Mafia une histoire 2/4 Mafia La mondialisation

  • l’année dernière
Mafia une histoire Mafia La mondialisation
documentaire

Category

📺
TV
Transcription
00:00 Dans les années 60, l'histoire de la mafia prit un tour radicalement différent, quand
00:09 l'organisation sicilienne décida d'inonder le marché des Etats-Unis avec une drogue
00:13 extrêmement dangereuse, l'héroïne.
00:16 Grâce à elle, la mafia devint une organisation internationale, engrangeant des sommes véritablement
00:24 colossales.
00:25 Mais ce qui fit sa richesse fut aussi le germe de sa destruction.
00:31 Dans les rues s'affrontèrent une nouvelle génération de mafiosi impitoyables et de
00:37 policiers désormais prêts à tous les risques pour infiltrer la mafia.
00:41 L'enjeu de cette guerre s'emmercie des milliards de dollars, des millions de vies
00:51 et l'avenir même de l'Amérique.
00:53 A la fin des années 60, la toxicomanie est en hausse dans les villes américaines et
01:16 le taux de criminalité augmente.
01:18 Le gouvernement se voit obligé de prendre des mesures.
01:21 En 1971, le président Nixon déclare la guerre à la drogue.
01:28 Un an plus tard, les forces de police remportent une bataille décisive en démantelant la
01:35 French Connection, un réseau de trafiquants basé à Marseille.
01:38 Les laboratoires français fournissaient de telles quantités au marché américain que
01:45 leur disparition provoque une véritable pénurie dans les rues.
01:47 Personne ne se doute que ce succès va provoquer un désastre.
01:55 Cette offensive contre la French Connection va indirectement laisser la voie libre à
02:00 une organisation bien plus dangereuse, la mafia sicilienne.
02:04 Dans les années qui suivent, celle-ci va s'emparer du marché et nouer des liens avec
02:10 un des mafiosi les plus craints des Etats-Unis, Carmine Galante.
02:13 En 1974, deux ans après le démantèlement du réseau français, Carmine Galante sort
02:23 de prison, prêt à submerger l'Amérique sous une nouvelle source d'approvisionnement
02:26 en héroïne.
02:27 Grâce à lui, la mafia devient une entreprise internationale de trafic de drogue.
02:32 Membre de la famille Bonanno, Carmine Galante a un lourd passé de trafiquant de drogue
02:39 et une réputation de gangster dur et cruel.
02:41 Un incident survenu à la prison de Lewisburg, où il purgeait une peine pour trafic de
02:48 drogue, illustre bien sa personnalité.
02:51 Ça s'est passé le jour du téléphone, quand les détenus faisaient la queue pour
02:56 passer leur coup de fil.
02:57 Il se trouvait dans une section regroupant les pires criminels noirs qu'on puisse imaginer,
03:02 assassins, gros bras, etc.
03:04 Il a remonté toute la queue et a arraché le téléphone des mains d'un détenu noir
03:10 en lui disant "Barre-toi de là".
03:14 Ils étaient 200 autour de lui.
03:17 Pas un seul n'a osé moufter.
03:21 Lorsque Galante sort de prison, la famille Bonanno est en pleine crise.
03:28 Ses chefs sont en exil ou en prison.
03:30 Sans personne pour s'opposer à lui, Carmine Galante devient le chef du clan Bonanno.
03:39 Sa priorité est de mettre sur pied un réseau de trafic d'héroïnes.
03:43 En 5 ans à peine, il transforme le visage de la mafia américaine.
03:50 Avec lui, elle entre dans une ère de bénéfice et de violence sans précédent.
03:54 Désormais, il est dans la position idéale pour monter un réseau de trafic d'héroïnes
04:02 encore plus important que la French Connection.
04:04 Il est le chef de la famille Bonanno et parallèlement le trafic s'est implanté en Sicile, où il
04:10 a ses racines.
04:11 Carmine Galante est née à New York, mais sa famille est originaire de la ville de Castel
04:21 Amar del Golfo, dans le nord-ouest de la Sicile.
04:24 Les Siciliens ont commencé à immigrer en Amérique il y a un siècle, mais beaucoup
04:30 de leurs descendants ont gardé des liens très forts avec leur pays d'origine.
04:33 Galante ne fait pas exception.
04:35 Il compte exploiter ses relations avec la mafia sicilienne pour prendre le monopole
04:40 du marché américain de l'héroïne.
04:42 C'est le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de la mafia.
04:48 Jusque-là, les organisations siciliennes et américaines opéraient indépendamment
04:59 l'une de l'autre.
05:00 La French Connection démantelée, la mafia sicilienne décide de s'emparer du créneau.
05:07 Or, il n'y a pas plus rentable que le marché américain.
05:10 Les Siciliens mettent sur pied un système sophistiqué pour acheminer la drogue.
05:16 Par bateau, leur fournisseur pakistanais expédie l'opium semi-brut d'Asie via la Turquie,
05:22 jusqu'au lieu de rendez-vous au large des côtes siciliennes.
05:24 Un émetteur ancré sur le fond marin prévient les Siciliens de l'arrivée du bateau.
05:30 Une fois la nuit tombée, un hors-bord va chercher la cargaison.
05:33 L'opium base est transformée en héroïne dans les laboratoires clandestins dans l'ouest
05:46 de l'île.
05:47 Des trois chefs siciliens qui dirigent ce commerce en pleine expansion, l'un d'eux
05:53 est nettement plus ambitieux, cupide et dangereux que les deux autres.
05:56 Toto Riina.
06:00 Cet homme a l'intention de remanier la mafia sicilienne, tout comme Carmine Galante a remanié
06:06 la mafia américaine.
06:07 Cosa Nostra a toujours affirmé respecter le code d'honneur, n'assassinant que par nécessité
06:15 et évitant de tuer des innocents, des femmes et des enfants.
06:18 Mais Riina méprise ces règles cardinales.
06:21 Toto Riina a toujours été un homme bruyant, parlant très fort.
06:29 Il était extrêmement violent.
06:32 Il a fondé son empire sur la terreur, n'hésitant pas à tuer.
06:38 Toto Riina est aussi ambitieux qu'il est sans pitié.
06:50 Et il est déterminé à devenir le chef absolu de la mafia sicilienne.
06:53 Pour y parvenir, il va commettre de telles atrocités qu'il sera très vite surnommé
07:01 la bête.
07:02 Au début des années 70, ces laboratoires produisent des tonnes et des tonnes d'héroïnes
07:12 pures, une marchandise qu'il faut écouler.
07:18 De l'autre côté de l'Atlantique, Carmine Galante et la mafia américaine ont compris
07:25 que la revente de l'héroïne sicilienne pourrait rapporter des sommes astronomiques.
07:29 Mais il y a un problème.
07:31 L'organisation américaine s'est toujours jurée de ne jamais toucher au trafic de drogue.
07:35 La mafia de Chicago, baptisée l'Outfit, est une des opposantes les plus virulentes
07:42 au trafic de stupéfiants.
07:43 On savait que si on trempait là-dedans, c'était un sale business.
07:48 C'était comme donner de la drogue à ses propres enfants.
07:52 Donc c'était tabou.
07:54 Et si on trempait là-dedans, on se faisait descendre à coup sûr.
07:58 Pour l'Outfit, il n'est pas question de s'impliquer dans ce trafic, tant qu'elle
08:07 peut gagner de l'argent par des moyens plus acceptables.
08:09 Ainsi, dans les années 70, Frank Colotta est envoyé à Las Vegas pour contrôler les
08:15 bénéfices extrêmement juteux des casinos appartenant à la mafia.
08:18 Les casinos valent à Colotta et ses hommes un respect que la drogue n'aurait jamais
08:29 pu leur apporter.
08:30 C'était vraiment génial.
08:37 On avait absolument tout ce qu'on voulait.
08:39 Les stars de cinéma tenaient autant à être vues avec nous que nous avec eux.
08:45 Où qu'on aille, on déroulait le tapis rouge.
08:48 On était respectés, du moins je le crois.
08:54 J'espère que je n'étais pas craint, même si parfois la crainte inspire le respect.
08:58 Mais pour d'autres, les bénéfices astronomiques générés par le trafic de drogue sont irrésistibles.
09:07 Après des débuts modestes à Brooklyn, Dominique Montilio est devenu membre d'une des grandes
09:13 familles new-yorkaises, les Gambino.
09:15 Pendant des années, il s'est occupé du trafic de drogue pour le compte de la mafia.
09:21 On avait fait passer le mot « quiconque est pris à trafiquer de la drogue sera exécuté
09:27 sur le champ ». Mais en fait, le vrai message était « ne vous faites pas prendre ». À
09:36 l'époque, il n'y avait pas une équipe qui ne soit pas impliquée.
09:39 Ça rapportait beaucoup trop d'argent pour qu'on crache dessus.
09:44 La mafia ne veut pas être vue en train de vendre de la drogue, mais elle n'est que
09:49 trop contente de prendre l'argent.
09:51 Ce n'était pas pour des questions de morale qu'ils refusaient qu'on touche à la drogue,
10:00 mais tout simplement parce que ça aurait attiré l'attention de la police sur la
10:03 famille.
10:04 Au-delà de ça, c'est un commerce qui peut rapporter des sommes absolument phénoménales.
10:11 Les familles new-yorkaises savent qu'elles risquent d'éveiller les soupçons des autorités,
10:18 mais elles sont prêtes à tenter le coup.
10:20 En secret, la mafia américaine se lance donc dans le trafic d'héroïnes et ne tarde
10:27 pas à gagner tellement d'argent qu'elle ne sait plus quoi en faire.
10:30 Force est de constater qu'aux États-Unis, l'héroïne est de nouveau en plein essor.
10:35 Avec l'arrivée massive d'héroïnes siciliennes sur le marché, les chiffres de la toxicomanie
10:42 grimpent en flèche.
10:43 A la fin de la deuxième guerre mondiale, le nombre d'héroïnomanes en Amérique était
10:47 estimé à 20 000.
10:49 Au milieu des années 70, ils sont plus d'un demi-million.
10:52 Le FBI ignore peu ou prou comment de telles quantités de drogues sont introduites dans
10:59 le pays et qui les importent.
11:01 Mais cela va changer.
11:02 Dans les années 50 et 60, les agents du FBI étaient principalement des hommes blancs.
11:10 Désormais, le bureau a élargi ses critères de sélection et forme de jeunes agents ambitieux
11:17 issus des mêmes communautés que les membres de la mafia et qui parlent le dialecte sicilien.
11:22 L'un d'eux est Joe Piston, plus connu sous le pseudonyme de Denny Brasco.
11:29 Joe Piston est un jeune agent du FBI d'origine sicilienne dont la mission est d'infiltrer
11:39 la mafia, ce qui n'a encore jamais été fait.
11:41 J'ai grandi dans le New Jersey, dans un quartier italien où vivaient des types de la mafia
11:53 et je suis allé au lycée avec les fils de ces hommes.
11:57 J'ai donc toujours connu la mafia.
12:00 Ce n'était pas nouveau pour moi quand je suis entré au FBI.
12:04 J'étais parfaitement au courant des us et coutumes de l'organisation.
12:09 Joe Piston a toujours rêvé d'être flic.
12:13 Quand j'étais ado, ça aurait été très facile pour moi de passer du mauvais côté
12:21 de la barrière.
12:22 Je voyais ce qui se passait dans le quartier, je connaissais toutes les combines.
12:27 Mais je n'ai jamais eu envie de ça grâce à mes parents.
12:32 Si j'avais fait la moindre bêtise, mon père m'aurait collé un bon coup de pied dans
12:38 le derrière.
12:39 Le 7 juillet 1969, Joe Piston est nommé agent spécial du FBI.
12:47 Sept ans plus tard, il disparaît de la circulation et réapparaît sous une autre identité.
12:53 Tout le monde doit avoir une couverture, une histoire.
12:59 J'ai choisi un nom, Donnie Brasco, et j'ai décidé qu'il serait cambrioleur, voleur
13:05 de bijoux, parce que c'est une profession où la violence est rare.
13:09 Il y a peu de voleurs de bijoux en prison pour meurtre.
13:14 Mon personnage était quelqu'un de non-violent, mais en même temps, il avait quelque chose
13:21 à offrir.
13:22 Je pouvais proposer des pierres précieuses et des bijoux en prétendant que je venais
13:28 de faire un coup.
13:29 La mission de Piston est d'infiltrer une famille mafieuse.
13:35 Les risques sont énormes, mais s'il réussit, il aura une chance de révéler les dessous
13:40 de cet univers criminel.
13:41 Une seule erreur, et c'est la mort assurée.
13:46 Pour faire ce boulot, il faut deux choses.
13:56 Des nerfs d'acier et une sacrée résistance mentale.
14:00 Je ne suis pas quelqu'un qui transpire.
14:03 En cas d'embrouille, je ne me mets pas à ruisseler, et personne ne peut dire si j'ai
14:07 peur ou pas.
14:08 Et puis, que voulez-vous faire ? Le pire qui puisse arriver, c'est qu'on vous tue, c'est
14:12 tout.
14:13 Le FBI veut tout savoir du fonctionnement interne de la mafia.
14:19 Sa première cible est Carmine Galante, le chef de la famille Bonan.
14:23 Grâce aux diamants appartenant au bureau et à ses propres origines siciliennes, Joe
14:28 Piston infiltre peu à peu la famille de Galante.
14:30 Étant d'origine italienne, je connaissais bien la rue et les méthodes de la mafia.
14:41 On ne parle que quand on vous adresse la parole.
14:46 On s'occupe de ses oignons, et on ne se mêle pas des conversations qui ne vous regardent
14:50 pas.
14:51 La mafia ne vous accueille pas à bras ouverts.
14:55 Il faut attendre, être patient et faire son chemin.
14:58 C'est la première impression qu'on donne qui va rester.
15:06 Il faut faire certaines choses, montrer qu'on connaît la rue, qu'on est des leurs.
15:12 C'est comme ça qu'on se fait accepter.
15:13 C'est ce qui va nous permettre de faire ce qu'on fait.
15:23 En mars 1977, Joe Piston commence à traîner sur le territoire des Bonanno et ne tarde
15:29 pas à être remarqué par les soldats du clan.
15:31 Un des affranchis dont il fait la connaissance est Lefty Ruggerio.
15:42 Comme il l'apprend plus tard, Ruggerio est un tueur de la mafia.
15:46 Lefty aborde Piston en lui demandant de lui vendre des bijoux volés.
15:53 On m'a présenté un certain Lefty Ruggerio, un vrai de vrai.
16:02 Il savait tout.
16:05 C'était une véritable encyclopédie sur la mafia.
16:09 C'était le professeur idéal pour quiconque voulait apprendre.
16:13 Fort de mes connaissances de la rue et de la mafia, je ne lui ai posé aucune question.
16:19 Je n'ai pas cherché à obtenir des informations et ça lui a plu.
16:24 Il a vu que je venais de la rue, que je savais où je mettais les pieds.
16:31 De plus, en tant que voleur de bijoux, je disposais de pierres précieuses et ça aussi
16:35 ça lui a plu.
16:36 Ça représentait de l'argent.
16:37 L'opération clandestine s'étire sur des mois, puis des années.
16:46 Peu à peu, Joe Piston devient un visage familier pour la mafia.
16:49 Mais le danger est toujours très réel.
16:52 Ancien mafioso, Henry Hill connaît bien les risques que Piston a courus.
16:59 Il pouvait être démasqué à n'importe quel moment.
17:05 Il avait des couilles, croyez-moi.
17:08 En même temps, il en a profité.
17:10 Il est presque devenu un membre à part entière de l'organisation.
17:13 Un soir, la couverture de Joe Piston est mise à rude épreuve.
17:19 Il est conduit dans un bar fréquenté par la mafia et interrogé par deux soldats.
17:23 Je ne m'entendais pas avec ces gars-là.
17:27 Question de personnalité.
17:29 L'un d'eux m'a dit « On ne croit pas que tu sois celui que tu prétends, un cambrioleur,
17:36 un voleur de bijoux.
17:37 Alors, tu as intérêt à être convaincant parce que sinon, tu ne sortiras pas d'ici.
17:42 » On a passé cinq ou six heures là-bas pendant que j'essayais de les persuader
17:48 que j'étais bien Donnie Brasco.
17:52 J'ai fini par leur donner le numéro d'un type à Miami censé se porter garant de moi.
17:58 C'est-à-dire de Donnie Brasco.
18:01 Un des types est sorti.
18:03 Il est revenu une demi-heure plus tard et il m'a dit « C'est bon, tu es OK ».
18:09 Joe Piston est très convaincant, au point qu'il s'établit presque une relation père-fils
18:15 entre Lefty Ruggerio et lui.
18:16 Il avait de l'affection pour moi.
18:21 Peut-être parce qu'il voyait en moi celui qu'il aurait aimé être ou le fils qu'il
18:27 aurait voulu avoir.
18:29 Il m'a présenté à sa famille, à sa femme et m'invitait souvent à dîner chez lui.
18:38 C'est devenu plus qu'un simple rapport de gangster à gangster.
18:45 À l'été 1977, Piston a gagné la confiance de Lefty.
18:54 Mais va-t-il réussir à s'introduire dans l'entourage du Big Boss, Carmine Galante ?
18:59 Un soir, Lefty m'a dit « Il faut qu'on aille quelque part ».
19:06 « Où ça ? »
19:07 « Je te le dirai quand on y sera ».
19:10 Galante avait une réunion et nous étions chargés de rester dehors et de surveiller
19:19 que tout se passe bien.
19:20 En gros, on montait la garde à l'extérieur.
19:25 C'est une occasion en or pour Piston.
19:29 Je lui ai demandé à Lefty « Est-ce qu'on peut rentrer ? ». Il m'a répondu « T'es
19:36 dingue ? Tu peux pas rentrer t'asseoir pendant que le boss est en réunion.
19:39 Il est même pas question que tu le rencontres.
19:41 Tu sais bien qu'il parle pas au type de ton rang.
19:43 On attend juste dehors jusqu'à ce qu'ils nous disent qu'on peut y aller ».
19:49 J'ai eu une grosse poussée d'adrénaline.
19:53 J'ai pensé à un tas de choses, mais surtout au fait que si j'étais tué, ce serait
19:57 sous l'identité d'un affranchi, pas d'un agent du FBI.
20:02 J'étais un agent infiltré.
20:05 Personne n'avait jamais réussi à approcher autant un par un, sans parler de lui servir
20:09 de garde du corps.
20:10 Joe Piston n'est pas aussi proche de Galante qu'il le voudrait, mais il parvient malgré
20:18 tout à glaner des informations importantes.
20:20 Avant le début de sa mission, le FBI avait quelques idées sur le fonctionnement interne
20:26 de la mafia.
20:27 Mais pour la première fois, un de ses agents peut confirmer de l'intérieur la façon
20:32 dont elle est organisée.
20:33 Comme Joe Piston l'explique au FBI, chaque famille est structurée comme une formation
20:42 militaire.
20:43 Au sommet, le chef de la famille.
20:46 Directement sous ses ordres, son second et un conseiller appelés conciliers.
20:50 En dessous, les chefs locaux, chacun à la tête d'un groupe de 5 à 10 hommes.
20:56 Du fait de cette hiérarchie, il y a plusieurs intermédiaires entre le chef et les soldats
21:04 qui exécutent les ordres.
21:06 Il est donc presque toujours impossible d'incriminer le chef de la famille.
21:09 Ces renseignements sont cruciaux dans la guerre contre la mafia.
21:16 Et ce n'est que le début.
21:17 Piston parvient aussi à découvrir le secret de l'ascension météorique de Carmine Galante
21:23 au sein de la mafia new-yorkaise.
21:24 Joe nous a parlé de Siciliens que les gars de la mafia américaine avaient baptisé les
21:33 Zips.
21:34 Pour lui, cela signifiait qu'au sein de la famille Bonanno, c'était les membres de
21:43 la mafia sicilienne que l'on chargeait des exécutions et du trafic d'héroïne.
21:48 C'était une révélation incroyable.
21:50 J'ai rencontré quelques Siciliens qui étaient membres de la mafia, mais qui avaient été
22:00 initiés en Sicile.
22:02 On les avait fait venir en Amérique, mais ils ne fréquentaient que leurs propres clics.
22:08 Carmine Galante a importé sa garde rapprochée de mafiosi sicilien sans scrupules.
22:18 Ces deux principaux gardes du corps étaient César et Bonaventure et Baldo Amato.
22:28 Il les avait fait venir de Sicile et il ne les quittait pas d'une semaine.
22:35 Je pense qu'il avait fait appel à des Siciliens parce qu'il se sentait plus en sécurité
22:40 avec eux.
22:41 Il pensait qu'ils étaient plus fidèles à la tradition, pas encore américanisés.
22:49 Mais l'arrivée de ces deux gardes du corps fait des vagues au sein de la famille Bonanno.
22:56 Il y avait des frictions entre les membres de la mafia américaine et les Siciliens,
23:04 même s'ils étaient entrés dans la famille par des mariages.
23:07 Pour Lefty, Sonny et les autres Américains, les Siciliens cherchaient à prendre le contrôle
23:13 de la famille.
23:14 C'est pour ça que les Américains se méfiaient d'eux et ne les aimaient pas.
23:21 Les mafias américaines et siciliennes ne sont pas taillées sur le même modèle.
23:26 Autrefois, les Siciliens respectaient certaines règles et traditions.
23:31 Mais c'est en train de changer.
23:33 Ils tuaient n'importe qui.
23:39 Nous, nous avions des règles aussi étranges que cela puisse paraître.
23:43 Par exemple, il fallait obtenir l'autorisation de faire un certain travail.
23:50 On ne pouvait pas abattre un type sous les yeux de sa famille.
23:54 Eux n'avaient pas de telles règles.
23:56 Cette nouvelle génération de Siciliens sans foi ni loi est issue d'un clan originaire
24:03 de Corleone, une petite ville isolée au cœur des montagnes de Sicile.
24:07 Les mafiosi de Corleone sont différents.
24:13 Ils sont durs, extrêmement féroces.
24:16 C'est vraisemblablement leur mode de vie paysan qui leur a appris à résister à tout.
24:22 La prison n'effraie pas les Corleonais.
24:26 Ils n'ont pas peur de mourir et restent toujours fidèles à leur chef.
24:31 Les Corleonais ont pris le pouvoir au sein de la mafia sicilienne en bafouant toutes
24:36 les règles et en tuant sans l'autorisation de quiconque.
24:40 Dans la mafia américaine, l'obéissance au supérieur est profondément ancrée dans
24:50 la tradition.
24:51 En 1931, le parrain Lucky Luciano avait créé un organe baptisé la Commission, sorte de
24:59 conseil d'administration de la mafia où les chefs de chaque famille se réunissaient
25:03 pour régler les différents et mettre au point leur stratégie.
25:06 La Commission fait régner la discipline dans les familles en guerre.
25:13 Les règles édictées changent peu au fil des années.
25:16 Une de ces règles stipule qu'il est interdit de tuer qui que ce soit sans l'approbation
25:31 du chef de sa famille.
25:32 A Las Vegas, Frank Colotta manque d'en payer le prix lorsqu'il offre involontairement la
25:43 règle à cause de son chef sans scrupule, Tony Spilotro.
25:49 "Je connaissais Tony depuis l'enfance.
25:51 C'était un très bon ami.
25:53 Comme je l'ai toujours dit, ce sont vos très bons amis qui vous font tuer.
25:57 Le jour où il m'a donné l'ordre de buter un type, je lui ai demandé s'il avait eu
26:04 le feu vert de la famille.
26:05 Il m'a juré que oui.
26:07 En fait, c'était complètement faux.
26:11 Après coup, il a reçu un coup de fil d'un des chefs qui lui a demandé "à quoi vous
26:16 jouez là-bas ?" "
26:19 Éliminer quelqu'un sans l'autorisation de Chicago revient à enfreindre la loi.
26:24 Il n'y a qu'une punition, la mort.
26:27 Tony Spilotro décide alors de faire porter le chapeau à Frank Colotta.
26:31 "Il a menti.
26:34 Il m'a fait porter le chapeau, sachant très bien que s'il avouait m'avoir donné cet ordre,
26:40 il se prendrait une balle dans la tête.
26:42 Il m'a donc accusé à sa place.
26:46 C'était mon meilleur ami.
26:50 On était sireurs de chaussures tous les deux quand on avait 12-13 ans.
26:54 Il m'avait toujours dit "le jour où je deviendrai un caïd, tu seras mon bras droit".
27:03 Il avait tenu parole.
27:05 Pourtant, c'est lui qui m'a donné pour sauver sa peau et qui a failli me faire flinguer.
27:10 Mais il ne faut pas longtemps avant que Tony Spilotro et son frère ne soient exécutés
27:18 par la mafia.
27:19 "Vous n'êtes pas obligé de me croire, mais j'ai eu de la peine pour lui, parce qu'ils
27:27 ont été battus à mort tous les deux.
27:28 Pas une balle dans la tête, pas étranglé, pas poignardé, mais battus à mort à coups
27:35 de poing et de batte de baseball.
27:37 Chacun a vu l'autre mourir et ça m'a fait de la peine.
27:43 Les deux frères en même temps.
27:45 J'avais grandi avec eux et même s'ils avaient essayé de me tuer, j'étais mal."
27:52 Pour les mafiosi américains, le respect des règles de la commission est une affaire de
27:56 vie ou de mort.
27:58 "On ne peut jamais vraiment faire confiance à personne, même si on a grandi ensemble
28:05 et qu'on est très proche.
28:06 En général, c'est votre meilleur ami qui vous descend.
28:10 Il y a de quoi s'inquiéter.
28:14 Après tout, personne ne veut mourir, alors il faut toujours être vigilant.
28:19 La plupart des gens n'ont que quatre ou cinq amis proches dans toute leur vie.
28:28 Un jour, j'ai fait une liste et j'en ai compté 56.
28:32 Certains ont été tués par la police, mais la majorité d'entre eux, au moins 36, ont
28:39 été abattus par l'outfit, le syndicat."
28:43 De toute évidence, Carmine Galante se moquait perdument de la commission et de ses règles.
29:07 A ses yeux, la mafia américaine est trop molle et ses liens avec les Siciliens le rendent
29:12 invincible.
29:13 Et ce n'est pas le seul avantage de ses relations avec le vieux continent.
29:18 "Au début, ça n'a dérangé personne.
29:24 Puis, peu à peu, le reste de la mafia a commencé à s'inquiéter.
29:29 À force de se demander pourquoi ils faisaient venir tous ces zips, ils ont fini par additionner
29:34 deux et deux.
29:35 Les Siciliens dirigeaient le trafic d'héroïnes, il y avait un réseau sicilien.
29:40 Mais la mafia américaine n'en voulait pas, entre autres parce qu'elle pressentait qu'elle
29:44 ne pourrait pas contrôler les zips."
29:48 Les Siciliens raffinent et exportent l'héroïne.
29:53 En les intégrant dans sa propre équipe, Galante s'est assuré une très grosse part du gâteau.
29:58 "Vu ses projets concernant le trafic d'héroïnes, plus il s'alliait avec les Siciliens, mieux
30:09 c'était, puisque toute la source de l'approvisionnement était là-bas."
30:15 À la fin des années 70, la mafia sicilienne a le monopole du trafic d'héroïnes.
30:22 Dans les rues américaines, les bénéfices qui en résultent se montent à 20 milliards
30:26 de dollars par an.
30:27 Mais Carmine Galante veut tout garder pour lui.
30:30 Il est temps de réagir.
30:32 "Il était cupide.
30:35 Il aurait pu reverser une partie des bénéfices au Bonano, mais il ne partageait même pas
30:42 avec ses propres hommes au sein de la famille.
30:45 Il avait un égo surdimensionné et voulait être le grand chef.
30:49 Il n'était pas question qu'on lui dise ce qu'il avait à faire.
30:55 Il dirigeait sa famille et comptait mettre la main sur les autres aussi.
30:59 C'est à cette époque qu'il s'est fait des ennemis mortels.
31:02 Les autres chefs ne l'aimaient pas parce qu'ils se prenaient pour le caïd de la ville."
31:09 "Dans la rue, tout le monde savait que la guerre menaçait de plus en plus.
31:17 Que si on ne l'arrêtait pas, son plan allait déclencher une guerre générale entre les
31:26 familles."
31:27 Pour les chefs des autres familles, Galante devient un problème incontournable.
31:36 Seule la commission a toute autorité pour agir.
31:39 Mais la solution sera inévitablement violente.
31:42 Galante doit disparaître.
31:44 Le 12 juillet 1979, Carmine et Galante décident d'aller déjeuner au restaurant chez Joe
31:53 & Marie, sur Knickerbocker Avenue à Brooklyn.
31:55 C'est un de ses endroits favoris.
31:58 Le propriétaire est son cousin, il s'y sent en sécurité.
32:02 D'autant qu'il est accompagné par ses deux fidèles gardes du corps siciliens.
32:05 "On accède à une cour intérieure en traversant le restaurant.
32:13 Ils étaient installés dehors, prêts à se mettre à table.
32:19 Galante avec son éternel cigare à la bouche."
32:25 "Trois types ont jailli d'une voiture devant le restaurant, se sont précipités à l'intérieur
32:37 et ont commencé à tirer."
32:38 "Galante est abattu et s'effondre sur le dos.
32:55 Le cigare toujours vissé entre les dents.
33:00 Voilà comment ils l'ont eu."
33:04 Voici la une devenue célèbre que l'Amérique découvre le lendemain matin.
33:09 L'ascension fulgurante de Carmine Galante s'est achevée dans une mare de sang.
33:14 "Carmine Galante a été exécuté aujourd'hui alors qu'il déjeunait dans un restaurant
33:24 de Brooklyn.
33:25 Un règlement de compte qui fait tomber l'homme le plus important du crime organisé dans
33:29 ce pays."
33:30 Leur mission accomplie, les tueurs s'enfuient.
33:34 Mais par une incroyable coïncidence, l'un d'eux se rend tout droit dans un club alors
33:40 surveillé par la police.
33:42 Ces images le montrent en train de faire son rapport aux membres de la commission.
33:45 Mais les fédéraux ne sont pas au bout de leur surprise.
33:53 "Quand la police est arrivée sur les lieux du crime, ils ont tout de suite identifié
34:00 le corps de Carmine Galante.
34:02 Un homme âgé, le cigare vissé dans la bouche.
34:05 Quand elle a commencé son enquête, elle a appris qu'il y avait deux autres individus
34:10 avec Galante, identifiés plus tard comme ses gardes du corps.
34:14 Mais comme par miracle, eux s'en étaient tirés sans une égratignure."
34:20 "Les légistes ont extrait des balles de cinq calibres différents du corps de Galante.
34:34 Or les tueurs n'étaient que trois, ce qui nous a donné à penser que les deux autres
34:38 tireurs ne pouvaient être que Bonaventure et Amato."
34:41 Autrement dit, les deux gardes du corps que Galante avait fait venir de Sicile.
34:46 "A partir des indices retrouvés sur les lieux du crime, la police en a déduit que
34:54 Bonaventure et Amato n'étaient pas là pour protéger Galante, mais pour s'assurer
34:58 que son assassinat se déroulait comme prévu.
35:00 Au bout du compte, il a été trahi par ses propres hommes, ceux-là même qui étaient
35:08 censés le protéger.
35:09 Ce sont eux qui ont aidé ces assassins."
35:14 Les Siciliens se sont finalement retournés contre Galante.
35:19 De toute évidence, sa cupidité n'a pas contrarié que les membres de la commission.
35:24 "Les Siciliens arrivés en Amérique dans les années 60 et 70, qui participaient au
35:31 trafic d'héroïnes expédiées de Sicile, voulaient le contrôle de toutes les opérations.
35:35 Le message était très clair, c'est nous qui l'importons, on est impliqué dans le
35:39 réseau de distribution, alors on veut une plus grosse part des bénéfices.
35:42 Pour cette nouvelle génération de Siciliens, c'était comme ça que ça devait marcher,
35:47 alors que Galante gardait la majeure partie du gâteau pour lui."
35:52 L'assassinat de Galante renforce les soupçons du FBI.
35:57 La décision d'éliminer un par un signifie que les choses sont en train de bouger.
36:02 Deux jeunes agents, Charlie Rounet et Carmine Russo, sont chargés de surveiller le clan
36:07 Bonanno.
36:08 "C'est le secteur où mon partenaire Charlie Rounet et moi avons passé de nombreuses heures
36:16 de planque.
36:17 Les renseignements que l'on cherchait ne pouvaient se trouver que dans la rue.
36:22 Il fallait donc qu'on soit les yeux et les oreilles du FBI dans la rue et qu'on essaye
36:27 de découvrir l'identité et les plans de ces Siciliens."
36:30 Un des membres du clan qui attire leur attention est Sal Catalano, propriétaire d'une boulangerie
36:36 italienne dans le Queens.
36:37 A force de recoupement, le FBI finit par comprendre que Catalano est un personnage
36:46 clé du trafic d'héroïnes.
36:48 Sans arrêt, des paquets suspects, probablement de l'héroïne ou de l'argent, changent
36:52 de main.
36:53 Le bureau décide alors d'attendre dans l'espoir de faire tomber toute l'organisation.
36:57 "Une des choses qui intéressait au premier chef, le FBI et la police en général, c'était
37:07 la façon dont il faisait entrer l'héroïne aux Etats-Unis."
37:12 Au cours des cinq années suivantes, l'opération de surveillance de Russo et Rouhnez évolue
37:19 jusqu'à devenir la plus grande enquête jamais menée par le FBI.
37:24 Finalement, après avoir enregistré et transcrit plus de 55 000 écoutes téléphoniques, l'équipe
37:31 de 400 agents réussit à comprendre comment la mafia introduit la drogue dans le pays.
37:35 "Ils utilisaient leurs entreprises comme couverture.
37:45 Magasins de meubles, sociétés de construction, marbreries, etc.
37:50 Et plus particulièrement, leurs pizzerias.
37:52 Ils importaient des tomates pour la sauce."
37:56 La mafia a mis la main sur d'innombrables pizzerias dans tout le pays, en confiant la
38:04 gérance à des immigrants siciliens.
38:06 L'opération est dirigée par Sal Catalano depuis sa boulangerie du Queens.
38:10 Voici quelques-uns des restaurants alors impliqués dans le procès de la Pizza Connection,
38:20 qui servaient de couverture pour la distribution d'héroïne dans le pays.
38:23 L'héroïne arrive aux Etats-Unis par de nombreuses voies et des méthodes souvent
38:31 très ingénieuses.
38:32 Des conserves de tomates ou des cartons de fromage sont bourrés d'héroïne pour
38:38 une valeur de centaines de milliers de dollars.
38:40 Mais le réseau des pizzerias ne s'occupe pas de la vente au détail.
38:45 Les dealers de la mafia ne vendent jamais l'héroïne directement dans la rue.
38:50 La drogue importée est coupée, puis vendue à des petits dealers qui opèrent dans la
38:55 rue.
38:56 De cette façon, les chefs mafieux restent soigneusement à l'écart de la partie sale
39:00 du trafic.
39:01 Les pizzerias permettent également à Catalano et ses hommes de blanchir les bénéfices
39:06 de la drogue en les intégrant dans la recette des restaurants.
39:09 C'était une sacrée couverture.
39:13 Qui irait penser à une pizzeria ? Quand on voit un type en train de faire tourner une
39:18 pâte et préparer une pizza, on n'imagine pas qu'il soit mêlé à ça.
39:23 Dealer pour le compte de la mafia, Henry Hill utilise régulièrement les pizzerias pour
39:28 ses livraisons.
39:29 J'allais manger une pizza dans un centre commercial en laissant ma voiture sur le parking, et
39:35 je repartais avec une autre voiture où était planquée la drogue.
39:38 Quatre jours plus tard, je revenais après avoir placé l'argent dans le coffre.
39:44 Les preuves découvertes par le FBI impliquent les dirigeants de la mafia, et permettent
39:49 de remonter la filière jusqu'en Sicile.
39:51 Salvator et Catalano étaient alliés au Corleonais, et aux parrains de la mafia sicilienne, Totorina.
40:02 Catalano est venu en Amérique dans un but bien précis.
40:09 Les Siciliens expédiaient leur production aux Etats-Unis, et avaient besoin sur place
40:14 de gens en qui ils avaient confiance pour mener leurs affaires à bien.
40:17 Le pouvoir des Corleonais et de leur chef sans pitié Totorina s'étend désormais
40:23 jusqu'en Amérique.
40:24 Qui sait depuis combien de temps cela durait avant qu'on ne découvre le pot au rose.
40:31 Si on est tombé sur toute l'opération, c'est principalement grâce à l'assassinat
40:36 de Carmine Galante.
40:37 Sans cela, je ne suis pas sûr qu'on se serait intéressé à eux à cette époque.
40:43 Pendant ce temps, l'agent spécial Joe Piston n'a pas résolu son problème.
40:50 Comment sortir vivant de son opération clandestine au sein de la mafia ?
40:54 Malgré la mort de Galante, Joe Piston continue de travailler pendant deux ans sous l'identité
41:04 de Denis Brasco.
41:06 Jusqu'en 1981, où sa mission prend un tournant dangereux.
41:10 Le chef du groupe de Piston, Sonny Black, est un dur à cuire.
41:16 Pourtant, au fil des années, l'agent infiltré a fini par l'impressionner.
41:21 Finalement, Sonny Black décide d'honorer Piston en faisant de lui un affranchi, un
41:26 membre à part entière de la mafia.
41:28 Le problème, c'est que Piston devra tuer quelqu'un.
41:31 Sonny Black m'a donné un contrat.
41:40 On ne refuse pas d'exécuter un contrat, sinon on se fait descendre soi-même.
41:45 Ça fait partie des devoirs d'un mafioso.
41:48 On ne tue pas pour de l'argent, mais parce qu'on est membre d'un groupe.
41:58 J'ai donc accepté le contrat.
42:01 Coup de bol, le type que je devais descendre était en cavale parce qu'il savait qu'il
42:06 allait se faire buter.
42:07 Je l'ai quand même poursuivi jusqu'en Floride avant de remonter à New York.
42:14 Mais je ne l'ai pas trouvé parce qu'il se planquait.
42:17 Par un étrange coup du sort, Piston est chargé d'abattre un des assassins de Carmine
42:25 Valente.
42:28 Mais l'exécution n'a pas lieu.
42:31 Le FBI ne peut pas laisser un de ses agents commettre un meurtre.
42:35 Le 26 juillet 1981, la mission de Joe Piston prend fin.
42:40 Le FBI décide de révéler sa véritable identité à ses contacts au sein de la mafia.
42:46 Sur ces photos, les agents du bureau sortent d'un bar fréquenté par la famille Bonanno.
42:52 Après avoir informé Lefty Ruggiero que son ami Donnie Brasco est un agent fédéral.
42:58 Pour le groupe mafieux, les conséquences de cette nouvelle sont fatales.
43:07 Sur cette photo, on voit Sonny Black en discuter avec des membres de son équipe.
43:11 Quelques jours plus tard, il disparaît.
43:15 L'année suivante, son corps est rejeté par la mer sur Staten Island.
43:20 Il l'avait fourré dans un sac en plastique après lui avoir coupé les mains.
43:30 Allusion au fait qu'il m'avait permis de serrer la main de vrais affranchis.
43:36 Ces photos de Lefty Ruggiero sont prises juste après qu'il a découvert que Piston était
43:44 un agent du FBI.
43:45 Il sait qu'il est dans les ennuis jusqu'au cou.
43:49 La mafia ne lui pardonnera jamais une telle erreur.
43:52 Les Bonanno lancent un contrat sur lui.
43:55 Mais le FBI parvient à lui mettre la main dessus avant eux.
43:58 A la suite du témoignage de son ancien ami Joe Piston, Lefty Ruggiero est condamné à
44:07 20 ans de prison.
44:08 Il meurt d'un cancer en novembre 1995.
44:12 Au moins, il ne s'est pas fait descendre.
44:19 Il a fait de la prison, mais il est resté en vie.
44:21 Il a eu ce qu'il méritait.
44:22 Lefty n'est pas devenu gangster à cause de moi, pas plus que Sonny et tous les autres
44:27 gars.
44:28 Il l'était déjà bien avant, ils l'ont été de mon temps et ils le sont restés
44:31 après moi.
44:32 Joe Piston a réussi à survivre sous une fausse identité pendant six ans.
44:44 C'est long, surtout pour un agent infiltré au milieu de types parfaitement capables de
44:49 le tuer, le démembrer et larguer les morceaux n'importe où.
44:53 C'est difficile d'amener ces types à vous faire confiance à ce point.
44:56 À ma connaissance, il n'y a jamais eu d'autres agents du FBI qui aient failli être initiés.
45:02 Ils étaient prêts à l'affranchir.
45:04 Mais il a fini par se prendre au truc.
45:12 Ça a pris des années au gouvernement avant d'arriver à faire sauter un grand nombre
45:16 de mafiosi et ça l'a presque détruit.
45:18 Dans sa tête, il était à la fois un affranchi et un agent du FBI.
45:23 À la fin de l'opération, Joe Piston passe les cinq années suivantes à témoigner contre
45:30 ses anciens copains de la mafia.
45:31 Puis, en 1986, il quitte le FBI pour écrire son histoire.
45:37 Mais son existence ne sera plus jamais la même.
45:41 Aujourd'hui encore, il vit sous une identité d'emprunt pour des raisons de sécurité.
45:46 La mafia a lancé un contrat contre moi dès la fin de l'opération.
45:52 Quand mon identité réelle a été révélée.
45:54 Si ça m'inquiète, je n'y pense pas tous les jours.
46:01 Je prends des précautions et je vis ma vie.
46:04 Il arrivera ce qui doit arriver.
46:11 Que le meilleur gagne.
46:12 Grâce au travail d'agents comme Joe Piston et Carmine Russo, l'enquête sur la Pizza
46:20 Action a sérieusement affaibli la mafia américaine.
46:23 Mais celle-ci s'est considérablement enrichie grâce au trafic de stupéfiants.
46:30 Il faudra plus que cela pour lui porter un coup fatal.
46:33 Personne ne se doute alors que dans les années à venir, le revirement d'un capot va changer
46:39 la donne et mettre à genoux les mafias américaines et siciliennes.
46:43 La vérité, c'est qu'il n'y a pas de vérité.
46:54 [Musique]

Recommandations