• il y a 8 mois
Anne Fulda reçoit Joël Dicker pour son livre «Un animal sauvage» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 - Bienvenue à l'heure des livres, Joël Dicker.
00:02 - Merci.
00:02 - Si on ne vous présente pas, on vous connaît.
00:04 "L'énigme de la chambre 622", notamment,
00:06 "La vérité sur l'affaire Harry Kebber",
00:08 là vous venez de publier votre septième roman, seulement,
00:10 "Un animal sauvage", enfin vous êtes jeune, il faut dire,
00:12 publié aux éditions Rosie & Wolf,
00:14 un thriller qui se déroule en Suisse, essentiellement,
00:18 on passe aussi un petit peu par Saint-Tropez,
00:20 et un livre qui tient sa promesse,
00:22 parce qu'on ne lâche pas jusqu'à la dernière page.
00:24 Il faut dire que les personnages sont particulièrement léchés,
00:29 notamment l'héroïne féminine, Sophie Brown,
00:33 qui porte sur la cuisse un tatouage de panthère.
00:37 Chez elle, tout semble parfait,
00:39 c'est... vous l'avez soigné, ce personnage ?
00:42 - Ah, les apparences, vous savez !
00:44 - Mais en apparences !
00:45 - Ce sont les apparences à double titre,
00:47 celles qu'on donne volontairement,
00:49 c'est-à-dire l'image qu'on veut donner aux autres,
00:51 et puis Sophie, particulièrement,
00:53 c'est aussi les apparences que les autres lui prêtent.
00:56 Et c'est un personnage qui a comme ça,
00:58 cette double projection,
01:00 et surtout, on imagine, on lui prête,
01:03 on imagine pour elle, on lui prête des fantasmes.
01:05 Elle a son voisin qui l'observe,
01:07 son mari qui l'admire immensément,
01:09 sa voisine aussi qui la trouve absolument incroyable,
01:13 et en fait, il y a non seulement ce qu'elle montre,
01:16 mais ce que les gens pensent qu'elle est.
01:18 Et qu'elle n'est probablement pas, mais ça je...
01:20 - Alors on a l'air d'être chez les heureux du monde,
01:22 parce que ce couple-là, donc,
01:24 Arpad, c'est le mari de Sophie Braun,
01:27 ils habitent dans une superbe maison de verre à Coligny,
01:29 c'est le quartier chic près de Genève,
01:32 l'un à l'une est avocate, lui est banquier d'affaires,
01:35 ils ont des enfants qui sont beaux,
01:37 tout est trop beau pour être vrai.
01:39 Effectivement, il y a cette rivalité,
01:41 cette jalousie des voisins que vous venez de parler.
01:44 Déjà, comment vous avez décidé
01:47 que ce livre se déroule là,
01:50 dans cet endroit où tout semble calme,
01:53 où tout sera, j'imagine que c'est volontaire.
01:55 - Pour le calme et la sérénité, c'est la Suisse.
01:58 C'est Genève, la ville où je vis, où je suis né,
02:01 j'avais très envie de raconter cette ville à mes lecteurs,
02:04 j'avais envie de la raconter, j'avais déjà utilisé Genève
02:06 comme décor dans un de mes précédents livres,
02:08 "L'énigme de la chambre 122",
02:10 là j'avais envie qu'elle soit plus que le décor,
02:12 j'avais envie qu'elle soit un des personnages,
02:14 j'avais envie qu'on perçoive le pouls de cette ville,
02:16 qui est à la fois une ville très urbaine,
02:18 très animée, très vivante, évidemment,
02:20 mais aussi, dans les abords directs,
02:22 des petits quartiers, dont ce quartier de colonie,
02:25 très coçu, très élégant, boisé, sauvage,
02:29 et la suite, ce sont les personnages qui s'y trouvent
02:32 et les évolutions qu'on leur donne.
02:34 - Alors ce qui est intéressant, c'est que tous les personnages du livre,
02:37 ceux qu'on a cités, c'est-à-dire ce couple,
02:40 des Brownes, leurs voisins, mais aussi Fauve,
02:42 qui est un personnage important,
02:44 ne sont pas vraiment ce qu'ils ont l'air d'être,
02:46 ils ont tous des petits secrets, des faces cachées,
02:49 ça vous aimait bien, ça, quand...
02:51 - C'est comme des poupées russes, en fait.
02:53 - Ce sont les poupées russes, mais que nous sommes tous,
02:55 c'est-à-dire qu'il y a l'image qu'on donne,
02:57 l'image qu'on veut présenter aux autres,
02:59 il y a l'image aussi de la politesse,
03:01 parce qu'il est poli d'être gay,
03:03 et qu'on veut toujours se présenter sous un jour, sans mentir,
03:05 un jour plus agréable que souvent ce qu'on ressent,
03:08 ou notre état réel.
03:10 Et puis, plus on enlève, plus on se parle, plus on se confie,
03:12 plus on se rend compte, ou plus notre interlocuteur
03:14 se rend compte de qui on est vraiment.
03:16 Et c'est cette personne qui m'intéresse,
03:18 et qui, souvent, même parait de nos imperfections,
03:20 de nos difficultés, de notre réalité,
03:23 de nos côtés peut-être plus honteux, plus sombres,
03:26 on est très bien, quand même.
03:28 On est comme on est.
03:30 Et c'est ça, un peu, ce livre, c'est un appel pour ces personnages,
03:32 peut-être pour celui qui lit,
03:34 à assumer complètement qui on est,
03:36 et à vivre avec ce qu'on est.
03:38 On est comme on est, c'est pas très grave.
03:40 - Alors, le livre s'articule autour de l'organisation
03:42 d'un braquage à Genève,
03:44 dans une bijouterie, on apprendra.
03:46 Alors, vous annoncez d'emblée La Couleur, d'ailleurs,
03:48 le 2 juillet 2022, à Genève,
03:50 un braquage retentissant, défrayé à la chronique.
03:52 Ce livre raconte l'histoire de ce hold-up.
03:54 Et pour raconter l'histoire de ce hold-up,
03:56 vous faites des allers-retours dans le temps,
03:58 un décompte, un compte à rebours,
04:00 ce procédé, comme ça, des allers-retours,
04:02 c'est quelque chose qui vous est familier,
04:04 vous aimez bien. Qu'est-ce que ça permet ?
04:06 - Je trouve que les allers-retours
04:08 et les flashbacks qui concernent les personnages
04:10 permettent de raconter qui ils sont vraiment.
04:12 Et donc, on a ces personnages,
04:14 qui durent 7 minutes, qui sont racontés
04:16 au long de ces 400 pages, parce que le hold-up,
04:18 évidemment, c'est le moteur, c'est ce qui se passe,
04:20 mais ce hold-up-là, les braqueurs,
04:22 on ne les voit pas, évidemment. Enfin, on les voit,
04:24 on les devine, mais ils ont un visage masqué.
04:26 Et donc, qui sont-ils vraiment ?
04:28 Quelle est leur histoire ? Pourquoi ce hold-up ?
04:30 Pour comprendre ce qu'on vit,
04:32 il faut savoir d'où on vient. Et ces flashbacks,
04:34 ces retours dans le temps, ils servent à ça.
04:36 - Dernière question, rapidement.
04:38 On a vu que pour ce livre,
04:40 on a annoncé des tirages incroyables,
04:42 de 500 000 exemplaires.
04:44 Est-ce que ça ne vous met pas une pression
04:46 très forte ?
04:48 - Oui, évidemment. Et en même temps,
04:50 ce sont des chiffres très abstraits,
04:52 dans la mesure où je ne les vois pas devant moi.
04:54 C'est-à-dire que je ne vois pas les lecteurs.
04:56 C'est extraordinaire, quand on parle de ces millions de lecteurs.
04:58 C'est à la fois complètement fou
05:00 et extraordinaire, et ça me fait rêver,
05:02 évidemment. Et en même temps, ce sont des chiffres
05:04 qu'on ne quantifie pas au mal,
05:06 parce que ce n'est pas devant nous. On ne les sent pas.
05:08 Et moi, je suis toujours face à ma feuille,
05:10 à ma feuille blanche, à me demander quel sera le prochain sujet.
05:12 Est-ce que le livre est bon ?
05:14 Avec ces doutes, qui sont des bons doutes,
05:16 parce que c'est ce qui nous fait aller de l'avant.
05:18 - Alors en attendant, sans aucun doute,
05:20 lisez donc "Un animal sauvage". Merci, Joël Dicker.
05:22 - Merci.
05:24 [Musique]
05:27 [SILENCE]

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