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Ce documentaire retrace la vie et la carrière de Mireille Darc, actrice française iconique des années 1960 et 1970. De ses débuts au cinéma à son engagement féministe, en passant par ses relations amoureuses avec Alain Delon et Georges Lautner, le film explore les différentes facettes de cette femme libre et audacieuse.

Réalisateur:

Sylvain Bergère

Intervenants:

Mireille Darc
Alain Delon
Pierre Arditi
Claude Lelouch
Jean-Pierre Mocky
Danièle Thompson

Diffusion:

France 3, 2018

Category

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TV
Transcription
00:00:00 *Musique*
00:00:12 Mon vrai nom c'est Mireille Grose, mais j'ai préféré Mireille Dark.
00:00:16 Mon père est suisse, il est horticulteur.
00:00:19 Je suis née à Toulon, il a 29 ans.
00:00:22 En ce moment je fais du cinéma.
00:00:24 Je suis heureuse.
00:00:26 *Musique*
00:00:30 J'ai compris que c'était quelqu'un qui s'était construit toute seule.
00:00:34 Et qu'elle avait payé le prix pour se construire toute seule.
00:00:37 Sa maman était une maman très pauvre, ils étaient très très très pauvres.
00:00:41 Ils avaient pratiquement pas d'électricité.
00:00:43 Et cette personne toute douce, tout d'un coup quand elle était dans son combat, c'était une lionne.
00:00:48 Elle a été victime d'une angine avec des complications au niveau du coeur, grave.
00:00:54 Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi fragile être aussi solide.
00:00:58 C'était une battante Mireille, c'était une vraie battante.
00:01:03 *Musique*
00:01:04 Elle a construit l'univers de mon père.
00:01:08 Je n'aime pas les femmes fortes, j'aime bien les femmes assez longues, assez minces, assez lancées, assez fines.
00:01:13 Disons Mireille.
00:01:15 Je vois arriver grandes choses avec des cuissardes.
00:01:19 Absolument à tomber par terre d'une beauté extraordinaire.
00:01:23 C'était Mireille.
00:01:25 Elle dit à partir du moment où je suis devenu blonde, je suis rentré dans la lumière.
00:01:29 J'étais enfin moi.
00:01:31 Mireille, elle avait une chose dans sa vie qui comptait.
00:01:34 Une, c'était Alain.
00:01:36 Il était trop beau, trop célèbre.
00:01:38 On se dit mais je ne peux pas rentrer dans la vie de cet homme.
00:01:41 Il m'a dit un jour, si Mimi avait pu avoir des enfants, je lui aurais fait des enfants, je l'aurais épousé et on serait toujours ensemble.
00:01:47 *Musique*
00:01:52 Mireille, c'est l'empathie, le regard et l'amour.
00:01:57 Pour moi, Mireille était une féministe.
00:01:59 Pas revendicatrice, mais une féministe qui allait de soi.
00:02:04 Mireille Dark.
00:02:05 Je crois que je n'ai pas rencontré une personne qui ne l'aime pas.
00:02:09 Elle a une vie difficile.
00:02:12 Et tout ça avec un sourire absolument permanent.
00:02:17 C'était de l'amour.
00:02:19 C'est moi.
00:02:21 Mireille Dark.
00:02:23 *Musique*
00:02:48 *Musique*
00:02:59 Ai-je envie de parler de Toulon, où je suis née et où j'ai passé 19 ans de ma vie.
00:03:05 Mon enfance et mon adolescence.
00:03:07 Pas du tout, pas du tout.
00:03:09 Vous n'aimez pas votre adolescence.
00:03:11 Non, c'est un trou noir pour moi.
00:03:14 Personne ne m'a donné envie d'exister à cette époque-là.
00:03:17 Donc si vous voulez, Toulon représente ça.
00:03:20 *Musique*
00:03:23 Enfant, l'endroit où je me sentais protégée, loin des violences du monde, c'était un amendir.
00:03:30 J'avais 10 ans.
00:03:32 Je montais me percher parmi les branches et j'osais lui confier toutes mes espérances.
00:03:37 *Musique*
00:03:51 Il y avait très peu d'argent à la maison.
00:03:53 *Musique*
00:03:56 Ma mère avait une petite épicerie et mon père était cultivateur.
00:04:00 Donc il allait à Jordan et il cultivait des légumes.
00:04:04 *Musique*
00:04:07 Mes parents m'ont eue un peu tard.
00:04:10 Ma mère avait un peu plus de 38 ans.
00:04:13 Donc c'est des parents déjà âgés pour cette époque-là.
00:04:17 *Musique*
00:04:20 Donc mes frères partent très vite de la maison et moi je me retrouve seule.
00:04:25 Et je suis une enfant qui s'ennuie.
00:04:27 *Musique*
00:04:29 Il faut l'imaginer, elle est la petite dernière.
00:04:32 Elle a deux frères plus âgés qu'elle.
00:04:35 Et il y a cette gamine de 7 ans, de 8 ans, qui s'emmerde en fait.
00:04:41 Qui va à l'école, qui a des amis qui habitent dans les belles villas autour.
00:04:47 Et quand elle rentre de l'école, elle regarde les jolies maisons avec des jardins bien faits.
00:04:53 Et chez elle, c'est maman derrière son comptoir à l'épicerie,
00:04:57 avec les gros sacs en toile de jus, les pommes de terre, les carottes, les poireaux, tout ça, là.
00:05:02 Sa mère, elle l'adore.
00:05:04 Mais il n'y a rien à faire, quoi.
00:05:06 On ne peut pas aller dans la maison, parce que dans la maison il n'y a rien.
00:05:09 Il y a deux, trois ampoules qui pendent au plafond.
00:05:12 La maison est triste.
00:05:14 Et en fait, les premières choses qui font s'envoler Mireille, c'est sa capacité à rêver, en fait.
00:05:20 *Musique*
00:05:24 Et j'avance dans la vie en me racontant beaucoup d'histoires,
00:05:29 en discutant plus avec les oiseaux et les arbres qu'avec ma famille.
00:05:34 *Musique*
00:05:40 À la minute où on commence à apprendre des poésies à l'école,
00:05:44 moi, toute la classe m'écoutait et mes copines demandaient que ce soit moi qui dise les poésies.
00:05:50 *Musique*
00:05:55 Et un jour, le père vient la prendre par la main et l'emmène dans le grenier de la maison d'habitation.
00:06:02 Son père a fait quelque chose qu'aucun père peut faire.
00:06:06 Et ça, elle m'en a raconté, donc ça, elle l'a vécu.
00:06:09 *Musique*
00:06:13 J'ai un très mauvais souvenir dans le grenier.
00:06:15 Mon père, un jour, est venu avec une corde et m'a dit, voilà, je vais me pendre.
00:06:21 Je vais mourir à cause de toi.
00:06:25 Tu en es responsable.
00:06:28 Et là, j'ai plus rien compris.
00:06:30 Je me suis mise à pleurer, je me suis accrochée à lui.
00:06:33 Je lui ai dit, on se sent coupable de n'importe quoi et de tout et de rien.
00:06:38 On ne veut surtout pas qu'il se pende, surtout pas.
00:06:41 C'est terrible de faire ça à une enfant.
00:06:43 *Musique*
00:06:46 J'ai 7 ans et je sens très bien que je suis un problème pour lui.
00:06:51 *Musique*
00:06:54 Elle dit, il m'appelait la bâtarde.
00:06:57 Voilà, devant la famille, il l'appelait la bâtarde.
00:07:01 Elle, ce qu'elle retient de son père, c'est à quel point elle a détesté cet homme
00:07:07 et à quel point cet homme l'a terrorisé et lui a gâché son enfance.
00:07:13 *Musique*
00:07:15 Dans les dernières années de la vie de ma mère, je lui en ai parlé en lui disant,
00:07:18 écoute, regarde, je ne lui ressemble pas.
00:07:21 J'ai rien de commun avec lui.
00:07:23 C'est pas possible que ce soit mon père, donc dis-moi la vérité.
00:07:28 C'est pas un problème, au contraire, au contraire.
00:07:31 Et ma mère se fâchait avec moi.
00:07:33 Elle me disait, je ne veux pas que tu parles comme ça.
00:07:36 Tu te rends compte comment tu peux dire des choses pareilles ?
00:07:39 Voilà.
00:07:41 Mais je sentais à l'intérieur de moi qu'il y avait quelque chose qui ne collait pas.
00:07:45 *Musique*
00:07:54 Ma mère dormait par contre avec moi.
00:07:56 Et c'est vrai que tout ce temps où j'ai dormi avec elle, c'est-à-dire jusqu'à l'âge de 15 ans,
00:08:01 ont été pour moi des moments formidables parce que je me suis sentie protégée par elle dans le sommeil.
00:08:08 *Musique*
00:08:13 Ma mère a été élevée à la dure.
00:08:15 On ne se plaint pas, on est gaillard dans la famille de ma mère.
00:08:18 Et une angine, c'est pas grand-chose pour elle.
00:08:22 C'est-à-dire qu'on reste un peu au lit, on a un peu de fièvre,
00:08:25 et puis on prend des tisanes et puis ça passe.
00:08:28 Sa maman était une maman très pauvre. Ils étaient très très très très pauvres.
00:08:32 Ils n'avaient pratiquement pas d'électricité.
00:08:34 Et elle a croyé, sa maman l'a soignée avec des herbes du jardin.
00:08:39 On ne sait pas quoi.
00:08:40 Et c'est comme ça qu'elle s'est retrouvée à avoir des problèmes cardiaques terribles.
00:08:44 Elle a été victime d'une curieuse maladie mal connue,
00:08:48 qui est une mauvaise angine comme on dit.
00:08:50 Une angine avec des complications au niveau du cœur graves.
00:08:54 Et évidemment, dans sa jeunesse, elle a eu cette maladie
00:09:00 qui lui a laissé des séquelles cardiaques graves.
00:09:04 Le plus beau cadeau qu'on lui ait fait, c'est le vélo que lui a offert son frère Maurice.
00:09:16 Et avec le premier argent qu'il gagne comme soldat en Indochine,
00:09:20 il envoie tout pour acheter un beau vélo à sa petite sœur Mireille.
00:09:24 C'est super attendrissant.
00:09:26 Et ce vélo, en fait, il est très important.
00:09:30 C'est avec ce vélo qu'elle se met à descendre toute seule en ville.
00:09:35 Elle repère cette idée du conservatoire, où il y a des cours de danse, des cours de théâtre.
00:09:40 Et à 14-15 ans, elle ose se pointer dans un endroit où ne sont jamais allés ses parents.
00:09:47 J'ai souffert, étant gosse, d'être un peu repliée sur moi-même.
00:09:52 Donc le théâtre, c'était une évasion, c'était être autre chose.
00:09:55 C'était tout à coup pouvoir rêver.
00:10:00 Et c'est pour ça qu'à partir de l'âge de 15 ans, j'ai été au conservatoire
00:10:05 pour essayer de faire quelque chose de plus.
00:10:09 J'adorais regarder le soleil parce que Phaedre, à un certain moment, défie le soleil.
00:10:16 Et je trouvais ça tellement beau que moi aussi, je passais ma vie à défier le soleil
00:10:19 en me disant qui de nous deux sera le plus fort.
00:10:23 Bien entendu, ce n'était pas moi.
00:10:25 J'ai souffert et jamais d'importe une clameur n'ont rappelé vers moi ton amitié distraite.
00:10:30 Va, j'en veux à la mort qui sera moins discrète.
00:10:35 Et je ne serai plus, quand tu liras, je meurs.
00:10:40 Ils ne comprennent rien à ça, les parents.
00:10:44 Ils ne sont jamais allés voir une pièce de théâtre, ils ne sont jamais allés voir un ballet.
00:10:49 La mère n'avait jamais ouvert un livre.
00:10:52 Mais enfin, lui dire, comme lui dit Mireille à 14 ou 15 ans, je veux aller au conservatoire,
00:10:59 elle lui demande pour conserver quoi ?
00:11:02 [Musique]
00:11:19 J'ai envie de devenir quelqu'un, d'exister.
00:11:23 Parce que à tout le long, je n'existe pas.
00:11:26 Je suis partie toute seule à la gare, avec ma petite valise, et c'était un 21 août.
00:11:33 Et je me suis dit, il faut que je me débrouille pour ne pas revenir.
00:11:38 Ça c'était la seule optique que j'avais dans ma tête, c'était de ne pas revenir à Toulon.
00:11:43 [Musique]
00:11:53 [Musique]
00:12:11 [Musique]
00:12:27 C'est ça la panique d'arriver dans une grande ville comme ça, c'est de ne connaître absolument personne.
00:12:32 Je suis arrivée un 21 août le matin,
00:12:36 et de se dire, bon, à qui je vais pouvoir demander où il y a un conservatoire,
00:12:41 où il y a un cours d'art dramatique.
00:12:43 [Musique]
00:12:46 J'ai été voir un gardien de la paix pour lui demander,
00:12:49 vous pouvez me donner l'adresse du conservatoire d'art dramatique ?
00:12:52 Il m'a brûlé pour une fois, il m'a dit, mais regardez dans le beau temps, j'en sais rien moi.
00:12:57 [Musique]
00:13:00 Donc je suis arrivée à Paris avec la foi au ventre et l'envie de dire Paris est à moi,
00:13:06 maintenant vous allez voir, c'était de devenir comédienne.
00:13:09 Il n'y avait que ça, que ça, que ça dans ma tête.
00:13:12 [Musique]
00:13:14 On habitait à Montmartre, un tout petit studio avec une amie toulonnaise,
00:13:20 et on n'avait, pour ainsi dire, pas d'argent pour manger.
00:13:24 Et nous avions au-dessus des voisines qui étaient des gentils prostituées.
00:13:30 Et un jour, une de ses filles demande à Anne-Marie,
00:13:35 est-ce que tu pourrais avoir la gentillesse de venir ?
00:13:38 J'ai cet après-midi un client qui n'a qu'une envie,
00:13:42 c'est qu'il y ait quelqu'un qui soit là en tant que spectateur.
00:13:45 Donc Anne-Marie dit oui, et dans l'après-midi, elle a une crise de colite néphritique,
00:13:52 et la fille vient vers moi, me dit mais ce n'est pas possible,
00:13:55 vous ne pouvez pas me laisser tomber, viens à sa place.
00:13:58 Cette somme d'argent, ça payait au moins notre loyer,
00:14:02 c'était quand même quelque chose d'important.
00:14:04 Et je me trouve en effet dans une chambre avec un monsieur,
00:14:08 et moi pendant tous les ébats, je n'ai rien vu,
00:14:12 parce que dans ma tête, je me récitais Mireilleau de Mistral,
00:14:17 c'est passé comme ça, comme une lettre à la poste,
00:14:19 et puis bon, le monsieur est parti, et à ce moment-là, on a frappé à la porte.
00:14:24 Et il y a un autre monsieur qui est rentré, et qui m'a dit, vous êtes libre ?
00:14:28 Je pense que c'est un saut vertigineux dans un monde qu'elle ne connaît pas du tout,
00:14:34 et qu'elle est passée à deux doigts du danger absolu de la jeune provinciale montant à Paris,
00:14:40 s'installant à Pigalle, sans comprendre ce qui va lui arriver,
00:14:43 et d'être pris en charge par un macro.
00:14:47 Et que là, elle aurait sans doute eu bien besoin de ses parents ou de gens pour l'aider.
00:14:51 Et je me suis taillée, mais très vite, en courant,
00:14:55 et ce monsieur m'a rattrapée dans la rue, et il m'a dit, mais vous allez où ?
00:14:58 Et je partais au cours Escandre, parce que j'avais un cours d'art dramatique,
00:15:03 et quand même, il avait une bonne tête, il m'a dit, mais venez, je vous dépose.
00:15:09 Elle rencontre, par bonheur, un homme, journaliste, genre Paris Match, Jaguar, tout ça.
00:15:17 Mireille, elle ne s'attache pas énormément à ce moment-là.
00:15:21 Il la repère, il la trouve jolie, il va l'aider.
00:15:24 C'est marrant, parce que Paris, je trouve, c'est un peu ça.
00:15:27 Si deux ou trois gens de théâtre, de cinéma intellectuel, flashent sur vous,
00:15:33 ils vous présentent quelqu'un, et hop, ça embraye.
00:15:36 C'est Gilbert Bécaud qui était un peu ton parrain ?
00:15:38 Un peu, il a été une rencontre dans ma vie.
00:15:40 Il était de Toulon ?
00:15:41 Il était de Toulon aussi, et il a été une rencontre, comme ça, par hasard.
00:15:44 Il m'a conseillé d'aller voir une femme, Isabelle Kulkowski, qui est devenue mon agent,
00:15:50 et le jour où je suis arrivée chez elle, elle m'a envoyée passer une audition,
00:15:53 et j'ai été engagée tout de suite.
00:15:54 Mais c'est pas mal du tout, pour ce que vous trembliez, c'est pas mal du tout.
00:15:58 Est-ce que vous aimez travailler ?
00:16:00 Oui, beaucoup.
00:16:01 Vous êtes capable de travailler tous les jours ?
00:16:03 Oui.
00:16:04 Plusieurs heures ?
00:16:05 Oui, je crois.
00:16:06 Bon, et bien, ayez confiance en moi.
00:16:08 Si vous voulez bien travailler tous les jours, plusieurs heures,
00:16:12 vous arriverez à dire très bien les verres.
00:16:15 Père et ciel, privez-moi de fruits et de lumière, nuit et jour,
00:16:20 privez-moi de liasse et de repos.
00:16:22 Mon espoir et ma foi décevaient mes prières.
00:16:25 Vif, rugueul, dermite, ô prison, sois mon lot.
00:16:28 Oui, qu'un malheur sans fin me chasse ici-bas, si je puis être veuve.
00:16:33 Et ne le restez pas.
00:16:36 J'ai fait du théâtre assez rapidement, mais pas avec des choses très importantes,
00:16:40 et puis beaucoup de télévision.
00:16:42 Tout à coup, les choses viennent bien, parce que les gens vous trouvent intéressantes,
00:16:48 et ils ont envie de vous découvrir, ils ont envie de faire quelque chose avec vous.
00:16:52 Claire.
00:16:53 Vous êtes Claire, vous êtes Claire.
00:16:56 Oui, c'est moi.
00:16:57 Pourquoi m'appelles-tu ?
00:16:59 Pourquoi me cherches-tu ?
00:17:01 Est-ce parce que toi, tu n'as rien quitté ?
00:17:04 Ta vie t'effraie, est-ce pour cela ?
00:17:08 Pourquoi me reproches-tu d'être faible ?
00:17:10 Faible, non.
00:17:12 Fragile.
00:17:14 Je déteste que tu aies ces peurs pour avoir envie de m'éviter.
00:17:18 Ce sont les apparences.
00:17:20 Il n'y a rien d'autre que les apparences.
00:17:24 J'avais un physique assez ingroige, des grandes, maigres, brunes, noires même.
00:17:29 Je ressemblais un peu à un chat écorché.
00:17:32 Je veux dire qu'en plus, je n'avais pas eu spécialement beaucoup de succès auprès des garçons avec moi.
00:17:42 Je ne me souviens pas du tout.
00:17:44 Je ne me souviens pas du tout.
00:17:46 Je ne me souviens pas du tout.
00:17:48 En plus, je n'avais pas eu spécialement beaucoup de succès auprès des garçons à Toulon.
00:17:54 Je ne me suis pas une tête.
00:18:06 J'étais brune, j'étais triste.
00:18:09 Je suis blonde.
00:18:11 Je me sens gay.
00:18:14 Je ne me sens pas comme une femme.
00:18:16 Je ne me sens pas comme une femme.
00:18:18 Je ne me sens pas comme une femme.
00:18:20 Je ne me sens pas comme une femme.
00:18:22 Je ne me sens pas comme une femme.
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00:20:15 Je ne me sens pas comme une femme.
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00:28:53 Je ne me sens pas comme une femme.
00:28:55 Je ne me sens pas comme une femme.
00:28:57 Je ne me sens pas comme une femme.
00:28:59 Elle va bien, l'arc, ce matin.
00:29:01 J'aime que tu m'aimes.
00:29:05 Et même si tu m'aimes trop.
00:29:11 Ce ne sera jamais,
00:29:14 Ce ne sera jamais,
00:29:17 Trop.
00:29:19 Moi, on est changé.
00:29:24 Mes yeux dangereux.
00:29:27 Quelques petits défauts.
00:29:30 Tu vois que tu ne perds pas.
00:29:32 Au change-robe.
00:29:34 D'un seul coup, si vous voulez,
00:29:36 les gens viennent un peu vers moi,
00:29:38 viennent à moi.
00:29:40 Donc là, je commence à découvrir
00:29:42 que les défauts que j'ai,
00:29:44 c'est-à-dire le côté un peu maigre,
00:29:46 un peu long, un peu androgyne,
00:29:48 d'un seul coup, plaient.
00:29:50 Ce ne sera jamais,
00:29:52 Trop.
00:29:55 Il y avait toute une mythologie de la femme
00:29:57 qui a été faite par Brigitte,
00:29:59 qui reste en partie,
00:30:01 qui était une femme, disons, libre,
00:30:03 mais qui n'était pas complètement libre.
00:30:05 C'est-à-dire que quand Brigitte interprétait des rôles,
00:30:07 mettons, à l'écran,
00:30:09 c'était toujours une fille libre,
00:30:11 mais elle était où entretenue ?
00:30:13 Elle n'était jamais indépendante.
00:30:15 Elle n'était jamais vraiment libre.
00:30:17 Moi, j'avais envie de représenter
00:30:21 une fille qui était libre,
00:30:23 mais qui était responsable d'elle-même.
00:30:25 C'est-à-dire qu'elle travaillait,
00:30:27 elle ne dépendait de personne,
00:30:29 ni d'une société,
00:30:31 ni d'un homme,
00:30:33 ni d'une morale,
00:30:35 ni d'une religion.
00:30:37 Mireille d'Arc, une première.
00:30:39 Moi, d'un seul coup,
00:30:46 je suis arrivée avec ce long corps
00:30:48 un peu androgyne,
00:30:50 et je revendiquais mes droits de femme,
00:30:52 c'est-à-dire l'égalité avec les hommes,
00:30:54 même sur un plan sexuel.
00:30:56 Donc, ça a fait mouche avant 68.
00:31:01 Qu'est-ce que tu fais ?
00:31:03 Je m'en vais.
00:31:05 On se revoit quand ?
00:31:07 Je ne sais pas.
00:31:09 À être temps, on m'a emmenée danser au casino.
00:31:14 Ici, on me demande mon numéro de téléphone.
00:31:16 C'est plus direct.
00:31:18 Je n'ai pas le téléphone.
00:31:20 Mais j'ai un studio formidable
00:31:22 sous les toits près de Notre-Dame.
00:31:24 Je ne suis pas vilaine.
00:31:26 Je peux sortir et coucher tout de suite
00:31:28 avec le premier homme qui me plaît.
00:31:30 Ne suis-je pas comblée ?
00:31:32 Aujourd'hui, je regrette être tard.
00:31:36 Qu'aurais-je fait à être tard ?
00:31:41 Rien.
00:31:43 Ici, peut-être quelque chose.
00:31:45 Peut-être.
00:31:47 Beaucoup de filles et de femmes
00:31:50 se sont identifiées à moi
00:31:52 parce qu'il y avait quand même,
00:31:54 sans qu'on joue au MLF,
00:31:56 on était conscients
00:31:58 qu'elles pouvaient travailler,
00:32:00 qu'elles n'étaient plus des poupées,
00:32:02 qu'elles pouvaient choisir aussi,
00:32:04 qu'elles pouvaient avoir leur propre existence
00:32:06 sans dépendre d'un homme
00:32:08 ou sans dépendre d'un mari.
00:32:10 Qu'elles pouvaient décider un peu de leur sort.
00:32:12 C'était une révélation, ce film.
00:32:16 Galia, je l'ai connue à cette époque-là.
00:32:18 Quand elle arrivait chez Carita,
00:32:20 où j'étais la petite hôtesse
00:32:22 qui recevait des personnalités,
00:32:24 elle avait un potentiel de star.
00:32:26 Il y avait Catherine Deneuve,
00:32:28 qui était, elle, vraiment une grande star à l'époque.
00:32:30 Et quand Mireille arrivait,
00:32:32 vis-à-vis des gens,
00:32:34 elle avait le même statut
00:32:36 que Deneuve ou Simone Signoret.
00:32:38 Depuis une semaine,
00:32:40 j'ai une proposition par jour.
00:32:42 C'est formidable.
00:32:44 Il y a des metteurs en scène
00:32:46 qui viennent me voir en me disant
00:32:48 "Si vous faites mon film,
00:32:50 j'ai un producteur, j'ai un distributeur."
00:32:52 Je suis presque responsable d'un film.
00:32:54 Je crois que c'est assez...
00:32:56 C'est un langage nouveau pour vous ?
00:32:58 Oui, bien sûr.
00:33:00 On la connaît, elle peut enfin s'amuser.
00:33:02 Elle a du fric,
00:33:04 elle ne sait pas quoi en faire.
00:33:06 Elle prend une secrétaire,
00:33:08 elle s'amuse.
00:33:10 Elle s'achète des voitures qui lui plaisent,
00:33:12 elle se marche.
00:33:14 A quel stade de votre carrière
00:33:18 pensez-vous être arrivée en ce moment,
00:33:20 à ce moment-là ?
00:33:22 Je pense que c'est un stade formidable.
00:33:24 On me découvre et on ne me juge pas encore.
00:33:26 On n'essaie pas encore de me démolir.
00:33:28 Je crois qu'on a envie de réussir
00:33:34 pour faire plaisir,
00:33:36 pour dire que vos parents
00:33:38 vous disent un jour "Je suis fière de toi."
00:33:40 J'ai cherché cette reconnaissance
00:33:44 tout le temps,
00:33:46 tout le temps dans les yeux de ma mère.
00:33:48 Ce qui est touchant, ce qui est triste
00:33:50 et ce qui a constitué
00:33:52 la Mireille adulte,
00:33:54 c'est qu'en fait,
00:33:56 toute sa vie,
00:33:58 elle a attendu que ses parents
00:34:00 aillent voir ses films.
00:34:02 Toute sa vie.
00:34:04 Et c'est une violence, en fait, incroyable.
00:34:06 On dit que Ursula Handel
00:34:10 a été la vedette 1965.
00:34:12 Vous pensez que Mireille d'Arc
00:34:14 sera la vedette 1966 ?
00:34:16 Je ne sais pas, je vous le dirai en 1967.
00:34:18 Je devais partir à Hollywood
00:34:28 faire des essais
00:34:30 et je me suis dit
00:34:32 "Je vais me faire un film
00:34:34 avec Mireille d'Arc."
00:34:36 Je me suis dit "Je vais me faire un film
00:34:38 avec Mireille d'Arc."
00:34:40 Je me suis dit "Je vais me faire un film
00:34:42 avec Mireille d'Arc."
00:34:44 Je me suis dit "Je vais me faire un film
00:34:46 avec Mireille d'Arc."
00:34:48 Je me suis dit "Je vais me faire un film
00:34:50 avec Mireille d'Arc."
00:34:52 Je me suis dit "Je vais me faire un film
00:34:54 avec Mireille d'Arc."
00:34:56 Je me suis dit "Je vais me faire un film
00:34:58 avec Mireille d'Arc."
00:35:00 Je me suis dit "Je vais me faire un film
00:35:02 avec Mireille d'Arc."
00:35:04 Je me suis dit "Je vais me faire un film
00:35:06 avec Mireille d'Arc."
00:35:08 Je suis à l'accueil chez Caritas
00:35:28 et Mireille me dit
00:35:30 "Je cherche une assistante dégourdiée comme toi.
00:35:32 Tu n'as pas une amie qui viendrait
00:35:34 au Liban la faire un film qui serait
00:35:36 pour être mon assistante."
00:35:38 Je l'ai regardée et je lui ai dit "Regarde, elle est là."
00:35:40 Et on est partie au Liban.
00:35:46 - Ta maman, j'ai même pitié l'anecdote sur elle.
00:35:50 - Elle n'avait pas tellement confiance en toi.
00:35:52 - Elle t'avait dit "Méfie-toi de cette fille,
00:35:54 peut-être qu'elle peut te voler."
00:35:56 - Elle a vu que tu avais la possibilité de signer mes chèques.
00:35:58 - Bien sûr, j'avais ton chéquier.
00:36:00 - Tu avais mon chéquier, que tu t'occupais de ma vie,
00:36:02 que tu réagissais tout.
00:36:04 - Je me souviens d'une phrase magnifique de ta maman,
00:36:06 mais magnifique, magnifique,
00:36:08 qui m'a dit "Occupez-vous bien d'elle."
00:36:10 Et j'étais "Occupez-vous bien d'elle."
00:36:14 - Je crois que c'est la personne au monde
00:36:16 qui me manque le plus.
00:36:18 - C'est sûr.
00:36:20 - Ouais.
00:36:22 ...
00:36:32 - Je suis trop maigre.
00:36:34 Ce Scalibanet m'a dit le premier jour,
00:36:36 dès que je suis arrivée,
00:36:38 il m'a dit "Si vous voulez réussir ici,
00:36:40 il faut que vous grossissiez."
00:36:42 - La grande soutraine, c'est Odiar qui l'a trouvée.
00:36:46 Odiar estime que
00:36:50 dans une adolescence,
00:36:52 tout le monde a eu une cousine
00:36:54 ou une petite amie
00:36:56 d'une voisine ou quelque chose,
00:36:58 qui a été une grande soutraine.
00:37:00 Et pour lui, je représente un peu ça.
00:37:02 - Et toi ?
00:37:06 Faire l'amour avec un gouleur,
00:37:10 tu trouves ça normal ?
00:37:12 - C'est les vacances.
00:37:16 - Et après les vacances,
00:37:18 -Combien d'argent prendra le voile? -Un mari.
00:37:22 Je m'achèterai un duplex et je m'appellerai madame.
00:37:28 -Et tu t'appelles comment? -Sautrelle.
00:37:33 -Sautrelle, Sautrelle, Sautrelle.
00:37:38 Sautrelle!
00:37:40 Sautrelle!
00:37:45 ...
00:37:50 -Dites-moi, Mireille d'Arc, puisque vous passez par là,
00:37:53 puis-je vous poser une question indiscrète?
00:37:56 -Je vous en prie, monsieur.
00:37:57 -La grande Sautrelle, serez-ce vous?
00:37:59 -Oui, et alors?
00:38:00 -C'est curieux comme légende, parce que quand je vous ai connues
00:38:04 il y a trois ans, vous étiez moins vêcheuse.
00:38:06 -Oui, mais il y a trois ans, quand je vous ai connues,
00:38:09 vous m'avez commencé à m'écrire un rôle dans "Épice en vigueur".
00:38:12 -Moi, j'avais déjà beaucoup de taffes.
00:38:14 -Mais vous n'écriviez pas pour moi.
00:38:16 Puis petit à petit, vous avez écrit pour moi.
00:38:18 -Non, pas assez.
00:38:19 -Mon amant m'appelait Libertard,
00:38:24 il disait que je ressemblais
00:38:28 à ses chansons de liberté.
00:38:32 -J'avais envie d'être une tragédienne,
00:38:35 donc j'en avais marre de ma bande de lotenaires, voilà.
00:38:40 Donc il fallait que je les quitte.
00:38:42 Et j'oubliais que j'étais blonde,
00:38:44 j'oubliais que je ressemblais
00:38:48 à la nénette, à tout le monde,
00:38:51 un peu plus et je m'envolais.
00:38:55 Je me sentais le droit de vivre une vie que j'aurais choisie,
00:39:01 où j'aurais toujours été libre
00:39:05 de ne dormir que dans mon lit.
00:39:09 ...
00:39:13 Quand je disais le nom des films que je faisais,
00:39:16 j'avais un peu honte.
00:39:18 Je disais "Pouit-Pouit", "Les Barbouzes",
00:39:20 "Ne nous fâchons pas", tout ça.
00:39:22 Et j'ai un producteur qui m'a demandé
00:39:25 avec qui j'avais envie de tourner,
00:39:26 et je lui ai dit "Godard, bien sûr".
00:39:29 Donc d'un seul coup, Godard, pour moi, ça relevait tout.
00:39:33 ...
00:39:45 Quand j'ai rencontré Godard, il m'a dit
00:39:47 "Vous êtes exactement le genre d'actrice
00:39:49 "avec qui je n'ai pas envie de travailler."
00:39:51 -En place, on ne bouge plus !
00:39:55 -J'ai pas l'habitude de tourner comme ça,
00:40:02 parce que j'ai pas l'habitude non plus de tourner ce genre de rôle.
00:40:05 -Vas-y, c'est par là !
00:40:07 -Ils sont morts, tous ces cons !
00:40:12 C'est possible de le refaire encore une fois ?
00:40:17 Vite, en place !
00:40:19 -Quel rôle, particulièrement ?
00:40:21 -Une petite bourgeoise du 16e...
00:40:24 Euh...
00:40:25 Enfin, un peu...
00:40:29 -Étriquée ? -Un peu étriquée.
00:40:31 -Ca va ?
00:40:32 -Il m'a dit "J'accepte de faire un film,
00:40:34 "parce que vous êtes antipathique,
00:40:36 "vous n'êtes pas du tout une actrice que..."
00:40:38 Mais le rôle est comme ça aussi.
00:40:40 -Tant pis, je me suis dit, je lui suis peut-être antipathique,
00:40:44 mais je vais quand même faire un film avec Godard, c'est ça qui compte.
00:40:48 -Tous les autres en place, maintenant, immobile.
00:40:51 ...
00:40:54 -Il me fait signer un papier disant que je ne discuterai jamais.
00:40:59 -Il n'aimait pas mes cheveux propres,
00:41:01 donc le matin, on arrivait et il disait "Mlle Dark,
00:41:05 "voyez cette flaque d'eau ? Vous pouvez aller vous mettre dedans."
00:41:08 Et il disait "Les cheveux aussi, hein ?"
00:41:11 -Je pense que Godard l'a fait travailler, oui.
00:41:15 Enfin, Godard, elle l'a fait surtout paniquer,
00:41:18 parce qu'il arrive son scénario,
00:41:21 et quand elle lui demande ce qu'il faut faire, il dit "Je sais pas, on va voir."
00:41:26 Et là, elle est face à un abîme comme ça, et c'est bien.
00:41:29 C'est bien pour elle, il aurait fallu que ça continue derrière.
00:41:33 -Avec Lautner, j'avais l'impression
00:41:37 que j'avais donné tout ce que j'avais à donner,
00:41:39 parce qu'il me demandait une grande part de moi-même,
00:41:42 une grande part de...
00:41:44 de spontanéité, d'interprétation, enfin, de moi.
00:41:49 C'est-à-dire que Godard, j'étais un objet.
00:41:51 C'était assez amusant, à un certain stade,
00:41:53 d'être vraiment un objet,
00:41:55 et puis de ne pas avoir aucune responsabilité, de rien.
00:41:59 Et de ne pas avoir droit aux chapitres de discussion, rien.
00:42:03 C'est-à-dire, vraiment, vous êtes là, et on se sert de vous comme...
00:42:08 comme ça.
00:42:10 Faut être un peu masochiste.
00:42:13 (Musique)
00:42:18 -Est-ce que vous pensez que, tantôt, il faut prendre des risques,
00:42:20 comme vous avez pris avec "Weekend" de Godard ?
00:42:23 -Il faut en prendre, en effet.
00:42:25 Mais je veux dire qu'après "Weekend", j'ai failli ne plus travailler.
00:42:28 Pendant un certain nombre de temps, j'ai attendu les contrats,
00:42:32 parce que... -Ça ne marchait pas très bien.
00:42:36 (Musique)
00:42:44 -J'étais avec Fellini, parce que je lui avais demandé
00:42:47 de photographier son iris, c'est-à-dire son oeil.
00:42:53 Et je lui ai dit qu'il y avait une jeune fille très jolie
00:42:56 qui allait me chercher, parce qu'on fait des photos dans Rome,
00:43:00 mais on fait des photos nues.
00:43:02 Il m'a dit "Tu comptes faire des photos à poil dans Rome ?"
00:43:06 Je lui ai dit "Oui, je ne compte pas, j'en rêve."
00:43:08 Il m'a dit "Qu'est-ce que je fais ?"
00:43:10 Il m'a dit "Tu vas avoir 40 paparazzis au cul,
00:43:12 et plus les carabiniers."
00:43:16 Il m'a dit "C'est même pas la peine d'essayer,
00:43:17 moi, je vais te donner un truc,
00:43:20 j'ai un décor dont je ne me sers pas pour l'instant,
00:43:23 que j'ai fait faire pour Satyricon,
00:43:25 tu vas dans le décor, tu peux rester toute la journée,
00:43:27 tu fais ce que tu veux."
00:43:28 Donc j'ai fait cette photo qui ressemble plutôt
00:43:32 à une peinture de Chirico qu'à une photo dans le journal d'oui.
00:43:37 -A cette époque-là, j'ai dit "Bon, j'ai fait le conservatoire,
00:43:42 j'ai un prix d'excellence, j'ai fait du théâtre,
00:43:45 j'ai fait du cinéma, et en plus, si vous voulez,
00:43:49 c'était une époque où on en faisait peu."
00:43:52 Et je disais "En plus, si je peux faire des photos nues,
00:43:56 pourquoi je le ferais pas,
00:43:57 mais je l'ai toujours fait dans des conditions,
00:43:59 si vous voulez, qui étaient les meilleures conditions."
00:44:02 -Mireille, c'est le comble du graphisme,
00:44:12 c'est-à-dire très peu de poitrine, bien cambrée,
00:44:16 et surtout une ligne absolument parfaite.
00:44:20 Elle a jamais été impudique alors qu'elle était scandaleuse.
00:44:23 C'est étonnant, quand même.
00:44:25 C'est un personnage incroyable.
00:44:27 Jamais j'ai connu ça, moi, jamais.
00:44:29 -Je l'ai fait un peu pour bousculer ma mère.
00:44:34 Eh bien, ma mère m'en a pas parlé, puis c'est tout.
00:44:37 Et puis je passe à Toulon,
00:44:39 et je me dis "Je vais peut-être me faire un peu engueuler,
00:44:42 je sais pas."
00:44:43 Et puis toujours rien.
00:44:45 Et puis je vois que sous la pile des journaux,
00:44:47 le journal, lui, il est là.
00:44:50 Donc elle l'a vue. Elle l'a vue, elle l'a bien vue.
00:44:52 Elle a bien vu, mais bon, elle en parle pas.
00:44:55 Jusqu'à la fin de sa vie, elle aura la même attitude à mon égard.
00:44:59 -Mireille Dark ne serait pas femme si on pouvait la définir facilement.
00:45:06 On peut cependant lui demander ce qu'elle recherche chez un homme.
00:45:09 -Chez un homme ?
00:45:10 La complicité.
00:45:12 -On se connaissait depuis assez longtemps.
00:45:16 On s'était rencontrés à mon arrivée à Paris.
00:45:19 ...
00:45:21 Je l'ai rencontré comme ça.
00:45:22 Il était, à cette époque, affiancé avec Romy.
00:45:26 Et je l'ai croisé plusieurs fois.
00:45:28 Donc il y avait une petite complicité, voilà.
00:45:32 -Et puis il avait envie de faire un film avec moi.
00:45:36 On a fait un film ensemble. C'était Jeff, oui.
00:45:38 -Jeff, qui est un film, une histoire d'amour,
00:45:44 une histoire policière, dans un contexte policier,
00:45:46 avec une très belle histoire d'amour.
00:45:48 -Je n'aime pas, en général, parler des histoires ni de mes rôles.
00:45:52 Mais disons que c'est l'histoire d'un homme
00:45:54 plus ou moins partagé entre l'amitié et l'amour.
00:45:57 Voilà.
00:45:58 J'ai pour partenaire Mireille Dark...
00:46:00 -Elle s'appelle Eva Swan.
00:46:02 Il s'appelle Michel Bringuier.
00:46:05 C'est une histoire de tous les jours.
00:46:08 Regardez.
00:46:09 ...
00:46:12 -Alain était trop pour moi.
00:46:14 Il était trop beau, trop célèbre,
00:46:17 trop...
00:46:18 Tout était trop fort.
00:46:19 Il avait un tel magnétisme que...
00:46:22 Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?
00:46:25 D'un seul coup, on se dit
00:46:26 "Je ne peux pas rentrer dans la vie de cet homme."
00:46:28 Et le fait qu'il soit dans un moment critique de sa vie
00:46:32 a fait que j'ai senti qu'il pouvait avoir besoin de moi.
00:46:37 ...
00:46:39 -Le 1er octobre dernier, on a découvert le corps martyrisé
00:46:42 de Markovits dans une décharge publique de Pontchartrain.
00:46:45 -Eva Markovits, ce Yougoslave, ancien secrétaire et garde du corps
00:46:48 de l'acteur de cinéma Alain Delon.
00:46:50 -Alain Delon avait été entendu par les policiers.
00:46:52 -Venez voir cette audition.
00:46:54 -Très bien.
00:46:55 N'ayez pas de crispes ni de fatigue,
00:46:57 comme la presse a l'habitude de l'annoncer.
00:46:59 ...
00:47:02 -C'était compliqué, et en même temps,
00:47:04 ça nous a certainement rapprochés,
00:47:07 car moi, je me suis rendue compte
00:47:09 qu'il était très seul à cette époque-là,
00:47:13 que les gens lui ont tourné le dos à un moment.
00:47:15 Et cet homme qui faisait peur à tout le monde
00:47:19 est devenu un enfant pour moi.
00:47:21 Je l'ai trouvé cassé, déchiré,
00:47:26 et j'ai eu envie vraiment de l'aider.
00:47:30 ...
00:47:37 -Quand vous pensez à quelqu'un qui est dans votre vie,
00:47:41 au compagnon de votre vie,
00:47:42 est-ce que vous pensez que c'est pour toujours ?
00:47:45 -En ce moment, oui.
00:47:46 -Mais vous pensez pour toujours ? -Oui, bien sûr.
00:47:49 En ce moment, j'ai l'impression d'avoir trouvé quelqu'un
00:47:52 avec qui j'espère finir mes jours.
00:47:54 ...
00:47:59 -Quand avez-vous l'impression d'être heureuse ?
00:48:01 -Par moment.
00:48:02 D'une façon fabuleuse et formidable.
00:48:04 J'ai presque envie de mourir, tellement je suis heureuse.
00:48:07 ...
00:48:23 C'est un garçon qui a tout.
00:48:28 C'est-à-dire qu'il est beau, il est riche.
00:48:33 Du moins, il n'a pas besoin d'énormément d'argent.
00:48:36 ...
00:48:38 Il...
00:48:39 Il a énormément de succès, il est intelligent.
00:48:44 ...
00:48:48 C'est l'homme. Je ne peux pas dire autre chose.
00:48:50 ...
00:48:55 J'ai écrit cette histoire parce que j'avais envie.
00:48:59 Pour moi, c'était me mettre dans la peau d'un homme
00:49:02 et tout à coup, écrire le rêve d'un homme.
00:49:05 Ca m'amusait, d'écrire cette histoire.
00:49:07 Je l'ai écrite sans prétention.
00:49:09 Ensuite, Alain Delon l'a lue et a eu envie de monter ce film.
00:49:14 -Qu'est-ce que c'est, l'histoire, exactement ?
00:49:17 -Disons que c'est l'histoire d'un couple
00:49:20 qui vit une histoire d'amour.
00:49:22 Ils s'aiment et ils vivent sans hypocrisie.
00:49:25 Dans ce couple s'intègre tout à coup une troisième personne,
00:49:28 qui est une jeune noire.
00:49:30 Ces êtres s'aiment et vivent ensemble,
00:49:33 sans équivoque et en s'aimant vraiment à fond.
00:49:37 -Il y a deux femmes autour de cet homme ? -C'est ça.
00:49:39 -Ca vous paraît une solution d'avenir ?
00:49:42 Est-ce un rêve, simplement ? Une forme littéraire ?
00:49:45 -Ca vient en 1970.
00:49:48 Les choses ont quand même évolué.
00:49:50 ...
00:49:52 -J'ai décidé de faire ce film sans vouloir dire que c'est autobiographique.
00:49:57 Mais mon Dieu, pourquoi pas ?
00:49:59 Cette histoire a tellement de points communs
00:50:02 avec une partie de ma vie, ou peut-être une époque de ma vie,
00:50:06 que j'en suis plus sensible que d'autres.
00:50:09 ...
00:50:14 -Quelle est la principale qualité de Mireille par rapport à vous ?
00:50:19 -Je crois que sa principale qualité,
00:50:21 c'est ce qu'on appelle l'intelligence amoureuse.
00:50:24 C'est très important.
00:50:25 Elle a avant tout l'intelligence amoureuse.
00:50:27 C'est-à-dire la possibilité de comprendre,
00:50:30 de ressentir et de s'adapter en fonction,
00:50:33 peut-être, du personnage et de l'homme que je suis.
00:50:36 Ca n'est pas toujours facile,
00:50:37 et c'est même souvent très difficile de vivre avec un indolent.
00:50:41 ...
00:50:50 -J'étais un jeune chanteur,
00:50:53 auteur-compositeur,
00:50:55 et j'étais encore chez Eddie Barclay,
00:50:57 c'est-à-dire, ça devait être dans les fins des années 60.
00:51:00 Et Barclay me dit
00:51:04 "Tu devrais faire des chansons pour Delon."
00:51:06 Bon.
00:51:08 Delon me donne rendez-vous chez lui.
00:51:11 Il y avait un piano.
00:51:12 Puis j'attends. J'attends.
00:51:15 J'attends Delon.
00:51:16 Et c'est long d'attendre Delon.
00:51:19 Et puis, finalement, il arrive, je lui demande des chansons.
00:51:24 Bon, et je lui dis "Voulez-vous essayer de mettre votre voix ?"
00:51:27 Parce que je connais votre voix d'acteur,
00:51:29 je ne connais pas votre voix de chanteur.
00:51:32 Parce que si j'écris pour vous, il faut que j'ai une tessiture.
00:51:35 Elle me dit "Mais moi, je ne chante pas, je parle."
00:51:37 Alors je lui dis "Ecoutez, je ne vais pas vous faire de chansons.
00:51:42 Si vous parlez, je vais vous faire des poèmes,
00:51:44 je vais vous faire un texte, si vous voulez."
00:51:46 Et arrive une grande...
00:51:49 une grande chose avec des cuissardes.
00:51:52 Absolument à tomber par terre d'une beauté extraordinaire.
00:51:57 C'était Mireille.
00:51:58 Et elle dit "Alain, il a raison.
00:52:00 Si tu ne chantes pas, ce n'est pas ben que tu fasses un disque.
00:52:04 Chantez-lui ce que vous faites."
00:52:06 Et je lui chante la chanson qui s'appelle "Les Ricains".
00:52:09 Elle me dit "C'est ça que je veux faire."
00:52:11 Je dis "Mais ça, il faut la chanter, hein."
00:52:13 Je dis "Il ne faut pas la réciter."
00:52:15 Et finalement, elle me dit "Alors, on va en faire une autre."
00:52:17 Et j'en ai fait une autre dans le même ordre d'esprit
00:52:20 qui s'appelait "Si j'avais un frère au Vietnam".
00:52:22 Que personne ne connaît, et tant mieux,
00:52:25 parce que c'était pas...
00:52:26 Je ne vais pas vous dire que c'est ça que j'entendrais.
00:52:29 Mais voilà, ça s'est passé comme ça, la première rencontre.
00:52:32 Et après, on a été...
00:52:36 Elle me dit "Je vous invite à déjeuner."
00:52:38 Parce que lui... Bon bref.
00:52:40 On est partis tous les deux.
00:52:42 On a sympathisé, on ne s'est plus jamais quittés.
00:52:44 C'est rare, ça.
00:52:46 Parce qu'on a des amis, on a des copains,
00:52:48 puis on les perd, puis on les retrouve, ou on ne le part.
00:52:51 Mais elle, je l'appelais, je lui dis "J'ai besoin de toi pour un truc.
00:52:54 Est-ce que tu peux m'en servir sur telle chose ?"
00:52:57 Elle était toujours là.
00:52:58 (Musique)
00:52:59 Il y avait un requin chagrin
00:53:02 (Requin chagrin)
00:53:03 Qui tournait dans les eaux profondes
00:53:06 (Hé, hé, hé)
00:53:08 Dans un lagon du bout du monde
00:53:10 (Requin chagrin)
00:53:12 Il y avait un requin chagrin
00:53:15 (Yeah)
00:53:16 Les grands courants du fond des mers
00:53:18 (Requin chagrin)
00:53:20 L'avait déposé un matin
00:53:23 (Ah, ah, ah)
00:53:24 Sous un rocher dans les eaux claires
00:53:26 (Requin chagrin)
00:53:28 Où jamais ne nagent les requins
00:53:30 Toi sur le bateau de ton père
00:53:33 Tu bronzes et nus à ciel ouvert
00:53:36 Tes oiseaux survalaient tes seins
00:53:38 (Ouh, ouh, ouh)
00:53:40 Toi sur le bateau de ton père
00:53:42 Tu bronzes et nus à corps ouvert
00:53:44 Au-dessus du requin chagrin
00:53:47 -Je crois qu'elle a envie,
00:53:49 au moment où elle rencontre Delon,
00:53:51 d'être juste la femme de Delon.
00:53:53 Elle s'en fout de sa carrière.
00:53:54 C'est fini, maintenant, la montée à Paris.
00:53:58 La nécessité et le désir, à tout crin,
00:54:01 de réussir et de sortir de son milieu.
00:54:03 (Musique jazz)
00:54:06 -J'ai 30 ans, et je me dis que...
00:54:10 à 30 ans, j'ai envie d'apprendre autre chose dans la vie,
00:54:12 c'est-à-dire de devenir une femme, d'avoir une maison,
00:54:15 d'avoir des enfants, d'apprendre la peinture,
00:54:18 d'aller voir les expos,
00:54:20 de lire un peu plus que ce que je lisais.
00:54:23 J'ai envie de devenir quelqu'un de plus complet,
00:54:26 de plus profond, de plus...
00:54:29 de plus instruit, aussi.
00:54:30 -Qu'est-ce que vous aimez le plus, dans la vie ?
00:54:33 (Musique jazz)
00:54:37 -Ce que j'aime le plus...
00:54:38 (Musique jazz)
00:54:42 C'est l'homme qui est dans ma vie, c'est tout.
00:54:44 Je crois que c'est ça, pour moi, qui est le plus important.
00:54:47 (Musique jazz)
00:54:51 -Mireille, elle avait une chose dans sa vie qui comptait.
00:54:54 Une, pas deux.
00:54:56 Une, c'était Alain.
00:54:57 C'était Alain. Toute sa vie était pour Alain.
00:55:00 Elle tournait moins pour s'occuper d'Alain.
00:55:02 Elle tournait moins pour aller lui faire une jolie maison
00:55:04 à Miami, à Aix-en-Provence, à Douchy ou ailleurs.
00:55:08 Elle tournait moins pour lui faire des dîners comme il avait envie.
00:55:11 Elle était à sa disposition.
00:55:12 (Musique jazz)
00:55:15 -En ce moment, il y a une telle libération de la femme
00:55:17 qui veut être l'égal de l'homme,
00:55:19 et moi, je ne me sens absolument pas l'égal d'un homme.
00:55:21 Absolument pas. J'ai pas envie de l'être.
00:55:23 C'est ça, le drame.
00:55:24 Surtout, j'ai envie, justement, de dépendre de lui,
00:55:28 des pieds à la tête.
00:55:30 (Musique jazz)
00:55:32 -Quand deux gens sont faits l'un pour l'autre, c'est une évidence.
00:55:35 C'est parce que ça roule.
00:55:37 Moi, je les ai jamais vus s'engueuler, par exemple.
00:55:40 Ça a dû se produire.
00:55:41 En connaissant mon père, ça a dû se produire.
00:55:44 Mais...
00:55:45 ça a pas dû se produire si souvent que ça, en fait.
00:55:49 Ils étaient heureux.
00:55:51 Lui, il était dans son boulot, dans son truc,
00:55:54 et elle, elle lui a construit sa vie.
00:55:56 Donc, je pense qu'elle était indispensable,
00:55:59 aussi, à son équilibre.
00:56:01 (Musique jazz)
00:56:05 -Mireille est concernée par tout ce que je fais, dans tout ce que je fais.
00:56:08 Je veux dire... Et ça ne pourrait pas être autrement,
00:56:11 parce que c'est les rapports d'un couple,
00:56:13 c'est ce qui s'appelle aussi la complicité,
00:56:15 une certaine forme de connaissance et d'habitude
00:56:17 de relation sur le plan professionnel.
00:56:19 Donc, là, y a absolument pas de problème.
00:56:22 (Musique jazz)
00:56:24 -Un jour, il est arrivé, c'était Ruch-en-Biche, dans son bureau,
00:56:27 et il a dit "Venez me voir, il faut que je vous parle."
00:56:30 Il nous dit "Vous allez avoir une mission,
00:56:32 vous allez vous débrouiller avec Claude."
00:56:34 Claude, c'était son pilote d'hélicoptère.
00:56:36 "Vous allez survoler un château d'une colonie de vacances
00:56:39 de la Sécurité sociale ou je ne sais quoi,
00:56:41 et vous allez me faire sauter le château
00:56:43 et je veux un lac à la place du château."
00:56:46 On dit "Oui, bien sûr."
00:56:47 Il est fou, le mec.
00:56:48 (Musique jazz)
00:56:50 Le mec est fou.
00:56:51 (Musique jazz)
00:56:53 -Et elle prend tout en main. Elle est au service de Delon.
00:56:56 (Musique jazz)
00:57:02 Elle dit "Tu peux pas savoir comme j'étais heureux de l'entendre."
00:57:06 Du moment qu'il était heureux, on allait faire tout ce qu'il voulait.
00:57:09 (Musique jazz)
00:57:11 -Nous avons une maison à la campagne,
00:57:13 je l'ai construite, je l'ai faite comme nous aimons vivre,
00:57:17 donc je m'en occupe énormément, beaucoup.
00:57:20 (Musique jazz)
00:57:25 Nous avons 14 chiens, il faut s'en occuper,
00:57:27 il y a du monde, il faut s'en occuper.
00:57:29 Euh...
00:57:31 Ben voilà, ma vie se passe à m'occuper un peu de tout ça.
00:57:35 (Musique jazz)
00:57:37 -Elle a fait toutes les maisons.
00:57:39 Elle a fait le Quai Kennedy, elle a fait Douchy,
00:57:41 et elle a fait Aix.
00:57:43 Elle a construit l'univers de... de mon père.
00:57:47 (Musique jazz)
00:57:49 Il se reposait totalement sur elle.
00:57:51 (Musique jazz)
00:57:58 Les tournages, c'est vraiment... Il faut une discipline.
00:58:01 Je me souviens, quand j'étais gamin, il rentrait le soir,
00:58:03 tout était prêt.
00:58:05 Il dînait, il se couchait, il apprenait son texte,
00:58:07 il révisait son texte, etc.
00:58:09 (Musique jazz)
00:58:13 -Je me souviens de toi,
00:58:15 tu avais quatre ans, ton père est parti un jour tourner,
00:58:19 et il t'a laissé avec moi, et il t'a dit
00:58:21 "Anthony, tu t'occupes bien de la maison,
00:58:25 "ici, tu es le chef."
00:58:27 Il a fermé la porte et tu m'as dit "toi..."
00:58:30 -Dehors. -Dehors.
00:58:31 (Rires)
00:58:33 -Je veux dire, je suis arrivée dans ta vie,
00:58:36 je remplaçais ta mère auprès d'un homme,
00:58:39 tu n'avais qu'une envie,
00:58:42 c'était de rapprocher ton père et ta mère ensemble.
00:58:44 -Probablement.
00:58:46 -Elles s'entendaient avec ma mère, plutôt pas mal.
00:58:50 (Musique jazz)
00:59:01 -Ma mère venait à Douchy pendant les vacances,
00:59:05 tout ça fonctionnait très bien.
00:59:07 (Musique douce)
00:59:11 -Je t'ai jamais considérée comme mon enfant
00:59:14 parce que je ne me donnais pas le droit.
00:59:16 Est-ce que j'ai été un jour...
00:59:19 J'ai osé te contrarier par rapport à une attitude ?
00:59:23 (Rires)
00:59:25 -Tu m'as engueulée. -Un peu, mais pas beaucoup.
00:59:28 Je crois que je t'aurais engueulée plus si t'avais été mon fils.
00:59:31 (Musique jazz)
00:59:34 -Quand j'ai habité chez mon père entre 14 et 16,
00:59:37 je faisais le mur le week-end pour sortir.
00:59:39 (Musique jazz)
00:59:41 Et donc, il a décidé ce week-end-là, ce samedi soir-là,
00:59:45 de m'attendre avec deux amis à lui,
00:59:48 dans la voiture,
00:59:50 pour me foutre une rouste.
00:59:52 Et elle, elle l'a su.
00:59:55 Et là, c'est l'instinct maternel, elle s'est dit,
00:59:58 ça va mal tourner, quoi.
01:00:00 Il l'attend, il va être dans une rage noire,
01:00:03 il va sûrement me prendre une raclée.
01:00:06 Donc, elle a pris la décision de me prévenir.
01:00:10 Lourde décision.
01:00:13 Et donc, elle est venue me voir, je me souviens, elle me dit,
01:00:17 "Tony, Tony No",
01:00:18 elle me dit, "tu vas pas sortir ce soir,
01:00:22 "parce qu'il y a ton père qui t'attend en bas avec un tel, un tel."
01:00:26 (Sifflement)
01:00:27 11h30, j'étais au pieu.
01:00:29 (Rires)
01:00:30 Et les autres, ils sont restés dans la bagnole jusqu'à 4h du matin.
01:00:34 En fait, il était souvent le nainon de la farce dans ces trucs-là.
01:00:37 Et je crois que je lui en ai parlé il y a pas longtemps, d'ailleurs.
01:00:41 À lui, hein.
01:00:42 Je lui ai balancé le dossier il y a peut-être 2-3 ans,
01:00:44 donc ça fait un bail, quand même.
01:00:46 (Musique jazz)
01:00:48 (Musique jazz)
01:00:50 (Musique jazz)
01:00:52 (Musique jazz)
01:00:55 (Musique jazz)
01:00:57 (Musique jazz)
01:00:59 (Musique jazz)
01:01:01 (Musique jazz)
01:01:03 (Musique jazz)
01:01:05 (Musique jazz)
01:01:06 -Vous avez été un peu le signe de l'émancipation féminine.
01:01:09 -Oui. -C'est bien ça ?
01:01:11 -Oui. Bien sûr.
01:01:12 -Et tout d'un coup, vous commencez à vivre de façon, dirons-nous...
01:01:15 -Bourgeoise. -Un peu bourgeoise, oui.
01:01:16 Vous l'avez dit.
01:01:18 -Vous n'avez pas l'impression d'avoir déçu votre public ?
01:01:20 -Au cinéma ou dans la vie ? -Dans les deux.
01:01:23 -Au cinéma, en tout cas. -Au cinéma, je deviens bourgeoise.
01:01:26 Parce que je fais des films comiques, commerciaux.
01:01:28 -Un petit peu. -C'est ça ?
01:01:29 Oui, moi, j'aime bien être une vedette commerciale.
01:01:33 Galia, du reste, justement, m'a permis de devenir une vedette commerciale.
01:01:37 J'ai envie de le rester.
01:01:39 (Musique jazz)
01:01:41 (Musique jazz)
01:01:43 (Musique jazz)
01:01:46 Je voudrais, si vous voulez, faire un jour un film qui soit fou,
01:01:48 complètement fou.
01:01:49 (Musique jazz)
01:01:51 (Musique jazz)
01:01:53 (Musique jazz)
01:01:56 (Musique jazz)
01:01:58 (Musique jazz)
01:02:00 (Musique jazz)
01:02:02 (Musique jazz)
01:02:04 (Musique jazz)
01:02:06 (Musique jazz)
01:02:08 (Musique jazz)
01:02:10 (Musique jazz)
01:02:13 (Musique jazz)
01:02:15 (Musique jazz)
01:02:17 (Musique jazz)
01:02:19 (Musique jazz)
01:02:21 (Musique jazz)
01:02:23 (Musique jazz)
01:02:25 (Musique jazz)
01:02:27 (Musique jazz)
01:02:30 (Musique jazz)
01:02:32 (Musique jazz)
01:02:34 (Musique jazz)
01:02:36 (Cri de la foule)
01:02:38 (Voix de l'interprète)
01:02:40 ...la tête des deux hommes.
01:02:43 Cette fois-ci, c'est l'arcade toujours d'hier.
01:02:45 -Je vous aime la boxe. -Pourquoi ?
01:02:47 -Parce que j'aime l'ambiance, l'atmosphère,
01:02:51 parce que pour moi, ça représente...
01:02:53 C'est pas quelque chose de gratuit, c'est les derniers gladiateurs qui existent.
01:02:56 C'est un peu comme la tourmachie, enfin, je sais pas, y a rien de chaud.
01:03:00 C'est genre qu'ils se montent sur un ring, qu'ils se tapent dessus
01:03:04 jusqu'à ce que l'un des deux reste debout.
01:03:06 Je trouve ça formidable.
01:03:08 -Carlos Monzon, champion du monde des moyens,
01:03:10 s'entraîne depuis une semaine à Paris, avance en championnat du monde.
01:03:14 Depuis six semaines, Boutier vit ici presque en reclus.
01:03:17 (Musique jazz)
01:03:18 -Mon père organise le championnat du monde Bonzon-Boutier.
01:03:22 Donc Boutier est venu s'entraîner à Douchy, chez nous.
01:03:25 (Musique jazz)
01:03:27 -De Londe dit à Mireille, "On va faire l'entraînement des champions de boxe
01:03:31 à Douchy."
01:03:32 Mireille lui dit, "Tu te rends compte, le bordel que ça va faire ?
01:03:35 Comment veux-tu qu'on fasse ?" "Venez, je vais vous montrer."
01:03:38 Il arrive dans un bois, il dit, "On va enlever cet arbre, celui-là,
01:03:42 on va faire un ring.
01:03:43 Ici, dans la cuisine, Mimi, c'est toi qui vas gérer
01:03:45 les jus de fruits de matin et les protéines."
01:03:47 Et là, pareil, on sortait de la conversation,
01:03:50 il me disait, "Tu vois, il est fou, hein ?
01:03:51 Tu vois, Véro ? Il est dingue."
01:03:53 -Vous avez eu l'idée de demander à Jean-Claude Boutier
01:03:57 de venir s'entraîner à Douchy. Pourquoi ?
01:03:59 -Parce que Jean-Claude est un ami de longue date, d'une part.
01:04:02 D'autre part, parce que compte tenu des conditions
01:04:04 dans lesquelles il avait préparé son premier championnat du monde,
01:04:07 je crois qu'il était important avant tout de créer autour de Jean-Claude
01:04:10 un climat, de créer une atmosphère de tranquillité,
01:04:13 de bien-être, de sérénité.
01:04:15 C'est très important parce que Jean-Claude est un caractériel
01:04:18 et comme tous les caractériels, un grand initiatif.
01:04:21 Jean-Claude a besoin de ce climat.
01:04:22 -Jean-Claude, riche de vos enseignements
01:04:25 de votre première rencontre avec Manzon,
01:04:27 comment vous entraînez-vous pour le match revanche ?
01:04:30 -Bon, vous savez, y a pas grand-chose qui diffère,
01:04:32 si ce n'est que le camp d'entraînement
01:04:35 qui est fixé à Douchy, chez Alain Delon.
01:04:39 Là, j'ai vraiment tout à ma disposition
01:04:42 pour faire du bon travail.
01:04:43 -C'est incroyable, parce que à...
01:04:46 Je sais pas, à 100 m de la maison,
01:04:49 au milieu des arbres, y avait le ring.
01:04:51 Et un championnat du monde, y a du boulot, quoi.
01:04:55 Donc les mecs qui tournaient, les entraînements,
01:04:57 Boutier qui partait, qui courait, machin,
01:04:59 y avait tout un staff autour de lui.
01:05:01 Donc Mimi avait organisé ça,
01:05:03 elle avait dû faire construire le ring,
01:05:04 amener tout le monde,
01:05:06 faire manger les mecs, il faut faire les courses.
01:05:09 C'est une grosse, grosse, grosse logistique.
01:05:11 Mais elle était hyper...
01:05:14 hyper polyvalente.
01:05:16 Construit la maison d'Aix,
01:05:18 elle s'occupe d'un ring de boxe
01:05:21 pour un championnat du monde à Douchy,
01:05:23 elle s'occupe des mecs, elle est là.
01:05:25 Ensuite, elle fait raser un château
01:05:28 pour faire un lac,
01:05:29 et elle construit une maison à Douchy où y a rien.
01:05:32 Ça, c'est la vraie intelligence, je pense,
01:05:35 la faculté d'adaptation.
01:05:37 Le quotient émotionnel.
01:05:39 Il paraît que c'est plus important que le QI aujourd'hui.
01:05:42 C'est-à-dire ces gens qui vous mettaient n'importe où
01:05:46 et qui se sortent de toutes les situations
01:05:48 comme un poisson dans l'eau, paf !
01:05:50 Extraordinaire.
01:05:52 Attention à ça.
01:05:54 Et ici.
01:05:55 Donc vous, regardez.
01:05:57 Tac !
01:05:58 Et faire.
01:05:59 Il faut quand même pas...
01:06:01 Hop !
01:06:02 Hop !
01:06:03 Hop !
01:06:04 C'est bien. C'est pas mal.
01:06:06 Hop ! C'est violent, tu vois.
01:06:10 Voilà, c'est ça.
01:06:15 Et voilà.
01:06:16 Elle reste à plier.
01:06:18 C'est pas mal.
01:06:21 Je lis le scénario
01:06:24 et je me rends compte qu'il a 11 jours de tournage.
01:06:27 11 jours de tournage, je me dis comment je m'en sors ?
01:06:31 On va pas me voir.
01:06:32 Et il faut vraiment que je me défende.
01:06:35 Donc, mon ami Guy Laroche me dit
01:06:39 "Écoute, je vais te faire des robes."
01:06:41 Et je lui ai dit "J'aimerais une robe très spectaculaire."
01:06:45 Et comme j'ai très peu de poitrine,
01:06:47 je ne peux pas faire de décolleté vertigineux.
01:06:51 Donc je lui ai dit "Montre mon dos."
01:06:53 C'est Mireille qui a dit
01:06:56 "Vas-y, vas-y, n'hésite pas, Guy.
01:06:57 Vas-y, vas-y, descend, descend, descend."
01:07:00 Et le dessin qui s'arrête au démarrage des fesses,
01:07:04 ça, c'est vraiment elle qui l'a voulu.
01:07:06 Mireille était adorable avec moi
01:07:13 parce qu'elle avait une longue pratique du star system, pas moi.
01:07:17 Les journalistes arrivaient, moi, j'étais là, bonjour,
01:07:21 elle me dit "Non, reste assis.
01:07:22 C'est pas eux qui vont se déranger, c'est pas toi.
01:07:24 Reste assis. Laisse tes mains là."
01:07:27 Alors j'étais là "Bonjour, monsieur."
01:07:28 Après, elle me dit "C'est comme ça, c'est à eux à tendre la main,
01:07:31 c'est pas à toi."
01:07:32 Elle m'a appris les premiers rudiments de la star capricieuse.
01:07:38 On aime plaire, on aime faire du cinéma,
01:07:45 on aime se montrer, on aime être...
01:07:47 On cherche le jugement à longueur de temps
01:07:50 quand on fait ce métier.
01:07:51 Donc ça fait partie d'un ensemble.
01:07:52 Mais c'est pas...
01:07:53 Enfin, je veux dire que c'est pas une chose comme ça...
01:07:57 Je sors pas en disant "Oh, j'espère qu'on va me regarder."
01:08:00 Ou "J'espère qu'on va me reconnaître."
01:08:02 Pas du tout.
01:08:03 C'est une jolie période de ma vie,
01:08:12 mais avec toujours une épée de Damoclès au-dessus de ma tête,
01:08:16 c'est-à-dire que j'avais un problème cardiaque
01:08:18 et que ce problème cardiaque était toujours...
01:08:20 toujours en latant.
01:08:23 (Musique)
01:08:25 Un enfant, un enfant de toi
01:08:33 Sans être marié, un petit bébé
01:08:38 Dis, si j'en faisais un
01:08:41 Ça étonnerait bien les copains
01:08:47 Moi l'idiote, la dernière des femmes
01:08:53 L'éternel absent, la moins que personne
01:08:58 J'aurais sur mon coeur, quel coeur de moins fort
01:09:03 Que j'endormirais avec mes chansons
01:09:09 Mon rêve aurait été de créer un foyer avec plein d'enfants
01:09:14 avec des yeux bleus comme lui, qui lui ressemblaient.
01:09:17 Elle, elle voulait vraiment un bébé.
01:09:18 Elle rêvait d'avoir un enfant avec Alain
01:09:20 et elle savait que les problèmes de coeur qu'elle avait,
01:09:22 elle ne pourrait pas.
01:09:23 Donc ça, elle m'en parlait.
01:09:24 Et elle me disait, mais peut-être qu'en me faisant opérer,
01:09:26 peut-être que ça pourrait venir après, etc.
01:09:28 Ah, ça, c'est mon coeur.
01:09:31 Il a plus d'arrhythmie que ça, le mien.
01:09:34 Il fait un boucan beaucoup plus incongru.
01:09:37 Je sens très bien que ça ne va plus très, très bien avec Alain.
01:09:43 Et en même temps, il y a cette opération qui arrive
01:09:48 à un moment où je suis en état de fragilité.
01:09:51 C'est une opération qui était prévue depuis très, très longtemps,
01:09:54 parce que si vous voulez, c'est un rétrécissement mitral,
01:09:56 c'est une malformation presque d'origine.
01:09:58 Donc c'était une question de temps.
01:10:00 On a attendu le meilleur moment après consultation, évidemment,
01:10:03 et observation des médecins et des professeurs.
01:10:05 On attendait le meilleur moment moral et physique pour le faire.
01:10:08 Et tout s'est très, très bien passé.
01:10:09 C'est-à-dire, elle se repose
01:10:10 et maintenant, ce n'est plus qu'une question de temps.
01:10:12 C'était une opérée modèle.
01:10:17 Elle ne se plaignait pas. Elle était parfaite.
01:10:20 Alain Delon lui apportait tous les midis un plateau de chez le nôtre
01:10:25 et lui, il mangeait le plateau de naissance publique de Mireille.
01:10:29 J'ai été opérée par le professeur Cabrol.
01:10:33 Et bien, chaque fois que je le vois,
01:10:35 il y a quelque chose en moi qui frémit.
01:10:38 Cet homme m'a touché le cœur.
01:10:41 (musique)
01:10:44 (cris de la foule)
01:10:48 (musique)
01:10:51 (musique)
01:10:53 Je ne sens pas la rupture venir.
01:10:56 Par contre, je me souviens de l'annonce de rupture.
01:10:59 (cris de la foule)
01:11:01 Et là, j'avoue que ça m'a foutu un choc.
01:11:03 C'était quelque chose pour moi qui n'était pas...
01:11:08 qui était difficilement imaginable.
01:11:10 (musique)
01:11:17 Il m'a dit un jour...
01:11:18 "Si Mimi avait pu avoir des enfants,
01:11:22 "je lui aurais fait des enfants, je l'aurais épousée,
01:11:25 "et on serait toujours ensemble."
01:11:27 (musique)
01:11:30 Si Alain avait su le mal que ça faisait à Mireille,
01:11:33 je suis sûre qu'il n'aurait pas quitté comme ça. Je pense pas.
01:11:36 (musique)
01:11:38 Euh... D'un seul coup, tout s'écroule, parce que...
01:11:41 Là, je comprends que je suis larguée
01:11:47 et qu'il faut que je me débrouille.
01:11:49 (musique)
01:11:59 Je prends peu de choses. Je prends une valise.
01:12:03 Et j'avais rencontré ce jour-là Guy Laroche,
01:12:06 qui était mon couturier, qui m'avait donné les clés d'un studio,
01:12:11 en me disant "Si jamais tu... ça va pas,
01:12:15 "ben voilà, tu peux aller t'abriter là-bas."
01:12:17 Donc je suis allée dans ce studio,
01:12:20 où j'ai beaucoup pleuré.
01:12:22 (musique)
01:12:30 (bruit de moteur)
01:12:40 (cris)
01:12:42 (bruit de voiture)
01:12:47 C'est sur ces images de la voiture de Mireille d'Arc,
01:12:49 complètement accidentée, que je vous donne le dernier bulletin de santé
01:12:52 de l'hôpital régional d'Aoste, diffusé ce matin vers 11h30.
01:12:56 Les conditions générales de Mireille d'Arc sont stationnaires.
01:12:59 La circulation du sang et la respiration sont normales.
01:13:02 Mireille d'Arc est tout à fait consciente et éveillée.
01:13:04 L'accident était totalement lié à la fin de l'amour,
01:13:09 à Delon qui se détourne.
01:13:11 (musique)
01:13:14 L'accident matérialise la mort de quelque chose.
01:13:19 Une partie d'elle va mourir encastrée dans la voiture.
01:13:23 (musique)
01:13:26 Alain Delon est arrivé hier soir vers 23h à l'hôpital d'Aoste.
01:13:30 -Elle restera encore ici jusqu'à demain ou après-demain.
01:13:33 Ensuite, je l'emmènerai sûrement dans un hôpital à Genève
01:13:36 où elle restera, à mon avis, avant de sortir, au moins un mois.
01:13:39 -Il vient, mais il n'est pas motivé.
01:13:43 Bien sûr, c'est le premier à arriver.
01:13:45 Il m'a pris la main très fort, il m'a dit "Comment tu vas ?"
01:13:49 Et ça voulait dire beaucoup plus.
01:13:51 Ça voulait dire "Tu sens que tu vas tenir ?"
01:13:54 Et je lui ai dit "Oui, ça va."
01:13:56 Il m'a dit "Alors je dors un petit peu."
01:13:58 Et c'est vrai que j'ai senti que la mort rodait.
01:14:06 (musique)
01:14:13 -C'est pas très gentil, la façon dont Delon s'en est séparé
01:14:17 sans rentrer dans les détails, parce que ça ne regarde personne.
01:14:20 Mais moi, j'ai pas trouvé ça très élégant.
01:14:23 Voilà.
01:14:24 Donc je pense que si c'était pas élégant,
01:14:26 elle devait l'avoir pris en pleine gueule.
01:14:28 Et elle avait besoin d'un ami, d'un soutien.
01:14:32 Elle en avait d'autres, y avait pas de point.
01:14:34 Mais je pensais que là, ça lui faisait du bien.
01:14:38 (musique)
01:14:42 -Lorsque j'ai eu cet accident de voiture,
01:14:44 j'en faisais déjà depuis longtemps.
01:14:45 De l'astrologie, ça faisait trois ans que j'en faisais.
01:14:47 Et c'est vrai que je savais que quelque chose de grave m'attendait.
01:14:52 Et je l'ai attendue pendant des jours et des jours,
01:14:56 cette chose grave.
01:14:58 Et lorsque j'ai eu cet accident de voiture,
01:15:00 j'ai dit "ça y est, c'est derrière".
01:15:02 Maintenant, la vie est devant et il fallait que je sorte du tunnel.
01:15:05 Et en sortant du tunnel, j'ai dit "maintenant,
01:15:07 je me bats pour l'autre partie de ma vie".
01:15:09 (musique)
01:15:11 -Dans une période comme ça,
01:15:12 je pense qu'on a envie de se laisser mourir.
01:15:15 C'est vrai pourquoi on s'emmerderait à essayer de survivre
01:15:18 à des blessures qui nous font souffrir jour et nuit,
01:15:22 alors qu'on vient d'être quitté par son mec
01:15:25 et qu'en gros, on a tout perdu.
01:15:27 Pas d'enfant, plus de mec et le corps en mille morceaux.
01:15:32 Et là, elle veut vivre.
01:15:34 Ça, c'est le truc chez Mireille, je pense,
01:15:37 qui nous charme tous.
01:15:40 C'est cet acharnement à vouloir vivre quand même.
01:15:43 C'est vraiment beau et ça demande du courage.
01:15:46 Et elle le fait.
01:15:47 (musique)
01:15:50 -Oui, mais parce qu'il faut pas...
01:15:52 Je crois que même dans les cas les plus difficiles,
01:15:54 il faut pas penser à soi.
01:15:56 Il faut penser à plus loin, il faut penser aux autres,
01:16:00 il faut penser à...
01:16:01 Il faut s'accrocher, il faut s'accrocher,
01:16:03 il faut s'accrocher toujours.
01:16:04 Et c'est vrai que moi, je peux vraiment pas supporter
01:16:06 quelqu'un qui me dit "on peut pas".
01:16:08 (musique)
01:16:10 -J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi fragile être aussi solide.
01:16:15 Moi, je la voyais morte.
01:16:16 J'ai dit "c'est fini, elle s'en sort pas, là".
01:16:20 Elle s'en sort.
01:16:21 Toujours aussi charmante, toujours aussi disponible.
01:16:24 -On apprécie peut-être deux fois plus
01:16:26 parce qu'on sait la fragilité de l'existence,
01:16:29 la fragilité des moments.
01:16:31 Faut pas perdre du temps, faut pas perdre...
01:16:34 -T'as jamais perdu courage pendant que tu as eu cet accident ?
01:16:37 -On peut pas dire qu'on ne perd pas courage
01:16:39 parce qu'il y a des moments de désespoir dingues,
01:16:41 mais c'est des boomerangs, la vie, ça revient.
01:16:45 Faut pas laisser passer la balle qui revient.
01:16:47 (musique)
01:17:00 -Après cet accident, où elle a le courage de survivre
01:17:04 et à l'accident et à la trahison de Long,
01:17:08 elle rencontre un mec super bien.
01:17:11 (musique)
01:17:17 -Pierre Barré était fou d'elle.
01:17:19 Voilà, il vient me voir un jour, il me dit
01:17:21 "Tu es fou d'amour de Mireille.
01:17:24 Je veux que tu m'emmerdes.
01:17:26 Tu te démerdes, t'es un homme, t'es courageux,
01:17:28 t'as été nageur de combat, t'as fait la guerre d'Algérie,
01:17:31 t'as t'eau hue, tu te démerdes, t'y vas."
01:17:33 (musique)
01:17:35 -Il y a Pierre Barré qui a fait le voyage
01:17:38 pour venir me voir à Genève,
01:17:40 puisque je suis restée là-bas sur un lit d'hôpital
01:17:42 plus de trois mois, qui s'est installée gentiment comme ça,
01:17:46 comme un ami.
01:17:48 Et lorsque je suis sortie,
01:17:51 je me suis rendue compte qu'il s'était beaucoup attaché à moi.
01:17:55 Et à cette période de ma vie,
01:17:58 ça m'a fait du bien d'avoir un compagnon.
01:18:01 Et puis ce compagnon a pris de l'importance.
01:18:05 (musique)
01:18:09 -C'était un poète.
01:18:10 Un poète, un historien, un intellectuel,
01:18:15 un soldat, un homme d'une autre époque.
01:18:18 Si vous voulez, il n'était pas de ce siècle.
01:18:22 -Oui, je voulais dire à Michel que si, par hasard,
01:18:26 il avait un problème à Genève,
01:18:28 eh bien, je lui recommande l'hôpital cantonal,
01:18:31 où j'y ai passé l'été.
01:18:33 On peut se faire soigner et aussi on peut y trouver des amis.
01:18:37 Voilà.
01:18:38 (musique)
01:18:40 -Je suis sortie de cet hôpital avec un corset
01:18:44 au bout de trois mois et demi.
01:18:46 Et j'étais très, très mal.
01:18:48 J'étais presque en état de dépression.
01:18:50 Et Pierre m'a dit que la meilleure des choses,
01:18:53 c'est de partir faire un rallye.
01:18:55 Et surtout un rallye en ULM.
01:18:58 -C'était un mec assez incroyable, Barré.
01:19:02 Le genre de personnage que mon père apprécie.
01:19:06 Journaliste, aventurier,
01:19:11 beau mec, très intelligent, drôle.
01:19:15 Super mec.
01:19:17 -On est partis en Égypte et on a fait le rallye des Pharaons.
01:19:23 Et je me revois passant au-dessus du sphinx en ULM,
01:19:29 hurlant de joie.
01:19:31 Mais ça m'a remis en place.
01:19:33 Ça m'a remis dans la joie et dans la force.
01:19:40 ...
01:19:44 ...
01:19:47 -Le retour au théâtre de Mireille d'Arc.
01:19:50 On attendait cela depuis longtemps.
01:19:52 Enfin, elle décide de s'accorder et de nous accorder une pause théâtre.
01:19:56 -Tant je pense à tout ce temps,
01:19:58 pourquoi sommes-nous si lents à nous décider ?
01:20:00 J'ai gâché cinq années avec Billy,
01:20:02 uniquement parce que j'essayais de justifier
01:20:04 notre première année ensemble, la seule où nous avons été heureux.
01:20:08 Parce que j'ai rencontré Pierre, je suis retournée faire du théâtre,
01:20:12 un peu comme pour lui prouver que j'étais comédienne
01:20:15 et que j'avais l'idée d'être une bonne comédienne.
01:20:19 Donc c'est plus une façon de me remettre en place.
01:20:24 -C'est du sport d'être tous les soirs au théâtre, Mireille ?
01:20:28 -Ah oui. On a commencé hier soir et je suis déjà à côté de mes pompes.
01:20:32 -Ce qui a été surprenant pour elle, c'est qu'elle n'a pas l'habitude,
01:20:36 je ne situerai pas le temps. -20 ans.
01:20:38 -Bref, il y a donc 20 ans qu'elle n'a pas eu devant elle un public
01:20:42 et son électricité, par conséquent, c'est peut-être un peu,
01:20:46 non pas choquant, mais il se passe quelque chose dans cet échange-là.
01:20:49 -Oh, Georges, qu'est-ce que c'est ?
01:20:51 -Une Ferrari.
01:20:53 -Oh, Georges !
01:20:54 -Il fallait bien une vague de fiançailles.
01:20:57 Je l'ai eue au prix de gros.
01:20:59 -Mais nous serons mariés dans deux jours.
01:21:02 -Pour le bruit, j'espère qu'elle calera jusque-là.
01:21:05 -On parle beaucoup moins de vous dans la presse, maintenant.
01:21:08 Vous avez choisi de vivre une vie plus secrète, non ?
01:21:11 -Euh... Oui, d'une certaine manière.
01:21:13 C'est-à-dire que ma vie privée est devenue quelque chose
01:21:16 de beaucoup plus privée.
01:21:17 Musique douce
01:21:19 ...
01:21:21 -Ce sont vraiment des très, très belles années.
01:21:24 Ces années, avec Pierre Barré, il est généreux,
01:21:27 il est partagé, parce que, par ailleurs,
01:21:30 il a une famille et tout ça.
01:21:33 Voilà, mais ils vivent tous les deux des très belles années,
01:21:37 jusqu'à ce qu'on découvre qu'il a un cancer du foie
01:21:42 et qu'il faut essayer de le sauver en lui greffant un foie.
01:21:47 -Au-dessus de tous les deux, l'hôpital, quand il est parti,
01:21:51 et quand vous avez un type qui vous dit...
01:21:53 Enfin, un homme, en plus, un très bon médecin,
01:21:57 qui vous dit "on peut plus rien", on ne l'avait jamais fait, ça.
01:22:00 On peut plus rien.
01:22:03 Ça, je peux vous dire que ça fout un coup.
01:22:06 ...
01:22:12 -Vous avez passé une période difficile,
01:22:14 vous avez assis à toutes ces souffrances et à cette inconnie.
01:22:17 Quand il est parti, il vous a laissé une lettre.
01:22:21 -Un petit mot.
01:22:23 "C'est pas moi qui pars, c'est vous qui n'êtes pas encore arrivés."
01:22:27 Et ce petit mot était... -"Je vous garde les places."
01:22:31 -C'était un petit mot qui était adressé à moi, à sa femme,
01:22:35 puisque c'est un homme qui était marié
01:22:37 et qui avait quitté sa femme quand il m'a rencontrée,
01:22:40 et à ses deux filles.
01:22:41 Donc, j'ai trouvé ça très joli,
01:22:45 parce qu'on était toutes dans son coeur
01:22:49 et ils nous mettaient chacune dans ses bras.
01:22:54 -Oui.
01:22:55 ...
01:22:58 -Quand tu côtoies la mort et que tu peux rien faire,
01:23:01 que tu peux simplement être à côté de quelqu'un,
01:23:04 et l'aider, finalement, à mourir,
01:23:06 c'est très dur, parce que, je veux dire, avec Pierre,
01:23:11 comme il savait qu'il allait mourir, on est allés au cimetière,
01:23:14 on a choisi l'endroit où il allait être enterré.
01:23:16 C'est des choses qui t'entraînent un peu loin, tu vois,
01:23:19 donc t'as du mal, après.
01:23:21 Une fois qu'il est plus là, t'as du mal à revenir,
01:23:23 t'as du mal à avoir une vie normale
01:23:25 et à parler de... Je sais pas, de la pluie, du beau temps,
01:23:30 d'une pièce de théâtre, d'un film, d'un livre, même.
01:23:32 Tu as mal, tu sais plus comment tu t'appelles.
01:23:37 ...
01:23:47 -Au réveil, j'apprends que Guy Laroche est mort.
01:23:50 Je perds un frère.
01:23:52 Le cercle familial se rétrécit un peu plus.
01:23:55 ...
01:23:57 Il y a quatre mois, ce soir, que Pierre mourait.
01:23:59 Il me semble qu'une éternité de misère est déjà passée.
01:24:03 J'ai du mal à vivre.
01:24:05 Je crois que je serai mieux de l'autre côté du miroir.
01:24:08 ...
01:24:28 Je dois dire au départ que je suis un être optimiste,
01:24:33 mais optimiste au bonheur, je veux dire, au bonheur absolu.
01:24:35 Pour moi, il y a toujours du soleil.
01:24:38 Et quoi qu'il arrive,
01:24:40 il y a toujours une possibilité de récupérer tout.
01:24:44 ...
01:24:57 -Elle a toujours été très passionnée par la photo.
01:24:59 D'abord, elle a baigné un peu dans ce monde-là.
01:25:02 Quand elle était jeune, elle avait qu'une aventure,
01:25:04 elle est sortie avec un très grand photographe,
01:25:07 Jean Loussief.
01:25:08 ...
01:25:14 Elle s'est fait photographier par Giacobetti,
01:25:17 par tous les plus grands photographes.
01:25:18 À l'époque, c'était une espèce d'icône de la mode, de la féminité.
01:25:22 ...
01:25:29 Elle avait même fait des photos comme modèle pour lui
01:25:32 et comme photographe pour le magazine, lui.
01:25:34 ...
01:25:37 Elle avait été des deux côtés de la caméra.
01:25:40 ...
01:25:48 Elle avait un sens du cadre, de l'image,
01:25:50 le côté esthétique des choses.
01:25:52 Par contre, elle savait pas comment le mettre en technique.
01:25:55 J'ai donné des coups de main là-dessus.
01:25:57 ...
01:26:03 J'ai tellement été photographiée
01:26:05 et j'ai tellement eu la possibilité de rencontrer
01:26:08 de très bons photographes que chaque fois que j'étais avec un photographe,
01:26:11 en fait, je devenais un peu son assistante,
01:26:14 en lui demandant pourquoi, comment.
01:26:17 J'ai toujours un appareil dans ma voiture.
01:26:19 ...
01:26:34 En 91, 92, Mireille avait fait une exposition photo
01:26:39 que j'étais allé voir.
01:26:41 Et donc, je me souviens, je suis rentré à la rédaction
01:26:44 et j'ai dit, je crois qu'on devrait proposer à Mireille Darc
01:26:47 de travailler avec nous.
01:26:49 Et immédiatement, elle a contacté, elle est venue,
01:26:51 et elle nous a dit, mais je ne sais pas faire du reportage,
01:26:54 je ne suis pas journaliste, et on lui a dit, mais tant mieux,
01:26:56 ce qu'on veut, c'est un point de vue,
01:26:58 c'est quelque chose de très subjectif,
01:27:00 des journalistes, on en a,
01:27:02 vous, c'est votre regard qui nous intéresse.
01:27:04 ...
01:27:06 Je cherche une émotion, je cherche pas du sensationnel,
01:27:09 je cherche pas une image sensationnelle,
01:27:10 j'essaye de trouver quelque chose qui m'émeut,
01:27:12 quelque chose qui parle à mon âme.
01:27:14 ...
01:27:15 Pourquoi il y a autant de prostituées qui se droguent ?
01:27:17 ...
01:27:19 -Je crois qu'on est tous appelés à prendre un produit quelconque,
01:27:21 que ce soit de la drogue, de l'alcool, des cachets.
01:27:24 -Vous en avez pris ? -Oui.
01:27:26 ...
01:27:28 -Vous en prenez encore ? -Non, j'ai arrêté.
01:27:31 ...
01:27:32 Parce que c'est tellement dur de...
01:27:35 de se voir faire les choses.
01:27:37 Y a des types qu'on trouverait repoussants
01:27:39 en dehors de la prostitution, mais qui ne l'ont vraiment pas envie.
01:27:41 -Pour moi, son premier vrai grand reportage,
01:27:45 c'est "Bref rencontre",
01:27:46 c'était hier sur les filles du Bois-de-Boulogne.
01:27:48 On a l'habitude de dire qu'un journaliste
01:27:50 doit savoir poser de bonnes questions.
01:27:52 On oublie trop souvent de dire qu'il doit aussi savoir écouter.
01:27:56 Et il y avait une écoute chez Mireille qui était exceptionnelle.
01:28:00 Très vite, la rumeur a pris de l'ampleur,
01:28:04 et toutes les femmes du Bois-de-Boulogne
01:28:07 ont voulu passer devant la caméra de Mireille.
01:28:10 Pour une fois, on les écoutait, on les respectait.
01:28:12 Et je trouve que ces femmes lui ont raconté
01:28:15 des choses qu'elles n'avaient jamais dites à personne.
01:28:17 -Les mecs te disent "Mais qu'est-ce que t'es gentille,
01:28:19 comment ça se fait ?"
01:28:20 Avant même de dire "Tu suces bien, tu baisses bien, t'es ci, t'es là."
01:28:23 C'est pas vrai ? C'est souvent ça.
01:28:25 Donc ils cherchent de la gentillesse.
01:28:27 Ils sont sensibles à la gentillesse.
01:28:29 Quand une telle n'est pas là, ils disent "Je veux bien monter avec toi,
01:28:31 mais est-ce que t'es gentille ?" Combien de fois on l'entend, ça ?
01:28:33 -Dans ses documentaires, elle a pris des positions tranchées.
01:28:39 Et ça, c'était très symptomatique de son tempérament.
01:28:44 -Vous avez peur de la mort ?
01:28:45 -Non.
01:28:46 Non, j'en ai pas peur du tout, de la mort.
01:28:49 J'en ai pas peur du tout.
01:28:50 Au contraire, elle...
01:28:53 Elle me caresse, là, en ce moment, hein, depuis un certain temps.
01:28:57 Et...
01:28:58 Et...
01:29:00 Si seulement je pouvais avoir un arrêt cardiaque comme ça,
01:29:05 ou une attaque cérébrale comme ça, comme certaines personnes ont,
01:29:09 comme ça, d'un seul coup, ce serait l'idéal.
01:29:12 Musique douce
01:29:15 ...
01:29:17 -Derrière chaque documentaire, il y a une recherche de moi-même.
01:29:21 J'affronte un peu mes peurs.
01:29:23 Voilà, donc chaque fois, si vous voulez,
01:29:25 j'avance vis-à-vis de moi-même.
01:29:29 Ça, c'est certain.
01:29:30 ...
01:29:32 -Toute Mireille autodidacte qu'elle était,
01:29:34 qui n'a pas fait beaucoup d'école, là, là, là,
01:29:37 elle s'est dit "Oui, mais je peux prendre une caméra, moi aussi,
01:29:40 "et devenir réalisatrice."
01:29:42 Et d'un seul coup, mais c'est très important, je pense, pour elle,
01:29:46 d'un seul coup, elle est devenue une créatrice,
01:29:49 alors qu'elle était l'objet de la création des autres, quoi.
01:29:52 ...
01:29:55 -Mes documentaires, ce sont mes lettres de noblesse.
01:29:57 J'ai compris la vie à travers mes documentaires.
01:30:00 Je ne suis plus la même aujourd'hui.
01:30:02 Aujourd'hui, on ne me propose plus rien au cinéma,
01:30:05 ça ne me fait rien.
01:30:07 Si vous me demandez ce que je suis, je suis actrice.
01:30:10 Je ne suis pas réalisatrice, dans ma tête,
01:30:13 mais j'ai vécu de telles choses en live.
01:30:16 C'est sur le tas qu'on arrive à comprendre.
01:30:19 Après, vous ne parlez plus de la même manière.
01:30:22 ...
01:30:24 -Et c'est dans cette période,
01:30:26 alors qu'elle est réalisatrice de documentaires,
01:30:29 qu'elle rencontre Pascal Déprêt.
01:30:31 ...
01:30:39 -Je cherchais une maison à acheter pour un de mes amis et clients.
01:30:43 On me dit qu'il y a la maison de Mireille d'Arc,
01:30:45 la plus belle maison de Marrakech.
01:30:47 J'ai un coup de téléphone.
01:30:50 "Bonjour, je m'appelle Mireille d'Arc."
01:30:52 C'était vraiment très impressionnant pour moi.
01:30:56 Elle me dit qu'il paraît que vous vous êtes intéressés par ma maison.
01:30:59 "Le mieux, c'est que je pars à Marrakech dans trois jours.
01:31:04 "Venez."
01:31:05 ...
01:31:13 -On est allés l'un au-devant de l'autre
01:31:15 pour qu'il puisse visiter cette maison.
01:31:18 Je l'ai accompagnée jusqu'à cette maison.
01:31:20 ...
01:31:26 -Et puis, nous nous sommes retrouvés un jour,
01:31:28 trois mois plus tard, dans un avion.
01:31:31 Nous étions l'un à côté de l'autre.
01:31:33 Moi, j'allais tourner à Genève.
01:31:34 Lui, il allait voir des clients à Genève, hasard.
01:31:38 -Je lui ai dit "Pourquoi on ne dînerait pas ensemble ?"
01:31:42 Elle m'a dit "Oui, dînons ensemble."
01:31:44 Et puis, nous, Mireille et moi,
01:31:46 on est restés ensemble pendant 20 ans.
01:31:48 ...
01:31:55 -Pascal est certainement le plus beau cadeau que j'ai reçu dans ma vie.
01:31:58 ...
01:32:11 Moi, j'ai passé ma vie à aimer les maisons,
01:32:14 à en construire pour Alain Delon et pour nous.
01:32:17 Et d'un seul coup, je tombe sur un architecte
01:32:20 qui aime encore plus les maisons que je peux les aimer,
01:32:23 qui est attiré par tout ce qui est esthétique, artistique.
01:32:28 Tout ça lui parle, le fait vibrer,
01:32:32 et moi, je ne vibre qu'avec ça.
01:32:35 ...
01:32:46 -J'ai voulu construire cette maison pour elle.
01:32:51 Je l'ai construite autour d'elle.
01:32:53 ...
01:33:02 Elle travaillait ici, elle vivait ici,
01:33:04 donc j'ai construit la maison autour d'elle et pour elle.
01:33:08 ...
01:33:18 -C'était très beau, c'était à Trouville.
01:33:20 Il y avait un Christ énorme en croix
01:33:25 qui était au-dessus de nous.
01:33:28 Et dans cette tempête, dans ce vent,
01:33:31 j'ai entendu Pascal crier
01:33:34 "Est-ce que tu veux devenir ma femme ?"
01:33:36 Et voilà, c'est tout.
01:33:39 Moi, j'étais très émue.
01:33:41 Et c'était très...
01:33:43 C'était très beau, c'était un des plus beaux jours de ma vie.
01:33:47 ...
01:33:49 -Et puis, vous avez fait un autre cadeau.
01:33:51 -Ils m'ont offert des enfants.
01:33:53 C'était une grande souffrance de ne pas avoir d'enfants.
01:33:56 Ils m'ont surtout apporté des petits-enfants...
01:33:59 -Qui vous appellent Mimi. -Qui m'appellent Mimi,
01:34:01 qui me sautent au cou, qui téléphonent,
01:34:03 qui m'envoient des petits textos,
01:34:05 qui sont comme tous les petits-enfants de la Terre,
01:34:11 qui me font des grandes déclarations d'amour.
01:34:14 Et je fonds.
01:34:15 ...
01:34:18 -On s'est rencontrés certainement au bon moment.
01:34:21 ...
01:34:23 C'est-à-dire, on n'est plus dans un état de possessivité,
01:34:26 de jalousie.
01:34:27 ...
01:34:33 Moi, j'ai accepté sa vie, il a accepté la mienne.
01:34:36 Donc aujourd'hui, c'est vrai qu'Alain est chez lui
01:34:39 s'il a envie de venir.
01:34:40 Et Pascal n'a aucun...
01:34:43 Au contraire, il a beaucoup d'amour pour lui.
01:34:46 ...
01:34:47 Je veux dire que tout ça est joliment vécu.
01:34:50 -Souvent, on se parle comme ça,
01:34:52 parce que j'ai besoin de l'entendre,
01:34:54 j'ai besoin de sa force, de sa présence.
01:34:57 Ça peut être une crise d'existence, un moment difficile dans la vie,
01:35:00 ça peut être plein de choses.
01:35:02 On peut se remettre en question à n'importe quelle époque
01:35:05 en disant "je suis quoi, je fais quoi ?"
01:35:07 -C'est peut-être la seule personne de toutes ces femmes
01:35:10 avec qui il est resté très ami.
01:35:12 Elle a eu la force de dompter le guépard.
01:35:15 Moi, j'ai assisté à deux, trois coups de téléphone
01:35:22 et j'étais capable de lui dire "écoute, ça suffit, Alain.
01:35:25 "Ça suffit, s'il te plaît."
01:35:27 Vraiment, et lui, il l'écoutait.
01:35:31 Il l'écoutait.
01:35:32 Et croyez-moi, il n'écoutait pas beaucoup d'autres.
01:35:35 ...
01:35:40 -Pnompène.
01:35:41 ...
01:35:43 -Je suis arrivée dans la capitale cambodgienne,
01:35:46 une fin d'après-midi de janvier.
01:35:48 ...
01:35:50 Depuis quatre ans, le professeur Deloche opère ici,
01:35:54 à coeur ouvert, des enfants condamnés.
01:35:56 Un jour, il m'a abordée à la sortie d'un plateau de télévision.
01:36:00 "Mireille, je viens de vous entendre,
01:36:03 "on a besoin de gens comme vous."
01:36:05 Pourquoi moi ?
01:36:08 Sans doute parce que si je n'avais pas été moi-même opérée du coeur,
01:36:12 je ne serais plus là aujourd'hui.
01:36:14 -Au fond, elle a agi, non pas comme une marraine un peu,
01:36:19 enfin, paillette, pas du tout.
01:36:22 Oui, si la paillette est nécessaire,
01:36:25 utilisons la paillette.
01:36:27 Mais c'était un véritable engagement de sa part,
01:36:31 avec beaucoup d'empathie, du militantisme.
01:36:35 -Elle y allait pratiquement deux à trois fois par semaine
01:36:39 à la chaîne de l'espoir.
01:36:40 Elle allait les stimuler.
01:36:43 Parce que c'était une battante, Mireille.
01:36:46 C'était une vraie battante.
01:36:48 -Rien ne l'arrêtait.
01:36:50 Elle est partie en Afrique, elle était mal en point, fatiguée,
01:36:54 un peu malade, etc., mais elle ne lâchait rien.
01:36:57 Et cette personne, toute douce,
01:36:59 tout d'un coup, quand elle était dans son combat,
01:37:02 c'était une lionne.
01:37:04 Musique sombre
01:37:07 ...
01:37:13 -Nous étions à Rome, sur un marché.
01:37:15 Le téléphone sonne.
01:37:16 Et je vois que son visage change.
01:37:22 Et elle va s'asseoir sur un banc.
01:37:25 Elle me dit "Je vais te raconter ce qui vient de m'arriver.
01:37:28 Alain vient de m'appeler."
01:37:31 Je lui dis "Mimi, je sais pas où tu es."
01:37:33 Parce que lui aussi l'appelait. Tout le monde l'appelle.
01:37:36 "Mimi, est-ce que tu veux jouer au théâtre avec moi ?
01:37:40 Je te rappelle dans cinq minutes.
01:37:43 Tu me dis oui ou non."
01:37:45 Et elle raccroche, genre...
01:37:48 Magnifique.
01:37:51 -Oh oui.
01:37:52 Il n'y avait aucune possibilité de refuser.
01:37:56 C'était trop beau, trop fort.
01:37:58 Cette pièce est trop belle.
01:38:00 L'histoire est trop puissante.
01:38:02 Et puis...
01:38:03 Et puis, il y a le bonhomme à côté, qui est pas mal.
01:38:06 -C'est la première fois que vous jouiez ensemble.
01:38:08 -Nous ne la jouons pas. Nous la vivons, cette pièce.
01:38:11 Chaque soir, comme une histoire d'amour vraie, réelle.
01:38:14 Musique sombre
01:38:17 ...
01:38:19 Applaudissements
01:38:22 ...
01:38:37 Je suis en état de bonheur et de plénitude.
01:38:41 Et j'aimerais bien que le temps s'arrête un petit peu,
01:38:45 parce que j'ai en ce moment une vie d'une grande tendresse.
01:38:50 Applaudissements
01:38:53 ...
01:39:04 Je vais voir mon cardiologue, et lui me dit
01:39:07 qu'il va falloir penser à repasser sur le dia.
01:39:11 ...
01:39:13 -Donc, j'y pense tout le temps, toutes les nuits,
01:39:17 à tout moment, j'y pense.
01:39:18 Donc, je me dis qu'il faut que j'apprivoise cette peur.
01:39:21 Et je l'apprivoise en pensant à la mort...
01:39:24 ...
01:39:26 Et en acceptant, petit à petit, de mourir.
01:39:30 Je n'en parle à personne,
01:39:33 qu'à mon mari et à notre famille.
01:39:36 -Très surprenante, quand elle a compris,
01:39:41 quand elle a décidé, c'était décidé.
01:39:44 Elle choisit le jour,
01:39:47 elle regarde le manacle, les astres,
01:39:50 le meilleur jour pour...
01:39:52 Je lui dis, "Ecoute, moi, j'en trouverais pas dans ce domaine."
01:39:56 "Toi, t'es complètement rebelle."
01:39:58 Elle parle comme ça, "Toi, t'es complètement rebelle à tout,
01:40:00 "t'es une machine."
01:40:02 Je lui dis, "Oui, bon, bah, choisis ta date."
01:40:04 -Le 13 mars 2013,
01:40:08 il y avait marqué "À la grâce de Dieu",
01:40:11 parce que j'étais pas sûre de revenir,
01:40:14 j'étais pas sûre de m'en sortir, voilà.
01:40:16 Je m'étais dit,
01:40:18 il y a que Dieu qui peut disposer de moi.
01:40:22 -L'opération a été extrêmement longue et compliquée.
01:40:29 C'est...
01:40:31 7 heures d'opération,
01:40:33 3 jours en RIA,
01:40:36 15 jours à Pompidou.
01:40:39 C'est pas une petite histoire, hein.
01:40:42 -Quand j'étais à l'hôpital, tu étais toujours là.
01:40:45 Si je dois y retourner un jour, je crois que tu seras toujours là.
01:40:48 Musique douce
01:40:50 ...
01:40:54 Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un ami comme toi.
01:40:57 -Je pense que jamais, leur histoire s'est arrêtée.
01:41:00 Ils ont eu une chance l'un et l'autre,
01:41:02 c'est que Pascal soit aussi bienveillant
01:41:04 et accepte la présence d'Alain,
01:41:07 qui est quand même une présence qui est forte.
01:41:10 Et par intelligence, il a accepté ça,
01:41:12 c'était incontournable, de toutes les façons.
01:41:14 Musique douce
01:41:16 ...
01:41:19 -D'abord, je suis en paix, je veux dire.
01:41:21 J'ai dit "je vous aime" à des gens que j'aime, vraiment.
01:41:24 Et c'est ça, la chose la plus importante,
01:41:27 c'est de pas passer à côté des mots,
01:41:29 c'est d'arriver à se parler,
01:41:30 c'est de pouvoir se dire des choses fortes.
01:41:33 Et je crois qu'aujourd'hui, justement, j'ose parler,
01:41:36 j'ose dire des choses fortes
01:41:39 aux gens que j'aime.
01:41:40 ...
01:41:43 Elle est en train, évidemment, de faire un dîner pour des amis,
01:41:46 et là, je la vois en train de faire la cuisine, assise,
01:41:49 sur un tabouret, comme je suis là.
01:41:52 Alors, je lui dis "Mimi, ça va pas, là ? T'es fatiguée ?"
01:41:56 Elle me dit "je suis un peu fatiguée."
01:41:58 "Bon."
01:41:59 "Et puis j'ai mal à la tête, depuis ce matin."
01:42:02 Je lui dis "tu sais quoi, on va annuler."
01:42:05 Et pour la première fois en 20 ans,
01:42:08 elle me dit "bon, d'accord."
01:42:12 Et puis, dans la nuit, là,
01:42:14 je lui pose une question banale.
01:42:17 Et elle me répond des mots
01:42:20 qui sont absolument pas en concordance.
01:42:22 Je dis "qu'est-ce que tu m'as dit, là, Mimi ?"
01:42:24 Et je comprends que, là, il y avait...
01:42:27 Il y avait un moment grave qui était en train de se passer.
01:42:30 J'appelle son médecin et il me dit "tu me l'amènes tout de suite."
01:42:32 C'est le coup de tonnerre.
01:42:35 C'est le coup de tonnerre. Oui, son mari m'appelle.
01:42:38 Euh...
01:42:40 Elle a fait une hémorragie cérébrale.
01:42:44 Moi, j'étais bouleversé, je voyais bien la gravité des choses.
01:42:47 On était très inquiets.
01:42:49 J'ai été la voir à l'hôpital.
01:42:51 Et donc, je demande aux infirmières, je dis...
01:42:54 "La chambre de Mireille d'Arc, s'il vous plaît."
01:42:56 Elles m'ont dit "c'est celle-là."
01:42:58 Et là, j'ai regardé dans celle-là.
01:43:04 Mais j'ai pas reconnu la femme qui était allongée là.
01:43:08 Et alors là, par contre...
01:43:11 Là, ça a été un choc.
01:43:13 Elle a dit à un ami en commun, elle lui a dit "tu sais..."
01:43:19 "Oh..."
01:43:20 Il y a eu quelques mois après, mais elle lui a dit "je..."
01:43:24 "Tu sais, je suis prêt, j'ai déjà la tête dans les nuages."
01:43:27 Elle pensait qu'elle allait partir plus tôt, je pense.
01:43:32 Et puis après, comme c'était une combattante...
01:43:37 Elle s'est battue, elle ne lâchait pas.
01:43:39 Évidemment, les journaux avaient envie qu'on en parle,
01:43:48 savoir où elle en était, comment elle était physiquement,
01:43:51 est-ce qu'elle allait mieux...
01:43:53 Et à un moment, je trouvais qu'elle était incroyablement jolie.
01:43:57 Je lui ai dit "tu veux faire quelque chose ?"
01:44:00 Elle m'a dit "pourquoi pas ?"
01:44:01 Donc on a décidé d'organiser une couverture pour Paris Match.
01:44:05 Et ça lui a donné une petite occupation, un petit truc à penser.
01:44:09 Elle s'est organisé ça dans sa tête,
01:44:12 elle m'appelait pour me dire "il faudrait que ce soit comme ça, des petits détails."
01:44:15 Et on est arrivés chez elle, il y avait son maquilleur habituel.
01:44:20 Elle était d'une beauté rare, et tout d'un coup on y a cru.
01:44:23 On a fait ses photos, et tout le monde y a cru.
01:44:25 Musique douce
01:44:28 ...
01:44:43 Je me dis que j'ai quand même eu une belle vie.
01:44:45 C'est-à-dire que je me vois déjà partie.
01:44:48 ...
01:44:54 Il n'y a qu'une chose qui me fait mal, c'est de laisser mon mari.
01:44:57 ...
01:45:01 -Une ou deux fois, un jour, je lui ai dit "tu te rends compte
01:45:03 "tout ce qu'on a fait, quand même ?
01:45:05 "On a fait des maisons, on a fait..."
01:45:08 Elle m'a dit "j'aurais bien aimé que ça continue."
01:45:13 ...
01:45:16 -C'est ton mari qui m'a...
01:45:18 ...
01:45:21 Je vais te dire quelque chose.
01:45:23 "Être aimé aussi gentiment et aussi profondément que tu l'aimes,
01:45:30 "ça me touche le cœur."
01:45:31 -J'ai appris, chose que je savais pas,
01:45:35 qu'on pouvait remettre la Légion d'honneur,
01:45:37 on pouvait vous la remettre chez vous.
01:45:39 Je me permets pas d'appeler Sarkozy directement,
01:45:43 j'appelle Carla, et elle me dit "attends, je te le passe."
01:45:47 Et moi, c'est presque...
01:45:48 Je dis "bonjour, monsieur le président,
01:45:51 "excusez-moi de vous déranger,
01:45:53 "est-ce que vous accepteriez de venir à la maison
01:45:55 "remettre la Légion d'honneur à Mireille
01:45:59 "au grad d'officier ?"
01:46:01 Elle était déjà chevalier d'officier.
01:46:03 Il me dit "quand vous voulez."
01:46:06 ...
01:46:11 -C'était très impressionnant et très douloureux,
01:46:14 parce que je suis arrivée très en avance,
01:46:15 et Mireille m'avait dit "je suis tellement maigre,
01:46:19 "il n'y a que toi qui peux m'aider à m'habiller."
01:46:21 Je lui dis "mais t'es mimi, ne t'inquiète pas avec moi,
01:46:25 "laisse-toi aller, viens."
01:46:26 Toute en noir avec ta chemise blanche, elle était parfaite,
01:46:28 elle était magnifique, très émigrée.
01:46:30 -Nous faisons officier dans l'ordre national de la Légion.
01:46:36 ...
01:46:40 Je dois dire que le rouge, ça nous va bien.
01:46:43 -Ca, c'était d'une intensité...
01:46:47 ...
01:46:56 J'ai filmé, j'ai enregistré, avec l'autorisation de Mireille,
01:46:59 qui m'a dit "oui, ça fait des beaux souvenirs,
01:47:01 "filme vers au film."
01:47:02 ...
01:47:13 Je suis partie avec Alain et Anthony, on est partis tous les trois.
01:47:15 Quand on s'est retrouvés sans trottoir, on a pleuré.
01:47:17 ...
01:47:23 Ils étaient...
01:47:24 Enfin voilà, c'était compliqué.
01:47:27 ...
01:47:32 -La dernière fois que je l'ai vue, c'était 6 heures avant qu'elle parte.
01:47:36 Parce qu'elle m'a dit...
01:47:38 Elle est dans le coma depuis 24 heures, à peu près.
01:47:41 Et elle m'a dit "tu sais, de temps en temps,
01:47:44 "ces derniers jours, elle appelait souvent sa maman,
01:47:46 "je crois depuis 24 heures,
01:47:47 "elle était dans un espèce de coma et des fois, elle appelait sa mère."
01:47:50 ...
01:47:51 Il est reparti, je suis resté avec elle,
01:47:53 et là, j'ai vu qu'elle souffrait, j'ai vu qu'elle était pas bien.
01:47:56 Et donc, je lui ai pris la main.
01:47:58 Et j'ai commencé à lui parler, parce que j'ai vu qu'elle était angoissée.
01:48:03 Je lui ai dit "ça va aller, je suis là, on est là, t'inquiète pas,
01:48:07 "ça va bien se passer."
01:48:08 Et petit à petit, elle s'est calmée.
01:48:12 Elle s'est assoupie à nouveau.
01:48:14 Elle respirait...
01:48:16 Tranquillement.
01:48:18 Et puis j'ai été voir Pascal, je lui ai dit "écoute, je m'en vais, je..."
01:48:21 Voilà.
01:48:24 Je savais que c'était terminé, quoi.
01:48:26 J'ai vu son médecin la regarder de loin, comme ça,
01:48:28 il m'a dit...
01:48:29 "Tu m'as toujours dit que tu voudrais appeler Alain,
01:48:31 "appelle-le."
01:48:33 Il est venu tout de suite.
01:48:35 Et puis...
01:48:37 Ben c'est tout, quoi, c'est endormi.
01:48:40 Dans son beau pyjama blanc, et puis elle s'est endormie.
01:48:42 Et puis voilà.
01:48:43 Et on lui a offert une belle nuit, parce que...
01:48:47 Elle allait dormir avec ses deux infirmières ici,
01:48:49 et Alain et moi, nous avons dormi là-haut.
01:48:53 Donc on lui a offert une nuit incroyable.
01:48:55 Sublime.
01:48:57 Parce qu'elle avait...
01:48:58 Il manquait Pierre, bien sûr,
01:49:02 mais elle avait ses deux grands amours de sa vie dans sa maison.
01:49:07 (Musique douce)
01:49:10 J'ai perdu beaucoup de gens, donc j'espère qu'ils sont là,
01:49:13 qu'ils m'attendent, qu'ils vont faire la fête avec moi.
01:49:16 Si j'ai bien compris,
01:49:18 on continue quelque chose, après.
01:49:21 Ça s'arrête pas.
01:49:22 Peut-être que je vais devenir tragédienne de l'autre côté.
01:49:25 (Musique douce)
01:49:28 (Musique douce)
01:49:31 (Musique douce)
01:49:34 (Musique douce)
01:49:37 (Musique douce)
01:49:40 (Musique douce)
01:49:44 (Musique douce)
01:49:47 (Musique douce)
01:49:50 (Musique douce)
01:49:53 (Musique douce)
01:49:56 (Musique douce)
01:49:59 (Musique douce)
01:50:02 (Musique douce)
01:50:05 (Musique douce)
01:50:09 (Musique douce)
01:50:12 [Musique]

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