Le temps des pionniers _ Mafias et banques (1_3) _ ARTE
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00:00 Place Offshore, prostitution, paradis fiscaux, trafic de drogue, gestionnaire de fortune,
00:20 pillage des ressources naturelles.
00:23 Tout semble opposer les institutions bancaires et les organisations criminelles.
00:30 Tout à un détail près.
00:33 Dans leur quête incessante de nouveaux marchés, les mafieux s'invitent dans les cercles de pouvoir avec un impératif,
00:47 dissimuler leur argent.
00:49 En un siècle, la criminalité organisée en col blanc impose sa marque dans le monde des affaires et de la finance internationale.
00:58 C'est l'histoire de cette alliance criminelle entre mafia et banque que ces trois films racontent.
01:05 Le Pouvoir du Monde
01:33 Ça fait quelques jours que j'y pense.
01:35 Quelqu'un doit savoir la vérité sur ce que j'ai fait, sur mon histoire.
01:40 Je te dirai tout, je ne cacherai rien.
01:43 Mais à une condition, il faut que tu me promettes de ne rien publier, même en partie, pendant dix ans après ma mort.
01:57 En 1960, Charles "Lucky" Luciano, le parrain de la mafia new-yorkaise en exil, se confie à un écrivain américain.
02:06 Il lui raconte dans un langage cru son parcours au sein du crime organisé
02:11 et lui dévoile les détails de la création de Cosa Nostra aux États-Unis.
02:16 Pour Lucky Luciano, les affaires sérieuses commencent au début des années 1920 à Manhattan, au temps de la Prohibition.
02:24 New York, 1929
02:29 On contrôlait des usines, des entrepôts, on avait des exportateurs et des importateurs.
02:35 Évidemment, on n'avait pas d'impôts à payer comme la General Motors.
02:39 Mais ça ne voulait pas dire qu'on n'avait pas des charges considérables.
02:42 On graissait la pâte aux flics et aux politiciens.
02:45 Ça rentrait dans les frais généraux, comme dans n'importe quelle affaire.
02:53 New York a été crucial à deux égards dans l'histoire de la Prohibition.
02:58 Il y a d'abord sa géographie.
03:01 New York était un point d'entrée centrale pour tout l'alcool illégal dans le pays.
03:05 C'était le début des lignes ferroviaires, c'était un port important.
03:09 Et c'était également le lieu de convergence du monde de la finance et de celui de la politique sur le sol américain.
03:19 Dans les années 1920, Wall Street est une place forte de la finance internationale.
03:24 Le dollar n'a pas encore conquis le monde,
03:27 mais les banquiers de Manhattan sont les prescripteurs d'un capitalisme, ivre de sa richesse.
03:32 À quelques blocs de Wall Street, dans le Lower East Side, le contraste est brutal.
03:42 Les migrés irlandais, juifs, chinois, italiens vivent dans la misère.
03:47 Les gangs tiennent le coin des rues.
03:50 Raquettes, prostitution, la Prohibition de l'alcool va transformer le monde du crime.
03:55 En ce qui concerne la structure des villes américaines,
04:01 chaque grand carrefour de chaque grande ville des États-Unis avait quatre coins.
04:05 Et à ces quatre coins se trouvaient quatre saloons.
04:09 C'étaient les espaces publics de la société américaine.
04:12 Et du jour au lendemain, tout ça a disparu.
04:16 La Prohibition, appelée de ses vœux par l'Amérique blanche et puritaine,
04:20 fait basculer ce qui était la septième industrie du pays entre les mains de la pègre.
04:25 Les consommateurs ne sont qu'une bande de pigeons qui ne manquent qu'à se faire plumer.
04:35 Une caisse de bons whisky en provenance de Glasgow nous coûte 25 dollars environ.
04:40 Vendue au verre, elle nous rapporte 1000 dollars.
04:45 La marge bénéficiaire d'une caisse de whisky écossais importée illégalement dans le pays
04:50 était à peu près la même que celle de la cocaïne aujourd'hui.
04:54 Cela vous donne une idée de la rentabilité de l'importation et de la distribution d'alcool.
04:59 Pour cela, le crime organisé a dû développer des réseaux de distribution,
05:04 tous les éléments d'une chaîne d'improvisionnement.
05:08 Et cela exigeait un partage des tâches.
05:11 Quand on parle de la prohibition, on parle de millions de caisses d'alcool toutes les semaines
05:16 à délivrer sur des territoires qui sont très vastes.
05:19 Donc ça nécessite un véritable processus d'industrialisation,
05:23 de la production, de la comptabilité, de la banque, etc.
05:27 Parce que les mafieux en général sont très attentifs à leurs gains, à leurs coûts, etc.
05:32 Donc il va y avoir des personnes qui s'occupent de ça.
05:35 Le jeune Luciano, étoile montante de la pègre, comprend que la mafia pour s'imposer
05:41 va devoir tout apprendre sur les mécanismes de la finance.
05:45 Luciano se met en affaire avec un ami d'enfance,
05:48 issu comme lui des quartiers de misère de Manhattan, Meyer Lansky.
05:52 Lansky fascine Luciano pour son don hors du commun à manier les chiffres,
05:57 à neurégler les cartes et à faire des choses plus efficaces.
06:01 Lansky fascine Luciano pour son don hors du commun à manier les chiffres,
06:05 à ne rien écrire, à ne laisser aucune trace.
06:09 « Meyer lisait toujours des choses sur l'économie.
06:13 Un jour, il me montre un bouquin de la bibliothèque.
06:16 Il est tout excité.
06:18 « Charlie, l'auteur parle d'un truc qu'on appelle la loi de l'offre et de la demande.
06:23 Si tu as de grosses quantités d'une chose que les gens veulent mais peuvent pas obtenir,
06:27 tu peux satisfaire la demande et ramasser le pognon à la pelle.
06:31 Ce principe économique, nous l'avons rebaptisé la loi Lansky. »
06:36 Ce qui est remarquable dans le partenariat entre Luciano et Lansky,
06:44 c'est qu'ils agissaient en stratège.
06:47 Luciano disait de Lansky qu'il pouvait « voir dans les coins ».
06:51 Il avait toujours un coup d'avance et savait tirer parti des opportunités
06:55 qui s'offraient à lui.
06:58 Une des premières idées de Meyer Lansky
07:04 est d'installer des machines à sous dans les Speakeasies pour les Américains blancs aisés
07:08 et de monter une loterie clandestine de rue pour les Noirs et les pauvres
07:12 qui rêvent de décrocher la timbale.
07:23 « La loterie nous rapportait tellement de fric qu'il fallait constamment se réunir
07:27 pour décider de ce qu'on allait faire du pognon.
07:30 C'est à ce moment que j'ai vraiment commencé à respecter les banquiers et à les envier.
07:35 Ils pouvaient investir l'argent de leurs clients et se faire de sacrés bénéfices. »
07:40 Dans ces années folles, l'argent et l'alcool enivrent l'Amérique.
07:48 Hausse des salaires, consommation de masse, croissance infinie.
07:53 Chauffeurs de taxi, vendeuses, patrons, tout le monde joue en bourse.
08:00 Et les banques prêtent à tour de bras pour alimenter la machine.
08:04 « Les années 1920, c'est surtout une période de spéculation financière.
08:09 Tous les moyens sont bons pour gagner beaucoup d'argent.
08:12 Il y a une caractéristique typique des périodes d'euphorie financière.
08:15 Ce sont des périodes où les escrocs économiques sont de plus en plus présents.
08:19 Et les années 1920, c'est un foisonnement d'escroqueries sur le plan économique.
08:23 Et ça, c'est toujours un signe dans l'histoire qu'on est dans une période d'euphorie financière. »
08:27 En octobre 1929, les marchés dévissent.
08:34 En une matinée, le cours de millions d'actions s'effondre.
08:38 La peur s'abat sur l'Amérique.
08:41 Banquiers, puissants hommes d'affaires doivent rendre des comptes devant la nation.
08:45 « On a pris conscience que des gens qui apparaissaient bien sous tout rapport,
08:51 voire même très estimables, puisque c'était de riches banquiers ou de riches financiers très établis,
08:56 pouvaient être eux aussi facteurs de troubles très importants
09:01 pour l'équilibre du système capitaliste lui-même.
09:04 Et donc, on a commencé à prendre conscience qu'il pouvait exister des criminels en col blanc.
09:08 Alors, on leur a donné différents types de noms.
09:11 On a utilisé le terme de « banksters » pour justement jouer sur les mots avec « gangster »,
09:16 c'est-à-dire des banquiers qui ont des pratiques qui mettent en péril tout le système financier. »
09:22 La mafia italo-américaine, elle, ne connaît pas la crise.
09:27 En pleine prohibition, elle doit faire face à ses excès de liquidités.
09:31 La pègre n'a pas encore intégré le système bancaire,
09:34 mais elle se lance dans le financement de l'économie.
09:36 De nombreuses sociétés au bord de la ruine, entreprises de confection,
09:40 d'emballages de viande, de produits laitiers, de transports routiers
09:44 et d'autres secteurs clés de la vie économique passent sous le contrôle du milieu.
09:48 Donc, cet argent, il circule, il est largement réinvesti dans le système de la prohibition.
09:55 Et puis, il va aussi largement financer ce qu'on peut appeler une consommation ostentatoire,
09:59 puisque le mode de vie des gangsters, c'est d'afficher cette richesse.
10:03 Et certains disent que le mot blanchiment viendrait d'Al Capone lui-même,
10:08 qui avait un réseau de blanchisserie.
10:10 Il avait investi la sphère légale et l'argent sale était investi dans cette activité-là.
10:16 En 1931, coup de tonnerre.
10:21 Ce n'est pas un banquier qui se retrouve devant la justice pour malversation,
10:26 mais le prince de la prohibition à Chicago, Al Capone.
10:30 Après des années d'efforts infructueux, la justice américaine comprend que pour épingler Capone,
10:35 il faut le poursuivre pour son train de vie et non pour ses crimes.
10:39 Le gangster roule carrosse alors qu'il ne peut justifier d'aucune source légitime pour ses revenus.
10:45 Al Capone tombe pour fraude fiscale.
10:57 Il est devenu évident après cela que si vous étiez du monde criminel,
11:02 vous aviez sacrément intérêt à trouver un bon moyen de cacher votre argent
11:07 pour que la police ne puisse pas mettre la main dessus
11:11 et pour que les services du fisc ne sachent pas que vous aviez caché de l'argent.
11:16 Bon motif pour vous envoyer derrière les barreaux.
11:20 Ils vont vous mettre en prison.
11:22 En 1933, Franklin Delano Roosevelt entre à la Maison Blanche.
11:27 Sa priorité, sortir le pays de la Grande Dépression.
11:31 Il lance le New Deal pour venir en aide aux populations victimes de la crise.
11:40 Il lance également une révolution bancaire connue sous le nom du Glastigel Act.
11:49 Cette nouvelle loi bancaire, c'est un génie d'innovation dans la régulation publique.
11:54 Il commence par dire qu'il faut que l'on sépare les banques commerciales des banques d'affaires.
11:59 Les banques commerciales, c'est la banque que nous utilisons.
12:02 À côté de ça, il y a la banque d'affaires,
12:05 c'est celle qui joue sur les marchés financiers nationaux ou internationaux.
12:08 Roosevelt dit maintenant qu'on va séparer ça.
12:10 Il y a les banques qui vont financer l'économie
12:12 et il y a les banques qui vont jouer sur les marchés.
12:14 Si elles paniquent sur les marchés,
12:16 si elles font n'importe quoi, au moins la partie de la banque qui finance l'économie,
12:19 elle sera toujours là.
12:21 Donc les banques sont découpées,
12:23 les banques sont régulées et en même temps les banques sont très rentables.
12:26 Donc elles vont accepter ce principe de la régulation financière
12:29 lié à la loi bancaire de Roosevelt
12:31 et ça va donner 40 ans de stabilité bancaire et financière.
12:34 La politique de Roosevelt signe les débuts de l'État-providence et redistributeur.
12:42 Mais rapidement, le Trésor américain découvre
12:44 qu'une large partie de l'argent des grandes fortunes soumises à l'impôt a disparu.
12:48 Un autre monde s'est bâti dans le secret.
12:51 Le rapport que demande Morgento,
12:55 le secrétaire au Trésor de Roosevelt,
12:57 est vraiment passionnant.
12:59 Il nous montre que l'utilisation des paradis fiscaux
13:02 pour échapper aux impôts,
13:04 c'est déjà une industrie de construction de l'opacité.
13:07 C'est une industrie de construction de l'opacité.
13:09 C'est une industrie de construction de l'opacité.
13:12 qui permet de mettre des écrans
13:15 entre les revenus que je touche
13:18 et les revenus que je vais déclarer
13:21 et qui vont être taxés.
13:23 Et ça s'est organisé de manière industrielle
13:25 dès les années 1920, dès les années 1930,
13:27 pour essayer d'échapper le plus possible
13:29 à ceux qui pourraient être tentés de contrôler
13:31 d'où vient l'argent
13:33 et qui profitent des placements de l'argent.
13:38 En ces débuts du XXe siècle,
13:40 les paradis fiscaux fleurissent sur le sol américain,
13:43 États-Unis, Canada, mais aussi Panama.
13:46 Ces places financières, sûres et discrètes,
13:51 facilitent les mouvements de fond des grandes fortunes
13:54 et attirent les capitaux, même les plus sales.
13:57 En Europe, de l'autre côté de l'Atlantique,
14:03 un pays a déjà une longue tradition d'opacité financière.
14:07 La Suisse.
14:09 Refuge pour les biens des aristocrates français,
14:20 lors de la révolution de 1789,
14:22 bientôt suivie par les grandes familles bourgeoises du XIXe siècle,
14:25 la Suisse inscrit le secret bancaire dans sa loi, en 1934.
14:29 La loi bancaire suisse de 1934, dans le fameux article 47,
14:35 dit "Tout employé de banque suisse qui donne des informations
14:39 au gouvernement suisse ou à un gouvernement étranger
14:42 sur les comptes d'un de nos clients est passible de prison".
14:45 C'est un crime pénal.
14:47 C'est ce qui va faire que pendant des années,
14:49 aucun journaliste suisse ne va enquêter là-dessus.
14:52 Parce que si vous êtes en Suisse et que vous enquêtez
14:54 et que vous divulguez la moindre information,
14:56 vous finissez en prison.
14:58 Alors oui, la Suisse est un endroit idoine
15:01 pour tous ceux qui veulent garder leurs affaires secrètes,
15:04 pour les gouvernements, les criminels, les hommes d'affaires,
15:07 les familles fortunées.
15:09 La Suisse est l'endroit idéal.
15:11 Il faut attendre quelques années encore
15:16 pour que les mafias comprennent tout l'intérêt
15:18 de placer leur argent au cœur du système bancaire international.
15:21 Pour l'heure, la mafia new-yorkaise a d'autres soucis.
15:25 En 1933, la prohibition est abolie.
15:28 Privée de sa principale source de revenus,
15:32 le gangsta se réorganise.
15:34 Lucky Luciano, qui a fait assassiner la vieille garde,
15:38 prend la tête de la mafia new-yorkaise
15:40 et propose un pacte managérial aux grandes familles mafieuses de l'Est Amérique.
15:44 C'est la naissance de la Commission,
15:46 l'ancêtre de Cosa Nostra aux États-Unis.
15:49 Cette commission a la contribution de Luciano
15:52 à l'histoire du crime organisé.
15:54 Mais si le gangsta fait la une de la presse,
15:57 c'est pour un autre motif.
16:00 En 1936, Luciano tombe pour proxénétisme
16:04 et écope de 40 années de prison.
16:07 Fin de chapitre.
16:09 A la même époque, à l'autre bout du monde,
16:16 un orphelin né dans le ruisseau
16:18 est en train de révolutionner le monde du crime
16:20 en intégrant business mafieux,
16:22 infiltrations politiques et nouveautés,
16:25 et en écrivant des livres sur lesquels
16:27 il parle de la révolution politique et nouveautés,
16:29 entreprenariat bancaire.
16:31 Cet homme s'appelle Du Yu Sheng
16:37 et sa carrière criminelle épouse les convulsions historiques
16:39 de la perle de l'Orient.
16:41 Shanghai.
16:44 Dans les années 1920,
16:53 Shanghai est le temple d'un capitalisme colonial
16:56 qui ne vaut rien.
16:57 Principal port de Chine et bientôt d'Asie,
17:00 Shanghai est rongé par deux vis,
17:02 l'opium et l'argent.
17:04 Dans ses récits inoubliables sur la Chine,
17:10 le journaliste Albert Londres raconte.
17:13 À Shanghai, tout alphabet y est inconnu.
17:17 La langue de ce pays n'est pas une langue de lettres.
17:20 C'est une langue de chiffres.
17:22 Pour devenir millionnaire,
17:24 inutile de savoir lire,
17:26 savoir compter suffit.
17:28 Shanghai est un veau d'or à dit peu.
17:30 Sur le Bund, la plus grande avenue de la ville,
17:37 les banques se dressent les unes contre les autres.
17:39 L'emblème de cette promenade
17:42 est la Hong Kong and Shanghai Banking Corporation,
17:45 la banque HSBC,
17:47 créée par les britanniques au 19e siècle
17:49 lors des guerres de l'opium.
17:52 Au milieu de cette ébullition,
17:54 la mafia chinoise, organisée sous forme de triades,
17:57 gère l'économie du vice.
17:59 Un des hauts lieux de Shanghai,
18:05 le Grand Monde,
18:07 est le précurseur de ce que les mafieux américains
18:09 feront bientôt à Las Vegas.
18:11 Un immeuble avec tout sur place.
18:13 Salle de spectacle, restaurant.
18:15 Aux étages supérieurs,
18:17 salle de jeux, bar de nuit.
18:19 Et tout en haut,
18:21 hôtel, prostitution,
18:23 héroïne et opium.
18:25 C'est là qu'entre en scène Du Yusheng.
18:37 À 20 ans,
18:39 il intègre la puissante triade de la Bande Verte,
18:41 installée au cœur de la concession française.
18:43 En 5 ans à la fin,
18:47 Du Yusheng, qui ne sait ni lire ni écrire,
18:49 prend la tête de la Bande Verte,
18:51 règne sur des milliers d'hommes de main,
18:53 de mouchards, de prostituées,
18:55 de recouvreurs de dettes,
18:57 et va tirer parti des bouleversements politiques en Chine.
18:59 Au milieu des années 20,
19:07 le parti communiste chinois,
19:09 créé au sein de la concession française,
19:11 inquiète.
19:13 La police coloniale demande à la Bande Verte
19:15 d'étouffer les turbulences politiques.
19:17 En échange,
19:19 les fumeries d'opium sont tolérées.
19:21 Un pacte est scellé
19:23 entre les autorités françaises et Du Yusheng.
19:25 En avril 1927,
19:29 lorsque des mouvements de grève éclatent,
19:31 Du Yusheng fait massacrer
19:33 les insurgés par les hommes de la Bande Verte.
19:43 En récompense de cet engagement,
19:45 les français nomment Du Yusheng
19:47 au conseil municipal.
19:49 En 1931,
19:53 Du Yusheng inaugure le Temple des Ancêtres
19:55 dans son village natal.
19:57 Le temple abritera bientôt
19:59 la plus grande raffinerie de morphine du pays.
20:01 Revendeur exclusif d'opium
20:03 pour toute la Chine,
20:05 Du Yusheng est également le président
20:07 de la Ligue anti-opium.
20:09 Génie de la duplicité,
20:11 à la tête d'une des plus importantes
20:13 organisations mafieuses de Chine,
20:15 Du Yusheng fait la jonction
20:17 entre mafia et banque,
20:19 en arrosant toute la classe politique.
20:21 Il est nommé directeur de la Bourse de Shanghai,
20:23 directeur de la Bank of China,
20:25 de la Banque Centrale de Chine.
20:27 Le parrain savoure sa prospérité.
20:31 Passionné d'opéra chinois,
20:33 il se pose en mécène
20:35 et ouvre ses propres studios de cinéma.
20:37 Mais hors champ,
20:39 un autre récit s'écrit.
20:41 L'invasion japonaise de la Chine
20:49 en 1931 annonce la guerre.
20:51 À Shanghai, en 1937,
20:53 les concessions étrangères
20:55 sont durement frappées par les bombardements.
20:57 Pour protéger ses affaires,
21:01 Du Yusheng décide de quitter la Chine.
21:03 Il s'installe sous pavillon britannique,
21:05 à Hong Kong.
21:07 Ch'eer Xu,
21:09 je vous écris après mon arrivée à Hong Kong.
21:11 Depuis la crise,
21:15 le prix de l'or a augmenté très rapidement,
21:17 tel un cheval en fuite.
21:19 Depuis que le gouvernement a annoncé
21:21 certaines mesures,
21:23 la situation semble s'être calmée.
21:25 Mais notre gouvernement sacrifie la poule
21:27 pour avoir les œufs.
21:29 L'avenir reste imprévisible.
21:31 Je vous prie de soutenir mes affaires à Shanghai.
21:35 Ma santé va mieux.
21:37 Je compte rentrer au début du mois prochain.
21:39 Frère Do.
21:43 À la fin de la guerre,
21:51 les concessions étrangères sont rendues à la Chine.
21:53 Et puis...
21:55 En 1949,
22:01 les communistes prennent le pouvoir à Pékin.
22:03 C'est la fin d'un monde.
22:05 Les chefs des triades plient bagages
22:07 pour Hong Kong, Macao et Taïwan.
22:09 Lorsque Du Yusheng
22:13 s'éteint en 1951 à Hong Kong,
22:15 rangé par l'opium,
22:17 Shanghai est déjà entrée dans une léthargie profonde
22:19 dont elle ne sortira que 40 ans plus tard.
22:31 Après la guerre,
22:33 le camp des vainqueurs,
22:35 Etats-Unis en tête,
22:37 entend bâtir une nouvelle architecture de sécurité internationale,
22:39 garante de la paix et de la reconstruction.
22:41 Et un événement vient de refondre
22:45 la finance internationale,
22:47 la conférence de Bretton Woods.
22:49 (Musique)
22:51 Bretton Woods, c'est le prolongement
23:09 au niveau international de ce que Roosevelt
23:11 a initié au niveau national.
23:13 C'est-à-dire la mise en place
23:15 d'une économie, d'une finance surtout
23:17 contrôlée, régulée
23:19 de manière publique et de manière
23:21 coordonnée par l'ensemble des États.
23:23 Les banques centrales vont intervenir
23:25 pour que les monnaies entre elles
23:27 ne fluctuent pas, ne varient pas,
23:29 qu'on ait une stabilité du système monétaire
23:31 international et que les capitaux
23:33 ne puissent pas circuler facilement d'un pays en l'autre.
23:35 À Bretton Woods, le dollar s'impose
23:39 comme la monnaie de référence mondiale,
23:41 la seule convertible en or auprès de la
23:43 réserve fédérale américaine.
23:45 Un mur se dresse en apparence
23:47 inexpugnable contre tout ce que la planète
23:49 compte d'amateurs de finances occultes.
23:51 Ce mur,
23:53 des opérateurs criminels vont aussitôt
23:55 en chercher les failles.
23:57 Les gouvernements, sans le savoir,
24:09 contribuent largement
24:11 à l'accumulation de fortunes criminelles
24:13 par le biais de lois,
24:15 apparemment promulguées pour protéger
24:17 leurs économies ou leurs citoyens.
24:19 La plupart des familles respectées,
24:21 les Rothschild, les Rockefeller,
24:23 peuvent attribuer
24:25 l'origine de leurs fortunes
24:27 à des profits illégaux et à l'évasion fiscale.
24:29 Mais les gouvernements
24:31 ne semblent pas disposés à frapper
24:33 au cœur du système.
24:35 Ils ne sont pas aussi bons pour trouver l'argent sale
24:37 qu'ils le sont pour aider à le créer.
24:41 Le capitalisme
24:43 est le sein de la vache féconde,
24:45 d'où s'écoule le lait pour tous.
24:47 L'auteur de ces lignes
24:53 est un avocat fiscaliste italien.
24:55 Michele Sindona
24:57 fut l'un des financiers les plus riches du monde.
24:59 Banquier de la mafia
25:01 et du Vatican,
25:03 grand admirateur de Machiavel,
25:05 Sindona avouait sa vie à l'argent
25:07 et à la haine du communisme.
25:09 Un acteur emblématique
25:11 de l'époque de la guerre froide.
25:13 Sindona était un gars incroyablement rusé.
25:19 Une de ces personnes
25:21 qui vous charment au point que vous leur donnez
25:23 tout ce qu'il y a dans votre portefeuille
25:25 et que vous essayez encore
25:27 de trouver comment en obtenir plus
25:29 pour le lui donner.
25:31 C'était un homme qui avait cet incroyable charisme
25:35 qui lui permettait de convaincre
25:37 les gens sérieux
25:39 qu'il était une personne sérieuse.
25:41 Il n'est donc pas surprenant
25:45 que cet homme puisse être impliqué
25:47 dans tout un tas d'affaires.
25:49 Et même si a priori
25:51 il n'y paraissait pas,
25:53 il avait une capacité folle
25:55 à en mettre plein la vue.
25:57 L'aventure de Michele et Sindona
26:03 commence en Sicile
26:05 au fin de la seconde guerre mondiale.
26:07 L'histoire est connue.
26:09 Au lendemain du débarquement sur l'île,
26:11 les troupes alliées confient des postes
26:13 importants aux familles mafieuses
26:15 écrasées par deux décennies de fascisme.
26:17 Objectif, endiguer l'influence communiste
26:19 et assurer la distribution alimentaire.
26:21 Issu d'une famille pauvre de Sicile,
26:25 le jeune Michele et Sindona achètent un camion
26:27 et transportent des vivres clandestinement.
26:29 Ce genre de business, on ne peut pas le faire en Sicile
26:33 si on n'a pas l'autorisation de la mafia.
26:35 Dans les années 40, il est lié
26:37 avec la petite mafia locale,
26:39 il est déjà dans un entre-deux-monde.
26:41 Dans le même temps,
26:43 la Sicile voit débarquer des dizaines
26:45 de mafieux italo-américains forcés à l'exil.
26:47 Parmi eux,
26:49 Lucky Luciano.
26:51 Il a bénéficié d'une remise de peine en échange de son départ
26:53 du sol américain.
26:55 Triste retour aux origines.
26:57 En 1946,
26:59 le marché noir, tout le monde y trempait.
27:01 C'était une question de vie ou de mort.
27:03 En presque six mois,
27:05 j'ai doublé mon capital.
27:07 J'étais comme un vrai banquier de Wall Street.
27:09 Mais bon,
27:11 j'attendais que l'Anse Kim
27:13 fasse signe. Rien de plus.
27:15 Pendant que le parrain déchu
27:27 joue au banquier de Wall Street depuis son village natal,
27:29 Michele Sindona s'active
27:31 à tracer de nouvelles routes pour le crime organisé.
27:33 Au début des années 50,
27:37 fraîchement diplômé en droit,
27:39 il s'installe à Milan,
27:41 capitale économique d'un pays en pleine reconstruction
27:43 et commence une brillante carrière d'avocat.
27:45 Milan, après la guerre,
27:49 était devenue une grande ville industrielle.
27:51 C'était la tête de pont de l'industrialisation de l'Italie.
27:53 Milan était également une ville très ouverte.
27:57 Les ouvriers venaient travailler dans les grandes usines
27:59 et de nombreux professionnels originaires du Sud
28:01 essayaient de faire carrière à Milan.
28:03 Comptable, avocat, notaire...
28:09 C'est dans ce climat, dans ce contexte
28:11 que s'inscrit Sindona.
28:13 À Milan, il ouvre
28:15 une modeste officine de fiscaliste.
28:17 Puis, peu à peu, il devient la référence
28:21 des riches milanais qui ne souhaitent pas
28:23 payer trop d'impôts.
28:25 Pourquoi Sindona est-il le plus fort
28:27 à ce petit jeu ?
28:29 Grâce à certaines intuitions
28:31 qui nous semblent normales aujourd'hui
28:33 mais qui, à l'époque,
28:35 constituaient une véritable innovation,
28:37 à savoir le recours aux banques étrangères.
28:39 Banques en Suisse,
28:43 comptes secrets,
28:45 transfert en Suisse de l'argent
28:47 accumulé en Italie,
28:49 et de l'argent de l'Etat.
28:51 Dans le cadre de la grande construction
28:53 de l'Etat,
28:55 il s'agit d'une construction
28:57 de systèmes financiers inexpugnables
28:59 avec des points de chute
29:01 au Liechtenstein.
29:03 Bref, dans tous les pays
29:09 où le contrôle des autorités fiscales
29:11 italiennes ne peut s'exercer.
29:13 La plupart des entreprises italiennes
29:15 ont au moins 5 livres de comptes.
29:17 L'un pour le fisc,
29:19 l'un pour les banques,
29:21 l'un pour les actionnaires minoritaires,
29:23 l'un pour le conseil d'administration,
29:25 et le dernier
29:27 qui lui contient la vérité.
29:29 À 30 ans,
29:35 Sindona crée au Liechtenstein
29:37 la Fasco AG.
29:39 Cette holding est sa boîte noire,
29:41 l'entité juridique
29:43 qui permet aux fiscalistes italiens
29:45 de mener ses opérations à l'abri de tous les regards.
29:49 Sindona s'amuse
29:51 et excelle dans l'innovation financière.
29:53 Il fabrique le prêt adossé,
29:55 « back to back ».
29:57 Un prêt contracté auprès d'une banque suisse
29:59 ou au Liechtenstein
30:01 et secrètement adossé à de l'argent sale.
30:03 Un coup de circuit redoutable.
30:05 L'identité des titulaires des comptes
30:09 est ignorée des employés
30:11 mais pas des dirigeants des banques.
30:13 Les titulaires astucieux
30:15 utilisent alors plusieurs sociétés et crans.
30:17 Ils ont recours à des sociétés d'action
30:19 aux porteurs, mises en place
30:21 par des comptables ou des juristes
30:23 qui ont reçu leurs instructions
30:25 de compagnie fiduciaire fantôme,
30:27 mieux protégées par le secret bancaire
30:29 que les banques elles-mêmes.
30:31 En ses débuts de guerre froide,
30:39 l'Italie est la ligne de faille géopolitique
30:41 entre les deux blocs,
30:43 américain et soviétique.
30:45 Le théâtre d'un conflit d'autant plus féroce
30:47 que le parti communiste italien,
30:49 aligné sur Moscou,
30:51 est aux portes du pouvoir.
30:53 Fort de son anticommunisme viscéral,
30:57 Michele Sindona
31:01 intègre l'émilie maçonnique
31:03 où se croisent tout ce que l'Italie compte
31:05 de cercles de pouvoir occultes.
31:07 La franc-maçonnerie, c'est ça.
31:11 C'est un salon où se côtoie le banquier
31:13 le responsable des services secrets,
31:15 le politicien, l'homme d'affaires.
31:17 Sont également présentes
31:19 les organisations criminelles,
31:21 à cette époque principalement,
31:23 qu'en un an.
31:25 C'était presque un mécanisme
31:27 d'attraction mutuelle
31:29 entre les éléments du pouvoir.
31:31 La mafia est un élément du pouvoir.
31:33 Et c'était la même chose dans les campagnes.
31:35 Dans les villages, sur la place centrale,
31:37 le dimanche matin,
31:39 on voyait ensemble le maire,
31:41 le parlementaire,
31:43 le pharmacien,
31:45 le maréchal des carabiniers
31:47 et le chef mafieux.
31:49 Au début des années 50,
31:53 Michele Sindona sent déjà
31:55 que l'Italie est trop petite pour lui.
31:57 Afin d'étoffer son carnet d'adresses,
31:59 il effectue un voyage
32:01 à New York.
32:03 Ce que fait Sindona au début des années 50
32:07 aux Etats-Unis,
32:09 c'est construire son réseau.
32:11 Son réseau avec les hommes politiques de droite
32:13 aux Etats-Unis,
32:15 et puis ses réseaux avec les banquets.
32:17 Il découvre que si on veut être
32:19 un grand financier international,
32:21 il faut se rapprocher du dollar.
32:23 Lors de son séjour à New York,
32:27 Sindona a un autre rendez-vous.
32:29 Il rencontre,
32:31 à la veille d'un gigantesque bouleversement,
32:33 des membres de la famille Gambino,
32:35 une des branches de Cosa Nostra
32:37 aux Etats-Unis.
32:39 La mafia de la côte Est s'apprête
32:43 à mettre en place un vaste réseau de trafic d'héroïnes,
32:45 avec comme plaque tournante
32:47 une île paradisiaque des Caraïbes.
32:49 Cuba.
32:55 En 1952,
33:03 l'homme fort de la Havane s'appelle
33:05 Fulgencio Batista.
33:07 Régime brutal, police secrète impitoyable.
33:09 À Cuba,
33:11 arbitraire et corruption règnent en maître.
33:13 Batista a une histoire.
33:15 À l'époque de la Prohibition,
33:17 Cuba était une place importante
33:19 dans le trafic d'alcool avec la Floride.
33:21 Fulgencio Batista
33:23 avait alors noué une amitié avec un homme
33:25 désormais familier,
33:27 Meyer Lansky, en personne.
33:29 Une fois au pouvoir,
33:31 Batista offre à Lansky
33:33 le poste de conseiller du gouvernement
33:35 pour le développement de l'île.
33:37 À Cuba, la mafia développe
33:41 à l'échelle d'un pays,
33:43 le modèle qu'elle avait mis en place dans les années 30,
33:45 à New York.
33:47 Lansky est devenu l'architecte principal
33:51 d'un effort visant à utiliser
33:53 les instruments de l'État pour développer
33:55 une nouvelle économie politique à Cuba,
33:57 basée sur le tourisme,
33:59 le jeu, la vie nocturne,
34:01 le développement du trafic de drogue et de la prostitution,
34:03 bref, de tous les marchés du vice.
34:05 La Havana
34:09 était quelque chose d'unique
34:11 dans l'histoire du crime organisé.
34:13 Ils avaient un État.
34:15 Des jeux d'argent honnêtes,
34:27 je veux dire de bonnes tables,
34:29 des bâtiments magnifiques,
34:31 des hôtels luxueux,
34:33 des bordels à ciel ouvert.
34:35 Les mafieux avaient construit
34:37 un Disneyland pour adultes,
34:39 un monde fantastique
34:41 pour adultes consentants.
34:43 Lansky était au centre de tout ça
34:47 et il était personnellement
34:49 très investi dans le pays.
34:51 Et la pièce maîtresse de toute cette approche
34:55 était une nouvelle banque de développement
34:57 qui était en Cuba, appelée la BANDES.
34:59 Cette banque nationale de développement
35:03 était utilisée pour le financement
35:05 par emprunt de projets d'infrastructures.
35:07 Routes, aéroports,
35:09 hôtels, casinos,
35:11 toutes les infrastructures
35:13 nécessaires à cette économie du tourisme.
35:15 La BANDES lit les intérêts
35:19 de la PEG
35:20 au développement économique et social du Cuba.
35:22 28 nouveaux hôtels sont inaugurés en 5 ans,
35:24 5 casinos,
35:26 ouverts par la mafia.
35:28 Le Capri, le Hilton, le Deauville,
35:30 le Comodoro, le Riviera.
35:32 Le Riviera appartient à Meyer Lansky.
35:34 Il a coûté 14 millions de dollars,
35:36 dont 6 millions payés par les Cubains eux-mêmes.
35:38 Les mafieux étaient tellement investis
35:46 émotionnellement, financièrement
35:48 et stratégiquement dans ce modèle
35:50 qu'ils sont devenus aveugles
35:52 à la faiblesse des fondements du modèle,
35:54 en particulier de ses fondements sociaux.
35:56 À la fin des années 50,
36:04 une partie croissante de la population
36:06 exclut du partage des richesses,
36:08 soutien de jeunes guerriers rouges
36:10 combattant au cœur des montagnes.
36:12 Fidel Castro, Ernesto Guevara
36:16 et leurs frères et sœurs d'armes
36:18 avancent jour après jour vers la capitale.
36:22 Les familles mafieuses de New York
36:24 à la tête d'un trafic d'héroïnes
36:26 entre Cuba, l'Europe et les États-Unis
36:28 considèrent alors que certaines alliances
36:30 doivent être repensées.
36:32 En octobre 1957,
36:44 à l'hôtel des Palmes de Palerme,
36:46 par un Sicilien et Américain
36:48 tiennent une réunion au sommet
36:50 qui constitue un tournant
36:52 dans l'existence de la mafia.
36:54 Au centre des discussions,
36:56 la réorganisation des routes
36:58 d'acheminement de l'héroïne
37:00 et l'instauration de Palerme
37:02 comme nouvelle plaque tournante du trafic.
37:04 Cosa Nostra Amérique suggère
37:08 à la mafia sicilienne
37:10 de suivre son propre exemple
37:12 sur deux points.
37:14 Le premier consiste
37:16 à créer des juridictions,
37:18 à diviser le territoire
37:20 en fonction des compétences
37:22 et des attributions de pouvoir.
37:24 L'autre indication
37:28 est d'entrer dans le trafic de drogue.
37:30 Lors de cette réunion,
37:32 la mafia décide de recourir
37:34 à un financier afin de gérer
37:36 les placements du trafic d'héroïnes
37:38 en plein développement.
37:40 Et un homme connaît parfaitement
37:42 les rouages de la finance occulte,
37:44 des sociétés écrans
37:46 et des médias.
37:48 Michael Esindona devient
37:50 le banquier de Cosa Nostra.
37:52 Donc à partir de 1957,
37:56 c'est lui qui est en charge
37:58 de gérer, pas de blanchir.
38:00 Il y a déjà des gens qui peuvent blanchir l'argent,
38:02 mais le blanchir, c'est lui donner
38:04 un aspect légal.
38:06 Il faut qu'il soit placé,
38:08 il faut qu'il y ait rapport.
38:10 Donc on demande à Esindona, à partir de 1957,
38:12 de gérer l'argent de la mafia.
38:14 Pour la mafia,
38:16 Esindona est la clé
38:18 pour accéder au système bancaire international.
38:20 Pour le fiscaliste,
38:22 opérer pour la mafia,
38:24 c'est avoir la main sur des liquidités colossales.
38:26 Esindona est désormais
38:28 au centre d'une nébuleuse
38:30 où circulent l'argent des grandes fortunes milanaises,
38:32 l'argent de la mafia
38:34 et bientôt,
38:36 l'argent du Vatican.
38:38 Au début des années 60,
38:42 Michel et Esindona
38:44 cultivent des liens d'amitié étroits
38:46 avec l'archevêque de Milan, le cardinal Montini.
38:48 En 1963,
38:52 Montini est élu pape sous le nom de Paul VI.
38:54 Esindona accède
38:56 au Saint des Saints et l'Istituto
38:58 perd les opérees di religione,
39:00 l'IOR, la banque du Vatican,
39:02 en charge de l'extraordinaire patrimoine
39:04 financier et immobilier du Saint-Siège.
39:06 La banque du Vatican
39:10 est une banque offshore
39:12 située dans le centre de Rome.
39:14 Grâce à la relation que Esindona
39:16 a réussi à tisser avec le Vatican,
39:18 il a pu utiliser l'IOR
39:20 comme l'une
39:22 de ses boîtes à outils
39:24 pour opérer à travers le monde,
39:26 multiplier
39:28 et attirer l'argent.
39:30 En 1964,
39:36 Esindona entre en affaire avec un banquier
39:38 qui revient de Londres
39:40 avec une nouvelle sensationnelle qui tient en un mot.
39:42 Euro-dollar.
39:44 Depuis la fin de la guerre,
39:58 la City de Londres
40:00 n'est plus ce qu'elle était.
40:02 La livre sterling ne pèse plus rien face aux dollars
40:04 et la régulation est si stricte
40:06 que les banquiers ne peuvent plus jouer des fortunes
40:08 qui passent entre leurs mains.
40:10 Depuis les accords de Bretton Woods,
40:12 le banquier britannique s'ennuie.
40:14 La vie du banquier londonien typique
40:20 consistait à arriver au travail
40:22 vers 10h30-11h,
40:24 à parcourir quelques documents
40:26 sur son bureau,
40:28 puis à se préparer à rencontrer
40:30 les invités du déjeuner.
40:32 On se rendait ensuite dans la salle à manger privée,
40:34 on déjeunait arrosé de quelques bouteilles de vin
40:36 et tout ce petit monde rentrait chez soi,
40:38 probablement pour faire la sieste
40:40 vers 15h30 ou 16h.
40:42 C'était une vie assez tranquille
40:44 et quelque peu ennuyeuse,
40:46 mais pas seulement.
40:48 Mais l'ennui n'empêche pas de conspirer.
40:54 Certains banquiers londoniens vont s'employer
40:58 à fissurer le bel édifice de Bretton Woods
41:02 en dénoyant le marché des euros-dollars.
41:04 Les investisseurs étrangers
41:06 sont désormais autorisés
41:08 à déposer
41:10 et à emprunter des dollars auprès des banques britanniques.
41:12 Ce nouvel espace bancaire
41:16 crée un homen salem financier.
41:18 Les opérateurs effectuent
41:20 des mouvements d'argent qui échappent à tout contrôle.
41:22 Les régulateurs américains n'y peuvent rien
41:26 car les dollars sont en dehors de leur territoire
41:28 et la Banque d'Angleterre
41:30 en a un avantage
41:32 puisque les transactions se font en dollars,
41:34 une monnaie qui n'est pas la sienne.
41:36 Le marché des euros-dollars
41:40 est vraiment un marché du secret
41:42 qui permet aux personnes
41:44 qui détiennent de l'argent offshore
41:46 de dissimuler leur identité,
41:48 de cacher l'origine de leur fonds,
41:50 de cacher la façon dont cet argent
41:54 circule d'une juridiction à une autre
41:56 et de cacher la façon dont il est utilisé.
41:58 Vous créez alors
42:00 un environnement criminogène
42:02 qui offre aux mafieux l'opportunité
42:04 de mélanger leur argent
42:06 avec de l'argent parfaitement propre.
42:08 Et comme il fallait s'y attendre,
42:12 ce sont les criminels de ce monde
42:14 qui ont été les premiers
42:16 à utiliser ce marché des euros-dollars.
42:18 L'essor vertigineux des dépôts en euros-dollars
42:24 est à l'origine du retour en scène
42:26 de l'Empire britannique.
42:28 Cet empire n'est plus colonial,
42:30 mais financier.
42:32 Et le cœur n'est plus Buckingham Palace,
42:34 mais la City de Londres.
42:36 C'est dans toutes les anciennes dépendances
42:40 de la Couronne, Île de la Manche,
42:42 Île caribéenne, que cet empire va essaimer
42:44 jusqu'à prendre le contrôle
42:46 de la moitié de la finance offshore du monde.
42:48 Les banques américaines vont venir
42:52 s'installer à partir de la deuxième moitié
42:54 très largement à la City de Londres
42:56 en disant à leurs clients
42:58 "écoutez, si vous voulez vraiment toucher un intérêt,
43:00 on va passer par Londres".
43:02 Et la Société Générale,
43:04 et des banques hollandaises,
43:06 et des banques belges, tout le monde va venir s'installer à Londres.
43:08 On est vraiment, du côté des banquiers,
43:10 dans la mise en œuvre d'une stratégie
43:12 organisée, consciente, de contournement
43:14 de la régulation bancaire et financière
43:16 dans leur propre pays.
43:22 C'est ainsi que Michael et Sindona
43:24 proposent au pape d'investir discrètement
43:26 l'argent du Vatican en euros-dollars
43:28 à travers des sociétés écrans.
43:30 Le pape donne sa bénédiction
43:34 et octroie à Sindona le titre
43:36 de Mercator Senesis Romanum Curian Sequens,
43:38 autrement dit
43:42 "Banquier du Vatican".
43:44 Le serviteur de l'enfer
43:48 devient le banquier de Dieu.
43:50 Le Vatican,
43:52 le pays de l'esprit,
43:54 le pays de l'esprit,
43:56 le pays de l'esprit,
43:58 le pays de l'esprit,
44:00 le pays de l'esprit,
44:02 le pays de l'esprit,
44:04 le pays de l'esprit,
44:06 le pays de l'esprit,
44:08 le pays de l'esprit,
44:10 le pays de l'esprit,
44:12 le pays de l'esprit,
44:14 le pays de l'esprit,
44:16 le pays de l'esprit,
44:18 le pays de l'esprit,
44:20 le pays de l'esprit,
44:22 le pays de l'esprit,
44:24 le pays de l'esprit,
44:26 le pays de l'esprit,
44:28 le pays de l'esprit,
44:30 le pays de l'esprit,
44:32 le pays de l'esprit,
44:34 le pays de l'esprit,
44:36 le pays de l'esprit,
44:38 le pays de l'esprit,
44:40 le pays de l'esprit,
44:42 le pays de l'esprit,
44:44 le pays de l'esprit,
44:46 le pays de l'esprit,
44:48 le pays de l'esprit,
44:50 le pays de l'esprit,
44:52 le pays de l'esprit,
44:54 le pays de l'esprit,
44:56 le pays de l'esprit,
44:58 le pays de l'esprit,
45:00 le pays de l'esprit,
45:02 le pays de l'esprit,
45:04 le pays de l'esprit,
45:06 le pays de l'esprit,
45:08 le pays de l'esprit,
45:10 le pays de l'esprit,
45:12 le pays de l'esprit,
45:14 le pays de l'esprit,
45:16 le pays de l'esprit,
45:18 le pays de l'esprit,
45:20 le pays de l'esprit,
45:22 le pays de l'esprit,
45:24 le pays de l'esprit,
45:26 le pays de l'esprit,
45:28 le pays de l'esprit,
45:30 le pays de l'esprit,
45:32 le pays de l'esprit,
45:34 le pays de l'esprit,
45:36 le pays de l'esprit,
45:38 le pays de l'esprit,
45:40 le pays de l'esprit,
45:42 le pays de l'esprit,
45:44 le pays de l'esprit,
45:46 le pays de l'esprit,
45:48 le pays de l'esprit,
45:50 le pays de l'esprit,
45:52 le pays de l'esprit,
45:54 le pays de l'esprit,
45:56 le pays de l'esprit,
45:58 le pays de l'esprit,
46:00 le pays de l'esprit,
46:02 le pays de l'esprit,
46:04 le pays de l'esprit,
46:06 le pays de l'esprit,
46:08 le pays de l'esprit,
46:10 le pays de l'esprit,
46:12 le pays de l'esprit,
46:14 le pays de l'esprit,
46:16 le pays de l'esprit,
46:18 le pays de l'esprit,
46:20 le pays de l'esprit,
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