Argent liquide _ les secrets de la fraude fiscale
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00:00:00 L'argent, nous nous en servons tous les jours.
00:00:03 Grosses entreprises, particuliers, des milliards de transactions ont lieu chaque minute dans le monde.
00:00:10 Et parmi les moyens de paiement, l'argent liquide est l'un des plus utilisés.
00:00:14 En France, nous serions encore près de 90% à payer nos achats du quotidien en espèces.
00:00:20 Une monnaie facile à utiliser, à portée de main, qui semble n'offrir que des avantages.
00:00:26 Pourtant, le cash est aussi responsable de fraudes en tout genre.
00:00:33 Parmi les plus répandues, qui gangrènent l'économie de notre pays, la fraude fiscale.
00:00:38 Travail dissimulé, paiement en cash opaque, non-déclaration des charges sociales,
00:00:44 les méthodes pour contourner le fisc sont nombreuses.
00:00:47 Au total, le manque à gagner pour l'État français est estimé à plus de 90 milliards d'euros chaque année.
00:00:53 Frauder est semble-t-il devenu un sport national, dont les adeptes se trouvent dans tous les milieux sociaux.
00:00:59 Du col blanc jusqu'au col bleu, en passant par les commerçants.
00:01:04 - On commande 2 mojitos, voilà.
00:01:06 Le client va me régler 20 euros en espèces, et je décide que ces 20 euros-là,
00:01:11 pour une raison ou pour une autre, n'iront pas dans la caisse, mais dans ma poche.
00:01:15 Le travail dissimulé est l'une des fraudes les plus répandues, une plaie pour l'économie,
00:01:20 car il instaure une concurrence déloyale entre les entreprises.
00:01:23 - Écoutez-moi, on arrête l'audition, vous allez être convoqués,
00:01:27 parce que vous allez être mis en cause pour travail dissimulé.
00:01:30 Ce travail au noir marginalise aussi les salariés non déclarés, en bafouant leurs droits.
00:01:36 - Qualité courante, c'est un défendage, quoi. C'est un coup de main.
00:01:39 C'est des adeptes, pas des mots.
00:01:41 C'est un coup de main, c'est une déclaration de l'Etat de la vie.
00:01:44 L'Indonésie, c'est tout le monde qui s'en fout de cette merde.
00:01:47 L'argent liquide permet donc de tricher.
00:01:50 Et dans ce domaine, certains vont encore plus loin en dissimulant de grosses sommes de cash.
00:01:55 Le blanchiment d'argent est un délit lourdement sanctionné.
00:01:58 Les douaniers ont pour mission de surveiller ces fusils égaux d'espèce.
00:02:03 - You are over 10,000 euros. You are over 10,000 euros.
00:02:08 - C'est un bol ? - Oui.
00:02:10 - You are 20,000. You are in infraction.
00:02:17 L'Etat a aussi imposé en 2015 de nouvelles limites légales pour les transactions en espèce.
00:02:22 Il est désormais interdit de payer plus de 1 000 euros en cash, une loi très souvent enfreinte.
00:02:29 - Est-ce que je peux payer, je sais pas, 1 500 euros en cash ?
00:02:32 - Oui, bien sûr. - C'est possible ? Vous prenez ?
00:02:35 - Oui, bien sûr. - Bon.
00:02:37 Alors, entre petites combines et grosses arnaques, plongée au coeur de la France qui triche,
00:02:42 celle qui a fait de l'argent liquide une monnaie controversée.
00:02:47 - Je peux payer ? - Oui.
00:02:49 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:02:51 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:02:53 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:02:55 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:02:57 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:02:59 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:01 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:03 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:05 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:07 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:09 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:11 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:13 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:15 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:17 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:19 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:21 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:23 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:25 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:27 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:29 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:31 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:33 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:35 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:37 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:39 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:41 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:43 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:45 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:47 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:49 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:51 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:53 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:55 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:57 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:03:59 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:01 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:03 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:05 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:07 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:09 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:11 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:13 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:15 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:17 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:19 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:21 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:23 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:25 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:27 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:29 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:31 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:33 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:35 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:37 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:39 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:41 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:43 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:45 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:47 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:49 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:51 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:53 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:55 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:57 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:04:59 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:01 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:03 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:05 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:07 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:09 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:11 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:13 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:15 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:17 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:19 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:21 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:23 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:25 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:27 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:29 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:31 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:33 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:35 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:37 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:39 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:41 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:43 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:45 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:47 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:49 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:51 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:53 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:55 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:57 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:05:59 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:06:01 - Je peux payer ? - Oui, bien sûr.
00:06:03 - Bonjour. - Bonjour.
00:06:05 - Bonjour. - Bonjour.
00:06:07 - Vous êtes le propriétaire ? - Pardon ?
00:06:09 - Vous êtes le propriétaire ? - Non, pas du tout.
00:06:11 - Vous êtes d'entreprise ? - Non, je suis un ami de la propriétaire.
00:06:15 - Un ami de la propriétaire ? Ah, très bien.
00:06:17 - Je suis un ami de la propriétaire.
00:06:19 - On va rentrer, voilà.
00:06:21 - Pour le moment, l'homme reste vague sur son véritable rôle.
00:06:24 - Bonjour.
00:06:26 - Les contrôleurs cherchent à en savoir plus.
00:06:28 - Bonjour. - Bonjour.
00:06:30 - C'est un contrôle ?
00:06:32 - Plusieurs ouvriers sont visiblement en plein travail, même s'ils s'en défendent.
00:06:36 - Donc, il nous faudrait vos pièces d'identité.
00:06:39 - Moi, je travaille pas, moi.
00:06:41 - Non, c'est juste du débarrage et du rangement.
00:06:44 - Oui, oui. Ben, présentez-nous vos pièces d'identité, malgré tout.
00:06:47 - Oui. - D'accord ?
00:06:49 - Ici, c'est un chantier. D'accord ?
00:06:51 - C'est du débarrage. J'ai une mie pour débarrasser le chantier.
00:06:54 - Oui, comme vous voulez. Comme vous voulez.
00:06:56 - Tout le monde est ami ?
00:06:58 - Oui, non, non, mais là, c'est une amie de 3 ans.
00:07:00 - C'est les fieux, ça ?
00:07:02 - Oui, ben, j'ai demandé une main-d'oeuvre.
00:07:05 - Ah, là, on est d'accord.
00:07:07 - Je lui ai demandé à quelqu'un de venir avec un camion pour débarrasser tout.
00:07:09 Il va arriver dans une demi-heure.
00:07:11 Ben oui, il faut bien débarrasser. - Pas de problème.
00:07:13 - J'aurais pu louer un camion, mais j'ai besoin de main-d'oeuvre, j'ai besoin de bras.
00:07:15 - D'accord. - Je peux faire tout seul.
00:07:17 - Et vous, monsieur, vous faites quoi dans la vie ? - Moi, je suis enseignant.
00:07:19 - D'accord. - Oui.
00:07:21 - Et ces personnes-là, vous avez... - C'est des gens que j'ai...
00:07:23 - Vous avez croisé... - Je connais, ben, en relation, quoi.
00:07:25 - Oui. - La main-d'oeuvre, quoi, comme...
00:07:27 - Voilà, comme une entreprise qui emploie de la main-d'oeuvre occasionnelle.
00:07:31 - Est-ce que...
00:07:33 Au sol, un fatras d'outils, de planches, d'encombrants.
00:07:36 Des preuves irréfutables qu'ici, nous sommes bien sur un chantier.
00:07:40 - Oui, ben oui, ben, vous aussi, c'est normal.
00:07:42 Et les contrôleurs ne sont pas au bout de leur surprise.
00:07:45 Les ouvriers recrutés sur ce chantier sont en totale illégalité.
00:07:49 - Moi, c'est un particulier que...
00:07:52 Je vous débarrasser le chantier, vous venez avec moi pour 40 euros, 30 euros,
00:07:57 pour manger, quoi, pour vivre.
00:07:59 - Oui, non, mais je comprends, je comprends.
00:08:01 Monsieur, en fait, n'a pas de titre de séjour.
00:08:05 Il est pas en capacité de travailler.
00:08:07 Il est pas autorisé à travailler sur le territoire français.
00:08:10 Donc, ben, pour manger, voilà, il accède...
00:08:13 Il prend un petit billet de 30 euros pour se débarrasser.
00:08:17 L'ouvrier tente toutes les excuses
00:08:20 pour faire croire qu'il ne travaille pas sur le chantier.
00:08:23 - Est-ce que vous vous trouvez comme ça ?
00:08:25 - Non, non.
00:08:27 - Voilà, c'est ce que j'ai expliqué, hein, c'est... Voilà.
00:08:31 En cas de contrôle, ce sont les patrons les responsables
00:08:37 de toutes les inégalités.
00:08:39 Les employés sont considérés comme des victimes.
00:08:41 - En fait, vous avez voulu gagner un peu d'argent pour manger.
00:08:44 - C'est normal pour vous.
00:08:45 Les inspecteurs de l'URSSAF continuent leur interrogatoire.
00:08:48 Ils veulent savoir comment ont été recrutés ces hommes.
00:08:51 - C'est monsieur ?
00:08:53 - Combien il allait vous donner, le patron ?
00:08:55 - Combien ? Combien pour débarrasser ?
00:08:57 - Ben, nous, il arrive... Est-ce que tu peux, il arrive ?
00:09:00 - Oui. - Parce que je vais être...
00:09:02 - On refâle comme ça, alors. - Oui, oui.
00:09:04 - Pour... Je tiens à faire le travail.
00:09:06 - À la plateforme ? - À la plateforme du bâtiment ?
00:09:08 - Oui, vous cherchez du boulot. Dans un camion, dans un...
00:09:11 C'est une pratique que connaît bien Didier Deloze.
00:09:14 Devant les magasins spécialisés dans le bricolage,
00:09:16 on peut trouver facilement de la main-d'oeuvre.
00:09:19 Des hommes sans ressources qui, pour une poignée d'euros,
00:09:22 acceptent de travailler au noir sur des chantiers.
00:09:24 L'homme qui les a employés semble lui connaître cette astuce.
00:09:28 - Pourquoi il faut libérer ? Vous les avez récupérés, oui, évidemment.
00:09:31 - Euh... Oui, on va dire.
00:09:33 Bon, j'avais besoin de...
00:09:35 3 heures de travail pour vider ça. C'est tout.
00:09:37 - D'accord. - Voilà.
00:09:38 - C'est vous qui êtes allé chercher le monsieur ?
00:09:40 - Non, non, non. - OK, parce que...
00:09:42 - Oh, les épées !
00:09:44 Même si le suspect commence à avouer certaines choses,
00:09:47 il ne coopère pas encore complètement avec l'URSSAF.
00:09:50 Alors, les inspecteurs haussent le ton.
00:09:52 - Bon, alors, ça se passe bien, et on nous dit ce qu'on veut entendre.
00:09:55 On dit des choses, et ça s'arrête là.
00:09:57 - Non, non, c'est ce numéro-là qui...
00:09:59 - On est d'accord.
00:10:00 Il prend des gens, il les déclare pas.
00:10:02 En plus, il prend des...
00:10:04 Des gens des banques routures, donc il est plate,
00:10:06 puisque eux pourront jamais être régularisés par travail.
00:10:10 - Non. - 30 euros la journée.
00:10:12 - Mais non, c'est pas la journée. C'est le temps de charger le camion.
00:10:15 - Mais si ça prend la journée.
00:10:16 - Mais ça prend pas la journée, c'est débarrassé, ça.
00:10:18 - Mais si ça prend la journée.
00:10:20 Au pied du mur, le suspect va finir par avouer sa culpabilité,
00:10:24 mais à demi-mot.
00:10:26 - Des fois, vous faites faire du repassage, vous faites faire de la garde d'enfants, voilà.
00:10:29 Il y a pas nécessairement...
00:10:31 Voilà, une facture, un chèque emploi, etc.
00:10:34 C'est tout.
00:10:36 L'homme est loin d'être sorti des griffes de l'URSSAF.
00:10:39 Les inspecteurs cherchent maintenant à savoir s'il est vraiment professeur,
00:10:43 donc un simple particulier, comme ils l'affirment,
00:10:46 ou alors chef de chantier, donc professionnel du bâtiment.
00:10:50 - Il cherche, s'il n'a pas une facture, un nom auquel ça aurait été livré
00:10:55 pour déterminer qui détient le local,
00:10:57 pour avoir un indice sur qui est l'employeur, au bout du compte,
00:11:01 pour qu'on puisse le mettre en cause.
00:11:04 Voilà, donc il faut de la joie.
00:11:07 - Mais les travaux ont déjà démarré, alors vous...
00:11:09 - J'en sais rien, moi, je me passe mes comptes.
00:11:11 J'enlève les cartons, j'enlève les...
00:11:13 - Vous enlevez quoi ? Qu'est-ce que vous enlevez ?
00:11:14 Pendant que l'homme se défend désespérément,
00:11:16 les inspecteurs font une trouvaille.
00:11:18 Un document compromettant qui pourrait la câbler.
00:11:21 C'est un coup dur pour le suspect.
00:11:34 Après avoir été épinglé pour le recrutement présumé des ouvriers non déclarés,
00:11:38 il risque maintenant d'être impliqué dans des faits encore plus graves,
00:11:41 s'il est prouvé qu'il détient une société.
00:11:44 - Qu'est-ce qu'elle donne, cette boîte ?
00:11:46 - Bah, bah, franchement, je sais pas.
00:11:48 - Bah, allons-y.
00:11:50 Cette facture prouve que le suspect a acheté des matériaux
00:11:53 avec une carte bancaire d'une société civile immobilière
00:11:56 contrôlée par lui-même et son fils,
00:11:58 et donc que le chantier n'aurait rien d'artisanal.
00:12:01 - Vous ayez un autre travail ?
00:12:03 Bon, bah, là, de toute façon, je pense que...
00:12:05 Qu'est-ce que vous allez faire, là, maintenant ?
00:12:07 - Je vais attendre... Je sais pas ce que je fais, j'en sais rien.
00:12:09 - A votre avis ? - Je sais pas, je m'envise.
00:12:10 - Vous avez des clés ? - Voilà, ouais.
00:12:12 Ouais, je pense que c'est bien, ça.
00:12:14 Vous en allez avec ces messieurs et vous arrêtez.
00:12:18 Les travaux sont immédiatement stoppés, mais l'enquête continue.
00:12:23 L'homme est en très mauvaise posture.
00:12:26 - Le problème dans cette histoire, c'est qu'au fur et à mesure
00:12:30 qu'on fait des recherches, qu'on vérifie ce qu'il nous dit,
00:12:34 on découvre de plus en plus de choses.
00:12:36 Donc, en fait, c'est une société, maintenant,
00:12:38 c'est plus le particulier qui emploierait, soi-disant,
00:12:41 une personne pour un coup de main.
00:12:43 C'est... Il y a peut-être derrière des choses
00:12:45 qui sont bien plus organisées, peut-être plus d'ampleur.
00:12:48 Plus les enquêteurs en apprennent, plus la situation se précise.
00:12:52 L'homme aurait en fait départ dans une entreprise de bâtiment
00:12:55 qu'il codirigerait avec plusieurs autres personnes.
00:12:58 - Ce n'est plus un particulier, ça devient une société.
00:13:02 - C'est une société d'une personne.
00:13:04 - Ah, mais peu importe, une personne, 10 personnes, c'est une société.
00:13:07 - Je connais pas les fermes, mais c'est pas grave.
00:13:09 Mais le contrôle ne s'arrête pas là.
00:13:11 Les inspecteurs viennent de découvrir que l'homme
00:13:13 semble s'occuper d'un autre chantier à quelques mètres de là.
00:13:16 - Vous voyez l'accident. Allez, on y va ?
00:13:19 Vous nous emmenez ? Allez.
00:13:21 Le second chantier serait dans un appartement de cet immeuble.
00:13:25 Problème, la porte d'entrée est sécurisée.
00:13:28 Mais rien n'arrête les enquêteurs de choc.
00:13:31 - Je vais vous demander si vous êtes le propriétaire.
00:13:34 - Je suis pas propriétaire.
00:13:35 - Vous dites n'importe quoi, mais vous dites pas qu'il y a du ressort.
00:13:38 - S-S-I...
00:13:39 L'homme ne fait aucun effort pour aider les enquêteurs à entrer.
00:13:42 Mais le destin semble s'acharner contre lui.
00:13:45 Une voisine sort de l'immeuble.
00:13:47 Les enquêteurs en profitent pour lui demander
00:13:49 s'il a la connaissance d'un chantier.
00:13:51 - OK, super.
00:13:52 - J'ai vu un ouvrier monter, sortir, monter.
00:13:55 Donc je pense que... Je pense que oui.
00:13:57 Je pense qu'il y a quelqu'un.
00:13:59 - D'accord. Et le monsieur qui était avec nous, là, en survêtement,
00:14:03 vous l'avez vu plusieurs fois ? - Oui.
00:14:05 - Oui ? Depuis combien de temps ?
00:14:07 2 mois, 1 mois ? C'est ça, ce qu'il disait ?
00:14:10 - Euh...
00:14:12 Ouais, on va dire 1 mois... 1 à 2 mois, à peu près.
00:14:15 - Ouais. Et pour vous, qu'est-ce qu'il fait, là, alors ?
00:14:18 - Ah bah, pour moi, il dirige une équipe.
00:14:20 Une équipe où il travaille, quoi. - D'accord.
00:14:22 - Où ils font les travaux. - D'accord. D'accord.
00:14:25 Didier Deloz en est maintenant certain.
00:14:27 L'homme les mène en bateau depuis le début.
00:14:29 Ici aussi, des ouvriers non déclarés semblent avoir été recrutés.
00:14:33 - Bon, y a personne ?
00:14:37 - D'accord.
00:14:41 - Vous avez mis du temps à débarrasser, visiblement.
00:14:44 - Ouais.
00:14:46 - Ah ouais ? Avec des personnes ?
00:14:48 Ah, c'est ce qu'on nous a dit. Attendez.
00:14:51 - Bon, bah, voilà. Allez.
00:14:53 - Ah oui, je vois bien, ouais.
00:14:55 - Oui, mais vous voyez, tout à l'heure, c'était juste...
00:14:58 - 2 heures pour débarrasser le local.
00:15:00 Maintenant, c'est depuis 5 fois pour débarrasser ici.
00:15:04 - J'entends bien. - Voilà.
00:15:06 Bon, allez, on va à l'Ursaf, maintenant.
00:15:08 C'est pas très loin, hein.
00:15:10 Les agents de l'Ursaf sont assermentés.
00:15:14 Ils ont le droit d'auditionner des fraudeurs dans leurs locaux.
00:15:18 L'homme va donc maintenant devoir s'expliquer sur ses agissements.
00:15:22 - Dans le fond.
00:15:24 Voilà, à gauche.
00:15:26 Voilà, à gauche.
00:15:28 - Durant leur visite du 1er chantier,
00:15:31 les contrôleurs ont assemblé plusieurs factures étiquettes caisses.
00:15:34 Et ce qui les frappe tout de suite,
00:15:36 c'est que leurs suspects achètent vraiment beaucoup de matériaux de construction.
00:15:40 Une autre preuve que les chantiers, c'est son quotidien.
00:15:43 - Quand on regarde ça,
00:15:46 ça correspond pas à un volume d'achat qui peut être...
00:15:49 Par un particulier...
00:15:51 - Si vous faites une bonne valorisation...
00:15:53 - Après, c'est le bon sens, quoi.
00:15:55 - La seule chose, c'est que vous avez une facture au nom d'une société.
00:15:58 - Oui.
00:16:00 - Et cette société, c'est par cette société que vous avez ce type d'activité.
00:16:04 - Non, c'est le règle de mon fils.
00:16:06 L'homme tente de se défendre par tous les moyens.
00:16:11 Il affirme maintenant que son fils est entrepreneur
00:16:14 à la tête de plusieurs sociétés
00:16:16 et que lui ne fait qu'acheter des matériaux sur son compte.
00:16:19 - Votre fils a une société qui s'appelle Bourré des Comptes,
00:16:22 qui est détenue par une société qui s'appelle...
00:16:25 - Ah, non.
00:16:27 - C'est ça ? - Je le sais pas.
00:16:29 - Vous le savez pas ? OK.
00:16:31 Les enquêteurs suspectent ces enfants
00:16:33 qui pourraient être les vrais commanditaires des travaux réalisés au noir.
00:16:36 - Voilà. - Ah !
00:16:39 - Normalement, ça, c'est vos fils qui doivent l'avoir.
00:16:42 Vous avez pas à ne l'avoir, d'accord ?
00:16:44 - Mais c'est chaud. - Depuis tout à l'heure,
00:16:46 vous nous dites blanc, après noir, après gris,
00:16:48 après... - C'est la société des filles.
00:16:50 - Je comprends rien.
00:16:52 - Encore une fois, on ne sait pas les...
00:16:54 - Les tenants et les aboutissants.
00:16:56 Mais par contre, quand on vous dit d'aller quelque part, vous y allez.
00:16:59 - Évidemment. - Quitte à devoir embaucher des salariés sociétés.
00:17:02 - Écoutez, ça, c'est moi qui ai pris... C'est ma propre initiative.
00:17:05 - Non, non. - C'est ma propre initiative.
00:17:07 - Non, ça, je vous crois plus. - C'est ma propre initiative.
00:17:09 - Non, ça, c'est un mode de fonctionnement. - Non, pas du tout.
00:17:11 - Bon, on arrête toute vision. Monsieur. - Oui ?
00:17:13 - On va vous remettre une convocation. - Oui ?
00:17:15 - Vous allez être poursuivis pour travail dissimulé
00:17:17 parce que, de toute façon, vous expliquez...
00:17:19 - Une explication à ce point-là. - Non, non, ça suffit.
00:17:21 - Je vais bien vous mettre en travail dissimulé.
00:17:23 - Non, non, non, non, non, non !
00:17:25 - Je faisais juste un gilet neige. - Écoutez-moi.
00:17:27 - Arrêtez de parler. Écoutez-moi. - Je fais des théories comme ça.
00:17:29 - Écoutez-moi. On arrête l'audition.
00:17:31 Vous allez être convoqués parce que vous allez être mis en cause
00:17:33 pour travail dissimulé. - Oui ?
00:17:35 - De toute façon, on va regarder tout ça parce que je comprends rien du tout.
00:17:38 Vous faites plein de travaux. Vous faites tous les travaux tout seuls.
00:17:40 C'est formidable. - Je fais les travaux dans mes emplacements.
00:17:42 - Sauf aujourd'hui. Le seul jour, aujourd'hui,
00:17:45 là, vous prenez 2 gars à la plateforme.
00:17:48 Vous vous trimballez avec une carte de la plateforme
00:17:50 qui est au nom d'une autre société.
00:17:52 Vous avez rien d'autre. - C'est-à-dire des civils immobiliers.
00:17:54 - Vos appartements ou ceux de mes fils ? - Peu importe.
00:17:56 - Ceux de mes fils ? - Peu importe.
00:17:58 Aujourd'hui, de toute façon, moi, comme je comprends rien,
00:18:00 c'est vous l'employeur. D'accord ?
00:18:02 Ah bah oui, c'est comme ça.
00:18:04 - Non, mais je comprends. - Et un bon conseil.
00:18:06 Je vous donne un conseil. - Oui ?
00:18:08 - Retournez pas dans le local pour aller débarrasser avec des gars de la même façon.
00:18:11 - C'est pas une question de débarrasser. - Non, mais je vous le dis.
00:18:13 Moi, je vous ai dit ce que je voulais dire.
00:18:15 Voilà, ma déclaration en lien.
00:18:17 - Ça, on vous fait revenir, vous signez, on arrête.
00:18:21 Et je... Et on vous remet une convocation.
00:18:23 - Euh... Oui, ben lundi.
00:18:25 - Après un second rendez-vous avec le suspect,
00:18:28 Didier Delos enverra les procès-verbaux d'audition
00:18:30 et les différents éléments collectés au parquet de Bobigny.
00:18:33 C'est le procureur de la République
00:18:35 qui décidera de la voie à suivre,
00:18:37 classer l'affaire ou l'instruire.
00:18:39 - Au revoir, compagnie.
00:18:41 À lundi. - OK.
00:18:43 - Au revoir.
00:18:45 S'il est poursuivi par la justice,
00:18:47 il risque jusqu'à 3 ans de prison avec sursis
00:18:50 et 45 000 euros d'amende.
00:18:52 Ce contrôle d'Ursaf nous a donné envie d'en savoir plus.
00:18:59 Les ouvriers employés sur le chantier de manière illégale
00:19:02 avaient été recrutés dans un lieu bien précis,
00:19:05 une zone artisanale
00:19:07 connue pour être un point de rendez-vous
00:19:09 pour les embauches non déclarées.
00:19:11 Nous décidons de nous rendre dans une de ces zones.
00:19:14 Nous sommes à Villemomble, en Seine-Saint-Denis.
00:19:17 Il est 7h30,
00:19:19 et devant cette grande enseigne de matériaux de construction,
00:19:22 il y a déjà une quinzaine d'hommes,
00:19:24 tous à la recherche d'un emploi.
00:19:26 Ici, c'est monnaie courante.
00:19:28 Des artisans ou des particuliers
00:19:30 viennent sélectionner cette main-d'oeuvre bon marché
00:19:33 pour une mission à la journée, évidemment non déclarée.
00:19:38 L'un de nos journalistes va lui aussi tenter de se faire embaucher.
00:19:42 Il n'a aucune expérience dans le bâtiment,
00:19:45 mais a déjà fait un peu de peinture chez lui.
00:19:47 Il tente donc sa chance comme les autres,
00:19:49 prêt à tout pour un peu d'argent.
00:19:52 - C'est toi ? - Oui.
00:19:54 - C'est le boulot ? - Oui.
00:19:56 - C'est ici ? - Oui.
00:19:58 - Pourquoi ici ? - Je vais te voir vivre.
00:20:00 - Tu vas me tâcher. - C'est de la peinture.
00:20:03 - Tu fais la peinture ? - Oui.
00:20:05 - C'est à moi, c'est ici. - C'est les mecs qui s'arrêtent.
00:20:08 - Ils disent de... - Oui, il y a des gens.
00:20:11 - C'est la fiche. - Ils payent quoi ?
00:20:14 C'est un déconneur, je crois.
00:20:16 Le désert de temps, 20 euros.
00:20:18 - T'as vu ce qu'il y a ? - 40, 50 euros.
00:20:21 - Là, c'est plus cher que ça. - Ouais.
00:20:23 - Je te donne 50, tu as pas le même sang.
00:20:26 - Ils payent en litre ? - Oui, en litre.
00:20:28 Ces véhicules qui entrent et qui sortent du parking de cette enseigne
00:20:33 sont pour la plupart des artisans professionnels.
00:20:36 Certains cherchent peut-être de la main-d'oeuvre pour leur chantier.
00:20:39 Les candidats du jour n'hésitent pas parfois à attendre de très longues heures
00:20:43 avant de se faire enrouler.
00:20:46 - Y a des gens qui ont du travail.
00:20:49 Y a des gens qui travaillent.
00:20:51 Y en a à faire pour tenter des souventures.
00:20:53 - Avec les 6 en bas-ville, vous...
00:20:55 - Ici, oui, c'est le seul, c'est le seul.
00:20:58 Soudain, cette camionnette bleue s'arrête.
00:21:01 Les ouvriers se pressent de part et d'autre du véhicule.
00:21:04 Il faut faire vite, car ce recrutement express est complètement illégal.
00:21:08 - Vous allez bien ? - Pensez.
00:21:12 - Qu'est-ce que vous voulez ici ? - Je suis un boulot.
00:21:15 - C'est pas possible. - Pourquoi ?
00:21:17 - Nous n'avons pas le droit de rester ici.
00:21:19 - Si la police, elle arrive ici, tout le projet, c'est du propre.
00:21:23 - Tous les jours, c'est pareil ? - Tous les jours, il y a des contrôles,
00:21:26 des courages, tout, tout, tout, tout, comme ça, il passe.
00:21:29 - On va y aller. - Allez, allez, allez.
00:21:31 - C'est tout prêt. - On peut partir ?
00:21:34 Tout d'un coup, c'est la panique.
00:21:36 Une équipe de police vient perturber ce petit manège.
00:21:39 Les forces de l'ordre font tout pour décourager ces nouveaux galériens.
00:21:43 - Allez, messieurs, il faut pas rester là.
00:21:46 Non, c'est pas possible.
00:21:48 Les ouvriers finissent par obtempérer et s'éloignent lentement
00:21:53 pour finalement mieux revenir.
00:21:55 En effet, à peine les policiers disparus, ils reprennent tous leur poste.
00:22:00 Quelques minutes plus tard, une camionnette blanche s'arrête.
00:22:04 "C'est un artisan couvreur", c'est écrit sur sa voiture.
00:22:08 Après 10 minutes de palabres, 2 hommes montent dans l'utilitaire.
00:22:12 Ils viennent d'être embauchés.
00:22:14 Un autre employeur se présente.
00:22:16 C'est au tour de notre journaliste de tenter sa chance.
00:22:19 Notre journaliste vient de se faire embaucher en à peine 30 secondes.
00:22:40 Ses qualifications ne semblent pas intéresser son employeur.
00:22:43 Il va devoir porter des sacs de grava.
00:22:46 Direction Paris pour cette journée de travail complètement illégale.
00:22:50 Pendant 8 heures, notre recrue du jour va vider les encombrants
00:22:54 d'un appartement en travaux.
00:22:56 Il continue de filmer en caméra cachée.
00:22:59 Nous décidons d'envoyer une 2e équipe de journalistes.
00:23:02 Nous prétextons réaliser un reportage sur la rénovation.
00:23:06 Les chefs du chantier acceptent de nous laisser filmer.
00:23:09 - Bonjour. Je fais un petit reportage sur l'immobilier.
00:23:13 Comme j'ai vu que t'avais des travaux, je me suis dit
00:23:16 que je vais demander si c'était possible de faire des images.
00:23:19 Notre objectif, prendre en flagrant délit
00:23:22 ce qui semble s'apparenter à du travail dissimulé.
00:23:25 Et effectivement, nous retrouvons bien notre journaliste embauché
00:23:29 ce matin en pleine action, sans avoir signé aucun contrat.
00:23:33 - Vous vous suivez, vous, hein ? Transpire, hein ?
00:23:37 C'est dur.
00:23:39 Sur ce chantier, les employés travaillent dur.
00:23:42 La mission du jour est éprouvante et pourrait être dangereuse.
00:23:45 Normalement, elle devrait être réalisée par des professionnels.
00:23:49 D'autant plus que nous sommes chez un particulier.
00:23:52 En cas d'accident du travail, il serait responsable.
00:23:55 Tous les employés devraient donc être couverts par une assurance,
00:23:58 ce qui est loin d'être le cas quand on est employé au noir.
00:24:02 Quand nous interrogeons le patron sur le statut de ses employés,
00:24:05 sa réponse n'est pas du tout crédible.
00:24:08 C'est un euphémisme.
00:24:10 C'est évidemment un mensonge, puisque nous avons bien vu
00:24:29 que notre journaliste a été embauché au noir.
00:24:31 La preuve est là.
00:24:33 À la fin de sa journée de travail, notre employé infiltré
00:24:36 va recevoir en main propre le fruit de ses efforts.
00:24:39 - Très bien. Merci beaucoup. C'était bien ?
00:24:42 80 euros en tout et pour tout, évidemment payés en espèces.
00:24:47 Ceux qui ont recruté et fait travailler notre journaliste
00:24:50 sans le déclarer sont tout de même passibles
00:24:53 de 3 ans de prison et de 45 000 euros d'amende.
00:24:56 Malgré la lourde sanction, ce mode de recrutement
00:24:59 est courant dans le monde du bâtiment.
00:25:02 Chaque année, plus d'un million 300 000 personnes
00:25:05 seraient ainsi recrutées.
00:25:07 Dans certains milieux, payer ses employés en argent liquide
00:25:13 semble donc monnaie courante.
00:25:15 Grâce au cash, ces ouvriers non déclarés
00:25:18 ne coûtent rien en charges sociales à leurs employeurs.
00:25:21 Mais ce mode de recrutement, en plus d'être illégal,
00:25:24 peut aussi s'avérer très dangereux.
00:25:26 Les professionnels ne sont malheureusement pas les seuls
00:25:28 à faire travailler leurs ouvriers au noir.
00:25:30 Cette pratique est aussi très répandue chez les particuliers
00:25:33 et parfois, la soi-disant bonne affaire peut coûter très cher.
00:25:37 Dans cette jolie petite maison de la banlieue parisienne,
00:25:45 Céline enrage.
00:25:47 - Bonjour. - Bonjour.
00:25:50 - C'est Réveilleur. - Bonjour.
00:25:51 - Céline. - Bonjour.
00:25:52 Depuis plus de 9 mois, elle fait défiler les artisans-couvreurs.
00:25:56 Car cette mère de famille a de gros problèmes de toiture.
00:25:59 Tout a commencé par une infiltration d'eau de pluie.
00:26:02 Elle fait donc appel à un premier artisan.
00:26:05 Mais après son intervention, les fuites ne sont pas colmatées.
00:26:09 Pire, les dégâts sont catastrophiques.
00:26:12 Le plafond et les murs sont imbibés d'humidité.
00:26:15 - Les fuites ont commencé en juillet.
00:26:17 En août, j'ai fait appel à mon couvreur
00:26:19 pour qu'il puisse faire les raccords de cheminée.
00:26:21 Donc c'est ce qu'il devait faire.
00:26:23 Il devait faire les raccords en plomb.
00:26:25 Sauf qu'il m'a juste cimenté, vous allez voir.
00:26:27 Donc ça a continué à couler jusqu'en bas.
00:26:30 L'artisan que Céline avait fait venir s'est en réalité bien moqué d'elle.
00:26:34 Elle l'avait payée au black avec du cash.
00:26:37 Il l'a complètement arnaqué.
00:26:39 Sa maison prend l'eau.
00:26:41 - Vous voyez bien l'étendue des dégâts.
00:26:43 Ici, le BA13, il est complètement mort.
00:26:45 Donc elle a été tellement imbibée d'eau qu'elle a pourri.
00:26:48 Bon, après, tous les dommages, c'est l'eau qui a coulé,
00:26:51 qui a fui jusqu'à la cage d'escalier.
00:26:54 Et ça a coulé, en fait, jusqu'au bas de mon salon.
00:26:57 Aujourd'hui, Céline tente désespérément de rénover son toit.
00:27:02 Ses nouveaux artisans vont évaluer l'ampleur des dégâts.
00:27:06 Sur le toit, le constat est sans appel.
00:27:10 Les joints de ciment posés autour de la cheminée ont été mal faits.
00:27:14 Les fenêtres de toit présentent aussi des défauts.
00:27:18 Ce couvreur a l'habitude de récupérer le travail
00:27:20 de certains de ses confrères pas très honnêtes.
00:27:23 - Euh...
00:27:26 Malheureusement, je suis pas surpris par tous ces arnaques.
00:27:29 Nous, c'est pas notre politique, et on n'est pas une grosse société non plus.
00:27:32 On est une petite, quoi. On a quand même 10 ouvriers.
00:27:34 On est... On sera quand même.
00:27:36 Mais on connaît pas ce mot-là, heureusement.
00:27:40 - Céline a peut-être enfin trouvé quelqu'un capable de réparer les dégâts.
00:27:44 - Merci. - Merci beaucoup.
00:27:46 - Merci. Bonne journée, à vous. - Bonne journée.
00:27:48 - Bon courage. - Merci.
00:27:49 - Maintenant, reste à savoir combien vont lui coûter ces nouveaux travaux.
00:27:52 Car Céline n'a plus vraiment les moyens de payer.
00:27:55 Elle a été victime d'une véritable arnaque.
00:27:57 Le premier artisan qui devait soi-disant réparer sa toiture
00:28:00 lui avait demandé 13 000 euros.
00:28:02 Mais dans ce devis, tout n'était pas très clair.
00:28:05 La jeune femme devait payer une partie en espèces.
00:28:09 - C'était le devis qui a été fait le 23 juillet.
00:28:12 Donc du coup, que j'ai signé.
00:28:14 Là, vous voyez bien, donc, les espèces, hein, les 5 000 euros en espèces.
00:28:18 3 000 euros à prévoir au début des travaux.
00:28:20 2 000 euros en cours de travaux.
00:28:23 L'artisan a en effet utilisé une technique bien connue
00:28:26 des professionnels du bâtiment.
00:28:28 Faire payer une partie des travaux au noir
00:28:30 afin de ne pas tout déclarer au fisc.
00:28:32 Mais pour les particuliers, un tel arrangement est dangereux.
00:28:36 Impossible après de porter réclamation en cas de problème.
00:28:39 Ce qui est arrivé à Céline.
00:28:41 L'artisan l'a donc obligée à lui verser du cash.
00:28:45 Il n'a pas hésité à la bombarder de SMS.
00:28:48 Céline a donc dû se débrouiller tant bien que mal avec sa banque
00:28:51 pour retirer cette somme importante.
00:28:53 - Je leur ai dit, bon, voilà, j'ai besoin de retirer une grosse somme en espèces
00:28:57 pour les travaux de toiture.
00:28:59 Donc je leur ai dit, écoutez, c'est...
00:29:01 J'ai un couvreur, j'en ai pour 13 000 euros de travaux.
00:29:04 Il me demande 5 000 euros en espèces.
00:29:06 Donc... Donc j'ai toujours été transparente, hein,
00:29:09 transparente avec ma banque.
00:29:11 Céline va devoir faire plusieurs retraits différents
00:29:14 pour parvenir à payer les 5 000 euros que l'artisan lui réclame.
00:29:17 La banque a donné son accord.
00:29:19 Pourtant, la loi est claire.
00:29:21 Pour une transaction entre un artisan et un particulier,
00:29:24 le maximum de paiement en liquide autorisé par le fisc est de 750 euros.
00:29:29 Mais pour Céline, les ennuis ne font que commencer.
00:29:33 - On est le mardi, je lui demande est-ce qu'il y a un souci avec les travaux,
00:29:36 parce que ça avait toujours pas commencé.
00:29:38 Donc il avait eu les sommes et il commençait pas les travaux.
00:29:41 Et là, il me répond pas.
00:29:43 Je lui demande un reçu.
00:29:44 Donc je lui dis bien si vous pouviez également me donner un reçu demain
00:29:47 pour les sommes que j'ai déjà versées, s'il vous plaît.
00:29:49 Il ne me répond pas.
00:29:51 - Céline ne recevra jamais aucun reçu, aucun justificatif.
00:29:56 Très vite, la jeune femme se rend compte que l'artisan
00:29:58 est plus intéressée par les versements d'argent que par l'avancée des travaux.
00:30:03 - Le jeudi 24 août, il me dit...
00:30:06 Bonjour, il va falloir avoir l'espèce, car on est en gros vendredi.
00:30:11 Il aura la tuile et je pense finir mercredi prochain.
00:30:14 Merci.
00:30:15 Donc voilà la première pression.
00:30:18 Donc je lui dis, je vais voir avec ma banque
00:30:20 si je peux retirer 2 000 euros demain au guichet.
00:30:23 Le lendemain, donc le vendredi 25 août,
00:30:27 il me dit, essayez d'avoir pour midi le chèque de 2 500 euros
00:30:31 et les 1 000 euros en espèces.
00:30:33 Donc vous voyez qu'il n'y a aucune communication, si ce n'est de l'argent.
00:30:38 Les travaux sont finalement exécutés, mais après les avoir terminés,
00:30:42 les problèmes surgissent et les défauts sautent aux yeux de la propriétaire.
00:30:46 Surtout les jours de pluie.
00:30:48 Mais ce n'est pas tout.
00:30:51 Quand elle finit par recevoir la facture censée récapituler
00:30:54 le montant total du coût de la rénovation de sa toiture,
00:30:57 Céline reste interloquée.
00:31:00 - Voici la facture qui m'a été donnée le 29 août 2017,
00:31:03 donc à la fin des travaux.
00:31:05 Alors là, on commence à voir que ce n'est plus du tout conforme au devis.
00:31:10 Nous n'avons plus que 8 000 euros, alors que j'ai versé 13 000 euros.
00:31:14 Donc on voit bien qu'il a retiré toutes les espèces.
00:31:18 8 000 euros, toutes charges comprises.
00:31:21 Non seulement les 5 000 euros versés en cash par Céline
00:31:24 sont escamotés par l'artisan,
00:31:26 mais le montant de la TVA n'apparaît même pas,
00:31:29 alors que la loi l'exige.
00:31:30 Cette facture est tout simplement bidon.
00:31:33 Plusieurs mois après, les murs et le plafond de la maison de Céline
00:31:37 portent encore les stigmates du passage de ce couvreur peu scrupuleux.
00:31:42 Et Céline se retrouve, elle, confrontée à un gros problème.
00:31:46 Les assurances refusent de la rembourser.
00:31:49 Elle a découvert que son artisan n'était même pas assuré.
00:31:53 Elle a frôlé la catastrophe.
00:31:56 - Il a quand même fait travailler 3 salariés non déclarés sur ma toiture,
00:32:02 donc il n'était pas couvert en cas d'accident ou de chute de toiture.
00:32:07 Voilà, et je ne le savais pas.
00:32:09 Depuis des mois, Céline essaye de contacter ce couvreur, sans succès.
00:32:16 Il ne répond ni à ses coups de fil, ni au SMS ou courriel.
00:32:20 Mais Céline est bien décidée à ne pas se laisser faire.
00:32:30 - J'ai bien déposé plainte à la répression des fraudes
00:32:33 et j'ai pris rendez-vous avec un avocat
00:32:36 pour savoir si je pouvais me porter partie civile,
00:32:42 porter plainte contre la société.
00:32:45 À ce jour, je dois encore porter plainte au commissariat pour escroquerie.
00:32:50 Donc voilà, il y a encore plusieurs démarches à effectuer.
00:32:54 Travail dissimulé, escroquerie, fraude à la TVA,
00:32:59 s'ils étaient avérés, ces délits présumés pourraient coûter très cher à leur auteur.
00:33:03 L'escroquerie est punie de 5 ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende.
00:33:08 La jeune femme espère, elle, obtenir justice.
00:33:11 Mais pour le moment, il lui faudra encore patienter avant de réparer sa toiture.
00:33:16 Céline a donc été trompée par un artisan peu scrupuleux
00:33:23 qui a demandé à être payé en cash pour ne pas déclarer toutes ses charges.
00:33:27 Et cet homme est loin d'être le seul à frauder grâce à l'argent liquide.
00:33:31 Pour le vérifier, rien de plus simple.
00:33:34 Direction Paris, dans le quartier du Sentier, en plein cœur de la capitale.
00:33:40 Ici, on trouve des grossistes, des détaillants et des fabricants de tissus.
00:33:45 Une véritable fourmilière qui a constamment besoin de main-d'œuvre.
00:33:49 Et certains petits malins l'ont bien compris.
00:33:53 Il est 8h du matin.
00:33:55 Nous nous faisons passer pour des commerçants qui ont besoin d'aide pour décharger des sacs de vêtements.
00:34:00 Nous filmons en caméra cachée.
00:34:02 Très vite, un homme se présente à nous.
00:34:04 Il affirme être le chef d'une communauté de travailleurs, prêts à nous dépanner sans être déclarés.
00:34:11 - Si par exemple je viens le matin, je vous appelle avant.
00:34:14 - Oui, oui, attendez. - Comment ça fonctionne ?
00:34:16 - C'est samedi, dimanche, je suis à Livre.
00:34:18 - Et c'est combien alors du coup, selon vous, le tarif par jour ?
00:34:22 - Le tarif, il faut aller... 80 euros.
00:34:25 - 80 euros, oui.
00:34:26 - Combien je peux employer de personnes ?
00:34:28 - 10, 5...
00:34:30 - Comme tu veux, comme tu veux. Vous dites-moi, il n'y a pas de problème.
00:34:33 A entendre cet homme, il semble très facile de recruter des manutentionnaires payés en liquide.
00:34:39 Nous continuons à arpenter les passages et les ruelles qui commencent à s'éveiller.
00:34:44 - Bonjour.
00:34:48 - Vous voulez savoir combien ça coûte pour une journée, pour faire travailler ?
00:34:51 - La journée, c'est 90 euros d'allure.
00:34:54 - 90 euros ? - 90 euros, oui.
00:34:56 - Alors chacun... - Non, à chacun 90 euros.
00:35:00 - Oui, c'est ça. - La journée.
00:35:01 - Et le chariot, ça vous ? - Oui.
00:35:05 - Donc vous venez avec 90 euros avec le chariot ?
00:35:08 - Oui, pas de problème. - Ça ?
00:35:10 - Oui. - D'accord.
00:35:11 - Et vous êtes toujours ici, dans cette rue ? - Oui, tous 2.
00:35:13 - D'accord.
00:35:14 - Il y a longtemps que vous travaillez ici ? Des années ou... ?
00:35:17 - Plus, moi. - Combien ?
00:35:19 - 35 ans. - 35 ans ?
00:35:22 - Oui.
00:35:23 - Et j'ai oublié de vous demander, je peux payer par chèque ou... ?
00:35:27 - Non, non, par chèque, s'il vous plaît.
00:35:29 - Tout le monde a sa place. - Tout le monde a sa place.
00:35:31 - Ouais.
00:35:32 Sans se cacher, cet homme nous explique travailler sans être déclaré.
00:35:36 Une pratique qui semblerait pendue dans le quartier.
00:35:39 Et ça ne s'arrête pas là.
00:35:41 Dans ce milieu, l'argent liquide règnerait en maître.
00:35:43 Beaucoup de transactions se feraient en espèces.
00:35:46 Pour le vérifier, nous entrons dans une boutique de vêtements.
00:35:49 Nous nous faisons passer pour des forains qui souhaitent acheter des vêtements
00:35:53 pour les revendre sur les marchés.
00:35:55 - Bonjour. Est-ce que vous vendez pour du gros ?
00:36:01 - Oui. - Oui ?
00:36:02 - En fait, je vais être bientôt fou, hein.
00:36:05 - Oui.
00:36:06 - Et je voudrais acheter la marchandise.
00:36:08 Les prix, c'est combien, là, du coup ?
00:36:09 - Euh... Quel modèle ?
00:36:11 - Écoutez, j'en ai vu plusieurs que j'aime beaucoup.
00:36:13 Ça, j'aime beaucoup.
00:36:14 - Oui, c'est presque 14.
00:36:16 - 14 euros, la pièce ? - Oui.
00:36:17 - En moyenne, en général, c'est ça ?
00:36:19 Moi, je voudrais des jeans, des petits chemisés comme ça aussi.
00:36:22 - Oui, on peut mélanger. - On peut mélanger ?
00:36:24 - Oui.
00:36:25 Chez ce grofiste, une véritable caverne d'Ali Baba.
00:36:29 Le paradis des détaillants.
00:36:31 - Oui, comme ça, le jean, je fais la nouveauté.
00:36:33 - Par exemple, 3 comme ça, oui.
00:36:37 - Au fur et à mesure, les vendeurs notent nos achats,
00:36:41 mais ne préparent pas de factures.
00:36:43 Ils nous proposent même très vite une ristourne
00:36:46 en échange d'un paiement en espèces.
00:36:48 - Espèces, vous faites un bon prix.
00:36:57 Sinon...
00:36:59 Le marché est conclu. L'homme sourit avec malice.
00:37:03 - 287. - D'accord.
00:37:07 Espèces, vous ne me faites pas de facture, en fait, c'est ça ?
00:37:09 - Oui, c'est ça.
00:37:10 - Juste un petit bon.
00:37:12 - Juste un petit bon.
00:37:14 Ce commerçant nous tend ce fameux bon, un simple morceau de papier.
00:37:18 Dessus, on peut y lire "FS", ce qui signifie "facture à suivre".
00:37:23 Une astuce en cas de contrôle
00:37:25 qui pourrait laisser entendre qu'une facture officielle est bien en préparation.
00:37:29 En fait, c'est un leurre.
00:37:31 Notre transaction ne sera jamais déclarée dans les comptes de sa société.
00:37:35 - Bonjour, merci, monsieur. Madame, merci. A plus tard.
00:37:38 - A plus tard.
00:37:39 - En moins de 10 minutes, nous avons donc pu faire des achats en toute illégalité.
00:37:43 Une fraude fiscale facile à mettre en place
00:37:46 qui concernerait des milliers de commerçants à travers la France.
00:37:49 Mais gare au retour de bateau.
00:37:52 Car la loi est la loi et les peines encourues sont de plus en plus lourdes.
00:37:57 Un commerçant qui ne déclare pas ses marchandises vendues
00:38:00 risque jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
00:38:04 Ces commerçants véreux qui font fi de toute législation,
00:38:08 l'Ursaflé connaît bien.
00:38:10 Chaque année, ces inspecteurs épinglent en moyenne près de 15 000 commerçants.
00:38:14 Mais on oublie souvent que quand les patrons fraudent,
00:38:17 ce sont les employés qui trinquent.
00:38:21 Retour avec Didier Deloze, le contrôleur de l'Ursaflé de France.
00:38:26 Avec ses troupes, ils vont maintenant tenter de lutter
00:38:29 contre l'exploitation sociale dans le fameux quartier du Sentier.
00:38:33 Ici, les ateliers de confection pullulent.
00:38:36 Dans beaucoup d'entre eux, les ouvriers sont exploités,
00:38:39 non déclarés et payés en cash.
00:38:42 Aujourd'hui, la cible de l'Ursaflé est un atelier
00:38:45 situé au 2e étage de cet immeuble.
00:38:47 Ils entrent sans frapper.
00:38:50 Dans cet atelier, une vingtaine d'ouvriers est en plein travail.
00:38:57 Des petites mains qui assemblent des vêtements pour des grossistes.
00:39:01 Didier Deloze et ses confrères vont tous les contrôler un à un.
00:39:05 - Madame, vous avez de la capitale ?
00:39:12 Et vous ? Et vous ?
00:39:15 Madame ?
00:39:18 - Vous avez les dons ?
00:39:21 - Voilà. - Merci.
00:39:24 - D'accord. Et le patron, il est où ?
00:39:32 - Je sais pas. Je sais pas.
00:39:35 - Ben, venez voir.
00:39:38 - C'est lui, le patron ?
00:39:41 - D'accord.
00:39:45 Les travailleurs ne semblent pas se rendre compte
00:39:48 de la gravité de la situation.
00:39:50 Mais quand les inspecteurs veulent identifier le patron de l'atelier,
00:39:53 aucun n'ose le dénoncer, sûrement par peur de représailles.
00:39:57 Le responsable de l'atelier tente lui aussi de noyer le poisson.
00:40:01 - Vous m'avez dit que la gérante est en...
00:40:04 - Elle est enceinte, elle a malade, mais...
00:40:07 On parle avec les téléphones.
00:40:10 - D'accord. Donc elle embauche les gens par téléphone.
00:40:13 - C'est pas comme ça, parce que... C'est pas comme ça.
00:40:16 - Ouais, j'ai compris.
00:40:18 Ce que Didier a compris, c'est que tous les travailleurs présents ici
00:40:21 ne sont pas déclarés.
00:40:23 Des femmes et des hommes exploités, payés au lance-pierre
00:40:26 et au nombre de pièces cousues dans la journée.
00:40:29 Alors, malgré le contrôle, la plupart continuent leur tâche
00:40:32 pour ne pas perdre d'argent.
00:40:35 Les inspecteurs ont tout de même réussi à récupérer
00:40:38 les identités des travailleurs.
00:40:40 Ils coupent les informations notées dans le registre du personnel
00:40:43 avec les déclarations administratives obligatoires.
00:40:46 Et là, ça coince.
00:40:49 - Les prochaines... Ca, c'est pas un vrai.
00:40:52 Surprise, certains papiers officiels sont des faux.
00:40:56 - C'est un faux papier. - Parce que je le sais.
00:40:59 Parce que déjà, il est tout lisse.
00:41:02 Tomber sur des faux papiers, c'est courant
00:41:05 dans le cadre de ces opérations coup de poing.
00:41:08 Les inspecteurs les repèrent au 1er coup d'oeil.
00:41:11 - La police de caractère est pas bonne, le truc est tout lisse,
00:41:14 il manque des trucs de sécurité.
00:41:16 - Mais ce ne sont pas de fausses cartes d'identité
00:41:19 qui vont empêcher les inspecteurs de travailler.
00:41:22 Chaque nom est maintenant passé au crible pour vérifier
00:41:25 si oui ou non, il a été déclaré.
00:41:28 - Donc là, c'est non. OK.
00:41:31 Euh... Il est en 61.
00:41:34 - Sur ce carnet, les OK symbolisent
00:41:37 les salariés déclarés.
00:41:39 Les non représentent ceux qui n'ont pas été déclarés.
00:41:42 Et pour recouper toutes ces informations,
00:41:45 les inspecteurs interrogent un fichier national
00:41:48 qui regroupe toutes les embauches déclarées en temps réel.
00:41:51 - Ca, c'est le fichier des DPE, des déclarations préalables à l'embauche.
00:41:54 Donc c'est un fichier national qu'on consulte
00:41:57 et l'or on contrôle sur place, par exemple, en atelier,
00:42:00 pour vérifier que tous les salariés présents ont bien fait l'objet
00:42:03 de cette formalité obligatoire. Parce que si jamais elle n'a pas été faite,
00:42:06 ça constitue le travail dissimulé.
00:42:09 Et du travail dissimulé, cette société semble en faire une habitude.
00:42:12 Sur les 19 travailleurs présents dans l'atelier,
00:42:15 plus de la moitié ne sont pas déclarés.
00:42:18 - Là, on a du travail dissimulé, effectivement.
00:42:21 Donc on est en train de recenser et on va isoler les personnes
00:42:24 qui ne sont pas déclarées pour avoir un peu plus de renseignements
00:42:27 sur leur date d'embauche, est-ce qu'ils ont une fiche de paie,
00:42:30 comment ils se sont payés, est-ce qu'ils ont déjà touché quelque chose.
00:42:33 Voilà.
00:42:36 Les salariés non déclarés sont maintenant interrogés
00:42:39 sur leur ancienneté, leurs conditions de travail,
00:42:42 leurs horaires, mais aussi sur leur salaire.
00:42:45 - Combien le patron lui donne ? Combien elle lui donne ?
00:42:51 - Ça, c'est vous, mais vous, je m'en moque. Je suis désolé.
00:42:57 C'est madame. - Ah, madame ?
00:43:00 - Par mois.
00:43:28 Ici, les travailleurs sont traités comme de véritables esclaves.
00:43:31 Des heures entières à coudre des vêtements
00:43:34 dans des conditions précaires.
00:43:37 Le tout pour un salaire de misère.
00:43:40 Des pratiques scandaleusement hors la loi.
00:43:43 - Vous travaillez en janvier ? - Hein ? - Janvier.
00:43:46 - Et vous avez pas eu de fiche de paie ?
00:43:52 - C'est pas ce que je vous demande. Stop, stop !
00:44:02 De toute façon, vous arrêtez de travailler, vous n'êtes pas déclarée.
00:44:05 Vous n'êtes pas déclarée. - Ah bon ?
00:44:08 - Oui, bah, je vous l'apprends. - Ah, ça, je m'en fous.
00:44:11 - Ah bah, vous arrêtez. Vous prenez vos affaires,
00:44:14 vous prenez votre pièce d'identité et vous partez.
00:44:17 D'accord ? Allez.
00:44:20 Donc vous, pareil. Hop. Prenez vos affaires dehors.
00:44:23 Les travailleurs sont désemparés.
00:44:26 Ils vont perdre une journée de travail. Une catastrophe pour eux.
00:44:29 - Vous, monsieur ? Monsieur ? - Alors, certains refusent
00:44:32 de quitter leur poste. - Eh bah oui, mais bon,
00:44:35 vous n'êtes pas déclarée, donc vous arrêtez.
00:44:38 - On va faire la déclaration préalable à l'embauche, le monsieur.
00:44:41 Tant qu'elle est pas faite... - Oui, mais si vous vous blessez,
00:44:44 vous n'êtes pas déclarée.
00:44:47 Qu'est-ce qu'on fait si vous êtes blessée ?
00:44:50 - Pour se faire comprendre, Didier Deloze va chercher le responsable.
00:44:53 - Il a commencé aujourd'hui. Il n'y a pas de déclaration préalable
00:44:56 à l'embauche parce que vous en faites pas depuis presque un an.
00:44:59 Donc il n'est pas déclaré. Donc il peut pas continuer à travailler
00:45:02 tant que la déclaration n'est pas faite.
00:45:05 - Si vous avez une déclaration ce week-end, lundi,
00:45:08 il peut reprendre le travail. Mais pour l'instant,
00:45:11 il n'est pas déclaré. - Je t'explique.
00:45:14 - Voilà.
00:45:17 - C'est bon ?
00:45:20 ...
00:45:23 ...
00:45:26 ...
00:45:29 - OK ? Voilà. Dans cette histoire,
00:45:32 les travailleurs sont considérés comme des victimes,
00:45:35 sauf s'ils touchent en parallèle des allocations chômage.
00:45:38 Par contre, ceux qui les emploient risquent très gros.
00:45:41 Mais encore faut-il les retrouver.
00:45:44 - Quand on intervient, généralement, ça va donner lieu à un embrassement.
00:45:47 Ils vont faire en sorte de ne pas payer, ils vont disparaître,
00:45:50 souvent se mettre en liquidation judiciaire.
00:45:53 Et il y a quelque chose d'amusant dans le coin, c'est que tout va rester,
00:45:56 les machines, le local, généralement les salariés,
00:45:59 et une nouvelle entreprise va se remonter,
00:46:02 reprendre tout le monde, et les affaires vont continuer aussi,
00:46:05 avec... - Ça va être un peu décourageant,
00:46:08 pour vous, non ? - Non, parce qu'on revient régulièrement.
00:46:11 Après, on arrive à en décourager, certains, qui,
00:46:14 à force de nous voir, on en arrete et on change de secteur.
00:46:17 On continue ailleurs. On vide un peu l'océan
00:46:20 avec un verre d'eau, mais voilà.
00:46:23 Si on le fait pas, personne le fait, donc...
00:46:26 Les travailleurs exploités ne sont que les derniers maillons
00:46:29 d'une chaîne bien huilée. Tout en haut, il y a les donneurs d'ordre,
00:46:32 des grossistes, qui donnent leurs vêtements à ces ateliers
00:46:35 pour les confectionner. Ce sont eux, maintenant,
00:46:38 qu'il va falloir retrouver, faute d'avoir pu mettre la main
00:46:41 sur le patron de cet atelier. Retour dans les locaux de l'Ursaf.
00:46:46 - 2 minutes, viens, viens. On va faire le point
00:46:49 sur les contrôles qu'on a faits. D'accord ?
00:46:52 - Grâce aux factures et bons de livraison retrouvés
00:46:55 à l'atelier de confection, Didier Delos et ses hommes
00:46:58 sont remontés jusqu'au principal donneur d'ordre,
00:47:01 une société qui a pignon sur rue. Il décide donc de les appeler.
00:47:05 - Donc, en fait, là, on va vous envoyer par mail
00:47:08 une lettre d'avertissement parce qu'on a procédé à un contrôle
00:47:12 et on a constaté que l'existence d'un travail dissimulé.
00:47:15 - Vous êtes sûr ? - Ah bah oui, j'en suis sûr, oui.
00:47:19 - En fait, on a contrôlé 19 personnes qui étaient présentes.
00:47:22 - Oui. - Et au final, on est à 10 personnes
00:47:25 non déclarées. - 10 personnes non déclarées ?
00:47:28 - Oui, tout à fait. - L'homme au bout du fil
00:47:31 semble tomber des nues.
00:47:34 - Nous, on le dit, hein, on veut pas avoir d'histoire,
00:47:37 donc on veut que ça soit... Que les gens soient déclarés,
00:47:40 on lui dit constamment. - Ce donneur d'ordre
00:47:43 existe depuis 30 ans et réalise un chiffre d'affaires
00:47:46 de 3,5 millions d'euros, de quoi payer l'amende
00:47:49 à la place de l'atelier.
00:47:52 - Si la société, votre prestataire, ne paye pas les cotisations
00:47:55 qu'on va chiffrer, parce qu'on va régulariser la situation,
00:47:58 évidemment, à ce moment-là, on peut actionner
00:48:01 une procédure à votre encontre pour vous faire payer
00:48:04 les cotisations qui sont dues.
00:48:07 C'est important, c'est pour ça que je voulais vous prévenir,
00:48:10 quand même. - Ah, vous ?
00:48:13 - Oui, c'est-à-dire que vous allez payer à sa place, s'il paye pas.
00:48:16 Voilà, je fais court.
00:48:19 - Ah oui, ça s'appelle la solidarité financière,
00:48:22 oui, tout à fait, c'est prévu par les textes depuis de longues dates.
00:48:25 - Cette société pourrait avoir à payer
00:48:28 jusqu'à 225 000 euros d'amende
00:48:31 et son gérant est passible de 3 ans de prison.
00:48:34 Pour beaucoup de professionnels, l'argent liquide
00:48:37 est donc une véritable aubaine qui leur permet de payer
00:48:40 en toute discrétion.
00:48:43 Car l'argent liquide a un atout majeur,
00:48:46 il permet de rendre toutes les transactions intraçables,
00:48:49 et certains l'ont bien compris.
00:48:52 Le jour se lève sur les monts enneigés
00:48:55 qui entourent Grenoble.
00:48:58 - Oui ? - Salut.
00:49:01 - Coucou. - Ça va ? - Oui, ça va, et toi ?
00:49:04 - Ce matin, Christine a prévu d'aller faire des courses,
00:49:07 mais pas n'importe où.
00:49:10 Avec son amie Isabelle, elle a infiltré un réseau un peu particulier.
00:49:13 Dans leur région, il existe un genre de marché parallèle
00:49:16 ouvert aux seuls initiés.
00:49:19 - Au départ, c'était une copine d'ici,
00:49:22 donc de notre petit village,
00:49:25 qui nous a proposé ça
00:49:28 avec l'argument orange naturel, etc., etc.
00:49:31 Et bah oui, et en plus,
00:49:34 il s'est avéré que les agrumes étaient excellents.
00:49:37 - Plusieurs fois par saison,
00:49:40 des vendeurs viennent proposer des agrumes
00:49:43 venues tout droit de Sicile.
00:49:46 Mais pour pouvoir acheter, il faut montrer patte blanche
00:49:49 et recevoir ce mail.
00:49:52 Ensuite, ne reste plus qu'à passer commande
00:49:55 et surtout répondre à une exigence bien précise.
00:49:58 Payé exclusivement en espèces,
00:50:01 même si Christine a prévu d'acheter aujourd'hui une cagette d'orange,
00:50:04 les 2 amis ne sont plus vraiment très sûrs
00:50:07 de vouloir continuer à participer à ce système qui paraît très opaque.
00:50:10 Elle soupçonne que ces ventes soient illégales.
00:50:13 - Je me suis retrouvé dans un endroit
00:50:16 qui n'avait rien à voir avec l'idée un petit peu nunuche
00:50:19 qu'on en avait. - Du petit producteur.
00:50:22 - Du petit producteur qui vient, style, avec sa fourgonnette
00:50:25 du fin fond de la Sicile, c'est pas ça du tout, quoi.
00:50:28 Et on réalise là qu'on a affaire à un gros business.
00:50:31 Tout le monde paye en cash et quand on voit le nombre
00:50:34 de voitures qui défilent et le nombre de caisses d'orange qui partent,
00:50:37 on se dit... ça fait beaucoup d'argent liquide.
00:50:40 - Vu l'ampleur du commerce,
00:50:43 c'est là que ça me pose question.
00:50:46 - Ouais, ouais. Est-ce que ça cache pas quelque chose
00:50:49 d'un peu plus suspect, quoi, en termes, effectivement,
00:50:52 de blanchiment, de choses comme ça ?
00:50:55 - Christine a prévu 22 euros dans une enveloppe
00:50:58 pour acheter sa cagette d'orange, car elle tient à nous montrer
00:51:01 comment fonctionnent ces ventes.
00:51:04 Nous arrivons dans une zone industrielle en banlieue de Grenoble.
00:51:07 Ici, les entrepôts sont nombreux
00:51:10 et c'est dans l'un d'eux que nous avons rendez-vous.
00:51:13 Un lieu de vente bien caché,
00:51:16 derrière plusieurs semi-remorques.
00:51:19 Seul indice qu'il se trame quelque chose,
00:51:22 c'est les voitures qui se croisent toute la journée.
00:51:25 Des particuliers venus acheter en toute discrétion leurs agrumes.
00:51:28 Nous accompagnons Christine en caméra cachée.
00:51:34 Nous devons être discrets,
00:51:37 nous sentons que nous sommes épiés.
00:51:40 - Bonjour.
00:51:43 - L'entrepôt abrite plusieurs tonnes d'orange et de citron
00:51:46 disposées dans des cageots. Nous allons récupérer notre commande.
00:51:49 - Je peux chercher
00:51:52 les 2 tonnes d'orange.
00:51:55 - Comme prévu,
00:51:58 nous payons en liquide.
00:52:01 Mais comme la loi l'autorise, nous demandons aussi
00:52:04 à avoir une facture de nos achats.
00:52:07 Et là, la réponse est claire, pas de ticket.
00:52:10 - Vous nous donnez un reçu, quelque chose ?
00:52:13 - Non, vous donnez juste ça aux petits jeunes et vous êtes à chaque fois.
00:52:16 - Très bien, merci. Merci à vous.
00:52:19 En refusant de nous fournir une preuve d'achat,
00:52:22 ces commerçants sont hors la loi.
00:52:25 Cette méthode semble prouver qu'en fait,
00:52:28 aucune des transactions effectuées ici n'est déclarée.
00:52:31 Mais aucun des clients du jour ne semble s'en offusquer.
00:52:36 Tous sont persuadés de réaliser une bonne affaire.
00:52:43 Nous décidons d'en savoir plus sur ce commerce.
00:52:46 Pendant notre enquête, nous avons obtenu
00:52:51 le numéro de téléphone de la responsable de ces ventes.
00:52:54 Nous l'appelons en nous faisant passer
00:52:57 pour un restaurateur cherchant de nouveaux fournisseurs.
00:53:00 - Je voulais savoir un petit peu quand est-ce que vous allez revenir
00:53:03 et comment je peux m'inscrire pour avoir des commandes ?
00:53:06 - Là, maintenant, ça te prend. En décembre.
00:53:09 - D'accord. Et concernant le paiement,
00:53:12 c'est toujours en liquide ou comment ça se fait ?
00:53:15 Parce que quand je suis commerçant, je...
00:53:18 Même pour un professionnel, il semble difficile
00:53:24 de pouvoir régler autrement qu'en cash.
00:53:27 Mais en creusant un peu, nous découvrons que ces règlements
00:53:30 ne sont pas les seuls comportements intrigants de cette société,
00:53:33 qui semble très opaque.
00:53:36 - Et vous êtes payé par eux, vous êtes salarié pour vendre...
00:53:39 - Dans l'origine, quoi.
00:53:42 - Non, mais vous savez...
00:53:48 - Non, mais c'était juste savoir
00:53:51 où je mets les pieds avant pour être sûr
00:53:54 de pas enfreindre la loi, c'est tout.
00:53:57 - Non, mais...
00:54:00 - Non, mais c'est pas ça, c'est pas ça.
00:54:03 - Non, mais il y a pas de souci, hein.
00:54:06 C'est mon fils qui est à son compte et qui sait pas...
00:54:09 Et là, une société... Voilà. - D'accord.
00:54:12 Cette femme fait preuve de prudence.
00:54:15 Manifestement, elle ne veut pas trop en dire,
00:54:18 comme si elle avait quelque chose à cacher.
00:54:21 Cela ressemble à ce que la loi appelle une vente au déballage.
00:54:24 Sauf qu'ici, les transactions ne seraient pas déclarées.
00:54:27 Et pour avoir le droit de déballer dans cet entrepôt,
00:54:30 la société aurait dû déclarer son activité à la mairie
00:54:33 sous peine d'encourir une amende de 75 000 euros.
00:54:36 Nous appelons la mairie concernée pour vérifier
00:54:39 si cette démarche a bien été faite.
00:54:42 Le verdict est sans appel.
00:54:57 Les transactions sous le manteau semblent complètement illégales.
00:55:00 Pas de déclaration, des paiements opaques en espèces.
00:55:03 Ce business semble complètement passer entre les mailles du fisc.
00:55:06 Et d'après nos informations, ce petit manège continue.
00:55:09 D'autres ventes ont eu lieu après notre tournage.
00:55:12 Un business illégal qui se fait en toute impunité.
00:55:15 Mais nous avons découvert que ces commerçants
00:55:22 n'étaient pas les seuls à frauder.
00:55:25 Des dizaines de professions trichent
00:55:27 pour éviter de payer des impôts et des charges sociales.
00:55:30 Leur objectif ? Dégager un maximum de cash.
00:55:33 Et aussi surprenant que cela puisse paraître,
00:55:36 cette pratique existe aussi dans des professions
00:55:39 a priori au-dessus de tout soupçon.
00:55:42 Comme les chirurgiens esthétiques.
00:55:44 Nous avons rendez-vous en caméra cachée avec l'un d'eux.
00:55:47 - Bonjour, Eta. - Bonjour.
00:55:49 - Désolé pour le retard.
00:55:51 Nous expliquons vouloir réaliser une rhinoplastie.
00:55:54 Une opération qui coûte 5 500 euros.
00:55:57 Nous proposons de régler en espèces.
00:55:59 Aucun problème pour le médecin.
00:56:01 Si rien n'est illégal dans cette démarche,
00:56:08 la réaction du chirurgien est, elle, plutôt originale.
00:56:11 Il semble qu'il ait l'habitude
00:56:13 de recevoir des espèces aux origines douteuses.
00:56:16 Dans notre enquête, nous avons découvert encore mieux.
00:56:22 On peut être salarié de l'Education nationale
00:56:25 et travailler au noir.
00:56:27 Nous avons donné rendez-vous à ce jeune professeur d'espagnol
00:56:30 qui propose des cours particuliers
00:56:32 en dehors de son emploi du temps dans les lycées.
00:56:35 15 euros de l'heure, évidemment, à régler en cash.
00:56:49 Ce jeune professeur assume sans complexe
00:56:52 arrondir ses fins de mois de manière illégale.
00:56:55 Une technique qui semble devenue un sport national
00:56:58 et qui commence même à toucher une toute nouvelle profession.
00:57:01 Comme un peu partout dans le monde,
00:57:05 l'irruption en France des VTC,
00:57:07 les voitures de transport avec chauffeur,
00:57:10 bouleverse le transport de personnes.
00:57:12 Depuis 2012, ces sociétés se développent à vitesse grand V.
00:57:15 Le leader du marché fait travailler
00:57:17 plus de 20 000 employés.
00:57:19 Mais en échange, la société demande à ses chauffeurs
00:57:22 de lui reverser 25 % de leurs courses.
00:57:25 Une rétrocession qui met en rogne certains d'entre eux.
00:57:28 Parmi eux, Max Allain, chauffeur depuis 4 ans.
00:57:32 -Iber, il nous a vendu des rêves.
00:57:34 Moi, j'ai fait une formation 2 mois pour avoir ma carte.
00:57:37 Le moment où je faisais ma formation,
00:57:39 on m'a montré un chiffre d'affaires
00:57:41 que je pouvais faire chaque mois pour moi.
00:57:44 4 500, 5 000, en travaillant 12 heures.
00:57:47 -Ce père de famille rembourse 300 euros par semaine
00:57:50 l'allocation de son véhicule luxueux,
00:57:52 sans parler des assurances, du carburant
00:57:55 et des 25 % de commissions prélevées par sa société.
00:57:58 En moyenne, il gagnerait environ 4 000 euros par mois.
00:58:01 Une fois ses charges payées, il lui resterait moins de 2 000 euros.
00:58:05 Max Allain estime donc qu'il ne gagne pas suffisamment sa vie.
00:58:09 Pour s'en sortir, il affirme ne pas avoir d'autre choix
00:58:12 que de faire du black à certains moments de sa journée.
00:58:27 Faire du black serait donc la seule façon
00:58:30 de pouvoir faire face à ses charges et ses frais d'hiver.
00:58:33 Selon lui, au moins 60 % des chauffeurs
00:58:36 frauderaient de la même façon.
00:58:39 -Vous allumez la pluie, vous faites 20 courses,
00:58:42 moins de 10 euros, vous n'êtes même pas à 150 euros.
00:58:46 Moi, si c'est comme ça, si je sais qu'aujourd'hui,
00:58:49 il n'y a que des courses de 6 euros, 10 euros,
00:58:52 si c'est un vendredi ou samedi, j'arrête la pluie.
00:58:55 J'arrête la pluie, je dis que je veux faire du black,
00:58:58 je vais ramasser 200 euros et je rentre chez moi.
00:59:01 Comme ça, au moins, j'ai fait ma journée.
00:59:03 -Et le chauffeur a ses petites astuces.
00:59:05 Devant nous, un taxi occupé.
00:59:08 -Exemple, ce taxi-là, il est occupé, il est en rouge.
00:59:12 Moi, je le suis.
00:59:13 Il y a des clients qui ne savent même pas que le taxi est occupé.
00:59:17 Donc ils tendent la main comme ça, même si le taxi est occupé.
00:59:20 Et moi, je suis derrière, je regarde mon rétro.
00:59:23 S'il n'y en a pas un autre, je m'arrête.
00:59:25 "Vous allez où ?"
00:59:26 Nous, on n'a pas ça, du racolage.
00:59:28 C'est interdit, mais c'est du racolage.
00:59:30 On ne peut pas dire "Vous cherchez un taxi".
00:59:33 Si c'est un policier, il peut vous verbaliser.
00:59:36 -Et dans ces cas-là, l'amende est salée.
00:59:39 1 500 euros, voire 3 000 euros en cas de récidive.
00:59:44 -Il y en a qui restent toute la journée à racoler dans les aéroports.
00:59:48 C'est plus rentable.
00:59:49 Il y en a aussi qui restent parfois, moi, ça m'arrive,
00:59:52 je reste devant une boîte de nuit, j'attends.
00:59:56 Il y a des endroits où il y a toujours du cash.
00:59:59 À certaines heures, le Grand Boulevard, le Boulevard de Clichy,
01:00:03 on peut toujours choper du cash parce qu'il n'y a pas de taxi.
01:00:07 -Les chauffeurs VTC ont une panoplie de techniques bien rodées
01:00:11 pour soutirer de l'argent en espèces non déclarées.
01:00:14 Par exemple, fidéliser les clients.
01:00:16 -Parfois, je vous prends, vous, en tant que client,
01:00:20 on discute, on se sympase.
01:00:22 Après, vous me dites, je vais retourner demain ou après-demain
01:00:26 à New York ou au Sénégal.
01:00:28 Je vous pose la question.
01:00:30 "Vous avez un chauffeur ?" "Non."
01:00:32 "Je viens vous chercher." "Il n'y a pas de problème."
01:00:35 Je vous dis, la course, elle fait 50 euros, je vous fais 40 euros.
01:00:39 Vous, ça ne va pas vous gêner. Vous bénéficiez de 10 euros.
01:00:43 -Cette main-d'oeuvre bon marché semble désillusionnée.
01:00:46 Des chauffeurs qui estiment être poussés à bout
01:00:49 et ne pas avoir d'autre choix pour s'en sortir que de frauder.
01:00:52 Ils prennent pourtant tous les risques car le travail dissimulé,
01:00:55 les paiements en espèces non déclarés au fisc,
01:00:58 sont des délires éprimés par la loi, passibles de lourdes peines de prison.
01:01:02 A priori, tromper le fisc aujourd'hui, ce n'est pas une chose facile.
01:01:08 Le ministère des Finances dispose de milliers de fonctionnaires
01:01:12 chargés d'encaisser nos impôts.
01:01:14 Pourtant, chaque année, des dizaines de milliers de contribuables
01:01:18 trouvent des moyens de tromper la vigilance des agents du fisc.
01:01:21 En particulier, certaines professions
01:01:24 dans lesquelles l'argent liquide circule abondamment.
01:01:27 Les commerçants comptabiliseraient à eux seuls
01:01:30 20 % des plaintes pour fraude fiscale.
01:01:33 Dans la restauration, il existerait une technique assez répandue
01:01:37 pour tromper le fisc.
01:01:39 Des caisses enregistreuses truquées.
01:01:42 Le phénomène a même fait la une des journaux.
01:01:46 Un scandale d'ampleur nationale découvert en 2012.
01:01:50 Un fabricant de caisses enregistreuses a même été mis en examen
01:01:55 pour avoir créé un logiciel capable d'effacer une partie des recettes.
01:02:00 Nous avons retrouvé un ancien salarié de l'entreprise incriminée.
01:02:06 Son travail consistait à former les restaurateurs
01:02:09 à l'utilisation de la caisse enregistreuse.
01:02:12 Et il est affirmatif, la société avait bel et bien conçu un logiciel
01:02:16 destiné expressément à tromper le fisc.
01:02:20 C'était prévu dans le logiciel,
01:02:23 certaines fonctions qui ne sont pas forcément intimes,
01:02:25 même pas cachées.
01:02:27 Ce sont des fonctions, on va dire, détournées,
01:02:30 qui permettent d'exporter, par exemple,
01:02:33 l'ensemble des tickets sur Excel
01:02:36 et de dire "souvenons-nous de ça, souvenons-nous de ça".
01:02:40 L'affaire est en attente d'être jugée.
01:02:43 Mais si ce témoin dit vrai, les soupçons de la justice seront confirmés.
01:02:47 Cette méthode, qui permet de cacher une partie de ses recettes,
01:02:52 un restaurateur a accepté de nous en faire une démonstration.
01:02:56 Cette pratique étant illégale, il témoigne anonymement.
01:03:00 On commande deux mojitos, d'accord ?
01:03:04 Voilà.
01:03:05 Le client va me régler 20 euros en espèces
01:03:08 et je décide que ce 20 euros-là, pour une raison ou pour une autre,
01:03:11 n'iront pas dans la caisse, mais dans ma poche.
01:03:13 J'annule article par article.
01:03:16 Vous avez ici les articles qui s'annulent.
01:03:18 Moins un mojito, moins un mojito.
01:03:20 Et nous avons le total de la table.
01:03:22 Le total de la table étant de zéro,
01:03:24 le client ne le sait pas, va me donner l'argent,
01:03:26 je vais passer la commande,
01:03:27 et j'ai un bond d'annulation qui sort ici.
01:03:29 Merci, monsieur, j'ai pris les 20 euros, je les ai mis dans ma poche.
01:03:32 L'opération est très simple, mais elle a quand même un défaut.
01:03:36 Elle est enregistrée dans le disque dur de la caisse.
01:03:39 En cas de contrôle, le fisc pourrait découvrir la tricherie.
01:03:43 Mais notre restaurateur a plus d'un tour dans son sac.
01:03:47 Il va maintenant raccorder sa caisse enregistreuse
01:03:50 à son ordinateur portable pour récupérer sa comptabilité du jour.
01:03:55 Pour le moment, tout est normal.
01:03:58 Mais il va maintenant connecter une clé USB
01:04:01 dans laquelle il y a un logiciel capable d'effacer certaines additions,
01:04:05 en particulier celles payées en liquide.
01:04:09 - Tu tapes ta journée, aujourd'hui, on était le 16 juillet,
01:04:13 et il nous dit potentiellement qu'on peut enlever 411 euros de cash, si tu veux.
01:04:17 - 411 euros, c'est le montant réglé ce jour-là en cash.
01:04:21 Le logiciel de la clé est capable de l'isoler
01:04:24 et surtout de le faire disparaître sans laisser de traces.
01:04:28 - Tout ce qui est écrit en espèces, si tu veux,
01:04:31 par exemple, la table s'affiche, si je clique 2 fois dessus,
01:04:34 je vais enlever 411 euros.
01:04:36 Là, je vais quitter, l'ordinateur me dit "Voulez-vous soulever les modifications ?"
01:04:39 Je dis "OK", tu vois ? Je dis "Oui". Là, c'est bon, c'est enregistré, c'est enlevé.
01:04:43 Là, je prends 411 euros, et le logiciel fait en sorte
01:04:46 que tous les tickets qui ont été annoncés, dès qu'il ouvre une table,
01:04:49 t'as dit 1, 2, 3, 4, 5, 5, il renumérante tous les tickets,
01:04:52 et ça, c'est intraçable par l'administration fiscale.
01:04:54 - Avec son logiciel magique, le restaurateur fait disparaître
01:04:57 aux yeux du fisc une partie de son chiffre d'affaires,
01:05:00 dans sa comptabilité, mais aussi dans le disque dur de la caisse.
01:05:04 Quant au logiciel et à la clé USB qui permettent la manipulation,
01:05:08 ce sont, d'après lui, certains fabricants de caisses enregistreuses eux-mêmes
01:05:12 qui les proposeraient sous le manteau.
01:05:15 - La clé, ce sont les informaticiens qui la vendent en disant
01:05:18 "Voilà, c'est ce truc-là qui permet de truquer la caisse sans que ça se voit."
01:05:22 - Donc les personnes qui vendent des caisses enregistreuses sont complices de...
01:05:26 - Ben, obligatoirement, parce que c'est eux qui créent le logiciel, tout.
01:05:29 Ce commerçant nous a avoué que, chaque jour, il fait ainsi disparaître
01:05:33 environ 10% de ses recettes en liquide.
01:05:36 Selon nos estimations, cela représenterait un chiffre d'affaires
01:05:39 non déclaré d'environ 100 000 euros par an.
01:05:45 Voilà pourquoi l'Etat a contre-attaqué.
01:05:48 Depuis le 1er janvier 2018, les 500 000 commerçants de France
01:05:52 doivent désormais être équipés d'un nouveau logiciel antifraude.
01:05:55 Direction Créteil, où se trouve une importante société
01:05:59 qui commercialise ce logiciel agréé et certifié.
01:06:03 Dans cet atelier, des terminaux de caisses prêts à l'expédition.
01:06:07 - Christelle, vous avez reçu une poste 5 ce matin.
01:06:12 Jean-François Lombardi est l'un des cadres du groupe.
01:06:16 Il nous emmène dans l'un de ses showrooms
01:06:18 pour une démonstration du nouveau dispositif.
01:06:21 - Donc là, on va ouvrir une table, donc on va identifier le nombre de couverts
01:06:24 et là, on va saisir nos commandes.
01:06:26 Comme dans les anciennes caisses, il suffit de taper sa commande.
01:06:30 - Dès ce moment, tout ce qui a été commandé est inscrit et tracé dans la machine.
01:06:33 Si, par exemple, j'ai fait une erreur de saisie, notamment,
01:06:36 et que j'ai besoin de la corriger, je peux encore le faire.
01:06:39 Ce qui va se passer, c'est que vous retrouvez,
01:06:42 donc, le ticket d'annulation, effectivement, de correction pour la table 205.
01:06:46 Et ici, vous retrouvez dans le détail un whisky commandé et un martini annulé.
01:06:50 Avec ce nouveau logiciel, la moindre manipulation est méticuleusement enregistrée.
01:06:55 L'historique des erreurs, des annulations, de toutes les transactions est gardé en mémoire.
01:07:01 Le ticket d'addition devient un véritable mouchard.
01:07:04 - Aujourd'hui, quand vous allez manger dans un restaurant,
01:07:07 vous allez, en fin de repas, demander une addition.
01:07:11 On va vous présenter ce qu'on appelle un ticket provisoire.
01:07:13 Ce ticket provisoire, donc, reprendra l'intégralité de ce que vous avez consommé,
01:07:17 avec le total à payer.
01:07:18 Et au moment où vous allez saisir,
01:07:21 le commerçant va saisir le règlement de cette addition-là,
01:07:24 à ce moment-là, vous allez avoir un ticket définitif qui va sortir
01:07:27 et surtout le total à payer et le mode d'encaissement.
01:07:31 Cette nouvelle caisse enregistreuse ne permet donc pas d'effacer une addition
01:07:35 une fois qu'elle a été réglée.
01:07:37 Tout tracé de A à Z, c'est l'arme antifraude de l'État.
01:07:41 - Dans un but de traçabilité, ce que veut le contrôleur fiscal,
01:07:44 c'est qu'effectivement, quand il va retrouver les historiques de notes,
01:07:47 qu'il retrouve bien toutes les notes avec les modes de règlement qui sont liés,
01:07:52 notamment les espèces, les chèques, les cartes bleues, etc.
01:07:55 Avec cette nouvelle technologie ultra sophistiquée, l'État l'affirme,
01:07:58 aucun logiciel pirate ne peut dorénavant effacer les données des caisses.
01:08:03 Direction un restaurant italien pour vérifier si la nouvelle caisse est vraiment imparable.
01:08:07 Paolo, le propriétaire, nous le confirme.
01:08:10 - Avant, tu pouvais effacer les espèces pour déclarer un peu moins, quoi, tu vois,
01:08:16 pour payer moins d'impôts, pour payer moins de taxes et tout ça.
01:08:19 Aujourd'hui, si tu le faisais, si tu enlèves des espèces,
01:08:25 aujourd'hui, t'as des traces, pourquoi ça a été effacé, pourquoi...
01:08:31 Donc tu dois rendre des comptes.
01:08:33 Alors, l'emprisonnement...
01:08:37 Je fais...
01:08:42 Avec cette nouvelle caisse enregistreuse qui garde tout en mémoire,
01:08:45 frauder le fisc semble désormais compliqué.
01:08:48 Mais il y a une faille dans la méthode.
01:08:50 Car même si certains commerçants arrivent encore à faire disparaître
01:08:53 certaines ventes payées en cash, les bons de livraison sont de véritables mouchards.
01:08:58 Si le fisc se procure ses factures, il risque de s'apercevoir
01:09:02 que des marchandises se sont volatilisées sans apparaître dans la comptabilité.
01:09:08 Là encore, certains petits malins ont des méthodes bien rodées.
01:09:14 Depuis des années, Pierre, restaurateur,
01:09:17 trafique sa comptabilité pour réduire ses impôts.
01:09:20 C'est un hors-la-loi, il témoigne donc à visage caché.
01:09:24 Pour que les achats de ses marchandises ne le trahissent pas,
01:09:27 il a tout simplement proposé à ses fournisseurs de devenir ses complices.
01:09:33 - Je demande au grossiste, tout simplement, une partie des produits commandés,
01:09:38 de ne pas les mettre sur facture à l'intitulé de la société
01:09:40 et de les payer directement à l'arrivée des produits
01:09:44 sans qu'aucune facture me soit présentée au nom de ma société ou même au mien.
01:09:49 Pierre paie certains de ses achats en liquide.
01:09:52 Pas de facture, pas de trace.
01:09:54 Il peut ensuite revendre ses marchandises au black
01:09:57 en faisant un bénéfice maximal net d'impôts.
01:10:01 Une technique simple et illégale qui, selon lui, serait la norme dans la profession.
01:10:06 D'ailleurs, les fournisseurs accepteraient sans problème d'être réglés en liquide.
01:10:11 - Depuis presque 20 ans maintenant,
01:10:14 je n'ai jamais rencontré aucun fournisseur qui refuse ce genre de procédé.
01:10:19 Ils sont habitués à le faire, ça fait partie du B.A.B. de ma profession.
01:10:23 Nous décidons de vérifier s'il est si facile d'acheter de la marchandise sans facture.
01:10:28 Direction l'entrepôt d'un distributeur de boissons.
01:10:31 C'est ici que les camions chargent leurs marchandises
01:10:34 destinées aux professionnels de la restauration.
01:10:37 Mais les restaurateurs peuvent aussi venir s'approvisionner eux-mêmes sur place.
01:10:41 Nous y pénétrons en caméra discrète en nous faisant passer pour des restaurateurs.
01:10:46 - Je peux en prendre autant que je veux.
01:10:49 - Vous voulez du moment que vous arrivez en espace,
01:10:52 évidemment c'est tout à fait normal.
01:10:54 - J'imagine qu'il y a plein de restaurateurs comme moi.
01:10:56 - Pour l'instant, si on les comprend, il y a trop de taxes, trop d'impôts.
01:10:59 A la caisse, nous ne sommes pas les seuls à payer en liquide.
01:11:03 Ce client règle ses achats avec une niasse de billets de 20 euros.
01:11:07 Visiblement ici, le paiement en cash est une pratique courante.
01:11:11 Nous questionnons le caissier.
01:11:13 Et celui-ci n'hésite pas à nous expliquer la technique qu'il utilise
01:11:17 pour que nous restions invisibles dans sa comptabilité.
01:11:20 - On a quand même un code zéro, vous voyez ?
01:11:22 Un code zéro, c'est apparemment un compte fictif
01:11:25 qui correspond à une fausse identité.
01:11:27 - C'est pas sur les vrais comptes, en fait.
01:11:30 - D'accord.
01:11:31 - C'est pas obligé de déclarer, c'est ça que je veux dire.
01:11:33 - Ouais, d'accord.
01:11:34 - Côte caisse, regardez.
01:11:35 - Non, parce que moi...
01:11:36 - Regardez, je vous montre.
01:11:37 - Ça, c'est les vrais comptes des gens.
01:11:39 - Ouais.
01:11:40 - Espèces, cartes bleues, ou chèques, c'est obligatoire.
01:11:42 Là, ils ont ramené les clavisiers de société.
01:11:44 Et là, code caisse, ça veut dire "on s'en fout".
01:11:46 Alors c'est code zéro.
01:11:47 - C'est des noms avant.
01:11:48 - Ouais, ça, c'est du bidon.
01:11:49 - D'accord.
01:11:50 - Tout ça, c'est du bidon.
01:11:51 Rrrrrr, tout ça, c'est du bidon.
01:11:52 - Sous nos yeux, le caissier fait défiler
01:11:54 des centaines de faux noms de clients.
01:11:56 Il nous propose même de nous en créer un.
01:11:59 - Vous en faites un bidon à vous, quoi.
01:12:01 - D'accord, OK.
01:12:02 - Bah, on peut, ouais.
01:12:03 - Je le veux.
01:12:04 - Ouais, on peut, comme ça, je l'aurais.
01:12:05 Mettez Antoine.
01:12:06 - On met un numéro d'adresse, quand même.
01:12:07 - On va mettre un.
01:12:08 - Mettons, je sais pas, 33 rue Dorcelles.
01:12:12 Si jamais ils viennent vous contrôler
01:12:14 et qu'ils regardent les faux noms et les fausses adresses
01:12:17 et qu'ils aillent vérifier, ils peuvent rien faire.
01:12:19 - Bien sûr, ouais.
01:12:20 Rien à voir, rien à voir.
01:12:22 - Ça peut paraître incroyable,
01:12:24 mais dans cet entrepôt qui a pignon sur rue,
01:12:26 en plein Paris, des dizaines de restaurateurs
01:12:29 viennent donc tous les jours
01:12:30 pour faire leurs emplettes en liquide et sans facture.
01:12:33 Il y a de grandes chances pour qu'ils aient l'intention
01:12:36 d'en dissimuler la vente ensuite à l'administration fiscale.
01:12:40 Grâce à ce type de fournisseurs complaisants,
01:12:42 en quelques années, Pierre, notre restaurateur fraudeur,
01:12:46 a pu dissimuler plus de 20 000 euros de chiffre d'affaires par an,
01:12:50 selon ses propres aveux.
01:12:51 Et selon lui, il serait difficile pour le fisc de le repérer.
01:12:55 - On ne fraude pas des millions et des millions d'euros par an.
01:13:01 J'ai un train de vie qui est tout à fait raisonnable.
01:13:03 Je pense que je dois gagner à peu près 3 000 euros par mois.
01:13:07 J'ai une vie tout à fait normale.
01:13:08 J'ai pas de grande maison, j'ai pas de grosses voitures,
01:13:11 rien qui éveille, je pense, les soupçons.
01:13:14 La technique, c'est d'être cohérent, d'être discret.
01:13:17 Je n'ai jamais eu de compte officiel.
01:13:19 Ainsi, chaque année, des milliers de professionnels comme Pierre
01:13:23 parviennent à tricher.
01:13:25 La fraude atteint aujourd'hui des proportions massives.
01:13:28 1 euro sur 5 échapperait au fisc en France.
01:13:32 Si l'argent liquide est souvent associé au travail au noir
01:13:36 et aux comptabilités déguisées,
01:13:38 il est aussi un moyen de paiement extrêmement répandu.
01:13:41 Chaque année, plus de 1 100 milliards d'euros en espèces
01:13:44 servent dans des échanges commerciaux en Europe.
01:13:47 Des transferts de cash strictement contrôlés et réglementés.
01:13:51 Car la hantise des pouvoirs publics, c'est le blanchiment d'argent.
01:13:54 De grosses sommes issues de la fraude fiscale.
01:13:57 Une méthode souvent utilisée par les malfaiteurs du monde entier.
01:14:01 Aéroport de Nice-Côte d'Azur.
01:14:06 Ici, chaque année, été comme hiver,
01:14:09 plus de 13 millions de passagers transitent.
01:14:12 Des voyageurs venus des 4 coins du monde.
01:14:15 Des touristes, des hommes d'affaires et parfois des contre-banquiers.
01:14:19 Pour surveiller tous ces flux, les douaniers veillent au grain.
01:14:24 Ils vérifient qu'aucune marchandise suspecte
01:14:27 ne soit glissée dans des bagages.
01:14:34 Leur arme tout terrain, des chiens aux flaires exceptionnelles.
01:14:38 Leur mission, renifler toutes les valises à la recherche de drogue et même d'argent.
01:14:43 Car on ne le sait pas toujours, mais transporter de l'argent liquide sur soi
01:14:48 est soumis à certaines règles très strictes.
01:14:51 En France, il est interdit de voyager avec plus de 10 000 euros.
01:14:55 Si c'est le cas, il faut déclarer la somme et payer une taxe.
01:14:59 Et prouver d'où vient cet argent.
01:15:02 Afin de lutter contre le blanchiment.
01:15:04 En quelques années, les saisies d'argent liquide aux frontières ont bondi de 500%.
01:15:10 Alors, les douaniers sont à l'affût des portes-monnaies trop remplies et bien cachées.
01:15:17 Et lors de ces contrôles, pas de délit de faciès, tout le monde y passe.
01:15:22 Pour cette jeune femme, rien à déclarer.
01:15:29 Mais les douaniers ne comptent pas se laisser abattre.
01:15:33 - Vous venez de ? - Euro Wings, de Vienne.
01:15:35 - Oh, d'Australie. - Vous allez en Australie ?
01:15:38 - Oui. - Qu'allez-vous faire en France ?
01:15:40 - Félicitations. - Comment longtemps ?
01:15:42 - On sera là pendant 72 jours. - OK.
01:15:44 - Et le prix de ce truc ? - 900 euros.
01:15:49 - 900 euros. - OK. Merci beaucoup.
01:15:52 - Merci, monsieur.
01:15:53 - Vous avez de l'argent pour déclarer ?
01:15:56 - Plus de 10 000 euros ?
01:16:00 - Plus de 10 000 euros.
01:16:02 Les douaniers font une fouille complète pour vérifier que de l'argent ne serait pas caché au fond d'un bagage.
01:16:07 Mais ces touristes sont honnêtes.
01:16:09 - OK. Merci. Merci. - Merci. Bon séjour.
01:16:16 Si les douaniers ont pour le moment fait chou blanc...
01:16:19 - Au revoir.
01:16:20 ...le vent va tourner pour eux, avec cet homme qui voyage seul.
01:16:25 - Du noir, monnaie. Noir, 10, 15, euro.
01:16:30 - Non.
01:16:31 - Chaque... - Non.
01:16:34 - Non, nothing ? - Non.
01:16:36 L'homme arrive de Russie. Il affirme ne pas transporter de grosses sommes d'argent.
01:16:41 Mais les douaniers demandent tout de même à fouiller sa sacoche.
01:16:44 Et là, surprise, une enveloppe est retrouvée.
01:16:48 - Non. 10 000. - 10 000 ? - Yes.
01:16:54 Et elle est loin d'être vide.
01:16:56 Suspicieux, les douaniers l'emmènent dans leur loco pour pousser un peu plus l'interrogatoire...
01:17:02 ...et vérifier que l'argent ne serait pas issu de trafics illégaux.
01:17:06 - C'est ça. C'est ça. 10 000. On va regarder la valise.
01:17:12 - Et on you, you have no money, nothing ? On you have money ? - Non.
01:17:19 L'homme commence à s'impatienter.
01:17:24 - Non, non, problème. On est en contrôle.
01:17:27 - You know the... - Your style.
01:17:29 - Your style. - Your style.
01:17:31 - You know the reglementation for the money ?
01:17:35 - Over 10 000 euros, you must declare.
01:17:40 Mais les découvertes ne vont pas s'arrêter là.
01:17:43 - Show me your wallet, please.
01:17:45 - Il y en a encore, là. - Ah, ouais.
01:17:48 - Là, il y en a un fraction.
01:17:51 Une seconde liasse de billet de 500 euros vient d'être découverte dans une valise.
01:17:55 Le plafond des 10 000 euros autorisés est largement dépassé.
01:17:59 - You are over 10 000 euros.
01:18:04 You are over 10 000 euros.
01:18:07 - C'est un bol ? - Ah oui.
01:18:09 - You are 20 000.
01:18:12 La situation est tendue pour cet homme d'affaires.
01:18:15 Les douaniers le soupçonnent d'être un trafiquant.
01:18:18 Pour se défendre, ils tentent d'expliquer qu'ils n'avaient pas compris ce que lui demandaient les douaniers.
01:18:23 - Alors là, vous êtes en vouloir une infraction.
01:18:27 - Comment on dit ?
01:18:29 - Infraction, non ? - Ouais.
01:18:31 - Vous voulez avoir une infraction.
01:18:33 - I understand ?
01:18:35 Le dialogue est compliqué car les douaniers ne parlent pas russe.
01:18:39 Alors l'homme est autorisé à appeler une amie française.
01:18:42 - Ah, bon, c'est bien mal.
01:18:45 - Allô ?
01:18:47 - Le monsieur, quand je lui ai demandé s'il avait plus de 10 000 euros à déclarer, il m'a répondu non.
01:18:51 Et quand on a regardé dans ses affaires personnelles, on a trouvé à peu près 20 000 euros.
01:18:57 - Donc il est en infraction.
01:18:59 - Oui, mais bon, histoire de dire qu'on n'a pas compris, c'est trop facile.
01:19:03 Mais l'affaire va encore plus se corser pour ce touriste russe.
01:19:07 Avec le transport d'une telle somme, les douaniers suspectent du blanchiment d'argent.
01:19:12 Alors ils cherchent à savoir d'où proviennent ces billets.
01:19:16 - Et ça sort d'une banque russe ?
01:19:18 - Oui, oui.
01:19:46 Le suspect rappelle son amie qui parle français.
01:19:49 Il veut qu'elle explique aux douaniers qu'il ne voulait pas frauder et que son argent est en règle.
01:20:14 Finalement, l'homme semble dire vrai.
01:20:17 Les douaniers viennent de trouver dans ses papiers les reçus de la banque moscovite.
01:20:21 Ces justificatifs semblent prouver que l'origine de ces 20 000 euros n'est pas frauduleuse.
01:20:30 Grâce à ces reçus, le touriste russe n'écopera que d'une amende.
01:20:36 - Vous pouvez choisir la transaction et l'amende de 1 000 euros.
01:20:40 - Il faut expliquer aussi que la prochaine fois, il déclarera.
01:20:44 - La prochaine fois, il n'y aura peut-être pas de transaction.
01:20:47 - Parfait. Merci.
01:20:51 Le suspect l'a échappé belle car sans ces justificatifs, il aurait pu être poursuivi pour blanchiment d'argent.
01:20:58 Un crime puni de 5 ans de prison et de 375 000 euros d'amende.
01:21:04 - Je vous en prie, monsieur.
01:21:06 S'il est interdit de voyager avec plus de 10 000 euros sans les déclarer,
01:21:13 les pouvoirs publics ne se sont pas arrêtés là pour lutter contre le blanchiment.
01:21:17 Pour écouler cet argent sale, les trafiquants avaient l'habitude de faire des emplettes dans les boutiques de luxe.
01:21:23 Mais depuis 2015, il est interdit pour les ressortissants français de payer plus de 1 000 euros en liquide.
01:21:30 Pour le vérifier, direction l'avenue Montaigne à Paris, l'une des plus luxueuses du monde.
01:21:37 Ici, les grands noms de la mode possèdent tous une boutique.
01:21:41 Nous sommes accompagnés de Thierry Lévesque.
01:21:46 Journaliste, il est spécialiste de la question de l'argent liquide.
01:21:50 Et pour lui, aucun doute, le cash est une véritable problématique pour les pouvoirs publics.
01:21:57 Les États jugulent le paiement en espèces pour deux raisons.
01:22:02 D'abord pour limiter la fraude fiscale, la grande, la petite.
01:22:06 Les commerçants, les restaurateurs ont toujours un peu fait du cash pour éviter le fisc.
01:22:13 Donc c'est une manière de récupérer des recettes.
01:22:16 Et puis de plus en plus, les États ont la pression de leur système judiciaire et policier
01:22:21 qui leur soulignent que les grosses coupures et l'argent en liquide est un véhicule du crime.
01:22:27 Plusieurs enquêtes l'ont en effet prouvé.
01:22:30 Les gros paiements en cash sont souvent issus de trafics illégaux.
01:22:33 C'est pour cela que l'État veut les restreindre au maximum.
01:22:37 En caméra cachée, nous allons voir avec lui si les commerçants du luxe respectent vraiment cette loi
01:22:43 interdisant les paiements de plus de 1 000 euros en cash.
01:22:46 J'aimerais avoir un petit renseignement sur cette veste.
01:22:49 - C'est quel prix d'ailleurs, s'il vous plaît ?
01:22:53 Et puis quelle matière, évidemment, aussi ?
01:22:55 Dans cette première boutique, la vendeuse est au courant qu'il existe maintenant une limite de paiement.
01:23:16 Même si le montant est plutôt flou pour elle.
01:23:19 - Bon, ben merci beaucoup pour ces informations. À bientôt. Au revoir.
01:23:24 Première boutique, première infraction.
01:23:27 Mais ce n'est pas fini. Nous allons découvrir qu'afin de ne pas perdre une clientèle fortunée,
01:23:32 habituée à payer en cash, certaines marques n'hésitent pas à aller encore plus loin.
01:23:37 - Bonjour, messieurs. - Bonjour, messieurs.
01:23:40 Dans ce deuxième magasin, nous prétextons vouloir nous offrir un costume.
01:23:45 - Là, il est à 2 000 euros. - 2 000 euros.
01:23:47 - Après ça, ça va être à 2 350. - D'accord.
01:23:51 - Et ça, c'est un costume... Il est à 4 450.
01:23:56 Ici, le vendeur semble connaître la loi,
01:23:59 mais décide délibérément de l'outrepasser pour ne pas rater sa vente.
01:24:04 - Concernant les paiements, est-ce que c'est possible de payer une partie en cash ou pas ?
01:24:09 - Oui, une partie, bien sûr, oui.
01:24:10 - Est-ce que je peux payer, je sais pas, 1 500 euros en cash ou...
01:24:14 - Oui, bien sûr. - C'est possible ? Vous prenez ?
01:24:16 - Oui, bien sûr. - Y a pas de souci ?
01:24:17 - Non. - Ouais, mais comme la loi, c'est 1 000 euros, ça changeait.
01:24:20 - Oui, vous pouvez payer en cash, y a pas de souci, oui.
01:24:23 - Ah, et des billets de 500 euros, par exemple, y a pas de souci ?
01:24:25 - Oui.
01:24:26 - Le moment où vous payez, c'est le billet, il est valable, il est...
01:24:28 - Ah, c'est ça, c'est un minimum.
01:24:31 Finalement, nous n'achèterons pas le costume.
01:24:34 Mais notre démonstration est claire.
01:24:36 Malgré la loi, il est encore possible aujourd'hui
01:24:39 de payer de grosses sommes en cash dans certains magasins.
01:24:42 - Les vieilles habitudes ont la vie dure.
01:24:46 Sans doute, ça a été pris depuis très longtemps.
01:24:49 Et pendant très longtemps, surtout, ça a été toléré.
01:24:51 On a su que ça se passait,
01:24:54 mais au nom de bonnes affaires, du commerce, etc.,
01:24:57 et de la bonne intelligence, avec peut-être des milieux,
01:25:01 certains milieux économiques, on fermait les yeux.
01:25:04 Malgré les différentes mesures restrictives mises en place par l'Etat,
01:25:09 il semble que frauder le fisc reste une habitude très répandue
01:25:12 chez nos concitoyens.
01:25:14 Même si la dématérialisation de la monnaie est de plus en plus répandue,
01:25:20 l'argent liquide reste encore un moyen de paiement très usité.
01:25:24 Intraçable, invisible, il reste la bête noire des pouvoirs publics.
01:25:29 Pour autant, la disparition du cash n'est pas pour demain.
01:25:33 La fraude semble encore avoir de beaux jours devant elle.
01:25:36 tel.
01:25:36 [Musique]