Les Stars de la Mafia Joe Colombo DOC FRENCH
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00:32 Joe Colombo était un homme qui aimait faire les choses
00:35 à sa manière.
00:36 Il était le seul mafieux à avoir osé protester contre le FBI.
00:41 - On n'entre pas en guerre contre le gouvernement américain.
00:44 Personne n'a intérêt à faire ça.
00:45 C'est le pot de terre contre le pot de fer.
00:49 - Joe Colombo l'a fait.
00:51 Son arme de prédilection, les manifestations.
00:55 - Il existe une conspiration dans ce pays contre tout Américain
00:57 d'origine italienne.
00:59 Je le dis et je continuerai à le dire tant qu'ils n'auront
01:01 pas compris.
01:04 - Mais en s'engageant dans cette voie, il est passé du crime
01:07 à la politique.
01:09 De l'ombre à la lumière.
01:12 Il a donc violé l'un des commandements de la mafia.
01:16 - Il a choisi de rompre le silence.
01:19 Il était celui qui a préféré se montrer devant les objectifs
01:23 plutôt que de rester dans l'ombre.
01:27 - Il se jette dans un tourbillon médiatique qui le rend célèbre.
01:30 Elle éloigne du mode de vie que tout mafieux se doit de suivre.
01:35 - La vieille garde était furieuse.
01:37 C'était intolérable.
01:38 Ils lui ont dit, si tu continues comme ça, tu vas en payer
01:41 le prix.
01:46 - Au coeur de Manhattan, face à des milliers de témoins,
01:50 Joe Colombo va rendre des comptes.
01:55 Brooklyn est un quartier de New York séparé de Manhattan
02:07 par l'East River.
02:12 En 1962, la mafia y règne en maître.
02:17 C'est le territoire de chasse de Joseph Colombo,
02:20 un mafieux de 40 ans qui connaît ces rues comme sa poche.
02:25 Il est capo, c'est-à-dire à la moitié de l'échelle hiérarchique
02:31 du crime organisé new-yorkais.
02:36 Sa famille est l'une des cinq qui domine la mégalopole.
02:41 Mais c'est en 1964 que sa carrière va prendre un tournant capital.
02:46 Il est convoqué par son parrain pour une entrevue
03:00 de grande importance.
03:05 Joe Magliocco a une mission pour lui, un assassinat
03:09 particulièrement périlleux.
03:14 Joe Colombo est déjà un expert en la matière.
03:20 Il a déjà tué de ses mains pas moins de 11 personnes.
03:27 L'effacement comptait parmi les prérogatives d'un capo.
03:33 - On ne devient pas capo sans avoir du sang sur les mains.
03:36 Si on vous dit de tuer quelqu'un, vous devez le faire.
03:39 La seule façon d'y échapper, c'est les pieds devant.
03:44 - On ne vous considérera jamais comme capo
03:45 tant que vous n'avez pas tué.
03:47 Sur ordre du parrain.
03:52 - Jusqu'à ce jour, Joe Colombo n'était qu'un capo
03:54 comme les autres, sans grande perspective.
03:59 - Des comme lui, il y en avait beaucoup.
04:04 Il n'avait jamais rien fait de particulièrement remarqué
04:06 jusque-là.
04:11 - Mais le vent va tourner.
04:18 La cible n'est autre que Carlo Gambino.
04:23 Le plus grand parrain de New York a gravi tous les échelons
04:28 pour arriver à ce titre.
04:32 - Gambino était considéré comme le parrain le plus puissant
04:35 de la ville.
04:40 - Il était également le personnage le plus craint.
04:45 Il a réussi à imposer sa famille malgré la concurrence
04:48 de terribles clans.
04:53 - Il avait réussi à supplanter trois des cinq grandes familles
04:55 new-yorkaises.
04:57 C'est dire son efficacité.
04:59 Il avait à sa disposition les meilleurs tueurs à gage.
05:04 Et c'est là que Joe Colombo s'était signé son arrêt de mort.
05:09 - Alors, plutôt que d'exécuter le contrat, Joe Colombo décide
05:15 d'alerter sa cible.
05:20 Il vient d'enfreindre l'une des lois les plus importantes
05:26 de la mafia.
05:31 Tous les mafieux doivent se soumettre à ce qu'ils appellent
05:36 les dix commandements.
05:41 L'un d'eux indique que votre famille passe toujours
05:43 en premier.
05:48 - Vous jurez allégeance à votre famille et uniquement à elle.
05:53 Rien ne doit passer avant elle.
05:55 Jamais.
05:57 - Le droit de la mort ne peut être que secondaire.
06:02 - Colombo outrepasse clairement cette loi.
06:10 Il va voir l'homme qu'il est censé tuer, Carlo Gambino.
06:15 La manœuvre porte ses fruits.
06:26 Il est reconnaissant.
06:28 Il ordonne que Joe Magliocco, celui qui a ordonné le contrat,
06:31 se retire.
06:34 Puis il nomme à sa place Joe Colombo pour le récompenser.
06:39 Le nom de la famille est changé en son honneur.
06:47 Les Profacci deviennent les Colombo en 1964.
06:53 - Pour progresser, il faut savoir tenter des coups audacieux.
06:58 Celui-ci était vraiment, mais ça a fonctionné.
07:05 - Colombo entre dans l'histoire de la mafia.
07:08 Il est le parrain le plus jeune de sa génération.
07:19 Grâce à son nouveau statut, il commence à engranger de nets bénéfices.
07:24 Il peut se contenter du fruit des activités criminelles de sa famille
07:28 pour vivre.
07:33 - Quand vous êtes le parrain, vous dirigez toute la famille.
07:38 Vous avez sous vos ordres plusieurs capis devant vous remettre
07:41 régulièrement un pourcentage sur l'ensemble des activités
07:45 qu'il mène sur le territoire qu'il contrôle.
07:50 - Joe Colombo prend sa part sur des opérations très fructueuses.
07:53 L'argent coule à flot.
07:56 - Quel que soit le domaine pouvant rapporter de l'argent,
07:59 la mafia n'était jamais loin.
08:02 Ils savent comment se faire une fortune à partir de rien.
08:07 - Il y avait le jeu clandestin.
08:12 Il fallait parfois truquer pour rapporter un peu plus.
08:17 - Le jeu clandestin se présentait souvent sous forme de table de poker
08:20 installée dans un véhicule pouvant être déplacée
08:23 n'importe où dans New York.
08:26 On y installait même des serveuses.
08:29 D'ailleurs, c'est un procédé qui existe toujours.
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08:35 Mais le jeu n'est pas le seul domaine auquel Colombo
08:39 et ses hommes s'intéressent.
08:42 Le boulot est une autre activité fructueuse.
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08:48 Le prêt usurère se fait à des taux d'intérêt faramineux.
08:51 Il se rembourse par le VIG, une somme fixe versée chaque semaine.
08:54 - Beaucoup de gens avaient besoin d'emprunter de l'argent,
08:57 mais les banques ne leur accordaient pas de prêt
09:00 parce qu'elles n'avaient aucune garantie financière.
09:03 La mafia, elle, le faisait.
09:06 Les intérêts étaient élevés, autour de 25 ou 26 %,
09:09 et si vous manquiez un remboursement,
09:12 le VIG était doublé.
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09:19 - En cas de récidive d'incident de paiement,
09:22 c'est le passage à tabac ou pire.
09:25 (tirs)
09:28 Les prêts usurères opérés par la mafia
09:31 pouvaient rapporter des centaines de milliers de dollars
09:34 par semaine.
09:37 C'était un moyen rapide et facile de se faire de l'argent.
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09:43 (coup de feu)
09:46 Joe Colombo donnait également dans le vol
09:49 et la revente de marchandises volées. C'est le recel.
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09:59 Ajouté à cela l'extorsion, le racket à des fins de protection
10:02 et la corruption de syndicats.
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10:08 Les syndicats aux États-Unis contrôlent entièrement
10:11 un domaine professionnel. Ils intéressent les mafieux
10:14 qui y voient la possibilité d'avoir la main mise
10:17 sur les dockers ou le ramassage des ordures.
10:20 Voilà comment Joe Colombo devient rapidement très riche.
10:23 Le seul problème, c'est que sa fortune
10:26 commence à attirer l'attention des autorités.
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10:36 Depuis quelques années, le FBI a commencé à se pencher
10:39 sérieusement sur les affaires mafieuses.
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10:45 Auparavant, il faut bien admettre que la menace
10:48 représentée par cette organisation était sous-estimée.
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10:54 (coups de feu)
10:57 Les enquêteurs ont la mafia new-yorkaise dans le collimateur.
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11:03 (bruit de moteur)
11:06 ♪ ♪ ♪
11:09 En septembre 1966, le FBI et le procureur du Queens
11:13 portent un premier coup.
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11:19 Une impressionnante descente est réalisée
11:22 au restaurant La Stella.
11:25 - La Stella était un restaurant situé sur Queens Boulevard
11:28 dans le Queens.
11:31 Les parrains venant du pays tout entier s'y retrouvaient
11:34 pour faire le point sur leurs opérations.
11:37 Nous avons appris par un informateur qu'une de ces réunions
11:40 devait se tenir, et nous avons investi les lieux.
11:43 - Le procureur ne cache pas sa satisfaction.
11:46 (bruit de la foule)
11:50 - Nous avons interpellé 13 des pires mafieux d'Amérique.
11:53 Nous pensons que ces réunions ont un impact de premier ordre.
11:56 À notre connaissance, celui-ci était d'une importance majeure.
11:59 Il est rare qu'autant de parrains se réunissent ensemble
12:02 au même endroit.
12:05 (bruit de moteur)
12:08 - C'est le début d'une nouvelle guerre contre la mafia
12:11 qui se concentrera essentiellement sur New York.
12:14 ♪ ♪ ♪
12:17 Joe Colombo, en tant que parrain,
12:20 est la cible des opérations.
12:23 En 1966, il est cité à comparaître
12:26 devant un grand jury fédéral pour une enquête sur le racket.
12:30 Le grand jury est un peu l'équivalent
12:33 du juge d'instruction français.
12:36 - Tout le monde a peur de ce qui peut se passer
12:39 devant le grand jury.
12:42 Il a la possibilité de vous convoquer de force.
12:45 Lors de l'audition, il y a un jury qui est un peu le même
12:48 que celui qui est présent à l'audition.
12:51 Il a la possibilité de vous convoquer de force.
12:54 Lors de l'audition, tout ce que vous dites peut être par la suite
12:57 retenu contre vous.
13:00 - Colombo ne peut plus rester dans l'ombre.
13:03 Il est traîné en pleine lumière.
13:07 (bruit de moteur)
13:10 Face à la cour, il invoque le 5e amendement
13:13 lui donnant le droit de refuser de répondre.
13:16 Il prétend être un honnête homme d'affaires.
13:19 - L'une des règles de la mafia est de ne pas faire de soi une cible.
13:22 On n'attire pas l'attention des autres.
13:25 Les affaires de la mafia sont nos affaires, nos choses.
13:28 La causa nostra.
13:31 - La loi du silence, l'omerta, prime par-dessus tout.
13:34 Et les anciens recommandent également
13:37 de faire profil bas.
13:40 (musique de tension)
13:43 - Cette application stricte de l'omerta
13:47 coûte à Joe Colombo une peine de 30 jours d'emprisonnement.
13:50 (musique de tension)
13:53 Mais ce n'est que le début de la carrière du mafieux.
13:56 Il comprend que les autorités se sont intéressées à lui
13:59 en raison de son train de vie inexpliqué.
14:02 (musique de tension)
14:05 Il pense alors à une solution
14:08 qui couperait l'herbe sous le pied des enquêteurs.
14:11 (musique de tension)
14:14 (musique de tension)
14:17 (musique de tension)
14:20 Il va devenir un travailleur ordinaire
14:24 et ordonne à tous les membres de sa famille
14:27 de se trouver eux aussi un vrai travail
14:30 servant de vitrine légale.
14:33 (musique de tension)
14:36 Le parrain montre l'exemple en étant embauché
14:39 comme agent immobilier dans cette agence de Brooklyn.
14:42 (musique de tension)
14:45 (musique de tension)
14:48 Officiellement, son salaire s'élève à 35 000 $ par an.
14:51 (musique de tension)
14:54 (musique de tension)
14:57 Mais bien sûr, le mafieux n'utilise pas son bureau
15:00 pour vendre des biens immobiliers.
15:04 Il peut néanmoins expliquer son train de vie.
15:07 Et quel train de vie.
15:10 (musique de tension)
15:13 (musique de tension)
15:16 (musique de tension)
15:19 Le racket à lui seul lui rapporte une véritable fortune.
15:22 Le parrain se laisse vite griser par ce déluge de billets verts.
15:25 (musique de tension)
15:28 Il sort très régulièrement pour faire la fête
15:31 dans les hauts lieux de la nuit new-yorkaise.
15:34 Il se montre de plus en plus extravagant et exubérant.
15:38 Il porte des bijoux et des costumes sur mesure
15:41 et se pavane en ville au volant de voitures rutilantes.
15:44 (musique de tension)
15:47 - Joe Colombo aimait s'habiller
15:50 comme les plus grands acteurs ou chanteurs de l'époque,
15:53 comme Sinatra ou Dean Martin.
15:56 Il était toujours tiré à quatre épingles.
15:59 Et il ne s'habillait pas chez n'importe qui.
16:02 Il portait des costumes de marque et des chemises en soie,
16:05 bien sûr. Il soignait toujours son apparence.
16:08 (musique de tension)
16:11 - Tous les autres mafieux savent bien
16:14 qu'il n'est pas recommandé de s'exhiber en public
16:17 et d'attirer l'attention de la police.
16:21 (musique de tension)
16:24 Carlo Gambino ne serait jamais allé se pavaner en boîte de nuit.
16:27 Il était d'une discrétion exemplaire.
16:30 (musique de tension)
16:33 Les autres clans de New York commencent à s'inquiéter.
16:36 (musique de tension)
16:39 (musique de tension)
16:42 Colombo attise la curiosité du FBI
16:45 et le fisc se demande si ses revenus déclarés
16:48 sont en rapport avec son train de vie.
16:51 (musique de tension)
16:54 Il semble bien supérieur aux 35 000 $ par an
16:58 que le mafieux déclare.
17:01 (musique de tension)
17:04 (musique de tension)
17:07 (musique de tension)
17:10 (musique de tension)
17:13 En 1970, le fils du parrain, Joe Junior,
17:16 est arrêté alors qu'il fait fondre des pièces d'argent
17:19 pour en récupérer le précieux métal.
17:22 Colombo est persuadé que c'est une manoeuvre
17:25 destinée à l'atteindre lui-même. Il décide d'agir.
17:28 Il va déployer une méthode radicale pour se débarrasser du FBI.
17:31 La défense des droits civiques.
17:34 (musique de tension)
17:38 (musique de tension)
17:41 (musique de tension)
17:44 (musique de tension)
17:47 Les mouvements activistes de défense communautaire
17:50 sont légions à cette époque aux États-Unis.
17:53 (musique de tension)
17:56 (musique de tension)
17:59 (musique de tension)
18:02 Celui pour les droits civils des Afro-Américains
18:05 allait changer la face des États-Unis
18:08 et inspirer bien des émus.
18:11 -Nous allons marcher ensemble, nous allons nous dresser ensemble,
18:15 nous allons chanter ensemble, nous allons rester ensemble,
18:18 nous allons protester ensemble, hurler ensemble.
18:21 Nous voulons la liberté, la liberté, maintenant!
18:24 (acclamations)
18:27 (acclamations)
18:30 (musique de tension)
18:33 -Joe Colombo leur emboîte le pas.
18:36 Depuis son bureau de campagne, sur la 7e avenue,
18:39 l'ancien tueur à gages se prépare à sortir de l'ombre
18:42 et à s'exposer devant les objectifs et les micros.
18:45 -Nous pensons que les gens en ont assez.
18:48 Les Américains d'origine italienne,
18:52 particulièrement aux États-Unis, alors qu'ils sont 38 millions,
18:55 perdent peu à peu et inexorablement leur identité.
18:58 (musique de tension)
19:01 -Il exploite la rancœur
19:04 de la communauté italo-américaine de l'époque.
19:07 -Il s'est mis à protester
19:10 contre de prétendues discriminations.
19:13 Ce n'était pas tout à fait faux.
19:16 Dans les années 60, il y avait très peu d'Italiens à Wall Street,
19:19 dans les banques ou dans les cabinets d'avocats.
19:22 Ils avaient une image de mafieux, alors que la très grande majorité
19:25 d'entre eux n'avaient rien à se reprocher.
19:28 -Colombo se dresse en défenseur des droits de cette minorité.
19:32 Et il le fait d'une façon encore inédite jusque-là.
19:35 (musique de tension)
19:38 -Il a déclaré la guerre au FBI.
19:41 Il a organisé des manifestations
19:44 au pied de son siège, à l'époque, dans l'Upper East Side.
19:47 (bruits de tirs)
19:50 -Colombo tire le premier effet mouche.
19:53 Cette manifestation ne passe pas inaperçue.
19:56 -Il se dit que s'il arrivait à faire croire
19:59 que le FBI agissait par discrimination,
20:02 il pourrait le ralentir.
20:05 -Jour après jour, une foule de plus en plus dense
20:08 vocifère contre les agents entrant et sortant du bâtiment
20:12 pour faire valoir les droits de la minorité.
20:15 -Pourquoi le FBI ? Vous pensez qu'il persécute vraiment les Italiens ?
20:18 -Il envoyait tous ses subalternes
20:21 répondre aux questions des journalistes
20:24 et tenir les piquets de grève.
20:27 -C'est évident pour toute personne capable de lire les journaux.
20:30 A chaque fois que l'on parle du FBI,
20:33 ils sont en train de s'en prendre à de nets Italiens
20:36 et de les accuser de faire partie de ce qu'ils font.
20:39 -C'est un peu comme un crime de la guerre.
20:42 -Il faut s'en prendre à des nets Italiens
20:45 et de les accuser de faire partie de ce qu'ils appellent la mafia.
20:49 Pour nous autres, "Italien", ce mot n'existe même pas.
20:52 Il a été inventé par les autorités gouvernementales de ce pays
20:55 et il ne doit pas nous être associé.
20:58 -Les médias s'intéressent de plus en plus au phénomène.
21:01 Colombo en profite.
21:04 -Il y a dans ce pays une conspiration
21:07 contre tous les Italo-Américains.
21:10 -Qui sont-ils ? Sont-ils mieux que vous, moi
21:13 ou n'importe qui dans cette foule ?
21:16 -Ce face-à-face avec les autorités
21:19 est une première dans l'histoire de la mafia.
21:22 Colombo tranche avec le silence qu'il avait gardé
21:25 devant le grand jury.
21:29 Les mafieux ont de tout temps pris l'habitude
21:32 d'évoquer la causa nostra avec une extrême discrétion.
21:35 -Pourquoi déclarer la guerre à la police ?
21:38 Il avait suffisamment de problèmes.
21:41 Pourquoi en faire une affaire personnelle ?
21:44 -Les actions de Colombo sont loin de faire reculer les enquêteurs.
21:47 Et ce n'est pas sans inquiéter les autres parrains de New York.
21:50 Les membres du FBI sont dans un premier temps
21:53 troublés par cette tactique.
21:56 Les règles ont changé.
21:59 -Certains étaient furieux contre lui.
22:02 Il y a eu à plusieurs occasions des accrochages
22:06 qui auraient pu mal tourner lors des manifestations.
22:09 -Je vais aller un peu plus loin.
22:12 De plus en plus de minorités ressentent ce que nous ressentons.
22:15 Qu'elles se joignent à nous.
22:17 Nous devons nous unir pour que le grand public se réveille
22:20 de sa torpeur. Nous devons leur ouvrir les yeux
22:23 et leur faire exiger que soit faite toute la lumière
22:26 sur certaines choses. Si le FBI n'a rien à se reprocher,
22:29 il ne verra aucun inconvénient à ce que l'on enquête sur ces méthodes.
22:32 ...
22:35 -En 1970, Colombo fait gravir un échelon à son organisation.
22:38 Il crée la Ligue de défense des droits civiques
22:41 des Italo-Américains.
22:45 -Tout le monde voulait y adhérer.
22:48 Absolument tout le monde, y compris les hommes politiques,
22:51 les animateurs de radio, les acteurs, les chanteurs.
22:54 Les Italo-Américains ont alors réalisé avec fierté
22:57 à quel point ils contribuaient à cette société.
23:00 ...
23:03 -Cette ligue connaît immédiatement un succès phénoménal.
23:06 50 000 adhérents versent leurs cotisations à la cause.
23:09 ...
23:12 ...
23:15 -C'est Joe Colombo qui a lancé la mode des drapeaux
23:18 aux fenêtres pour montrer son attachement à ses origines.
23:22 On pouvait voir le drapeau italien collé à l'arrière
23:25 de toutes les voitures de Brooklyn,
23:28 de la plus petite à la plus grosse.
23:31 Tous les conducteurs sont procurés un.
23:34 C'était un véritable phénomène.
23:37 -La Ligue de Colombo parvient à remporter de grandes victoires.
23:40 La campagne s'étend bientôt
23:43 aux échelons corporatistes les plus élevés.
23:46 De grands noms de l'industrie,
23:49 automobiles comme pharmaceutiques,
23:52 sont pris pour cibles et accusés de discrimination
23:55 contre les Italo-Américains.
23:58 ...
24:02 Des dirigeants sont licenciés.
24:05 La mafia parvient même à refaire l'organigramme
24:08 de géants de la grande distribution.
24:11 ...
24:14 Même Hollywood subit la colère de la Ligue.
24:17 ...
24:20 Le tournage du parrain commence dans les rues de New York.
24:23 ...
24:26 Mais il est retardé par de nombreuses grèves et blocages.
24:29 La Ligue arrive à la rescousse,
24:32 proposant aux producteurs d'arranger les choses
24:35 si les termes "mafia" et "cosanostra"
24:39 sont retirés du script.
24:42 ...
24:45 Les dirigeants de la Ligue font alors du porte-à-porte
24:48 pour rassurer la communauté sur le terrain.
24:51 ...
24:54 Finalement, le tournage peut reprendre
24:57 et ne sera plus interrompu jusqu'à la fin.
25:00 ...
25:03 ...
25:06 Joe Colombo est allé encore plus loin.
25:09 Il réussit à faire interdire aux procureurs et aux FBI
25:12 de l'associer au terme "mafia" dans les procès-verbaux,
25:15 faisant reconnaître sa nature prétendue.
25:19 ...
25:22 Toute la ville est à l'écoute du mafieux
25:25 et la Ligue se montre d'une efficacité redoutable.
25:28 ...
25:31 En 1970, Colombo est prêt pour le grand coup d'éclat
25:34 de sa Ligue.
25:37 Une journée de ralliement de tous les Italo-Américains
25:40 à Columbus Circle, au coeur de Manhattan.
25:43 ...
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25:52 ...
25:56 ...
25:59 ...
26:02 ...
26:05 Sous le regard des caméras, 50 000 personnes sont attendues.
26:08 Les rues du quartier de Little Italy,
26:11 généralement bondées, sont désertes.
26:14 Même les autres clans ont finalement accepté
26:17 d'appuyer cette manifestation par solidarité.
26:20 ...
26:23 ...
26:26 -Les médias étaient partout.
26:29 Les rues étaient bondées d'Italo-Américains,
26:32 fiers de défiler pour leur cause.
26:36 Tout le monde voulait être aux côtés de Joe Colombo
26:39 pendant son discours sur la fierté et la solidarité.
26:42 ...
26:45 -Le mafieux s'en prend encore une fois aux forces de l'ordre.
26:48 Il a réussi sa conversion.
26:51 De parrain, il est devenu activiste.
26:54 ...
26:57 ...
27:00 A l'issue de son discours, il enchaîne les interviews,
27:03 les plateaux de talk show et les interviews.
27:06 -Il est devenu un grand journaliste.
27:10 Il a fait les interviews, les plateaux de talk show
27:13 et les articles dans les magazines.
27:16 -Il a donné une conférence de presse.
27:19 Tous les grands journaux y étaient.
27:22 Le Daily News, le Mirror, le Post.
27:25 Tout le monde voulait faire un article sur lui.
27:28 -Il continue à assurer que la mafia est un mythe
27:31 et à promettre de se faire le défenseur
27:34 de toutes les minorités.
27:38 -Est-ce que la Ligue américaine des droits civils
27:41 atteint ses objectifs ? -Oui, bien sûr.
27:44 -Lesquels ? -Elle vient en aide à tout le monde,
27:47 pas seulement à moi. Elle vient en aide aux groupes ethniques,
27:50 aux enfants, aux personnes âgées,
27:53 à tous ceux qui ont besoin d'aide.
27:56 Elle permet aux gens de ne pas se sentir orphelins.
28:00 Tous ceux qui ont besoin de soutien n'ont qu'à le demander
28:03 et nous leur apporterons.
28:06 ...
28:09 -Jusque-là, la Ligue de Joe Colombo
28:12 conserve une certaine légitimité.
28:15 Mais le vernis commence à disparaître.
28:18 Colombo est toujours un mafieux.
28:21 Cette organisation n'est peut-être qu'un autre moyen
28:24 de se faire de l'argent.
28:27 -La Ligue créée par Joe Colombo
28:30 avait pour but de lutter contre les discriminations.
28:33 Il n'était pas le mieux placé pour le faire.
28:36 Il était le pire individu imaginable
28:40 pour représenter la communauté italo-américaine.
28:43 ...
28:46 -Derrière ses bonnes intentions se cache un tout autre dessin.
28:49 ...
28:52 La Ligue brasse beaucoup d'argent.
28:55 Des fonds qu'il n'a aucun mal à s'approprier.
28:58 -Joe Colombo,
29:01 a fondé la Ligue italo-américaine des droits civiques
29:04 dans l'unique but de se faire de l'argent.
29:07 Un point, c'est tout. C'était son seul objectif.
29:10 Il forçait les commerçants de Brooklyn
29:13 à mettre son autocollant bien en évidence sur leur vitrine,
29:17 sans oublier le drapeau italien avec le chiffre 1 imprimé dessus.
29:20 Et tous les bénéfices qu'il tirait de ses ventes
29:23 atterrissaient tout droit dans ses poches.
29:26 -Un sénateur d'origine italienne a dit un jour,
29:29 "Ne vous laissez pas berner par Colombo."
29:32 ...
29:35 -Non seulement Joe Colombo enfreignait la loi de la discrétion,
29:38 mais il commençait également à attiser la jalousie
29:41 et la suspicion au sein même de sa propre famille.
29:44 ...
29:47 Son mentor, Carlo Gambino, lui lance un avertissement.
29:50 ...
29:53 -Carlo lui a dit, "Arrête. On ne veut pas de ça."
29:57 "Si jamais tu continues dans cette voie,
30:00 "tu devras en payer le prix."
30:03 ...
30:06 -Mais le mafieux ignore ces mises en garde.
30:09 Il se croit intouchable.
30:12 Il est au sommet de sa gloire médiatique
30:15 et compte bien ne pas en redescendre.
30:18 1971 sera son année.
30:21 -Il était narcissique.
30:24 Il a cru qu'il pouvait se prendre pour le big boss de son organisation,
30:27 qui n'était autre que la mafia.
30:30 -Hélas, le vent tourne.
30:34 Le FBI contre-attaque.
30:37 ...
30:40 ...
30:43 Agacés par les gesticulations de Colombo
30:46 sous couvert de sa ligue de défense de droits civiques,
30:49 les fédéraux citent à comparaitre
30:53 le droit de l'expression de l'homme.
30:56 -Il est un homme qui a été arrêté.
30:59 -Il a été arrêté.
31:02 -Il a été arrêté.
31:05 -Il a été arrêté.
31:08 -Il a été arrêté.
31:11 -Il a été arrêté.
31:15 -Il a été arrêté.
31:18 -Il a été arrêté.
31:21 -Colombo est immédiatement convoqué devant le grand jury fédéral.
31:24 Cette fois, il va commettre un acte impardonnable.
31:30 Plutôt que de se taire, comme il l'avait fait la fois précédente,
31:37 il adopte une autre tactique.
31:40 Il va fournir des explications
31:43 aussi longues et tortueuses que farfelues.
31:46 Il explique que le livre de contes "Saisie",
31:50 où figurent d'importants transferts d'argent, n'a rien de douteux.
31:53 Les 30 000 $ jouxtant un certain Karl, par exemple,
31:57 représentent la somme donnée par Carlo Gambino,
32:00 un parrain redouté.
32:04 C'est une grave erreur.
32:14 On n'implique jamais un parrain devant le grand jury,
32:17 pour mentir.
32:20 Les répercussions vont être immédiates.
32:23 Peu de temps après, le FBI et la police de New York
32:31 mènent un vaste coup de filet anti-mafia.
32:35 Carlo Gambino, lui aussi, est pris pour cible.
32:40 Il est arrêté.
32:45 Il est clair que ce sont les déclarations de Colombo
32:48 qui ont mis les enquêteurs sur sa piste.
32:51 Et il compte bien le lui faire payer.
32:54 Son comportement a commencé à inquiéter les autres parrains.
33:00 Tous les mafieux de la ville enrageaient.
33:05 Ils voulaient le silence, la discrétion, rester dans l'ombre.
33:08 Joe les a mis en pleine lumière.
33:11 Les jours de Colombo sont comptés.
33:14 Il est mort.
33:17 Il est mort.
33:20 Malgré la menace pesant sur lui,
33:23 il continue à se battre avec ses moyens habituels.
33:26 Il fait la promotion de sa ligue à travers tout le pays
33:29 et parvient à faire participer Frank Sinatra
33:32 à une collecte de fonds au Madison Square Garden.
33:35 Des hommes politiques se joignent à la cause,
33:41 comme le gouverneur Nelson Rockefeller.
33:44 Il prévoit déjà l'organisation d'un second grand rassemblement annuel.
33:49 Il pense ainsi confirmer son statut de défenseur des droits civiques
33:56 et forcer les autorités à lâcher du lest.
33:59 Mais ses ennemis sont désormais ses anciens alliés.
34:11 Et un vieil adversaire de ses débuts
34:14 attend tranquillement de pouvoir prendre sa revanche.
34:17 Joe Gallo, dit le dingue, observe les événements depuis sa cellule.
34:20 Joe Gallo était surnommé le dingue pour une bonne raison.
34:23 Il était complètement déjanté.
34:26 Pour vous donner une idée de son style,
34:29 il avait une boîte de nuit à Brooklyn.
34:32 Il avait installé un puma dans le sous-sol
34:35 pour intimider les victimes de nocturnes.
34:39 Quand quelqu'un lui devait de l'argent et qu'il traînait à rembourser,
34:42 il leur faisait faire connaissance.
34:45 Il conduisait la personne en question en haut des escaliers.
34:48 Tout en bas, on pouvait voir la silhouette du puma,
34:51 qui tournait en rond, en rugissant.
34:54 Ça devait faire froid dans le dos.
34:57 En général, la personne se ravisait et remboursait ses dettes.
35:00 Joe Colombo et Joe Gallo ont un compte en cieux.
35:03 Avec ses deux frères, ils sont en train de se faire un coup de poing
35:06 et de se faire un coup de poing.
35:09 Avec ses deux frères, Larry et Albert,
35:12 ce dernier a tenté il y a quelques années de renverser le clan Colombo.
35:15 Dans les années 60, la boîte de nuit de President Street,
35:18 tenue par les Gallo, a été le théâtre d'une insurrection sanglante.
35:22 Colombo finit par trouver un compromis avec Larry et Albert,
35:25 alors que Joe était jeté en prison.
35:28 Le dingue attend depuis de prendre sa revanche.
35:36 Tout ça, c'était de la jalousie.
35:39 Gallo voulait être le boss de la famille.
35:42 Il voulait éliminer Colombo pour prendre sa place.
35:45 Ce n'est pas plus compliqué que ça.
35:48 Pour mener son action à bien, Joe Gallo a besoin de main-d'oeuvre.
35:51 Il sait exactement où la trouver.
35:54 Derrière les barreaux, il a noué des contacts
36:02 avec des gangsters qui se sont retrouvés dans la boîte.
36:06 Des gangsters afro-américains de East Harlem.
36:09 Une alliance comme celle-ci,
36:12 la mafia n'avait jamais songé à en réaliser.
36:15 Les deux clans sont farouchement opposés.
36:18 Mais Joe Gallo était en avance sur son temps.
36:21 Il sait très bien que l'union fait la force.
36:33 En février 1971, le vieil ennemi de Colombo, Joe le Dingue,
36:36 est libéré après 9 ans de prison.
36:39 Il déclare en public qu'il a fait une croix sur son passé criminel.
36:47 Mais en réalité, il reprend bel et bien les affaires.
36:54 Il est de retour.
36:57 A ses yeux, aucun accord de paix ne tient.
37:02 Il n'attend qu'une chose,
37:05 pouvoir mettre en œuvre la vengeance qu'il prépare depuis si longtemps.
37:08 Au mois de juin 1971,
37:20 tout est prêt pour accueillir le second grand ralliement
37:23 des Italo-américains, sous l'égide de la ligue de Joe Colombo,
37:26 toujours à Columbus Circle.
37:30 L'année précédente, cette manifestation avait attiré
37:33 des centaines de milliers de personnes.
37:37 Grâce à ce rassemblement, Colombo narguait le FBI,
37:40 la police de New York et les forces de l'ordre en général.
37:43 Nous nous maintenions à une certaine distance
37:46 pour prendre des photos et observer qui se rendait sur place.
37:49 Cette fois, l'ambiance n'est plus la même.
37:58 Les mafieux ont donné ordre aux Italo-américains
38:01 de ne pas cesser le travail.
38:04 Seules 40 000 personnes répondent à l'invitation.
38:07 La fréquentation était en nette diminution.
38:15 Le mot était passé qu'il valait mieux éviter
38:18 de fermer son magasin ce jour-là.
38:28 Un peu avant midi, Joe Colombo monte sur le podium
38:31 pour prendre la parole.
38:34 Il s'apprête à faire un discours attaquant le FBI.
38:37 Un journaliste afro-américain, muni d'une accréditation, s'approche.
38:44 Il se fraye un chemin au milieu de ses confrères,
38:52 s'affairant autour de l'estrade.
38:55 C'était le moment fatidique pour Colombo.
38:58 Le tireur s'est approché, a sorti son arme,
39:02 lui a tiré en pleine tête et l'a tué net.
39:05 Puis d'autres coups de feu retentissent.
39:11 L'homme qui venait d'abattre Colombo s'est effondré à terre.
39:16 Il y avait un double contrat ce jour-là.
39:19 Un allant à la maison, un allant à la maison.
39:22 Il y avait deux doubles contrats ce jour-là.
39:25 Un à l'encontre de Joe Colombo et l'autre à l'encontre de son agresseur.
39:28 Joe Colombo est immédiatement conduit à l'hôpital.
39:33 Il est plongé dans le coma.
39:36 Parmi les participants au rassemblement, c'est la panique.
39:39 Personne ne comprend ce qui s'est passé.
39:42 Il était étendu à terre.
39:45 J'ai juste vu un peu de sang sur sa joue droite.
39:49 C'est hallucinant.
39:52 C'est la première fois que je vois celle-ci.
39:55 Il y a eu d'autres coups de feu.
39:58 Je me trouvais à 10 mètres à peine de l'estrade,
40:01 alors je me suis mis à courir.
40:04 J'ai entendu d'autres tirs, alors j'ai pris mes jambes à mon cou.
40:07 À ma connaissance, Joe est à l'hôpital Roosevelt, dans un état critique.
40:10 Il aurait reçu deux balles, une dans la poitrine et une dans la tête.
40:13 Apparemment, son meurtrier est mort.
40:16 - Vous savez qui l'a tué ? - Non, j'en sais rien du tout.
40:19 - Vous l'avez vu ? - Non, j'ai rien vu.
40:22 J'étais derrière le podium quand c'est arrivé.
40:26 - Quelle est votre réaction ? - Ma réaction ?
40:29 On est tous un peu sous le choc, je pense.
40:32 J'essaie de réaliser ce qui s'est passé en regroupant les informations.
40:35 Le contrat sur Joe Colombo a été exécuté par Jerome Johnson,
40:38 un Afro-américain de Harlem
40:41 et un agresseur des plus singuliers.
40:44 Jusqu'à présent,
40:48 il n'était qu'un petit délinquant avec un léger penchant
40:51 pour les attentats à la pudeur.
40:54 Il n'a apparemment jamais travaillé pour la mafia.
40:57 Pour Albert Sidman,
41:00 commandant de la police de New York, c'est un fait étrange.
41:03 Hélas, nous n'avons réussi à remonter aucune piste probante.
41:14 Monsieur Johnson demeure un mystère pour nous.
41:17 Les enquêteurs savent qu'ils doivent trouver
41:25 qui a commandité cet assassinat.
41:28 Heureusement, la réponse ne se fait pas attendre.
41:31 Ils parviennent à lier le meurtrier à Joe Gallo, dit le dingue.
41:42 On entend dire par la rumeur que Joe Gallo
41:45 aurait posé un contrat sur la tête de Joe Colombo.
41:48 Pour l'instant, ce ne sont que des rumeurs.
41:54 Nous n'avons aucun moyen d'affirmer que c'est le cas actuellement.
41:57 La vérité, c'est que l'ordre vient de bien plus haut que de Joe le dingue.
42:03 Depuis plus de 50 ans, aucun mafieux n'a été exécuté
42:08 sans l'approbation de la commission,
42:11 la commission est la base générale de la mafia.
42:14 Chaque famille y a un siège.
42:18 S'il faut éliminer un affranchi,
42:21 ça doit se faire avec l'aval de la commission et via un vote.
42:24 C'est ce qui permettait d'empêcher les tueries
42:27 et les prises de pouvoir d'une famille sur l'autre.
42:30 Aucun clan mafieux ne peut être menacé
42:33 sans l'accord des membres de la commission.
42:39 Grâce à cette instance, chacun d'entre eux a un pouvoir de décision
42:42 égal à celui des autres.
42:45 En quelque sorte, c'est un système démocratique.
42:48 Vous devez avoir l'autorisation des autres parrains pour en éliminer un.
42:53 C'est très simple.
42:55 Personne ne peut s'en prendre à un parrain
42:58 sans avoir l'autorisation de ses pairs.
43:02 Sinon, la situation deviendrait instable.
43:05 De ce fait, beaucoup pensent que c'est Carlo Gambino
43:08 qui a commandité l'assassinat avec l'accord de la commission.
43:11 Je ne pense pas qu'il y ait eu beaucoup de larmes versées
43:16 du côté des Gambino ou des Gallo quand Colombo a été touché.
43:19 Comme souvent, quand la mafia est impliquée,
43:32 l'affaire de la fusillade de Columbus Circle reste non résolue.
43:36 Aucune preuve n'a pu désigner Gambino.
43:39 Il semblerait que Johnson étude les relations
43:42 avec le clan de Carlo Gambino,
43:45 mais rien ne prouve jusqu'à présent que le milieu du crime organisé
43:48 soit impliqué dans cette affaire.
43:51 Le seul à connaître la vérité est peut-être Joe le Ding.
44:05 Il est né à New York.
44:08 Un peu moins d'un an plus tard,
44:11 il mange avec des amis dans un restaurant de poissons
44:14 pour fêter son 47e anniversaire.
44:17 Ils étaient assis à la table du fond.
44:20 Ils étaient un groupe de six.
44:23 Un homme est entré par la porte de derrière,
44:26 a marché jusqu'à la table
44:29 et a tiré trois coups de feu.
44:33 Joe a été touché par deux fois
44:36 et son garde du corps pique le grec une fois.
44:39 Le FBI et les policiers estiment qu'il s'agit d'une vengeance
44:45 de la part du clan de Joe Columbo.
44:48 Il a été tué par des membres du clan Columbo.
44:53 L'ordre aurait été donné par Joseph Iacavelli, alias Joe Iac,
44:56 le consiglière et du clan.
45:00 Leur porte-parole à la commission, en quelque sorte.
45:03 Si l'élimination de Columbo doit ramener la stabilité
45:09 au sein de la mafia, elle conduit en fait
45:12 à la perte du clan Columbo.
45:15 Privés de leur chef, assaillis de toutes parts,
45:20 leur fortune s'amoindrit considérablement.
45:23 Au fil des années, le clan se dissout de plus en plus
45:28 et les luttes intestines font rage.
45:31 Les Columbo ne sont plus que l'ombre de leur gloire passée.
45:37 Et récemment, en 2011, 125 membres du clan sont arrêtés.
45:42 Une famille mafieuse s'est éteinte pour l'instant.
45:56 Quant à Joe Columbo, il n'a jamais repris conscience
45:59 depuis son agression.
46:03 Il est resté dans un état végétatif pendant 8 ans
46:09 avant de mourir.
46:12 -Les obsèques de l'un des plus grands criminels d'Amérique
46:15 se déroulent aujourd'hui.
46:17 -Si vous regardez son casier,
46:20 il n'a été arrêté que pour des délits mineurs à 18 ans.
46:23 Toutes les autres accusations sont venues après
46:26 qu'il ait commencé à militer pour les droits civiques.
46:29 Voilà qui indique comment les médias avalent,
46:33 sans réfléchir, ce que les forces de l'ordre leur jettent en pâture.
46:36 Joe Columbo aura écrit une page de l'histoire de l'Amérique.
46:40 -Columbo meurt en par un errant.
46:48 Il était un tueur cherchant une autre voie.
46:51 Mais en se dressant face à la mafia et au FBI simultanément,
46:54 il était condamné d'avance.
46:57 -Ses manifestations devant le siège du FBI,
47:05 c'était vraiment pas malin.
47:08 On ne peut pas dire que ces gars-là avaient fait Harvard.
47:11 -Sa plus grande erreur aura peut-être été de se laisser séduire
47:14 par la médiatisation au détriment de sa famille.
47:21 -Il s'en est pas mal sorti pendant quelque temps.
47:24 Il a réussi à duper son monde.
47:27 Il utilisait cette ligue comme écran,
47:30 mais il s'est fait prendre à son propre jeu.
47:33 -La célébrité ne suffit pas à protéger un mafieux
47:36 qui enfreint les principales règles de la Cosa Nostra.
47:39 -Joe Columbo s'est attiré des ennuis tout seul.
47:46 S'il avait suivi les règles de la mafia,
47:49 s'il était resté dans l'ombre sans faire de vagues,
47:52 il aurait pu continuer les affaires et engranger beaucoup d'argent
47:55 en se croisant les doigts. Au lieu de ça, il a choisi d'être exubérant.
47:58 Il a laissé son ego prendre le dessus et est apparu au grand jour.
48:01 Ca a été une terrible erreur.
48:04 -Quant à cette ligue de défense des droits civiques,
48:12 elle a disparu du jour au lendemain.
48:16 ...
48:19 ...