la revue
00:18française de gestion, article que vous publiez avec Sylvain Bureau, ESCP Business School,
00:22Philippe Nakach, INSEC Grande École et donc vous, vous êtes docteur en sciences de gestion et du
00:26management ESCP Business School et aujourd'hui chercheur indépendant et qui a l'air d'avoir
00:31l'intention de le rester. Exactement. C'est bien. Depuis le plus longtemps possible en tout cas.
00:36Alors une question que m'inspire immédiatement votre texte, je me dis tiens et si j'innovais
00:43un peu façon pirate et dans votre texte je comprends que ça va faire appel à, il va falloir
00:49que je pense pragmatisme et il va falloir que je pense clandestinité. Expliquez-nous. Oui
00:55exactement. Donc en fait c'est un peu ce qu'on a essayé de mettre en évidence dans notre article
01:00avec Sylvain Bureau et Philippe Nakach, c'est qu'au départ en fait les organisations pirates vont se
01:05développer plutôt dans une forme de discrétion sur des bases temporaires à visibilité réduite,
01:10comme dirait Rodolphe Durand et Jean-Philippe Verne et en fait l'idée c'est de pouvoir échapper au
01:14départ à la visibilité notamment des acteurs établis ou de l'Etat pour pouvoir amorcer son
01:20activité au contact de sa communauté et donc c'est vraiment ça l'idée finalement c'est de
01:25pouvoir se préserver des critiques le plus longtemps possible et donc bien évidemment
01:31donc on retrouve aussi ces dynamiques là donc dans l'univers des startups etc avec le cas Hitch
01:36qu'on mobilise notamment dans notre article mais ça se retrouve aussi également dans des
01:39entreprises parfois ou des organisations c'est les fameuses démarches de bootlegging en fait
01:43où on va chercher justement à un peu à garder en secret des certaines activités pour qu'elles
01:48puissent se concrétiser au départ sans par exemple rencontrer certaines contraintes
01:52bureaucratiques et à cet égard on peut parler par exemple de Steve Jobs parce que c'est une
01:55figure le pirate qui irrigue vraiment l'innovation et qui disait par exemple Steve Jobs que c'était
02:01plus fun d'être un pirate que de ensuite que de s'engager dans la Navy et donc ça montre un peu
02:06comment cette démarche là elle peut un peu se retrouver dans plusieurs contextes en lien avec
02:09l'innovation. Pour innover heureux, innovons cachés. Tout à fait. C'est un peu ça l'idée parce que si
02:14on devient visible, c'est ça le problème, on dérange un ordre établi et donc l'ordre établi se
02:19protège. Exactement. J'ai en tête cette fameuse aussi interview que vous aviez menée avec Sylvain
02:27L'Enfle qui parle exactement ça du management pirate et ça explique tout à fait ce pragmatisme
02:31clandestin. Bien sûr. Un mot peut-être sur le cas Hitch, comment ça s'est concrétisé dans le cas
02:35Hitch ? Oui, alors ce qui est intéressant c'est... C'était une plateforme, c'est ça ? Voilà, pour
02:40expliquer rapidement, c'est une plateforme de type Uber qui s'est développée, qui a été créée en 2013
02:45à la base sur un modèle de l'économie du partage donc il y avait quand même des différences avec
02:50la version professionnelle d'Uber et l'idée c'était surtout de mettre en relation en fait des passagers
02:56avec des chauffeurs particuliers donc il n'y avait pas statut de professionnel mais pour développer
03:02finalement la mobilité auprès des jeunes notamment qui souhaitaient se rendre à des soirées en
03:06banlieue parisienne et donc au départ en fait pendant près de deux ans la startup s'est développée
03:10de manière relativement clandestine au contact direct de sa communauté et très concrètement les
03:16entrepreneurs sont allés dans les boîtes de nuit pour parler de leur activité sans forcément aller
03:21dans les médias pour s'afficher de manière très visible et comme ça petit à petit chemin faisant
03:26et bien finalement la légitimité s'est construite auprès de cette communauté on parle d'une
03:30légitimité pragmatique au sens où la startup répondait aux besoins concrets des utilisateurs
03:35et donc ça lui a permis de se développer petit à petit mais finalement de prendre aussi pas mal
03:40d'envergure au fil du temps jusqu'à rencontrer après certains déboires au niveau de la justice
03:45quand la startup est devenue beaucoup plus visible évidemment ça c'est un autre sujet qui va se
03:49poser à l'organisation pirate c'est que quand elle commence à se développer elle finit par déranger
03:55au début on se dit bon et puis quand ça commence à prendre de l'ampleur là le sujet de la légitimité
04:00devient autrement plus sensible exactement merci à vous maxime massé merci jean-philippe denis