L’île indonésienne de Java est située sur l’arc de la Sonde, zone volcanique à l’activité la plus intense au monde. Le volcan Merapi ou "Montagne de feu", réputé pour ces fréquentes et redoutables éruptions, menace la région et la planète entière. Comprendre son mécanisme devient alors un enjeu majeur pour les chercheurs.
Réputé pour ses éruptions brutales aux nuées ardentes pouvant atteindre 800 degrés, le Merapi a fait plus de 1500 victimes au cours du siècle passé. En 2010, ses coulées pyroclastiques ont ravagé plusieurs villages jusque-là épargnés ; la grande ville de Yogyakarta est désormais directement menacée. Le volcan s’achemine peut-être vers une gigantesque éruption explosive, laquelle pourrait obscurcir l’atmosphère et produire des effets à l’échelle planétaire. Les chercheurs de l’observatoire volcanologique local, ainsi que ceux du Centre de recherche allemand en géoscience de Potsdam, tentent de comprendre les raisons de ces transformations, pour mieux en prévenir les conséquences. En les suivant dans leurs expéditions et leurs travaux de pointe, le film analyse les enjeux de ce terrible phénomène géologique.
Réputé pour ses éruptions brutales aux nuées ardentes pouvant atteindre 800 degrés, le Merapi a fait plus de 1500 victimes au cours du siècle passé. En 2010, ses coulées pyroclastiques ont ravagé plusieurs villages jusque-là épargnés ; la grande ville de Yogyakarta est désormais directement menacée. Le volcan s’achemine peut-être vers une gigantesque éruption explosive, laquelle pourrait obscurcir l’atmosphère et produire des effets à l’échelle planétaire. Les chercheurs de l’observatoire volcanologique local, ainsi que ceux du Centre de recherche allemand en géoscience de Potsdam, tentent de comprendre les raisons de ces transformations, pour mieux en prévenir les conséquences. En les suivant dans leurs expéditions et leurs travaux de pointe, le film analyse les enjeux de ce terrible phénomène géologique.
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00:00 Le Merapi est effectivement l'un des volcans les plus actifs au monde, et celui qui présente
00:16 le plus de risques.
00:17 On compte plus de 700 000 habitants dans la zone d'influence du Merapi.
00:26 Ce n'est plus une menace potentielle, c'est un risque avéré.
00:28 On évacue au niveau d'alerte 4.
00:40 Danger !
00:41 Le Merapi est connu pour ses coulées pyroclastiques, ses nuées ardentes d'avalanche.
00:54 Le Merapi est un des plus grands volcans de l'Atlantique.
01:09 Le Merapi est le volcan le plus actif d'Indonésie, et son réveil est toujours brutal.
01:29 Des nuées ardentes dévalent ses flancs sans bruit, mais avec des conséquences dévastatrices.
01:36 Le mélange de gaz et de débris de lave pulvérisés peut atteindre une température de 800 degrés.
01:42 En 2010, ces coulées pyroclastiques ravagent plusieurs villages jusque là épargnés.
01:53 C'est le signe d'un changement de trajectoire des éruptions.
01:56 La grande ville de Yogyakarta se retrouve soudain menacée.
02:02 Pendant plus de six semaines, des éboulements incandescents s'abattent dans les vallées
02:08 entourant le volcan, et parcourent jusqu'à 17 kilomètres.
02:11 Plusieurs centaines de milliers d'habitants sont évacués, mais cette seule éruption
02:24 fait plus de 350 victimes.
02:26 Le Merapi, ou montagne de feu en indonésien, est l'un des dix volcans les plus dangereux
02:42 au monde.
02:43 Il s'achemine peut-être vers une gigantesque éruption explosive qui pourrait obscurcir
02:49 l'atmosphère et produire des effets à l'échelle planétaire.
02:52 Située à 25 kilomètres au sud du Merapi, Yogyakarta est désormais dans l'axe des
03:02 éruptions.
03:03 Par le passé, la plupart de celles-ci se sont produites vers l'ouest, et touchaient des
03:10 zones désertées depuis longtemps par les habitants.
03:12 Comment évaluer les risques désormais avec un volcan aussi imprévisible ?
03:17 L'île de Java, peuplée de 140 millions d'habitants, se trouve sur l'arc volcanique de la sonde,
03:24 la zone du globe à l'activité volcanique la plus intense.
03:27 Cette forte densité de volcans résulte de la subduction de la plaque indo-australienne
03:33 sous la plaque pacifique, à raison de quelques centimètres par an tout au plus, mais avec
03:38 des effets très impressionnants.
03:39 L'Indonésie est connue pour être le théâtre d'éruptions colossales, comme celle du
03:46 Toba il y a près de 75 000 ans, qui a peut-être bien failli provoquer l'extinction de l'humanité.
03:54 Les satellites radars, tels que celui de la mission Tandem X, permettent de visualiser
04:01 depuis l'espace les déformations qui témoignent de modifications tectoniques préoccupantes.
04:05 Ces données sont notamment analysées au Centre de recherche allemand en géosciences
04:12 à Potsdam.
04:13 Ici, on s'emploie depuis plus de 20 ans à percer le mystère du dangereux volcan.
04:20 Récemment, des images satellites ont permis de détecter une fissure de 250 mètres de
04:28 long qui traverse le cratère.
04:29 Elle s'est formée dans le bouchon de lave obturant la cheminée du volcan, à la suite
04:35 d'une soudaine explosion.
04:36 Son orientation correspond à celle d'une ancienne faille qui pourrait connaître un
04:45 regain d'activité.
04:46 Cela aurait de lourdes conséquences pour le volcanisme du centre de Java et pourrait
04:52 expliquer le changement de trajectoire des éruptions du Merapi.
04:58 Pour en savoir plus, les chercheurs organisent une expédition au bord du cratère.
05:07 Si on part trop tard le matin, on ne pourra pas identifier les parties les plus actives
05:19 du cratère.
05:20 Pour les mesures infrarouges, je préférerais travailler de nuit.
05:23 Je propose qu'on procède comme ça.
05:29 Regardez la carte.
05:30 On pourrait s'arrêter pour la nuit quelque part ici en cours de route.
05:35 Comme ça, au matin, on n'aura plus qu'à prendre ce chemin pour aller étudier l'intérieur
05:40 du cratère.
05:41 Le mer Babu est le jumeau du Merapi.
05:49 Bien qu'il soit en sommeil depuis 300 ans, des scientifiques y ont aussi enregistré
05:54 des activités sismiques il y a quelque temps.
05:56 Il faut dire que la région est un chapelet de volcans, reliés les uns aux autres en
06:07 profondeur.
06:08 De tous, le Merapi est le plus actif, avec des éruptions espacées de 7 ans tout au
06:21 plus.
06:22 La plupart du temps, celles-ci sont annoncées par la croissance du dôme de lave du volcan.
06:28 Il s'agit d'un bouchon de lave visqueuse, figé en surface, que la pression pousse
06:36 vers l'extérieur par la cheminée du cratère.
06:38 Cette masse peut déborder sur les flancs du volcan, jusqu'à former un dôme qui
06:44 finira par se désagréger.
06:46 Ces prises de vue en accéléré d'un volcan du même type, le mont St Helens, aux Etats-Unis,
06:59 montrent qu'après une phase de croissance, le dôme s'effondre toujours.
07:02 Ce phénomène s'accompagne souvent de nuées ardentes.
07:08 Il en va de même pour le Merapi.
07:10 En règle générale, une recrudescence d'activités sismiques annonce les éruptions de grande
07:20 envergure quelques jours à l'avance.
07:22 Voilà pourquoi l'Observatoire volcanologique central de Yogyakarta, créé par les services
07:28 géologiques indonésiens, est relié à une multitude de stations sismiques tout autour
07:33 du Merapi.
07:34 Elles enregistrent 24 heures sur 24 les moindres frémissements annonciateurs d'une éruption.
07:41 La plus importante de nos missions est de déterminer à quel moment la population doit
07:56 être évacuée.
07:58 Pour ce faire, nous disposons d'un système de quatre paliers d'alerte.
08:03 Un niveau normal, puis les échelons vigilance renforcée, alerte et danger.
08:12 Nous faisons appel à différentes méthodes d'observation, puis nous analysons les résultats
08:20 dans nos locaux.
08:21 Ensuite, nous transmettons nos conclusions aux autorités locales.
08:27 Pour Thomas Walter, du Centre de recherche en géosciences de Potsdam, cet observatoire
08:36 est un pourvoyeur d'informations indispensables sur les activités sismiques et les éventuelles
08:40 déformations de la montagne.
08:42 De quoi cerner au mieux l'état actuel du Merapi.
08:46 Nous poursuivons plusieurs objectifs.
08:55 Tout d'abord, d'un point de vue géologique, il s'agit de mieux comprendre les changements
08:59 survenus sur le Merapi.
09:01 Car au cours des trois ou quatre dernières années, l'apparence du volcan a radicalement
09:05 changé.
09:06 On sait par exemple que certaines éruptions récentes ont été provoquées par des séismes
09:12 tectoniques.
09:13 Il serait donc crucial de savoir si l'activité du volcan est contrôlée par une nouvelle
09:18 zone tectonique, peut-être réactivée, ou peut-être même par une zone de faiblesse.
09:23 Ça, c'est pour l'aspect géologique.
09:25 Mais il y a aussi un volet technique.
09:31 Nous avons mis au point de nouveaux outils que nous voulons tester ici.
09:34 Il s'agit notamment de technologies élaborées en Allemagne que nous allons mettre à l'épreuve
09:40 pour la première fois.
09:41 De cette façon, nous vérifierons si nos méthodes sont applicables à l'étude de
09:47 volcans en activité.
09:48 Le lendemain, départ à 4h30 du matin pour la première partie de l'expédition.
09:58 L'équipe veut rallier un poste d'observation situé dans le périmètre dangereux qui borde
10:04 le Merapi, côté sud-ouest.
10:05 Elle va traverser des villages déclarés zones à haut risque depuis la dernière catastrophe.
10:11 C'est par ici que passe l'unique voie d'évacuation vers la vallée.
10:19 A 4 km environ du cratère, la route s'interrompt.
10:30 Au-delà, l'accès est réglementé.
10:34 Les chercheurs veulent mesurer l'ouverture béante qui s'est formée dans le flanc
10:42 sud du volcan.
10:43 Mais pas question de s'approcher de près.
10:46 L'ascension du versant sud serait trop dangereuse.
10:48 Les scientifiques veulent surtout savoir si la fissure a réellement modifié l'activité
10:58 habituelle du volcan.
11:00 Au cours des derniers mois, 4 explosions massives se sont produites sans aucun signe
11:09 avant-coureur.
11:10 Un phénomène encore jamais observé sur la montagne de feu, qui semble par ailleurs
11:16 réagir depuis peu aux changements météorologiques.
11:19 "Ces explosions se sont produites à la suite de fortes précipitations.
11:26 Nous pensons qu'il s'agit d'éruptions dites phréatiques.
11:29 La remontée de magma brûlant réchauffe les eaux d'infiltration et les transforme
11:33 en vapeur, ce qui se traduit par une augmentation de volume.
11:36 Faute de place, une explosion de vapeur d'eau se produit.
11:39 Pour le Merapi, c'est tout à fait nouveau."
11:44 Pendant les pics d'activité du volcan, ce sont les employés des services de volcanologie
11:50 qui occupent le poste d'observation.
11:51 Mais pour l'heure, les chercheurs de Potsdam l'utilisent comme station de mesure.
11:56 Au moyen d'un scanner 3D, ils veulent établir un relevé topographique précis de la faille
12:05 et du dôme du volcan.
12:06 En architecture et dans le bâtiment, les appareils de ce type servaient jusqu'à présent
12:12 à évaluer les dommages sur certaines constructions.
12:14 Scanner un volcan, voilà une application inédite.
12:21 L'équipe espère pouvoir visualiser les fractures et les glissements survenus dans
12:25 la structure du Merapi.
12:26 "Avec ce scanner, nous voulons établir un modèle numérique de terrain aussi précis
12:35 que possible.
12:36 L'objectif est de mesurer la profondeur de cette faille, notamment pour évaluer à
12:41 quelle profondeur l'eau de pluie peut s'y infiltrer et où se produit l'interaction
12:46 entre l'eau et le magma ancien.
12:48 Ces observations seront associées à des mesures infrarouges qui vont nous renseigner
12:55 sur la température qui règne dans la fissure.
12:57 On aura une vue directe sur cette ouverture et plus tard, on l'observera aussi depuis
13:02 le sommet.
13:03 Tout cela va nous permettre de mieux cerner les phénomènes qui surviennent ici."
13:08 Les aléas du temps et les épais nuages les obligent à interrompre leurs mesures à plusieurs
13:14 reprises.
13:15 "Nous sommes très dépendants des conditions météorologiques.
13:22 C'est toujours pareil sur le terrain, on n'a pas de prise sur les paramètres extérieurs.
13:27 La fréquence ne peut pas descendre en dessous de 30 kHz et on ne peut pas scanner à travers
13:31 les nuages.
13:32 Nous essayons de nous adapter, c'est la raison pour laquelle nous nous sommes levés
13:35 à 4 heures ce matin.
13:36 Ça nous a permis de commencer les mesures à l'aube, à l'heure où on a le plus
13:41 de chance d'avoir une vue dégagée."
13:43 A 4 kilomètres de distance, impossible de déterminer avec précision la forme du dôme
13:49 de l'Ave.
13:51 Les chercheurs vont devoir se rendre sur la couronne du cratère.
13:55 Mais la modélisation 3D du cône volcanique leur sera tout de même très utile.
14:00 "On obtient quand même une meilleure image du dôme et de la partie supérieure du volcan.
14:08 Avec les données recueillies ici, en une seule séance, je vais pouvoir élaborer des
14:16 modèles numériques qui vont nous renseigner sur les origines des processus à l'œuvre
14:20 dans le volcan.
14:21 Et si on réussit à refaire un scan, peut-être dans un mois ou deux, on pourra comparer ce
14:31 deuxième relevé au premier et observer les déformations survenues dans l'intervalle."
14:38 "A partir de là, on pourra à nouveau mieux cerner les sources qui alimentent l'activité
14:44 du volcan."
14:49 La rupture du flanc du volcan se prolonge loin dans la vallée où coule la rivière
14:56 Gendole.
14:57 En quelques années, le long d'une vieille faille tectonique, s'est creusé un véritable
15:03 canyon de 250 mètres de profondeur.
15:10 Lors de violentes éruptions, des centaines de nuées ardentes, de bombes volcaniques
15:20 et de coulées de boue ont violemment labouré cette zone, restée longtemps la plus dangereuse
15:25 aux abords du Mérapi.
15:26 De nombreux ouvriers fréquentent au quotidien cette carrière naturelle.
15:41 En cas d'éruption imprévue, c'est la mort assurée.
15:44 La puissance du volcan a mis au jour pierres, terres et roches volcaniques, autant de matériaux
16:03 de construction de valeur.
16:04 La vallée de Gendole est bordée de ruines et de villages fantômes, qui ont été envahis
16:19 en quelques années par une végétation luxuriante.
16:22 Fin octobre 2010, les nuages incandescents qui ont balayé la vallée n'ont fait qu'effleurer
16:30 ces maisons. Elles ont pourtant anéanti tout ce qui se trouvait sur leur passage, en surface.
16:38 26 villageois y ont trouvé la mort.
16:42 Malgré l'instauration de vastes zones à accès réglementés, la vie reprend ses droits.
16:50 Dans cet autre village, proche du courne volcanique, le géophysicien allemand Birgher Gottfried
17:01 Lühr a fait creuser un abri à 5 mètres de profondeur.
17:04 Une protection très insuffisante en cas de nuées ardentes.
17:08 Mais l'objectif est autre.
17:17 En sous-sol, les vibrations dues à la circulation sur la route sont très atténuées, ce qui
17:23 permet d'enregistrer les signaux venus des entrailles de la Terre au moyen d'un sismomètre
17:27 à large bande.
17:28 Il mesure ainsi les séismes jusqu'à plus de 600 kilomètres de profondeur.
17:40 Grâce à un maillage de stations du même type dans toute la région, Birgher Gottfried
17:49 Lühr étudie la formation des tremblements de terre dans le sous-sol.
17:52 La carte des phénomènes sismiques qu'il a pu établir recoupe celle de la zone de
17:57 subduction régionale.
17:59 En étudiant les variations minimes de la vitesse des ondes sismiques, les chercheurs
18:03 ont pu reconstituer l'itinéraire emprunté par les différents matériaux liquides qui
18:07 en remontant finissent par former le magma d'Humérapie.
18:11 C'est principalement de l'eau provenant de la plaque en subduction qui s'infiltre
18:16 vers les couches supérieures en traversant le manteau terrestre.
18:19 La température y étant très élevée, il se produit des réactions chimiques entre
18:25 eau et roche.
18:26 Le magma, mélange de pierres brûlant et visqueux, ne se forme qu'à faible profondeur.
18:31 Cette découverte va à l'encontre de ce que les scientifiques pensaient savoir concernant
18:36 le fonctionnement des volcans.
18:38 "Nous voulions surtout étudier l'itinéraire suivi par le magma et son lieu de stockage.
18:45 Nous avons tous en tête ce schéma des livres pour enfants avec une chambre magmatique de
18:50 forme sphérique qui se trouve sous la terre.
18:52 Moi-même, en commençant mes travaux ici, je m'imaginais une grosse bulle à 4 ou 5
19:00 000 mètres de profondeur."
19:01 Mais aucune trace de poche magmatique sphérique sous le Mérapie ni sous certains autres volcans.
19:09 De quoi douter des thèses communément admises émettra mal les certitudes des scientifiques.
19:15 Mais alors, où se cache le magma ?
19:18 Le volcanologue François Bauducel est lui aussi en quête du réservoir du Mérapie
19:28 dans le cadre d'un projet de recherche à long terme.
19:30 "On a 45 stations actives qui vont nous permettre de visualiser, on espère, le stockage de
19:51 ce magma.
19:52 Et puis on a installé également des stations au sommet du Mérapie, plus près de la partie
19:56 vraiment active du cratère qui est derrière nous, où s'est produit cette éruption
20:00 il y a 4 ans.
20:01 Et on cherche à voir les processus de remontée du magma et tous les effets liés à cette
20:08 remontée du magma depuis la chambre magmatique jusqu'à l'éruption."
20:13 La taille des poches de magma peut être un indice précieux pour anticiper la violence
20:18 des futures éruptions.
20:19 Pour les localiser, l'une des rares méthodes à disposition consiste à analyser ce qui
20:30 ralentit la vitesse de propagation des séismes.
20:32 "En fait l'intérêt il est double.
20:36 Pour nous les chercheurs, c'est de mieux comprendre les processus sur ce type de volcan-là.
20:41 Donc c'est de la recherche fondamentale.
20:42 C'est ça qui nous intéresse pour nos recherches.
20:44 Et la contrepartie de la collaboration avec les Indonésiens, c'est de contribuer à
20:50 la réduction des risques.
20:51 C'est-à-dire que nos recherches et notre compréhension des phénomènes vont nous
20:54 permettre de réduire les risques, c'est-à-dire de mieux prévoir les éruptions, de mieux
20:59 comprendre les systèmes volcaniques et donc d'aider les Indonésiens à faire des évacuations
21:04 et à sauver des vies."
21:05 Bien que la recherche scientifique s'intéresse au Merapi depuis plus de 70 ans, ses résultats
21:12 ont très peu d'effet dans le quotidien des habitants de Java.
21:18 Profondément religieux, ils sont nombreux à compter sur le pouvoir des bons esprits
21:26 de la montagne pour les protéger.
21:28 Mais il est impossible d'influer sur les éruptions volcaniques.
21:33 Et sur ce point, au moins, la population locale est en accord avec la science.
21:37 Des poteaux avec des caméras ont été installés tout autour du volcan pour le garder à l'œil.
21:54 Thomas Walter a deux nouvelles caméras à installer pour resserrer encore la surveillance.
22:01 Mais il ne se risque pas à escalader le pylône de 40 mètres de haut et préfère confier
22:14 cette tâche à un employé de l'observatoire central qui n'a pas le vertige.
22:18 Par temps clair, ces caméras contribuent à améliorer la prévention des catastrophes.
22:30 Les chercheurs de Potsdam reçoivent les images instantanément.
22:36 Nous étudions la possibilité d'exploiter ces données en temps réel.
22:50 Cela nous permettrait de définir différentes catégories de phénomènes, pour distinguer
22:54 une éruption d'un simple nuage ou d'enregistrer les mouvements observables sur le dôme.
23:00 Ces informations concrètes sur les déformations du volcan vont nous permettre de réaliser
23:04 ensuite des analyses géophysiques.
23:06 Les images enregistrées par les caméras montrent par exemple l'évolution des mouvements
23:12 de lave dans le temps.
23:13 En évaluant la quantité de lave charriée, il est possible de prévoir de futures ruptures
23:18 du dôme.
23:19 Mais cette surveillance vidéo pourrait avoir une autre utilité car elle couvre aussi
23:34 les voies de communication telles que les ponts qui enjamblent les vallées.
23:37 Le dispositif pourrait permettre d'évaluer très vite le pouvoir destructeur des lahars,
23:43 de redoutables coulées de boue d'origine volcanique.
23:45 Ces lahars se forment brusquement, souvent lors des phases actives, lorsque les cendres
23:58 volcaniques se mêlent à de fortes précipitations.
24:00 La plupart du temps, l'alerte ne peut être donnée que quelques minutes avant la déferlante,
24:06 dans le meilleur des cas.
24:07 En cas d'éruption, ces lahars atteignent même le centre de Yogyakarta.
24:17 La ville compte plus de 600 000 habitants, musulmans pour la plupart.
24:25 Autrefois, seuls quelques-uns de ces quartiers périphériques étaient considérés comme
24:30 des zones à risque.
24:31 Évacuer Yogyakarta a tout d'une mission impossible.
24:35 L'ancien palais royal et son université, Gajah Mada, forment un centre intellectuel
24:48 de premier plan en Indonésie.
24:49 Mais la ville cumule la proximité du volcan et une implantation sur la zone sismique
24:55 la plus active de Java.
24:56 En 2006, plus de 5 700 personnes ont perdu la vie dans la région lors d'un très puissant
25:04 tremblement de terre.
25:05 Une partie du Prambanan, le plus grand temple hindou du pays, s'est effondré.
25:09 A la suite du séisme, l'éruption au cours du Merapi a triplé d'intensité.
25:15 Pour leur expédition au bord du cratère, les scientifiques doivent donc aussi tenir
25:26 compte du caractère imprévisible des phénomènes sismiques.
25:29 Avant de partir, ils passent en revue tous les risques.
25:33 Actuellement, tout semble calme.
25:48 Nos instruments de mesure n'indiquent aucune anomalie.
25:51 Mais tout peut changer en un laps de temps très court.
25:53 Nous sommes aussi en contact avec l'observatoire.
25:57 C'est important, car ce qu'on appelle des précurseurs, des signes avant-coureurs alarmants,
26:03 peuvent apparaître à très court terme.
26:04 La situation évolue parfois en quelques heures, voire en quelques minutes.
26:10 Il est donc important que nous soyons tenus au courant.
26:12 C'est pourquoi nous resterons en contact radio avec l'observatoire 24 heures sur 24
26:17 pendant toute l'expédition.
26:18 C'est sur le versant nord du Merapi que part l'unique sentier permettant de gagner
26:29 la zone du sommet.
26:30 Les scientifiques vont d'abord devoir venir à bout d'une dénivellation de 1300 mètres
26:39 avant d'atteindre le plateau où ils passeront la nuit.
26:42 Ils ont engagé une douzaine de porteurs indonésiens qui transporteront l'équipement technique
26:53 et les vivres.
26:54 Ça c'est lourd.
27:00 Et celui-là, c'est le plus lourd.
27:02 Le succès de l'expédition est incertain.
27:07 L'équipe ne va pas seulement faire l'ascension d'un sommet de près de 3000 mètres.
27:12 Elle va aussi se déplacer dans une zone très exposée en cas d'éruption explosive
27:16 soudaine.
27:17 Le temps, plutôt clément au départ, ne tarde pas à tourner et une mer de nuages
27:25 entoure le volcan.
27:26 A partir de 2000 mètres d'altitude environ, la végétation devient rare.
27:31 Les scientifiques, moins chargés que les porteurs, sont les premiers à passer sur
27:40 la couronne d'un très ancien cratère.
27:41 Il leur reste encore près de 1000 mètres à gravir.
27:49 Avec le brouillard, impossible pour eux de discerner leur destination.
28:03 L'épaisseur des nuages amortit aussi les sons, de sorte que si des rochers venaient
28:09 à se décrocher, les bruits qui en résulteraient ne seraient guère perceptibles.
28:12 Une demi-heure plus tard, le groupe des porteurs émerge à son tour de la brume.
28:22 Cette petite station géologique installée au pied du sommet appartient à l'observatoire
28:35 central.
28:36 Elle a été entièrement détruite lors de la dernière éruption.
28:39 Non loin de là, s'étend le petit plateau de Pazar Boubra, recouvert de morceaux de
28:46 roches volcaniques.
28:47 Les chercheurs dressent ici leur camp de base.
28:57 Pour une nuit, pas davantage.
29:00 Un séjour prolongé serait risqué.
29:02 Ils ont dix heures de battement avant d'achever leur ascension de nuit par le versant nord.
29:13 D'ici là, il est impératif que la météo s'améliore.
29:17 Vous pouvez peut-être deviner derrière nous le versant très abrupt.
29:33 Par là, ce sont d'anciens dômes du Merapi.
29:37 L'endroit où nous nous trouvons est épargné depuis longtemps par les coulées de lave.
29:42 Seules les éruptions très explosives parviennent jusqu'ici.
29:45 Et elles sont rares.
29:46 Nous sommes aussi séparés du sommet par de gros blocs rocheux qui peuvent nous protéger.
29:52 Plus généralement, il est avéré que cette zone est assez sûre.
29:56 Bien sûr, nous n'envisageons pas d'y séjourner durablement.
29:59 J'ai discuté avec des Indonésiens.
30:02 Ils viennent volontiers jusqu'ici, mais ils ne vont pas plus loin, sauf obligation.
30:07 Demain, il va falloir en outre limiter au maximum le temps passé au sommet.
30:12 Nous devons faire tout ce qu'il nous faut pour le faire.
30:17 Inspection du matériel au pied du sommet.
30:18 Les volcanologues veulent envoyer un drone-caméra, semblable à ceux du commerce, pour survoler
30:24 le cratère.
30:25 L'objectif est d'obtenir une vue à 360 degrés du dôme de lave qui fournira des informations
30:30 précises sur son état et ses dimensions.
30:32 Ici, cependant, la portance est réduite.
30:38 Et il est difficile de prédire comment le minuscule aéronef réagira aux ascendances
30:43 thermiques au-dessus du cratère.
30:46 Dans ces conditions météo, le drone est inutilisable.
30:51 La visibilité est très limitée et le vent souffle fort.
30:55 Ça perturbe le vol du drone et ça complique son pilotage.
30:58 Les scientifiques ont prévu un plan B.
31:03 Un ballon à l'hélium qui a déjà rendu de fiers services lors d'expéditions au Chili
31:07 et au Kamchatka.
31:08 Il peut lui aussi être muni de caméras.
31:11 Par contre, les bouteilles de gaz sont trop lourdes pour être acheminées jusqu'au
31:20 cratère.
31:21 Le ballon est donc gonflé au camp de base.
31:23 Les brusques changements de temps ne sont pas rares ici.
31:30 Et les nuages se sont dissipés en toute discrétion.
31:34 Le plateau de Pazar Boubra offre momentanément une vue bien dégagée, jusqu'à ce que le
31:42 crépuscule tombe en quelques minutes.
31:44 Trois membres de l'expédition sont redescendus dans la vallée afin de ramasser du bois pour
31:54 le feu.
31:55 Malgré la proximité de l'équateur, la température peut brutalement tomber à 5 degrés.
32:00 Le départ est prévu pour le milieu de la nuit.
32:06 Ainsi, l'équipe pourra commencer ses observations avant le lever du jour.
32:11 A 2h07, les instruments sismiques de la station d'observation de Djraka signalent une activité
32:22 inhabituelle aux abords du plateau de Pazar Boubra.
32:28 L'alerte est de courte durée.
32:31 Les vibrations ont sans doute été déclenchées par une présence humaine à proximité de
32:35 la station géologique.
32:36 Et pour cause, les membres de l'expédition entament leur ascension.
32:47 C'est la partie du chemin la plus ardue qui les attend.
32:51 Ils progressent sur un ébouli de blocs de lave refroidis.
32:59 La déclivité est forte.
33:04 Les grimpeurs doivent rester groupés afin d'éviter tout accident en cas d'éboulement.
33:09 Mais le petit groupe qui transporte le ballon a du mal à suivre.
33:30 L'engin est léger, mais très volumineux.
33:33 Son remorquage le long de cette pente abrupte est éprouvant.
33:37 Après une bonne heure de marche, les membres de l'expédition sont récompensés de leurs
33:57 efforts.
33:58 Au sud, les lumières de Yogyakarta brillent dans la nuit.
34:02 Ils ne tardent pas à atteindre le bord du cratère.
34:15 Les conditions sont très favorables.
34:27 La vue est bien dégagée.
34:28 Derrière moi, le jour commence à se lever.
34:31 Le soleil va petit à petit faire son apparition et sera là d'ici une demi-heure à mon avis.
34:36 On voit Yogyakarta en contrebas.
34:38 C'est incroyable de voir cette mer de lumière autour de la montagne.
34:42 Toute la région est habitée.
34:45 Les conditions sont très favorables pour nos mesures.
34:48 Le vent est faible, mais il souffle un peu trop au nord.
34:51 Dans l'idéal, il faudrait qu'il tourne.
34:53 Comme ça, on pourrait laisser le ballon flotter au-dessus du cratère.
34:56 Le spécialiste des mesures infrarouges doit se mettre au travail avant le lever du soleil.
35:04 Sans quoi, les données risquent d'être inutilisables, faussées par la chaleur de
35:08 la lumière du jour.
35:09 Il réalise une centaine de clichés.
35:12 Une fois assemblés, ces derniers fournissent une représentation très fine des différences
35:17 de température sur le dôme.
35:19 On voit nettement la faille apparue récemment, qui laisse pénétrer l'eau de pluie et peut
35:26 entraîner de dangereuses explosions gazeuses.
35:28 Si la surface est relativement froide, tout le reste du dôme est parcouru de zones incandescentes.
35:35 Dans la lumière de l'aube, le cratère apparaît dans toute sa majesté.
35:49 400 mètres de diamètre, dont la moitié pour le seul dôme de lave, qui se dresse à
35:55 80 mètres environ au-dessus du fond du cratère.
35:58 Un mélange composé essentiellement de vapeur d'eau et de soufre se presse vers l'air
36:04 par la faille, après avoir parcouru plusieurs kilomètres dans les profondeurs.
36:07 Le soleil se lève lorsque les chercheurs commencent leurs observations de terrain sur la couronne
36:18 étroite.
36:19 Il est impensable de descendre dans le cratère proprement dit, car rien ne garantit la stabilité
36:25 du dôme de lave.
36:26 Voici le moment que tout le monde attendait.
36:35 Le scanner est en place.
36:36 Il va enregistrer un nuage de quelques 5 millions de points en stockant leurs coordonnées
36:42 précises.
36:43 Ce type de mesure à très haute résolution est une première pour la partie supérieure
36:48 d'un cratère de volcans.
36:49 Les chercheurs sont particulièrement intéressés par les structures du dôme de lave.
37:00 Y a-t-il des zones d'instabilité dans le bouchon ? Des signes annonciateurs de nouvelles
37:04 ruptures ?
37:05 A première vue, les résultats fournis par le scanner semblent exploitables.
37:17 Ils permettent une vue très précise dans la faille, jusqu'à 40 mètres de profondeur
37:22 environ.
37:23 Dans l'idéal, il faudrait pouvoir revenir avec le scanner tous les 6 mois ou tous les
37:35 ans, en fonction de l'activité du volcan et de l'évolution du dôme.
37:39 Mais avec cette première séance de mesure, nous allons déjà réunir énormément de
37:43 données.
37:44 Nous allons pouvoir en déduire l'orientation, la profondeur et la position des fissures
37:49 ou des structures.
37:50 Ça nous permettra de déterminer quelles sont les parties potentiellement plus instables
37:56 et de prévoir si une fissure va continuer à s'élargir et dans quelle direction.
38:00 On va pouvoir le lâcher.
38:07 Lâche, lâche !
38:11 Un vent vivifiant souffle à près de 40 km/h.
38:16 Le ballon à l'hélium est doublé d'un cerf-volant, ce qui devrait lui permettre
38:20 de rester à hauteur constante malgré les bourrasques.
38:22 En théorie, du moins.
38:24 Les caméras fixées sur l'aile doivent filmer d'en haut l'intérieur du cratère.
38:40 Mais le vent entraîne le ballon dans la mauvaise direction et il est bien difficile de le
38:49 contrôler depuis le sol.
38:50 C'est toujours au-dessus du cratère.
38:56 Et avec la scie, ça marche ?
39:02 En outre, la visibilité s'est dégradée.
39:07 Après plus d'un millier de clichés et parts, les images sont enfin concluantes.
39:15 C'est la première vue d'ensemble du cratère depuis l'apparition de la faille dans le
39:20 Dôme de l'Ave.
39:22 Associés au relevé du scanner et aux mesures infrarouges, ces clichés vont offrir aux
39:26 scientifiques un panorama complet du Dôme.
39:31 On connaît et on comprend plutôt bien la croissance des Dômes de l'Ave.
39:41 Ce qu'on ne comprend pas, c'est comment ces structures s'effondrent.
39:44 Selon la théorie dominante, un dôme est constitué par l'accumulation de magma visqueux.
39:49 Avec l'apport de magma frais, ses flancs vont monter très haut et finir par se rompre.
39:54 Le cas du Mérapille est intéressant parce qu'il nous montre qu'en réalité, les
39:59 choses sont plus compliquées.
40:00 On sait par exemple que d'autres événements peuvent provoquer la rupture d'un dôme.
40:05 Des changements météorologiques, de fortes précipitations ou un séisme tectonique.
40:10 C'est d'ailleurs tout le problème de ce type de dôme.
40:13 Il est impossible d'anticiper un lien de cause à effet entre un séisme, l'effondrement
40:17 du dôme et une coulée pyroclastique, puisque le tremblement de terre de départ est imprévisible.
40:23 Il faut intensifier nos recherches sur ce point pour apprécier ce type d'effets
40:29 corrélés en amont.
40:31 A la mi-journée, les scientifiques font redescendre le ballon.
40:41 Voilà déjà 12 heures qu'ils sont actifs.
40:47 Ils espèrent regagner la vallée en fin d'après-midi.
40:53 Tout s'est bien passé, nous avons nos données, c'est le principal.
41:06 Le vent a affraîchi et le ballon serre-volant s'est révélé difficile à maîtriser.
41:11 Nous y sommes arrivés, mais nous avons eu beaucoup de mal à le ramener au sol.
41:17 Le drone est complémentaire du ballon serre-volant.
41:21 Le ballon est plus stable en vol quand le vent souffle fort, alors qu'un drone atteint
41:25 ses limites quand le vent dépasse les 28 km/h.
41:28 On est bien au-dessus aujourd'hui, on aurait perdu l'appareil, c'est pourquoi on a renoncé
41:33 à l'utiliser.
41:34 Il faudra des mois pour exploiter l'intégralité des données, mais les premières analyses
41:46 effectuées à Potsdam indiquent que l'expédition est un succès.
41:49 Cette partie-là, si c'est vraiment un petit cratère et que l'instabilité est due à
41:58 cette faille, ça veut dire qu'une partie du dôme est abîmée.
42:01 La vallée est sur la gauche en contrebas ?
42:07 C'est ça.
42:08 Et là on a…
42:09 Une partie qui a glissé ou qui s'est détachée ?
42:11 Oui, ce qu'on voit là, à mon avis…
42:14 C'est un trou, je dirais.
42:17 Cette partie sombre, c'est peut-être un cratère d'explosion.
42:20 Je crois que c'est un cratère.
42:23 Oui, je suis d'accord.
42:26 On voit qu'il n'y a pas de matériau accumulé.
42:28 Si ce n'était qu'un effondrement latéral, on aurait eu une accumulation.
42:32 Apparemment, tout a été balayé.
42:35 Je penche aussi pour une explosion.
42:37 On n'avait encore jamais eu la chance de pouvoir observer un dôme en si haute résolution.
42:44 A ma connaissance, ça n'a été fait nulle part ailleurs dans le monde.
42:48 Ces données sont précieuses, car elles ont été recueillies peu de temps après une
42:52 éruption importante et sans doute peu de temps avant la suivante.
42:55 Ça a l'air d'être une structure instable.
43:01 Il faut regarder dans les relevés infrarouges s'il y a des modulations de température.
43:07 Ça indiquerait la présence d'une zone de faiblesse.
43:09 Oui, c'est le point le plus chaud qu'on ait mesuré sur le terrain.
43:17 Cette tâche blanche ici correspond à une température très élevée.
43:21 J'ai enregistré environ 150 degrés au moment des relevés.
43:26 Cette température élevée a été mesurée précisément là où nous pensons qu'une
43:32 fracture s'est produite.
43:33 Ce qui est très intéressant, c'est que le dôme proprement dit est froid.
43:38 C'est un dôme froid qui forme un bouchon au sommet du cratère.
43:42 Et il risque bien sûr d'exploser lors d'une prochaine éruption.
43:45 Les recherches ne permettent pas seulement d'explorer les zones les plus dangereuses
43:54 du volcan.
43:55 Elles montrent clairement que la surveillance du dôme de l'Ave joue un grand rôle dans
44:00 l'évaluation des risques.
44:01 Il reste encore quelques questions sans réponse.
44:12 Quel volume de magma se cache dans les profondeurs du Mérapi ? Et quel danger représente le
44:18 volcan pour l'avenir ? Seuls des gaz et de la vapeur d'eau venues des couches très
44:23 profondes parviennent jusqu'à la surface.
44:25 Ce n'est pas très concluant.
44:27 La chambre magmatique que les scientifiques ont longtemps cherchée sous le Mérapi est
44:34 décidément introuvable.
44:35 Et les résultats des mesures de terrain laissent plutôt supposer une anomalie criante dans
44:41 la croûte terrestre.
44:42 Une expérience a été menée à grande échelle.
44:54 On a construit 120 stations dans le centre de Java et mesuré les ondes sismiques consécutives
45:01 aux tremblements de terre.
45:02 Le résultat nous a surpris.
45:04 Nos analyses indiquent qu'il existe une zone dans la croûte terrestre à travers laquelle
45:12 les ondes sismiques progressent à une vitesse extrêmement réduite.
45:15 Or ce n'est pas du tout normal.
45:19 Ça correspond à toutes les parties en rouge ici.
45:24 La surface couvre tout le centre de Java et correspond à un volume de 50 000 km3 environ.
45:31 C'est le plus vaste réservoir magmatique jamais localisé.
45:37 Une zone gigantesque qui plonge à 40 km en profondeur.
45:41 Tout autour, on trouve une série de volcans dont le Mérapi.
45:47 C'en est fini de la représentation classique des chambres magmatiques.
45:52 Ici, il ne s'agit pas d'une poche, mais de fluides en ascension qui liquéfient la
45:57 roche et conduisent à la formation de strates dans la croûte.
46:01 Un système similaire a été détecté sous d'autres volcans.
46:04 On ne sait pas encore si la zone d'anomalie s'agrandit ou diminue.
46:13 Il faudrait mener d'autres recherches.
46:15 Grâce à des études réalisées au Kamchatka, on sait que ces anomalies évoluent en corrélation
46:22 avec les éruptions.
46:23 Elles diminuent après une éruption, puis elles semblent se reconstituer et remonter
46:28 en puissance jusqu'à l'éruption suivante.
46:30 C'est une énigme encore insoluble pour la science.
46:41 Ici, à Javin, il suffit de baisser les yeux pour constater que le sous-sol est bouillonnant.
46:48 Les fumeroles et les mars de boue sont autant de preuves tangibles du danger présent en
46:54 profondeur.
46:55 On cite toujours l'exemple de Yellowstone.
47:09 Mais en Amérique du Sud, il y a aussi de grands réservoirs magmatiques de ce type
47:12 en sous-sol.
47:13 Cela dit, le volume qu'on a observé sous le Merapi est encore bien supérieur.
47:17 Le Merapi est-il en passe de se transformer en super-volcan dont l'éruption pourrait
47:25 avoir des conséquences dévastatrices à l'échelle planétaire ? Les spécialistes
47:30 ne se risquent pas sur ce terrain-là.
47:32 Est-ce que le Merapi pourrait devenir un super-volcan ? A long terme, on ne le sait
47:38 pas.
47:39 On n'a pas encore bien compris les différents processus entre les volcans actifs qu'on
47:44 a l'habitude de voir dans la période historique ou même un peu plus ancienne et ces super-volcans
47:49 pour lesquels on a assez peu d'informations sur les tailles de chambres magmatiques.
47:54 On sait qu'elles sont gigantesques.
47:55 On ne sait pas trop comment elles fonctionnent et sur les processus.
48:02 Voilà des générations que l'homme est installé au pied du Merapi, où il pratique la culture
48:07 et l'élevage.
48:08 Autrefois, il fallait connaître les esprits pour comprendre la montagne de feu.
48:17 Les habitants avaient passé un pacte avec eux pour que le volcan les épargne.
48:22 Ils s'accommodent toujours et sans état d'âme du risque quotidien qu'ils encourrent.
48:28 Trois récoltes dans l'année, un climat agréable, sans oublier la présence des tombes
48:42 de leurs ancêtres.
48:43 Beaucoup d'habitants de Java voient surtout les avantages de cette coexistence avec le
48:48 volcan.
48:49 Moi-même, je suis ici en tant que scientifique.
48:55 Nous avons une éthique.
48:58 Je ne vais pas me mettre à la fenêtre pour hurler à la cantonade "partez d'ici".
49:02 On a mis en place une chaîne d'informations, un mécanisme d'alerte, mais je ne vais pas
49:09 bouleverser les esprits et les figures mystiques, qui sont devenues les références locales
49:13 au fil des siècles, si je n'ai pas mieux à offrir.
49:15 Les scientifiques doivent aussi convaincre.
49:20 Et ici, on constate des progrès dans ce sens.
49:25 Notre discours est de plus en plus écouté et pris en compte.
49:29 Le système d'alerte a permis de sauver des centaines de milliers de personnes des nuées
49:38 ardentes après la dernière grande éruption.
49:40 Depuis, le travail des chercheurs gagne sans cesse en reconnaissance.
49:45 A l'Observatoire volcanologique central, les scientifiques échangent avec les experts
49:53 en prévention des catastrophes.
49:54 Les chercheurs en géosciences de Potsdam diffusent également leurs résultats après
50:00 chaque expédition.
50:01 Une mosaïque d'observations complémentaires qui contribue à une meilleure compréhension
50:06 de la montagne et de ses dangers.
50:08 Les nouvelles techniques, telles que les scanners tridimensionnels, pourraient être
50:22 employées plus régulièrement à l'avenir, en vue de mieux anticiper le danger lié
50:26 aux explosions gazeuses et au coulée pyroclastique.
50:29 Cette collaboration avec des spécialistes étrangers est très importante, aussi bien
50:48 en temps normal qu'en temps de crise.
50:50 Pour moi et pour nous tous ici, il est encore très difficile de prévoir de manière efficace
51:00 les activités du Merapi.
51:02 Il n'est pas exclu que le Merapi connaisse un jour une violente éruption aux conséquences
51:08 d'envergures planétaires.
51:09 Mais malgré des recherches intensives, il est aujourd'hui impossible de prédire l'avenir
51:15 du volcan.
51:16 La montagne de feu sait garder ses secrets.
51:19 Le Merapi est un des plus grands espaces de recherche.
51:20 Il est un des plus grands espaces de recherche.
51:21 Il est un des plus grands espaces de recherche.
51:22 Il est un des plus grands espaces de recherche.
51:23 Il est un des plus grands espaces de recherche.
51:24 Il est un des plus grands espaces de recherche.
51:25 Il est un des plus grands espaces de recherche.
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