Dans les rues de Washington, une explosion tue un ex-ambassadeur et sa jeune assistante. Quand le FBI resserre son filet autour des auteurs de l’attentat, ceux-ci prennent pour cible les agents et leur famille. Le FBI est pris dans une dangereuse chasse à l’homme pour retrouver un meurtrier cruel.
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00:00 [Musique]
00:09 Washington, le 18 septembre 1976.
00:13 [Musique]
00:18 Un homme préparait sa vengeance meurtrière contre l'un des critiques les plus virulents de son pays.
00:23 [Musique]
00:26 La victime visée était Orlando Lutelier, l'ex-ambassadeur du Chili.
00:31 Ce socialiste, reconnu pour son franc-parler, se trouvait aux Etats-Unis où il dénonçait la dictature militaire d'Augusto Pinochet.
00:39 Le général Pinochet s'était emparé du pouvoir trois ans plus tôt lors d'un coup d'État.
00:43 Lutelier s'opposait farouchement au régime pour ses multiples violations des droits de l'homme
00:48 et il reprochait au dictateur de lui avoir retiré sa citoyenneté chilienne.
00:53 A cause de ses nombreuses critiques, un pays d'Europe avait cessé de prêter de l'argent au Chili.
00:58 [Applaudissements]
01:02 Un peu après minuit, le 19 septembre, un criminel se préparait à réduire à jamais le diplomate au silence.
01:09 La bombe, télécommandée, avait été posée sous le siège du conducteur de la voiture de Lutelier.
01:16 Maintenant, elle n'attendait que le signal pour exploser.
01:21 [Musique]
01:24 Deux jours plus tard, Lutelier se rendit à son lieu de travail en voiture.
01:28 Son assistante, Ronnie Moffett, âgée de 25 ans, était assise à la place du passager.
01:35 Mike, son mari, se trouvait à l'arrière.
01:38 La voiture s'engagea bientôt sur Ambassy Road.
01:43 [Musique]
01:48 [Bruit de moteur]
01:51 Après avoir appelé le service d'urgence pour qu'on envoie une ambulance,
01:55 les policiers affectés à la protection des ambassades vinrent en aide aux victimes.
01:59 Orlando Lutelier gisait entre la vie et la mort.
02:03 Ses jambes avaient été déchiquetées par la détonation,
02:07 et son torse était couvert de blessures causées par des éclats d'obus.
02:10 Ronnie Moffett, qui aussi avait été blessé par l'obus, luttait pour respirer.
02:15 Par miracle, Mike Moffett s'en sortit indemne,
02:18 bien qu'il fût très inquiet à propos de sa femme.
02:20 Une ambulance conduisit Lutelier à l'hôpital au moment où les agents du FBI arrivaient sur les lieux.
02:26 L'agent spécial, Carter Corning.
02:28 Quand on est arrivé, la scène du crime était, comme c'est souvent le cas, épouvantable à voir.
02:35 J'ai vu la voiture.
02:37 Au bord de la route, une femme était allongée.
02:40 On lui prodiguait les premiers soins.
02:44 J'ai alors entendu, dans toute la confusion qui régnait, un jeune homme crier,
02:49 « C'est Dina qui a fait ça ».
02:51 Je n'avais alors aucune idée de ce qu'était Dina.
02:55 Selon la loi, l'enquête sur une attaque faite à des fonctionnaires étrangers relève du FBI.
03:02 L'agent Corning s'occupa de cette affaire.
03:09 La première chose qu'on devait faire, c'était de prendre le contrôle des lieux.
03:13 La scène du crime n'est disponible que pendant peu de temps et on ne peut la revoir plus tard.
03:18 Souvent, l'enquête sur la scène du crime a des répercussions sur les résultats qu'on obtient en bout de ligne.
03:24 L'agent Corning demanda qu'on dépêche d'autres agents, notamment des experts en explosifs du FBI,
03:31 afin que ceux-ci recueillent et identifient tous les indices qu'ils trouveraient.
03:35 On a eu beaucoup d'aide.
03:39 Plus de 150 agents sont venus sur les lieux.
03:43 Il y avait même des experts judiciaires.
03:48 Cette étape de l'enquête a été menée à ma demande par le responsable de l'unité des explosifs.
03:56 Pendant les recherches, le FBI a appris qu'Orlando Lutelier et Ronnie Moffitt avaient succombé à leurs blessures.
04:07 L'affaire portait maintenant sur un double homicide.
04:10 À la Cour fédérale, le procureur croyait que cette affaire d'assassinat d'un homme public exigeait d'être traité avec le plus grand soin et le plus vite possible.
04:20 Dans cette affaire, un procureur fédéral a été assigné à l'enquête dès le premier jour.
04:27 Ça ne s'était jamais vu auparavant, sauf pour l'affaire du Watergate.
04:33 Le procureur fédéral assignait à ce cas son assistant le plus déterminé, Gene Proper.
04:38 C'était un meurtre horrible et je voulais résoudre cette affaire pour montrer au monde qu'on ne tolère pas ça ici.
04:45 Je me fichais pas mal du fait que Lutelier soit un socialiste, un communiste ou un homme d'extrême droite.
04:52 Il avait été brutalement assassiné dans les rues de Washington en même temps qu'une jeune femme et aucun d'eux ne méritait de mourir.
05:00 Au deuxième jour de l'enquête, les enquêteurs commencèrent à réfléchir au mobile possible du meurtre de Lutelier.
05:05 Dès le départ, on a pensé qu'il s'agissait d'un assassinat politique commandé par un État étranger.
05:15 On avait su par le Département d'État que la junte militaire au Chili jugeait Lutelier personnellement responsable de l'assassinat.
05:27 Et que le Département de l'État jugeait Lutelier personnellement responsable de la cessation de prêts venant de l'étranger.
05:33 Buenos Aires, en Argentine.
05:41 L'agent spécial Bob Scherer du FBI faisait tout pour que le gouvernement chilien ne sache rien de son enquête.
05:48 Il s'entretint secrètement avec ses contacts à Buenos Aires.
05:52 Il voulait savoir s'il disposait d'informations.
05:55 Les services secrets chiliens pouvaient-ils être impliqués dans cet attentat ?
05:58 Son contact argentin lui parlait alors d'un programme secret appelé Opération Condor.
06:03 Les services de renseignement des pays d'extrême droite d'Amérique du Sud surveillaient étroitement les activistes de gauche et, au besoin, les éliminaient.
06:13 Le contact argentin de Scherer croyait que l'assassinat de Lutelier était le premier de plusieurs assassinats prévus dans le cadre de l'Opération Condor.
06:24 Pour obtenir plus d'informations, le FBI dut se tourner vers un expert sur la question du Chili au sein du département d'État.
06:30 Celui-ci apprit aux agents que le Chili avait désespérément besoin du soutien financier des États-Unis.
06:37 Le matin même de l'assassinat, le ministre de l'Économie du Chili descendait d'avion à l'aéroport Dulles.
06:45 Il venait demander de l'aide financière aux États-Unis.
06:51 L'expert doutait que le Chili ait mis en péril cette demande de soutien en faisant tuer Lutelier.
06:55 Il m'était difficile d'imaginer qu'un gouvernement aurait, d'un côté, commandé cet assassinat, alors que, de l'autre côté, il venait demander de l'aide aux États-Unis.
07:07 Deux semaines après l'assassinat de Lutelier, un avion de ligne commercial qui faisait la liaison entre la Barbade et Cuba explosa.
07:18 Les 73 personnes à bord de l'avion moururent.
07:21 Après l'explosion, des Cubains anticastristes d'extrême droite revendiquèrent fièrement l'attentat.
07:28 Compte tenu du peu de temps entre cet attentat et l'assassinat, les enquêteurs se demandèrent si ces mêmes Cubains anticastristes pouvaient avoir un lien quelconque avec leur affaire.
07:41 Lutelier était un socialiste et un admirateur de Fidel Castro.
07:47 Ce lien était bien mince, mais c'était la seule piste dont disposait le FBI.
07:51 L'agent Kornick demanda au labo de comparer la bombe ayant tué Lutelier à d'autres bombes utilisées lors d'attentats revendiqués par des mouvements anticastristes.
08:01 Les techniciens n'avaient guère d'éléments pour mener leurs analyses, car l'explosion avait presque tout détruit.
08:07 Malgré tout, ils purent déterminer que la bombe de l'assassinat ne ressemblait en rien à ce qu'ils avaient vu par le passé.
08:15 L'agent spécial Larry Wack du FBI.
08:17 Le labo nous a annoncé que la bombe ne correspondait pas aux bombes des Cubains d'extrême droite que les experts avaient déjà analysées.
08:26 On aurait préféré qu'ils nous disent le contraire.
08:29 La dernière chose qu'on veut entendre, c'est qu'on est sur une fausse piste.
08:33 Mais parce que le groupe d'extrême droite cubain avait déjà commis des assassinats, les enquêteurs ne pouvaient pas les écarter tout de suite du dossier.
08:42 On se disait qu'ils travaillaient peut-être avec un nouveau fabricant de bombes, dont on ne savait encore rien.
08:47 Pour se sortir de cet impasse, les enquêteurs mirent sur pied une ligne téléphonique destinée à recevoir des informations de partout dans le monde.
08:57 On a reçu littéralement des milliers de tuyaux par téléphone.
09:03 On avait mis sur pied une ligne 1-800 pour gérer tous ces appels.
09:10 On recevait des informations d'Europe notamment, mais surtout d'Amérique latine.
09:14 Une piste provenait d'un pasteur de la région de New York qui affirmait que trois agents secrets chiliens avaient quitté New York par avion peu de temps après l'assassinat.
09:27 L'agent spécial Larry Rock du FBI interrogea le pasteur.
09:32 Il a vite été évident que ce n'était pas lui qui avait été témoin de ces événements.
09:39 Alors bien entendu, je l'ai pris cette question, car je voulais découvrir qui au juste avait vu ces trois agents chiliens.
09:45 Le pasteur avait obtenu ces informations de certains de ses amis, mais il refusa de divulguer leur nom.
09:52 J'ai dit au pasteur de demander aux personnes qui avaient vu tout ça de nous contacter.
10:06 En attendant des nouvelles à ce sujet, l'agent Wack se rendit à l'aéroport John F. Kennedy à New York pour vérifier l'information que lui avait donnée le pasteur à propos du départ par avion de trois agents chiliens.
10:17 Personne ne put confirmer ses dires.
10:22 L'enquête piétinait de nouveau.
10:31 Quelques semaines plus tard, l'agent Wack dit au revoir à sa fiancée qui partait travailler à la compagnie aérienne où elle était agent de bord.
10:37 Il ignorait qu'il n'était pas le seul à la regarder partir.
10:41 Dans l'air de stationnement de l'aéroport, un inconnu menaça la fiancée de Wack.
10:50 Les terroristes frappaient de nouveau, cette fois dans les rangs même du FBI.
10:58 Orlando Lutelier, l'ex ambassadeur du Chili et son assistante, avait été assassiné à Washington au cours d'un attentat à la bombe.
11:04 Au début de l'enquête du FBI, la fiancée de l'agent spécial Larry Wack fit l'objet de menaces.
11:13 Effrayée, l'agent de bord appela son fiancée.
11:21 J'étais horrifié que quelque chose comme ça puisse se produire.
11:24 Que ces gens n'aient même pas eu le cran de s'en prendre à moi et qu'ils l'aient menacé elle.
11:30 L'agent Wack croyait qu'il avait sans doute interrogé sans le savoir, quelqu'un ayant des liens étroits avec les auteurs de l'assassinat.
11:38 J'ignorais ce qu'on avait fait mais visiblement on les avait rendus nerveux.
11:43 Il nous fallait un autre moyen de faire la question.
11:48 Visiblement on les avait rendus nerveux. Il nous fallait maintenant réexaminer ce qu'on avait fait jusque là, surtout moi.
11:53 Je devais examiner la liste des gens que j'avais interrogé pour voir d'où cette menace pouvait bien venir.
11:59 La fiancée de l'agent Wack aida un dessinateur à faire le portrait robot de l'homme qui l'avait menacé.
12:06 Les agents montrèrent ensuite le portrait à des immigrants chiliens un peu partout à New York.
12:12 Malheureusement aucun d'entre eux ne semblait le connaître.
12:15 Washington, un mois après l'attentat à la bombe.
12:18 Gene Proper, l'assistant du procureur et l'agent spécial Carter Cornick du FBI tombèrent sur ce qui semblait être une piste.
12:27 Le département d'état leur avait fourni les photos de deux présumés agents secrets chiliens dont on ignorait les vrais noms.
12:35 Un mois avant le meurtre de l'hôtelier, les agents de l'agent Cornick ont été interrogés.
12:43 Un mois avant le meurtre de l'hôtelier, les deux hommes avaient déposé une demande de visa à l'ambassade des États-Unis au Paraguay et fournit de faux passeports.
12:50 L'un d'eux n'avait pas l'air chilien. Les deux hommes avaient reconnu ouvertement être des agents des services de renseignement.
12:59 Ils avaient déclaré qu'ils avaient besoin de visa pour assister à une rencontre avec la CIA à Washington.
13:04 L'ambassadeur avait pris la précaution de photographier les passeports à l'insu des deux hommes.
13:12 Quand la CIA avait nié plus tard connaître les deux agents, l'ambassadeur avait annulé les visas.
13:17 Les enquêteurs croyaient que ces photos leur seraient peut-être utiles.
13:22 Voici l'agent spécial Carter Cornick du FBI.
13:27 On avait les photos de ces types, mais on ignorait qui c'était.
13:35 Si on identifiait ces deux suspects, on pourrait peut-être faire progresser l'enquête.
13:41 Quelques jours plus tard, les enquêteurs obtinrent des informations qui pointaient de nouveau vers Cuba.
13:51 Un quotidien vénézuélien avait fait paraître un article selon lequel des Cubains d'extrême droite basés aux États-Unis auraient assassiné l'hôtelier.
14:00 L'article mentionnait les noms des deux principaux suspects, Enrique y Sanchez Ayala du New Jersey.
14:06 Les enquêteurs connaissaient déjà les deux frères.
14:09 C'était les membres fondateurs d'un groupe anticastriste violent se faisant appeler le mouvement nationaliste cubain.
14:17 Ils étaient soupçonnés de plusieurs attentats à la bombe,
14:20 notamment celui d'un navire russe à New York seulement cinq jours avant l'assassinat de l'hôtelier.
14:26 On les croyait également responsables d'une tentative d'attentat à la New York Academy of Music où des artistes cubains devaient se produire.
14:33 Les agents commençaient à se demander si les frères Ayala n'avaient pas également ciblé le socialiste chilien Orlando l'hôtelier.
14:40 Dans un quartier cubain du New Jersey, un agent du FBI retrouva la trace d'Enrique et Ayala.
14:52 Quand l'agent lui demanda où il se trouvait le jour de l'assassinat de l'hôtelier, Ayala lui fournit une réponse étonnante.
14:57 Les enquêteurs de Washington trouvèrent ce commentaire suspect.
15:06 L'assistant du procureur fédéral Gene Proper.
15:11 Dès qu'on entend quelque chose comme ça, on commence à se demander ce que ce type peut bien avoir à cacher.
15:18 Gene Proper demanda au FBI de remettre à Ayala une assignation à témoigner devant un grand jury.
15:23 Aux États-Unis, personne n'est obligé de parler à la police ou au FBI.
15:27 Si un agent vous approche dans la rue, vous pouvez lui dire d'aller se faire voir ailleurs.
15:31 Vous êtes toutefois obligé de témoigner devant un grand jury si on vous remet une assignation à témoigner.
15:37 Un agent partit remettre l'assignation à comparaitre à Enrique et Ayala.
15:47 La femme d'Ayala déclara qu'elle ne savait pas où celui-ci était, il avait disparu.
15:51 Les agents demandèrent à des Cubains anticastristes de leur dire où se trouvait Ayala.
15:59 La pression exercée sur Ayala porta finalement fruit et il accepta de rencontrer les autorités.
16:06 Au bureau de Proper à Washington, Ayala affirma d'avoir joué aucun rôle dans la mort de l'hôtelier.
16:16 Les enquêteurs lui demandèrent ensuite pourquoi il avait déclaré à un agent que c'était là ce qu'il gardait en réserve.
16:20 Ayala répondit qu'il ne faisait que plaisanter.
16:24 Proper cuisine à Ayala devant le grand jury.
16:28 Ayala répondit qu'il ne savait rien du meurtre de l'hôtelier et il invoqua le cinquième amendement pour refuser de répondre quand on lui demanda s'il était allé au Chili depuis peu.
16:38 New York.
16:44 Quelques jours après le témoignage d'Ayala, l'agent spécial Wack reçut un appel d'un présumé membre d'un groupe anticastriste.
16:52 Il a dit qu'il arriverait chez moi dans une minute et qu'il voulait me parler.
16:59 L'agent Wack craignait d'être en danger.
17:07 La grande question était comment avait-il trouvé mon numéro de téléphone. Et plus important encore, comment avait-il découvert où je vivais.
17:14 Je suis alors allé voir mon voisin, un agent du service de police de New York, et je lui ai dit « Danny, prends ton arme et sors ».
17:21 Je lui ai raconté ce qui venait de se produire, je lui ai parlé de l'appel et lui ai dit que j'ignorais ce qui allait arriver.
17:29 On s'est caché dehors dans une ruelle et moins de trois minutes plus tard, un type s'est présenté devant mon immeuble.
17:36 On s'est disputé devant mon immeuble.
17:38 Il m'a dit que son groupe n'avait rien à voir avec les menaces qui avaient été faites à ma fiancée et il voulait qu'on leur fiche la paix.
17:45 Je lui ai alors dit que la prochaine fois qu'il se présenterait à ma porte, il rentrerait chez lui dans un sac à dépouilles.
17:56 J'étais furieux à propos de toute cette situation.
18:02 Non seulement ma fiancée avait-elle reçu des menaces, mais en plus ces terroristes étaient venus chez moi.
18:09 Je me demandais ce qui arriverait ensuite.
18:13 Loin de reculer, l'agent Wack exerça encore plus de pression sur le groupe.
18:19 Si les Cubains affichaient autant de nervosité, c'était peut-être parce que le FBI était à deux doigts d'établir un lien entre l'assassinat et l'auteur de cette affaire.
18:30 Un lien entre l'assassinat et l'auteur de cet attentat à la bombe.
18:33 L'agent Wack talonne à les Cubains à la recherche de quelqu'un qui serait quelque chose à ce sujet.
18:39 Si vous croyez pouvoir intimider le FBI, vous faites erreur. Les agents n'y mettront que plus d'ardeur.
18:45 Les personnes approchées par l'agent furent distantes quand elles ne l'insultèrent pas carrément.
18:51 Mais il continua de chercher des pistes.
18:57 Finalement, cinq semaines après le meurtre de l'hôtelier, l'agent Wack rencontra un Cubain ayant déjà fabriqué des bombes et qui était prêt à parler.
19:05 Ce qui l'empêchait de dormir, ce n'était pas la mort de l'hôtelier, mais plutôt celle de la jeune femme, Ronnie Moffett.
19:12 Pour lui, c'était la goutte qui avait fait déborder le vase.
19:19 L'homme déclara qu'il avait entendu dire qu'Henrik et Ayala, le chef d'un violent groupe anticastriste, avaient rencontré un agent secret chilien à plusieurs reprises.
19:27 Selon lui, les Cubains voulaient montrer leur soutien au gouvernement chilien d'extrême droite.
19:33 L'agent Wack se servit de ces renseignements pour interroger d'autres informateurs.
19:43 Ceux-ci lui apprirent qu'Ayala avait été vu en compagnie d'un Chilien blond, de grande taille, ayant l'allure d'un militaire.
19:49 Un informateur m'a dit que les nationalistes appelaient cet homme "el flaco", ce qui signifie "le maigre" ou "les flanqués".
19:56 L'agent Wack venait de mettre au jour un lien entre un agent chilien et le mouvement nationaliste cubain.
20:04 On disposait maintenant d'indices qui laissaient présumer qu'un agent chilien avait été en contact avec un nationaliste.
20:13 En outre, ces nationalistes commettaient des attentats à la bombe depuis plusieurs années.
20:17 La thèse de leur implication devenait de plus en plus vraisemblable.
20:23 Le FBI concentra son attention sur Santiago au Chili.
20:30 C'est là que l'agent spécial Bob Scherer cherchait à établir un lien entre Enrique Ayala et les autorités chiliennes.
20:38 Des représentants d'Interpol au Chili lui apprirent qu'Ayala était venu au pays deux ans plus tôt
20:42 et qu'on le soupçonnait d'avoir rencontré des représentants du gouvernement chilien, voire même des membres des services secrets.
20:48 Grâce à ces nouvelles informations, Gene Proper, l'assistant du procureur fédéral,
20:56 fit émettre des assignations à comparaitre au nom d'Enrique Ayala et de deux de ses amis afin qu'ils se présentent à l'inquiétude.
21:04 Enfin, quelques jours plus tard, Proper reçut des menaces de mort sur sa ligne téléphonique privée.
21:08 Proper en déduisit que leurs actions devaient rendre les membres de l'organisation nerveux.
21:14 Mais plutôt que de reculer, Proper et l'agent spécial du FBI Carter Cornick décidèrent de mettre les bouchées doubles.
21:24 Ils firent venir Enrique et Ayala à leur bureau.
21:30 Celui-ci déclara que ses amis et lui invoqueraient le cinquième amendement devant le Grand Jury et qu'il ne répondrait à aucune question.
21:36 Les enquêteurs devraient poursuivre leurs recherches pour trouver quelqu'un qui accepterait enfin de parler.
21:42 L'agent spécial Carter Cornick du FBI.
21:47 Cette affaire traînait en longueur. On se demandait comment on arriverait à remettre l'enquête sur les rails.
21:57 Un mois plus tard, à New York, les services secrets contactèrent l'agent Larry Wack du FBI.
22:01 Ils avaient arrêté un faussaire spécialisé dans les cartes d'identité qui était prêt à conclure un marché avec les autorités.
22:10 Il affirmait avoir entendu parler d'un complot entre les frères Ayala pour assassiner Gene Proper, l'assistant du procureur fédéral.
22:18 Après plusieurs mois d'enquête, ses informations ont été dévoilées.
22:25 Après plusieurs mois d'enquête, ces informations pouvaient constituer la percée que les agents du FBI espéraient.
22:30 Ainsi, peut-être pourrait-il enfin mettre la main au collet des terroristes.
22:36 À Washington, une bombe télécommandée avait tué le socialiste et ex-ambassadeur du Chili, Orlando Letelier, et son assistante.
22:48 À New York, huit mois après le double assassinat, un faussaire contacta le FBI.
22:55 Celui-ci fournissait de faux papiers d'identité aux membres d'un groupe cubain d'extrême droite.
23:00 Le faussaire affirmait détenir des informations à propos de l'organisation et il désirait conclure un marché avec l'agent spécial Larry Wack du FBI.
23:09 Il nous a expliqué qu'il était en train de préparer de faux permis de conduire, des passeports et d'autres documents pour des types du mouvement nationaliste.
23:23 On en a déduit que ces individus se préparaient à s'enfuir, à disparaître.
23:27 Selon le faussaire, les nationalistes cubains lui avaient confié que si leur chef, Enrique Ayala, se retrouvait derrière les barreaux,
23:37 il tuerait le procureur général et son assistant, Gene Proper, à qui l'enquête avait été confiée.
23:44 L'agent Wack proposa de parler au service secret en faveur du faussaire si, en échange, celui-ci acceptait de recueillir des informations à propos d'Enrique Ayala et de son frère Sanchez.
23:54 Le faussaire accepta à contre-coeur.
23:58 Il déclara qu'il devait rencontrer Sanchez Ayala sous peu pour lui remettre de fausses cartes d'identité.
24:03 Le soir de la rencontre, l'agent Wack se rendit secrètement sur place.
24:12 Il vit le faussaire arriver. Celui-ci avait caché une fausse carte d'identité dans un magazine.
24:17 On a pu corroborer à son insu plusieurs éléments dont il nous avait parlé.
24:23 Quand les agents virent Ayala sortir du restaurant avec le même magazine, ils sûrent que leur informateur n'avait pas menti en disant travailler pour les frères Ayala.
24:32 Peut-être que ceci conduirait maintenant les agents à leur contact chilien.
24:41 Deux semaines et demie plus tard, l'informateur du FBI remit d'autres fausses cartes d'identité à Sanchez Ayala.
24:47 À la fin de la rencontre, Sanchez déchira un billet d'un dollar en deux et il en donna une moitié au faussaire.
24:58 Sanchez lui dit ensuite qu'un grand Chilien blond allait bientôt le contacter et qu'il détiendrait l'autre moitié du billet.
25:07 Cette affaire était en train de se transformer en un film de James Bond entre les billets de banque déchirés et tout le reste.
25:13 Mais il y avait ce type blond de grande taille, dont on avait déjà entendu parler, qui revenait à la surface.
25:20 Le FBI doutait que le mystérieux agent des services de renseignements secrets vienne rencontrer le faussaire aux États-Unis.
25:29 Les services de renseignements chiliens étaient certainement capables de fabriquer leur propre fausse pièce d'identité.
25:37 Les agents suivirent Sanchez Ayala jusqu'à Miami en espérant qu'il les conduirait à son frère.
25:43 Mais après plusieurs jours de filature, ils perdirent sa trace.
25:49 Deux semaines plus tard, le FBI eut un coup de chance quand un Chilien blond de grande taille approcha le faussaire.
25:59 Au début, l'homme se contenta de lui parler de moto.
26:05 Mais avant de partir, il déclara qu'un ami d'Henrique et Ayala allait bientôt le contacter pour avoir de faux papiers.
26:12 Dès qu'il entendit parler du grand Chilien blond, l'agent Wack organisa une rencontre avec le faussaire.
26:20 L'agent montra au faussaire une série de photos, notamment la photo de passeport de l'agent des services de renseignements chiliens,
26:28 qui avait tenté de venir en territoire américain sous le nom d'emprunt de Juan Williams.
26:34 Je lui ai montré les photos et il a immédiatement pointé celle de Williams et dit "c'est ce type, j'en suis sûr".
26:41 Les enquêteurs disposaient enfin d'un nom pour enquêter sur le mystérieux étranger.
26:47 Ils se rendirent au Chili pour en apprendre le plus possible sur l'homme se faisant appeler Juan Williams.
26:58 A Santiago, l'agent spécial Bob Scherer découvrit qu'il n'y avait personne du nom de Juan Williams qui travaillait pour le gouvernement ou les forces armées.
27:05 Un an s'était écoulé depuis l'assassinat du socialiste Orlando Letelier, l'ex-ambassadeur du Chili, et de son assistante Ronnie Moffitt.
27:22 Les enquêteurs croyaient que des Cubains anticastristes qui travaillaient de concert avec les services de renseignements chiliens avaient orchestré ce meurtre.
27:29 Les enquêteurs décidèrent d'approcher directement le gouvernement chilien pour obtenir des informations sur l'agent qui avait rencontré les terroristes cubains et qui utilisait le pseudonyme de Juan Williams.
27:42 On pouvait exercer une pression directe. Selon nos sources, un agent du gouvernement chilien rencontrait régulièrement des terroristes aux États-Unis.
27:49 Ces faits étaient embarrassants pour le Chili. Ils devaient nous fournir des explications.
27:53 A Santiago, au Chili, l'agent Scherer annonça à un représentant du gouvernement chilien que le FBI souhaitait interroger Juan Williams et l'autre agent, ayant déposé une demande d'ebiza de séjour aux États-Unis sous un nom d'emprunt.
28:08 Le gouvernement américain pouvait poursuivre les deux hommes pour avoir demandé d'ebiza en présentant de faux passeports.
28:18 Les Chiliens répondirent qu'ils allaient mener leur propre enquête.
28:21 Après un mois d'attente sans réponse du Chili, Propper intenta une poursuite.
28:26 Il ajouta à son envoi soupli non cacheté les noms d'emprunts des agents et une note dans laquelle il soutenait qu'ils avaient joué un rôle important dans le meurtre de l'hôtelier.
28:35 Si le gouvernement chilien avait orchestré ce meurtre, Proper avait l'intention de l'en tenir responsable.
28:42 J'ai fait un résumé de ce que les indices montraient et j'ai collé cette lettre sur mon paquet.
28:46 Personne n'avait jamais fait ça et le département d'État a même blagué à ce sujet.
28:50 Je me disais que lorsque cette affaire serait publique, et je m'étais assuré qu'elle le deviendrait, cela s'aimerait la panique chez les Chiliens.
28:57 Par la suite, les photos, qui elles se trouvaient sous pli cacheté, se sont retrouvées dans les médias.
29:03 Des articles sur l'affaire firent la une de journaux partout dans le monde.
29:09 Ils accusaient le DINA, les services de renseignement chilien, d'avoir orchestré ce meurtre.
29:13 Ça a semé un vent de panique chez les Chiliens parce qu'on ne laissait entendre que le DINA était impliqué dans le meurtre de l'hôtelier avec des Cubains.
29:19 Les Chiliens ont alors déclaré vouloir rencontrer le secrétaire d'État et le procureur général.
29:25 Les articles parus au sujet de l'affaire contenaient plusieurs tuyaux intéressants pour le FBI.
29:32 Un journal en particulier avait identifié le mystérieux agent blond connu sous le pseudonyme de Juan Williams.
29:39 L'affaire prit une tournure inattendue quand on apprit qu'il était né aux États-Unis.
29:43 L'agent spécial Carter Cornick du FBI.
29:47 Quand on a appris que l'un d'entre eux était de nationalité américaine, on n'était plus que jamais résolu à camper sur nos positions.
29:55 Pourquoi ce citoyen américain travaillait-il pour les services de renseignement chilien?
30:02 Le bureau des passeports américains signala qu'un certain Michael Turnley correspondait à la description de l'agent blond.
30:08 Selon les registres, il vivait présentement au Chili.
30:12 Il avait 36 ans, il était né en Iowa, mais il avait grandi au Chili.
30:18 Les agences se rendirent ensuite à Fort Lauderdale pour vérifier une autre information selon laquelle Juan Williams était en fait Kenneth Eniart.
30:30 Celui-ci avait acheté du matériel de surveillance électronique pour le compte du gouvernement chilien.
30:34 Le propriétaire d'un magasin de matériel électronique où l'on vendait des microphones et d'autres équipements de surveillance sophistiqués,
30:42 identifia Juan Williams sur la photo de passeport comme étant Kenneth Eniart.
30:46 Le propriétaire fournit des documents qui montraient qu'Eniart avait acheté du matériel le jour même de l'attentat à la bombe ayant tué l'hôtelier.
30:56 Il montra également aux agents une lettre du gouvernement chilien qui autorisait Kenneth Eniart et Michael Turnley à faire des achats en son nom.
31:04 Le FBI croyait maintenant que Kenneth Eniart était un autre pseudonyme de Michael Turnley et que le gouvernement chilien avait joué un certain rôle dans le meurtre.
31:14 Le FBI disposait maintenant d'un premier suspect important dans cette affaire.
31:24 Le lendemain, à New York, l'agent spécial Larry Wack rencontra le faussaire devenu informateur.
31:30 Celui-ci surveillait un groupe de nationalistes cubains d'extrême droite que le FBI soupçonnait d'avoir collaboré avec le gouvernement chilien.
31:40 L'agent Wack voulait savoir comment ils avaient réagi en apprenant que le FBI avait identifié leur contact chilien comme étant Michael Turnley.
31:50 Tous les membres de la communauté qui avaient des liens avec le mouvement nationaliste se sont mis à paniquer.
31:54 Ils disaient « le chat est sorti du sac, ils savent qui c'est, il faut qu'on disparaisse ».
32:00 Wack exerça de la pression sur le faussaire afin que celui-ci organise une rencontre avec le suspect clé du mouvement nationaliste avant qu'il ne disparaisse.
32:10 J'ai dit au faussaire de leur dire tout bonnement que j'étais allé le voir, que j'avais découvert qu'il avait des liens avec les nationalistes
32:19 et que je lui avais remis une assignation à comparaitre devant un grand jury.
32:23 Le plan fonctionna. Le faussaire rencontra le suspect sous le prétexte de lui demander conseil.
32:34 Le suspect lui conseilla d'invoquer le cinquième amendement et de garder le silence.
32:40 Le faussaire lui demanda alors pourquoi à quelques reprises.
32:47 Il a dit « on l'a tué, on le sait et ils le savent ». C'était exactement ce qu'on souhaitait obtenir.
32:54 L'assistant du procureur Gene Proper et l'agent spécial Carter Cornick du FBI tentèrent d'assembler les indices.
33:02 C'est une chose que d'avoir un contact en qui on peut faire confiance, mais c'en est une autre d'avoir des preuves formelles.
33:11 Les enquêteurs espéraient plus que tout trouver quelqu'un qui passerait aux aveux.
33:17 Ils souhaitaient que cette personne soit Michael Tunley, mais pour le faire passer aux aveux, ils devaient d'abord le trouver.
33:22 L'étape suivante serait d'aller au Chili et d'essayer de contraindre,
33:30 d'une façon ou d'une autre, le gouvernement chilien de collaborer avec nous dans cette enquête.
33:42 Le fait que ces deux hommes aient présenté de faux passeports pour demander un visa de séjour aux États-Unis une semaine avant le meurtre, nous apparaissait particulièrement suspect.
33:53 Au cours des deux semaines suivantes, Proper et le gouvernement américain exercèrent une énorme pression sur le Chili.
34:01 Malheureusement, le gouvernement chilien opposait toujours de la résistance au procureur.
34:11 Les Chiliens ont dit que cela provoquerait le reversement de leur gouvernement.
34:14 On leur a répondu que cet homme était un Américain, qu'il avait commis un crime aux États-Unis et qu'on voulait le retrouver.
34:20 On ne nous a pas permis de contacter les personnes à qui l'on aurait voulu parler au sein des services des renseignements chiliens.
34:28 Mais parallèlement, certains Chiliens haut placés ont accepté de collaborer avec nous secrètement.
34:34 Dans les coulisses, le gouvernement de Pinochet proposa un marché aux Américains.
34:41 Il remettrait Tonley aux mains des Américains à condition que les États-Unis promettent de ne pas se servir de son témoignage contre le Chili.
34:47 Les États-Unis acceptèrent.
34:49 Le lendemain, des policiers chiliens emmenèrent Michael Tonley faire une promenade en voiture.
34:55 Celui-ci espérait que les services de renseignement le protégeraient, voire même le récompenserait en lui offrant des vacances prolongées dans un secteur isolé.
35:03 Il n'avait pas la moindre idée de ce qui l'attendait.
35:10 L'agent des services de renseignement chilien et présumé complice d'un attentat à Michael Tonley croyait qu'il s'apprêtait à partir en vacances.
35:17 Mais les agents du FBI l'attendaient à l'aéroport pour l'arrêter.
35:21 L'agent spécial Carter Cornick du FBI.
35:25 Il y avait un vol d'air équadorien qui partait pour New York.
35:30 L'avion a été arrêté.
35:36 L'avion a été retenu sur la piste sur l'ordre du gouvernement chilien jusqu'à notre arrivée.
35:41 On nous a alors remis Tonley.
35:45 Celui-ci était désorienté.
35:49 Il avait peur.
35:51 Il ne pouvait pas croire que le gouvernement chilien l'ait trahi.
35:55 Pendant le vol, Tonley refusa de parler en l'absence de son avocat.
36:05 Une fois aux Etats-Unis, le FBI détain Tonley à la base navale de Quantico en Virginie.
36:10 Les agents le soupçonnaient d'avoir assassiné un diplomate chilien avec l'aide de Cubains d'extrême droite.
36:16 Mais la seule accusation qu'on pouvait porter contre lui était relative au faux passeport qu'il avait présenté.
36:22 Tonley rencontra son avocat pendant que l'assistant du procureur Gene Proper se préparait à lui proposer un marché.
36:30 Ça ne serait pas facile parce qu'on ne pouvait pas prouver que Tonley avait commis un meurtre.
36:34 On n'avait rien contre lui, mis à part le fait qu'il avait présenté un faux passeport.
36:39 Miami, en Floride.
36:44 Les agents eurent un coup de chance lorsqu'un policier de Miami Alert reconnut un des hommes reliés à Tonley dans l'affaire du meurtre.
36:56 Il s'agissait d'Enrique Ayala, le chef du mouvement nationaliste cubain.
37:00 L'agent Carter Cornick et le procureur Gene Proper profitèrent de l'arrestation d'Ayala et de celles d'autres présumés membres du groupe pour exercer de la pression sur Tonley.
37:22 On a rencontré Tonley et on lui a dit qu'on avait arrêté les Cubains et qu'on conclurait un marché avec le premier d'entre eux qui accepterait de parler.
37:31 On savait que les Cubains ne parleraient jamais, mais on ne l'a pas dit à Tonley.
37:36 Il devait croire qu'on savait ce qui était arrivé, qu'on l'avait identifié et qu'on l'avait ramené aux États-Unis.
37:42 Il devait craindre qu'on détienne toutes les informations sur lui.
37:47 Mais en fait, tout ce qu'on avait contre lui, c'était un délit pour usage de faux passeports et le fait qu'on savait qu'il avait rencontré les Cubains.
37:54 Malheureusement, à moins que les Cubains ou Tonley ne parlent, on ne pourrait pas porter cette affaire devant les tribunaux.
38:00 Après des heures de négociations, Tonley accepta de coopérer en échange d'une peine d'emprisonnement réduite de 10 ans.
38:08 Tonley déclara qu'il était un agent secret hautement spécialisé et un assassin pour les services de renseignement chilien.
38:16 Il travaillait pour la police secrète chilienne qui était menée par un général.
38:21 Il estimait que les assassinats qu'il avait commis avaient été ordonnés par le gouvernement.
38:28 La police secrète voulait voir le tellier mort parce qu'il vivait aux États-Unis, qu'il faisait connaître ses opinions et qu'il jetait le discrédit sur le gouvernement de Pinochet.
38:38 Le tellier rencontrait les sénateurs au congrès, il se prononçait un peu partout dans le monde.
38:44 Or le gouvernement de Pinochet était un gouvernement répressif d'extrême droite et le tellier était un bon narrateur.
38:50 Il était une source d'ennui pour le gouvernement chilien.
38:53 Il ne s'agissait pas du premier assassinat de Tonley.
38:57 Cet expert en électronique et en fabrication de bombes avait participé à plusieurs assassinats, aussi bien en Amérique du Sud qu'en Amérique du Nord et en Europe.
39:07 Cet homme était certainement l'homme le plus dangereux que j'ai jamais rencontré.
39:13 Il se vantait de son rôle dans la fabrication de bombes, ayant tué des gens.
39:20 Et il justifia ses actes en affirmant que le tellier était un soldat tout comme lui.
39:26 Tonley déclara qu'il avait fabriqué une bombe dans une chambre de motel et qu'il l'avait ensuite fixée sous la voiture de le tellier pendant la nuit.
39:36 Les Cubains, qui espéraient créer des liens avec le gouvernement chilien, avaient accepté de participer à cet attentat.
39:43 Tonley leur avait confié la mission de faire exploser la bombe.
39:46 Il était ensuite parti pour la Floride, après avoir laissé une télécommande aux Cubains.
39:51 Il déclara qu'il ignorait toutefois qui avait appuyé sur le bouton.
39:55 Le tellier n'intéressait pas particulièrement les Cubains.
39:59 Ils voulaient seulement avoir des liens avec la police secrète chilienne, et ce pour plusieurs raisons.
40:04 Le Chili pourrait leur donner asile s'ils avaient des problèmes aux Etats-Unis.
40:09 En outre, ils avaient des idéologies semblables, étant eux aussi d'extrême droite.
40:14 Ils croyaient également pouvoir obtenir du dina, du matériel et peut-être même de l'argent.
40:19 Pour prouver les dires de Tonley, le FBI fit l'acquisition d'une voiture semblable à celle de la victime,
40:26 et ils demandèrent aux suspects de fabriquer une bombe identique à celle qui avait tué le diplomate.
40:31 Tout a été filmé par le FBI afin qu'on puisse utiliser ces images lors du procès.
40:39 Les composantes de la bombe étaient identiques.
40:42 Mais la question qu'on se posait, c'était si les résultats seraient les mêmes.
40:49 On ne le savait pas.
41:05 Quand la poussière est retombée, j'ai regardé la voiture qui venait d'exploser.
41:11 Elle était identique à celle que j'avais vue deux ans plus tôt sur les lieux du crime.
41:17 Je n'en croyais pas mes yeux.
41:20 Je me suis retourné pour regarder Michael Tonley.
41:24 Son visage était livide.
41:27 Il a dit qu'il voulait partir.
41:33 J'ai demandé à deux de nos agents de le raccompagner à la voiture.
41:36 Tonley avait été mêlé à plusieurs crimes, mais il n'avait jamais porté le coup fatal.
41:42 Il commettait ses crimes à distance et ne voyait pas ses victimes.
41:46 C'était un soldat. On lui donnait l'ordre d'assassiner quelqu'un et il obéissait,
41:50 mais ce n'était pas lui qui commettait le crime.
41:53 Quand il a vu l'effet de sa bombe, il a semblé en être très affecté.
42:01 Deux ans et demi après l'assassinat de l'hôtelier,
42:03 les frères Ayala et un de leurs complices comparurent devant les tribunaux.
42:07 Les photos des deux voitures réduites en sharpie constituèrent les preuves les plus convaincantes.
42:13 Les ressemblances entre les deux explosions étaient frappantes.
42:19 Après sept semaines de procès, le jury est entré en délibération
42:23 et a demandé à revoir deux éléments de la preuve.
42:26 L'un d'eux était les photos des voitures.
42:30 Aucun autre.
42:31 Le jury a déclaré les prévenus coupables de tous les chefs d'accusation.
42:35 La cour condamna Henrique et Sanchez Ayala pour avoir participé au complot pour meurtre,
42:41 mais lors d'un second procès, leur peine fut annulée sur un point de procédure.
42:45 Au cours des 20 années qui suivirent, deux autres nationalistes anticastristes
42:49 et trois représentants des autorités chiliennes se retrouvèrent derrière les barreaux
42:53 pour le meurtre de l'hôtelier.
42:56 L'agent spécial Carter Connick du FBI croit que l'assassinat de l'hôtelier
43:00 est le résultat d'un malentendu tragique.
43:03 Je crois qu'il a été assassiné pour deux raisons.
43:06 D'abord pour ses actes.
43:08 À cause de ses déclarations, les Pays-Bas avaient cessé de prêter des fonds au Chili.
43:12 Et deuxièmement, les Chiliens le percevaient comme une menace.
43:16 Mais en réalité, ce n'était pas le cas.
43:18 De plus, les militaires chiliens croyaient que l'hôtelier
43:24 était en train de former un gouvernement pendant son exil aux États-Unis.
43:27 Mais ce n'était pas vrai.
43:29 Ils étaient seulement un peu trop paranoïaques.
43:31 Des documents trouvés après la chute du dictateur chilien Augusto Pinochet
43:39 ont confirmé plus tard que son gouvernement avait commandé la mort de l'hôtelier.
43:43 Le travail acharné des agents du FBI pour faire condamner ces assassins
43:49 et pour résoudre cette enquête complexe
43:52 a permis d'attirer l'attention de pays sans scrupules.
43:54 Je crois que ça a envoyé un message au gouvernement
43:58 qui avait l'intention de faire assassiner des gens à l'extérieur des frontières de leur pays.
44:03 Vous feriez mieux d'y penser à deux fois avant de faire ça.
44:10 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
44:13 "Musique de générique"