Comment, de 1977 à 1994, le chef suprême de Cosa Nostra, Totò Riina a régné par le sang et la terreur sur la mafia sicilienne. Un récit implacable, fondé sur le témoignage de quelques uns de ses hommes et de ceux qui les ont combattus, une réalisation de Mosco Levi Boucault. Premier volet.
Des origines – ces hommes de main chargés par l'aristocratie sicilienne de surveiller les paysans travaillant ses terres – à la "guerre de mafia" qui, de 1979 à 1982, a vu les hommes de Totò Riina, dit la "Belva" (le "fauve"), chef depuis cinq ans du clan de Corleone, bourgade proche de Palerme, décimer les familles rivales pour prendre le contrôle de Cosa Nostra, cette première partie retrace l'ascension d'un "pur criminel", selon le mot de l'un de ses proches. Né en 1930 au sein d'une famille de paysans pauvres, Riina perd son père à 13 ans, commet son premier meurtre à 19, et, sept ans plus tard, libéré de prison, entame une vie de violence.
Tragédie
Documentariste chevronné et tenace, Mosco Levi Boucault raconte, en témoignages et en archives, une histoire si célèbre qu'elle a inspiré une série de la télévision italienne en 2007. Mais en parvenant à faire parler certains des anciens tueurs de Riina, aujourd'hui "repentis", dont il confronte les récits avec celui, entre autres, de l'ex-procureur Giuseppe Ayala, il dévoile la vérité humaine et la tragédie à l'œuvre dans l'enchaînement des faits. Détaillant leur quotidien de bourreaux au service de celui qu'ils décrivent comme un maître tragediatore (en sicilien, "manipulateur", "calomniateur"), ses interlocuteurs font apparaître dans toute sa crudité la mécanique barbare qui tint Palerme en son pouvoir presque absolu et, a contrario, le courage de ceux qui se sont dressés contre elle.
Des origines – ces hommes de main chargés par l'aristocratie sicilienne de surveiller les paysans travaillant ses terres – à la "guerre de mafia" qui, de 1979 à 1982, a vu les hommes de Totò Riina, dit la "Belva" (le "fauve"), chef depuis cinq ans du clan de Corleone, bourgade proche de Palerme, décimer les familles rivales pour prendre le contrôle de Cosa Nostra, cette première partie retrace l'ascension d'un "pur criminel", selon le mot de l'un de ses proches. Né en 1930 au sein d'une famille de paysans pauvres, Riina perd son père à 13 ans, commet son premier meurtre à 19, et, sept ans plus tard, libéré de prison, entame une vie de violence.
Tragédie
Documentariste chevronné et tenace, Mosco Levi Boucault raconte, en témoignages et en archives, une histoire si célèbre qu'elle a inspiré une série de la télévision italienne en 2007. Mais en parvenant à faire parler certains des anciens tueurs de Riina, aujourd'hui "repentis", dont il confronte les récits avec celui, entre autres, de l'ex-procureur Giuseppe Ayala, il dévoile la vérité humaine et la tragédie à l'œuvre dans l'enchaînement des faits. Détaillant leur quotidien de bourreaux au service de celui qu'ils décrivent comme un maître tragediatore (en sicilien, "manipulateur", "calomniateur"), ses interlocuteurs font apparaître dans toute sa crudité la mécanique barbare qui tint Palerme en son pouvoir presque absolu et, a contrario, le courage de ceux qui se sont dressés contre elle.
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00:00:00 [Musique]
00:00:10 Nous avons connu à Palerme un 11 septembre avant la lettre.
00:00:15 C'était en 1992, le 23 mai, à 17h58, sur l'autoroute qui relie l'aéroport au centre-ville.
00:00:24 [Explosion]
00:00:28 Sur ordre de Totorina, le chef de Cosa Nostra, 500 kilos d'explosifs tuaient le juge Giovanni Falcone,
00:00:35 son épouse la magistrate Francesca Morvillo et trois membres de leur escorte.
00:00:44 55 jours après avoir fait assassiner Falcone,
00:00:48 il récidivait par un attentat en plein centre de Palerme contre le collègue de Falcone,
00:00:54 son ami, le juge Paolo Borsellino.
00:00:58 [Musique]
00:01:04 Un groupe d'enquêteurs venus de Milan est décidé à trouver Rihna,
00:01:08 découvrée après des mois de filature, la tanière du parrain des parrains.
00:01:17 Le 13 janvier 1993, ils voyaient sortir Madame Rihna et son chauffeur.
00:01:26 Le 15, Totorina et son chauffeur.
00:01:31 Le parrain des parrains portait une veste de Cachemire
00:01:35 et avait les allures d'un petit entrepreneur allant vaquer à ses affaires.
00:01:43 Les 24 ans de cavale du fils d'un paysan pauvre de Corleone
00:01:48 qui avait terrorisé la Sicile pour assouvir sa soif de pouvoir prenaient fin.
00:01:55 [Musique]
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00:02:42 [Musique]
00:03:00 Totorina est réapparu deux mois après son arrestation au tribunal de Palerme,
00:03:06 la même où il avait été condamné à la perpétuité par Compte-Humas, six ans plus tôt.
00:03:12 [Musique]
00:03:29 Il avait dû préparer son entrée en scène avec ses avocats.
00:03:33 Il s'est établi en provincial.
00:03:36 Allure modeste, pas mesurée, port de tête obsequieux.
00:03:42 [Bruits de la salle]
00:04:11 [Bruits de la salle]
00:04:33 [Bruits de la salle]
00:04:53 [Bruits de la salle]
00:05:22 [Bruits de la salle]
00:05:42 Rina, c'était un homme simple, mais il avait un caractère très fort, un caractère de fer.
00:05:51 Et pourtant, il se présentait comme un homme humble.
00:05:57 Il ne donnait pas l'impression d'être quelqu'un d'agressif ou de mal élevé.
00:06:01 Il était humble.
00:06:03 On aurait pu croire qu'il voulait faire le bien.
00:06:07 Disons que c'est le genre d'homme qui arrive à être très convaincant parce qu'il fait preuve de bienveillance,
00:06:14 mais à condition que tu fasses ce qu'il veut.
00:06:17 Totori Rina, c'est quelqu'un de très calme, de très bien élevé.
00:06:28 Et quand tu l'as en face de toi, c'est comme un magicien qui te manipule.
00:06:35 Il a l'air sage, très sage.
00:06:38 Mais toutes les personnes qu'il trouvait gênantes, il les a tuées.
00:06:45 Quand Totori Rina comprend que tu vas peut-être lui couper l'herbe sous le pied, il te tue.
00:06:56 La première fois que j'ai rencontré Rina, j'étais adolescent.
00:07:02 Il était en cavale et il se cachait chez mon oncle Vincenzo, qui était le plus jeune frère de mon père.
00:07:12 C'est là que je l'ai rencontré.
00:07:15 Je ne savais pas qui c'était, parce qu'à l'époque, j'ignorais tout de cosa nostra.
00:07:23 Et puis, en 1980, quand j'ai été initié, on me l'a présenté selon le rituel.
00:07:34 Et je me souviens des mots que Totori Rina a prononcés.
00:07:38 Il a dit "Je ne voulais pas que tu sois initié, parce que tu as été élevé par le chef le plus pourri de toute l'histoire de cosa nostra."
00:07:52 "Et je lui tirerai une balle dans la tête dès que j'en aurai l'occasion."
00:07:56 Dans sa manière, il avait réussi à avoir un pouvoir de vie ou de mort à tous les côtés.
00:08:05 Cette fois-ci, il l'a utilisé pour l'utiliser contre un des nombreux qui étaient morts.
00:08:16 Ils l'avaient précédemment secondé et puis ont remis la vie à lui.
00:08:21 Corleone se trouve à 60 kilomètres de Palerme.
00:08:26 Tout y est à la fois anodin et opaque.
00:08:30 La mafia n'y est nulle part et partout.
00:08:34 Le bourg est un labyrinthe de rues étroites truffées de cent églises,
00:08:40 aux maisons serrées les unes contre les autres et refermées sur elles-mêmes.
00:08:45 C'est dans une de ces maisons qu'est née Totori Rina.
00:08:49 Mon père dirigeait la section judiciaire du commissariat de Corleone.
00:09:00 Je suis allé au lycée dans cette ville.
00:09:04 J'ai eu de nombreux camarades de classe que j'ai retrouvés plus tard de l'autre côté de la barrière.
00:09:11 Moi aussi je suis devenu policier.
00:09:14 J'ai dirigé la cellule homicide de la PJ de Palerme.
00:09:18 J'ai enquêté sur les corléonais.
00:09:21 Et je dois dire que j'avais un avantage sur mes collègues parce que j'avais grandi sur leur territoire.
00:09:30 Totori Rina a vécu à Corleone avec sa famille, avec son père.
00:09:37 Il travaillait dur, il trimait dans les champs.
00:09:41 Et un jour en rentrant des champs, son père a trouvé un obus intact que les américains avaient abandonné après leur départ.
00:09:53 Son père se dit que ça va leur être utile et il demande à son fils de le rapporter à la maison.
00:10:01 Il a l'intention de récupérer la poudre pour en faire des cartouches pour son fusil de chasse.
00:10:06 Et il veut se servir de ce métal robuste pour son tracteur.
00:10:10 Il s'installe devant chez lui et il commence à le démonter.
00:10:14 Mais l'obus explose.
00:10:16 Le père est tué, le frère est tué, même la mule est tuée.
00:10:22 La mule qui représentait une de leurs principales sources de revenus.
00:10:28 Le jeune Totori Rina devient alors le pilier de la famille.
00:10:37 Sa mère qui est enceinte lorsque son père meurt donne naissance à la soeur cadette de Rina.
00:10:44 Et il va devoir subvenir à ses besoins.
00:10:50 Ici on se trouve au cœur des grands domaines de Sicile.
00:10:55 C'est ici que naît la mafia rurale, la mafia des grandes propriétés foncières.
00:11:00 C'est dans ces fermes que vivaient les paysans qui cultivaient ces terres du matin au soir,
00:11:07 qui s'échinaient sur ces terres du matin au soir.
00:11:12 Et ces propriétés appartenaient à 4 ou 5 barons qui possédaient tout.
00:11:19 Ils vivaient à Palerme et ils laissaient sur place des intendants qui devaient gérer tous ces gens au quotidien.
00:11:29 Les intendants faisaient la pluie et le beau temps.
00:11:33 C'était eux qui embauchaient, qui licenciaient, qui distribuaient les récompenses et les châtiments.
00:11:40 Des châtiments parfois corporels, sévères.
00:11:45 Et ils géraient d'une main de fer les paysans qui n'osaient pas se rebeller parce qu'ils avaient une famille à nourrir.
00:11:53 Les nobles, eux, restaient à Palerme. Ils se retrouvaient Piazza Marina où ils jouaient aux cartes.
00:11:59 Et ils recevaient de ces intendants, de ces premiers mafiosi, l'argent provenant de la culture de leurs terres.
00:12:07 Par conséquent, la mafia jouissait d'un certain prestige, d'un prestige social.
00:12:15 A l'époque des grands propriétaires terriens, les mafiosi collaboraient avec les barons, avec les nobles.
00:12:24 Ils étaient chargés de protéger leur domaine, d'assurer l'ordre et d'empêcher les mouvements de rébellion des métaillés
00:12:31 tout en veillant à ceux qui le payent leur loyer en temps et en heure.
00:12:38 Ce sont les mafiosi qui protégeaient le marquis, le baron et le prince.
00:12:43 Ils les protégeaient et ils les aidaient.
00:12:48 Par la suite, bien évidemment, cette situation a dégénéré, puisque le mafioso protecteur est devenu le propriétaire du domaine.
00:12:57 Encore une fois, la mafia a réussi à obtenir une belle récompense. Elle a réussi à en tirer un immense bénéfice.
00:13:06 On peut donc dire que les nobles ont été expropriés, mais sans recevoir aucune indemnité d'expropriation.
00:13:15 Voici le dossier judiciaire de Totorina.
00:13:23 C'est la plus ancienne photo qu'on a de lui. Il était très jeune. Il est né en 1930.
00:13:33 La photo a été prise lorsqu'il a été accusé de meurtre.
00:13:38 Il s'est retrouvé impliqué dans une rixe avec d'autres jeunes gens, dans le quartier de San Giovanni, à Corleone.
00:13:49 Son rival, Di Matteo, vient à sa rencontre avec un ami pour régler un différent.
00:14:01 Et il dégaine la pistolette automatique.
00:14:04 Sans hésiter, Rina sort son arme, un revolver qu'il avait caché, et il tire sur Di Matteo.
00:14:15 Il le blesse à la cuisse, ce qui provoque une hémorragie, et Di Matteo meurt rapidement.
00:14:27 Rina est arrêtée et il est conduit dans un premier temps à la prison de Luciardone, puis à celle de Termini Merece.
00:14:36 Le correspondant du journal communiste de Palerme, l'Ora, a rapporté l'événement sans fioriture.
00:14:45 Un duel entre deux paysans. L'un meurt, l'autre est à l'hôpital.
00:14:52 Rina a 19 ans, son adversaire 30. L'affrontement a eu lieu le jour de la procession du Christ.
00:14:59 Rina est condamnée à 12 ans et 4 mois de prison. Derrière les barreaux, il apprend à lire et à écrire.
00:15:07 Il passe même une sorte de certificat d'étude.
00:15:11 Sa peine est réduite de moitié pour bonne conduite.
00:15:18 À son retour à Corleone en 1956, il a 26 ans et une réputation. Il a tué un homme et il est libre.
00:15:28 Corleone est une ville très pieuse, très catholique.
00:15:31 Il est un pays très peué, très peué.
00:15:35 Il est un pays très peué, très peué.
00:15:39 Il est un pays très peué, très peué.
00:15:42 Il est un pays très peué, très peué.
00:15:46 Il est un pays très peué, très peué.
00:15:50 Il est un pays très peué, très peué.
00:15:55 Corleone est une ville très pieuse, très catholique.
00:15:58 C'est une ville où les mafiosi rivalisaient le vendredi saint pour endosser l'habit à capuche des confréries
00:16:07 et pour porter à travers la ville la statue de la Vierge
00:16:12 qui avait parcouru les rues de Corleone pour aller chercher son fils mort sur la croix.
00:16:23 Cette procession faisait halte, avec l'accord du prêtre, devant les demeures des chefs de la mafia,
00:16:32 devant les maisons des personnalités les plus influentes de la ville.
00:16:37 Il y avait une harmonie générale,
00:16:44 parce qu'à l'époque, le mafioso ne regardait pas de travers le gendarme, le policier ou le curé.
00:16:52 Ils coexistaient tous ensemble.
00:16:55 Dans chaque village, ceux qui commandaient, c'était le mafioso, il y a 20 ans de ça,
00:17:03 le mafioso, le gendarme et le prêtre.
00:17:06 C'était les trois grandes figures qui dirigeaient les villages.
00:17:11 S'il y avait un mariage, on s'adressait au prêtre,
00:17:17 si on avait une affaire à régler, on allait voir le gendarme
00:17:21 et pour les problèmes plus graves, on faisait appel au mafioso.
00:17:26 J'ai été chrétien, catholique, pour une formation familiale,
00:17:30 pour un indoctrinement familial,
00:17:33 père, mère, on m'a dit d'aller à la chère,
00:17:37 après les sacrements, le baptême, la communion, etc.
00:17:41 Nous, tous, de notre part, même si nous faisions ce genre de choses,
00:17:47 en entrant dans la psychologie, que nous faisions de bien pour la collectivité,
00:17:51 on se sentait avec la conscience à l'aise.
00:17:54 Après chaque suicide, je me rendais à la chère
00:17:57 et je me confessais avec Dieu, car je ne pouvais pas me confesser avec personne.
00:18:01 Je demandais pardon à Dieu de ce que j'avais fait.
00:18:05 Je ne sais pas expliquer, c'est une conscience.
00:18:09 Mais quand je me rendais à la chère et que je prenais,
00:18:13 je me sentais plus léger,
00:18:17 comme si je n'avais plus fait ce réacte.
00:18:24 Quand je me rendais à la chère et que je prenais,
00:18:28 je parlais avec Dieu, car je parlais dans ma tête.
00:18:32 Je me sentais plus léger,
00:18:36 comme si c'était juste de le faire, car il méritait ce genre de choses.
00:18:42 La Sicile est une île qui a une histoire très particulière,
00:18:45 peut-être unique en Europe.
00:18:48 Elle a toujours été la colonie de quelqu'un,
00:18:52 venu de l'extérieur.
00:18:55 Elle n'a jamais exprimé son gouvernement en Sicile.
00:18:59 Je ne dis pas un gouvernement démocratique,
00:19:02 mais une dynastie régnante sicilienne,
00:19:06 qui n'a jamais exprimé son gouvernement.
00:19:10 Donc, c'est toujours une imposition d'un pouvoir venu de l'extérieur.
00:19:14 Et cette organisation du pouvoir
00:19:20 n'a jamais garanti,
00:19:24 de façon capillaire et diffusée sur le territoire,
00:19:28 la sécurité des citoyens,
00:19:31 la composition des élites entre les citoyens.
00:19:36 Et alors, des personnes sont nées spontanément.
00:19:40 En fait, la diction originale du mafioso est importante à souligner,
00:19:45 c'est l'homme de respect.
00:19:48 A l'origine, la mafia était, pour ainsi dire, un mal nécessaire.
00:19:56 Un mal nécessaire,
00:20:00 dans le sens où le pouvoir et la justice
00:20:03 étaient des notions étrangères au peuple sicilien.
00:20:07 Et donc, il a été nécessaire
00:20:12 de se tourner vers ces personnages,
00:20:15 ces mafiosi,
00:20:18 qui étaient des meneurs.
00:20:21 Mais, en fait,
00:20:27 le mafioso, c'était un chef qui réglait toutes sortes de problèmes.
00:20:34 Par exemple, pour régulariser leur situation,
00:20:39 il pouvait faire marier deux amants en fuite,
00:20:42 ou un jeune qui avait abusé ou séduit une jeune fille.
00:20:47 Il pouvait aussi s'occuper d'un pauvre paysan,
00:20:53 ou d'un simple citoyen à qui on avait volé des biens.
00:20:57 Et il faut dire que c'était assez courant à l'époque.
00:21:01 Par conséquent, les gens considéraient le mafioso comme un papa,
00:21:06 comme un père.
00:21:09 Tout ce qui se passait, nous le savions.
00:21:12 Je me souviens de l'époque,
00:21:15 quand il y avait des gens qui faisaient des « chippes ».
00:21:18 Nous intervenions à la punition,
00:21:23 parce qu'on ne voulait pas que ça se passe dans le quartier.
00:21:26 Il était sous contrôle de tout.
00:21:29 De la rapine, aux fraudes, à tout.
00:21:32 Il ne se passait pas une feuille si on ne le savait pas.
00:21:36 C'était comme avoir un commissaire de la police.
00:21:43 Ça peut paraître affreux à dire,
00:21:46 mais le pouvoir de la mafia était supérieur à celui de l'État.
00:21:50 Parce que le mafioso recevait un tas de confidences et d'informations
00:21:55 de la part des gens du peuple,
00:21:58 qui lui disaient « on m'a volé ceci ou cela ».
00:22:02 Et le puissant mafioso, contrairement à l'État ou aux forces de l'ordre,
00:22:07 intervenait immédiatement.
00:22:11 Il identifiait les responsables et les coupables.
00:22:13 Mais il faisait régner sa propre justice,
00:22:17 puisque bien évidemment, les voleurs, les bandits qui se faisaient coincer,
00:22:22 se voyaient infliger des sanctions.
00:22:25 Il y avait tout un éventail de sanctions qui pouvaient aller jusqu'au meurtre.
00:22:30 Je me souviens qu'à une époque, à Palerme, le matin,
00:22:38 il arrivait très souvent qu'on retrouve dans les poubelles
00:22:42 des grands sacs noirs,
00:22:45 qui contenaient un corps humain.
00:22:48 C'étaient des personnes à qui on avait ordonné de changer de mode de vie,
00:22:55 de ne plus harceler un tel ou un tel,
00:22:58 et qui n'avaient pas fait ce qu'on leur avait demandé.
00:23:02 Alors elles avaient été condamnées à mort.
00:23:06 À un moment donné, à Palerme, c'était très fréquent.
00:23:09 On utilisait régulièrement cette forme de punition.
00:23:13 Les gens étaient étranglés,
00:23:16 ils étaient mis dans un sac et abandonnés.
00:23:20 J'ai plaidé dans différents procès de ce genre.
00:23:25 Le premier chef de la mafia corléonaise a été le docteur Michele Navarra.
00:23:29 Il a été un des premiers à faire face à la police.
00:23:33 Il a été un des premiers à faire face à la police.
00:23:37 Il a été un des premiers à faire face à la police.
00:23:41 Il a été un des premiers à faire face à la police.
00:23:45 Il a été un des premiers à faire face à la police.
00:23:49 Il a été un des premiers à faire face à la police.
00:23:54 Le docteur Michele Navarra, médecin et professionnel reconnu,
00:23:59 avait à ses côtés un fidèle soldat, un tueur à gages, un assassin,
00:24:08 son homme de confiance, Luciano Ligio,
00:24:12 un jeune ambitieux qui voulait faire carrière dans la mafia.
00:24:20 Le docteur Navarra était le directeur de l'hôpital de Corleone.
00:24:24 Il appartenait à une famille corléonaise très respectée.
00:24:30 Il avait un frère président d'une importante société de transport,
00:24:34 un autre était médecin et doyen de la faculté de médecine de la ville de Messines,
00:24:38 un troisième travaillait au conseil régional.
00:24:42 C'était une famille respectable, mais une famille qui voulait commander,
00:24:48 y compris au sein de la mafia.
00:24:51 Le 58, à Corleone,
00:24:55 Ligio a traversé les gravines de la gérarchie,
00:25:01 car il y avait une gérarchie à Corleone,
00:25:06 et il a été un des premiers à faire face à la police.
00:25:11 Il a été un des premiers à faire face à la police.
00:25:17 Il a été un des premiers à faire face à la gérarchie,
00:25:20 comme dans toutes les organisations, même les criminels.
00:25:24 Ligio décide qu'il est temps de devenir le chef de cette famille mafiose,
00:25:30 qui était importante.
00:25:33 Le problème, c'est que le poste est occupé par un médecin,
00:25:37 le docteur Navarra, Michele Navarra.
00:25:41 Et donc, comme le poste est un,
00:25:44 pour pouvoir l'occuper, il doit être libéré de celui qui l'occupe.
00:25:49 Et Cosa Nostra a un seul instrument,
00:25:53 qui est celui de l'homicide.
00:25:57 Un jour, Navarra est en voiture,
00:26:02 et il subit un attentat et est tué.
00:26:07 Je ne sais pas si c'est en matière de Ligio,
00:26:11 mais c'est un détail tout à fait secondaire.
00:26:15 Ligio prend alors le poste de Navarra,
00:26:19 et devient le chef de la famille mafiose de Corleone.
00:26:23 Il est accompagné par ses lieutenants,
00:26:27 Salvador Herrina, Guarda Caso et Bernardo Provenzano.
00:26:32 Corleone devient une sorte de tombstone,
00:26:35 comme disent les américains.
00:26:39 Un cimetière, la colline des cadavres.
00:26:43 Ici, 52 assassinats sont commis.
00:26:47 Ce sont tous des fidèles de Navarra
00:26:51 qui ont été éliminés par les hommes de Ligio.
00:26:55 Il y a aussi des bâtiments,
00:27:00 et la fame de la sanguinarité de Ligio et de ses hommes.
00:27:04 Ils commencent à avoir peur,
00:27:08 parce que les gens qui tuent, ne discutent pas.
00:27:12 Ils se battent, ou je les tue.
00:27:16 La guerre de Corleone a fait la une des journaux de Palermo.
00:27:21 Mais, comptant de l'image de gangster qu'on lui avait accolé,
00:27:25 Ligio fait sauter les rotatives du journal L'Ora.
00:27:29 Quelques temps plus tard,
00:27:31 le nom de Herrina apparaît en gros caractère.
00:27:35 Devenu un détueur de Ligio, il a désormais un nom.
00:27:40 La photo transmise par la police est celle de sa carte d'identité.
00:27:46 -Henri Hina, de 1958,
00:27:49 est un Hina déjà mafieuse.
00:27:53 Il a compris, il connaît les règles internes,
00:27:58 et il s'adhère à elles.
00:28:02 Il essaie de les interpréter le mieux possible,
00:28:06 car il veut aussi sortir.
00:28:11 -Si tu es un mafioso, pourquoi es-tu entré dans la Cosa Nostra ?
00:28:15 -Aucun des mafiosi que tu connais ne s'en est tiré.
00:28:20 Ils ont tous été soit tués, soit arrêtés.
00:28:24 Il m'a répondu, j'y suis entré parce que dans mon village,
00:28:28 je n'étais personne.
00:28:31 Les gens ne me saluaient pas, ils ne me respectaient pas.
00:28:35 Je n'étais personne. Mais quand je suis devenu membre de Cosa Nostra,
00:28:40 tout le monde m'a venéré, me respecté.
00:28:43 Tout le monde m'a considéré comme un homme de respect et de prestige.
00:28:47 Pour ces gens, c'est un ascenseur social.
00:28:50 C'est un moyen illicite, criminel,
00:28:54 à travers lequel l'ascenseur social les rend à disposer de l'argent,
00:28:59 de la position, d'exercer le pouvoir, d'avoir le respect des autres.
00:29:04 C'est très important pour les Siciliens.
00:29:08 La mafia, pour des gens comme Rina, Provenzano, Luciano Liggio,
00:29:14 c'est un ascenseur social.
00:29:17 J'ai été initié en 1980, j'avais 22 ans à l'époque.
00:29:22 On m'a donné rendez-vous quelque part.
00:29:26 Je devais retrouver d'autres jeunes sur place.
00:29:30 Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait.
00:29:34 Pour tout vous dire, j'étais un peu tendu,
00:29:38 parce que j'avais fait pas mal de bêtises et je me disais
00:29:43 "Mais putain, qu'est-ce que j'ai fait cette fois-ci ?"
00:29:46 Des hommes d'honneur se sont approchés
00:29:50 et ils se sont tous placés face à nous.
00:29:54 Ce jour-là, on était 7.
00:29:58 Ils ont pris une image sainte
00:30:02 et ils nous ont piqué le doigt avec une aiguille.
00:30:06 Ils ont fait couler quelques gouttes de sang sur ces images,
00:30:11 et là, ils nous ont fait passer de l'un à l'autre l'image en feu.
00:30:14 Ils nous ont dit de répéter que jamais on ne trahirait l'organisation
00:30:18 et que sinon notre corps brûlerait comme cette image sainte.
00:30:23 Quand on devient un homme d'honneur,
00:30:28 les habitants du quartier le comprennent.
00:30:32 Pourquoi ? Parce qu'avant, par exemple,
00:30:36 quand deux hommes d'honneur importants discutaient,
00:30:40 moi, je me tenais à l'écart.
00:30:43 Je ne participais pas à la discussion.
00:30:47 Mais à partir du moment où ils voient que tu parles avec ces hommes importants,
00:30:51 les gens comprennent que tu es devenu quelqu'un d'important toi aussi
00:30:55 puisque tu discutes avec eux.
00:30:59 Et à partir de ce moment-là, ils te respectent.
00:31:03 Moi, ils me respectaient déjà avant.
00:31:08 Pas pour ce que j'étais, mais à cause de ma famille.
00:31:11 Et ce jour-là, ils se sont mis à me respecter pour qui j'étais
00:31:15 et plus parce que j'étais un proche d'un tel.
00:31:19 Je n'étais plus Anselmo, le neveu de Saro Anselmo.
00:31:22 J'étais devenu Anselmo tout court.
00:31:25 Une fois que tu es un homme d'honneur,
00:31:29 on dit que tu as les yeux ouverts.
00:31:32 Et donc tu peux voir tout ce qu'il y a à voir.
00:31:37 Tu as l'impression d'être un petit dieu
00:31:40 parce que tout ce que tu veux, tu l'obtiens.
00:31:45 Tu n'as plus de problème.
00:31:48 Si quelqu'un te manque de respect, il est cuit.
00:31:52 Tu peux demander sa tête, tu peux demander sa vie.
00:31:56 Du coup, en gros, tout devient facile.
00:32:01 Si tu vas t'acheter une voiture, on te fait une grosse remise.
00:32:06 Si tu as besoin d'un médecin, tu peux aller voir le meilleur spécialiste.
00:32:11 Cosa Nostra t'ouvrait toutes les portes.
00:32:15 Tout devenait possible.
00:32:18 Dans la vie de tous les jours,
00:32:22 j'étais l'adjoint de Riina,
00:32:26 ou plutôt un exécutant au service de Riina,
00:32:30 mais aussi un exécutant pour ma propre famille.
00:32:35 J'étais à la fois un homme normal, un entrepreneur,
00:32:40 mais aussi un tueur.
00:32:44 Et j'étais un vrai caméléon.
00:32:47 Selon les circonstances, j'étais capable de commettre un meurtre
00:32:52 et ensuite je rentrais à la maison, je me douchais, je me changeais,
00:32:56 je donnais mes vêtements à ma mère pour qu'elle enlève toutes les traces.
00:33:00 Et ensuite je descendais au bar, je retrouvais des amis,
00:33:04 j'allais manger une pizza, j'allais m'amuser.
00:33:06 Ça ne posait aucun problème.
00:33:09 Et à côté de ça, même si ça peut paraître paradoxal,
00:33:16 je m'occupais aussi de la société civile.
00:33:19 Ça pouvait être un paysan, quelqu'un qui devait être hospitalisé,
00:33:23 un jeune qui avait besoin d'argent.
00:33:26 Si quelqu'un de ma famille ou si un copain se retrouvait au chômage,
00:33:31 je m'occupais de lui, je lui faisais un prêt, je lui donnais de l'argent,
00:33:34 je faisais en sorte qu'il puisse lancer son activité.
00:33:37 S'il avait des difficultés avec la banque pour obtenir un prêt ou un crédit,
00:33:41 j'intervenais.
00:33:43 Je m'appliquais dans la vie locale, je me mettais à la disposition des gens.
00:33:48 En gros, je faisais tout ce que je pouvais.
00:33:51 Par exemple, quand il y avait une fête communale, j'étais généreux.
00:33:59 Je vous passe les détails, mais je leur donnais un gros billet.
00:34:02 Quand le prêtre avait besoin de quelque chose, je mettais la main à la poche.
00:34:08 Tout ça, mon père le faisait déjà avant moi, et moi j'ai continué.
00:34:13 Dès que je pouvais rendre un service, petit ou grand, je le rendais.
00:34:20 Même si la personne qui me demandait de l'aide,
00:34:26 je devais la tuer le lendemain, je l'aidais.
00:34:29 Au sein de Cosa Nostra, il y a des règles qu'on nous explique
00:34:34 au moment de la cérémonie d'initiation.
00:34:37 Si on viole certaines règles, ça peut entraîner des sanctions
00:34:44 qui sont plus ou moins acceptables, disons.
00:34:47 Mais ça peut aller jusqu'à la mort.
00:34:55 Si on est indicateur pour la police, c'est une transgression
00:34:58 qui entraîne une condamnation à mort.
00:35:01 Si on a une liaison avec la femme d'un homme d'honneur,
00:35:06 ou alors avec la fille ou la sœur d'un homme d'honneur,
00:35:12 c'est la condamnation à mort.
00:35:15 Si on frappe ou si on insulte un homme d'honneur,
00:35:18 c'est la condamnation à mort.
00:35:21 C'est la vision qu'ils ont d'eux-mêmes.
00:35:24 La vision que j'ai, qui est des morceaux de merde.
00:35:28 On n'en a pas besoin.
00:35:31 Donc, ils ont toutes ces règles, l'homme d'honneur,
00:35:34 l'oblige de dire la vérité, l'oblige de frapper la femme d'un autre mafiole.
00:35:38 C'est fou.
00:35:41 Rina n'a jamais laissé beaucoup de photos derrière lui.
00:35:44 À la première, anthropométrique, prise à la fin de son adolescence,
00:35:48 s'ajoute une seconde, datant de son arrestation à Corleone en 1963.
00:35:53 Il a pris du poids et de la stature.
00:35:56 À l'époque, le Ciardone de Palerme est la prison des mafieux
00:36:00 qui la surnomment le Grand Hôtel Ciardone.
00:36:03 Ils en sont les maîtres.
00:36:07 Ils y font livrer leur repas par les meilleurs restaurants de Palerme,
00:36:10 refusant de toucher à ce qu'ils appellent il "cibo del governo",
00:36:14 l'habitance de l'État.
00:36:17 À 33 ans, pour la deuxième fois,
00:36:21 Totò Rina est incarcéré ici, à la prison de Luciardone.
00:36:25 Il est arrêté à Corleone parce qu'il s'est enfui
00:36:28 après avoir participé au massacre des hommes de Navarra,
00:36:31 qui s'est soldé par la mort de tous les membres les plus éminents
00:36:35 de la famille du Dr Michele Navarra,
00:36:37 les perdants de Corleone.
00:36:40 Il est en fuite et il est arrêté par hasard à Corleone
00:36:46 par des agents de police, à qui il présente avec beaucoup d'assurance
00:36:50 les papiers d'identité d'une autre personne.
00:36:54 Il est conduit au commissariat. Mon père le reconnaît,
00:37:00 il dit qu'il s'agit de Totò Rina, et Rina est arrêtée.
00:37:04 Quand il est de nouveau écroué ici, Totò Rina est un autre homme.
00:37:07 Ce n'est plus le jeune qui fait son apprentissage,
00:37:10 le mafioso qui débute, qui fait ses premiers pas.
00:37:14 Maintenant, Totò Rina est un chef.
00:37:18 Il est respecté, vénéré par les autres détenus,
00:37:21 de la même manière que les chefs qu'il avait vus
00:37:24 lors de son premier séjour.
00:37:27 Six ans plus tard, en 1969,
00:37:32 le choix d'une cour d'assises des Pouilles
00:37:34 pour instruire le procès de Ligio, Rina et leurs acolytes
00:37:37 à accuser des assassinats des hommes de Navarra
00:37:40 a suscité notre perplexité.
00:37:43 Leurs avocats avaient fait prévaloir que les magistrats de Palerme
00:37:46 n'avaient pas la sérénité nécessaire pour juger les Corleone de façon impartiale.
00:37:50 La veille du verdict, une lettre anonyme était parvenue au président du tribunal.
00:37:55 Elle disait "Messieurs de Bari,
00:38:00 n'avez-vous pas compris que si vous condamnez un des gentilhommes de Corleone,
00:38:03 nous vous ferons sauter en l'air ?"
00:38:06 Rina est sur le banc des accusés,
00:38:09 mais son nom n'apparaît pas dans les journaux.
00:38:12 C'est son jeune chef, Ligio, qui occupe le devant de la scène.
00:38:16 Tous les Corleone sont acquittés.
00:38:19 Seule la vigilance d'un préfet permet de déclarer leur présence en Sicile dangereuse
00:38:24 et d'exiger leur assignation à résidence au centre de l'Italie.
00:38:29 Ce sont les Corleone qui sont en prison.
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00:46:07 Ce sont les Corleone qui sont en prison.
00:46:10 C'est qu'en 1974, Rina prend sa place aux réunions du Triumvirat qui dirige Cosa Nostra.
00:46:16 Rina, Rina est...
00:46:22 Rina, c'est un manipulateur né.
00:46:25 Il dresse père contre fils, frère contre frère.
00:46:29 Il a une façon de faire qui est difficile à expliquer.
00:46:33 Ce n'est pas facile à décrire.
00:46:37 Disons qu'il a une façon de faire qui est...
00:46:39 Je ne trouve pas le mot.
00:46:41 Mais Rina, il manœuvre doucement, comme un ver qui ronge le bois petit à petit.
00:46:46 Il fonctionne comme ça.
00:46:48 Et au bout du compte, les gens qui l'entourent, ils les liquent tous les uns contre les autres.
00:46:53 Il arrivait en même temps à nous unir et à nous diviser.
00:47:01 Il était diabolique, vraiment.
00:47:06 Mais il n'avait pas le sens de la politique, ça non, pas du tout.
00:47:10 C'était un criminel pur et dur.
00:47:15 Un vrai criminel.
00:47:17 Et au sein de Cosa Nostra, c'est comme ça qu'il a réussi à survivre.
00:47:23 C'est sur cette place qu'un enquêteur de carabiniers a été tué.
00:47:26 Le lieutenant-colonel Russo.
00:47:29 Il avait mené une enquête poussée sur les corléonnais et sur les contrats autour du barrage Garcia.
00:47:37 Il avait fait une enquête sur les corléonnais,
00:47:42 et sur les contrats autour du barrage Garcia.
00:47:45 Il avait fait une enquête sur les corléonnais,
00:47:50 et sur les contrats autour du barrage Garcia.
00:47:52 Ils ne le lui ont pas pardonné.
00:47:55 Assessor, vous êtes le conseiller communal.
00:47:59 Nous faisons une enquête sur l'exécution du colonel Russo qui est arrivé il y a quelques kilomètres d'ici.
00:48:07 Venez, Assessor.
00:48:12 Nous discutons le cas du colonel Russo,
00:48:21 qui a été tué il y a quelques kilomètres d'ici.
00:48:25 Vous savez que, à peu près d'ici,
00:48:28 le fameux colonel Russo a été tué.
00:48:32 Cela signifie que la mafia est encore très puissante ici.
00:48:38 C'est ça ?
00:48:40 Il faut de la puissance.
00:48:49 C'est la puissance de celui qui a eu le courage de le tuer.
00:48:52 Si on avait pas eu le courage, on ne ferait pas ça.
00:48:56 Et qui donne ces ordres ?
00:48:59 Qui sait ?
00:49:01 Pas la mafia ?
00:49:03 On ne sait pas.
00:49:05 La mafia, traditionnellement, ne faisait pas ça.
00:49:09 C'est le vieux code mafieux.
00:49:12 Pour nous comprendre.
00:49:16 La mafia n'a pas intérêt à allumer les réflecteurs.
00:49:21 Elle ne se contrapposait pas au gouvernement.
00:49:25 Elle s'insérait, s'infiltrait, mais ne recouvrait pas la contre-position.
00:49:30 C'est la nouveauté la plus dramatique que Rien et Provençal ont introduite.
00:49:38 C'est ce qui leur fait le chef.
00:49:42 La chose de changer de stratégie et de se contrapposer militairement au gouvernement.
00:49:47 En 1978, à Palermo, un mafioso de classe, un certain Beppe Di Cristina,
00:50:11 qui était, peut-être qu'on pourrait l'utiliser comme un "cadavre",
00:50:15 mais qui venait d'une famille mafiose historique de la province de Cartagneset.
00:50:21 Riesi, c'était leur pays.
00:50:26 Di Cristina avait des bons rapports avec le monde palermitan.
00:50:34 Il avait eu quelques problèmes.
00:50:38 Il ne se sentait plus sûr.
00:50:46 Di Cristina, c'est un type très intelligent.
00:50:50 Il se rend compte avant tout le monde que Salvatore Riena a un projet infâme.
00:50:57 Alors il essaie de prévenir la mafia palermitaine, mais on ne le prend pas vraiment au sérieux.
00:51:05 Du coup, il se confie à un colonel des carabiniers.
00:51:11 Pas parce qu'il veut devenir un dyke, mais parce qu'il veut informer ses amis, nos amis.
00:51:18 Il faut savoir qu'à cette époque, on était en bon terme avec les institutions et avec l'Église.
00:51:27 Alors il veut prévenir les carabiniers de ce nouveau danger.
00:51:37 Un danger qui est sous-estimé par tout le monde.
00:51:41 J'ai nommé Salvatore Riena.
00:51:45 Riena avait déjà fait arrêter Luciano Ligio.
00:51:49 Et il était en train de conquérir toute la Sicile.
00:51:53 Mais là, les corléonais apprennent que Di Cristina a parlé.
00:51:57 Parce que dans les institutions, il y a des gens qui sont de mèche avec la mafia.
00:52:02 Et Di Cristina est abattue.
00:52:06 [Musique]
00:52:29 Riena a semé le terror.
00:52:31 De l'intérieur et de l'extérieur.
00:52:34 Riena est un tueur.
00:52:36 Il se met la tête sur le mur.
00:52:38 Et il fait le seul métier qu'il sait faire, qui est de tuer.
00:52:42 Il se met la tête sur le mur pour arriver à l'advertissement. Et il y arrive.
00:52:47 [Musique]
00:53:07 [Musique]
00:53:36 [Musique]
00:54:03 Il fallait éliminer Michele Riena, le secrétaire de la démocratie chrétienne.
00:54:08 Parce qu'il refusait de soutenir les projets des corléonais dans les affaires dont il voulait s'occuper.
00:54:15 [Musique]
00:54:32 Boris Giuliano était vulnérable.
00:54:35 Boris Giuliano était en danger.
00:54:39 Mais on était loin de se douter que la mafia irait jusqu'à tuer le chef de l'APJ.
00:54:47 On pensait que ça n'arriverait jamais.
00:54:50 Que c'était une cible trop haut placée.
00:54:54 Et pourtant, là encore, les corléonais n'ont pas hésité.
00:55:01 [Musique]
00:55:16 [Musique]
00:55:45 [Musique]
00:56:14 [Musique]
00:56:43 [Musique]
00:57:12 [Rires]
00:57:13 C'était immédiat jusqu'ici.
00:57:18 [Musique]
00:57:35 [Musique]
00:57:58 [Musique]
00:58:27 [Musique]
00:58:37 [Musique]
00:58:56 [Musique]
00:59:17 [Musique]
00:59:38 [Musique]
00:59:48 [Musique]
01:00:07 [Musique]
01:00:17 [Musique]
01:00:36 [Musique]
01:00:46 [Musique]
01:00:56 [Musique]
01:01:25 Cette photo est intitulée "Les deux Christ".
01:01:28 Pour moi, celui qui est à terre est un Christ.
01:01:32 Et là, on voit un second Christ.
01:01:35 Celui-là, il m'a beaucoup impressionnée.
01:01:39 Parce que, quand on regarde ce drap, on a l'impression de voir deux yeux.
01:01:49 [Bruits de la photo]
01:01:55 Il n'y a pas une goutte de sang ici.
01:01:58 Il a un profil qui rappelle celui de Mussolini.
01:02:02 C'est barbare, non ?
01:02:06 La mafia a toujours tué par intérêt.
01:02:13 Pour défendre ses intérêts.
01:02:17 Pour défendre son argent.
01:02:19 Pour en amasser beaucoup.
01:02:21 La mafia a tué parce qu'elle aime le pouvoir.
01:02:24 En Sicile, il y a un dicton qui dit
01:02:30 "Commander, c'est mieux que baiser.
01:02:34 Commander, c'est mieux que faire l'amour."
01:02:37 Les mafiosi ont ce goût de l'emprise.
01:02:42 L'emprise sur les autres.
01:02:46 La mafia, elle tue qui ?
01:02:48 Elle tue ceux qui se mettent en travers de son chemin.
01:02:51 Aujourd'hui, la situation a changé.
01:02:55 Parce que la mafia s'est modernisée.
01:02:58 Elle essaye de ne pas tuer.
01:03:00 Et de mener ses affaires autrement.
01:03:03 Mais, pendant des années, j'ai photographié du sang.
01:03:09 Du sang, et encore du sang.
01:03:12 De la souffrance.
01:03:14 Et encore de la souffrance.
01:03:16 L'assassinat du président Mattarella ne rassasit pas Rihna.
01:03:23 Cinq mois plus tard, en pleine fête du crucifix, à Montreal, sur les hauteurs de Palerme.
01:03:29 Il fait abattre le capitaine des carabiniers, Basile, au milieu de la foule.
01:03:33 Sa fille dans ses bras.
01:03:35 Basile avait repris l'enquête du colonel Russo sur les corps léonés.
01:03:40 Il devait donc mourir.
01:03:43 Rihna est presque obligée de se battre contre la violence sanguinaire.
01:03:50 Parce qu'il comprend que la escalade au vertige de la Cosa Nostra ne peut pas être faite.
01:03:56 Il ne peut la fonder que sur la violence.
01:04:00 Sur la peur.
01:04:02 Il espère, selon moi, dans la première phase, éviter la guerre de la mafia.
01:04:09 Il espère que les homicides de 1979 et 1980
01:04:13 révélent autant sa force, sa violence,
01:04:19 que lui pense que les familles mafioses palermétriciennes
01:04:24 vont prendre des meilleurs conseils.
01:04:28 La guerre de la mafia se déroule,
01:04:31 et Rihna devrait éviter cela.
01:04:36 Parce que Stéphane Bontade, en particulier,
01:04:39 ne dit pas "C'est bon, c'est bon".
01:04:43 "C'est fini."
01:04:45 "C'est fini."
01:04:48 La guerre de la mafia, on va l'appeler comme ça.
01:05:12 Commence en avril 1981 avec l'assassinat de Stéphane Bontade.
01:05:17 Elle éclate parce qu'on apprend que
01:05:22 Stéphane Bontade, Tano Badalamenti, Totuccio Inzerillo
01:05:29 et d'autres chefs de la mafia veulent se débarrasser de Totorino.
01:05:34 Ils veulent le tuer.
01:05:36 Et ça arrive aux oreilles de Totorino.
01:05:40 Stéphane Bontade était un homme d'honneur.
01:05:43 Il voulait faire les choses en suivant les règles de Cosa Nostra.
01:05:47 C'est-à-dire qu'il voulait tuer Totorino pendant une réunion
01:05:51 devant tout le conseil de Sicile.
01:05:53 Pendant cette réunion, Stéphane Bontade avait prévu de se lever
01:05:58 et de tuer Totorino devant tous les membres du conseil.
01:06:02 Mais Totorino, le perfide,
01:06:07 avait été alerté par son espion, Pulara,
01:06:13 une vermine infiltrée chez nous.
01:06:16 Alors il a décidé de ne pas se rendre à la réunion du conseil.
01:06:21 Stéphane Bontade l'avait sous-estimé.
01:06:25 Et Totorino, ce serpent, ce chacal, a tué Stéphane Bontade.
01:06:35 C'est tout.
01:06:37 Stéphane Bontade était un stratège.
01:06:41 Il fallait l'abattre en premier.
01:06:44 Parce que si on avait commencé par un autre,
01:06:47 Bontade, on n'aurait plus jamais réussi à le coincer.
01:06:50 Il nous aurait fait la guerre pour de bon.
01:06:52 C'est pour ça qu'on l'a pris pour cible directe.
01:06:55 Et une fois que Bontade a été éliminé,
01:06:57 ses troupes ont fondu comme neige au soleil.
01:07:00 [Musique]
01:07:26 Tout de suite après l'assassinat de Stéphane Bontade,
01:07:30 on s'est organisé pour tuer Totuccio Inzerillo.
01:07:34 Parce qu'il était très lié à Stéphane Bontade.
01:07:38 De plus, il faisait partie du complot contre Rina.
01:07:45 Parce que les rendez-vous qui avaient été fixés pour tuer Totorino,
01:07:49 c'est Totuccio Inzerillo qui nous les avait donnés.
01:07:55 Nous, on était informés par des hommes d'Inzerillo.
01:07:57 Parce que même au sein de la famille de Totuccio Inzerillo,
01:08:01 Rina avait ses infiltrés.
01:08:04 Un jour, ils nous ont prévenu qu'Inzerillo devait se rendre chez sa maîtresse.
01:08:10 On a préparé un fourgon qu'on a garé au pied de l'immeuble de cette femme.
01:08:16 Quand il est arrivé, on lui a tiré dessus.
01:08:24 C'est comme ça que Totuccio Inzerillo a été tué.
01:08:27 Bien entendu, sa famille savait que c'était les hommes de Rina qui l'avaient tué.
01:08:33 Et le fils d'Inzerillo, sous le coup de la colère,
01:08:43 avait fait savoir qu'il se vengerait de Totorino, l'assassin de son père.
01:08:48 Le fils d'Inzerillo a été enlevé par les Corleonais
01:08:51 et emmené dans une porcherie du quartier de Santa Maria di Gesù.
01:08:55 Je les ai vus de mes yeux,
01:08:59 ces porcs qu'on privait de nourriture pendant de longues périodes.
01:09:03 Ils ont couché le fils d'Inzerillo dans un lit de bois.
01:09:10 Il a été tué.
01:09:16 Ils ont coupé le bras du fils de Totuccio Inzerillo à vif en lui disant
01:09:21 « C'est avec ce bras que tu voulais tuer Totorino »
01:09:26 et ils ont jeté son bras au porc qu'ils l'ont mangé devant lui.
01:09:31 Ensuite, ils ont jeté le fils d'Inzerillo dans l'enclos
01:09:38 et les porcs l'ont dévoré.
01:09:44 Après ces deux événements, c'est le début de la guerre
01:09:49 ou plutôt de la chasse à l'homme.
01:09:52 Chaque jour, trois, quatre, cinq personnes sont tuées à Palerme et dans la région.
01:10:04 Ils font tous partie du même camp, le camp adverse, qu'on appelait « Les Perdants ».
01:10:13 À l'époque, c'était comme une chasse au trésor.
01:10:16 Le premier arrivé tirait.
01:10:19 On avait chez nos adversaires des infiltrés, des traîtres,
01:10:24 qui nous balançaient ceux qu'on devait tuer.
01:10:27 Je me souviens...
01:10:29 Vous avez vu le parrain ?
01:10:33 La scène où on les voit tous ensemble,
01:10:37 où il y a un gros qui prépare des pâtes à la sauce tomate et à la saucisse.
01:10:42 Chez nous, c'est pareil.
01:10:43 Dans notre repère, il y avait un homme qui cuisinait,
01:10:48 un autre qui mettait le couvert et un troisième qui faisait les courses.
01:10:52 Et nous, on était prêts à bondir dans une voiture pour aller tuer ceux qu'on nous avait balancés.
01:10:57 Pour moi, à l'époque, c'était comme une promenade de santé.
01:11:03 J'étais content.
01:11:05 Parce que ça me donnait de l'importance dans l'organisation.
01:11:11 Quand on venait me chercher, ça me faisait plaisir.
01:11:14 Ça voulait dire que j'étais bon, que je faisais bien mon boulot.
01:11:20 Il y a eu beaucoup de morts, énormément.
01:11:25 On ne comptait plus les cadavres à Palerme à cette époque-là.
01:11:30 150 en 1981 et encore 150 en 1982, sans compter les morts des autres provinces.
01:11:38 Parce qu'il y avait des hommes d'honneur à abattre là-bas aussi.
01:11:42 Ça a été un vrai carnage.
01:11:46 Mais seulement d'un côté, pas de l'autre.
01:11:51 Ils faisaient tous partie du camp adverse.
01:11:54 Il y avait des morts partout, sur les trottoirs, dans les voitures.
01:12:01 C'était la partie visible du carnage.
01:12:05 Nous découvririons l'autre plus tard. Elle portait un nom, la Lopara Bianca.
01:12:09 Des assassinats sans cadavre qui laissaient derrière eux des veuves blanches.
01:12:13 Les victimes étaient des ennemis de Reina, que ces tueurs faisaient disparaître dans ce qu'ils appelaient les chambres de la mort.
01:12:20 L'idée d'enlever une personne, de l'étrangler et de faire disparaître son corps,
01:12:30 bien évidemment c'est Reina qui l'a eue.
01:12:34 Il y avait des chambres de la mort partout à Palermo.
01:12:36 Dans chaque famille de la mafia, il y avait un endroit où le traître emmenait la personne qui devait être éliminée,
01:12:45 que ce soit un mafioso ou pas.
01:12:47 Il y avait un siège comme celui des dentistes, un fauteuil pivotant.
01:12:54 À côté, il y avait une baignoire.
01:13:02 Et sur les murs, des cornes suspendues à des crochets.
01:13:06 Les victimes étaient interrogées, étranglées, puis placées dans la baignoire pleine d'acide.
01:13:16 Les corps étaient dissous et comme la mer se trouvait à 30 ou 40 mètres, tout était évacué par les canalisations.
01:13:28 Étrangler quelqu'un, vous savez...
01:13:30 C'est difficile si on est tout seul.
01:13:36 Mais si on est trois ou quatre, on l'attache à une chaise, on l'étrangle, et dès qu'il s'est chié dessus, c'est qu'il est mort.
01:13:46 Le 30 novembre 1982, la guerre de la mafia prend fin avec l'exécution de Saro Ricobono.
01:13:57 Toto Scalione et plusieurs hommes d'honneur qui étaient liés à ces deux familles.
01:14:01 Pour éliminer mon chef, Rina a utilisé un vieux stratagème dont il s'était déjà servi.
01:14:10 Il l'a invité à déjeuner, ils ont mangé tranquillement, et ils ont discuté comme si de rien n'était.
01:14:22 Mais dans l'après-midi, pendant que Ricobono faisait la sieste après ce bon repas, Salvatore Rina a bondi sur lui comme un fauve.
01:14:33 Une fois sur lui, il lui a passé une corde autour du cou, et avec l'aide de deux de ses acolytes, il l'a étranglé, lui et ses trois gardes du corps.
01:14:49 Et ensuite, ils ont dissous leur cadavre dans de l'acide.
01:14:52 C'est à partir de ce moment-là que Rina devient un véritable dictateur.
01:14:58 Après le 30 novembre 1982, plus personne n'ose le contredire ou s'opposer à lui.
01:15:05 Une fois couronné, ce qui change dans sa vie, c'est les responsabilités.
01:15:08 Il a atteint son objectif, et il est devenu le parrain des parrains.
01:15:12 Il lésait qu'un jour, il entrerait dans l'histoire.
01:15:16 Il a été un grand héros, et il a été un grand héros.
01:15:21 Il a été un grand héros, et il a été un grand héros.
01:15:25 Il a été un grand héros, et il a été un grand héros.
01:15:30 Il lésait qu'un jour, il entrerait dans l'histoire.
01:15:33 Et il a réussi. Pour le meilleur ou pour le pire.
01:15:39 Plus pour le pire que pour le meilleur. Mais c'est vrai, il a marqué l'histoire.
01:15:44 Et il s'en vantait.
01:15:46 Dans sa vie de tous les jours, et au niveau social, rien n'a changé.
01:15:51 Il lui arrivait d'être invité par un autre homme d'honneur, mais à part ça,
01:15:57 pas de théâtre, pas de cinéma, pas de balade, pas de glace,
01:16:00 pas de promenade au bord de mer.
01:16:03 Tout ça, il l'avait exclu de sa vie.
01:16:06 C'était fini.
01:16:08 Voilà pour ce qui est de sa vie sociale et personnelle.
01:16:11 Mais à l'intérieur de Cosa Nostra,
01:16:14 il menait une vie à 200 à l'heure.
01:16:17 Il pouvait partir le matin, et ne rentrer que le soir.
01:16:20 Il devait s'occuper des demandes qui lui arrivaient de toute la Sicile.
01:16:25 S'il y avait un conflit entre deux membres de Cosa Nostra,
01:16:28 ça se réglait par un meurtre.
01:16:30 Il s'occupait des intérêts financiers liés au trafic de drogue,
01:16:33 des marchés publics.
01:16:35 Il calmait les frictions entre les hommes d'honneur,
01:16:38 ou encore pistonnait certaines personnes.
01:16:40 En fait, ça pouvait aller de la brouille jusqu'à l'attentat.
01:16:44 Pour affirmer sa mainmise sur la Sicile,
01:16:53 Freyna fait abattre le député communiste Pio La Torre,
01:16:56 qui préparait un projet de loi sur la confiscation des biens des mafieux condamnés.
01:17:01 L'État réagit en envoyant à Palerme le général Dallachieza,
01:17:07 avec le titre de préfet,
01:17:09 des moyens inexistants,
01:17:11 et une mission,
01:17:13 juguler la mafia comme il avait jugulé les brigades rouges.
01:17:16 100 jours après son arrivée à Palerme,
01:17:20 il est assassiné sur ordre de Rina,
01:17:22 avec son épouse et son garde du corps.
01:17:25 Le message de Rina est clair.
01:17:29 Ici, c'est nous qui commandons.
01:17:32 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:17:35 [Musique]