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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres Leclerc.

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Transcription
00:00Merci d'être avec nous ce matin, Michel-Edouard Leclerc, une question d'abord sur les rayons et sur les labels parce que c'est un sujet d'actualité, d'ailleurs aujourd'hui en feuilletant la presse on voit que vous faites la promotion du Nutri-Score, on va y revenir, mais d'abord on a appris que la coopérative U, l'un de vos concurrents que vous connaissez, allait adapter un autre label, c'est un label qui s'appelle Origine Info sur l'origine des produits et qu'il va l'adopter sur 5000 produits, est-ce que vous allez vous y mettre, vous aussi, davantage chez Leclerc ou pas ?
00:26Oui, on a commencé il y a 5 ans.
00:28Pour l'instant ce n'est pas très répandu encore.
00:30Tous les produits marque repères, les produits de la marque de distributeurs Leclerc indiquent l'origine des 4 principaux ingrédients, on a démarré ça très tôt, les pouvoirs publics ont voulu faire, c'était Olivia Grégoire, ont voulu faire un label général mais à l'époque on était tout seul à partir là-dessus et les consommateurs veulent cette information et donc ça marche bien.
00:55Donc on a le Nutriscore, y compris le nouveau Nutriscore, on a l'Origine Info que chez nous s'appelle Savoir d'achat.
01:03C'est ça le problème, c'est qu'on s'y perd un peu dans les labels, est-ce que vous allez migrer vers Origine Info ou pas ?
01:08Si il y a un label général, on ira comme pour le Nutriscore vers un label général mais pour le moment on est parti tout seul et il n'y avait personne avec nous, on est parti comme ça.
01:17Et puis on a un autre projet dans le cadre de la loi sur la décarbonation, c'est de mettre le poids des émissions carbone des produits composant l'article qui va être vendu.
01:29Donc c'est trois injonctions de la nouvelle économie, du mieux manger, de la relocalisation et simplement c'est compliqué à mettre en scène parce que ce n'est pas le temps du média.
01:41Quand vous changez un produit ou une recette, il faut choisir aussi les emballages et les emballages doivent prendre les trois changements en même temps, sinon ça fait trois emballages à changer un peu rapidement.
01:52Ça concerne 6-7000 articles de nos gammes.
01:55Quand on regarde vos produits de la marque OPR, effectivement sur le Nutriscore, ils ne sont quand même majoritairement pas très bien notés.
02:00C'est 60 millions de consommateurs d'ailleurs qui en font la remarque, à D ou à E pour la moitié des produits.
02:06Est-ce que vous allez améliorer les recettes ? Est-ce que vous travaillez là-dessus ?
02:08Oui, nous travaillons sur ces recettes. L'étude de 60 millions n'a pas pris en considération nos propres observations, donc on a été assez siés de voir qu'on sortait comme ça.
02:18En fait, nous sommes la gamme qui s'accroît le plus auprès des consommateurs français, donc on ne doit pas être si mauvaise que ça.
02:24Et puis, on applique le Nutriscore dès le départ, même sur nos premiers prix EcoPlus.
02:31C'est un mouvement général de la distribution. Je ne voudrais pas ramener ça à une stratégie publicitaire.
02:36Chez Intermarché, chez SystemU, on y va, c'est certain, mais l'information du consommateur doit être très visible.
02:45Mais aussi sur les sites que nous avons. Leclerc, c'est la cinquième appli française.
02:50Il faut que sur nos sites, on puisse trouver la composition des produits, l'endroit où c'est fabriqué, où c'est transformé.
02:56Oui, on a un devoir d'information.
02:58Il y a également un autre sujet important qui vous concerne directement, c'est la guerre commerciale qui se profile avec les États-Unis.
03:05Ce matin, en lisant Libération, on apprend que 62% des Français souhaitent boycotter les produits américains.
03:12Il y a même un Français sur trois qui dit qu'il boycotte un produit américain.
03:16Est-ce que vous, c'est quelque chose que vous avez déjà constaté dans vos rayons ?
03:19On pense à Coca-Cola, bien sûr, mais on imagine qu'il y en a d'autres.
03:21Non, alors, ils ne boycottent pas.
03:23Pour l'instant, c'est une déclaration d'intention, mais dans les faits, ce n'est pas vrai.
03:26C'est une déclaration d'intention et c'est une relecture du sondage qui a été faite.
03:30Ils ont éventuellement l'intention, en cas de coup dur, en cas de guerre commerciale, de boycotter.
03:36Alors ça, c'est le cas pour 62%, mais il y en a 32% qui disent j'ai déjà commencé à boycotter.
03:40Peut-être qu'ils le disent, mais ne le font pas.
03:42Nous ne le contestons pas, mais ça ne me gêne pas que ce bruit, ces voix s'élèvent,
03:50parce que ça permettra de faire comprendre à l'administration brutale américaine
03:55qu'avant de toucher, s'ils vraiment vont toucher de 200% de droits de douane nos viticulteurs, nos producteurs,
04:03ils ne vont pas perdre simplement leur crédit vis-à-vis de ces corporations-là,
04:08mais ils vont faire naître un anti-américanisme qui se manifeste déjà
04:13par la culpabilisation des gens qui ont acheté des Tesla, par exemple, qui mettent maintenant des petits...
04:18Et puis on voit bien dans certains pays, touche pas à mon viticulteur, touche pas à mon producteur.
04:24Et je trouve ça sain, parce que pour un homme, un président américain qui a écrit l'art du deal,
04:29il doit comprendre que s'il veut nous amener sur le ring, nous on peut l'amener beaucoup plus loin.
04:34Ils ont des champs, beaucoup de prairies, et c'est très bien qu'ils voient que ce n'est pas sans conséquence.
04:39On ne joue pas avec simplement de l'argent et de la marchandise, il y a des gens derrière.
04:45Ça peut faire remonter les prix aussi, cette guerre commerciale, vous qui êtes évidemment au point sur l'inflation ?
04:49Oui, si les taxes sont élevées, ça fait remonter les prix.
04:52C'est pour ça qu'il faut sortir un petit peu de la fritaille qu'on a pendant les périodes de négociations commerciales.
04:58Moi je prône, très clairement aujourd'hui et ce matin chez vous, je prône pour qu'on ait des lieux et des moments
05:05où industriels, producteurs et distributeurs, agriculteurs aussi, on regarde ensemble comment on va réagir à ces attaques,
05:14ces attaques commerciales, il ne faut pas être naïf, il ne faut pas se diviser, on doit faire nation,
05:19on doit défendre nos produits français, et c'est sûr qu'une taxe sur le vin,
05:25on ne pourra peut-être pas écouler l'ensemble des vins qui allaient vers les Etats-Unis,
05:28donc il faut trouver peut-être d'autres partenaires commerciaux, aider à trouver d'autres partenaires commerciaux,
05:33voire nous limiter peut-être demain si le cognac est trop touché, peut-être que nous, sans attendre la Commission européenne,
05:42on va vendre moins d'autres produits américains et on le dira.
05:46Ça veut dire que vous appelez ce matin à un rang de négociations, on sait qu'il y a ces négociations un pour une fois par an,
05:50vous appelez à d'autres rendez-vous avec les industriels, avec les producteurs, là dans les jours, dans les semaines qui viennent.
05:55Moi j'appelle à des collaborations par filière, parce qu'elles sont organisées, on se parle, on s'échange beaucoup de statistiques,
06:02parce que nous ne savons pas avec qui la Commission européenne discute, vous savez qu'elle s'est trompée,
06:06elle a déclenché l'ire du roi américain, puisqu'en touchant au bourbon pour répondre à une taxe sur l'acier et l'aluminium,
06:15c'est là où il a dégainé les 200% sur le champagne.
06:19Mais prenons le temps, la Commission a raison de dire, répondons en mi-avril, prenons le temps,
06:25travaillons entre professionnels et on verra en retour quel est le revers qu'on va lui remettre.
06:31Puisque vous parlez du Ring et que vous êtes dans la métaphore pugilistique ce matin,
06:35vous avez aussi taclé l'un de vos collègues grands patrons qui est Bernard Arnault il n'y a pas très longtemps, sur ce sujet justement.
06:41Vous dites malgré son allégeance, c'est quand même un mot très très fort,
06:44Bernard Arnault sera-t-il victime collatérale du président américain qui annonce ses 200% de doigts de doigts,
06:49mais pas de panique, Bernard, on a tous le mot, vous l'appelez Bernard, vous avez l'air de bien le connaître,
06:53on a tous le droit de s'être trompé sur le marquis, pourquoi vous lui tapez dessus comme ça ?
06:56Vous avez une dent personnelle contre lui, c'est quoi le sujet exactement ?
06:58Pas du tout, d'abord ça nous a échappé à tous les deux, c'est parti comme un numéro de duétiste dans toutes les salles de rédaction.
07:04Non, lui est revenu des Etats-Unis en disant c'est mieux là-bas, c'est plus souple, c'est plus simple, etc.
07:10Mais nous, vu de France, on voit la brutalité du DOJ, la manière dont il a viré les types…
07:16Le DOJ c'est le ministère d'Elon Musk.
07:18Oui, c'est ça, la manière dont il a viré les salariés de Twitter,
07:22la manière dont il va à la hache ou à la tronçonneuse dans la fonction publique ou fédérale américaine.
07:28Évidemment, ils s'en mordent un petit peu les doigts, il y a un article du Figaro ce matin
07:33où on voit que les patrons français n'ont plus comme modèle ce modèle libéral illibéral.
07:39En tout cas, moi, j'ai voulu très vite protéger nos entreprises, nos collaborateurs.
07:43J'ai clairement dit qu'on ne jouerait pas cette carte-là, ni la carte de la menace de partir à l'étranger,
07:49mais surtout la carte où on doit faire jeu collectif avec petits producteurs, grands producteurs,
07:54parce que ce n'est pas un bon modèle, le modèle américain.
07:57Et puis, tout le monde a oublié pendant le Covid, nous, on a des partenaires américains dans la distribution.
08:01Tous les salariés se sont trouvés sans boulot, sans aide,
08:04alors qu'en France, on a un modèle qu'il faut réformer, sur lequel il faut travailler.
08:08Un modèle qu'il faut financer, mais chef d'entreprise française, je défends le modèle français.
08:14Alors, vous défendez le modèle français, et c'est vrai que vous êtes sur des sujets de plus en plus transversaux,
08:18et évidemment, en vous entendant, et en entendant que vous lâchez de plus en plus vos coups,
08:22on a l'impression que la politique vous titille.
08:24Est-ce que l'hypothèse d'une candidature dite hors système, on a vu un article,
08:27vous citiez le Figaro il y a quelques semaines, qui vous citait,
08:30est-ce que cette hypothèse, elle fait son chemin dans votre esprit ou pas ?
08:32Hors système, ça va très bien un breton.
08:35Nous, on ne fait pas la différence entre pirate et corsaire.
08:38Non, mais je me place dans le débat public, et par exemple, quand je reprends tout à l'heure
08:44la remarque de Tarlé sur ce qui se passe dans les banques,
08:47vous voyez bien aujourd'hui que quand on parle de la réforme du système,
08:50qu'on demande à des gens qui gagnent entre 1700 et 2500 balles par mois
08:55de contribuer à l'équilibre des finances publiques, de la sécurité sociale,
08:59en travaillant plus, c'est inconsidéré, c'est antisocial.
09:04Donc, il y a un débat d'idées qu'il faut décloisonner,
09:06qu'il ne faut pas laisser aux partis politiques.
09:09Jusqu'où peut aller cette implication ?
09:11Est-ce que vous pourriez vous présenter à la présidentielle de 2027 pour dire les choses ?
09:13Moi, je pense que je suis plus utile d'où je suis parce que je peux prouver
09:16les réalisations que l'on fait en matière écologique, en matière de financement,
09:20en matière de nutrition, en matière de création d'emplois.
09:23C'est un mille emplois dans Leclerc cette année,
09:25donc ça fait dix ans qu'on va rembarrer les emplois de caissières.
09:29Non, on en crée, mais tout à l'heure quand vous disiez quand même,
09:32il y a des vrais sujets, qu'on n'aborde jamais.
09:35À partir du moment où seuls les gens créent du travail,
09:38paient leurs cotisations sociales patronales ou salariales,
09:41il n'y en aura jamais assez par rapport à cette automatisation,
09:44cette robotisation qui arrive, et c'est ce dont parlait Alex Tarlet tout à l'heure.
09:48Donc, il y a un moment où il y a quelqu'un qui devrait nous scénariser
09:51une fiscalisation des charges sociales.
09:53C'est-à-dire pas simplement les gens qui bossent et qui payent.
09:56Donc, voilà une idée.
09:58Il n'y a pas aujourd'hui, dans les partis politiques, à Bercy,
10:01de scénarisation de ce type.
10:03Et ce débat-là, c'est un type comme moi qui vient le dire chez vous.
10:06Et on verra jusqu'où vous en emparez encore du temps d'ici à 2027.
10:09La porte n'est pas fermée quand même.
10:11Merci beaucoup Michel-Édouard Leclerc.
10:12Merci à vous.
10:13Merci à tous les deux.

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