• il y a 7 mois

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00:00 -Donc, si, je peux vous expliquer un fantôme,
00:03 qui est un fantôme qui a à voir, quand j'étais petit,
00:06 avec les maîtres qui portaient des vêtements.
00:08 (musique)
00:19 Je me souviens, dessus l'escalier,
00:22 un jour, par chance,
00:25 de voir, en regardant un, et de voir qu'il avait les chaussures de la maître,
00:30 dessus,
00:31 une vision qui m'a perturbé complètement,
00:34 et je me souviens bien de la regarder d'une autre manière.
00:37 (musique)
00:48 -Mon fantasme ultime, ce serait John Bon Jovi.
00:51 Je m'imagine en train de faire de l'auto-stop
00:53 sur une route sauvage dans le sud profond de l'Amérique,
00:56 et Bon Jovi arriverait dans son gigantesque pick-up,
00:59 baisserait la vitre, et me demanderait si je veux monter.
01:02 Et vous imaginez la suite.
01:04 (musique)
01:13 -Quand on allait, tous les ans, en voiture, en Italie,
01:16 je fantasmais toujours dans ces paysages déserts et assez glauques,
01:20 qu'il y ait des gens qui sont en train de baiser, de faire l'amour,
01:22 et du coup, c'est donner une autre dimension au paysage.
01:25 (musique)
01:35 (musique)
02:02 -Le fantasme sexuel, scénario érotique imaginaire
02:05 provoquant une excitation, pas toujours assouvie
02:08 du fait de l'auto-censure sociale ou religieuse.
02:11 Le fantasme a été révélé par Freud.
02:13 -Le fantasme existe jusqu'au moment où il peut s'incarner,
02:16 puisque l'incarnation, finalement, est la fin du fantasme.
02:19 On passe dans autre chose.
02:21 En général, un fantasme, c'est plus excitant avant, après,
02:25 mais pas forcément pendant.
02:27 C'est le principe.
02:29 Quand on est dans l'acte, on n'est plus dans le fantasme,
02:32 on est dans le faire.
02:34 -Les fantasmes nous permettent d'exprimer nos rêves,
02:36 de canaliser nos peurs, de guérir nos blessures
02:39 et surtout d'entretenir notre désir.
02:41 Il y a quelques années, un psychanalyste anglais,
02:44 Brett Karr, mène une vaste enquête scientifique
02:47 et révèle les fantasmes sexuels d'environ 20 000 citoyens britanniques.
02:50 Résultat, presque la moitié d'entre nous ne fantasment jamais sur son partenaire.
02:55 Nos pensées sexuelles sont peuplées de gens que nous inventons
02:58 et nous adoptons les fantasmes des autres
03:00 que nous avons pu voir dans un film ou un livre.
03:03 Les psychanalystes parlent de projections très privées,
03:06 de tableaux avec mise en scène ou encore de visions,
03:08 comme des photographies.
03:10 -L'imaginaire est un muscle, il faut l'entretenir.
03:12 -Les fantasmes, c'est tout un art,
03:14 un art qui reflète notre société.
03:17 Comment a-t-il évolué et que reste-t-il de cette création artistique
03:21 dans notre époque saturée d'images explicites ?
03:24 Décollage imminent, bon voyage dans la terra incognita de l'imaginaire sexuel.
03:30 -L'intérêt du sexe n'est pas clinique, n'est pas scientifique.
03:37 C'est ce qu'il y a autour.
03:39 C'est des images qui vont t'accompagner toute ta vie.
03:50 -Les premières images qui donnent vie à nos fantasmes sont, selon Freud,
03:54 liées à la scène primaire, soit l'envie irrépressible
03:57 de regarder ce qui se passe la nuit dans la chambre des parents.
04:00 Le voyeurisme, un thème cher aux cinéastes.
04:04 Nous fantasmons à jamais sur ce que nous désirions
04:07 durant notre enfance et notre adolescence.
04:10 -Je devais avoir 6 ans.
04:15 J'avais l'habitude d'aller dans la maison de mon voisin avec mes jouets
04:18 et lui avait ses jouets.
04:20 Je venais d'avoir une nouvelle poupée Barbie que ma tante venait de m'acheter.
04:24 Lui avait des action man et on jouait ensemble.
04:27 Une fois, il a dû ouvrir à quelqu'un qui sonnait chez lui.
04:31 Je me suis assurée qu'il avait bien quitté la chambre.
04:35 J'ai rattrapé son action man et je l'ai frotté contre ma Barbie.
04:39 Je ne savais pas vraiment ce que je faisais,
04:42 mais je sais que c'était quelque chose d'érotique.
04:45 C'était pas mon 1er fantasme sexuel.
04:48 -Je passais les étés là-bas en Illinois.
04:52 C'était un petit village de 200 personnes.
04:55 Il y avait une pute qui habitait dans une caravane,
04:58 pas loin de la maison.
05:01 La nuit, quand on revenait de jouer,
05:04 on passait devant cette caravane.
05:07 Cette pute était là. Des fois, on essayait de regarder.
05:11 -Mes 1ers fantasmes, c'était d'aller frapper sur la porte
05:15 et rentrer et le faire.
05:18 Même si je savais que c'était la plus grande péchée,
05:22 que c'était la porte à l'enfer.
05:25 -Jean-Marc Barr, franco-américain, a été dirigé par Luc Besson
05:29 dans "Le Grand Bleu" et par Lars Van Trier
05:32 dans "Breaking the Waves" ou "Nymphomaniac".
05:35 Il a co-réalisé avec Pascal Arnold 6 films,
05:38 acteurs, sexys et donc objets du désir.
05:41 D'après l'étude du psychanalyste Brett Kahr,
05:44 25% de la population fantasme sur une célébrité
05:47 enrôlée dans des activités sexuelles nombreuses et variées.
05:51 -C'est quelque chose de tellement abstrait.
05:54 C'est dans un degré d'image de moi que ces femmes se mettent.
05:58 Ce qui n'est pas moi, c'est une image d'un bel homme autiste
06:02 qui aime jouer avec les dauphins.
06:05 Ca, c'est leur image de "Ca, c'est pas moi,
06:08 "c'est un personnage que j'ai joué".
06:11 C'est une chose sur laquelle j'ai pas de contrôle.
06:14 ...
06:16 -Les femmes, c'est marrant, je sens un retour,
06:19 je sens parler de moi comme si c'était quelqu'un d'autre.
06:23 Il y a un côté gênant et un côté plaisant.
06:26 Se sentir désiré, c'est quand même un truc énorme.
06:29 Ce qui est surréaliste, c'est de sentir désiré
06:32 par des inconnus, par des gens que tu connais pas.
06:35 Ca, c'est un truc que j'ai découvert depuis que j'ai fait du cinéma
06:39 et qui m'était pas arrivé avant.
06:41 On m'avait déjà désiré, mais c'était toujours des gens
06:44 que j'ai rencontrés.
06:46 -César du meilleur acteur, pour Harry,
06:49 un ami qui vous veut du bien, tête d'affiche du "Labyrinthe de Pan",
06:53 de Guillermo del Toro ou de "Dirty Pretty Things" de Stephen Frears,
06:57 Sergi López vit près de Barcelone.
06:59 Cet acteur espagnol fait rêver, sexuellement parlant.
07:02 A cause d'un film essentiel sur le thème des fantasmes,
07:05 signé Frédéric Fontaine, "Une liaison pornographique".
07:08 -Si on y retournait ?
07:10 -Où ça ? -A l'hôtel.
07:13 On pourra recommencer.
07:18 -Vous voulez ? -Oui, je veux.
07:26 -Une femme, jouée par Nathalie Baye,
07:28 réalise son fantasme avec un homme rencontré par petites annonces.
07:32 Ils vont se revoir souvent, dans une chambre d'hôtel,
07:35 pour assouvir ce fantasme dont nous, spectateurs,
07:38 ne saurons jamais rien.
07:40 Et c'est ça qui est terriblement excitant.
07:43 -On a plus 20 ans. -Vous aussi, vous avez mal ?
07:49 Enfin, pas mal.
07:51 Moulu.
07:53 Moi, c'est les cuisses. Et vous ?
07:55 Les bas de dos. Les reins.
07:57 On va voir des courbatures demain matin.
08:00 Mais c'était très bien.
08:02 Oui, très bien.
08:04 Mais deux fois la même journée, ça doit rester exceptionnel.
08:07 -On a pensé des choses. On s'est dit ça avant de faire le film.
08:10 On décide c'est quoi le fantasme, avec le réalisateur,
08:13 Nathalie Baye et moi.
08:15 On s'est dit, qu'est-ce qu'on fait à l'intérieur ?
08:18 Tout de suite, on s'est dit,
08:20 il vaut mieux rien dire de particulier,
08:22 parce que ça sert à rien.
08:24 Et justement, son fantasme à lui,
08:26 moi, je dis, ah bon, il n'y a que ça,
08:28 mais ça, on le fait tous les dimanches.
08:30 L'autre, il dit, ah bon, ça, j'aime pas ça.
08:32 Ou je trouve ça nul, ou je trouve ça moche,
08:34 ou je trouve ça sale, ou je trouve ça...
08:36 Ça me fait rire, ou je sais pas.
08:38 J'aime beaucoup, tu vois, de fantasmer, de jouer à ça.
08:42 Mais pour le faire, pour le jouer,
08:45 c'est beaucoup plus fort
08:47 de laisser cet espace à...
08:49 à toi.
08:51 (musique)
08:53 - Un Américain à Paris.
09:00 Roy Stewart est un libérateur de l'imaginaire.
09:03 Loin de tout conformisme,
09:05 la sexualité qu'il représente est une énergie brute,
09:08 souvent très explicite,
09:10 mais toujours une célébration du plaisir
09:12 et de la beauté féminine.
09:14 Depuis 30 ans, il photographie inlassablement des femmes,
09:17 naturelles, pileuses, authentiques et souvent dominantes,
09:22 réunies dans de beaux livres connus dans le monde entier.
09:25 - Voici le numéro 5.
09:27 - Roy Stewart est également musicien,
09:30 producteur et réalisateur de 2 fictions,
09:33 "Julia" et "The Lost Door",
09:36 ainsi que d'une série de vidéos, "Les Glimpses".
09:39 - Mon intention est d'utiliser des images érotiques
09:42 pour attirer l'attention,
09:44 pour arriver à faire passer d'autres choses.
09:47 (musique)
09:49 J'essaie de faire quelque chose
09:55 qui n'a jamais été vu avant.
09:57 J'essaie d'infuser de la poésie et de la musique
10:00 et d'assoufler autant d'émotions que possible.
10:03 Et les gens qui regardent
10:05 ne se rendent pas exactement compte de ce qui se passe.
10:08 C'est quelque chose de subliminal.
10:10 Et en plus, les gens s'ouvrent à l'idée
10:12 que c'est un peu comme ça.
10:14 - Porté comme un joule, le croissant,
10:17 qu'interrogent les astrologues,
10:20 je suis le sultan tout-puissant.
10:23 - Ces 2 choses, la pornographie et l'érotisme,
10:26 je ne me sens connecté avec aucune de ces 2 choses.
10:29 La pornographie, quand cela a commencé, c'était génial,
10:32 c'était frais, c'était subversif, c'était nouveau.
10:35 Il y avait une vitalité,
10:37 et cela n'avait jamais été vu avant.
10:39 Et finalement, à la fin du XXe siècle,
10:41 cela aurait pu devenir un art et devenu une industrie.
10:44 Et c'est devenu de pire en pire.
10:46 Et d'un autre côté, vous avez ce qu'on appelle l'érotisme,
10:49 qui est vraiment dans la même famille,
10:51 sauf qu'on utilise l'esthétique comme une excuse
10:54 pour faire passer les mêmes choses
10:56 que ce que la pornographie essaie de faire passer.
10:59 Moi, j'essaie de rester éloigné de ça.
11:01 J'essaie de trouver une alternative.
11:03 J'essaie de trouver une 3e voie.
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11:44 - Norwich, quelque part dans la forêt au cœur de l'Angleterre.
11:47 Gary Dexter est anglais, professeur de littérature,
11:50 collaborateur au Sunday Télégraph, aux Times,
11:53 et surtout romancier.
11:55 Sa passion, les pionniers de la sexologie.
11:57 L'Américain Alfred Kinsey,
11:59 le français Jean-Magnus Hirschfeld,
12:01 et l'anglais Havlock Ellis, héros d'un autre siècle
12:04 qui étudièrent les comportements sexuels des êtres humains,
12:07 dévoilant des choses ahurissantes.
12:09 Les êtres humains se masturbaient, et donc fantasmaient.
12:12 C'est de son compatriote Havlock Ellis
12:14 que Gary Dexter s'est inspiré
12:16 pour le protagoniste de son roman
12:18 "Le souilleur de femmes d'Oxford".
12:21 - Havlock Ellis était intéressant même dans sa vie sexuelle.
12:25 Il était particulièrement passionné
12:27 par les femmes en train d'uriner.
12:29 Et il a contribué de façon très importante à la sexologie
12:32 en tant que collectionneur.
12:34 Il collectionnait les comportements sexuels,
12:37 comme ses collègues entomologistes
12:39 pouvaient collectionner les papillons, par exemple.
12:42 - Son roman est une enquête dans l'Angleterre victorienne
12:45 qui révèle les fantasmes de la haute société britannique,
12:48 voire de la famille royale.
12:50 Voyeurisme scatophile,
12:52 exhibitionnisme dans les lieux sains,
12:54 travestissement secret et hyperesthésie sexuelle
12:57 d'une jeune nonne que tout excite.
13:00 - Tout m'excitait.
13:02 Les voyages en train, de même que son fiacre en cabriolet.
13:05 Des hommes nageant dans une rivière,
13:07 aperçus depuis la route ou la voie de chemin de fer.
13:10 Des marins en bras tatoués.
13:12 Des mouches ou des guêpes en train de copuler.
13:14 Des prostituées dans la rue bavardant avec leurs clients.
13:17 Tout ce qui avait un rapport avec des armes.
13:20 La vue d'un soldat circulant avec son fusil à l'épaule.
13:23 Comme le livre est une comédie,
13:26 je voulais voir jusqu'à quel point je pouvais développer l'idée
13:29 que n'importe quoi peut devenir un objet de fascination érotique.
13:50 La fascination érotique et d'autres figures légendaires des fantasmes
13:53 sont au cœur des bandes dessinées très vintage de Nin Antico.
13:57 Humour décapant sur l'éveil à la sexualité,
14:00 dans le goût du paradis, "Girls Don't Cry" et "Tonight".
14:03 Carrément sexuel quand elle met en scène les fantasmes
14:06 d'une apprentie rugby girl dans "I Love Alice".
14:09 Son chef-d'oeuvre, c'est une BD documentée et résolument graphique,
14:12 "Coney Island Baby".
14:14 Elle raconte les destins croisés de trois personnalités historiques des fantasmes.
14:18 Le fondateur de "Playboy", Hugh Hefner,
14:21 l'actrice de films porno, Linda Lovelace,
14:24 et la pin-up des années 50, Betty Page,
14:27 qui incarnait à la fois la candide et le fantasme sadomasochiste.
14:30 Je pense qu'il y a un fantasme très masculin là-dedans.
14:33 C'est son côté, et ça, ça revenait dans les commentaires
14:36 des photographes qui l'ont fréquenté et les fans de Betty Page,
14:39 c'est son côté souriant et son côté, surtout "elle fera jamais de mal",
14:43 son côté maternel un peu.
14:46 Et ça, je crois que, pour le coup, ça répond vraiment
14:49 à ce que les hommes attendent de la femme, c'est-à-dire qu'elle fasse ça,
14:52 mais qu'elle soit souriante, surtout pas dangereuse, et elle les juge pas du tout.
14:56 Impossible d'évoquer Linda Lovelace
14:59 sans penser immédiatement au film pornographique "Gorge profonde".
15:02 Immense succès des années 70,
15:05 basé sur un scénario qu'on ne peut plus fantasmer.
15:08 Dans "Gorge profonde", le personnage de Linda
15:11 est supposé avoir son cul torrifle dans la gorge,
15:14 ce qui fait qu'elle jouit que quand elle a un taille des pipes.
15:17 Je pense que l'affélation peut être tout à fait réjouissante,
15:22 après de là à ne jouir que par ce moyen-là,
15:25 je pense que c'est une vue masculine.
15:28 Linda Lovelace dans "Gorge profonde",
15:33 Marilyn Monroe, Sylvana Mangano dans "Ri amer",
15:36 Brigitte Bardot, Sylvia Christel dans "Emmanuel",
15:39 pendant longtemps, c'était majoritairement les fantasmes
15:42 hétérosexuels et masculins qui dominaient la culture.
15:45 Pour moi, la première érection en public,
15:48 c'était à 30 000 pieds sur un avion,
15:51 en 72, 13, quelque chose comme ça,
15:54 c'était "The last picture show".
15:57 Il y a un moment où Cybill Shepherd,
16:00 à 18, 19 ans, se déshabille devant
16:03 des garçons.
16:06 Et ça m'a...
16:09 C'était là où la première fois
16:12 que j'étais stimulé par une image comme ça.
16:15 - De leur côté, les femmes ont fini par trouver une parade,
16:26 en fantasmant sur les rock stars.
16:29 Elvis Presley, Mick Jagger,
16:32 D.Anshay Zobson et autres suggestions diablement efficaces.
16:35 Cela remonte aux premières stars noires du rock'n'roll,
16:38 le sens du mot "rock'n'roll" en lui-même vient du sexe,
16:41 car il y a ce rythme de base en arrière-fond, comme ça.
16:44 Et donc Elvis Presley et Mick Jagger
16:47 imitaient très consciemment les mouvements des chanteurs noirs sur scène.
16:50 Les mouvements de bassin excitent dans la musique noire,
16:53 certes, et la base d'une playlist fantasme,
16:56 c'est les chanteurs de soul, avec en demi-dieu pop
16:59 de la musique de chambre, Prince.
17:02 Prince aime parler crûment, il aime jouer avec cette idée
17:05 de lui-même comme un dieu du sexe, alors que tout le monde sait
17:08 qu'il est très petit et qu'il a mauvais caractère.
17:11 C'est l'une des choses magiques à propos de la pop-musique,
17:14 c'est que vous pouvez regarder quelqu'un qui n'a pas un physique de top-modèle
17:17 et vous dire "eh bien, j'accepterais, sans hésiter".
17:20 Ce qui est amusant, c'est que beaucoup de blancs
17:23 ont des fantasmes sur les noirs, et beaucoup de noirs
17:26 ont des fantasmes sur les blancs.
17:29 Il y a cette idée de s'imaginer avec quelqu'un qui est différent.
17:33 Chanteuse fantasmante et tenue ciblée pour penser sexuel,
17:36 la haute couture est depuis toujours le royaume des obsessions.
17:39 A la fin des années 90, déjà, domine l'outrageusement sexy.
17:42 En maître de cérémonie, le créateur superstar Tom Ford,
17:45 qui œuvre alors pour Gucci,
17:48 bienvenu dans l'univers du porno chic.
17:51 Retour au présent, depuis quelques années,
17:54 la musique de la pop-musique est un instrument
17:57 de la culture, de la culture de la musique.
18:00 Retour au présent, depuis quelques mois,
18:03 les fantasmes dominent à nouveau les podiums.
18:06 Uniformes, fétichisme, sadomasochisme et latex.
18:09 Je pense qu'il y a de la magie dans le latex.
18:12 C'est formidable de voir tout le monde le porter d'une manière différente.
18:15 Il donne une personnalité aux vêtements.
18:18 Hatsuko Kudo est japonaise,
18:21 mais c'est Londres qu'elle a choisi pour donner vie à son art.
18:24 Vêtements torrides, lingerie fatalement attractive,
18:27 accessoires hédonistes, toutes ces créations sont en latex.
18:30 Et toutes, absolument toutes les stars du moment se les arrachent.
18:33 Kate Moss, Brad Pitt, la liste est infinie.
18:36 Le latex pourrait bien être la matière du troisième millénaire.
18:39 Je devais avoir 19 ou 20 ans
18:46 quand j'ai acheté ma première combinaison en latex.
18:49 Et la sensation que j'y prouvais à la portée
18:55 était très agréable.
18:58 Cela brillait tellement.
19:01 Et je suis tombée amoureuse de cette matière.
19:04 Je me suis dit, je pourrais faire tellement de choses avec.
19:22 Si vous voulez porter des vêtements en latex,
19:25 il faut utiliser du talc ou du lubrifiant pour l'enfiler.
19:28 Ça ne vous tiendra pas chaud
19:31 et il faut le porter uniquement pour le plaisir.
19:34 J'ai envie que toutes les femmes se sentent sexy,
19:42 belles et fortes.
19:50 La chanteuse qui a flashé sur les créations d'Atsuko Kudo,
19:53 c'est Lady Gaga.
19:56 J'ai été amenée à faire une robe pour Lady Gaga
19:59 pour sa rencontre avec la reine.
20:02 C'était un moment magique.
20:05 Je n'aurais jamais pensé qu'un jour je pourrais voir mes créations
20:08 en latex, la reine et Lady Gaga au même endroit.
20:17 Mon rêve, ce serait d'avoir comme cliente la reine.
20:20 Je voudrais lui faire un petit ensemble très élégant
20:23 et peut-être aussi un chapeau.
20:26 Lady Gaga a dit récemment
20:45 "Les hommes ne se masturbe pas sur mon image,
20:48 je n'ai rien à voir avec cela."
20:51 Je pense que Lady Gaga, c'est le concept artistique ultime
20:54 du fantasme sexuel autour d'une pop star.
20:57 Elle a créé quelque chose d'artificiel, de connu pour être artificiel.
21:00 C'est comme de la haute couture extrêmement stylisée.
21:03 C'est une femme qu'on imagine avoir une vie sexuelle incroyable
21:06 mais en même temps on n'en sait rien du tout
21:09 et on imagine aussi qu'elle se fait du bien toute seule.
21:12 Est-ce que Lady Gaga est une chanteuse fantasmatique du 3ème millénaire ?
21:15 Peut-être. Mais dans l'étude du psychanalyste Brett Karr
21:18 il y a quelques années seulement, la "Girl Next Door"
21:21 Kylie Minogue faisait plus fantasmer que la lolita Britney Spears
21:24 qui provoquait plus d'émoi que Madonna.
21:27 Madonna incarne le fantasme sexuel dans la pop-musique.
21:30 Elle faisait peur aux hommes mais en même temps elle séduisait les femmes.
21:33 Elle a appuyé l'idée d'un fantasme sexuel plutôt agressif.
21:36 Tout le monde avait peur d'elle.
21:39 Elle est donc une brunette très suggestive entre top fantasme.
21:42 Katy Perry a fait quelque chose de très malin.
21:45 Elle a touché la conscience collective avec cette chanson
21:48 "I Kissed a Girl" qui est le fantasme masculin ultime
21:51 car elle dit ces paroles "j'ai embrassé une fille et j'ai aimé ça".
21:54 J'espère que ça n'ennuie pas mon petit ami.
21:57 Elle n'a jamais suggéré qu'elle est lesbienne ou qu'elle pourrait le devenir.
22:00 Elle joue juste avec ces paroles qui suscitent la curiosité.
22:03 88% des femmes et 12% des hommes aimeraient coucher avec
22:06 George Michael rapporte l'étude de Brett Kahr.
22:09 La figure du chanteur gay, niveau fantasme, c'est le jackpot.
22:12 À l'aube de mes années prépubères, j'avais à peu près 11 ans,
22:15 je crois que Freddie Mercury était mon plus gros fantasme sexuel.
22:18 Il était toujours très physique et viril et de plus en plus dans ses mouvements.
22:21 Cela m'attirait, m'horrifiait et m'embarrassait de regarder ses clips avec mes parents.
22:24 Et je connais beaucoup de femmes mariées très heureuses.
22:27 Je ne sais pas si vous connaissez les films de Freddie Mercury.
22:30 Je connais beaucoup de femmes mariées très heureuses qui étaient amoureuses de Freddie Mercury,
22:33 même si elles savaient qu'il était gay.
22:36 Illustreuses aussi, les village people ont marqué à jamais l'histoire de la musique.
22:39 Ce qui est fascinant avec ce groupe, c'est qu'ils continuent de faire des concerts
22:42 et ils ont toujours leur costume, l'ouvrier, celui avec la coiffe d'Indien d'Amérique.
22:45 Je les ai vus dans une interview récemment et je ne sais pas s'ils plaisantaient ou pas du tout,
22:48 mais refusaient de faire de la musique.
22:51 Je ne sais pas si vous connaissez les films de Freddie Mercury.
22:54 Je ne sais pas si vous connaissez les films de Freddie Mercury.
22:57 Je ne sais pas s'ils plaisantaient ou pas du tout,
23:00 mais refusaient d'admettre qu'ils sont en réalité un groupe gay.
23:03 Et ils disaient, ce n'est pas pour cela que les gens viennent nous voir.
23:06 Ils viennent nous voir parce qu'ils aiment notre musique.
23:24 Moi je comprends que les gens peuvent être excités par tout.
23:29 Par tout, par tout.
23:31 C'est fascinant, il y a des gens excités par les uniformes militaires.
23:35 Oui, et par d'autres uniformes aussi.
23:37 Le paysage culturel est habité par des figures rassurantes.
23:46 Des figures d'autorité, corps de métier, uniformes, accessoires, déguisements,
23:51 réminiscences des jeux d'enfance et selon les psychanalystes,
23:55 substitue des parents qui veillent à notre bien-être et nous surveillent.
23:59 Je dois l'admettre, moi c'est le pompier.
24:03 Ça paraît tellement naïf, mais le pompier semble être ce genre de héros
24:07 exerçant un métier très physique qui nous apparaît gigantesque.
24:10 Le pompier, oui c'est évident, c'est un de ses fantasmes féminins.
24:17 C'est l'un de ses métiers machos, c'est aussi le sauveur
24:21 qui colle peut-être bien avec les fantasmes romantiques
24:24 qu'ont certaines femmes de se faire cajoler par un de ces sauveurs musclés.
24:28 Métiers érotiques, mais aussi décors éclectiques.
24:35 Dans notre cinéma mental, nous sommes de véritables artistes.
24:39 À la fois chef décorateur, accessoiriste, éclairagiste,
24:42 nous inventons les lieux imaginaires de nos fantasmes,
24:45 reflets de notre passé et de nos désirs enfouis.
24:49 Les écuries. Il y a quelque chose de très cinématographique
25:00 dans ces lieux recouverts de paille.
25:03 Je me souviens d'avoir trouvé une copie d'un vieux cosmopolitan
25:06 des années 70 dans le loft de mes parents.
25:09 C'était juste très subtilement pornographique.
25:13 Il y avait des images d'un couple dans la paille
25:16 et ça me semblait tellement exotique.
25:19 Comme lieu qui pourrait engendrer des fantasmes sexuels
25:24 de façon spontanée, je suggérerais les bibliothèques.
25:27 Les bibliothèques sont des lieux où n'importe quelle activité
25:30 ou autre truc intellectuel, lire ou écrire, est interdite.
25:34 Et ça, c'est un stimulant sexuel très puissant.
25:37 Donc je dirais que si vous allez dans les toilettes des bibliothèques,
25:40 vous trouverez sur les murs des graffitis extrêmement poignants,
25:43 exprimant les plus grandes frustrations.
25:46 Paris, Pigalle. C'est dans l'ancienne garçonnière
25:52 de Jean Cocteau et Jean Marais, chez Orphée privé,
25:55 que Rendez-vous est pris avec Hubert, scénariste de bandes dessinées français
25:59 dont les albums sont traduits dans de nombreux pays.
26:02 Depuis dix ans, il raconte la beauté et les vices de l'être humain,
26:05 comme dans sa grande saga Miss Patouche,
26:08 dont l'héroïne est une prostituée particulière.
26:11 Une vierge fouetteuse qui administre ses flagellations
26:14 au début du XXe siècle dans une maison-close catégorie grand luxe.
26:18 Hubert a lu, beaucoup, sur ce que fut vraiment la vie de ces filles de joie
26:22 dans les bordels parisiens destinées aux riches.
26:25 Au dessin, le duo-star Kérascoët, pour donner vie aux coulisses
26:28 de cet incroyable théâtre fantasmatique.
26:31 C'était des lieux destinés à une clientèle oisive,
26:35 très, très, très argentée,
26:38 et qui vivait finalement dans l'ennui,
26:41 parce qu'ils avaient des tels moyens qu'ils avaient déjà assouvis
26:44 la plupart de leurs fantasmes, et il fallait trouver sans cesse des choses
26:47 pour leur permettre de recommencer à avoir un petit peu d'excitation.
26:50 Et donc, il y avait des dispositifs qui étaient mis en place,
26:53 c'est-à-dire des incarnations de fantasmes,
26:56 avec aussi bien des lieux que des rôles,
26:59 et des mises en scène parfois extrêmement savantes,
27:02 qui permettaient de réveiller un petit peu ce désir mourant.
27:05 Ça pouvait être le fantasme de l'infirmière, par exemple,
27:08 on a énormément de témoignages sur la question.
27:11 Il y avait un ministre qui adorait jouer le rôle du chirurgien.
27:14 En fait, une des particularités des bordels, c'est que c'était des lieux sous surveillance,
27:17 c'est-à-dire que la police y avait ses habitudes,
27:20 et parfois, ça pouvait aussi remonter dans les ministères,
27:23 quand on avait besoin d'un petit dossier sur une personnalité bien connue.
27:31 Dans les décors, il y a le donjon, évidemment, qui est dans les caves,
27:34 c'est-à-dire l'endroit où se passent les pratiques sadomasochistes.
27:38 Il y avait vraiment des tas de dispositifs mis en place
27:41 pour permettre que des voyeurs puissent prendre leur plaisir.
27:44 Il y avait aussi, d'ailleurs, dans le personnel des maisons,
27:47 en plus des filles, des étalons,
27:50 puisque certains messieurs aimaient voir un bel homme bien équipé s'occuper d'une fille.
27:54 Il fallait assouvir tous les fantasmes,
27:57 la sexualité latente, l'homosexualité réelle aussi.
28:01 Paris était une des deux villes les plus connues pour le milieu de la prostitution avec Berlin.
28:08 Berlin étant plus spécialisée sur les garçons et sur le lesbiennisme que Paris.
28:14 Et en fait, quand un chef d'État venait à Paris,
28:17 il y avait dans son programme officiel la visite au président du Sénat,
28:22 et la visite au président du Sénat était le code pour dire
28:25 "Nous allons vous emmener dans une soirée dans un des grands lieux de plaisir de la ville de Paris."
28:31 Ce qui est intéressant dans le fantasme, c'est que c'est révélateur de la société qui le produit.
28:38 Le fantasme religieux est en perte de vitesse,
28:41 puisque l'Église est clairement en perte de vitesse.
28:44 Elle incarne de moins en moins de choses.
28:46 C'est-à-dire qu'au fur et à mesure qu'un interdit devient moins fort,
28:49 il devient aussi moins fantasmatique.
28:52 Ce qui était fantasmatique durant les années 80,
28:55 à une époque où Internet n'existait pas,
28:57 pour toute une génération, c'était les films qu'on regardait en famille,
29:01 et qui contenaient, cadeau épatant, une scène de sexe.
29:05 J'ai quelques souvenirs, notamment du début du film "Les Prédateurs",
29:12 que j'avais réussi à enregistrer suprépticement sur le magnétoscope familial,
29:16 et malheureusement ma mère s'est levée pendant la nuit et a coupé,
29:19 juste au moment fatidique, c'est-à-dire au moment où les choses commençaient.
29:22 Il y avait la fameuse scène de la douche entre Bowie et Deneuve,
29:25 en train de se laver nue.
29:27 Voilà, c'est vraiment pas grand-chose.
29:29 C'est vrai qu'on était aussi dans...
29:31 La particularité, enfin la différence par rapport à maintenant,
29:34 c'est qu'à l'époque, on avait très peu accès à des images sexuelles.
29:38 Donc, finalement, il suffisait de très peu de choses pour fantasmer.
29:42 Clairement, mes éveils sexuels liés au cinéma,
29:46 il y a plein de films comme ça que je peux citer, mais qui me tordaient le ventre.
29:49 Je me disais "Ah oui, c'est ça, c'est comme dans Le Nom de la Rose".
29:54 Et la fameuse scène culte avec Christian Slater et un petit sauvageon.
29:59 C'est autant la façon dont elle lui arrache sa robe de moine.
30:03 Il y a un truc animal dans cette scène.
30:05 Cette scène a été réalisée par Jean-Jacques Hano.
30:09 Christian Slater y joue un moine novice,
30:11 et Valentina Vargas une paysanne entreprenante,
30:14 dans l'ombre des cuisines d'une abbaye, en plein Moyen-Âge.
30:18 Je savais depuis le début, et j'en avais parlé à Valentina,
30:23 je lui avais dit "Valentina, je vais te raconter la scène à toi,
30:26 mais je t'interdis de lui en parler, car c'est toi qui le prends".
30:33 Et ce jeune homme, dans la vraie vie,
30:37 n'a jamais vu de femme nue devant lui.
30:43 Et je me souviens de ce moment tout à fait magique,
30:47 où elle s'étend, il est nu,
30:53 elle le pose contre son corps, elle le presse contre son corps,
30:58 et là, j'ai assisté, effectivement, à un frisson.
31:04 Son corps à lui a totalement basculé, immédiatement.
31:13 Et c'était, voyez, c'est la différence entre une scène moche,
31:23 je suis même ému en vous en parlant, parce que c'était beau.
31:29 Le Nom de la Rose, adapté du roman de Umberto Eco avec Sean Connery,
31:34 La Guerre du Feu, L'Ours, Sept ans au Tibet avec Brad Pitt,
31:38 Oscarisé, Césarisé, Jean Giacchano est l'un des cinéastes français les plus connus.
31:43 Durant les années 90, il adaptait le roman de Marguerite Duras, L'Amant,
31:47 Jane Marsh, Tony Leung, l'histoire d'une initiation sexuelle,
31:51 celle d'une jeune fille par un riche et magnifique chinois,
31:54 un réservoir à fantasmes et un événement mondial.
31:57 En Asie, L'Amant était un film qui a été vu sous le manteau,
32:02 sous la jupe, et aujourd'hui, beaucoup, beaucoup de jeunes femmes
32:08 m'expliquent que c'est ce film qui leur a fait leur éducation sexuelle.
32:12 Alors c'est très amusant, d'ailleurs, elles viennent faire des photos avec moi,
32:15 elles sont toutes timides comme ça, et ensuite, elles me regardent et elles disent
32:19 "Thank you, you have made my sexual education."
32:22 Et c'était très fréquent, je veux dire, c'est quasiment chaque jour.
32:30 L'Amant
32:34 C'est un film extrêmement mouillé, et ça, si vous voulez, j'ai arrosé tout le temps,
32:45 de façon à être dans cette ambiance qui se retrouve aussi sur les peaux.
32:50 Ce sont des peaux où la sueur perle, et ce que j'ai fait,
32:55 afin d'avoir cet effet, c'est de chauffer mon décor à 38 degrés, c'est très chaud,
33:03 et de le mettre à 100% d'humidité relative.
33:06 Et là, vous n'avez plus les mêmes scènes.
33:10 La dignité de l'Asie
33:14 Ma seule vraie indication à Tony Lang, je lui ai dit
33:31 "Tony, je veux que tu représentes la dignité de l'Asie."
33:35 Et je crois que ce qui le rend particulièrement désirable,
33:41 outre la très grande qualité de sa peau, c'est l'élégance de son comportement.
33:48 C'est quelqu'un d'une très grande délicatesse.
33:50 Et je crois que cette délicatesse plaît énormément.
34:00 Il n'y a pas de femme qui aime la même chose exactement, tu vois.
34:05 Alors que les hommes, je crois que...
34:07 J'ai l'impression qu'il y a un pourcentage très élevé qui aime plus ou moins la même chose.
34:12 Pour les femmes, l'excitation est cérébrale.
34:16 Elle passe par l'esprit.
34:18 Nous avons besoin de préliminaires.
34:20 Nous aimons les atmosphères.
34:22 Quand il y a de la séduction, il faut nous chauffer.
34:26 Les fantasmes féminins, vaste sujet que Freud appelle le continent noir.
34:31 En 1973, la journaliste américaine Nancy Friday révélait dans "Mon jardin secret"
34:36 que les femmes avaient des fantasmes crus,
34:38 loin des doux baisers des premiers romans de la collection Arlequin.
34:42 Après des siècles de domination des fantasmes masculins dans la culture,
34:46 les fantasmes des femmes semblent peu à peu truster le marché de l'art.
34:51 En 2012, une mère de famille anglaise, E.L. James, publie une trilogie littéraire.
34:56 L'histoire d'une étudiante qui se soumet sexuellement à un riche playboy et adore ça.
35:01 Succès planétaire pour "Fifty shades of Grey",
35:04 phénomène passionnant que les médias s'empressent de baptiser le "mommy porn".
35:08 Succès planétaire quasi-simultané pour la trilogie "Crossfire"
35:12 de l'américaine Sylvia Day, parue dans 40 pays.
35:15 Et même trame scénaristique.
35:17 À New York, Manhattan, l'héroïne Eva tombe folle amoureuse de son patron Gideon.
35:22 "Vous savez, mes romans sont en grande partie mes fantasmes.
35:29 Beaucoup de gens me demandent est-ce que Gideon est réel ?
35:32 Et je dis que oui, parce qu'un jour, à New York, il y a trois ans,
35:36 je marchais dans la rue comme n'importe quel New Yorkais,
35:38 et un homme très beau est sorti d'un immeuble.
35:41 Il portait un superbe costume trois pièces.
35:44 Il avait des beaux cheveux, un visage magnifique.
35:47 Et je me suis arrêtée nette sur le trottoir.
35:50 Et puis, il est entré dans une voiture qui l'attendait.
35:53 Elle a démarré.
35:55 Et l'histoire d'Eva et Gideon, c'est le fantasme qui m'est venu à ce moment-là.
35:58 Qui est la femme qui l'attend à la fin de ce trajet en voiture ?
36:01 Quel genre de femme peut rentrer chez elle avec un tel homme, et vice-versa ?
36:05 Et maintenant, il y a cette histoire d'amour à travers laquelle
36:08 nous sommes toutes tombées amoureuses du même homme.
36:11 Est-ce que c'est sain de vivre ça dans sa vie de tous les jours ?
36:14 Absolument.
36:16 Si vous travaillez avec quelqu'un, peut-être qu'il est marié,
36:18 peut-être qu'il a une petite amie, peut-être que vous êtes mariés.
36:21 Mais il n'y a rien de mal à être excité par le fantasme de quelqu'un
36:24 qu'on imagine être quelqu'un d'autre,
36:26 et de soi-même s'imaginer dans la peau de quelqu'un d'autre.
36:29 Je pense que tout cela est très sain.
36:32 Dontacte. Crossfire, c'est aussi du sexe.
36:35 Intense, détaillé, avec à la clé pour Eva la promesse d'une fessée.
36:38 Évoquer, annoncer mes suspens, sera-t-elle un jour administrée ?
36:43 Il y a souvent une confusion dans les esprits.
36:47 Certains pensent qu'un homme dominant dans la chambre à coucher
36:50 rend la femme inférieure, ce qui n'est pas le cas, à mon avis.
36:54 L'enquête du psychanalyste Brett Kahr le précise.
36:57 30% de la population adulte, y compris les hommes donc,
37:00 ont des fantasmes masochistes, mais presque autant ont des fantasmes sadiques,
37:05 des désirs de sexe de groupe, voire d'orgie.
37:08 Le monde des fantasmes, royaume imaginaire, ne connaît ni loi, ni convention.
37:13 Artiste contemporaine anglaise, Janine Wollard se représente dans une série d'autoportraits
37:27 en plein délire, en plein désir, en plein fantasme donc.
37:32 Rêverie picturale, parfois miroir de tableaux historiques.
37:36 La raison pour laquelle j'ai commencé à me mettre nue dans mes œuvres,
37:43 c'est parce que je n'arrivais pas à trouver ce que je pourrais porter comme vêtement,
37:47 dans le sens où quoi que je porte, cela aurait eu un impact sur la lecture qu'on aurait eue de l'image.
37:54 Donc je me suis dit, si je suis nue, je deviens un corps historique artistique, un corps sans âge.
38:02 Dans cette œuvre en particulier, il y a cette idée que je vais me soumettre à cette domination.
38:07 Mais la position que je prends dans cette image est celle que j'ai choisie pour être là.
38:13 J'ai choisi cette soumission, mais en même temps c'est moi qui domine,
38:17 car je suis celle qui prend la photo et c'est moi qui mets en scène la composition.
38:22 Et j'ai inclus dedans une figure qui, bien qu'il se présente comme un agresseur allant peut-être me kidnapper,
38:30 ou me saisir par les cheveux, est aussi un personnage très fragile d'un point de vue historique.
38:36 Il fait partie d'un peuple qui a été quasiment annihilé.
38:41 Dominateur ou tendre, Sergi Lopez mise en scène par des femmes, indéniablement, c'est l'amant idéal.
38:54 La réalisatrice espagnole Isabel Cocher le prouve dans "Carte des sons de Tokyo".
39:00 Quand je vous mets en danger, je pense à elle.
39:04 Dans un love hotel à Tokyo, où l'on choisit la chambre de ses fantasmes,
39:11 le personnage joué par Sergi Lopez guide sa nouvelle amante.
39:15 Il y a de la vraie écriture sexuelle, pas seulement avec des dialogues,
39:24 mais qui sait expliquer ce qu'ils font et comment ils le font.
39:26 Ca je trouve qu'on en a besoin.
39:29 Précision des gestes, verbalisation, pour Sergi Lopez, une femme aux commandes d'un film,
39:34 sexuellement, ça change tout.
39:38 On a joué à ce jeu.
39:41 Elle a dit "s'il vous plaît, le premier doigt".
40:06 Le sexe, pour un point de vue peut-être trop masculin,
40:10 dans les films, souvent il est vu d'une façon super simple.
40:14 C'est écrit, ils s'embrassent, ils font l'amour.
40:17 Même des fois, ils se disent qu'ils font l'amour très passionnément.
40:23 Bon, très passionnément, mais comment ?
40:27 Très passionnément, tu veux dire que tu ne peux pas lâcher deux acteurs ?
40:30 Allez, fais de l'amour très passionnément.
40:32 Oui, mais quoi ?
40:33 Passionnément, pour toi, ça veut dire quoi ?
40:36 Passionnément, pour moi, ça veut dire quoi ?
40:38 Des fois, ils disent qu'ils font l'amour comme ils ne l'ont jamais fait.
40:42 Mais comment ils l'ont fait ? Nous, on ne sait pas, on est des acteurs.
40:45 Donc je trouve qu'on a besoin de femmes pour inventer des autres façons de faire l'amour.
40:50 Worsing, sud de l'Angleterre.
40:56 Petra Joy, allemande, réalise elle aussi, mais des films explicites.
41:01 Auteure de documentaires, de livres, créatrice d'un festival de films X féminins,
41:06 elle est l'une des pionnières d'un genre nouveau, le porno féministe,
41:10 avec "Female Fantasies" ou "The Female Voyeur".
41:14 Nous nous apprêtons à filmer la première prise de la première scène de "The Female Voyeur"
41:18 et je suis impatiente.
41:20 C'est assez révolutionnaire ce qui se passe actuellement,
41:26 que des femmes expriment leur fantasme sexuel au travers de films ou de livres.
41:30 Avant, tout ça était un peu caché et tabou.
41:33 Et les choses qu'on voyait exprimaient plutôt le point de vue des hommes,
41:36 avec la femme comme objet sexuel.
41:39 Nous, les femmes, nous sommes très désireuses de voir des images érotiques
41:47 qui font valoir le point de vue féminin.
41:50 Et moi, je ressentais simplement le besoin de faire des films qui reflètent mes fantasmes,
41:55 ceux de mes amis et ceux des protagonistes de mes films.
41:59 Je voulais montrer un peu aux gens ce qui se passe dans l'esprit des femmes.
42:03 Dans mes films, j'ai envie de montrer des beaux visages d'hommes, des fesses, des mains.
42:16 Alors qu'un homme qui fait un film pour les hommes, il présente la femme comme un objet du désir.
42:21 Il montre ses seins, son vagin, son visage.
42:24 C'est donc une approche diamétralement opposée.
42:28 Je trouve les ombres et les silhouettes très érotiques, passionnantes et excitantes.
42:32 Car une partie de ce qui se passe sur le plan sexuel dépend alors de notre propre imagination.
42:37 Et personnellement, je trouve que le moins est le plus.
42:42 Quand je vois moins, mon imagination est plus stimulée.
42:45 Je peux contribuer à écrire le film dans ma tête pour en faire quelque chose d'excitant.
42:49 Je crois que c'est un fascinant travail de faire des films.
42:56 Je crois qu'il y a une sursaturation en matière de porno.
43:00 Oui, en fait, l'industrie du porno a vécu.
43:03 Il ne s'agit plus de consommer le sexe comme une marchandise, mais de vivre librement sa sexualité.
43:09 Et il me semble que c'est effectivement vers ça que les jeunes s'orientent aujourd'hui.
43:14 Ils se disent "oui, je peux voir tous ces films sur Youporn, mais est-ce que j'en ai vraiment envie ?
43:20 Non, plutôt non.
43:22 Et je crois que ce sera la tendance de demain.
43:25 Effectivement, parce que tous ces contenus sont visibles partout, non censurés et librement accessibles,
43:31 ils ne sont peut-être plus tellement attirants et intéressants.
43:34 La génération Y, lassée du porno ? Pas sûre.
43:41 Manga, androgynie et gothique vampirique restent de mise.
43:45 Mais la culture jeune transpire le sexe bien dur.
43:48 Le nouveau hit boy ? Un acteur porno, James Dean.
43:52 Les super-héros ? Des super-héros, super-performants et super-pornos.
43:57 Sexe débauché dans Spring Breakers, sexe désabusé dans la série Girls, poupées gonflables, robots sexuels.
44:04 Cette saturation d'images explicites aurait-elle annihilé toute forme d'imaginaire ?
44:09 Où sont les fantasmes ?
44:11 C'est l'une des questions posées par le nouveau prodige du roman 2.0, une beauté argentine.
44:17 Dans les théories sauvages, multi-traduit, Paula Olojick-Sarac décrit la jeunesse de Buenos Aires.
44:24 Et là, attention, âme sensible s'abstenir.
44:27 On s'inflige, je cite, des branlettes d'humiliation, on baise à plusieurs, on se filme en train de baiser,
44:33 on poste ses zébas sur internet, bref, on vit dans le réel des fantasmes extrêmes.
44:42 Le roman n'est pas une autofiction, mais on y retrouve ce que je pense du monde contemporain et des choses que j'observe.
44:50 J'ai le sentiment qu'il existe une très grande pression pour que les personnes réalisent leurs fantasmes.
45:01 Et d'une certaine manière, ça leur enlève leur caractère fantastique, qui est la chose la plus belle qui soit.
45:09 C'est là que je vois le plus grand problème et la plus grande menace à l'encontre des fantasmes.
45:14 Ce n'est pas vraiment le fait de ne pas pouvoir les réaliser, mais plutôt le fait de devoir les réaliser.
45:20 Et que ce soit fondamental, comme si on devait faire une checklist des fantasmes réalisés.
45:26 Nombre de fantasmes réalisés aussi chez les adolescents filmés par Jean-Marc Barr et Pascal Arnold
45:34 dans chacun sa nuit, American Translation ou encore Chroniques sexuelles d'une famille d'aujourd'hui.
45:40 Quel est l'état de la jeunesse aujourd'hui qui était bombardée par l'image, qui prend cette image très au sérieux ?
45:49 Moi j'essaie d'être vigilant sur le regard sur la sexualité.
45:53 Je fais du porno, je consomme, je suis dans une poursuite émotionnelle, spirituelle, intellectuelle,
46:05 quand je suis dans un acte sexuel avec quelqu'un.
46:09 Et je ne sais pas si ces dimensions là sont encore valables pour aujourd'hui.
46:15 Parce que tout est dans l'image, tout est dans l'acte, tout est dans la performance.
46:20 - Bah va te branler. - J'ai déjà fait de t'ailleurs quand t'es parti à la boulangerie.
46:26 - Arrête, je te crois pas. - Si, je te jure.
46:32 - Et tu le fais souvent ? - Bah ouais.
46:39 Pascal et moi on essaie d'impliquer la sexualité dans nos films, dans quelque chose qui ressemble à la réalité,
46:45 où tout d'un coup ça peut être un regard, un touche, qui est cent fois mieux que le sexe en train de me faire comme ça.
46:54 J'ai ma main qui glisse jusqu'à ton sexe, et mon doigt qui le caresse tout autour.
47:01 Je veux te sentir t'ouvrir.
47:11 Je veux t'exciter jusqu'à ce que tout ton mental soit concentré là.
47:15 Quand le boyfriend lui raconte comment il se masturbe en pensant à elle, je trouve ça très très juste en émotion.
47:24 Quand nous on fait nos films, on est dans un monde où l'homosexualité, l'hétérosexualité, la bisexualité c'est acquis.
47:32 Et que dans ce monde là, on essaye de créer.
47:37 Loin des chroniques sexuelles d'une famille d'aujourd'hui, aux confins du fantasme, plongée en pleine perverse fiction.
47:44 Selon l'enquête du psychanalyste Brett Kahr, 4% de la population a des fantasmes d'un autre monde.
47:50 L'amour sans les humains, l'amour futuriste, une façon d'érotiser la mort selon Freud.
47:56 Un thème cher aux deux grands cinéastes du fantasme, David Lynch et David Cronenberg.
48:01 Fantasme d'étouffement, sadomasochisme et sexualité maladive chez Lynch.
48:07 Snuff movie, sexualité clinique, accident de voiture jouissif et autres limousines orgasmiques chez Cronenberg.
48:15 (Bruit de bouche)
48:18 (Bruit de bouche)
48:21 (Bruit de bouche)
48:24 (Bruit de bouche)
48:27 (Bruit de bouche)
48:30 (Bruit de bouche)
48:33 (Bruit de bouche)
48:35 (Bruit de bouche)
48:38 (Bruit de bouche)
48:41 (Bruit de bouche)
48:43 (Musique)
49:09 Vivrons-nous tous un jour nos fantasmes dans une réalité virtuelle ?
49:13 Ou sommes-nous condamnés à l'onanisme solitaire devant des vidéos explicites ?
49:18 Avec l'aventure d'Internet, la masturbation est devenue quelque chose d'énorme, une industrie gigantesque.
49:25 L'une des fonctions majeures d'Internet est d'être un service de masturbation pour les hommes.
49:30 Mais ce n'est pas la chose la plus heureuse dont l'homme serait capable.
49:34 Quelque part, c'est un peu différent pour les femmes, je ne sais pas exactement pourquoi.
49:39 Mais pour les hommes, il semble que c'est plutôt une mauvaise chose.
49:42 On m'a d'ailleurs fait des reproches à ce sujet, on m'a dit "mais vous faites ces images, que pensez-vous que les gens vont faire avec ?"
49:48 J'ai répondu non. J'espère que mes images vont inspirer les gens pour faire l'amour, et pas seulement pour se masturber.
49:55 Garder un réservoir de fantasmes est extrêmement important justement pour ne pas devenir blasé, etc.
50:02 Pour se dire "voilà, j'ai encore des choses qui m'excitent" tout bêtement, parce que je ne les ai pas épuisées.
50:08 Je serais curieux de voir ce qui pourrait se passer si on se projetait dans le futur, dans 100 ans.
50:16 Qu'est-ce qui se passerait si nous vivions dans une société encore plus sexuelle que celle dans laquelle nous vivons ?
50:23 Actuellement, nous avons des publicités gigantesques sur les murs, avec des mannequins à moitié nus.
50:29 Qu'est-ce qui se passerait si dans le futur, ils étaient complètement nus, et qu'ils étaient en train de copuler,
50:34 pour faire vendre des vêtements, ou de l'alcool, ou des vacances, ou n'importe quoi ?
50:38 Nous verrions partout des couples en train de copuler.
50:41 Nous pourrions développer notre technologie pour projeter des images d'activités sexuelles à la surface de la Lune.
50:47 Ou bien, il serait possible de voir les membres de la famille royale en train de faire l'amour.
50:52 Par exemple, nous pourrions voir le prince Charles, ou le prince Harry, ou leurs descendants, avoir des relations sexuelles en public.
50:58 Ça pourrait arriver.
51:00 On doit quitter le XXe siècle et leur système de morale, et essayer de poursuivre une discussion adulte,
51:07 qui incorpore le sexe, les fantasmes, mais les choses qui, quand même, sont humaines.
51:13 Tu veux bien venir me faire rire un petit peu ? Je me sens vraiment très, très sérieux.
51:23 Ce sont des questions vraiment très sérieuses.
51:26 Je crois que je n'ai jamais autant réfléchi de ma vie autour des fantasmes.
51:30 Elle a des pages de questions, j'adore ça.
51:34 Bisexualité, c'est un complexe, partout, stréolisme, relation quasi-asexueuse, vous allez loin.
51:41 Tout, sauf l'anal.
51:43 Ah, pourquoi ?
51:45 Bah, je ne sais pas, on n'est pas allés là-dedans. On a fait tout, sauf l'anal.
51:53 Au moment où il le joue, il doit bien se représenter en train de faire quelque chose avec Nathalie Baye.
51:58 Oui ou non ?
51:59 Mais c'est incroyable, la force que tu as dans ta tête.
52:03 Vous n'avez par exemple jamais fantasmé sur un corps de métier ?
52:07 Test de l'air, la secrétaire, la fermière, jamais ?
52:12 Bah, je les ai tous faits.
52:16 Ton fantasme à toi, peut-être que je trouvais ça choquant, sûrement.
52:24 Mais est-ce que tu as toujours joué ?
52:27 De toute façon, on pense toujours que c'est toi.

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