Il a vendu plus de 20 millions de livres à travers le monde : c'est Joël Dicker. Il est l'invité de Télématin à l'occasion de la sortie de son nouveau roman, deux ans après son dernier. « Un animal sauvage », publié chez Rosie&Wolfe, est disponible en librairies depuis le 27 février.
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00:00 -Il a vendu plus de 20 millions de livres.
00:02 Est-ce que vous vous rendez compte ? 20 millions de livres.
00:05 Il est avec nous, ce matin.
00:07 C'est Joël Dicker. Bonjour. -Bonjour.
00:09 -Merci d'être avec nous. Bienvenue.
00:12 On l'attendait, on trépignait.
00:13 Et ça y est, votre nouveau roman "Un animal sauvage"
00:16 est en librairie publiée chez Rosie & Wolf.
00:18 Alors, ça fait deux ans que les lecteurs l'attendent.
00:20 Ce qu'on aurait envie de savoir, c'est est-ce que c'est toujours
00:22 autant la pression de sortir un livre, même avec autant de lecteurs avant ?
00:26 -C'est pas la pression, c'est le track.
00:28 C'est vraiment cette angoisse, mais une bonne angoisse,
00:32 une inquiétude de se dire "Est-ce que ça va être bien ?
00:35 Est-ce que les gens vont aimer ?"
00:36 C'est une angoisse, c'est un track.
00:38 C'est un track qui est lié aussi à cet amour que je ressens vraiment
00:41 et que je vois, et les gens qui m'écrivent et qui me parlent,
00:44 et j'ai envie de me montrer digne de tout ce qu'ils me donnent.
00:47 -Il y a une peur de décevoir, parce qu'on dit tout le temps
00:48 "Dicker, c'est génial."
00:49 Avant que le livre soit sorti, avant même que vous l'ayez écrit,
00:51 on dit "Dicker, c'est génial."
00:52 Est-ce que ça crée une peur de décevoir chez vous ?
00:56 -Non, c'est pas ce qu'on me dit, c'est pas le fait que les gens me disent ça.
00:59 C'est que je crois qu'en général, quand on se donne beaucoup de peine
01:02 et qu'on met beaucoup de coeur à faire quelque chose,
01:04 qu'on veut que ce soit le mieux possible pour faire plaisir aux gens,
01:07 il y a un track.
01:08 -Il y a un peu une envie de prix derrière, une envie de concours
01:13 quand vous écrivez, vous avez pas des petits trucs que vous...
01:16 Pas du tout ?
01:17 -Non, je crois pas, et je crois qu'il faut surtout pas écrire pour des prix,
01:19 parce que c'est le meilleur moyen de...
01:21 -De se rater, en fait. -De se tromper,
01:22 parce que si vous écrivez dans le but de plaire à quelqu'un en particulier,
01:26 de recevoir un prix en particulier, c'est tellement compliqué,
01:29 c'est tellement difficile, ça dépend tellement pas de nous-mêmes.
01:32 -Et vous pensez à qui, du coup, quand vous écrivez ?
01:35 -À mon plaisir, à mon lecteur,
01:38 à "Est-ce que j'ai du plaisir quand je suis moi dedans ?
01:42 Est-ce que j'ai envie de savoir ?"
01:43 C'est deux ans de travail.
01:45 -Vous vous racontez l'histoire que vous écrivez, en fait.
01:47 -J'ai pas de plan, donc je rime aux atteints.
01:49 -Ca s'y fout.
01:50 -Et je me lève en général très tôt, pas aussi tôt que vous, mais tôt,
01:54 en me disant "Est-ce que j'ai envie de savoir ?
01:56 Est-ce que la première chose à laquelle je pense quand je suis vraiment dedans,
01:58 je me réveille, au lieu de me dire "J'ai envie de dormir" ou je sais pas,
02:01 je me dis "Est-ce que j'ai envie de savoir ? Qu'est-ce qui se passe ?
02:03 Qu'est-ce qui va arriver à cette personne ?"
02:05 -Joël Dicker, vous étiez venu ici il y a deux ans,
02:06 vous nous avez dit qu'il y avait pas de plan, on était déjà bouche bée.
02:08 Mais comment vous faites quand vous écrivez ?
02:11 Parce qu'il y a plein de flashbacks, il y a plein de parenthèses,
02:13 il y a des personnages qui reviennent.
02:14 Comment vous faites pour ne pas vous paumer ?
02:16 Quand vous en êtes à la page 349, comment vous faites pour dire
02:21 "Tiens, il y a lui, il faut pas que je l'oublie, là-bas, il est dans son placard" ?
02:24 -Mais je crois que tant que je sais ce que je raconte sans avoir un plan,
02:27 ça veut dire que c'est clair.
02:28 Et c'est ce qu'on fait dans la vie, parce que quand on se rend compte,
02:30 on se retrouve, on vit le présent, parce qu'on a un passé dont on se souvient.
02:33 Si on se souvient plus de ce qu'on a été, c'est là où on perd notre identité.
02:38 Et donc, on rencontre des gens, on se souvient de qui on a été,
02:40 on fait des retours comme ça dans la vie.
02:42 Et c'est un peu ça dans le livre.
02:43 -Alors, concrètement, on l'a lu avec Thomas, on l'a lu tous les deux en 48 heures.
02:47 C'est vraiment un livre qui se lit, on n'a pas envie de le lâcher,
02:50 donc on a envie d'y revenir.
02:51 On a essayé de le pitcher en réunion, et à chaque fois, on se disait
02:54 "Attends, on peut pas dire ça, parce que sinon, on va le spoiler,
02:56 donc on va vous laisser le faire."
02:57 -C'est horrible !
02:59 -Non mais parce qu'on s'est dit, si on le fait à l'antenne,
03:00 on va peut-être dire quelque chose qu'il faut pas.
03:02 -D'en dire trop. -Vous avez 30 secondes
03:04 pour pitcher un animal sauvage.
03:06 Vous êtes prêts ? -C'est parti.
03:07 -Top credo. -C'est parti.
03:08 -Ça commence par un braquage au mois de juillet 2022.
03:11 Deux braqueurs entrent dans la bijouterie.
03:13 Qu'est-ce qui se passe ? On ne le sait pas, on va le découvrir.
03:15 Mais on revient 20 jours avant, 20 chapitres qui reviennent
03:17 sur les 20 jours avant ce braquage.
03:19 On rencontre Sophie qui se réveille un matin,
03:21 elle boit un café à la fenêtre de sa cuisine.
03:24 Elle pense qu'elle est seule, mais derrière des arbres,
03:26 derrière la haie, un homme l'observe.
03:28 Cet homme, qui est-il ? Sophie, qui est-elle ?
03:30 Qui est son mari qui dort en haut ?
03:32 Et qui est cet homme qui va arriver de France à Genève, en Suisse,
03:35 où ça se passe, pour semer le trouble ?
03:38 Voilà. -Il est très fort.
03:39 -Il est très fort. -Il est magnifique.
03:42 -Ce qui est étonnant, c'est qu'on a l'impression de lire un film.
03:45 On voit.
03:46 C'est le principe de la littérature, certes,
03:48 mais vous, c'est particulièrement marqué.
03:50 -Ce qui me plaît, quand vous me dites ça,
03:52 et on me dit souvent "c'est très cinématographique",
03:54 et ce qui me plaît, c'est que je n'ai qu'un de mes romans
03:56 qui a été adapté, les autres pas.
03:58 -C'est Harry Kebber. -C'est Harry Kebber.
04:00 Alors qu'on est dans un monde où on a envie de série télé,
04:01 on a besoin de contenu, on adapte beaucoup.
04:04 Moi, pas. Pourquoi ? Parce que tous ceux qui s'y intéressent,
04:06 assez vite se rendent compte que c'est compliqué,
04:08 se rendent compte que ce qui est dans le roman très fort,
04:10 c'est-à-dire l'immédiateté, on imagine, on est dedans,
04:13 on voit les personnages, on voit les lieux,
04:15 on fait les flashbacks très facilement, nous, dans notre tête,
04:17 quand il faut le mettre en image, c'est compliqué.
04:19 -A la fois, chacun se fait son film quand on lit vos romans.
04:21 Chacun fait ses propres images parce que vous décrivez assez peu.
04:24 -Mais c'est pour ça que le roman, pas mes romans,
04:26 que le roman, la littérature, c'est tellement génial,
04:28 c'est tellement fort, c'est pour ça que tout le monde doit lire.
04:30 Parce que quand vous êtes dans votre livre,
04:31 vous n'êtes plus dans le bus, vous n'êtes plus dans le métro,
04:33 vous n'êtes plus chez vous, vous êtes dans votre histoire,
04:35 vous avez inventé, vous avez créé les personnages,
04:38 racontent quelque chose de vous, c'est à vous,
04:40 et personne n'a lu le même livre.
04:41 -C'est ça qui est dingue !
04:42 -Mais personne n'a lu le même livre !
04:44 -Moi, Sophie, pour moi, c'est Laura Tenuji.
04:45 (Rires)
04:47 -Les castings commencent !
04:48 -Et moi, j'avais une question.
04:49 "Rosienne Wolf", c'est votre maison d'édition.
04:52 Est-ce que vous vous sentez plus libre
04:54 du fait que c'est vous qui vous éditez ?
04:56 -Non, je me sens triste, parce que si je m'édite,
04:57 c'est que Bernard Defalois, mon éditeur,
04:59 que j'ai monté le monde, n'est plus là.
05:01 Et je préférais être aujourd'hui encore avec lui.
05:03 Il est parti à l'âge de 92 ans, il avait le droit aussi.
05:06 Mais cette maison, c'est ma façon de le remercier aussi,
05:09 de ne pas le trahir en l'attendant d'aller chez quelqu'un d'autre.
05:13 -Le titre... Pardon, vas-y. -Vas-y, je t'en prie.
05:15 -Le titre "Un animal sauvage"...
05:17 Comment vous le choisissez, le titre ?
05:19 -C'est difficile, parce que vous devez avoir...
05:22 -Les titres de Joël Dicker, c'est quand même quelque chose à chaque fois.
05:25 -Le titre, ça doit raconter un petit peu, mais pas trop.
05:27 Ça doit permettre aussi aux lecteurs et à ceux qui ne me connaissent pas
05:29 de prendre le livre.
05:30 Ils ont une couverture, ils ont un titre,
05:32 de se faire une idée assez rapide de l'histoire.
05:34 Ce titre-là, il a aussi un sens.
05:36 Alors, ceux qui liront verront un sens très lié à l'intrigue,
05:39 mais c'est aussi un animal sauvage,
05:41 quelque chose de l'instinct primitif qu'on a tous.
05:43 -En préparant cette interview, on a appris que vous auriez rêvé
05:46 de faire partie du groupe Frédéric Goldman & Jones.
05:49 C'est vrai ou pas ? -Ah, vous saviez ça ?
05:50 -Alors, attendez, on a une petite surprise pour vous regarder.
05:54 -Un, deux, trois, quatre, vingt...
05:56 Non, c'est Joël. Salut, Joël.
05:58 Il paraît que tu aimerais bien faire des chansons avec nous.
06:01 Mais tu vas jouer quel instrument ?
06:04 -C'est Michael Jones qui vous demande quel instrument aimeriez-vous ?
06:09 Quel instrument aimeriez-vous jouer ? -De la batterie.
06:11 Moi, si je vais avec eux, je fais ce que vous voulez.
06:13 -Allez-y, mardi, sur l'héritage Goldman, à la salle des fêtes.
06:16 Au palais des sports.
06:19 -A la salle des fêtes. -On vous met en contact, après.
06:21 -Je suis batteur et boum, bam.
06:22 -On va organiser la rencontre Joël Dicker.
06:23 -Trop fort, merci.
06:24 -Vous écrivez toujours en musique ?
06:26 Vous écoutiez quoi pour écrire celui-là ?
06:27 -J'ai écouté de l'opéra, j'ai écouté du jazz,
06:30 j'ai écouté des vieilles chansons, des vieux groupes de rock que j'aimais bien,
06:34 dont "30 Seconds to Mars", un album qui s'appelle "This is War".
06:38 Et que, tout d'un coup, j'ai une musique qui me parle,
06:40 plutôt pour le tempo, et ça me plaît.
06:42 -Joël Dicker est avec nous et on est bien contents.
06:44 On se retrouve juste après la pub.
06:46 *musique*