Histoires de Gangsters Règlements de Compte Mafia

  • l’année dernière
Histoires de Gangsters Règlements de Compte Mafia

Category

📺
TV
Transcript
00:00 Le meurtre. C'est comme ça que la mafia américaine mène ses affaires.
00:07 Toute personne qui défiait la commission devait être éliminée. C'était aussi simple que ça.
00:13 C'est pas très difficile de descendre quelqu'un. Il est au restaurant, au milieu de ses copains...
00:19 Il est mort. Personne ne peut braver la mafia italienne.
00:24 Il n'y a jamais rien eu de subtil dans la façon dont la mafia commettait une exécution. On tue pour faire passer un message.
00:31 Certains de ces messages ont été délivrés avec un soin tout particulier.
00:36 Les plus violents, les plus audacieux et les plus abominables des règlements de compte de la mafia.
00:42 [Musique]
01:06 L'histoire de la mafia est écrite en lettres de sang.
01:10 Dans les 100 dernières années, elle a commis pas moins de 10 000 exécutions.
01:15 Des meurtres accomplis avec l'autorisation des gros bonnets de la pègre.
01:22 Pour la mafia, le meurtre est un outil stratégique.
01:26 Ils ne sont jamais commis par hasard. Ils ne sont jamais commis uniquement par vengeance.
01:32 Ils ne sont jamais commis pour une raison triviale.
01:36 Le paradoxe du crime organisé est que c'est une organisation dédiée à la cupidité et au meurtre qui tente de réjanter la cupidité et le meurtre.
01:44 C'est impossible.
01:47 Il est possible de raconter l'histoire de la mafia américaine,
01:50 passer d'un conglomérat de gangs désorganisés à un empire du crime dirigé d'une main de fer,
01:55 à travers ses plus grands règlements de compte.
01:59 Voici les exécutions mafieuses qui ont changé pour toujours l'histoire de la mafia et du crime aux États-Unis.
02:07 Au début du XXe siècle, quand des centaines de milliers d'immigrants arrivent aux États-Unis et s'installent à New York,
02:17 leurs différentes coutumes et traditions se télescopent, parfois violemment.
02:22 Il y avait toutes sortes de problèmes.
02:26 Les conflits de territoire se réglaient presque toujours à coup de revolver.
02:30 On peut dire que c'était le chaos.
02:33 Dès 1930, New York devient le champ de bataille de la mafia.
02:40 Deux Siciliens, Joe Masseria, dit "le boss", et Salvatore Marenzano, sont enlisés dans une guerre des gangs meurtrière.
02:49 Masseria engrange des millions grâce à toutes sortes de trafics,
02:54 notamment l'extorsion, les jeux d'argent et la contrebande d'alcool.
02:58 Mais son pouvoir est contesté par un rival, le contrebandier Salvatore Marenzano,
03:03 qui dirige un groupe de gangsters originaire de Castellammare, en Italie.
03:08 La guerre des "Castellammarese", comme on l'appellera, fait rage depuis plus d'un an, occasionnant un très grand nombre de victimes.
03:16 Combien d'hommes sont finalement tombés ? Personne ne le sait.
03:21 On estime qu'il y en a eu des centaines, ça mettraillote partout.
03:24 Tandis que Marenzano et Masseria s'expliquent dans la rue, une chose devient sûre.
03:30 L'un d'entre eux est de trop.
03:32 Quand vous commencez à raconter aux gens que vous allez tout diriger, c'est comme si vous demandiez qu'on vous tire dessus.
03:39 Pendant que Masseria et Marenzano se battent pour obtenir la direction des opérations,
03:49 la jeune génération commence à se lasser de cette violence sans fin.
03:53 De jeunes truands de la mafia comme Lucky Luciano observent tout ça en se disant
03:58 "à quoi ça sert ? C'était pas bon pour les affaires."
04:01 Charles Luciano, dit Lucky, est le second de Masseria.
04:06 Mais il n'est pas toujours d'accord avec son patron.
04:09 Luciano décide que la guerre doit finir.
04:12 Lucky pensait que tout le monde serait gagné financièrement si tous les gangs coopéraient.
04:19 Luciano échafaude un plan destiné à la fois à mettre un terme à la violence
04:23 et à le promouvoir en même temps dans le milieu new-yorkais.
04:26 Il savait comment monter les deux camps l'un contre l'autre tout en cachant son jeu.
04:31 Il avait l'air d'être loyal envers Masseria, mais en réalité il était passé du côté de Marenzano.
04:36 La première décision de Luciano, se débarrasser de son patron.
04:41 Le 15 avril 1931, à Coney Island.
04:47 Luciano invite Joe Masseria dans l'un de ses restaurants préférés.
04:50 Après un déjeuner luxueux et une partie de carte, Luciano quitte la table en s'excusant.
04:56 Tout à coup, quatre assassins recrutés par Luciano, dont Buxy Siegel et Albert Anastasia,
05:04 se précipitent dans la pièce et ouvrent le feu.
05:06 Masseria s'écroule, criblé de balles.
05:10 Un photojournaliste audacieux immortalise sa disparition par une mise en scène.
05:17 Il place l'as de pique dans la main tendue et ensanglantée de Masseria,
05:21 renforçant la vieille croyance très répandue, y compris chez les mafieux,
05:25 selon laquelle l'as de pique porte malheur.
05:27 Après la disparition de Masseria, la paix est déclarée.
05:36 Mais cet été-là, le nouveau pouvoir de Salvatore Marenzano lui est déjà monté à la tête.
05:42 Marenzano annonce "Je suis maintenant le capo di tutti capi", c'est-à-dire le chef de tous les chefs.
05:47 Il exige que tout le monde lui verse d'énormes sommes d'argent en espèces en guise de tribu.
05:51 Malgré sa puissance, Marenzano sait qu'il reste vulnérable.
05:55 Luciano a fait assassiner son ancien patron. Il risque aussi de vouloir liquider le nouveau.
06:02 Marenzano se dit alors "Je dois tuer Luciano".
06:06 Il recrute un certain Vincent Cole, dit "Mad Dog", chien enragé.
06:10 Un gangster irlandais cinglé a qu'il verse une avance de 25 000 dollars.
06:14 Le plan ? Éliminer Luciano avant que celui-ci ne liquide le nouveau patron de tous les patrons.
06:20 Mais un traître au sein du gang de Marenzano prévient Lucky qu'on cherche à le tuer.
06:28 Quand Lucky a appris qu'il figurait sur la liste des futures victimes de Marenzano,
06:35 il n'avait pas d'autre choix que de le descendre, car il savait que sa tête était mise à prix.
06:40 Le 10 septembre 1931, Marenzano se trouve dans son luxueux bureau au-dessus de Grand Central Station.
06:47 Il y dirige une société immobilière qui sert également de couverture à ses activités criminelles.
06:54 Marenzano sait que le gouvernement fédéral a commencé à se servir des lois fiscales
06:58 pour poursuivre les gangsters et craint d'avoir des ennuis avec le fisc.
07:02 Marenzano avait donné l'ordre aux gardes du corps qui se trouvaient dans son bureau
07:06 de ne pas être armés au cas où il recevrait la visite d'agents d'officier.
07:10 Il ne voulait pas avoir d'ennuis.
07:12 De fait, à 14h, Marenzano reçoit la visite d'un groupe d'hommes en costume
07:17 et porteur d'une ordonnance de production de pièces.
07:20 Ils se sont fait passer pour des agents fédéraux venus vérifier sa compta.
07:24 C'est comme ça qu'ils sont entrés.
07:26 Comme ils n'avaient pas l'air italiens, Marenzano a baissé sa garde.
07:30 Il ne se méfiait pas.
07:33 Marenzano se lève de son bureau pour accueillir ses visiteurs.
07:36 Ils lui ont montré l'ordonnance de production de pièces.
07:41 Un faux, évidemment, pour examiner ses comptes.
07:44 Et bien sûr, ils étaient tous falsifiés.
07:47 Tout à coup, les hommes sortent des revolvers.
07:51 Avant que quiconque ait pu comprendre ce qui se passait,
07:54 ils avaient aligné tout le monde face au mur.
07:56 Puis, un tueur plaque le bras de Marenzano dans le dos
07:59 pendant qu'un autre frappe le patron de plusieurs coups de couteau.
08:03 Mais Marenzano parvient à se dégager.
08:06 Il a commencé à chercher un revolver qui était caché dans son tiroir.
08:09 Mais avant qu'il ne puisse s'en emparer,
08:12 un tueur sort son arme et tire quatre fois.
08:15 Les tueurs s'enfuient, laissant la vie aux hommes de Marenzano.
08:22 Le patron a succombé à ses blessures.
08:26 Quatre par balle, six à l'arme blanche, dont une à la gorge.
08:31 Personne ne sera jamais reconnu coupable du meurtre de Salvatore Marenzano.
08:35 Mais dans la mafia, l'identité du commanditaire ne fait aucun doute.
08:39 C'est Luciano qui a organisé l'exécution.
08:42 Il devient vite un des chefs de la pègre.
08:45 Débarrassé des patrons de la vieille école,
08:48 Lucky Luciano va révolutionner la façon dont la mafia new-yorkaise est dirigée.
08:52 Luciano organise aussitôt une réunion et dit
08:57 "Écoutez, on oublie le coup de bras, on oublie le coup de bras."
09:00 "Écoutez, on oublie le capo di tutti capi."
09:02 "On va mettre en place une commission."
09:04 Luciano propose que les gangsters se partagent les territoires de New York.
09:08 Il y a suffisamment d'argent pour tout le monde.
09:11 C'est la naissance de la mafia new-yorkaise moderne.
09:15 Le crime organisé est éner, mais ça n'aurait pas été possible
09:19 sans les meurtres de Joe Maceria et de Salvatore Marenzano.
09:22 Quelques années plus tard, un mafieux impitoyable et indépendant
09:27 va mettre la nouvelle commission à l'épreuve
09:30 et voir jusqu'où ses membres sont prêts à aller pour maintenir la paix.
09:34 New York, porte de l'Amérique,
09:46 où les cultures se mêlent et parfois se heurtent.
09:50 Dans les années 30, les rues de New York sont un champ de bataille
09:55 où deux gangsters importants se font la guerre.
09:58 Mais quand Joe Maceria, dit le patron, et Salvatore Marenzano sont liquidés,
10:04 le gangster Lucky Luciano se hisse au sommet.
10:07 Le crime organisé moderne est né.
10:10 "Luciano est un génie du crime.
10:14 Il a créé tout le concept sur la façon dont la mafia devait survivre et prospérer.
10:18 L'une de ses idées était naturellement la commission.
10:22 Elle devait résoudre tous les conflits, quels qu'ils soient."
10:25 La commission une fois en place, la mafia italienne devient plus prospère que jamais.
10:31 A tel point que même un non-italien est autorisé à partager les bénéfices.
10:36 Mais quand il ne respectera pas l'une des règles de la commission,
10:40 cela lui coûtera la vie.
10:48 Le mafieux juif Dutch Schultz est doté d'un tempérament violent.
10:52 Il fonde une entreprise criminelle en utilisant une tactique impitoyable
10:57 qui choque même la mafia.
10:59 "On ne peut pas décrire Dutch Schultz autrement que par le terme psychopathe.
11:05 Quand Dutch Schultz voulait quelque chose, il le prenait.
11:08 Ce n'était pas le genre de personne à qui on avait envie de se frotter."
11:11 Comme d'autres gangsters, Dutch a édifié son empire en tirant parti de la prohibition.
11:17 Surnommé le "Baron de la bière du Bronx",
11:19 Dutch continue à faire fortune même après la fin de la prohibition en 1933.
11:24 "À Harlem, il y avait une formidable occasion de gagner de l'argent avec la loterie illégale.
11:30 Il s'y est vite mis et il a éveillé la jalousie de tous les autres gangsters
11:34 parce qu'il avait su voir cette opportunité."
11:37 Mais la fortune de Dutch et sa position dans le milieu
11:41 attirent aussi l'attention indésirable des forces de l'ordre
11:44 qui emploient une nouvelle tactique pour abattre la mafia.
11:47 "Au lieu d'essayer de poursuivre les mafieux parce qu'ils enfreignaient les lois de la prohibition,
11:52 ils ont décidé de les poursuivre pour ne pas avoir déclaré leurs revenus illégaux."
11:55 Parmi ceux qui harcèlent les gangsters, se trouve le procureur Thomas Dewey,
11:59 nommé par le gouverneur Herbert Lehman pour enquêter sur le crime organisé.
12:03 Dewey est bien décidé à faire tomber Dutchman, le Hollandais.
12:07 "La paix est grappeur, pour la première fois depuis 20 ans."
12:13 Thomas Dewey, un procureur sérieux et vraiment honnête,
12:16 a décidé que sa première cible serait Dutch Schultz.
12:19 Schultz est devenu le numéro 1 au hit parade de Dewey.
12:23 Sachant que Dewey n'aura de cesse qu'il soit sous les verrous, Schultz veut agir.
12:30 "Dutch Schultz dit 'je sais comment résoudre le problème, je tue Tom Dewey'."
12:35 Mais la plupart des membres de la commission pensent que ce plan des plus simples est une idée catastrophique.
12:41 "Luciano lui dit 't'es devenu dingue ? On ne tue pas les procureurs."
12:47 "Tuer Tom Dewey, ça serait très mauvais pour les affaires, très mauvais. C'était hors de question.
12:53 Dewey était l'un des hommes les plus populaires de l'état de New York.
12:56 Ils allaient envoyer la garde nationale, c'était certain."
12:59 Mais le Hollandais est trop têtu pour écouter.
13:02 On raconte qu'il se mit alors à claironner qu'il allait tuer Thomas Dewey,
13:06 avec ou sans l'approbation de la commission.
13:10 "On a raconté beaucoup de choses sur ce qui s'est passé ensuite.
13:13 Selon un témoignage, il aurait quitté la réunion furieux en affirmant qu'il allait tuer Dewey dans les 48 heures."
13:18 Luciano et la commission ne vont pas laisser Dutch braver leurs décisions.
13:23 "C'était une course contre la montre pour savoir qui serait éliminé le premier, Schultz ou Dewey."
13:30 Le 23 octobre 1935, à Newark, dans le New Jersey, 22h15.
13:38 Dutch Schultz et trois de ses lieutenants, Abe Landau, Lulu Rosencrantz, le numéro 2,
13:44 et son conseiller financier Otto Bermann, dit Abba Dabba,
13:47 se trouvaient dans le restaurant Palace Shop House à Newark, dans le New Jersey.
13:51 Schultz se lève pour aller aux toilettes,
13:55 laissant les autres mafieux et les gardes du corps dans le bar du Shop House.
13:59 Tout à coup, trois hommes armés font irruption dans le restaurant.
14:03 Parmi eux se trouve un tueur à gage notoire, Charles Workman, dit le bug, l'insecte.
14:08 "Charlie le bug est entré tranquillement dans ce bar étroit.
14:12 Il a ouvert la porte des toilettes à la volée et il a vu un type bien habillé."
14:16 Le bug tire deux fois.
14:19 Une balle transperce la poitrine de Schultz, puis le tueur retourne vite dans le restaurant.
14:26 "Une violente fusillade éclate.
14:30 Workman commence à mitrailler, les deux gardes du corps se mettent à lui tirer dessus,
14:34 il les abat tous les deux."
14:36 Pendant que les tireurs prennent la fuite,
14:40 Dutch Schultz sort en titubant des toilettes
14:43 et s'écroule sur une table.
14:47 Il survit à la fusillade et résiste encore une journée à l'hôpital,
14:53 dans un état de semi-conscience, avant de succomber à ses blessures.
14:58 En tuant Dutch, la commission a sauvé la vie de Dewey,
15:01 mais celui-ci ne se sent guère redevable envers la mafia.
15:04 Le procureur poursuit sa croisade afin d'éliminer la mafia de la ville de New York.
15:10 Il obtient des quantités de condamnations
15:13 et en 1946, fait en sorte que Lucky Luciano, immigré clandestin, soit extradé en Italie.
15:24 Dutch Schultz a appris à ses dépens qu'il ne fallait jamais sous-estimer le pouvoir de la commission.
15:29 "Personne ne pouvait braver la commission
15:32 et personne ne pouvait braver la mafia italienne, certainement pas à New York."
15:36 Le même genre d'avertissement résonne à plus de 1000 kilomètres de là, à Chicago,
15:42 où le gangster Al Capone est en train de se faire un nom,
15:45 pour faire parvenir ses voeux à son pire ennemi, Bugs Moran.
15:52 "Chicago n'était pas assez grand pour Al Capone et Bugs Moran.
15:56 Le seul moyen de faire cesser le bain de sang était de supprimer l'un des deux gangs."
16:01 Dans les années 30, à New York, les exécutions de trois patrons du crime,
16:11 Joe Maceria, Salvatore Maranzano et Dutch Schultz,
16:16 ont montré que même le mafieux le plus puissant
16:19 pouvait trouver la mort sous une pluie de balles.
16:22 À Chicago, Al Capone a voulu donner une leçon analogue à son rival, Bugs Moran.
16:34 Mais les événements qui se dérouleront par une froide matinée de février
16:38 montreront que Capone est allé trop loin.
16:43 Al Capone, dit Scarface, le balafré, accède au pouvoir pendant les années 20.
16:47 La prohibition encourage une lucrative activité de contrebande d'alcool
16:51 et une brutale guerre des gangs.
16:53 "On estime que 600 à 800 gangsters ont perdu la vie dans les guerres de la bière de Chicago."
16:58 Chef du gang des quartiers sud, un gang ultra-violent,
17:02 Capone utilise tous les moyens de son pouvoir pour faire venir des victimes.
17:06 "On a fait un grand travail pour les victimes.
17:09 On a fait un grand travail pour les victimes."
17:12 Capone utilise tous les moyens de son pouvoir pour faire venir des victimes.
17:14 pour étendre son empire criminel au territoire du Nord,
17:16 qui est sous la coupe de Bugs Moran.
17:18 Moran se défend bec et ongle.
17:21 Ces hommes tentent de descendre Capone près d'une douzaine de fois,
17:25 mais ils échouent à chaque fois.
17:27 En 1929, leur rivalité personnelle et professionnelle
17:35 avait atteint un niveau vraiment dangereux.
17:37 La paix entre Al Capone et Bugs Moran était devenue complètement impossible.
17:41 Capone en a assez.
17:44 Il décide de mettre fin à la guerre une fois pour toutes.
17:47 "Capone dit 'Bon c'est fini ces conneries.
17:51 Aujourd'hui c'est l'un de ses gars, demain l'un des miens.
17:54 On va les réunir tous en même temps, au même endroit'."
17:57 Capone avait compris que le seul moyen de régler le problème Bugs Moran,
18:01 c'était le meurtre.
18:04 Après des mois de préparation, le gang de Capone a mis au point
18:07 ce qu'il pense être la stratégie idéale pour éliminer Bugs Moran
18:10 et ses hommes de main et s'emparer des quartiers nord.
18:13 Le 14 février 1929, 10h30.
18:22 C'est la Saint-Valentin.
18:24 Bugs Moran et son garde du corps se pressent dans les rues de Chicago.
18:29 Ils sont déjà en retard pour une réunion avec le gang.
18:33 "Moran était en retard pour sa propre exécution programmée ce matin-là
18:37 parce qu'il s'était arrêté pour se faire couper les cheveux
18:39 au salon de coiffure de l'hôtel Parkway."
18:41 Six de ses hommes sont réunis dans un immeuble quelconque
18:45 situé au 2122 North Clark Street.
18:48 L'équipe de Moran attend son chef pour organiser la prochaine attaque contre Capone.
18:54 Les six hommes de Moran prennent le café, fument et discutent
18:59 sans se douter que les hommes de Capone sont en train de surveiller l'immeuble.
19:03 C'est alors qu'un septième homme arrive à la porte du garage.
19:08 "Deux équipes de guetteurs surveillent le 2122 North Clark Street.
19:13 L'homme qu'ils guettent est Bugs Moran.
19:17 Entre 10h15 et 10h30, ils voient un homme de taille moyenne,
19:22 trapu, vêtu d'un par-dessus marron et d'un chapeau vert-olive,
19:25 entrer dans le garage.
19:27 Pensant qu'il s'agit de Bugs Moran, ils donnent un coup de téléphone."
19:30 Mais le coup de téléphone est prématuré.
19:33 "En fait, il s'agissait de Al Wenshank,
19:36 qui ressemblait de façon frappante à Bugs Moran.
19:39 Dans l'agitation, ils ont pris une décision très rapide et se sont dit 'Oui, c'est Bugs'."
19:43 Juste après 10h30, des hommes en uniforme de police
19:50 arrivent au garage et pénètrent dans le bâtiment.
19:53 "On ne sait vraiment pas ce qui s'est passé.
19:56 Ce dont on est sûr, c'est que les 7 hommes qui étaient liés au gang de Bugs Moran
19:59 ont été alignés contre le mur."
20:02 "Le terme 'abattus' ne convient pas vraiment,
20:08 car ils ont été fauchés à la mitrailleuse,
20:10 littéralement taillés en pièces."
20:12 10h45.
20:15 Bugs arrive enfin à son quartier général.
20:17 Mais lui et son garde du corps sentent que quelque chose cloche.
20:21 "Deux policiers en uniforme sont en train de sortir,
20:24 poussant devant eux des hommes en civil qui lèvent les bras en l'air."
20:27 "Pour un témoin, ça ressemblait à une arrestation typique."
20:31 "Moran ne se doutait pas de ce qui s'était vraiment passé.
20:36 Jusque-là, personne à Chicago n'aurait pu prévoir qu'une telle machination aurait lieu."
20:41 Moran ne reconnaît pas les hommes en état d'arrestation
20:45 et ne s'attarde pas dans les parages.
20:47 Il apprendra plus tard que 7 de ses hommes ont été massacrés.
20:53 Personne ne sera jamais arrêté pour le massacre de la Saint-Valentin.
20:57 "L'une des grandes énigmes du crime organisé reste
21:02 qui étaient exactement les auteurs du massacre de la Saint-Valentin.
21:05 Personne ne le sait avec certitude."
21:07 Mais si le massacre de la Saint-Valentin demeure une énigme non résolue,
21:11 l'une de ses conséquences sera un verdict sans appel pour la carrière d'Al Capone.
21:16 Le massacre a été une erreur phénoménale.
21:21 Même à Chicago, où la violence des gangs fait désormais partie de la vie quotidienne,
21:25 ce carnage fait scandale.
21:27 "La réaction générale au massacre de la Saint-Valentin a été le dégoût.
21:34 S'il y avait déjà eu des meurtres et des fusillades dans le milieu auparavant,
21:39 il n'y avait jamais eu de démonstration de violence aussi choquante et spectaculaire."
21:45 Dans les mois suivants, l'indignation publique pousse le gouvernement fédéral
21:50 à tout mettre en œuvre pour arrêter Al Capone.
21:53 "Ça a déclenché une réaction nationale.
21:58 Herbert Hoover, qui venait de prendre ses fonctions de président des États-Unis, a dit 'Nous devons agir'."
22:03 Les agents fédéraux finissent par agir.
22:06 Ils font condamner Al Capone pour fraude fiscale
22:10 et le parrain de Chicago est envoyé derrière les barreaux d'une prison fédérale en 1931.
22:15 Al Capone ne retournera jamais à Chicago.
22:18 Il meurt de la syphilis en 1947.
22:21 Les années suivantes, les mafieux de Chicago se font discrets.
22:28 Ils ont compris que le scandale était mauvais pour les affaires.
22:32 Mais un certain Sam Giancana ne tiendra pas compte des leçons du passé.
22:38 Une initiative qui lui sera fatale.
22:40 "Il y a de fortes chances qu'il ait été tué à cause de ce qu'il savait et de ce qu'il aurait pu dire."
22:46 "Il est mort."
22:48 À New York, les règlements de compte mafieux perpétrés dans les années 30
22:56 transforment le crime organisé et entraînent la formation de la mafia moderne.
23:00 À Chicago, l'empire criminel d'Al Capone était surnommé "Loudfeet"
23:09 et il le dirigeait d'une main de fer.
23:12 Mais la brutalité du massacre de la Saint-Valentin
23:15 suscita une telle indignation dans l'opinion
23:17 que le gouvernement fédéral devait s'en occuper.
23:20 Justice est faite quand Al Capone est envoyé en prison.
23:25 Si les successeurs de Capone essaient de ne pas refaire les mêmes erreurs,
23:31 ils regretteront d'avoir fait de Sam Giancana un mafieux de haut rang.
23:36 Au début des années 50, "Loudfeet" de Chicago est dirigé par Tony Accardo,
23:40 dit Joe Butters.
23:42 Il s'emploie à reconstruire une mafia au lendemain de l'emprisonnement de Capone
23:47 et de l'abrogation de la prohibition.
23:49 Une étoile montante aide Accardo à faire de "Loudfeet" de Chicago
23:54 un poids lourd de la mafia.
23:56 Il s'appelle Sam Giancana.
24:00 Giancana s'est fait tout de suite remarquer par Tony Accardo.
24:03 Il était brutal, il était impitoyable,
24:07 il était cinglé et il tuait sans l'ombre d'une émotion.
24:10 Mais c'est sa facilité à gagner de l'argent
24:16 qui isse Giancana, alias Momo, au pouvoir.
24:19 Il aide Accardo à prendre le contrôle de davantage de trafic.
24:24 Il est le seul à avoir pu le faire.
24:28 Il aide Accardo à prendre le contrôle de davantage de trafic,
24:31 notamment dans la prostitution,
24:33 le prêt à taux usurer et la contrefaçon.
24:37 Quand Accardo commence à s'implanter dans les jeux d'argent à Las Vegas,
24:41 c'est Giancana qui veille aux intérêts de Loudfeet.
24:44 Naturellement, ça faisait de Giancana un personnage clé de Loudfeet.
24:49 Il pouvait rapporter de l'argent et faire grimper les profits
24:51 à un niveau bien supérieur à ce qu'il n'avait jamais été.
24:56 En 1957, Loudfeet est devenu un empire criminel qui marche bien.
25:01 Mais son patron, Tony Accardo,
25:04 est étroitement surveillé par le gouvernement fédéral
25:07 et est prêt à effectuer des changements.
25:09 Il décide de rester aux commandes en coulisses
25:12 et de confier les activités quotidiennes à son protégé, Sam Giancana.
25:16 Tony Accardo l'a fait venir et il a dit
25:21 « Voilà le gars qui va s'occuper de Loudfeet. »
25:25 Accardo regrettera sa décision.
25:27 La confiance d'Accardo en Giancana ne sera pas vraiment récompensée.
25:32 Tout d'abord, Giancana avait un tempérament violent
25:35 et quand il s'énervait, il n'avait pas les idées claires.
25:38 Mais ce qui agace le plus Accardo,
25:42 c'est le nouveau goût de Momo pour les projecteurs.
25:44 Sam Giancana était toujours très visible, pas Accardo.
25:49 C'était un père de famille, il restait discret.
25:51 Giancana s'affichait avec Feliz Maguia, une chanteuse célèbre.
25:55 Il s'affichait avec Sinatra, ce qui ne lui vaudrait rien de bon,
25:58 et à Sinatra non plus.
25:59 Mais Accardo devient particulièrement furieux
26:03 quand Giancana cherche querelle au gouvernement fédéral.
26:06 Giancana décide de poursuivre le FBI
26:09 au prétexte qu'il le suivait de trop près.
26:11 Ce n'était pas le genre de tapage que voulait Tony Accardo.
26:15 Ce n'est pas le genre de choses que sont censées faire
26:18 les dirigeants du crime organisé.
26:21 L'outfit n'est pas franchement ravi de ce batage indésirable.
26:25 Accardo commence à en avoir assez de Sam Giancana.
26:29 Il a tiré l'attention sur le crime organisé
26:32 alors qu'il aurait dû rester discret.
26:34 Tony Accardo décide qu'il est temps de procéder à un changement.
26:38 Il envoie Giancana au Mexique
26:41 pour mettre sur pied un nouveau réseau de jeux d'argent.
26:43 Mais Accardo et d'autres responsables de l'outfit sont furieux
26:49 et Momo refuse de reverser les gains à Chicago.
26:52 Il gagne beaucoup d'argent avec les jeux.
26:57 Tony Accardo lui demande
27:00 "Excuse-moi Momo, mais où est ma part ?"
27:02 "Oh", répond Momo, "tu n'as pas de part."
27:09 "Ah bon ? Et pourquoi ?"
27:11 "Eh ben parce que les règles habituelles ne s'appliquent pas."
27:14 "C'était quelque chose en plus et d'ailleurs,
27:16 c'est pas aux Etats-Unis, c'est différent."
27:19 Quand Giancana finit par rentrer aux Etats-Unis en 1974,
27:23 il veut redevenir le chef de l'outfit.
27:25 Pour Tony Accardo, il n'en est pas question.
27:30 Pour ne rien arranger, en 1975,
27:34 Giancana est citée à comparaître devant un comité du Sénat
27:37 qui enquête sur des complots de la CIA pour tuer Fidel Castro.
27:45 Le comité pense que des mafieux pourraient être impliqués.
27:48 Accardo commence à craindre que Giancana ne parle aux enquêteurs.
27:53 "La plupart des gens pensent que ce n'est pas une coïncidence
27:58 si la veille du jour où il devait rencontrer les enquêteurs du comité du Sénat
28:02 qui s'intéressaient à la CIA, il a trouvé la mort."
28:11 19 juin 1975, Oak Park, Illinois, 10h30.
28:16 "Giancana était chez lui, au sous-sol.
28:20 Il se préparait un anka.
28:22 On a raconté qu'il était en train de cuisiner des saucisses et des poivrons.
28:26 Ce qui se passe ensuite reste un mystère.
28:29 Une seule chose est sûre.
28:31 Alors qu'il est devant sa cuisinière,
28:33 Sam Giancana est abattu de dos, d'une balle dans la tête.
28:38 Ensuite, pour plus de sûreté, alors que Giancana était allongé sur le sol,
28:41 on lui a tiré six balles de plus dans le cou."
28:44 "On lui a tiré dans la bouche et le cou.
28:47 Un autre symbole de la mafia signifiant qu'il était une balle en rouge.
28:51 Il allait dire des choses qui pouvaient embarrasser Cousin Ostra,
28:54 des secrets que la mafia ne voulait pas divulguer."
28:57 "Personne ne saura jamais arrêter pour ce meurtre."
29:00 "Qui a abattu Giancana ? On ne le saura jamais.
29:04 C'était quelqu'un qu'il connaissait très bien
29:06 parce que d'une, il l'a fait entrer, et de deux, il lui tournait le dos.
29:10 Dans le monde de Giancana, on ne tourne pas le dos à quelqu'un en qui on n'a pas confiance."
29:15 Beaucoup de gens souhaitaient la mort de Giancana,
29:18 mais un seul homme aurait pu autoriser l'exécution.
29:21 "Tony Accardo a fait passer un message très fort.
29:26 On ne me défie pas.
29:28 On me donne ce qu'on me doit, et encore une fois,
29:31 personne n'est plus grand ni plus puissant que l'organisation,
29:34 ni au-dessus d'elle."
29:37 Tandis que Giancana est réduit au silence pour ce qu'il aurait pu dire,
29:43 Bugsy Siegel se retrouvera, lui, au banc de la justice du milieu
29:46 pour avoir enfreint une règle fondamentale.
29:49 On ne vole jamais la mafia.
29:52 Dans les années 30 et 40, le pouvoir mafieux américain
30:01 s'est concentré à Chicago et à New York.
30:04 À Los Angeles, le crime organisé est si peu important
30:12 que les enquêteurs l'appellent "la mafia de Mickey".
30:15 Mais quand l'influence de la mafia commence à se déplacer vers l'ouest,
30:20 les exécutions suivent le mouvement.
30:23 L'affaire de Benjamin Siegel, dit Bugsy,
30:27 montrera que, à l'est comme à l'ouest,
30:30 les règles sont immuables.
30:33 "Benjamin Siegel, plus connu sous le nom de Bugsy,
30:39 était un personnage que même Hollywood n'aurait pas pu inventer."
30:42 Bugsy aggravit les échelons de la mafia new-yorkaise dans les années 30
30:46 en tant que bras droit du légendaire mafieux Mayerlansky.
30:49 Bugsy était mêlé à une multitude de trafics.
30:54 Contrebandes d'alcool, vols de voiture,
30:57 raquettes syndicales et meurtres.
31:00 "Ben Siegel était un type très poli,
31:07 qui s'exprimait très bien,
31:09 mais si on l'appelait Bugsy,
31:11 il devenait comme un chien enragé,
31:14 un vrai fou.
31:16 Ben Siegel était un tueur totalement dépourvu d'émotions."
31:19 En 1936, Lucky Luciano décide de donner à Bugsy
31:25 la chance de sa vie.
31:27 "Pour Luciano, Hollywood était l'endroit idéal
31:31 pour gagner de l'argent.
31:33 Il y envoie Bugsy, avec comme consigne,
31:36 rapporte le doseil."
31:38 Quand Bugsy arrive à Hollywood,
31:43 il reprend contact avec un ami d'enfance,
31:45 l'acteur George Raft,
31:47 connu pour jouer les gangsters à l'écran.
31:49 Raft est content de présenter ce vrai gangster élégant
31:53 dans toute la ville.
31:55 "George Raft était son passeport
31:59 pour pénétrer dans la société hollywoodienne,
32:01 qui était assez séduite par Ben Siegel.
32:03 Il avait le chic mafieux."
32:05 Bugsy démarre sur les chapeaux de roue.
32:12 Il ne tarde pas à s'infiltrer dans les trafics
32:14 des paris clandestins et des syndicats.
32:16 Bugsy réussit si bien à Los Angeles
32:20 que la mafia new-yorkaise consente
32:22 à financer son grand projet.
32:24 Il veut s'occuper des jeux d'argent,
32:26 l'activité illégale la plus lucrative de la mafia,
32:29 là où ils sont légaux.
32:31 Las Vegas.
32:33 "Il a eu une intuition.
32:36 Il a vu une opportunité fabuleuse,
32:38 profiter des jeux d'argent légalisés
32:40 pour construire l'équivalent américain
32:42 des grands casinos de Monte Carlo."
32:44 Le nouveau casino de Bugsy s'appellera
32:50 le Flamingo.
32:52 Ce sera l'établissement de jeux le plus spectaculaire
32:54 que Las Vegas ait jamais connu.
32:56 Mais Siegel se retrouve vite complètement dépassé.
33:00 "Tout se passait mal sur le chantier.
33:03 Problèmes syndicaux, retard dans la construction,
33:05 retard pour obtenir les matériaux.
33:07 C'est devenu un gouffre financier.
33:10 Luciano n'avait accordé qu'un million de dollars
33:13 pour construire le Flamingo,
33:15 mais il a fini par en coûter plus de six."
33:19 Le casino ouvre finalement en 1947,
33:21 mais la mafia new-yorkaise commence à avoir des doutes.
33:24 Le casino ne rapporte rien.
33:28 "S'il y a bien une chose qu'un casino ne doit pas faire,
33:31 c'est perdre de l'argent.
33:33 C'est pas son but.
33:35 C'est toujours la maison qui gagne."
33:37 Il s'avère que non seulement Bugsy est mauvais en affaires,
33:42 mais qu'il dissimule une partie des bénéfices.
33:45 "Bugsy Siegel trouvait tout cet argent
33:48 liquide irrésistible.
33:50 Il s'est dit, si j'en garde une petite partie
33:52 pour ma retraite et mes vieux jours,
33:54 qu'est-ce qu'elle de mal à ça ?
33:56 C'est pas ça qui va leur manquer."
33:58 Au moment où Bugsy Siegel commence à voler
34:02 l'argent de la mafia, son destin est scellé.
34:05 "Écoutez-moi bien, dans la pègre,
34:08 le fric est tout.
34:10 N'oubliez jamais ça.
34:12 Ça vient avant la famille,
34:14 avant tout le reste.
34:16 Vous comprenez ?"
34:18 Le 20 juin 1947, à Beverly Hills, en Californie.
34:27 Il est 22h45.
34:30 Bugsy se repose chez sa petite amie
34:34 Virginia Hill, qui est absente.
34:36 "Ce n'est pas anodin qu'il se soit trouvé
34:39 dans son salon, justement le soir
34:41 où elle n'était pas là.
34:43 Beaucoup de gens pensent qu'elle était au courant
34:45 de ce qui s'est passé, que ce n'était pas
34:47 une coïncidence."
34:49 Bugsy vient de rentrer d'un dîner avec
34:52 le frère de Virginia et sa petite amie.
34:54 Le couple monte à l'étage,
34:57 pendant que Siegel et un ami mafieux,
34:59 Allen Smiley, s'installent au salon.
35:01 "Tout à coup, des coups de feu sont tirés
35:05 par la fenêtre.
35:07 Il écrible les balles.
35:09 Plusieurs balles touchent Siegel à la tête,
35:13 quelques autres s'éparpillent autour.
35:15 La photographie de Bugsy, assis dans son fauteuil,
35:17 le visage en sang, est devenue une icône
35:19 dans les légendes et traditions de la pègre.
35:21 Une fin particulièrement saisissante pour Siegel."
35:25 "Bugsy avait découvert une vraie mine d'or,
35:30 qui fera plus tard la fortune de milliers
35:32 de mafieux.
35:34 Et pourtant, il en sera remercié
35:36 par 9 balles dans le corps."
35:42 Si personne n'est reconnu coupable du meurtre,
35:44 le tueur alliège new-yorkais
35:46 Frankie Carbo est pour beaucoup
35:48 le suspect numéro 1.
35:50 Bugsy Siegel a enfreint une règle fondamentale
35:53 de la mafia et l'a payée de sa vie.
35:55 Mais même un membre haut placé du milieu,
35:59 un homme qui, lui, fait les règles,
36:01 n'est pas à l'abri.
36:03 Le mafieux new-yorkais Big Paul Castellano
36:05 le découvrira à ses dépens.
36:08 "Bugsy Siegel a enfreint la règle la plus fondamentale
36:10 du crime organisé,
36:12 ne jamais voler la mafia."
36:14 "Quand des mafieux haut placés ont commencé
36:18 à soupçonner qu'il leur dissimulait des gains
36:20 des jeux d'argent,
36:22 Bugsy a été éliminé."
36:24 "A New York, sa vie a été détruite
36:30 par une mafia qui a fait
36:32 des mauvaises choses."
36:36 A New York, c'est un autre genre
36:38 de détournement de fond qui scellera le destin
36:40 du parrain de la famille Gambino,
36:42 Paul Castellano.
36:44 Quand il essaiera de presser ses lieutenants
36:47 comme des citrons, l'un d'eux décidera
36:49 de prendre les choses en main.
36:51 Paul Castellano accède au pouvoir
36:59 d'une façon peu habituelle.
37:01 En 1976, quand la santé du parrain
37:04 Carlo Gambino s'altère,
37:06 il rompt avec la tradition.
37:08 Au lieu de nommer son second,
37:12 Neil de la Croce comme futur chef
37:14 de la famille, Gambino choisit
37:16 son beau-frère, Paul Castellano.
37:18 "Neil de la Croce, qui était
37:21 un bon soldat, a accepté.
37:23 S'il avait fait des histoires, ça aurait pu
37:25 déclencher une guerre des gangs, qui aurait
37:27 déchiré la famille."
37:29 Castellano est maintenant à la tête
37:32 de la plus grande organisation criminelle du pays.
37:34 Elle compte 300 soldats
37:36 et 1500 associés.
37:38 La famille mafieuse des Gambino
37:41 amasse chaque année des centaines
37:43 de millions de dollars.
37:45 Espérant satisfaire de la Croce,
37:48 Castellano le nomme sous-chef.
37:50 Il lui confie la surveillance et une partie
37:52 des importants bénéfices que rapportent
37:54 les trafics de jeux d'argent, de prêts
37:56 à taux usuraires et de braquages de fret.
37:58 Castellano restera seul responsable
38:00 des crimes en col blanc et des arnaques
38:02 dans le monde des affaires.
38:04 Mais tous les membres de la famille
38:06 n'acceptent pas cet accord.
38:08 "En fait, Castellano avait créé
38:10 deux factions dans le parti.
38:12 Et l'une d'entre elles ne lui était
38:14 pas complètement loyale.
38:16 Elle restait en réalité fidèle à
38:18 Neil de la Croce."
38:20 "Beaucoup de membres de la famille Gambino
38:22 ne voulaient pas de Paul Castellano.
38:24 Ce n'était pas un chef charismatique.
38:26 Neil de la Croce, lui,
38:28 était extrêmement apprécié des hommes
38:30 et c'était un leader hors pair."
38:32 Un des plus farouches fidèles
38:34 de de la Croce est son protégé,
38:36 John Gotti.
38:38 Gotti est furieux
38:40 que son patron, de la Croce,
38:42 ait été courtir-tuité.
38:44 En partie parce que Gotti espérait être
38:46 ensuite le prochain à diriger la famille.
38:48 Pendant près de dix ans,
38:50 le mafieux nourrira sa haine
38:52 à l'encontre de Paul Castellano.
38:56 A la fin des années 70,
38:58 Castellano gagne des millions en étendant
39:00 les activités de la mafia au syndicat du bâtiment.
39:02 Avec les bénéfices, il se fait construire
39:06 un luxueux manoir à Staten Island.
39:08 La maison crée une distance
39:10 entre Castellano et ses troupes
39:12 et de l'aigreur parmi ses lieutenants.
39:14 Il commence à l'appeler "la Maison Blanche".
39:16 "Il est aussi distant
39:18 que le pape. Quand vos hommes vous appellent
39:20 le pape et qu'ils appellent votre QG
39:22 la Maison Blanche, ce n'est pas bon signe."
39:24 Alors que les tensions grandissent au sein
39:26 de sa famille, Castellano sent aussi
39:28 la pression des agents fédéraux.
39:30 Au début des années 80,
39:32 le procureur Rudolf Giuliani
39:34 commence à enquêter sur Castellano.
39:36 Sous pression,
39:38 le parrain s'isole encore plus.
39:40 "Castellano était pour ainsi dire coincé
39:42 et ne pouvait plus agir au grand jour."
39:44 Castellano aggrave son cas en exigeant
39:48 davantage de ses capots, ses lieutenants.
39:52 Au lieu de recevoir la part rituelle
39:54 de 10% sur toutes leurs activités criminelles,
39:56 Castellano exige 15%
39:58 et les convoque dans son manoir
40:00 pour qu'il s'acquitte des paiements.
40:02 Ses hommes sont furieux.
40:04 "Un défilé incessant de gens de l'organisation
40:08 se présentent chez lui avec des enveloppes
40:10 remplies d'espèces correspondant
40:12 à sa part. 20 000, 30 000,
40:14 50 000, parfois
40:16 100 000 dollars en liquide.
40:18 Mais les gens commencent à murmurer.
40:20 Je vais là-bas avec 50 000 dollars
40:22 et j'ai même pas droit à un merci,
40:24 ni même à un café."
40:26 La seule personne à faire obstacle
40:28 à une révolte en règle est Niel de la Crochet.
40:30 "Il a dit non. Il ne voulait pas la guerre.
40:34 Une guerre serait néfaste."
40:36 Personne ne souhaite autant s'occuper
40:38 du parrain que John Gotti
40:40 qui convoite sa position.
40:42 Certains experts de la mafia disent
40:46 que Gotti veut aussi se débarrasser de Castellano
40:48 pour avoir les coudées franches
40:50 dans le trafic de drogue.
40:52 Niel de la Crochet parvient cependant
40:54 à s'interposer entre les deux hommes.
40:56 Tout comme de la Crochet empêche Gotti
40:58 de liquider Castellano,
41:00 de la Crochet empêche Castellano
41:02 de s'attaquer à Gotti.
41:04 Mais en décembre 1985,
41:08 quand de la Crochet meurt d'un cancer,
41:10 il n'y a plus personne pour jouer
41:12 les pacificateurs.
41:14 "La mort de Niel de la Crochet déclenche
41:16 un arbre pour John Gotti et son cercle
41:18 rapproché."
41:20 Gotti décide de prendre les devants.
41:22 Avec son bras droit, Samy Gravano,
41:26 dit "The Bull", le taureau,
41:28 il met au point un plan infaillible.
41:30 A peine deux semaines après la mort
41:32 de de la Crochet, Gotti passe à l'action.
41:34 Le 16 décembre 1985, à Manhattan,
41:42 il est 17h30.
41:44 "C'était les vacances de Noël.
41:46 Les rues, les magasins étaient bondés,
41:48 les hôtels affichés à complet.
41:50 C'était très animé."
41:52 Paul Castellano sort d'une réunion
41:54 avec son avocat et va dîner dans le centre-ville
41:56 avec son chauffeur et sous-chef,
41:58 Tommy Bilotti.
42:00 "Il n'avait pas beaucoup de route à faire
42:04 jusqu'au Sparks-Tacaros,
42:06 où nous nous trouvons en ce moment.
42:08 Ils allaient manger des steaks,
42:10 mais Castellano n'y est jamais entré."
42:12 Un peu plus loin dans la rue,
42:14 John Gotti est en planque,
42:16 prêt à donner le signal
42:18 à une bande de quatre assassins.
42:20 "Assis à côté de Sammy Gravano,
42:24 dit le taureau,
42:26 John Gotti a vu Castellano et Bilotti
42:28 se diriger vers le restaurant.
42:30 Ils ont signalé par Tuki-Wuki
42:32 que leur proie était en route."
42:34 "Pendant qu'ils approchaient,
42:36 Monsieur Bilotti a garé sa voiture
42:38 dans la 46e rue Est."
42:40 "Les quatre tireurs sont passés à l'action.
42:42 Castellano a essayé de sortir de la voiture.
42:44 Il s'est fait abattre sur le trottoir
42:50 avant d'avoir atteint la porte d'entrée."
42:52 Des cris retentissent
42:54 quand les tireurs abattent
42:56 le chauffeur de Castellano,
42:58 Tommy Bilotti,
43:00 avant de disparaître dans la foule.
43:02 Castellano a fait une terrible erreur
43:06 de calcul en sous-estimant
43:08 la plus grande erreur de John Gotti.
43:10 "Castellano pensait que John Gotti
43:12 était un jeune rebelle,
43:14 un petit voyou qui n'aurait jamais
43:16 l'idée de l'assassiner.
43:18 Ce sera une erreur fatale de sa part."
43:20 Le souhait de John Gotti
43:22 est exaucé.
43:24 Il devient le parrain de la famille Gambino
43:26 exactement comme il l'a prévu.
43:28 Mais l'exécution aura des conséquences.
43:30 "L'exécution de Paul Castellano
43:32 sera la plus grande erreur de John Gotti.
43:34 Elle s'est déroulée en public
43:36 devant des passants qui faisaient
43:38 leur course de Noël.
43:40 Des cadavres jonchaient la rue."
43:42 Gotti ne se retrouve pas seulement
43:44 à la une des journaux,
43:46 mais aussi dans la ligne de mire
43:48 des procureurs fédéraux.
43:50 En 1992, près de 7 ans après
43:52 l'exécution de Paul Castellano,
43:54 John Gotti est reconnu coupable
43:56 de plusieurs meurtres,
43:58 dont celui de Castellano.
44:00 En 2002, il mourra en prison
44:02 d'un cancer de la gorge.
44:04 Au fil des ans,
44:06 les règlements de comptes mafieux
44:08 ont fait des milliers de victimes
44:10 pour préserver l'avenir de la mafia.
44:12 "Le crime organisé agit
44:14 selon un unique commandement suprême.
44:16 Personne n'est au-dessus de l'organisation.
44:18 C'est toujours l'organisation
44:20 qui prime."
44:22 C'est une règle immuable
44:24 du crime organisé.
44:26 Chaque fois qu'un mafieux va trop loin,
44:28 menace la stabilité
44:30 ou se montre trop cupide,
44:32 une balle lui est personnellement
44:34 réservée.
44:36 "Tout n'est qu'une question d'argent,
44:38 tout n'est qu'une question d'ambition.
44:40 Le milieu, c'est la jungle.
44:42 Ce sont les affaires, rien de personnel,
44:44 seulement les affaires."
44:46 Sous-titrage Société Radio-Canada
44:48 [Générique]
44:50 [Générique]
44:52 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]

Recommandée