Radios Libres : hommage à « Supernana » de Carbone 14

  • il y a 6 mois
Avec Michael Barbe, auteur de “C’était juste une Supernana” (06/02/24).

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Transcript
00:00 (Générique)
00:03 Et ceux qui nous écoutent, qui ont grandi dans les années 80,
00:06 se souviennent sans doute de cet incroyable bouillonnement des radios libres à partir de 1981.
00:14 On va en parler, et on va parler d'une des voix et des figures de ce bouillonnement,
00:19 c'est Supernana. On en parle avec celui qui lui consacre un livre en hommage,
00:23 Michael Barbe. Bonjour !
00:24 Bonjour Jean-Marie.
00:25 Bienvenue sur Sud Radio.
00:27 Vous avez fait combien de radios ? Vous êtes passionnée de radio depuis toujours ?
00:30 Combien de radios ?
00:31 Vous êtes passée sur combien de radios différentes ?
00:33 Ouh là là !
00:34 Trois radios dans ce livre.
00:36 On espère que ce sera encore plus. Vous publiez ce livre,
00:40 "C'était juste une super nana", sacré livre en hommage à cette voix qui a marqué,
00:47 notamment "Carbone 14", cette radio libre extrêmement emblématique.
00:51 Petite Madeleine de Proust pour ceux qui nous écoutent et qui ont vécu ça.
00:54 Vous êtes sur "Pubel Night", l'émission de Supernana.
00:58 Vous croyez quand même pas que Supernana écoute les autres émissions qui passent sur "Carbone 14" ?
01:03 Quel rupture !
01:04 Alors là, vous vous bourrez complètement.
01:06 On n'écoute pas "Carbone 14", on n'est pas des ploucs quand même.
01:09 On n'écoute pas "Carbone 14", on n'est pas des ploucs, ça vous rappelle quelques petits souvenirs.
01:14 Ce qui est incroyable, c'est la manière dont vous racontez comment elle est entrée dans cette radio.
01:18 Donc, création de radio un peu partout, il y en aura eu plusieurs milliers.
01:21 On est en 81, elle va à "Carbone 14", elle y va plusieurs jours,
01:24 et à un moment, elle tombe sur le directeur financier.
01:26 Il lui demande "Qu'est-ce que vous voulez ?"
01:27 Elle dit "Faire de la radio".
01:28 "Oui, mais quoi ?" "Je veux parler aux gens."
01:30 "Mais de quoi vous voulez parler ?"
01:31 Elle n'avait pas d'idée précise.
01:33 Alors, elle dit "De sexe."
01:34 Et il répond "Quoi ?" "OK, ta première."
01:36 C'est samedi à minuit.
01:37 C'était facile en 81 de faire de la radio, non ?
01:39 Apparemment, oui, effectivement.
01:40 On pouvait rentrer, être passionné de radio.
01:42 Après, Funus était une personne assez particulière.
01:44 Mais c'est vrai qu'il y avait tellement de radios pirates associatives à l'époque
01:48 qu'on pouvait rentrer, ouvrir la porte.
01:50 C'était le cas de son camarade Laurent Petit-Guillaume,
01:52 qui préfère ce livre,
01:53 qui lui aussi est rentré à "Carbone 14".
01:55 Il dit "J'adore la musique, j'ai envie de passer des disques."
01:57 Et il est rentré à "Carbone 14".
01:58 Donc, lui, à l'époque, on rentrait très facilement sans faire d'école de radio.
02:01 Exactement, j'ai vu de la lumière.
02:02 Je suis rentré.
02:03 Il va y en avoir presque 2000 en tout, des radios libres à ce moment-là.
02:07 C'est la libéralisation.
02:08 Avant, vous aviez un monopole d'État, plus quelques radios périphériques.
02:11 La gauche au pouvoir en 81 ouvre tout.
02:14 Du coup, vous avez une profusion de radios.
02:17 Ça sera régulé un peu plus tard, on pourra en reparler.
02:20 On a l'impression que c'est mai 68 de la bande FM,
02:24 mais avec 20 ans de retard, les années 80.
02:25 Est-ce que c'est ça ?
02:26 Oui, c'est complètement ça.
02:28 Avant, c'était tellement verrouillé par l'État,
02:30 vous l'avez très bien dit,
02:33 qu'il y avait aussi l'élection de Mitterrand en 81.
02:36 Donc, on avait une libération de la parole politique.
02:39 Il y en avait un petit peu avant, mais là, beaucoup plus.
02:41 Et c'est vrai que cette arrivée des radios libres a été une explosion
02:44 et une révolution.
02:46 De tout et de n'importe quoi.
02:47 Exactement, de tout et de n'importe quoi.
02:49 Du trash, on a parlé de sexe, beaucoup.
02:52 A la radio, ce qui était un tabou, parce qu'on n'en parlait clairement pas
02:55 sur les autres radios à l'époque, ou en tout cas pas de cette manière.
02:57 On est d'accord ?
02:58 Non, il y avait une célèbre animatrice
03:00 appelée Minnie Grigoire sur nos radios 3 lettres.
03:02 Je ne sais pas si je peux la citer RTL.
03:04 Vous pouvez, c'était tout nos conferts.
03:06 On est là pour parler des collègues.
03:07 Même si on est sur Sud Radio.
03:09 Mais voilà, c'était il y a bien longtemps,
03:11 parce que sa dernière émission, c'était en 82.
03:13 Donc elle faisait l'émission, effectivement,
03:15 les auditeurs envoyaient des lettres,
03:16 l'auditrice, et parlaient de sexe.
03:18 Mais très policier, on va dire, pour l'époque.
03:20 C'était normal aussi, en quelque sorte.
03:22 Exactement. Catherine Pelletier, super nana.
03:25 Bon, vous êtes passionnée, vous êtes un de ses amies, en fin de compte.
03:28 Elle vous passionne depuis toujours.
03:29 Vous aviez un site internet dédié à elle.
03:31 Vous en avez fait un livre avec des hommages.
03:34 Et qu'est-ce qui faisait la différence ?
03:36 Qu'est-ce qui faisait qu'elle s'est démarquée ?
03:39 Moi, dès la première écoute,
03:41 cette liberté de parole,
03:43 elle n'avait pas de limite.
03:45 Déjà, moi, quand je l'ai découvert,
03:47 je n'étais pas de l'époque de Carbone 14.
03:49 Non, vous l'avez découverte à 15 ans,
03:50 quand elle est arrivée sur Skyrock.
03:51 Exactement.
03:52 Et ce qui était drôle aussi, c'est qu'à l'époque,
03:54 elle n'appelait pas Skyrock,
03:55 elle disait Selmrock.
03:56 Donc elle avait vraiment une liberté.
03:58 Elle passait sa propre programmation musicale.
04:00 Elle avait un ton libre,
04:02 je n'avais jamais entendu ça à la radio, personnellement.
04:04 Et c'est drôle, parce que tout le monde parle de ton libre.
04:06 Alors, c'est quoi le ton libre ?
04:07 On a tous cherché à avoir un ton libre,
04:08 d'une manière ou d'une autre.
04:09 Qu'est-ce que vous sentiez de différent ?
04:11 Vous dites, tiens, ça, j'ai pas entendu ça ailleurs.
04:13 Oui, déjà à l'époque,
04:15 j'étais déjà un enfant de la radio.
04:17 J'écoutais beaucoup la radio.
04:19 Mais il n'y avait pas de censure.
04:22 On lui disait souvent qu'elle avait un langage coluchien.
04:25 Donc elle avait ce langage-là,
04:27 libre, coluche, à la télé.
04:28 On l'entendait beaucoup dire des choses
04:30 qui étaient très différentes des autres humoristes.
04:32 Et qui étaient plus traces aussi, on peut en parler.
04:34 On va écouter un petit extrait,
04:35 vous parlez de Skyrock, ça c'est votre enfance,
04:36 qu'on va parler, ou plutôt votre adolescence.
04:38 Michael Barbe.
04:40 Évidemment, sacrée équipe, sacrée époque.
05:01 Oui, oui, c'était...
05:03 Il y avait effectivement une interrogation des...
05:05 Le CSA qui était là, qui écoutait.
05:07 Mais eux, ils...
05:09 Ils en tenaient pas compte d'ailleurs à la base.
05:11 L'antigum était embauché avec Superman 1 pour ça,
05:13 pour la calmer un petit peu.
05:14 Mais il a très vite compris le personnage.
05:16 Comment on peut modérer un personnage pareil ?
05:18 Qui va parler de sexe ?
05:19 Qui va engueuler les auditeurs s'il le faut ?
05:20 Il a essayé pendant une semaine,
05:21 et après il a abandonné.
05:22 Elle se faisait insulter ou menacer par moments
05:24 dans le courrier des auditeurs.
05:26 Elle leur répondait.
05:27 Elle avait une répartie très forte.
05:28 Elle disait même "Viens, je t'attends".
05:29 Exactement, c'était ça.
05:30 Déjà à l'époque de Carbon 14,
05:31 elle donnait l'adresse,
05:32 elle disait "Viens, je t'attends".
05:33 "Je suis là, t'inquiète pas, je suis là".
05:35 Et bien entendu, tout le monde se dégonflait.
05:37 C'est un peu comme les réseaux sociaux aujourd'hui.
05:38 Des anonymes...
05:39 La plupart du temps.
05:40 ... des vers insultent.
05:41 Mais derrière,
05:42 dès qu'ils sont convoqués à un procès,
05:43 à un tribunal,
05:44 là, c'est plus du tout la même personne.
05:46 C'était la liberté.
05:47 Vous aurez une autre émission qu'elle va faire
05:49 sur Skyrock.
05:50 Ça va durer deux mois, si je ne m'abuse.
05:51 Corrigez-moi s'il me trompe.
05:52 C'est cette émission-ci.
05:58 Nouvelle émission, Petit Guillaume, Super Nana, Tur le tutu.
06:01 L'émission qui a un chapeau sur le pointu.
06:04 Pour nous raconter vos histoires de Tur le tutu,
06:07 le téléphone 16 1 42 36 96,
06:09 deux fois le Minitel...
06:10 36 15 Skyrock.
06:12 Ou le fax pour vos jolis dessins.
06:14 Oui, oui, oui.
06:15 Et on en reçoit des beaux.
06:16 Et c'est quoi le fax ?
06:17 Parce que ça, je ne me souviens jamais.
06:18 C'est quoi le fax ?
06:19 Ceux qui sont nés dans les années 2000,
06:21 et qui nous écoutent peut-être en ce moment.
06:23 C'est quoi le Minitel aussi ?
06:24 Sachez que j'ai eu les résultats de mon bac sur Minitel.
06:26 Je suis un des derniers, mais quand même,
06:27 je n'ai pas connu cette époque.
06:28 Je vous ai fait écouter cet extrait de Dingle de Tur le tutu,
06:31 précisément parce que ça a été une des premières victimes
06:33 du Conseil supérieur de l'audiovisuel à l'époque.
06:36 Pornographie à l'antenne, a dit le CSA,
06:39 qui a jugé d'une extrême gravité
06:41 plusieurs dérives constatées dans les programmes de la radio,
06:43 et en particulier le contenu dégradant et pornographique
06:46 d'émissions s'adressant en priorité à un public jaune.
06:49 Pourquoi ça a choqué ?
06:50 Qu'est-ce qu'ils avaient dit ?
06:51 Qu'est-ce qu'ils avaient fait ?
06:52 Déjà, c'était une émission qui a été diffusée
06:54 de 17h à 19h.
06:55 Normalement, Superlinda, c'était plutôt 22h et plus tard.
06:57 Une émission qui était diffusée avant Lovin' Fun,
07:00 l'émission star qui était en face sur Fun Radio.
07:02 Et c'est un auditeur qui a dérapé à l'antenne,
07:05 qui a raconté une scène de viol pour dire concrètement les choses.
07:08 Et Superlinda, dans son style, elle a dit
07:10 "Ah bah bravo, bravo"
07:12 genre quelqu'un se renverse du vin sur soi.
07:14 On fait "Ah bah bravo", un peu trop ironique.
07:16 Sauf que le CSA a lu la chose au premier degré,
07:19 et c'est mal passé à l'époque.
07:21 Donc l'émission a été vite arrêtée.
07:23 Mais derrière, Laurent Ptiguiom et le duo
07:25 ont continué sur Skyrock Man.
07:27 - Évidemment, et elle aura une très belle carrière
07:29 qu'elle va continuer.
07:30 C'est assez émouvant parce que
07:31 vous nous racontez à la fin, le jour de sa disparition,
07:34 c'est le même jour que Jacques Martin.
07:35 Elle était toute heureuse de retourner faire de la radio.
07:38 C'était chez nos confrères d'Europe 1 cette fois-ci,
07:40 avec Laurent Bafi.
07:42 Ça n'arrivera pas.
07:43 Et vous dites en plus qu'un peu triste,
07:45 elle meurt le même jour qu'une légende de la télé.
07:48 Elle, c'est une légende de la radio,
07:49 mais ça passera du coup un peu inaperçu.
07:51 - Oui, c'est quand même assez...
07:53 Les consonants sont incroyables.
07:54 Effectivement, Jacques Martin a inventé beaucoup de choses à la télé,
07:56 c'est une référence.
07:57 Et Super Nana, c'est pareil.
07:58 Elle a inventé un style, un genre à la radio.
08:01 Et effectivement, il n'y avait pas tant de monde que ça.
08:04 Peu de monde en ont parlé dans les médias.
08:06 Quelques journalistes qui ont connu et aimé Super Nana en ont parlé.
08:09 Mais Jacques Martin, forcément, a tout écrasé ce jour-là dans les médias.
08:12 Et Super Nana, on ne l'a pas trop parlé.
08:14 Et ça m'arrive encore aujourd'hui,
08:15 sur mes réseaux sociaux ou sur mon site Internet,
08:17 d'avoir des gens qui me disent "qu'est-ce qu'elle devient, Super Nana,
08:20 alors qu'elle est disparue en 2007 ?"
08:21 - Exactement.
08:22 Mais en tout cas, la radio est fidèle.
08:23 Sud Radio est fidèle.
08:24 - Merci beaucoup.
08:25 - Celle qui l'a révolutionnée.
08:26 Merci beaucoup, Michael Barbe.
08:28 Ce livre, vous pouvez vous le procurer, chers amis.
08:30 Ça s'appelle "C'était juste une Super Nana".
08:33 C'est assez facile à trouver.
08:34 On peut rappeler l'adresse de votre site Internet ?
08:36 - Oui, c'est chaud-supernana.com
08:38 - Un livre préfacé par Laurent Petit Guillaume.
08:40 Tiens, avec la participation de notre directeur technique,
08:42 Benoît Dumas, qui fait partie aussi de toute cette génération,
08:45 Faxe et Minitel.
08:46 On va l'appeler comme ça, cette génération-là.
08:48 Merci à vous.
08:49 A bientôt.
08:50 Continuez à écouter la radio, en tout cas.
08:52 La radio a la peau dure.
08:53 Il est 7h44 sur Sud Radio.
08:55 On se retrouve dans quelques instants.

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