La grande interview : Christophe Béchu

  • il y a 7 mois
Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France, Christophe Béchu, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcript
00:00 Bonjour et bienvenue Christophe Béchu.
00:03 Bonjour Sania Mabrouk.
00:04 Et merci de votre présence.
00:05 Vous êtes le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
00:09 Vous êtes également le secrétaire général du mouvement, horizon d'Edouard Philippe.
00:13 Monsieur le ministre, après les propos chocs d'Emmanuel Macron sur l'éventualité de
00:17 troupes au sol en Ukraine, le président français a été contredit par quasiment tous les pays
00:22 occidentaux, tous nos alliés.
00:24 L'Allemagne rejette une telle idée.
00:26 L'Espagne ne comprend même pas qu'on s'interroge sur cela.
00:29 D'autant s'inscrire en compte Joe Biden, à vous qui ne comprend pas la question et
00:33 qui n'est pas du tout à l'ordre du jour d'avoir des troupes au sol en Ukraine.
00:36 Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre qu'un désaveu, ce qu'on est en train de
00:39 vivre du président français ?
00:41 D'abord Sania Mabrouk, j'aimerais qu'on se rappelle dans quel contexte cette phrase
00:44 a été prononcée.
00:45 Elle a été prononcée à l'occasion du deuxième anniversaire, si j'ose utiliser ce mot, de
00:52 l'invasion par la Russie d'un pays, l'Ukraine, qui est en Europe et qui est à nos portes.
00:58 Tous les chefs d'État et de gouvernement se sont retrouvés pour réaffirmer un soutien
01:02 à l'Ukraine.
01:03 Et dans ce contexte, le président de la République a rappelé le chemin qu'on avait parcouru.
01:07 En disant, il y a deux ans, vous aviez dans tous les sénacles, y compris parmi une partie
01:12 des dirigeants européens, des gens qui disaient "on est d'accord pour envoyer des sacs de
01:15 couchage et des gilets par balles, mais pas d'armes".
01:18 Il y a un an, on avait un débat sur le fait de savoir s'il fallait faire en sorte de donner
01:23 des blindés, des missiles pour permettre aux Ukrainiens de se défendre.
01:26 Et en rappelant ce qu'avaient été les étapes et en mesurant la nécessité de maintenir
01:31 un soutien à l'Ukraine, le président de la République, dans cette continuité, il
01:35 n'a pas annoncé un calendrier de déploiement, il a dit "on ne peut rien exclure".
01:39 Et dans un contexte où ça n'est pas notre guerre, mais où c'est déjà notre sécurité
01:44 qui se joue en Ukraine, nous devons donner aux Ukrainiens les moyens de ne pas perdre,
01:49 sinon, après, où s'arrêtera la Russie ?
01:52 C'est contredit par tous, monsieur le ministre, l'OTAN, l'Amérique puissante, tous nos
01:57 alliés et ce matin, vous maintenez cette version du présent français.
02:01 D'abord, je rappelle le contexte.
02:03 Ensuite, j'écarte totalement la question américaine.
02:05 Compte tenu de ce qui est déjà l'élection présidentielle dans quelques mois, avec les
02:09 positions de Trump sur l'OTAN et sur d'autres sujets, les déclarations de Biden n'ont
02:13 rien à voir avec la guerre en Ukraine, elles ont tout à voir avec la politique intérieure
02:16 américaine.
02:17 Il n'est pas exclu que pour nous, ce soit aussi le cas avec les élections européennes,
02:20 on va en parler dans quelques instants.
02:21 En ce qui concerne nos alliés européens, il y a eu par le passé, y compris à l'intérieur
02:26 de tous ceux qui aujourd'hui soutiennent de façon ferme et unanime la coalition, plus
02:34 exactement les Ukrainiens, il y a eu par le passé des désaccords avec certains disant
02:37 qu'il ne faudrait jamais envoyer de blindés, qu'il ne faudrait jamais envoyer de missiles,
02:40 qu'il ne faudrait jamais envoyer d'avions.
02:42 Et à toutes les étapes, le consensus a été de mesurer que si nous n'aidions pas les
02:47 Ukrainiens, à terme, ce qui se passerait, ce serait la remise en cause de nos valeurs.
02:51 Je vais un tout petit peu plus loin parce que c'est une question importante.
02:53 On part d'une phrase dans laquelle le président dit qu'il ne faut rien exclure, qu'il
02:57 faut maintenir une ambiance stratégique.
02:58 Une phrase qui a mis le feu aux poudres dans un contexte inflammable.
03:01 À la Russie, mais une phrase qui a le mérite de rappeler une évidence, détourner le regard
03:07 de ce qui se passe en Ukraine.
03:08 Personne ne dit cela.
03:09 Entre détourner le regard et avoir des troupes au sol, c'est-à-dire une confrontation
03:12 directe, la Russie menace d'une troisième alerte sur une troisième guerre mondiale.
03:16 Le président de la République n'a pas dit qu'il voulait envoyer des troupes belligérantes
03:20 quand il dit qu'on ne peut pas exclure les troupes au sol.
03:22 Il parle aussi bien d'instructeurs, de gens capables d'aller conduire et accompagner.
03:25 Donc on avait mal compris.
03:27 Mais je ne dis pas ça.
03:28 Je dis que la phrase est suffisamment large pour, dans le cadre d'une ambiguïté stratégique
03:33 qui fait partie des armes dont nous avons besoin vis-à-vis des Russes, bien insister
03:36 sur le fait que notre soutien aux Ukrainiens, il est potentiellement sans limite.
03:41 Ambiguïté stratégique ou insoutenable légèreté dans un tel contexte ?
03:45 Ambiguïté stratégique sur la moindre hésitation.
03:46 Le Premier ministre, parce que là, il y a aussi une bataille politique à ce sujet,
03:52 le Premier ministre Gabriel Attal s'est interrogé hier, Christophe Béchut, dans
03:55 l'hémicycle, sur la présence de troupes de Poutine en France à travers Marine Le
04:00 Pen et le Rassemblement national.
04:01 Alors je vous pose directement la question, est-ce que vous considérez que les millions
04:05 d'électeurs, en conscience et en liberté j'imagine, qui votent Marine Le Pen sont
04:09 des agents de Poutine ?
04:10 Là, vous déformez les propos du Premier ministre.
04:12 Le Premier ministre n'a pas dit "il y a dans ce pays des électeurs pro-Poutine".
04:16 Il a dit "il y a des dirigeants politiques qui, à toutes les étapes, malgré les propos
04:22 sur les plateaux de télévision, ont au Parlement européen refusé d'aller voter les sanctions,
04:27 ont émis des doutes sur la nécessité de renforcer le soutien à l'Ukraine, se sont
04:31 interrogés sur le fait qu'il ne fallait pas qu'on aille trop loin dans ce qu'on
04:34 leur apportait".
04:35 Et de ce point de vue, il y a une étrange symétrie entre une extrême gauche et une
04:39 extrême droite qui, des deux côtés, avaient à la fois une fascination pour Poutine et,
04:45 sous couvert d'attention à ce qu'il n'y ait pas de débordement, à toutes les
04:48 étapes, se sont finalement efforcés de limiter ce que pouvait être notre soutien
04:53 à l'Ukraine.
04:54 Je le redis, c'est facile de détourner le regard, c'est facile d'oublier que
04:57 c'est à 3h, c'est facile d'oublier qu'il y a plus de 30 000 jeunes Ukrainiens
05:00 qui sont morts dans ces conflits.
05:02 Mais il se passe quoi après ?
05:04 On s'est gargarisé pendant des années de vivre dans un continent qui connaissait
05:08 la paix.
05:09 Ça n'est plus le cas.
05:10 On a aujourd'hui les conséquences économiques et on commence à avoir une partie de pression
05:15 sur nos valeurs, sur l'ambiance du débat.
05:17 J'entends.
05:18 Je reviens un instant sur la bataille politique.
05:21 Vous dites que ça ne mêle pas les électeurs.
05:23 Mais est-ce qu'aujourd'hui, Monsieur le ministre, on peut avoir une position différente
05:26 de celle du président sans être qualifié de pro-Poutine dans le pays ?
05:29 Bien entendu.
05:30 Alors pourquoi c'est le cas de la plupart des opposants qui sont qualifiés d'être
05:35 pro-Poutine ?
05:36 Non, mais sur ce sujet, Sonia Mabrouk.
05:38 On peut tout effacer.
05:39 On peut oublier le passé.
05:40 Mais quand le Premier ministre rappelle qu'il y a deux ans, Marine Le Pen expliquait qu'il
05:44 nous fallait une alliance militaire avec la Russie, le débat que vous auriez si le résultat
05:49 de l'élection présidentielle avait été différent, c'est d'interroger un ministre
05:52 de Marine Le Pen pour savoir si nous allions envoyer des troupes aux côtés des Russes
05:55 pour les aider à finir le travail en Ukraine.
05:57 Il faut quand même remettre les choses à leur place.
05:59 Le Premier ministre n'a pas inventé des propos.
06:02 Quand le président rappelle ce qu'ont été les fidélités passées des uns et des autres,
06:06 effectivement, cette phrase de Marine Le Pen rappelant qu'elle était favorable à une
06:09 alliance militaire avec la Russie, elle devrait nous faire aujourd'hui bien plus réagir
06:13 que l'étendue de notre soutien aux Ukrainiens.
06:15 Reste la question peut-être que se pose une partie des Français.
06:17 Pourquoi le président de la République s'est-il aventuré sur ce sujet militaire ?
06:21 On ne peut pas croire qu'il a voulu effacer une séquence désastreuse au Salon de l'agriculture.
06:24 C'est impossible de penser ainsi.
06:26 Je comprends la facilité, mais on est pile deux ans après le début de la guerre en
06:31 Ukraine.
06:32 Donc encore une fois, ça n'est pas une sortie médiatique.
06:34 C'est la fin d'une réunion de travail avec tous les chefs d'État et de gouvernement
06:38 à l'occasion des deux ans de l'invasion russe en Ukraine.
06:41 Et je le redis, on est quand même un pays formidable.
06:44 Le président ne dit rien.
06:46 On considère qu'il devrait partager ce que sont les opinions ou les positions diplomatiques
06:51 ou européennes sur le sujet.
06:53 Le président dit quelque chose, on considère qu'il s'aventure.
06:55 Il faut retrouver un peu de calme, de la sérénité et de la constance.
06:58 Pour le coup, c'est très exactement ce que le président fait sur le sujet.
07:01 J'en viens, Christophe Bichu, au Salon de l'agriculture et à la colère paysanne.
07:04 Mais tout d'abord, une autre colère dont on parle peu, elle est importante, elle est
07:08 légitime.
07:09 C'est celle des pêcheurs, des pêcheurs du Golfe de Gascogne.
07:11 Il y a eu un mois sans pêche pour éviter les captures accidentelles de dauphins suite
07:17 à la saisie du Conseil d'État, rappelons-le, par des ONG environnementales.
07:20 Finalement, la pêche reprend, mais très timidement depuis une semaine, avec un vrai
07:24 manque à gagner.
07:25 Qu'est-ce qui est prévu, Christophe Bichu, pour les dédommager ? C'était vraiment une
07:29 profonde attente de leur part.
07:31 Je vous confirme, 450 bateaux de plus de 8 mètres avec leurs équipages et des gens
07:36 qui ne demandaient pas de subvention ou de compensation, qui voulaient travailler.
07:38 Mais une décision prise par le juge administratif en considérant qu'il y avait un risque
07:44 pour la survie des dauphins communs compte tenu du taux de capture accidentelle des
07:49 années précédentes.
07:50 Nous avons obtenu, je me suis personnellement engagé sur le sujet puisque c'était pendant
07:55 le mois où le gouvernement a été resserré, donc c'est un dossier que j'ai géré en
07:57 direct, un taux de soutien qui varie entre 80 et 85 % du chiffre d'affaires.
08:02 La plateforme est effective pour déposer les dossiers.
08:05 Effective depuis ? Depuis très exactement hier.
08:08 Depuis hier, très bien.
08:09 Depuis hier, puisque la période s'est terminée le 20 février.
08:11 On a finalisé les négociations techniques avec l'Union européenne ce week-end et donc
08:16 la plateforme est désormais ouverte.
08:18 À côté de ça, un soutien au mariage, parce qu'il n'y a pas que ceux qui pêchent, il
08:23 y a évidemment le reste de la filière qui est concernée, qui lui est en train d'être
08:26 finalisé.
08:27 Dans quelques jours, à nouveau un temps d'échange.
08:29 L'idée est que les marieurs puissent être accompagnés à hauteur de 75 % de leur perte
08:34 d'excédent brut d'exploitation.
08:35 Donc pour ceux qui nous écoutent, les pêcheurs, c'est un guichet qui est ouvert depuis hier,
08:39 donc dossier à remplir pour obtenir 80-85 % de leur chiffre d'affaires.
08:45 En sachant, vous l'avez rappelé Monsieur le ministre, mais je vais le rappeler, c'est
08:48 la France qui travaille, qui ne veut pas d'aide d'Assistana.
08:50 Elle aurait préféré gagner du fruit de son travail et de la pêche.
08:55 Mais là-dessus, tout le monde est d'accord ?
08:56 Pas les ONG environnementales.
08:58 On doit être capable de regarder en même temps ce qu'est la réalité d'une perte
09:02 de revenu et la survie d'espèces qui participent aussi à des équilibres éclosifs.
09:07 Mais parlons-en, est-ce que pendant ce mois où il n'y a pas eu de pêche, est-ce qu'il
09:10 y a eu plus d'accidents de dauphins ? Et est-ce que c'est dû aux pêcheurs ? Parce
09:16 qu'eux disent non, ce n'est pas forcément.
09:18 On va le savoir très vite.
09:19 Vous savez, moi sur ce genre de sujet, les gens qui le jour où ça réouvre vous disent
09:23 on a fait les comptes, mais il faut tenir compte des courants, des machins.
09:26 Et donc, c'est la preuve que ça marche ou que ça marche pas.
09:28 Ça me fascine, mais on est en train de prendre le temps de consolider les données.
09:33 Et dans quelques jours...
09:34 Vous êtes le ministre des pêcheurs ou des ONG environnementales qui ont empêché les
09:37 pêcheurs de pêcher ?
09:38 Je suis le ministre, si j'ose dire, de la planète.
09:41 Et vous savez, à la fin...
09:43 Ambitieux.
09:44 Non, mais je m'explique.
09:45 Pensez que l'objectif des pêcheurs est de vider la mer des poissons ou des espèces,
09:51 c'est mentir aux gens.
09:52 Donc, ils sont les premiers à être concernés par ces sujets.
09:55 Mais il y a des cas dans lesquels les politiques que nous conduisons, elles doivent aider au
09:59 maintien des équilibres écologiques.
10:00 Et pas qu'on marche sur la tête quand même.
10:02 Sonia Mabrouk, quand à cause de la mauvaise qualité de nos stations d'épuration, on
10:06 a la contamination du littoral qui entraîne la fermeture pour les huîtres, on voit le
10:11 lien qu'il y a entre préserver une planète, préserver un pays dans lequel on fait attention
10:16 à l'environnement et les conséquences pour le revenu de ceux qui vivent du vivant.
10:19 Et bien, c'est exactement la même chose.
10:21 Il faut qu'on arrive à trouver un équilibre.
10:23 La nature, elle continue à nous fournir des solutions pour lesquelles on n'a pas inventé
10:28 au niveau humain des alternatives.
10:30 Le salon de l'agriculture.
10:31 Parlons-en.
10:32 Quand on a des débats sur les insectes pollinisateurs, il faut mesurer que si demain on n'a plus
10:36 d'insectes pollinisateurs et qu'il faut que des agriculteurs doivent eux-mêmes polliniser,
10:40 les conséquences, y compris économiques, croyez-moi, elles seront lourdes.
10:43 Donc, c'est l'intérêt de tout le monde qu'on préserve cette nature.
10:44 Nous sommes d'accord qu'il y a des décisions compliquées.
10:46 Par exemple, le Premier ministre a-t-il bien fait, selon vous, de céder sur les pesticides
10:51 qui étaient une revendication forte des syndicats agricoles contre les ONG écolo ? Il y a,
10:55 Monsieur le ministre, le rejet d'éco-phyto, le moratoire sur les interdictions de phytosanitaires.
10:59 Est-ce que vous avez été et vous êtes toujours dans cette ligne-là ?
11:02 D'abord, merci de me poser cette question.
11:05 Il y a une ligne rouge absolue, c'est la santé humaine.
11:09 Rien, dans ce qui a été annoncé, ni par le Premier ministre, ni par le Président
11:13 de la République, ni par le gouvernement, ne remet en cause la santé humaine.
11:16 Les sujets sur lesquels nous avons cheminé, c'est un, la question de l'indicateur.
11:20 On va être très simple.
11:21 Si on a des règles qui s'appliquent en France, que vous interdisez des produits,
11:25 mais que les mêmes substances sont autorisées de l'autre côté de la frontière, et que
11:29 vous trouvez dans les rayons de votre supermarché des produits qui ont été faits avec ça,
11:32 c'est hypocrite.
11:33 Mais Monsieur le ministre, attendez.
11:34 C'est scandaleux.
11:35 Donc très concrètement, quand vous dites "on va prendre un indicateur européen et
11:39 c'est sur la base de cet indicateur européen qu'on va regarder si on est bon ou si on
11:42 n'est pas bon", je pense que c'est un moyen d'objectiver les choses.
11:45 Je vais juste rappeler à nos auditeurs et téléspectateurs de quoi vous parlez, parce
11:48 que le Premier ministre a confirmé l'abandon de l'indicateur français de mesure de l'usage
11:52 des pesticides.
11:53 C'est le fameux Nodus et le nombre de doses unités, très contesté par les syndicats
11:57 agricoles au profit d'un nouvel indicateur européen.
12:01 En bref, le fameux plan éco-phyto, il est enterré.
12:04 Bye bye.
12:05 C'est le grand renoncement.
12:06 Pas du tout.
12:07 Des plans éco-phyto, il y en a depuis 2008.
12:08 Et vous savez, le premier, il ne s'est rien passé.
12:11 2008, 2012.
12:12 Le deuxième, 2012, 2017, il ne s'est rien passé.
12:15 Le troisième, on a eu pour la première fois une baisse sur une chose, pas l'usage global,
12:20 mais la dangerosité.
12:21 96% des phytosanitaires les plus dangereux, ceux qui sont classés CMR1, ont disparu.
12:27 Et le rappeler, c'est à la fois rappeler que les agriculteurs, ils ne sont pas addicts,
12:32 accros et ils n'ont pas envie d'aller utiliser des produits qui sont dangereux pour leur
12:35 santé.
12:36 Ils ont besoin d'avoir des solutions pour être capables de nous nourrir et de produire.
12:39 Et que si on veut interdire des produits, et il y en a que nous devons interdire pour
12:43 préserver la biodiversité et y compris pour avoir des conséquences sur la santé humaine,
12:48 il faut en parallèle qu'on les aide à trouver des solutions et qu'on sorte de l'hypocrisie
12:52 qui consiste à les laisser autoriser à l'extérieur de nos frontières.
12:55 C'est une position simple.
12:56 Est-ce que votre ministère, monsieur le ministre, est à l'os ? L'écologie, est-ce que c'est
12:59 la variable d'ajustement des coûts budgétaires ? 2 milliards de moins, est-ce que l'écologie
13:04 est un grand cadavre à la renverse, malheureusement ?
13:07 On va se dire les choses de manière très claire.
13:09 En décembre, les annonces, c'était que le budget de l'écologie dans ce pays progresserait
13:14 de 10 milliards.
13:15 On en a rendu 2.
13:16 On progresse donc de 8.
13:18 Présenté comme étant...
13:19 Mais moi, je fais quand même moins de 2 milliards quand même.
13:23 Oui, mais c'est un moins 2 qui fait un plus 8.
13:26 Si en matière de finances publiques, on se contente de regarder les moins sans regarder
13:30 d'où on part, on ne peut pas ne pas s'apercevoir qu'on est le pays aujourd'hui en Europe
13:34 qui a le niveau de prélèvement obligatoire le plus élevé, le niveau de dépenses publiques
13:37 les plus élevés.
13:38 Chaque fois que vous touchez à un euro de dépense publique, vous dites "c'est l'austérité,
13:42 on est à l'os, c'est une cata".
13:43 Que dirait-on de nos voisins ? Et je le redis, le budget de cette année, bah oui, c'est
13:47 plus 8 au lieu de plus 10 parce qu'on a moins de croissance.
13:50 Eh bien, à la fin, si on augmente notre dette et qu'on pense que c'est comme ça qu'on
13:54 sauvera la planète, je pense qu'on se plante.
13:56 Il faut qu'on soit capable de mesurer un effort qui tienne compte aussi de l'impact
14:01 et de la pression.
14:02 Je suis pour une écologie de progrès, je ne suis pas pour une écologie qu'on assimile
14:05 des hausses de taxes ou des interdictions.
14:06 Expliquez-moi, vous allez parfaire mon niveau en mathématiques sur les milliards.
14:12 Un exemple très concret, monsieur le ministre, vous avez un objectif qui est de réaliser
14:16 200 000 rénovations de logements grâce à MaPrimeRénov'.
14:18 Ça concerne beaucoup de nos téléspectateurs et auditeurs.
14:21 Cet objectif, il ne sera pas atteint en 2024 à cause de ces coupes ?
14:25 En 2023, sur MaPrimeRénov', il y a un milliard d'euros que nous n'avons pas dépensé
14:31 qui étaient inscrits au budget.
14:32 Argent en plus.
14:33 Pour une raison simple, malheureusement, c'est aussi parce qu'on a des dispositifs
14:37 qui sont devenus trop compliqués.
14:38 Et je suis certain que vos auditeurs savent qu'à force d'avoir raffiné des dispositifs,
14:43 on a fini parfois avec de la paperasse, avec des obligations de labellisation des artisans,
14:49 avec des degrés de contrôle ou des contrôles qui sont très tâtillons.
14:53 On finit par détourner une partie de ceux qui pourraient bénéficier des dispositifs
14:57 de le faire.
14:58 Donc, je fais les choses dans l'ordre.
14:59 Dans huit jours, avec mon ministre délégué au logement, on reçoit la CAPEB et la FFB.
15:05 On simplifie le dispositif de manière à pouvoir relancer les objectifs.
15:09 Et ceux qui étaient nos objectifs en 2024, on les tiendra en 2025.
15:13 200 000, vous allez les tenir ?
15:14 Non, on ne les fera pas cette année.
15:16 L'année dernière, on était censé en faire 100 000, on n'a fait que 70 000.
15:19 Ce ralentissement, il est lié à ce besoin de simplification.
15:23 Donc, on est très raccord.
15:25 Je simplifie.
15:26 L'objectif, ça va être de doubler le chiffre de 70 000, peut-être sans doute aux alentours
15:30 de 140 ou de 150.
15:31 Et donc, une partie du détail, il explique pourquoi il y a un milliard que nous ne dépenserons
15:35 pas cette année.
15:36 C'est un grand sujet de logement.
15:37 Je vais conclure très rapidement parce que vous avez vu ou rencontré une partie du secteur
15:40 bancaire, je crois que c'était hier ou avant-hier, avec beaucoup d'idées ou de pistes sur des
15:44 prêts immobiliers, peut-être même des prêts immobiliers infinis.
15:49 C'est-à-dire, en gros, au lieu de rembourser chaque mois une partie des intérêts, une
15:52 partie du crédit sur 15 ans, au bout de 15 ans, vous ne remboursez que les intérêts
15:58 ou tout le reste.
15:59 Je m'apprête effectivement à voir le secteur bancaire, ça a été légèrement décalé
16:02 avec le début du Salon de l'agriculture dans les prochains jours, avec une idée simple.
16:07 Le pouvoir d'achat immobilier des Français, il a reculé parce que vous avez, au cours
16:13 de ces derniers mois, une explosion des taux d'intérêt et puis une inflation liée à
16:16 la guerre en Ukraine qui a fait exploser les coûts de construction.
16:18 Face à ça, vous vous mettez la tête dans le sable, vous vous dites que pour redonner
16:22 du pouvoir d'achat immobilier, il faut qu'on soit capable de regarder ce que sont la façon
16:26 dont on emprunte.
16:27 Et très clairement, y compris en allant regarder au-delà de nos frontières ce que sont les
16:31 exemples.
16:32 Les propositions qui sont sur la table, je ne les ai pas inventées, elles consistent
16:35 à regarder ce que nous faisons.
16:36 Nous, Français, on est très fort dans plein de domaines, on a parfois le droit d'avoir
16:40 un peu d'humilité et de se dire que d'autres confrontés au même souci ont peut-être trouvé
16:43 des solutions qu'on a le droit de copier.
16:44 Merci Christophe Béchus, c'était votre grande interview ce matin sur CNews Europe 1.
16:48 À très bientôt et bonne journée à vous.
16:49 Très bonne journée.
16:50 [Musique]
16:53 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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