Zob in the Job

  • il y a 5 mois
Le documentaire explore le lien entre le porno et le monde du travail. Il examine comment le cinéma pour adultes s'inspire des codes et des figures de l'entreprise pour créer ses fantasmes.
Réalisateur: Olivier Ghis, rédacteur en chef du magazine "Journal du hard" à l'époque.
Transcript
00:00 Suite à votre correspondance, j'ai le regret de vous informer que la prime...
00:08 Voulez-vous relire s'il vous plaît ?
00:13 Voulez-vous relire s'il vous plaît ?
00:16 Elle avait à présent le sexe volumineux dans sa bouche.
00:19 Et attendez le liquide qui viendrait inonder son palais.
00:22 Convulsivement, sous les doigts de Gilou qui hurlait de plaisir.
00:26 Son sexe humide.
00:33 Dans la vie, la règle en général c'est nos hobbes, in job.
00:37 Elle connait !
00:39 Tout le monde vous le dira, tout le monde vous l'a d'ailleurs déjà dit sans doute.
00:42 Mélanger sexe et travail, c'est mal, c'est risqué, c'est casse gueule, c'est n'importe quoi.
00:47 Bref, faut prendre.
00:49 C'est un scandale ! Regardez ce qu'on vient de m'offrir, c'est...
00:52 Oh voyons, calmez-vous Josepha, cet objet est précieux.
00:55 Je vous donne ma démission !
00:57 Et bien dans le X, c'est le contraire.
00:59 Plus on s'en va en l'air au boulot, et mieux c'est.
01:01 C'est le patron qui vous a demandé de tester l'objet.
01:04 Ah alors si c'est le patron, faut lui faire plaisir.
01:07 Du coup, le mot d'ordre change radicalement pour devenir "Zob in the job".
01:12 Mais attention, tous les métiers ne sont pas logés à la même enseigne.
01:17 Si les infirmières, les plombiers, les secrétaires ou les femmes de ménage s'en donnent un coeur joie, la preuve...
01:23 *Cri de douleur*
01:25 *Cri de douleur*
01:28 Vous verrez rarement dans le X, un boucher, un notaire ou un éboueur.
01:32 Ah putain de bordel de merde !
01:35 Autrement dit, certains métiers sont sexy...
01:38 *Cri de douleur*
01:40 D'autres moins...
01:41 Et biffre !
01:43 Certains métiers se prêtent au porno, et d'autres pas du tout.
01:47 Putain, qu'est-ce que vous faites là ?
01:49 Toi et toi, vous tous les deux vous êtes virés dessus.
01:52 Eh, vous auriez pas une place ?
01:53 Alors pourquoi ?
01:55 Pourquoi par exemple, dans le top 3 des ventes et locations VOD, on trouve depuis des années les infirmières, les secrétaires, les soubrettes ?
02:03 Le succès constant des soubrettes étant d'autant plus curieux qu'elles ont quasiment disparu du paysage, faute d'employeur.
02:12 De A comme avocate, à S comme soubrette en passant par P comme plombier, voyons comment le X évoque le travail.
02:21 Et vous le verrez, les RTT ne sont pas perdus pour tout le monde.
02:25 Y a des métiers qui puent le sexe, je trouve que les métiers en uniforme puent le sexe, les métiers avec un rapport hiérarchique puent le sexe.
02:33 Les métiers de puent le sexe.
02:34 Que ce soit l'infirmière, la soubrette ou même la secrétaire, y a des codes.
03:01 En général, le métier est très lié à l'uniforme.
03:03 Et donc du coup, ils permettent vraiment d'avoir un univers visuel assez fort.
03:12 Il est sexy le costume de soubrette, il est très très sexy.
03:22 C'est l'un des seuls costumes dans lesquels moi je me suis sentie sexy en tant qu'actrice.
03:31 Mais arrête !
03:32 Voilà, ça va te calmer.
03:35 Ok, merci.
03:37 Merci, mais il faut que je dévoie quand même un peu.
03:39 Le cinéma a besoin d'annoncer tout de suite la couleur.
03:45 Le spectateur a besoin tout de suite de comprendre à la première entrée de l'actrice qu'il s'agit effectivement d'une infirmière.
03:56 Maintenant, promets-tu d'être un bon patient ?
03:59 Je dois retourner au travail.
04:22 Toujours le même vocabulaire, madame ! Vous manquez vraiment d'imagination !
04:25 Non seulement ça, il y a une autre ligne.
04:27 C'est comme ça, moi je vous le dis.
04:29 Si vous croyez le faire fort...
04:30 Bonsoir, monsieur Léon.
04:33 Monsieur Léon, j'aimerais bien vous parler.
04:36 Que puis-je faire pour vous ?
04:38 Tout.
04:39 Et surtout, ne dites pas non.
04:41 Bon.
04:42 Madame Huguette, mon lait !
04:48 Ce sont des professions qui sont associées à une disponibilité.
04:51 Oh !
04:52 Oh !
04:53 Oh !
04:54 Oh !
04:55 Oh !
04:56 Oh !
04:57 Donc disponibilité corporelle, disponibilité psychologique et disponibilité sexuelle.
05:19 On se dit, tiens, on va prendre un gynécologue.
05:22 Donc on va faire, mon gynécologue est un pervers.
05:29 Madame Gomes !
05:30 Mettez-vous en sous-vêtements, s'il vous plaît.
05:35 Le principal, c'est que ce soit un gynécologue.
05:39 Je vais commencer par vérifier votre poitrine.
05:42 Asseyez-vous.
05:45 Oh !
05:46 Oh !
05:47 Oh !
05:48 Eh bien, merci pour tout encore de faire.
05:52 Je vous en prie, je vais te taper l'œil.
05:53 À tout de suite.
05:54 Le principal, c'est que ce soit une fliquette.
05:57 C'est que ce soit...
05:59 un chauffeur de taxi.
06:01 Merde, il se croit tout permis, ces livreurs.
06:03 À partir du moment où on va choper la profession,
06:06 clac, c'est pas très difficile après de transformer ça en scène de cul.
06:10 Impossible d'aller plus loin.
06:12 Tout en conduisant d'une main experte,
06:14 je sentais le regard de mon client qui me détaillait.
06:17 Visiblement, il était aussi excité que moi à l'idée de ce qui allait suivre.
06:22 Il faut un mâle en bar, fait érection pour jeune fille en manque.
06:25 17, rue des Vierges.
06:27 Oh, c'est...
06:32 Oh !
06:34 Tu l'as eu !
06:35 Tu l'as eu !
06:36 Dans Pascal, le grand frère Piner,
06:41 souvent je fais intervenir une psychologue.
06:44 - Hé, c'est pas vrai ! - Attends !
06:47 - Hé, vas-y ! - Lâche-moi !
06:49 - Lâche-moi, t'as vu ! - Mais elle est folle, celle-là !
06:52 Bonjour, Pascal.
06:54 Josy, je pense.
06:56 Oui, enchantée.
06:57 Oui, non. Bonjour.
06:59 Forcément, c'est le bordel dans la famille.
07:02 Pourquoi faut que tu cherches la merde ?
07:04 Je cherche pas la merde, mais arrête de picoler !
07:06 Je sais pas, fais quelque chose de taille !
07:08 Qu'est-ce qui se passe ici ?
07:10 Josy, Bruno, qu'est-ce qui vous arrive ?
07:12 Et là, j'ai la psychologue qui arrive,
07:15 assez stricte, genre super nanny.
07:17 Patricia,
07:18 qui est conseillère conjugale,
07:21 spécialisée dans la thérapie de couple.
07:23 Et puis voilà, donc...
07:25 On la voit jouer la psy.
07:28 Il faut vraiment que vous appreniez à vous écouter l'un l'autre.
07:31 - Je crois que Pascal sera d'accord avec moi. - Absolument.
07:34 Pour, au final, se prendre un coup de bite
07:36 par le grand frère Piner
07:39 ou par le père, ou par j'en sais rien qui.
07:42 Elle a que des blouses,
07:45 et une culotte de grand-mère en dessous.
07:47 Même ma grand-mère, elle mettrait pas.
07:49 Regardez, moi, je suis sûr que vous avez un string.
07:51 Regardez.
07:52 Vous voyez, j'étais sûr que vous aviez un string.
07:54 D'accord ?
07:55 Ça me met quand même mal à l'aise.
07:57 Je suis quand même ici, normalement, pour pouvoir...
07:59 - Vous savez, vous... - ...vous permettre avec votre femme.
08:01 Oh, mon Dieu, c'est où, là ?
08:07 Dans le porno, on va grossir le trait, on va exagérer.
08:10 La secrétaire va faire tomber son stylo.
08:12 Va un peu baisser ses lunettes.
08:19 Va légèrement lever sa jupe.
08:22 Il y aura évidemment tout un attirail
08:28 qui est là pour plaire à ces messieurs.
08:30 Donc, oui, on caricature complètement.
08:35 Il suffit que le patient explique qu'il est un peu mal quelque part
08:38 pour que l'infirmière vienne tout de suite regarder
08:41 si, au niveau de son entrejambe, tout va bien.
08:44 On est quand même sur du très lourd.
08:46 Mais c'est bien aussi, mais c'est du très lourd.
08:48 Je n'en peux plus, Linda. Mettez une culotte, comme tout le monde vous en prie.
08:53 Oh, mon docteur, calmez-vous.
08:54 Tout ira bien si vous suivez le traitement.
08:56 - Montrez-moi ça. - Quel est l'imbécile qui a ordonné ce traitement ?
08:58 Mais c'est vous, docteur.
08:59 Mais laissez-le tranquille, le pansement vient de être refait.
09:01 Faites voir.
09:04 - Où se cache-t-il ? - En douce.
09:06 C'est comme les super-héros.
09:08 Moi, j'adore tout ce qui est too much.
09:10 Petit, petit, petit.
09:11 Et je pense qu'on en a besoin, c'est très bien.
09:14 En plus, on habite en France, on a déjà assez la tyrannie du bon goût
09:20 et de la subtilité, alors autant qu'on retrouve du too much dans le X.
09:24 Petit, petit.
09:28 Petit, petit.
09:30 Petit, petit.
09:34 Mesdemoiselles !
09:35 Qu'on se rassure, la tyrannie du bon goût n'aura sans doute jamais lieu dans le X.
09:42 En revanche, le goût du porno pour les petits métiers remonte à loin.
09:46 En effet, dès les premières bobines en noir et blanc
09:48 qui sont alors diffusées sous le manteau dans les années 20,
09:50 on trouve déjà nombre de scénettes liées au travail.
09:53 Qu'il s'agisse de l'atelier féminette
09:57 où cinq ouvrières batifolent gaiement dans un atelier de confection
10:01 ou encore de la nouvelle secrétaire,
10:03 lequel concentre déjà tous les clichés du genre,
10:06 il ne manque sans doute que la photocopieuse.
10:09 Au milieu des années 70, quand le porno est enfin autorisé en salle,
10:16 ils délaissent les petits métiers pour leur préférer un milieu,
10:19 la bourgeoisie, à laquelle on prête alors toutes les turpitudes, tous les fantasmes.
10:24 Mais pourquoi tout cela, Bruno ?
10:29 Je ne pouvais pas courir le risque d'avoir une famille inexperte.
10:32 Tu comprends mon amour ?
10:34 Il me fallait des preuves irréfutables de ton goût pour toutes les perversions
10:37 avant de te posséder.
10:39 Ce porno bourgeois, avec ses femmes délaissées, ses valets, ses chauffeurs,
10:43 s'avère d'ailleurs efficace puisqu'à l'été 1976,
10:47 un écran français sur trois est occupé par un film X.
10:50 Dans toute cette tradition de mise en scène de la bourgeoisie
10:54 qui va de kikouine jusqu'à dorsel,
10:57 c'est plutôt l'oisiveté qui est présente.
11:00 Voulez-vous danser ?
11:06 À l'époque, il s'agissait de faire rêver.
11:09 Un Gervais ou un Germinal hard n'était pas attendu par les producteurs et les distributeurs.
11:20 Alors, comment trouvez-vous mon chalet de neige ?
11:25 C'est merveilleux.
11:27 Superbe, un décor de rêve.
11:29 Superbe, un beau corps de rêve.
11:32 Oh, Michel !
11:35 Oh, pardon, excusez ma maladresse.
11:38 Le mot "bourgeois", ou plus exactement le mot "bourgeoise",
11:47 va être décliné à l'infini.
11:54 Alors, on aura la bourgeoise en chaleur,
11:56 les après-midi d'une bourgeoise en chaleur,
11:59 bourgeoise et pute, qui va être un des grands classiques de l'époque.
12:03 Tiens, à ce propos, une dernière saloperie de Sandra.
12:06 J'ai couché plusieurs fois avec Pierre, ton mari,
12:08 ou plutôt ton fiancé,
12:10 à l'époque où nous étions partis tous les trois en vacances.
12:13 La bourgeoise est donc une valeur sûre.
12:17 Mais ce qui fait surtout fantasmer dans la France de Valéry Giscard d'Estaing,
12:20 ce sont les rapports de Madame avec son personnel.
12:24 Bonjour, Madame.
12:25 On vous appelle comment ?
12:26 On ne m'appelle pas, moi.
12:27 Mon nom est Hector Laville.
12:29 Votre cheval s'appelle Foudre.
12:31 Et là, on tombe un petit peu dans le fantasme
12:34 l'amant de Lady Chatterley.
12:36 Les femmes ont aussi envie de se taper le garde-chasse.
12:38 Donc, vous allez avoir le garde-chasse, le flic,
12:45 le garagiste, avec un peu de cambouis,
12:47 avec des signes de virilisation.
12:52 Qu'est-ce que vous avez, Hector ?
12:54 Votre mari a donné des ans.
12:56 Ce peuple qui travaille, c'est celui dont on a besoin pour le service,
13:12 comme disait Marx.
13:13 C'est-à-dire que, voilà, c'est les domestiques,
13:18 le reste étant tout à fait exclu du champ de la caméra.
13:22 Pourquoi les petites bonnes ?
13:29 Alors, les bonnes, par exemple.
13:30 Ah, les bonnes !
13:31 Il y a une espèce d'inconscient qui dit qu'elle est soumise,
13:42 la bonne est soumise au patron.
13:44 D'ailleurs, il y a eu beaucoup d'enfants illégitimes
13:46 qui sont nés de ce qu'on appelait la bonne.
13:48 Parfait, absolument parfait !
13:58 À ce sujet-là, je vais vous faire une confidence.
14:00 J'ai perdu mon pucelage, moi, avec la bonne.
14:03 C'est la Mercedes, je veux le dire.
14:08 On salue donc Mercedes si elle nous écoute,
14:12 mais cette imagerie où les employés sont disponibles
14:15 tant sur le plan professionnel que sexuel
14:17 laisse les actrices d'aujourd'hui un peu dubitatives.
14:20 Excusez-moi, mademoiselle, je vous observe.
14:25 Je n'ai pas l'impression que vous fassiez grand-chose.
14:28 C'est débile, hein !
14:29 À faire semblant de nettoyer, à me baisser.
14:31 "Oh, pardon, excusez-moi."
14:33 Et puis ça part en vrille, c'est un peu comme du théâtre, en fait.
14:37 Ma formation, c'est sous-brette.
14:43 Regardez.
14:44 Mais je vous ai dit qu'on avait besoin de personne.
14:46 J'ai tout ce qui va avec.
14:48 Voilà, il est bien, mon costume.
14:51 Ah oui, quand même, oui.
14:52 Il y a quand même un cliché qui, d'un côté, me fait rire
14:57 parce que je pense que nous, les femmes, on en joue,
14:59 mais qui, d'un autre côté, me dérange un petit peu en tant que féministe.
15:02 Elle savait parfaitement comment combler toutes les attentes de son employeur.
15:07 J'ai constamment l'impression de mettre en scène la soumission féminine
15:11 au patron, donc à l'homme fort.
15:15 D'un côté, ça m'excite, et d'un côté, ça me dérange un petit peu.
15:23 "Ah, vous tombez bien, vous."
15:25 "Ils m'ont énervé, vous ne pouvez pas savoir à quel point."
15:28 "Je crois que vous confondez, là."
15:30 "Je ne suis ni la standardiste, ni votre secrétaire."
15:32 "Ah bah, qu'est-ce que vous pouvez faire comme manière, vous ?"
15:38 Et Anna n'est pas la seule à s'émouvoir de l'image plus ou moins flatteuse
15:41 de néo-femmes dans l'UX.
15:43 Dès les années 80, alors que le porno se remet au petit métier
15:46 avec l'explosion de la VHS et du cinéma amateur dans la France de François Mitterrand,
15:51 il use et abuse de titres accrocheurs,
15:54 impliquant profs ou secrétaires, infirmières ou contractuelles.
15:57 Au point qu'une profession, celle des ouvreuses de cinéma,
16:01 réagit à la sortie de "L'ouvreuse n'a pas de culotte".
16:03 "Non, nous ne pouvons pas sortir un film avec un titre pareil."
16:07 "Mais personne ne viendra enfin, l'enculé Aluculele."
16:10 "Excusez-moi, je vous rappellerai."
16:14 "Vous venez pour la place d'ouvreuse ?"
16:16 "Oui."
16:17 Là, il y a eu un problème.
16:19 Il y a eu un problème parce qu'évidemment, ce film passait en salle.
16:22 Les ouvreuses des cinémas pornos ont été très en colère
16:31 parce qu'elles ont dû se faire emmerder par des blagues potaches.
16:36 "Il est très cochon celui-là."
16:38 "Très."
16:39 "On voit tout ?"
16:40 "Absolument tout. Quel espoir."
16:42 "Vous genouillez tout ça ?"
16:50 "Ce n'est pas mon vouloir, un geste inconsidéré."
16:53 Donc il y a eu le syndicat CGT des personnels du cinéma
16:58 qui ont porté plainte.
17:00 "Vous travaillez dans le quartier ?"
17:02 "Je suis ouvreuse dans la salle à côté."
17:04 "La salle porno ?"
17:06 "J'y vais souvent après mon service."
17:08 "Vous vous entraînez ?"
17:10 En disant qu'il fallait quand même, par égard à cette noble profession
17:15 qu'est la profession d'ouvreuse,
17:17 il ne fallait pas faire de films comme "L'ouvreuse n'a pas de culotte".
17:20 "Vous pourriez surveiller la projection, c'est complètement flou."
17:24 "Excusez-nous, je vais prévenir pour chez Signe."
17:27 "Oh, pardon."
17:30 "Ah, non, restez, restez. Qu'est-ce qu'il y a ?"
17:33 "Ben, j'ai flu."
17:35 À la suite de cette affaire, d'autres corporations comme les pompiers,
17:39 la police ou encore les avocats
17:41 viendront manifester auprès des producteurs, des diffuseurs, voire de la presse,
17:45 leur mécontentement à voir leur image écornée par le porno.
17:48 "Pouvez-vous nous répéter ces paroles ?"
17:50 "Impossible. Vos articles seraient censurés."
17:53 Au point que les professionnels du X vont peu à peu apprendre à s'auto-censurer
17:57 ou alors à ruser, par exemple avec le barreau.
18:01 "Super."
18:02 Les avocates, c'est une interdiction totale, par exemple,
18:04 de leur faire faire une scène avec la robe. Là, y a atteinte.
18:07 "Bonjour, monsieur Lévis."
18:14 "Bonjour, maître. Comme convenu, je vais vous apporter toutes les preuves nécessaires à la constitution de mon dossier."
18:19 "J'ai fait suivre ma femme par un détective privé,
18:21 elle est en relation extra-conjugale avec un homme..."
18:24 "Non mais d'accord, mais là, le mec, il est quand même super mignon."
18:27 "Non mais ça, on pourrait presque couvrir des circonstances atteignantes."
18:32 "Tu portes atteinte à la profession si tu le fais avec la robe."
18:35 "Une avocate, elle a aussi une vie privée, elle a le droit de baiser dans sa vie privée."
18:39 "Et ben donc, tu la mets à baiser, mais, pam, tu souilles pas la robe, quoi."
18:44 En voici la démonstration toute simple avec cette scène
18:47 où effectivement, la robe est bien présente avant, tant que tout le monde reste sage,
18:51 mais disparaît très vite, Dieu sait où d'ailleurs, dès que la soirée dérape.
18:56 "Voilà, voilà, voilà, voilà, voilà..."
18:59 "Eh, franchement, il faut que tu le laisses, il faut que tu le laisses."
19:02 "Le soutien, le soutien, le soutien, le soutien, le soutien, le soutien, le soutien..."
19:07 Autre astuce, voici comment bricoler un uniforme pour éviter tout risque juridique,
19:14 par exemple avec les contractuels.
19:17 "Ah, je t'ai pas vu, toi, je t'ai pas raconté ce qui m'est arrivé hier."
19:20 "Non, vas-y, dis-moi."
19:22 "J'étais dans la rue Albert Camus et j'alignais les voitures,
19:26 et là, y a deux gars qui matent sur racaille."
19:29 "Elles sont à tout sauf Père Vanche, c'est-à-dire qu'on prend un bout de chaque chose
19:33 pour que l'uniforme fasse Père Vanche."
19:36 "Et là, les deux mecs marachent mon sac."
19:38 "Elle a l'air Père Vanche, hein, mais y a rien de Père Vanche."
19:44 "Faut pas qu'il y ait d'insigne, faut qu'il y ait rien, faut pas que j'ai marre à la République française, ça marche pas."
19:47 "Voilà, ça, le moindre truc."
19:49 "Ils ont voulu m'impressionner à me regarder."
19:51 "Et en fait, c'est moi qui les ai bousillées."
19:53 "Les hôtesses de l'air, faut pas qu'il y ait écrit "Air France" dessus, parce que ça marchera pas."
20:00 "Hôtesse, s'il vous plaît."
20:05 "Une seconde, votre hôtesse, je suis au courant."
20:08 Pour que ça marche, il faut donc rester prudent
20:12 et jouer la carte de l'irrévérence du détournement gentillet,
20:15 genre c'est juste pour rire.
20:17 "Satisfait ? Très bien."
20:20 "Mais j'ai envie de te dire, ça fait pas de mal."
20:22 "Est-ce qu'il y a un truc de méchant ?"
20:24 "Vous m'avez fait appeler, chef."
20:27 "Au fait, on en est où un petit peu de l'affaire du trafic international du gars de Michel ?"
20:30 "Quand dans "Tout a déclaré", une parodie d'un film de Danny Boon, "Rien a déclaré",
20:36 moi j'ai pas mis des douaniers, j'ai mis des fliquettes."
20:38 "On vient de poser les écoutes, on attend des résultats."
20:41 "Oui, ben il faut des résultats rapidement, moi, parce que moi j'ai le préfet qui m'appelle continuellement."
20:45 "Oui, chef."
20:47 "Non mais j'ai tous les professionnels des textos, je les ai au cul là, depuis cette affaire là, ça ne me lâche pas."
20:51 "Tu vois, il y a une espèce de petite enquête à la con sur un trafic de godes, machin."
20:56 "Le premier véhicule est arrivé."
20:58 "T'as pas entendu la marche en bise ?"
21:03 "T'inquiète, je te montre ça tout de suite."
21:06 "Bon écoute, je m'en mets 200 000, et j'espère pour toi que c'est de la bonne."
21:12 "Tu sais quoi, le meilleur moyen pour savoir si la cam elle est bonne, c'est de la goûter."
21:16 "Alors, t'as qu'à te la mettre dans le cul."
21:18 "C'est pas méchant, tu vois, et ça nourrit les fantasmes, et puis les mecs sont là, et pourquoi pas les filles, ça regarde, ça se branle, tout le monde est content."
21:26 "Bouge pas ! Bouge pas à terre ! A terre ! J'ai mal sur la tête à terre !"
21:32 Et puisque nous en sommes aux délicates questions légales, voyons donc ce que dit la loi sur le sexe au travail.
21:40 Juste par curiosité, comme ça, dans la vraie vie, on peut ou pas ?
21:44 "Aujourd'hui, un patron qui utiliserait, ou un supérieur hiérarchique qui utiliserait, ne serait-ce qu'un début d'argument lié au monde du travail, à l'avancement au salaire, à l'emplacement géographique, à la prime de mutation, je ne sais trop quoi, tout cela, connoté sexuellement, signifie immédiatement la guerre de la vue."
22:06 "Ah bah vous êtes encore là, vous ?"
22:09 "Ah patronne, oui, oui, vous voyez, je suis en train de ranger l'établi."
22:13 "J'ai un peu chaud."
22:15 "Vous avez pas envie de changer de poste ?"
22:18 "Bien sûr."
22:20 "C'était vrai pour la promotion."
22:26 "Le Code pénal français prévoit une série de sanctions pour tout un tas de gestes très anodins qui peuvent se dérouler sur le lieu du travail."
22:41 "Par exemple, le simple fait de passer la main dans les cheveux de quelqu'un, du secrétaire, d'un collègue, est considéré comme une agression sexuelle."
22:50 "Une agression sexuelle, c'est minimum trois ans de taule, etc. Donc le programme est quand même assez copieux et, on va dire, serré."
23:00 "Arrêtez, je suis l'inspecteur Durieux, je vous arrête."
23:03 "Arrêtez, première sondation."
23:07 "À chaque fois que vous commencez à draguer et que vous avez un petit sentiment, quelque chose qui se passe de l'ordre de la libido sur le lieu du travail, il faut tout de suite avoir une alarme qui dit 'danger, danger, danger'."
23:18 "Ah, Albert !"
23:36 Bref, le travail, c'est pas la fête, ça on le savait déjà un peu, et surtout pas celle du slip. En gros, ça mérite un petit remontant.
23:44 Allez, interlude, tiens.
23:47 "Monde merveilleux, monde fabuleux, aux profondeurs exquises, aux rondeurs harmonieuses, aux roulements affolants, voici mes amis, le monde de la fesse, où tout porte bien l'ordre."
24:03 "La fesse paumée, la fesse courageuse, la fesse gourmande, la fesse rêveuse, la fesse libérée."
24:08 Alors reprenons.
24:11 Notre avocat était très clair, le travail n'aime pas le sexe. Ce qui, entre nous, n'est pas très sympa, puisque le sexe, lui, aime le travail.
24:20 Car en effet, le sexe est par essence dérangeant, hors cadre, en un mot, transgressif. Ce que le porno a très bien compris.
24:31 Beaucoup de films pornographiques sont bâtis sur le schéma suivant, c'est-à-dire que le travail est interrompu par le sexe.
24:36 "T'arrives pas, toi, de temps en temps, de regarder un petit porno au boulot ?"
24:39 "Non, n'importe quoi, t'es dingue ou quoi ?"
24:42 On rêve tous d'arrêter de travailler pour faire une chose plus agréable.
24:45 "Il y a personne, ils sont tous en paix."
24:46 "C'est ça, oui, c'est comme ça qu'il y en a qui se font gauler."
24:49 C'est presque un réflexe primitif.
24:55 Bah oui, si on pouvait s'arrêter de travailler, parce que le travail c'est fatigant, ça donne pas toujours du plaisir, alors que le sexe, a priori, plutôt.
25:02 J'irais pas jusqu'à dire que c'est anarchique, mais en tout cas, c'est transgressif.
25:08 Et lorsque la secrétaire et le patron s'envoient en l'air...
25:13 "Nous nous voyons quand, quand voulez-vous ? Aujourd'hui ? Attendez, je regarde."
25:18 "Non, mercredi."
25:24 Je veux dire, en dehors du plaisir qu'ils peuvent prendre l'un et l'autre, c'est pas productif.
25:28 "Mais peut-être pouvez-vous décommander ce rendez-vous ?"
25:30 "Ah non, monsieur, ce serait pas sérieux. Ça fait trois fois que vous le reportez, et toujours pour la même raison."
25:35 "Et vous vous en plaignez ?"
25:37 "Oh non, monsieur."
25:39 "Allez, donne-moi ton cul juste pour m'encourager à traverser Paris."
25:42 "J'aime bien quand monsieur me tutoie."
25:46 Il y a quelque chose de l'ordre du renversement, il y a quelque chose de l'abolition, effectivement, des hiérarchies.
25:53 "Ah ah ah ah !"
25:54 "Tu vois, je te l'avais bien dit. Notre patronne est une bête de m****."
25:59 "Ah mais je ne vous permets pas, non, mais ça va pas ? Sortez-moi de là, tous les deux, là. Allez, oui oui, sortez-moi de là !"
26:04 Et surtout de l'abolition des conventions sociales, et de l'abolition justement de cette distance entre les corps.
26:11 "Il y a quelqu'un ?"
26:13 "Je comprends pas, c'est pas toi qui t'occupe de ça d'habitude."
26:17 "Tu comprends pas ?"
26:19 "Bah non."
26:20 "Et là tu comprends bien ?"
26:21 "Et qu'est-ce que tu fous ?"
26:22 Dans la vie "normale", il y a effectivement beaucoup d'étapes à franchir avant d'avoir un rapport sexuel avec quelqu'un.
26:29 Ce que fait le porno justement avec les professions de contact, c'est qu'il abolit la ritualité sociale.
26:45 Et donc effectivement le contact des corps se fait immédiatement, quasiment sans préliminaire, juste avec un prétexte.
26:52 Et le prétexte, comme on l'imagine, peut être dans le X très fantaisiste, voire hautement improbable.
27:14 Une fliquette, il y a le côté strict, il y a le côté peut-être un peu autoritaire, t'auras jamais ce rapport-là avec une fliquette.
27:20 Et ben dans un film de cul, tu pourras l'avoir.
27:22 Parce que justement, voilà, c'est la magie, c'est tiens, c'est une fliquette.
27:38 Elle fait la meuf un peu stricte alors qu'en fait la nuit c'est une sauvageonne, nana, c'est ça qui est génial.
27:44 On invente n'importe quoi, on s'en fout.
27:54 Et en matière d'irrévérence, le porno d'aujourd'hui, cible des métiers avec lesquels le public, crise et plans sociaux obligent à quelques comptes à régler.
28:06 En voici un premier exemple.
28:08 Récemment, j'ai joué, pour une fois j'y ai repensé, le rôle d'une DRH.
28:29 Et justement pour une nouvelle technique, une nouvelle méthode de management, je poussais mes collègues à coucher ensemble pour régler leur conflit.
28:36 Et ça marchait très bien.
28:38 C'est une honte ! Les salécas ne resteront pas sans rien faire.
28:42 C'est pas fait pour rien !
28:45 Si j'ai réussi à maintenir le bien-être des employés dans cette entreprise, c'est en évitant tout conflit inutile.
28:50 D'après mon expérience, je ne vois qu'une seule solution pour gérer cette crise.
28:53 Vous avez bien raison Ludivine.
28:56 Allez, tout le monde à poil ! Ex-la-baisse ! C'est un ordre !
28:59 On se disait justement que c'est seulement le cas dans la vraie vie, mais je sais pas non.
29:09 Mais s'ils se moquent le plus souvent gentiment, le porno peut aussi prendre un tour plus grinçant.
29:15 Notamment avec des professions qui crispent les Français les plus fragiles, avec en tête de liste.
29:19 Devinez qui ?
29:20 Je suis vraiment surprise parce qu'après seulement deux ans dans le secteur bancaire, on vient de me proposer de diriger l'agence.
29:26 La bancaire c'est le top du top.
29:28 Je suis vraiment ravie.
29:29 Je pense à des sites comme Jacky et Michel, on a beaucoup le mythe de la bancaire, de l'assureur.
29:33 Et ça, ça cartonne, parce que le Français a bien évidemment en ce moment un rapport très tendu avec son banquier.
29:39 Selon votre dossier, malheureusement, je ne vais pas pouvoir vous accorder ce temps.
29:43 Dans le moindre bled maintenant, il n'y a plus que des banques. Il y a des banques partout. Il n'y a plus de commerce, il n'y a plus rien.
29:48 Mais il y a 500 habitants, il y a 10 banques.
29:50 C'est quoi votre projet exactement ?
29:51 Je voudrais me refaire la poitrine.
29:53 Non mais bon, à 21 ans, on se refait pas la poitrine, mademoiselle.
29:57 Je trouve qu'ils sont très petits.
29:59 C'est tout vide.
30:01 C'est tout vide, c'est vétérinaire.
30:04 Oh, alors c'est pas vide.
30:05 Il n'y a pas grand-chose.
30:06 À 21 ans, désolé mais c'est vrai.
30:08 Je m'avais fait un pourvoir sale où j'étais une banquière, ou donc directrice d'agence.
30:14 Bonjour.
30:16 Bonjour.
30:17 Je vais vous apporter la pièce du centre.
30:19 Je vais vous accompagner dans la salle des coffres.
30:21 Mes clients voulaient des prêts.
30:24 Après, s'ils voulaient avoir un prêt ou des facilités de paiement, il fallait qu'ils donnent davantage de leur personne.
30:30 Attendez-moi deux minutes.
30:33 Allez-y.
30:34 Je trouvais que c'était quand même vachement long.
30:38 Je pousse la porte.
30:40 Excusez-moi, vous avez un problème ?
30:41 Vous avez un problème ?
30:42 Là, finalement, la banquière qui nous impose un crédit ou autre,
30:53 elle se retrouve dans le film imposée à faire certaines choses, ou finalement soumise.
30:57 Et donc dès que le métier est soumis, c'est tout de suite plus intéressant pour le spectateur.
31:02 C'est peut-être la mode du porno revenge.
31:09 Et cette vague de porno revanchard est d'autant plus marquée que dans la réalité, au contraire,
31:13 le politiquement correct a gagné un terrain considérable.
31:16 Peut-être il y a 20 ans, ou certainement quand nos parents étaient en travail,
31:22 vous pouviez faire un commentaire sur un secrétaire.
31:25 Mais M. Mark, M. Mark, comment osez-vous ?
31:39 Fini.
31:40 Vous n'avez pas vécu en peur d'un discours de discrimination sexuelle si vous regardez de la bonne façon.
31:47 Donc aujourd'hui, dans le travail, quelque part, dans la tête de beaucoup de ces gars,
32:00 ça devient encore plus excitant d'imaginer avoir un affaire avec leur boss ou leur secrétaire
32:05 parce que c'est quelque chose qui ne pouvait vraiment pas se passer.
32:09 Le travail, avec ses mille et un dérapages possibles, a donc un bel avenir dans le X.
32:13 Et le porno a d'autant plus intérêt à cultiver cette tendance
32:16 qu'elle est d'un excellent rapport qualité-prix.
32:18 On comprend mieux dès lors l'inflation des petits métiers dans les années 90.
32:23 Livreur de cartons vides, mécanicien très disponible,
32:27 pizzaïolo trop bien accompagné, plombier sans bleu de travail,
32:31 VRP en voiture improbable, j'en passe.
32:35 C'est bien cette boîte à l'intérim, bien.
32:38 Cette tendance a d'ailleurs ses variantes locales.
32:41 Si le X français plébiscite le plombier ou le pizzaïolo,
32:44 son homologue américain va lui préférer le livreur ou le pullman,
32:48 tandis que les anglais adorent les profs ou les italiens le camp médical.
32:52 Pour le X, le fait de représenter des scènes autour de petits métiers indépendants,
32:56 en fait, c'était d'abord avant tout pour une question de ressources
32:59 parce qu'ils étaient faciles à produire, faciles à faire, faciles à mettre en scène.
33:02 Ça va, vous ?
33:04 C'est vrai ?
33:07 C'est beaucoup plus facile de jouer un plombier
33:10 qui va balancer trois phrases envers sa cliente
33:13 avant de sortir sa grosse clé à molette.
33:15 Vous bossez ensemble depuis longtemps apparemment, c'est ce qu'elle m'a dit Caroline.
33:21 Que pensez-vous de votre secrétaire ?
33:23 Plaisante, très plaisante.
33:25 Bonjour.
33:31 Bonjour.
33:32 Bonjour Maxime, avec l'électricité moderne.
33:35 Oui, oui, tout à fait, je vous attendais en train.
33:37 C'est bien l'idée que finalement, quelqu'un, un inconnu, arrive chez vous
33:41 et on peut avoir un rapport sexuel.
33:43 Merde !
33:48 Je vous observais quelques instants par la fenêtre.
33:51 Vous n'avez pas l'air très doué.
33:52 Et le porno repose là-dessus, en fait.
33:54 Le porno repose sur l'idée que la sexualité est partout.
33:57 Oh !
33:58 Oh !
33:59 Je vais tourner des femmes de ménage.
34:03 Je vais tourner des médecins de nuit.
34:11 Comment ça se fait que vous êtes arrivés avant moi ?
34:14 On posait la question à ce monsieur, il a appelé SOS médecin, il s'est tombé sur moi.
34:17 Je vais tourner tout un tas de trucs qui me disent
34:22 "Tiens, là je vais amener du cul assez facilement".
34:25 C'est moi qui décide.
34:27 Je suis votre médecin et vous êtes mon entier responsable.
34:33 Tu vois, je ne vais pas faire des trucs hors budget,
34:38 je ne vais pas faire une meuf qui va piloter un hélicoptère ou un porte-avions, tu vois le truc.
34:43 Qu'on se rassure, il y a quand même un endroit
34:46 où le porno de temps en temps casse sa tirelire pour faire des trucs de dingue,
34:50 c'est bien sûr aux Etats-Unis.
34:52 Qui n'ont pas hésité à produire un porno sur les aviateurs,
34:55 un Top Gun X en quelque sorte.
34:57 Je les prends un par un.
35:02 Bon, voilà pour l'Amérique, mais chez nous, chez toi, nous, on fait comment ?
35:07 On fait plus modeste.
35:09 J'ai 21 ans et je suis factrice à Paris depuis 5 mois.
35:13 Je gagne 1200 euros par mois.
35:18 On va rester dans des catégories, dans des budgets,
35:21 en se disant "Ok, ça c'est faisable, une femme de ménage c'est faisable,
35:25 etc. les factrices c'était faisable".
35:28 Quand je sonne à une porte pour faire signer un recommandé,
35:31 je prie pour qu'un beau gosse m'ouvre et me prenne comme une chienne.
35:34 C'est louer un costume chez Marathier,
35:39 et puis hop, tu caches la poste,
35:42 et puis tu fais ton truc de factrice.
35:47 Bonjour.
35:48 Bonjour.
35:49 J'ai un recommandé, t'en veux un ?
35:51 Ah oui, ouais.
35:53 Laisse-moi.
35:56 Et ça marche. Donc tu prends une nympho.
35:59 Tu prends une qui carondille ses fins de mois en suçant des bites.
36:05 Manger 30 minutes, ça t'intéresse ou pas ?
36:07 Ouais, pourquoi pas ?
36:08 D'accord. Par contre, aujourd'hui c'est 400 et non 300.
36:11 Tu prends le coup de foudre.
36:12 Vous êtes nouvelle ?
36:13 Oui.
36:15 Et puis la quatrième, elle retrouve son ex.
36:18 Elle sonne, c'est son ex, comme par hasard.
36:21 Oh, quelle belle surprise.
36:24 Bonjour.
36:25 Julie.
36:26 Tu vois, ça te fait des situations.
36:28 C'est des mises en situation, Julie.
36:36 C'est vraiment l'excuse pour avoir un AEB pour dire "Tiens, on fait un film".
36:39 Là, on a un film, on a un film.
36:41 C'est l'excuse pour avoir un AEB pour dire "Tiens, on fait un film".
36:44 Là, on doit faire un truc chez les pharmaciennes.
36:46 On n'a pas d'histoire. On est content d'avoir une pharmacie.
36:49 Donc maintenant, on n'a plus qu'à mettre 4 filles dedans.
36:53 On va trouver un petit thème, un patron.
36:55 Ça va tourner autour des mecs qui vont venir chercher des préservatifs.
36:58 J'ai l'habitude d'avoir des clients qui essaient de me draguer en parlant de leurs grosses bites,
37:02 soi-disant.
37:03 Mais bon, j'ai un petit truc pour les calmer.
37:05 Tenez, essayez ça.
37:09 Là, tout de suite, maintenant ?
37:10 Comme ça, on va voir si vous avez besoin des retouches.
37:12 Ils vont avoir envie de les essayer.
37:14 Et puis la pharmacie, elle va dire "Oh, dis donc".
37:16 Et puis elle va se faire niquer.
37:17 Ça, c'est à peu près sûr.
37:18 Et il existe aussi une femme qui a presque aboli la frontière entre porno et travail.
37:26 C'est Laetitia.
37:27 Je vais lui montrer mes seins.
37:29 Monsieur, monsieur.
37:31 Bonjour, monsieur.
37:34 Madame, vous avez un souci avec...
37:37 Oui, j'ai un gros souci.
37:38 J'ai placé ma... Enfin, je ne sors pas de voiture, quoi.
37:41 Reine du porno-hamade des années 90, Laetitia a littéralement déshabillé la France,
37:47 sans oublier non plus de se déshabiller elle-même.
37:49 Hum, je me régale.
37:51 Je la vois.
37:52 Tu es un enculé.
37:54 Est-ce que vous pourriez dire quelles sont les sensations qu'on ressent quand on fait la chaise ?
37:58 En fait, c'est pas mal du tout.
37:59 Je veux dire, c'est plus cool.
38:01 Le secret de Laetitia, sillonner l'hexagone et faire tourner les Français lambda de tout métier,
38:07 au gré de l'humeur et des hasards.
38:09 Une fois, je délirais avec un chauffeur de taxi, et puis il arrêtait pas de se retourner.
38:16 Mais il est derrière, votre mari, il va me casser la gueule et tout.
38:18 Parce que comme je le draguais, je disais, ça va être un plan qui va mal finir.
38:22 Non, non, mais garez-vous. C'est bon, on va faire une scène. On va se marrer un peu, quoi.
38:26 Revers un peu ironique de la médaille, Laetitia a poussé si loin la confusion entre son travail,
38:32 le porno et la vie courante, que partout où elle passe, on pense qu'elle a une idée derrière la tête.
38:37 Finalement, quand j'arrive quelque part où je fais pas un film et les gens me disent,
38:42 tu vas faire un film ? On va faire un film ?
38:44 Ça, c'est drôle. Je vais faire réparer ma voiture, comme tout le monde,
38:47 parce que malheureusement, ça tombe en panne.
38:49 Monsieur, monsieur !
38:51 Et de suite, les garagistes me disent, il va y avoir un petit film, tu vas se tourner.
38:56 Non, non, je vais juste réparer ma voiture.
39:00 On l'aura compris, le X s'est aujourd'hui emparé de l'emploi sous toutes ses formes, enfin presque.
39:05 Si je prends par exemple une femme qui bosse dans un abattoir,
39:09 qui découpe de la viande, des conneries comme ça,
39:13 ça va être compliqué pour nous de se dire, tiens, là, il va y avoir une situation branlable.
39:20 Une meuf qui bosse à la morgue.
39:26 Il y a tout un tas de trucs comme ça, mais rassure-toi, il y a beaucoup plus de métiers
39:31 où on va trouver des prétextes pour qu'il y ait de la baise,
39:35 plutôt que des métiers où, effectivement, il y a des métiers où c'est mort,
39:39 on ne va même pas s'aventurer.
39:40 Ah, putain de bordel de merde !
39:43 Et en matière d'emploi, s'il existe justement une situation peu branlable,
39:48 pour reprendre le néologisme de Toineau, c'est justement le non-emploi,
39:52 autrement dit le chômage, que le X évite soigneusement.
39:55 Je vais à l'agence pour l'emploi.
39:57 Ça te convient de nous y aller en montée ?
39:59 Le chômage, c'est une réalité déprimante.
40:02 Et donc, c'est pas très joyeux et c'est pas très excitant.
40:06 Elle m'a tiré.
40:07 Oh, c'est terrible ! Comment as-tu réagi ?
40:10 Bon, c'était vraiment émasculant au début.
40:14 Le problème aussi du chômage dans la représentation porno,
40:17 c'est qu'on fonctionne sur des archétypes, on fonctionne sur des clichés.
40:22 Ça affecte vraiment ma vie sexuelle.
40:24 Donc, quand tu es plus heureux de ton travail,
40:27 tu es plus heureux de ton...
40:31 cop.
40:33 L'image de l'homme qui doit être fort, rassurant, sécurisant,
40:36 donc qui a réussi dans la vie, donc qui est beau,
40:38 qui potentiellement peut donner de beaux enfants.
40:40 J'ai un travail heureux.
40:41 Un cop heureux.
40:44 C'est un petit peu le stigmate des problèmes sociaux.
40:50 Donc, ça ne me présente pas une surface de désir.
40:53 Écoutez, madame, j'ai besoin de la travail.
40:55 Il faut absolument que je bosse pour payer le loyer ou pour manger mieux.
40:58 Ça serait contre-productif.
41:02 Je ne suis pas sûre qu'il y aurait beaucoup d'acheteurs.
41:04 Ce n'est pas super marrant, à la base, le truc.
41:06 On va se moquer des chômeurs, après on fait un spécial SDF,
41:08 et puis ceux qui crèvent de faim, ça le branche ou pas ?
41:10 Évidemment, vu comme ça, il n'y a pas de quoi rire.
41:15 Mais Yannick et Tony ont de la ressource, la preuve.
41:17 Ils sont parvenus à mettre en boîte une scène avec un chômeur SDF.
41:22 J'ai tout ce que j'ai, j'ai que mon camtar.
41:24 Avant, j'avais une société qui marchait du feu des dieux,
41:26 une maison, une famille, j'avais tout ça.
41:28 Et en payant leur saf, les impôts, ils m'ont ridé.
41:30 Donc, vous vivez dans le calme, tout seul ?
41:32 Oui, c'est ça.
41:33 Faites-moi visiter, alors.
41:35 Donc, le chômeur a aussi son potentiel dans le X, car d'abord...
41:40 Ça dépend du chômeur, soyons honnêtes.
41:43 Le physique, la prestance et certains arguments de la nature
41:47 peuvent nous donner envie d'un chômeur.
41:50 Un chômeur, c'est un type qui a beaucoup de temps libre.
41:53 Donc, il peut faire tout ce qu'il veut avec sa queue, un chômeur.
41:56 Évidemment, il ne va pas inviter la fille au Ritz.
42:01 Puis, ce n'est pas une soubrette qui va ouvrir la porte de son deux-pièces.
42:08 Excusez-moi, mademoiselle Catherine,
42:10 vous ne pourriez pas me lancer quelques morceaux de sucre ?
42:12 Oui, oui, entrez.
42:14 C'est pour ça que je pense que la pornographie
42:17 a beaucoup trop négligé les chômeurs.
42:20 Les chômeurs, c'est les vitellonides félinies aussi.
42:22 C'est des gens qui sont là,
42:24 tout ce qu'ils ont à faire, c'est te baiser en quelque sorte.
42:27 Oui, Popole Emploi, Île-de-France, bonjour.
42:29 Un mécanicien confirmé ?
42:31 Oui, vous pouvez compter sur nous.
42:34 Chômage ou pas, le porno a un autre problème épineux face au travail
42:41 et même un problème du genre crucial, semble-t-il.
42:44 Comme c'est Jean-François Rocher qui le dit,
42:46 on est tenté de le croire.
42:48 Il y a une contradiction insoluble, apparemment,
42:51 dans le cinéma pornographique, c'est que c'est à la fois
42:53 un cinéma qui exalte la recherche et la satisfaction des désirs.
42:58 Mais en même temps, le cinéma pornographique,
43:05 c'est une industrie, c'est un travail.
43:07 En fait, ce qu'il faut, c'est qu'au-dessus de la table,
43:09 tu aies cette attitude très froide, très dure et tout.
43:12 Et tu ouvres les cuisses.
43:16 Voilà. Et tu ouvres les jambes doucement.
43:18 T'as jamais vu Basile Castaner ?
43:20 Si, je l'ai vu.
43:21 Alors voilà.
43:22 Je suis pas Charles Hanks, toi.
43:24 Il y a des patrons, il y a des gens qui touchent de l'argent
43:26 pour faire quelque chose.
43:27 Il faut avoir une érection à telle heure,
43:29 on choisit pas toujours ses partenaires.
43:31 Désolé.
43:33 Enfin, c'est un travail, le cinéma pornographique.
43:38 Mon dos.
43:39 Ton dos ?
43:40 Oui.
43:41 C'était tout le monde.
43:42 J'ai l'air d'une vieille femme de 70 ans.
43:45 Et les bons films pornographiques,
43:46 ceux qui sont les plus convaincants finalement,
43:48 c'est ceux qui font oublier l'idée qu'en fait, c'est du travail humain.
43:52 Action !
43:54 Donc, en résumé, un bon porno sur le travail,
43:57 c'est un porno où le sujet est le travail,
43:59 où l'action tourne autour du travail,
44:01 où tout le monde travaille évidemment,
44:03 tout en faisant semblant de ne pas travailler.
44:05 Pas facile, sauf à oublier ce qui peut arriver,
44:08 comme mademoiselle par exemple, qu'on est venu bosser.
44:12 Ah !
44:13 Oh !
44:14 Et pour finir, une question philosophique peut-être,
44:17 mais surtout personnelle,
44:19 et donc pas bien loin de vos préoccupations à vous sans doute.
44:22 Nous avons demandé à nos invités s'ils étaient plutôt
44:24 "Zob in the job" ou "No zob in job".
44:27 Vous allez le voir, curieusement,
44:28 même dans ce milieu, les avis sont partagés.
44:31 Moi, je suis plutôt "Zob in the job".
44:35 Si l'opportunité se présente, oui.
44:37 Non, ça ne m'est jamais arrivé
44:40 et je crois que c'est peut-être pour ça que moi-même,
44:43 ça me fait pas mal fantasmer,
44:45 parce que je pense que j'aurais aimé que ça arrive.
44:47 Mélanger sexualité et travail,
44:50 passer la frontière de l'acte physique,
44:52 c'est toujours une mauvaise idée,
44:54 ça finit toujours par des emmerdes.
44:56 Évidemment qu'on est des êtres humains,
44:58 évidemment qu'on n'est pas fait en bois,
44:59 évidemment qu'on n'a qu'un seul cerveau,
45:01 et qu'on ne peut pas, encore une fois,
45:03 cloisonner à tout prix,
45:05 et ça peut arriver qu'il y ait du "Zob in the job".
45:09 J'ai jamais fait l'amour au bureau,
45:11 pareil en moi personnellement.
45:12 Moi, ce qui m'exciterait, c'est de vivre justement
45:14 ces choses-là dans la vraie vie,
45:16 et non pas à travers un film.
45:18 Nos "Zob in the job",
45:20 surtout chez nous,
45:22 il faut séparer les choses,
45:23 ça reste un métier.
45:24 Moi, je pense qu'il faut sortir du cumart
45:27 et sortir de sa chambre.
45:29 Je pense que tous les endroits sont bons
45:31 pour le sexe,
45:32 donc le travail, pourquoi pas, bien sûr.
45:38 Je suis pour la sexualité
45:40 en dehors de la zone réservée.
45:42 Oui, on a fait un bon travail,
45:44 j'ai fait un bon travail,
45:46 si c'est ça que tu veux entendre.
45:48 Je ne crois pas du tout à l'idée
45:50 que le sexe est un obstacle à la productivité.
45:54 Comment ça s'est passé ?
45:56 Ce sera un peu long.
45:57 Quand je dis "ce sera un peu long",
45:58 c'est parce que ce n'est pas qu'une fois.
46:00 Alors moi, dans l'absolu,
46:02 je serai plus "Zob in the job",
46:04 parce que de toute façon,
46:05 c'est une réalité.
46:07 Ben ouais !
46:08 Mon pote, ta femme, le matin,
46:10 elle se maquille, elle se prépare,
46:12 et puis elle se met un peu de parfum,
46:15 ben ce n'est pas pour être maquillé
46:17 et parfumé le soir
46:18 quand tu vas retrouver ta femme.
46:19 C'est parce que la journée,
46:21 elle a envie de plaire.
46:22 Et puis, il y a toujours
46:23 des rapports de séduction
46:24 dans les métiers
46:25 où il y a des hommes et des femmes.
46:26 De toute façon, c'est comme ça.
46:28 "No Zob in the job",
46:30 c'est la règle à suivre.
46:32 Et ensuite, il vaut mieux être écrivain
46:35 et traduire ça dans un livre
46:36 plutôt que de passer à l'action.
46:38 Mais c'est un conseil d'avocat
46:39 que je ne suis pas sûr
46:40 qu'il soit facile à tenir tous les jours.
46:42 Eh oui, le porno,
46:44 c'est plus fastoche que la vie.
46:45 C'est d'ailleurs pour ça
46:46 qu'il nous est cher
46:47 et que certains continuent
46:48 de planquer précieusement
46:49 leur vieille VHS
46:50 sous leur lit
46:51 ou sur le haut des armoires.
46:53 Voilà sans doute pourquoi
46:54 Loïc sera encore,
46:55 dans 20 ou 50 ans,
46:56 ses secrétaires,
46:57 ses sous-brettes
46:58 et ses plombiers.
46:59 Dans le cas contraire,
47:00 ça voudra dire
47:01 que le monde a bien changé.
47:03 Allez, tout le monde à poil !
47:04 Extabez, c'est à nous !
47:05 Les femmes qui se laissent aller
47:19 ne manquent pas,
47:20 ils s'attendent un peu.
47:21 La carrière de playboy
47:22 ne fait que commencer.
47:23 C'est vrai que c'est
47:27 un peu compliqué
47:28 de faire des films
47:29 avec des femmes
47:30 qui sont très, très, très
47:31 chouettes.
47:32 Elles vont te voler
47:33 dans les bras.
47:34 Les belles sauvages,
47:35 les chaudes.
47:36 Du reste,
47:38 au sujet d'accessoires,
47:39 je t'ai loué une villa.
47:40 Voilà les clés.
47:42 Formidable, merci !
47:43 Et pour que tu ne manques
47:45 de rien,
47:46 je te confie les sous-brettes,
47:47 elles seront
47:48 un de tes petits sous.
47:50 [Rires]
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47:57 [Musique]

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