Mafia Connection Vincent Gigante
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00:00 Quand les forces de l'ordre américaine réussissent le coup de filet du siècle,
00:06 elles mettent la mafia sur les rotules. Mais un gros bonnet leur échappe.
00:12 Vincent Chin Gigante était incontestablement le parrain de la mafia le plus influent et le
00:22 plus riche de la fin du 20e siècle. C'était le capo dit tutti capi, celui à qui tout le monde
00:30 devait rendre des comptes. Pendant une vingtaine d'années, Gigante a joué la comédie la plus
00:38 mémorable de l'histoire de la mafia. Feignant la folie, il est tranquillement devenu l'un des
00:44 parrains les plus puissants de la mafia. Vincent Gigante était surnommé par la presse "The hot
00:52 father", le drôle de parrain. Il se faisait passer pour un vieux gâteau aux yeux du monde,
00:58 alors que c'était un redoutable caïd. Quand le FBI réalise son erreur, le bureau met toutes ses
01:06 ressources en oeuvre pour le faire tomber. Mais le maître du subterfuge va-t-il encore une fois
01:11 Il faut passer entre les mailles du filet.
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01:48 Au milieu des années 1980, 5 familles de la mafia règnent sur la ville de New York.
01:53 Elles contrôlent toutes les entreprises de bâtiments et de transports, ainsi que tous les syndicats ouvriers.
01:59 Par la violence et leur aquête, elles régentent l'économie de la ville.
02:03 Depuis des années, les forces de l'ordre tentent en vain de les abattre.
02:12 Et la justice américaine met en place une opération destinée à les anéantir.
02:16 Le plan est audacieux, mais simple.
02:21 Décapiter la mafia new-yorkaise en s'attaquant directement aux hommes qui contrôlent la ville.
02:26 Des hommes tels que Carmine Epersico, le chef de la famille Colombo.
02:36 Paul Castellano, qui était la tête de la famille Gambino.
02:42 Antonio Dux Corallo, le parrain des Louquaises.
02:45 Et Fat Tony Salerno, qui dirige la puissante famille Genovese.
02:52 Ces parrains forment le gouvernement de la mafia américaine.
02:57 Appelé la commission.
03:01 C'est au procureur Rudolph Giuliani qu'incombe la tâche de faire tomber ces caïds.
03:09 Ce même Giuliani qui un jour va devenir le maire de la ville de New York.
03:12 Le procureur estime qu'en mettant ces hommes à l'ombre, il aura définitivement nettoyé la ville de New York de la mafia.
03:20 Giuliani a inculpé les chefs des cinq familles de la mafia new-yorkaise.
03:27 C'était du jamais vu.
03:30 Le bureau du procureur fait arrêter les cinq parrains.
03:34 C'est l'action la plus audacieuse jamais entreprise contre la mafia américaine.
03:37 C'était la toute première fois que les autorités américaines reconnaissaient ouvertement l'existence du crime organisé à New York.
03:45 Et nommaient les parrains des cinq familles.
03:49 Ces inculpations ont fait beaucoup de bruit et ont été largement commentées par la presse.
03:54 Durant les préparatifs, les parrains ont été interrogés par les autorités américaines.
04:02 Durant les préparatifs de la comparution des cinq caïds devant le tribunal, les forces de l'ordre sont conscientes des enjeux.
04:07 Jusque là, pratiquement aucun parrain de la mafia n'avait jamais été inculpé.
04:19 Les chefs n'apparaissaient pas sur le devant de la scène.
04:22 Ce n'était pas eux qui appuyaient sur la gâchette, poignardaient qui que ce soit ou passaient quelqu'un à tabac.
04:27 Giuliani doit être sûr d'obtenir des condamnations.
04:35 Il dispose d'une arme très puissante, la loi sur les organisations mafieuses et la corruption,
04:41 Racketeer Influence Corrupt Organizations, votée en 1970 et appelée loi Rico.
04:47 Cette procédure a été conçue pour attraper les gros poissons qui avaient jusque là réussi à passer entre les mailles du filet.
04:55 La loi Rico permet d'inculper et de condamner à une peine allant de 30 à 50 ans de prison tout membre ou chef d'une association de malfaiteurs.
05:05 La loi Rico évite aux autorités d'avoir à prouver que ces parrains sont personnellement coupables d'un crime donné.
05:13 Il leur suffit de prouver qu'ils sont à la tête d'une organisation criminelle pour les inculper d'associations de malfaiteurs.
05:22 Les années de surveillance effectuées par le FBI et divers témoignages permettent au bureau du procureur de constituer un solide dossier contre les caïds.
05:31 Cette stratégie finit par porter ses fruits.
05:34 Le 19 novembre 1986, un jury déclare les parrains coupables d'associations de malfaiteurs.
05:47 C'est un grand jour pour les forces de l'ordre mais sans doute le pire de tous pour la mafia.
05:52 C'est une victoire éclatante pour les autorités américaines. Chaque parrain est condamné à une peine de prison de 100 ans.
05:59 Ça a démontré l'efficacité de la loi Rico.
06:04 C'était un très gros coup. Ils allaient passer leur vie derrière les barreaux et les autorités avaient fait table rase.
06:13 D'un seul geste, les autorités américaines ont décapité la mafia new-yorkaise.
06:18 C'est du moins ce qu'elles croient.
06:26 Les hommes des brigades anti-mafia du FBI fêtent leur victoire.
06:31 Ces cinq brigades ont été en première ligne dans la guerre contre le crime organisé.
06:37 L'agent John Pritchard a joué un rôle clé dans cette opération.
06:40 Chaque brigade s'occupait d'une famille en particulier.
06:46 J'étais chargé de superviser l'enquête sur la famille Genovese.
06:51 Fat Tony Salerno, le parrain de la famille Genovese, est l'accusé vedette du procès de l'ordre.
07:03 En dépit du succès remporté par la brigade Genovese, John Pritchard n'a pas le cœur à la fête.
07:08 Un détail le préoccupe dans l'issue du procès de la commission.
07:12 Depuis longtemps, il doute de la capacité de Salerno à diriger la famille Genovese.
07:17 Fat Tony Salerno est un des principaux responsables de la famille Genovese.
07:23 Il est le seul à avoir été en contact avec la famille Genovese.
07:28 Fat Tony Salerno était considéré comme le chef de la famille Genovese.
07:35 Mais n'oublions pas que c'était juste une théorie à l'époque.
07:41 Aux yeux de Pritchard, le rondouillard Salerno n'a pas les attributs d'un parrain de la mafia.
07:47 Il pense que la brigade Genovese s'est peut-être trompée de cible.
07:56 Un soupçon inquiétant.
07:58 Si John Pritchard a raison, le véritable parrain de la famille Genovese est toujours en liberté.
08:04 Tandis que les forces de l'ordre savourent leur victoire,
08:08 ils reçoivent des informations qui ne font qu'étayer ces soupçons.
08:12 Fat Tony Salerno n'est pas la bonne cible.
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08:32 Vincent Caffaro, le bras droit supposé de Tony Salerno, a été inculpé de raquette.
08:37 Voulant passer un accord avec le procureur, le gangster décide de faire des révélations étonnantes.
08:48 Il déclare aux hommes qui l'interrogent que Fat Tony Salerno n'a jamais été le chef de la famille Genovese.
08:53 Selon lui, Salerno n'a jamais été autre chose qu'un homme de paille.
09:03 C'était une ruse pour nous égarer dans nos recherches sur l'identité du véritable chef de la famille.
09:16 Qui est au juste le véritable parrain ?
09:18 La révélation que leur fait Caffaro laisse les enquêteurs sans voix.
09:31 C'est un homme qu'ils n'auraient jamais soupçonné.
09:39 Il leur a dit que le véritable chef de la famille, et ce depuis des années, était Vincent Gigante.
09:46 Mais depuis des années, le FBI considère Vincent Gigante comme un pauvre fou.
09:50 Il déambulait dans les rues en pyjama et se comportait de façon bizarre, incohérente.
09:59 Il se mettait par exemple à discuter avec les parcmètres, ou à uriner en public.
10:11 Qui aurait pu imaginer que cet individu dirigeait la plus puissante organisation criminelle des Etats-Unis ?
10:17 L'agent Pritchard se demande si Gigante a vraiment pu duper tout le FBI.
10:28 Si c'est le cas, l'énorme succès remporté par sa brigade avec la condamnation de Tony Salerno pourrait devenir sa pire humiliation.
10:38 Et s'il en est ainsi, Gigante est désormais le parrain le plus puissant des Etats-Unis.
10:42 Ce pauvre fou aurait-il vraiment pu l'héberner ?
10:46 Une chose est sûre pour John Pritchard.
10:49 S'il veut inverser la vapeur, une tâche colossale l'attend.
10:53 Il va devoir convaincre la ville de New York que le doux dingue est en fait un redoutable caïd de la mafia.
11:05 J'avais toujours pensé que Gigante avait beaucoup plus de pouvoir qu'on ne lui en accordait.
11:10 Un homme de main de la mafia affirme que ce détraqué pourrait avoir conçu la pire arnaque de l'histoire du crime organisé.
11:24 Et John Pritchard comprend que pour le faire tomber, sa brigade va devoir passer par un autre chemin.
11:34 Sa brigade va devoir passer au crible tous les documents et informations que le FBI a accumulés sur Gigante.
11:39 Ces dossiers chronologiques devaient nous permettre de nous faire une idée sur les types en question.
11:48 John Pritchard découvre que l'homme a pour la première fois attiré l'attention du FBI en 1957.
12:04 Âgé d'à peine 20 ans, il est chargé de tuer un par un concurrent, Frank Costello, chef de la famille Luquez.
12:11 Mais Gigante rate son coup.
12:17 On pourrait croire qu'une boulette aussi énorme aurait foutu sa carrière en l'air.
12:23 Mais ça n'a apparemment pas eu de conséquences dans son cas.
12:28 Gigante grimpe rapidement les échelons de la nouvelle famille genovaise.
12:32 Et au début des années 60, il accède au rang de capo.
12:36 Cette position de cadre au sein de la famille le place à la tête de sa propre équipe.
12:42 Au milieu des années 60, alors que Gigante postule à un rang plus élevé, il disparaît mystérieusement des écrans.
12:52 Il n'avait plus vraiment de dossier sur Gigante à partir de 66.
12:55 Ce qui est insensé quand on pense qu'à l'époque, il était déjà assez connu.
12:59 Pour une raison quelconque, le FBI porte son attention sur Fat Tony Salerno.
13:04 Un événement conséquent a dû se produire, mais lequel ?
13:08 Le jour où le jour de la mort de Fat Tony Salerno est découvert,
13:18 il est en train de se faire un petit déjeuner.
13:20 Il est en train de se faire un petit déjeuner.
13:23 Il est en train de se faire un petit déjeuner.
13:26 Il est en train de se faire un petit déjeuner.
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13:41 Il est en train de se faire un petit déjeuner.
13:44 Il est en train de se faire un petit déjeuner.
13:47 Chatouiller signifie provoquer la mafia.
13:49 Et écouter ensuite les conversations qui pourraient les incriminer.
13:52 Vincent Gigante est l'un des mafieux visés.
13:56 Il décide de le citer à comparaitre pour voir comment vont réagir les membres du clan Genovese.
14:03 Mais quand les agents du FBI arrivent chez Gigante, l'enquête tourne court.
14:14 Ils sont entrés dans l'appartement, ils l'ont traversé pour aller jusqu'à la salle de bain où ils avaient entendu la douche couler.
14:20 Et quand ils ont ouvert la porte, ils ont trouvé Gigante.
14:25 Nu, sous la douche, avec un parapluie ouvert.
14:32 Cette histoire a fait le tour du bureau de New York pendant un moment.
14:42 C'était très drôle.
14:44 Richard comprend pourquoi Gigante a cessé d'être dans le collimateur du FBI.
14:51 En gros, le FBI le considérait comme un type loufoque qui n'avait pas vraiment d'importance.
15:01 Après l'histoire de la douche, le FBI cesse de s'intéresser à Gigante.
15:10 Le parrain de la famille Genovese a-t-il pu jouer la comédie ?
15:14 John Pritchard craint que Gigante ait réussi à rouler le FBI dans la farine depuis des années.
15:18 L'agent spécial s'intéresse alors au rapport de surveillance du FBI sur le quartier général des Genoveses, le Triangle Social Club dans le sud de Manhattan.
15:28 Les hommes de la famille Genovese se réunissaient là pratiquement tous les jours pour jouer aux cartes et passer un moment ensemble.
15:39 Ils ont d'abord cherché à identifier les membres de la famille Genovese, à mettre un nom sur leur visage.
15:46 Au fil du temps, le FBI a recours à différentes méthodes pour exercer une pression sur les hommes du clan Genovese et briser leur anonymat.
15:56 Des agents spéciaux patrouillent ouvertement devant le Triangle Club, notant les numéros d'immatriculation de toutes les voitures.
16:04 Au vu et au su des mafieux, ils exercent une surveillance constante sur le bar.
16:08 Ils plaçaient un homme devant le bar qui photographiait ouvertement tous ceux qui entraient et sortaient.
16:14 Ça leur a permis d'établir la hiérarchie du clan.
16:18 En étudiant ces rapports de surveillance, l'agent Pritchard découvre que Vincent Gigante a un emploi du temps très régulier.
16:31 Les équipes de surveillance du FBI voyaient Vincent Gigante traverser tous les jours Sullivan Street pour aller de chez lui au Triangle Club.
16:41 Après son arrivée, ils voyaient défiler tous les capots de la famille qui entraient et ressortaient du bar les uns après les autres.
16:52 Les équipes de surveillance ont beau voir le soi-disant doudingue se promener dans les rues du quartier en compagnie de ces fameux gangsters,
17:01 le FBI n'arrive jamais à enregistrer la moindre de leurs conversations.
17:04 Les types du clan de Genovese étaient très liés les uns aux autres. Ils ne l'ouvraient pas et le FBI n'en a rien tiré.
17:13 Le bureau en conclut que Gigante est inoffensif.
17:20 Une relique d'une autre époque tolérée par les caïds.
17:25 Tout ce qu'il lit suggère à John Pritchard que le FBI a négligé Gigante, le prenant pour un ancien gangster ayant perdu la boule.
17:37 Tout bien considéré, il a l'air sérieusement malade. Il est incapable de traverser la rue tout seul et encore moins de diriger un empire criminel de plusieurs millions de dollars.
17:49 Mais Pritchard ne peut renoncer à son intuition. Et si Gigante était le fameux loup déguisé en brebis ?
17:56 Le simple fait qu'il continue d'évoluer dans ce milieu est suspect.
18:00 C'est incontestable. Quand on est cinglé, vraiment cinglé, on ne fait pas de vieux os dans la mafia. Il n'y a pas d'exception.
18:16 L'agent Pritchard décide de tout reprendre à zéro. Le moment est venu de mettre une nouvelle surveillance en place.
18:22 Depuis des années, Gigante est considéré comme un petit joueur. Pritchard décide de lui accorder désormais toute l'attention qu'il mérite.
18:28 Ils étaient déterminés à faire ce qui aurait dû être fait depuis longtemps, inculper Vincent Gigante et le faire passer devant un jury.
18:36 Cette fois, le FBI fait profil bas.
18:43 Ils surveillent dans la plus grande discrétion le triangle social club 24 heures sur 24.
18:50 John Pritchard ne tarde pas à constater que ses soupçons concernant Gigante sont fondés.
18:55 Une nuit, je faisais partie de l'équipe de surveillance et je l'ai vu avec la vieille robe de chambre dans laquelle il traînait toute la journée.
19:12 Mais tout d'un coup, il a enlevé sa robe de chambre.
19:17 Et en dessous, il portait un superbe costume en peau de requin.
19:25 Ça lui a confirmé qu'il ne se trompait pas de cible.
19:31 C'est ce qui m'a convaincu que tout le reste n'était que du bluff.
19:40 C'est le moment que John Pritchard attendait.
19:42 Maintenant, il peut déclencher une nouvelle enquête sur Gigante.
19:46 Il avait très peur d'aller en justice et de se retrouver en prison.
19:52 Mais une intuition ne suffit pas.
19:58 Pritchard doit prouver que la maladie mentale de Gigante est un subterfuge.
20:02 Il retourne compulser des dossiers.
20:08 Et il finit par tomber sur un rapport datant de 1970 qui lui indique le moment où Gigante a eu l'idée de cette couverture idéale.
20:16 Il avait été accusé de tentative de subornation de l'intégralité des forces de police de la ville du New Jersey dans laquelle il vivait.
20:24 C'était complètement dingue.
20:26 Selon lui, ce n'était rien de plus qu'un geste de bienfaisance.
20:36 Mais le bureau du procureur local décide de le poursuivre.
20:39 Acculé, Vincent Gigante tente le tout pour le tout.
20:44 Il se fait interner dans un hôpital et réussit à convaincre les psychiatres qu'il est schizophrène.
20:54 Son avocat est venu au tribunal et a déclaré "Mon client n'a pas toute sa tête.
20:59 Il est actuellement interné dans un hôpital psychiatrique.
21:02 A la fin des années 60, la notion de délit de folie est encore assez floue.
21:07 Il était malin.
21:12 Il a vu là un moyen d'éviter les poursuites et il a essayé de s'en servir.
21:22 La ruse de Gigante fonctionne.
21:24 Lors de son procès, toutes les charges contre lui sont levées.
21:27 Pendant dix ans, il peaufine son rôle et se construit un personnage de malade mental très convaincant.
21:34 Une tactique qui porte ses fruits.
21:37 Il s'est dit qu'il n'avait pas besoin de faire de la police.
21:42 Il a fait un travail de police.
21:44 Il a fait un travail de police.
21:46 Il a fait un travail de police.
21:48 Il s'est dit que ce n'était pas une mauvaise idée.
21:52 Et il a joué à fond la carte du cinglé.
21:56 Une fois tous les deux mois, il se faisait interner dans une clinique psychiatrique pour faire une évaluation.
22:04 C'est devenu comme des vacances.
22:08 Il allait à l'hôpital psychiatrique Saint-Vincent comme je pourrais aller à Disney World.
22:13 Ses visites régulières mettent Vincent Gigante à l'abri d'éventuelles poursuites.
22:22 Du coup, il pousse le bouchon un peu plus loin.
22:25 En promenant son personnage de détraqué dans les rues de New York, il réussit à passer inaperçu aux yeux du FBI.
22:33 Gigante joue au vieux fou inoffensif au sein d'une famille de tueurs.
22:41 Et pendant une vingtaine d'années, son rôle de doudingue berne le FBI.
22:45 Mais désormais, l'agent Pritchard doit trouver le moyen de montrer le caïd sous son vrai jour.
22:52 Il doit avant tout faire tomber sa couverture de malade mental.
22:57 Et prouver que Vincent Gigante est le véritable parrain de la famille Genovese.
23:02 John Pritchard fait passer son enquête à la vitesse supérieure.
23:06 Il intensifie la surveillance de Gigante et vise aussi ses associés.
23:11 Il lui suffit d'une seule conversation le désignant comme le chef,
23:15 pour qu'il soit immédiatement tenu légalement responsable de tous les crimes commis par son organisation.
23:20 Nous nous en sommes pris à des gens qui pouvaient relier Gigante à une association de malfaiteurs,
23:32 et de fait, à une procédure RICO.
23:34 C'était ce qui nous importait.
23:36 Nous pensions qu'en persévérant dans notre enquête,
23:41 nous allions finir par prouver qu'il était le parrain de la famille Genovese.
23:46 L'équipe du FBI est désormais persuadée que Gigante est sain d'esprit et joue la comédie.
24:01 Mais sans preuves matérielles, il peut les prendre de vitesse.
24:04 C'est alors que Pritchard découvre à quel point son enquête est justifiée.
24:10 En janvier 1986, deux agents de sa brigade, Anthony Vendetti et Kathy Burke, sont en mission.
24:22 Ils surveillent l'un des hommes de Gigante.
24:30 C'était un type appelé Fritzi Genovelli.
24:33 Fritzi était l'un des capots qui rendaient des comptes à Gigante.
24:38 C'était une opération de routine.
24:40 Pas de celle dont on craint qu'elle ne soit dangereuse.
24:44 À la fin de leur service, les deux agents quittent les lieux.
24:50 Mais ils ont été repérés par le capot.
24:55 Et maintenant, ce sont eux qui sont suivis.
24:58 Ils décident de s'arrêter pour prendre un café.
25:02 Vendetti se dirige vers le snack bar, tandis que Burke l'attend dans la voiture.
25:08 C'est alors que Genovelli et ses hommes passent à l'attaque.
25:12 Burke remarque le danger et tente de s'interposer.
25:19 Mais elle n'est pas assez rapide.
25:21 Les gangsters lui tirent dessus.
25:23 Puis sur Vendetti.
25:26 Burke est grièvement blessé.
25:32 Et Anthony Vendetti meurt sur le coup.
25:36 J'étais bouleversé.
25:45 J'avais perdu un ami, un homme qui travaillait dans mon équipe.
25:49 L'enquête de John Pritchard est devenue une affaire personnelle.
25:55 Et il estime qu'il est temps de pénétrer dans la tanière du lion.
25:59 Sachant que Gigante était le parrain du clan,
26:06 cette fusillade lui a donné encore plus d'importance à mes yeux.
26:11 Je suis allé l'interroger en compagnie d'un autre agent au Triangle Club.
26:17 Il donne l'ordre à Gigante de sortir dans la rue.
26:22 Quand Pritchard mentionne la fusillade, Gigante laisse tomber son masque.
26:27 Il a vu que nous étions sérieux et il était très lucide.
26:36 Pendant notre discussion, il n'y avait pas le moindre doute qu'il était aussi sain d'esprit que moi.
26:43 De retour à son bureau, Pritchard rassemble son équipe.
26:56 Depuis la fusillade, il est plus urgent que jamais à la tanière.
27:04 Depuis la fusillade, il est plus urgent que jamais de traîner Gigante devant la justice.
27:08 Non seulement l'homme est sain d'esprit, mais il est aussi très dangereux.
27:13 Les agents du FBI n'ont jusqu'à présent trouvé aucune preuve tangible contre le caïd.
27:19 Pritchard a compris pourquoi en allant au Triangle Club.
27:24 Je suis l'un des très rares agents qui soit entré dans le Triangle Social Club.
27:32 Il y avait une pancarte sur le mur au-dessus du taxophone pour avertir que le club était sur écoute.
27:37 Ne dites rien de compromettant ici. C'était écrit sur le mur.
27:42 Ce n'est donc pas depuis le Triangle Social Club que Gigante dirige ses affaires.
27:48 Le parrain a forcément un autre quartier général.
27:51 Pritchard décide de doubler la surveillance.
27:57 Et celle-ci finit par porter ses fruits.
28:01 Quand le FBI a intensifié la surveillance de Gigante,
28:05 ils ont découvert que contrairement à ce qu'ils croyaient,
28:10 sa vie ne tournait pas uniquement autour de Sullivan Street.
28:14 Tous les soirs, à la même heure, une voiture vient chercher Gigante au pied de l'immeuble de Sullivan Street,
28:24 dans lequel vit sa mère.
28:28 Et il n'y revient que le lendemain matin.
28:31 Où seront-ils ?
28:34 L'équipe de Pritchard concentre ses efforts sur la voiture de Gigante.
28:40 Mais le suivre est plus facile à dire qu'à faire.
28:47 Quelle que soit sa destination, il ne veut manifestement pas être suivi.
28:52 Pendant des heures, il ne peut pas se débrouiller.
28:57 Pendant des semaines, le chauffeur de Gigante fait des tours et des détours dans Manhattan,
29:01 semant toutes les voitures du FBI.
29:03 L'équipe de Pritchard ne renonce pas, et elle finit par découvrir où Gigante se cache.
29:09 Ils ont réussi à le suivre jusqu'à un immeuble de East Side.
29:14 Nous avons compris alors que c'était sa résidence principale.
29:26 L'appartement appartient à la maîtresse de Gigante, Olympia Esposito.
29:30 L'endroit est bien choisi et rend toute surveillance difficile.
29:34 Mais les hommes de Pritchard trouvent un emplacement convenable sur le toit d'une école.
29:44 Un des agents de ma brigade a fait un travail de titan.
29:52 Il passait ses nuits à plat ventre sur le bord du toit, qu'il pleuve ou qu'il vente.
29:56 Il filmait ce qui se passait dans l'appartement de Gigante.
30:04 Pendant quatre mois, l'agent du FBI filme les moindres faits et gestes de Gigante quand il est chez sa maîtresse.
30:16 Pritchard a enfin la preuve visuelle que l'homme n'est pas fou.
30:20 Il le voyait très bien habillé, se comportant d'une façon normale et recevant des gens avec lesquels il s'entretenait.
30:28 C'était là qu'il recevait ses hommes.
30:31 Nous l'avons vu en train de discuter avec eux.
30:34 Nous l'avons filmé en train de compter de l'argent, etc.
30:40 Ce qu'il voyait confirmait tout ce qu'il soupçonnait.
30:43 C'était bien un parrain de la mafia, pas un malade mental.
30:48 Pour pouvoir prouver devant le tribunal que Gigante est le parrain de la famille Genovese, ils doivent enregistrer ces conversations.
30:57 Pour l'instant, le gangster ne se doute pas que le FBI est sur ses talons.
31:03 Pritchard sait maintenant à quel point Gigante est paranoïaque. La moindre erreur de leur part pourrait faire capoter toute l'enquête et anéantir des mois de travail.
31:12 Pour minimiser les risques, l'agent Pritchard fait appel à un spécialiste.
31:20 Le FBI a été un peu le seul à s'en occuper.
31:27 Pritchard fait appel à un spécialiste.
31:29 Le FBI allait enfin pouvoir enregistrer Gigante.
31:35 Ils ont fait venir un expert du FBI équipé d'un appareil qui devait lui permettre de ne percer qu'une partie du mur sans que ça se voit.
31:45 Malheureusement, l'installation du micro ne s'est pas très bien passée.
31:57 Et il a été découvert.
32:00 Il nous arrivait d'essayer des appareils qui étaient des prototypes, parfois ça fonctionnait et parfois non.
32:08 La tentative ratée met Gigante sur ses gardes.
32:15 Il a immédiatement recours à son plan de secours.
32:25 Et se fait interner dans un hôpital psychiatrique.
32:28 Maintenant qu'il a repris sa comédie, le drôle de parrain se croit en sécurité.
32:39 Mais l'enquête de Pritchard va un beau jour revenir hanter le maître du subterfuge.
32:53 Tout ce qu'on accumule au cours des années ne disparaît pas comme ça.
32:57 Ce sont des preuves qui s'empilent.
33:00 Un jour ou l'autre, un procureur ou un agent du FBI finira par pouvoir utiliser ces preuves.
33:08 Deux ans plus tard, le procureur Greg O'Connell reprend l'enquête là où Pritchard l'a arrêtée.
33:19 Il veut prouver que Gigante est parfaitement sain d'esprit et responsable de ses actes.
33:23 O'Connell trouve le moyen de réussir là où l'équipe de Pritchard a échoué.
33:31 Il convainc un membre du clan Genovese de coopérer.
33:35 L'enquête sur Vincent Gigante a ressurgi à partir d'une enquête fédérale sur un trafic de stupéfiants.
33:48 Dans laquelle nous avions placé des micros chez deux gangsters notoires.
33:52 L'enquête du procureur O'Connell révèle un vaste réseau de trafic d'héroïnes et de cocaïne en plein cœur de New York.
34:01 Les preuves sont accablantes.
34:05 Les forces de l'ordre mettent fin au trafic de stupéfiants et arrêtent les responsables.
34:10 Ce sont tous des gros bonnets de la mafia new-yorkaise.
34:17 O'Connell découvre que l'un d'eux pourrait lui donner ce que le FBI a cherché en vain à obtenir pendant des années.
34:22 Un accès direct au cercle des intimes de Gigante.
34:27 Bobby Ferenguer est un membre de la famille Genovese.
34:34 Risquant la prison à vie, il est aussi le candidat idéal pour devenir l'indic du procureur O'Connell.
34:45 Les enquêteurs lui proposent un marché.
34:47 Il a choisi de coopérer.
34:52 Et il nous a ouvert la porte d'un monde dont les ramifications étaient bien plus vastes que notre enquête sur le trafic de stupéfiants.
34:59 Les enquêteurs découvrent que Ferenguer ne s'est pas contenté de participer au trafic de stupéfiants.
35:07 Il était aussi chargé des basses besognes de la famille Genovese, qui l'a aidé à se débarrasser d'éventuels rivaux.
35:15 Il avait des copains qui supprimaient ces petits gangsters de bas étage.
35:19 Ils les assassinaient et ils avaient besoin de se débarrasser des corps.
35:24 Ferenguer savait où se trouvaient les cadavres de plusieurs individus qui avaient été assassinés.
35:31 Et c'est ce qui nous a permis de faire des fouilles, d'exhumer les restes et de vérifier l'identité des victimes.
35:40 Les corps ont tous été ensevelis dans des locaux commerciaux et des entrepôts appartenant à la famille Genovese.
35:45 Et Ferenguer leur révèle que ces bâtiments ont un seul et même propriétaire.
35:51 Une piste qui permet de rouvrir le dossier Gigante.
35:56 C'était un type qui était en relation directe avec Vincent Gigante. C'était de notoriété publique.
36:02 Une révélation qui a permis de faire un tour de la ville.
36:08 Une révélation décisive.
36:11 Accablé par les déclarations de Ferenguer, le dernier suspect choisit lui aussi de coopérer à l'enquête du procureur O'Connell
36:19 et de témoigner que Vincent Gigante est le parrain de la famille Genovese.
36:24 Son nom est Peter Savino.
36:28 Ça a été le moment clé.
36:35 Peter Savino travaillait directement avec Gigante. Il l'avait rencontré des douzaines de fois.
36:40 Savino était un personnage capital pour notre enquête.
36:47 Équipé d'un micro, il a rencontré tout un tas de membres de la mafia de New York pendant un an et demi.
36:59 La procédure RICO permet au procureur O'Connell de se passer de preuve directe pour inculper Gigante.
37:04 Il a juste besoin de pouvoir le relier à une association de malfaiteurs, ce qu'il pense pouvoir faire grâce à Savino.
37:11 Au cours des années 1980, les cinq familles de la mafia s'associent pour décrocher l'un des plus gros contrats d'entretien de la ville de New York.
37:19 Le remplacement des fenêtres dans les maisons de la ville de New York.
37:24 Le remplacement des fenêtres dans le cadre du plan d'aménagement immobilier de la ville rapporte plus de 170 millions de dollars à la mafia.
37:30 Et c'est Peter Savino que Gigante choisit pour représenter les intérêts de la famille Genovese au sein du cartel.
37:37 Peter Savino était l'un des principaux auxiliaires de la mafia.
37:42 C'était un type qui savait comment faire de l'argent.
37:46 Comme il était le représentant de la famille de crime de Genovese, il a été un des principaux auxiliaires de la mafia.
37:53 Comme il était le représentant de la famille Genovese dans l'affaire de l'arnaque des fenêtres, ça nous a permis de relier Gigante à une association de malfaiteurs.
38:02 Savino accepte de témoigner que Gigante est un personnage clé de l'arnaque du remplacement des fenêtres.
38:09 Ce qui prouve incontestablement que l'homme est capable de diriger une escroquerie criminelle de haut vol.
38:16 O'Connell estime que son dossier est assez solide pour faire passer Gigante devant un jury.
38:23 Le 30 mai 1990, les forces de l'ordre passent à l'action.
38:29 Vincent Gigante est arrêté.
38:33 A son arrivée au tribunal, les procureurs savent qu'il va jouer la carte de la folie.
38:38 Mais O'Connell et son équipe ne peuvent pas se permettre de retarder le procès.
38:44 Savino était la pièce maîtresse de l'accusation.
38:50 Mais à l'époque, il était en train de mourir d'un cancer.
38:52 Si Savino meurt avant d'avoir pu témoigner, le dossier contre Gigante s'effondre.
38:58 Gigante a joué sa comédie habituelle.
39:02 Marmonnant dans sa barbe, prenant un air de chien battu, regardant autour de lui sans prêter la moindre attention à ce qui se passait.
39:11 Vincent Gigante tente de convaincre le juge qu'il est schizophrène et n'est pas en état d'être jugé.
39:19 Et ça marche.
39:20 Le dossier de l'accusation est sur le point de s'effondrer.
39:25 Mais le bureau du procureur est prêt. Il a un second témoin, prêt à affirmer que Gigante est saint d'esprit.
39:31 Le procureur sort son atout.
39:36 Un témoin secret de premier ordre, Sammy "The Bull" Gravano.
39:40 En tant que bras droit du chef de la famille Gambino, Gravano a assisté à des rencontres avec Gigante.
39:48 Et en mars 1996, il témoigne qu'en ces occasions, le parrain de la famille Genovese était parfaitement lucide.
39:54 Il a décrit avec beaucoup d'éloquence et d'efficacité le rôle que Gigante tenait au sein de son organisation criminelle.
40:06 Le juge déclare Vincent Gigante apte à être jugé.
40:12 Et le bureau du procureur peut présenter son acte d'accusation.
40:17 Il comprend plus de 250 pièces, dont la plupart des preuves accumulées par John Pritchard pendant son enquête.
40:24 Le fait qu'un agent du FBI se présente à la barre des témoins et décrive dans les moindres détails à quel point la seconde vie de Gigante était normale a été accablant pour la défense.
40:44 C'est maintenant au tour de Peter Savino d'enfoncer un ultime clou dans le cercle de Gigante.
40:49 En phase terminale d'un concert, il est dans la capacité de se présenter au tribunal.
40:53 Bénéficiant du programme de protection des témoins, Savino témoigne par visioconférence depuis un lieu tenu secret.
41:00 C'est un coup fatal pour les avocats de Gigante.
41:04 Pour un avocat de la défense, le pire témoin, celui dont la crédibilité est impossible à démonter,
41:13 c'est un cancéreux en phase terminale qui témoigne depuis son lit de mort.
41:18 Malgré ses souffrances, Savino tient bon et va jusqu'au bout du contre-interrogatoire.
41:24 Le 25 juillet 1997, Vincent Gigante est reconnu coupable de 8 chefs d'accusation pour raquettes et association de malfaiteurs.
41:33 Il est établi qu'il est le parrain de la famille Genovese.
41:38 Sans Peter Savino, Gigante aurait pu mourir tranquillement dans son lit. Son témoignage a été accablant.
41:44 Gigante est condamné à 15 ans de prison.
41:54 Une fois derrière les barreaux, sa santé commence à décliner, pour de vrai cette fois.
41:59 Face à son destin, il finit par laisser tomber sa garde.
42:03 Il a arrêté son manège.
42:07 Il bavardait avec les infirmières, se comportait normalement et souhaitait profiter des jours qui lui restaient.
42:14 Quand ça s'est su, quand nous avons appris qu'il avait arrêté de jouer la comédie,
42:19 le bureau du procureur a décidé de l'inculper de nouveau pour obstruction à la justice.
42:25 Le 19 décembre 2005, Vincent Gigante décède à l'âge de 77 ans.
42:32 Pendant plus d'une vingtaine d'années, il a réussi à éviter la prison en jouant au chat et à la souris avec les forces de l'ordre.
42:38 Ce qui lui a permis de garder un pouvoir absolu sur la mafia new-yorkaise et de diriger en toute impunité son empire criminel.
42:46 Indéniablement, le parrain le plus respecté, redouté, rusé et tyrannique de la mafia a été Vincent Chin Gigante.
42:58 La comédie très bien élaborée de Gigante n'a pu durer jusqu'au bout.
43:02 Et grâce à l'obstination d'enquêteurs tels que John Pritchard, le drôle de parrain de la mafia a finalement été jeté en prison.
43:08 Nous avons bénéficié de la vingtaine d'années de travail du FBI.
43:14 Et c'est ce qui nous a permis de le détrôner.
43:24 Les gens avaient terriblement peur de lui, car à la moindre erreur, il les faisait éliminer.
43:31 Je suis particulièrement satisfait que nous ayons réussi à faire tomber Gigante.
43:41 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
43:45 "Musique de générique de fin"
44:13 "Musique de générique de fin"