Les 4 Vérités - Catherine Vautrin

  • il y a 6 mois
Thomas Sotto reçoit Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Catherine Vautrin.
00:05 Vous connaissez l'adage "il n'y a pas d'amour, seulement des preuves d'amour".
00:08 Alors oui, l'IVG est gravé dans la Constitution,
00:10 mais certains freins à l'IVG sont eux toujours dans le quotidien des femmes.
00:14 Aujourd'hui, en moyenne, 17% des femmes ne peuvent pas avorter dans leur propre département.
00:18 Faute de centre, faute de disponibilité, faute de médecin.
00:21 On est à presque 1 sur 2 dans l'Inde, en Ardèche.
00:24 Quelle réponse concrète apporter à cela ?
00:26 Vous avez raison. Et ce que je voudrais dire d'abord, c'est évidemment l'hommage pour le long parcours de l'IVG
00:32 depuis pratiquement une cinquantaine d'années, et évidemment l'hommage à Simone Veil.
00:35 Juste un mot, la Constitution c'était important pour être certain qu'on ne revienne jamais sur le sujet.
00:41 C'est l'engagement du Président de la République et je pense que c'était vraiment un point important.
00:45 Mais elle ne réglait pas les problèmes du quotidien.
00:46 L'accès maintenant, nous y venons tout de suite.
00:48 Premier point, moi je suis là depuis pas deux mois,
00:51 et j'ai repris un point très important, qui était la capacité effectivement pour les sages-femmes
00:56 d'exercer l'IVG instrumentale, puisque maintenant depuis 2016,
01:01 elles pouvaient le faire pour l'IVG médicamenteuse,
01:03 elles ne pouvaient pas le faire pour l'IVG instrumentale.
01:06 L'acte chirurgical en quelque sorte.
01:07 L'acte chirurgical.
01:08 Elle pouvait le faire, mais elle devait être encadrée par plusieurs médecins.
01:11 Il y avait un décret très compliqué, je pense que ce qui est important pour les auditrices aujourd'hui,
01:14 c'est de savoir que le décret maintenant permet qu'elles le fassent,
01:18 et qu'elles le fassent à court terme, c'est-à-dire maintenant.
01:21 Deuxième élément.
01:22 Elles vont pouvoir le faire seules, sans médecin ?
01:24 Elles vont pouvoir le faire seules, et avec simplement un médecin dans l'ensemble.
01:30 C'est-à-dire par exemple, si vous êtes dans un endroit où il y a trois bâtiments,
01:34 il suffit qu'il y ait un médecin dans un des trois bâtiments.
01:36 Donc elles peuvent le faire seules.
01:37 À partir de quand ça ?
01:38 À partir de fin mars.
01:39 Donc ça c'est un point très important.
01:40 Deuxième point extrêmement important, c'était également l'acte,
01:44 et la valorisation de l'acte, qui a été revalorisé le 1er mars.
01:48 Donc c'est fait, c'est officiel, parce que c'était aussi un sujet,
01:51 c'était un acte qui était mal valorisé,
01:54 et donc un certain nombre de professionnels ne le faisaient pas pour cette raison.
01:57 Il y a 3% de médecins à peu près généralistes qui y pratiquent les idées.
02:00 Et c'est un sujet parce qu'on voyait la nécessité d'avoir plus de médecins qui puissent le faire.
02:05 C'est pour ça que j'ai pris la décision de revaloriser cet acte.
02:09 Donc vous voyez, 1) on garantit la Constitution, on protège l'IVG dans la Constitution,
02:16 et 2) on permet aux femmes d'y avoir accès.
02:19 Autre difficulté pour les femmes, les médecins qu'on évoquait,
02:22 qui font jouer leur clause de conscience.
02:23 Aujourd'hui chaque médecin a le droit de refuser des soins pour raisons professionnelles ou personnelles,
02:27 mais aussi pour des raisons morales, par exemple des raisons religieuses.
02:31 Est-ce que vous comptez revenir sur cette partie-là de la clause de conscience,
02:34 parce que certaines femmes disent "mais là on nous met de la morale dans l'avortement".
02:37 Non, je ne toucherai pas à la clause de conscience des médecins.
02:40 En revanche, j'élargis le nombre de personnes qui peuvent pratiquer l'IVG.
02:44 Mon objectif, quel est-il, c'est que les femmes qui veulent recourir puissent le faire.
02:48 Et donc plus j'ai de personnels médicaux, paramédicaux qui potentiellement peuvent le faire,
02:53 plus j'ai la réponse.
02:54 Et je crois que ce qu'attendent les femmes, c'est une réponse.
02:56 Et on sait que quand on parle d'IVG, il y a une urgence, et donc la nécessité,
03:00 vous l'avez très bien dit, c'est la proximité, d'où le renforcement pour les sages-femmes.
03:04 Autre difficulté pour beaucoup de femmes, 1 sur 10 souffre d'endométriose.
03:08 C'est un sujet qui est encore largement tabou, surtout en entreprise.
03:11 Comment lever ce tabou, Madame la Ministre ?
03:13 Alors, premier sujet, c'est le diagnostic.
03:15 Parce qu'on se rend compte qu'il y a, en moyenne, vous l'avez dit,
03:19 1 femme sur 10 est concernée, mais surtout il y a une vraie errance en matière de diagnostic.
03:25 Il s'avère que nous avons une entreprise française, basée dans les Landes,
03:29 qui vient de mettre en place un test salivaire.
03:33 Et ça, c'est extrêmement important, parce qu'à ce moment-là, la salive va dans un tube,
03:37 ce tube est analysé, et ça permet de donner le diagnostic.
03:40 Donc il y a aujourd'hui un test fiable ?
03:41 Il y a un test fiable qui existe.
03:43 Alors, on va prendre deux secondes pour expliquer l'importance de ce test.
03:47 Jusqu'à maintenant, vous aviez une consultation médicale, vous aviez ensuite une écho,
03:54 et seulement à ce moment-là, vous aviez le test.
03:57 C'est-à-dire que c'était ce qu'on appelle, dans le jargon, en troisième intention.
04:01 Vous savez que quand on met en place un dispositif comme celui-ci,
04:04 évidemment son intérêt est validé par la Haute Autorité de Santé.
04:08 Il s'avère que la Haute Autorité de Santé vient de mettre en avant l'intérêt de ce test.
04:13 Je rappelle, c'est une startup française, donc c'est très important.
04:16 Donc les femmes vont pouvoir attaquer par ce test ?
04:19 Les femmes vont pouvoir attaquer par ce test, pas tout de suite, je vais jusqu'au bout.
04:23 Là, on a encore une expérimentation sur 3 000 femmes jusqu'à la fin de l'année,
04:28 et les éléments sont extrêmement intéressants, et nous devrions, à partir de 2025,
04:34 être en capacité à ce que les femmes commencent par ce test.
04:38 Il coûte cher ce test ?
04:39 Oui, ce test coûte à peu près 1 000 euros.
04:42 Il sera pris en charge ?
04:43 C'est tout l'objectif, et c'est pour ça qu'avec l'accord de 3 000 femmes,
04:48 nous allons définitivement valider, pour ensuite dégager le budget
04:52 qui permettra demain à 10 000, 20 000 femmes de pouvoir bénéficier de ce test.
04:56 Donc, on assume, objectif janvier 2025, un test à disposition des femmes
05:00 qui est remboursé par la sécurité sociale à 100% ?
05:02 C'est ça notre objectif, et ça, ça nécessite une dernière validation de la Haute Autorité de Santé.
05:07 En parallèle, deux autres idées.
05:09 D'une part, une information qui est distribuée aux entreprises.
05:14 Pourquoi ? Parce que, évidemment, il faut respecter le secret médical,
05:17 mais il est important d'expliquer, notamment aux directions des ressources humaines,
05:21 qu'aujourd'hui, il y a une pathologie qui touche les femmes,
05:24 qui génère des conséquences sur leur santé, qui sont des conséquences lourdes,
05:28 et qui nécessite une absenté.
05:30 Donc, un travail de pédagogie en entreprise ?
05:31 Et donc, un travail de pédagogie pour les entreprises, d'une part.
05:33 Troisième élément, une campagne d'information, parce qu'on le sait,
05:37 l'endométriose est une réalité dans notre pays,
05:39 et il y a encore besoin d'informer les femmes sur le sujet.
05:42 Comme vous savez, demain, 8 mars, marquera la Journée internationale des droits des femmes.
05:45 L'égalité hommes-femmes en entreprise, c'est encore largement un leurre.
05:48 Où en est-on de l'index hommes-femmes en entreprise,
05:51 qui avait été créé en 2019, dans lesquels les entreprises sont obligées
05:54 d'afficher le niveau d'égalité ou d'inégalité, et de corriger les inégalités ?
06:00 Quels sont les derniers chiffres ?
06:01 Alors, vous le savez, le sujet de l'égalité hommes-femmes,
06:03 j'ose dire que ça fait 50 ans, la première fois que le sujet a été évoqué, c'était en 72.
06:07 Vous voyez le long chemin que nous sommes toutes obligées de faire.
06:11 Mais il y a toujours 23% d'écart entre les salaires.
06:13 L'index, aujourd'hui, c'est clairement une mesure, effectivement,
06:17 qui oblige les entreprises à rendre sur 5 critères l'évolution des salaires dans l'entreprise.
06:23 Aujourd'hui, nous avons 77% des entreprises qui ont rendu ces 5 points de plus que l'année dernière.
06:29 Donc là-dessus, il y a un premier élément.
06:31 Derrière, effectivement, il y a encore à avancer sur cette égalité salariale.
06:35 Il y a à avancer sur les augmentations de salaires en retour de congés de maternité, par exemple.
06:40 Et il y a enfin à continuer à avancer sur l'égalité des rémunérations,
06:44 notamment chez les cadres dirigeants.
06:46 Mais ça reste un sujet.
06:47 Est-ce qu'il va y avoir des sanctions ? Parce que c'est bien, il y a 77 qui lui transmettent "OK",
06:50 qui disent "ça va pas, OK", mais est-ce qu'il va y avoir au-delà des mises en demeure qu'il y a aujourd'hui ?
06:54 Vous savez, il y a dans notre pays des inspecteurs du travail auxquels je rends hommage.
06:58 Et il y a eu, en 23, 857 contrôles qui ont généré des sanctions.
07:05 Des sanctions soit parce que le questionnaire n'avait pas été retourné,
07:09 soit parce qu'il y a des manquements plusieurs années de suite.
07:12 Parce que, je reprends ce que vous disiez tout à l'heure,
07:14 l'amour c'est bien, l'épreuve c'est mieux.
07:16 Encore un élément sur lequel il faut se dire que contrôler c'est bien,
07:20 la question c'est de mesurer les points de progrès.
07:22 C'est un sujet sur lequel nous devons arriver à l'égalité salariale, c'est indispensable.
07:26 Catherine Vautrin, vous avez plusieurs casquettes,
07:28 puisque vous êtes aussi la ministre du Travail et de ceux qui en cherchent.
07:30 Alors que Bruno Le Maire estime que l'État ne peut pas être une pompe à fric,
07:33 Axel Dotard l'a en parlé à l'instant, ma question est très simple.
07:35 Allez-vous, oui ou non, réduire les indemnités des demandeurs d'emploi,
07:39 que ce soit dans la somme ou dans la durée ?
07:41 Mon sujet, très concrètement, c'est d'accompagner nos concitoyens
07:44 les plus éloignés de l'emploi vers l'emploi.
07:46 Parce que oui, il y a effectivement un sujet de déficit.
07:48 On a tous envie que les chômeurs retrouvent du boulot.
07:50 Il y a un sujet de déficit public, c'est clair,
07:52 mais quelque part, à chaque fois que quelqu'un remonte dans le train de l'emploi,
07:55 c'est une respiration pour les finances publiques, parce que c'est de la production.
07:58 Donc moi je veux bien regarder, Bruno Le Maire est là depuis 7 ans,
08:00 je suis là depuis 2 mois, je suis tout à fait solidaire,
08:03 je veux bien regarder les coupes, mais je veux aussi regarder la capacité à produire.
08:06 Vous voulez bien regarder les coupes, ça veut dire que la question de la baisse du montant
08:09 et de la durée de l'indemnité chômage est sur la table aujourd'hui ?
08:11 Elle n'est pas sur la table au moment où nous nous parlons.
08:14 Moi j'ai un objectif de réduction de la dépense,
08:17 mais j'ai aussi un objectif, c'est celui de ramener nos concitoyens
08:20 les plus éloignés de l'emploi vers l'emploi.
08:22 Pour ça, j'ai besoin de développer France Travaille,
08:25 j'ai besoin de développer l'apprentissage.
08:27 Aujourd'hui, vous n'êtes pas favorable à une baisse de la durée ou du montant ?
08:30 Moi, ce que je veux faire aujourd'hui, c'est regarder dispositif par dispositif
08:33 quels sont ceux qui apportent le meilleur résultat
08:36 et évidemment privilégier ceux qui apportent le meilleur résultat
08:39 parce que cela remet les gens à l'emploi.
08:41 Je prends un exemple, l'apprentissage.
08:43 Au bout de deux ans, j'ai 72% des gens dans l'emploi.
08:45 France Travaille, en neuf mois, j'ai 22 000 personnes en formation, 45% dans l'emploi.
08:49 Vous savez pourquoi je vous pose la question et j'insiste un petit peu ?
08:51 Parce que Gabriel Attal, le début de semaine dans Les Vosges, disait
08:53 prêt à des décisions difficiles pour inciter au travail et arriver au plein emploi.
08:57 Évidemment, on se demande quelles sont ces décisions
08:59 et on se demande si on n'est pas revenu à la bonne culpabilisation du chômeur.
09:01 Si tu ne trouves pas de boulot, c'est que tu n'en veux pas, bouge-toi un peu, fais le lien.
09:03 Pas du tout. J'étais avec Gabriel Attal dans Les Vosges.
09:05 Donc, je peux vous dire ce que j'ai entendu.
09:07 Et très concrètement, la volonté de Gabriel Attal,
09:09 nous étions dans une agence de France Travaille
09:11 et notre volonté, c'est clairement que les Français, effectivement, puissent retrouver un travail.
09:16 Et le sujet, c'est les 60-64 ans.
09:18 Aujourd'hui, nous avons 33% de personnes qui sont en emploi.
09:22 Vous m'accorderez qu'il y a un peu de marge et c'est une des cibles sur lesquelles...
09:26 Mais parce que les entreprises ne jouent pas le jeu, c'est toujours pareil.
09:28 Nous devons travailler avec les entreprises, mais nous devons aussi travailler l'employabilité des seniors.
09:32 Quand un senior perd son job, plus vite vous l'aider à avoir une formation,
09:35 à faire une validation des acquis, à remonter dans l'emploi,
09:38 plus vite vous apportez une solution.
09:40 C'est ça mon objectif et c'est pour ça que je suis là.
09:42 Toute dernière question, ça concerne la fin de vie. On est vraiment au bout.
09:44 Quand est-ce que ce projet de loi sur la fin de vie arrivera enfin devant le Parlement ?
09:48 Vous le savez, c'est un sujet avec...
09:50 Du président de la République ?
09:51 Non, avec deux éléments importants.
09:53 Le premier, c'est la stratégie décennale de soins palliatifs.
09:56 Le deuxième, c'est effectivement la fin de vie, dont je rappelle que c'est une pathologie et pas un âge.
10:01 Et très concrètement, effectivement, le président de la République aura l'occasion de s'exprimer dans les jours qui viennent.
10:06 Mais ça sera avant le printemps ? C'est pour le printemps là ou pas ?
10:09 Ce n'est pas moi qui détermine...
10:10 C'est ce que vous souhaitez.
10:11 Ah mais le texte en tant que tel, j'espère pouvoir le discuter d'ici l'été.
10:16 D'ici l'été. Merci beaucoup Catherine Votrain, d'être venue dans les 4V. Bonne journée.