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La ministre des Solidarités et des Familles de France, Aurore Bergé était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00 Place à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:02 Bonjour à vous, Aurore Berger.
00:04 Bonjour.
00:04 Et bienvenue, vous êtes la ministre des Solidarités et des Familles.
00:07 Vous êtes connue aussi pour vos prises de position claires et étranchées.
00:12 L'antisémitisme, Aurore Berger, se propage face à la multiplication de ses actes.
00:16 Gérald Darmanin a réaffirmé sa fermeté.
00:18 La Première ministre dit, je cite, que s'en prendre à quelqu'un parce qu'il est juif,
00:23 c'est s'en prendre à l'âme de la République.
00:25 Mais dites-nous, si c'est l'affaire de tous,
00:27 où sont les manifestations dans les rues ?
00:30 Est-ce que vous pensez vraiment que chacun se sent concerné aujourd'hui ?
00:33 Le pire des risques, c'est en effet l'indifférence.
00:35 Le pire des risques, c'est de se dire qu'on ne serait pas concerné
00:38 parce que quand on voit les étoiles de David, on se dit « c'est pas nous »
00:42 puisqu'on n'est pas de confession juive.
00:43 Mais quand il y a une étoile de David qui est taguée sur un immeuble,
00:47 c'est une insulte pour nous tous.
00:49 Et c'est un danger et un poison pour nous tous.
00:51 Moi, je me souviens, j'étais très frappée quand il y a eu Osaratora.
00:55 Osaratora, c'est une école où un terroriste est entré
00:59 et a tiré à bout portant sur des enfants.
01:01 On aurait tous dû se sentir directement concernés
01:05 de voir des tout-petits être pris pour cible
01:07 et de voir aussi une école, qui est quand même un refuge,
01:10 une protection, être prise pour cible.
01:12 Et je crois qu'on ne s'est pas sentis tous, collectivement,
01:15 suffisamment concernés parce que ça a ciblé délibérément
01:19 une partie de la population qui était de confession juive.
01:23 Vous craignez que c'est encore le cas aujourd'hui,
01:24 qu'il y ait une forme d'indifférence, qu'on se dise
01:27 "écoutez, ça concerne les Français juifs,
01:29 donc ça ne nous concerne pas, la menace ne nous concerne pas autant".
01:32 En fait, la menace, elle nous concerne tous.
01:34 Le poison de l'antisémitisme, il nous concerne tous.
01:37 Et on ne peut pas laisser les seuls Français juifs
01:40 être en première ligne.
01:42 Et c'est une inquiétude grandissante au sein de la communauté juive.
01:44 Ils savent, évidemment, l'engagement de l'État.
01:47 Ils savent l'engagement des policiers, des gendarmes.
01:49 Ils savent la sécurisation des lieux, des écoles.
01:52 Mais notre sujet, c'est qu'encore une fois,
01:54 au-delà des policiers et des gendarmes,
01:56 au-delà de l'enjeu sécuritaire,
01:57 c'est un enjeu républicain,
01:59 et c'est un enjeu qui, encore une fois,
02:01 doit tous nous alerter, nous concerner.
02:03 Moi, je ne pensais pas que dans ma génération,
02:06 dans nos générations,
02:07 on puisse voir des étoiles de David être taggées.
02:10 Lundi matin, j'ai une amie qui vit en Israël,
02:13 qui m'a envoyé cette image-là en me disant
02:15 "j'ai peur, non pas finalement de ce qui se passe en Israël,
02:18 j'ai peur parce qu'il y a eu ce tag sur l'immeuble de ma sœur".
02:22 Est-ce que ça veut dire qu'elle est prise pour cible ?
02:24 Est-ce que ça veut dire qu'elle a été identifiée ?
02:26 Il faut mesurer ce qui se passe au sein de la communauté juive.
02:28 Il faut mesurer ceux qui changent leur nom sur leurs interphones.
02:32 Il faut mesurer ceux qui changent leur nom
02:33 sur des applications comme Uber ou Deliveroo
02:36 parce qu'ils ont peur d'être identifiés.
02:38 Ça fait des années que c'est un risque de déni collectif.
02:42 Oui, mais pardonnez-moi,
02:42 depuis il y a des années, ici même,
02:44 Gérard Larcher, il y a quelques temps,
02:46 nous avait dit "nous sommes tous responsables"
02:49 parce que nous avons laissé certains quartiers
02:50 être "inhabitables" par des Français juifs.
02:54 Ils sont partis de certains quartiers populaires, etc.,
02:58 de certains territoires.
02:59 Est-ce qu'il y a eu un déni à l'aveuglement ?
03:01 Je pense que pendant des années,
03:02 il y a eu ce risque de déni à l'aveuglement
03:03 et c'est ce que vous dites très bien.
03:05 C'est-à-dire qu'on a des quartiers où, historiquement,
03:07 on avait une population de confessions juives
03:10 qui était importante
03:12 et qui, progressivement, s'est décalée, déplacée.
03:14 Mais là, ce n'est pas ce qu'on voit.
03:15 On voit que c'est au cœur de Paris,
03:17 c'est-à-dire pas du tout des quartiers,
03:19 je vais vous dire, où on a ce type de difficultés.
03:22 Donc, encore une fois, si aujourd'hui, maintenant,
03:24 on ne se sent pas concernés,
03:25 un, parce qu'Israël a vécu le 7 octobre.
03:29 Le 7 octobre est le pire drame dans l'histoire d'Israël
03:32 et de la communauté juive depuis l'âge Shoah.
03:34 C'est la volonté délibérée de tuer des Juifs
03:37 parce qu'ils sont Juifs
03:38 et d'exterminer 1 400 d'entre eux,
03:41 y compris des bébés, des tout-petits,
03:43 des femmes, des enfants, des vieillards.
03:45 C'est la volonté d'avoir pris des otages
03:48 avec le risque, là encore, de l'oubli
03:50 de celles et ceux qui, aujourd'hui, sont gardés.
03:53 C'est 30 de nos compatriotes,
03:55 30 de nos compatriotes,
03:56 la pire tuerie depuis l'attentat de Nice.
03:59 Donc, si on ne se sent pas concernés par le 7 octobre,
04:01 si on ne se sent pas concernés par ces étoiles de David
04:04 qui sont inscrites sur les immeubles,
04:05 ça veut dire qu'on n'est pas à la hauteur
04:07 de ce que veut dire être français
04:09 et de ce pacte républicain qui est le nôtre.
04:11 Mais l'intensification aura barré de la riposte d'Israël,
04:14 les images aussi de Gaza bombardées vont venir grossir,
04:18 nourrir la menace sur notre sol
04:19 et fournir aussi du carburant,
04:21 probablement à des slogans souvent de haine.
04:24 Comment faire face, aujourd'hui,
04:25 à des manifestations qui vont se multiplier
04:27 et qu'il est impossible d'interdire,
04:29 même quand elles sont interdites, elles se tiennent ?
04:31 Comment on fait ?
04:32 Dans le précédent mandat,
04:33 on s'était beaucoup battu pour modifier la définition
04:35 de ce qu'est l'antisémitisme.
04:37 On avait dit clairement que l'antisionisme,
04:39 c'est-à-dire le fait de nier l'existence même
04:42 de l'État d'Israël, le droit d'Israël à exister,
04:44 était une forme renouvelée d'antisémitisme.
04:46 Ça a été difficile, c'était Sylvain Maillard
04:48 qui avait beaucoup porté ce combat,
04:49 qui est aujourd'hui président, d'ailleurs, du groupe Renaissance,
04:52 et ça a été modifié à l'Assemblée nationale.
04:54 Qui, aujourd'hui, pourrait nier le fait
04:57 que, de manière évidente, l'antisionisme
04:59 est une forme renouvelée d'antisémitisme ?
05:01 Derrière les slogans, derrière les drapeaux,
05:04 on voit bien, évidemment, la haine.
05:07 - Moi, ce qui me surprend... - Mais derrière chaque drapeau,
05:08 c'est-à-dire derrière un drapeau palestinien,
05:10 vous voyez forcément une haine israélienne ?
05:12 - Non, je pense qu'il y a des gens qui, sincèrement,
05:13 s'alarment de la situation humanitaire,
05:16 veulent qu'il y ait des corridors humanitaires,
05:18 veulent que l'aide humanitaire arrive à Gaza,
05:20 et c'est pour ça que la France est mobilisée,
05:22 que l'Union européenne est mobilisée,
05:24 et c'est, évidemment, légitime auprès des populations civiles,
05:27 mais je vois aussi immédiatement que des slogans fleurissent
05:31 dans un certain nombre de ces manifestations,
05:33 et ce ne sont pas des slogans pour la paix,
05:35 ce ne sont pas des slogans sur la légitimité de main
05:38 d'un État palestinien... - Quand on interdit, elles se tiennent ?
05:41 - Alors, certaines manifestations,
05:43 et le ministre de l'Intérieur a été très clair sur le sujet,
05:45 le gouvernement a été très clair... - Non, mais vous êtes claire,
05:47 elles se tiennent, vous voyez bien,
05:48 puisque vous parlez de ces slogans de haine.
05:49 - J'entends bien, mais nous, on est très clair,
05:51 et on a été d'ailleurs le seul pays au sein de l'Union européenne
05:54 à interdire, à interdire un certain nombre de ces manifestations.
05:58 - Pour quel résultat, selon vous ?
05:59 - Déjà, je pense que ça envoie quand même un signal clair,
06:01 c'est-à-dire qu'on ne laisse pas passer,
06:03 et qu'on ne considère pas que c'est acquis,
06:04 que des manifestations puissent exister,
06:06 alors qu'elles auraient non pas un caractère
06:08 d'apaisement, d'appel, encore une fois, à la paix,
06:11 ou même de légitimité, de dire, on souhaite
06:13 qu'une solution à deux États puisse exister.
06:15 On voit derrière ces slogans qu'en vérité,
06:17 ce n'est pas une solution souvent à deux États.
06:19 C'est de dire, on veut l'effacement de l'État d'Israël,
06:22 on veut la négation de l'État d'Israël.
06:24 - Vous avez des députés,
06:25 saint Delores Echarpe Tricolore, qui participent,
06:28 et souvent, ces députés, notamment de la France insoumise,
06:30 dénoncent un nettoyage ethnique en cours à Gaza.
06:33 - Mais ce sont les mêmes députés
06:34 qui ont refusé de caractériser l'État d'Israël.
06:36 - Mais ce sont les mêmes députés qui ont refusé
06:38 de caractériser le Hamas comme groupe terroriste.
06:40 Donc, ils ont quand même, pour moi, peu de crédit,
06:42 honnêtement, sur ce qu'ils disent.
06:44 Et ce n'est pas un hasard, évidemment,
06:45 de les retrouver dans ces manifestations-là.
06:47 Ils ont fait un choix très clair au sein de la France insoumise
06:50 depuis le début de ce conflit,
06:52 depuis le début des attaques terroristes,
06:54 qui, encore une fois, ont fait 1 400 morts
06:56 du côté israélien, et avec des gens
06:58 qui ont été délibérément ciblés.
07:00 Et je crois que voilà, on voit bien
07:02 ce qu'ils essayent de flatter
07:04 comme bas instinct dans notre pays.
07:06 Et c'est ça qui est dangereux, parce que quand vous avez
07:08 des hommes et des femmes politiques...
07:10 - Bah, évidemment. - Parce qu'hier, à cette même place,
07:12 le député Renaissance, Karl Olli, nous a dit
07:14 "Jean-Luc Mélenchon est dangereux pour la société,
07:16 et donc il faut le ficher S."
07:18 - Je ne sais pas s'il faut le ficher S.
07:20 - Il est de votre parti, de votre camp.
07:22 - Je comprends ce qu'il dit quand il dénonce la dangerosité.
07:24 Et on le vit à l'Assemblée nationale.
07:26 - Dangereux pour la société.
07:28 C'est-à-dire qu'on n'est plus à parler de l'arc républicain.
07:30 C'est-à-dire qu'ils considèrent cet individu est dangereux.
07:32 - Mais quand vous avez refusé de caractériser
07:34 le Hamas de groupe terroriste,
07:36 quand vous avez refusé de caractériser
07:38 le fait que 1 400 civils ont été délibérément ciblés
07:42 et assassinés, exécutés...
07:44 J'ai même moi-même vécu une polémique il y a 48 heures.
07:46 Parce qu'on a un secouriste israélien
07:50 qui avait dénoncé une nouvelle gradation dans l'horreur,
07:54 qui était, je suis désolée de le dire comme ça,
07:56 mais parce que malheureusement, c'est ce qui s'est passé en Israël.
07:58 Vous savez qu'il y a des tout-petits, des enfants,
08:00 qui ont été décapités, et dit "on a même retrouvé
08:02 un petit bébé placé dans un four et qui a été brûlé".
08:06 Je lui ai dit "je vais le relayer parce que je pense qu'on a besoin
08:10 à un moment de mettre des mots sur l'horreur absolue qui s'est passée".
08:12 Et là, je vois immédiatement des gens qui disent
08:14 "ça a été démenti", etc.
08:16 Ça n'a pas été démenti du tout.
08:18 On a même hier le porte-parole de l'armée israélienne
08:21 qui s'est rendu sur place et qui l'a dit,
08:23 j'ai ces propos-là, dit "je viens de voir moi-même,
08:25 je tenais à voir moi-même, des personnes décapitées,
08:28 également des bébés, ils m'ont dit avoir découvert
08:30 le corps d'un bébé, il a été brûlé, vivant, je crois, dans un four".
08:34 Qui sont ces gens qui, en fait, à partir du moment,
08:38 et c'est ça qu'ils devraient interroger sur la question de l'antisémitisme,
08:40 où quand des juifs sont ciblés, ils mettent en cause
08:44 les propos d'une armée, d'un État démocratique,
08:47 alors que les mêmes ne remettraient jamais en cause les propos
08:50 de, je cite, "le ministère de la santé du Hamas",
08:53 c'est-à-dire d'un groupe terroriste.
08:55 Et ça, ça devrait quand même nous interpeller sur ce poison,
08:58 encore une fois, de l'antisémitisme.
09:00 Que répondez-vous à ceux qui disent, et à une petite musique,
09:02 selon laquelle les Occidentaux ne mettent pas sur le même plan
09:07 une vie israélienne et une vie palestinienne ?
09:09 Mais évidemment que toutes les vies se valent,
09:11 la question, elle n'est pas là.
09:13 La question, c'est juste qu'à un moment,
09:15 vous avez une différence fondamentale entre un groupe terroriste,
09:19 islamiste, qui représente une menace, non pas juste pour Israël,
09:22 mais qui représente une menace comme n'importe quel groupe terroriste,
09:25 islamiste, pour l'ensemble des démocraties,
09:27 et en face, une démocratie.
09:29 Ça ne veut pas dire qu'on doive considérer que tout ce qui est fait
09:33 par le gouvernement israélien ne mérite pas à la fois de la polémique,
09:37 ne mérite pas de la contestation, ne mérite pas du débat,
09:39 comme pour n'importe quel État démocratique,
09:41 mais vous ne pouvez pas intellectuellement placer sur le même plan
09:44 un groupe terroriste et un État démocratique
09:46 qui est un État ami et allié de la France.
09:48 Quand une fois, il y a 30 Français qui sont morts,
09:50 si ça s'était passé dans un autre État au monde,
09:53 en vérité, personne n'aurait remis en cause les faits.
09:57 Parce que ça se passe en Israël, certains remettent en cause les faits.
10:00 Si Jean-Luc Mélenchon est considéré, vous l'avez dit vous-même,
10:02 comme un danger, et comme l'a dit hier Karl Oliv,
10:05 c'est de moins en moins le cas pour Marine Le Pen
10:07 à en croire en tous les cas les sondages.
10:09 Marine Le Pen, elle a déclaré ici même, à votre place,
10:11 qu'elle était le rempart aujourd'hui, justement,
10:14 le bouclier de protection des Français juifs.
10:16 C'est le cas ?
10:17 Je pense évidemment pas le cas, mais je pense que l'opportunité,
10:21 aujourd'hui, je pense que l'opportunité lui est donnée,
10:24 notamment grâce aux outrances de l'extrême gauche,
10:27 de faire à peu de cas, espérer faire oublier l'histoire qui est la sienne.
10:31 La sienne ou celle de son père ?
10:33 Oui, mais elle a emmené l'héritière.
10:34 Elle est l'héritière non pas juste du nom,
10:36 elle est l'héritière du parti, elle est l'héritière de ses cadres.
10:39 Est-ce qu'elle a un propos antisémite ?
10:42 Je ne crois pas qu'elle ait tenu elle-même de propos antisémite,
10:44 mais je me souviens d'elle, il n'y a pas si longtemps,
10:47 en Autriche, à des balles avec des néo-nazis.
10:50 Je suis désolée, il y a peu d'hommes et de femmes politiques
10:52 qui se rendent à des balles avec des néo-nazis.
10:55 Donc, à un moment, est-ce que ça veut dire qu'elle l'a policé son discours ?
10:59 Oui. Est-ce que ça veut dire, pour autant,
11:01 qu'il n'y a pas le risque du poison derrière de ce qu'a été,
11:05 encore une fois, le Front national
11:07 et de ce que sont restés beaucoup de cadres du Rassemblement national
11:10 qui n'ont jamais vraiment nié cette histoire-là,
11:13 qui ont appartenu au Front national ?
11:15 Elle fleurte avec les 30 % dans les intentions de vote de sondage,
11:17 c'est-à-dire qu'une proportion importante de Français
11:21 serait capable de voter pour quelqu'un, apparemment,
11:23 qui est encore attaché à une histoire antisémite.
11:26 Je crois qu'encore une fois, notre responsabilité,
11:28 c'est que personne n'oublie l'histoire politique.
11:31 Parce qu'à un moment, l'histoire politique,
11:32 elle dit quand même beaucoup de ce que nous sommes,
11:34 de ce que nous avons porté.
11:35 Elle est montée pendant les deux quinquennats d'Emmanuel Macron.
11:38 Je pense surtout que nous, on a été un rempart
11:40 au fait qu'elle n'arrive pas au pouvoir.
11:42 Parce que si ça avait été un autre candidat qu'Emmanuel Macron,
11:44 est-ce que le second tour aurait eu la même issue ?
11:46 Je crois qu'il a surtout été élu et qu'il a été réélu.
11:49 Donc ça veut dire que par deux fois,
11:51 il a été un rempart empêchant l'extrême droite
11:53 d'arriver au pouvoir dans notre pays.
11:54 Vous êtes sûre que ce n'est pas une partenaire pour vous ?
11:55 Parce qu'elle a aussi déclaré, Marine Le Pen,
11:57 que si, par exemple, dans le projet de loi immigration,
11:59 le fameux article 3 a été retiré, supprimé,
12:02 elle voterait le projet de loi.
12:04 Écoutez, on a un projet de loi.
12:06 Vous lui dites "allié de circonstance" ?
12:07 Non, il n'y a pas d'allié de circonstance,
12:08 parce qu'on n'a jamais été rechercher, évidemment,
12:10 les voix du Rassemblement national.
12:12 Vous n'allez pas les refuser ? Vous avez besoin d'une majorité ?
12:14 Oui, enfin, ceux qui votent le plus souvent avec l'extrême droite,
12:16 motion de censure après motion de censure,
12:18 ce n'est donc pas la majorité.
12:20 C'est, de manière très claire, l'extrême gauche,
12:22 qui là n'a aucun problème et aucun examen de conscience
12:25 sur le fait qu'encore une fois,
12:27 ils s'allient, ils s'associent et s'appellent mutuellement.
12:29 Donc Jean-Luc Mélenchon marche-pied de Marine Le Pen ?
12:31 Oui, mais je pense que l'objectif de Jean-Luc Mélenchon,
12:33 il serait de trouver, en 2027, en tête à tête,
12:35 face à Marine Le Pen.
12:37 D'ailleurs, s'il y avait ce tête à tête, vous, pour qui voteriez-vous ?
12:39 Je fais en sorte surtout que ce tête à tête n'existe pas.
12:41 D'accord, mais vous m'avez amené la question, Aurore Berger.
12:43 Non, parce que moi, je suis membre du gouvernement,
12:45 et ma responsabilité, c'est surtout qu'on réussisse.
12:47 Le meilleur rempart face à l'extrême droite,
12:49 c'est la réussite de la politique que l'on mène,
12:51 sur la question du travail, sur la lutte contre les inégalités,
12:53 sur la question de la protection des familles,
12:55 sur les enjeux environnementaux, sur l'immigration.
12:57 Et votre non-réponse en dit long s'il y avait ce duel.
12:59 Parce que le simple fait de vous répondre,
13:01 veut dire que j'accrédite l'idée que ce duel puisse exister.
13:03 Ce duel ne doit pas pouvoir exister.
13:05 Ce n'est pas parce que Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen le souhaitent,
13:07 que c'est souhaitable pour le pays.
13:09 C'est évidemment l'inverse.
13:11 Dans l'actualité, Aurore Berger, l'annonce d'Emmanuel Macron
13:13 de graver dans notre Constitution la liberté des femmes
13:15 à disposer de leur corps, à recourir à l'IVSG.
13:17 Alors, cette annonce a été saluée par, notamment,
13:19 l'insoumise Mathilde Panot,
13:21 qui a aussi salué sa propre victoire,
13:23 la victoire des insoumis
13:25 qui ont porté ce sujet au Parlement.
13:27 C'est le cas ? Il faut partager cette victoire avec eux ?
13:29 On peut refaire juste un petit peu l'histoire.
13:31 L'histoire, c'est que moi, j'ai été élue présidente du groupe Renaissance,
13:33 et que la première décision de mon groupe,
13:35 avec la majorité présidentielle,
13:37 a été de porter une proposition de loi constitutionnelle
13:39 pour faire en sorte qu'encore une fois,
13:41 l'IVSG soit définitivement protégée dans notre pays,
13:43 qui a un caractère irréversible en l'inscrivant dans la Constitution,
13:45 considérant que, parce qu'aujourd'hui,
13:47 il y a une majorité pour le voter,
13:49 il ne faut évidemment pas attendre que ce ne soit plus le cas
13:51 pour pouvoir le faire.
13:53 Et c'est notamment, malheureusement,
13:55 ce qui s'est passé aux États-Unis.
13:57 Décision de la Cour suprême américaine
13:59 où, aujourd'hui, des femmes risquent la prison
14:01 pour avoir eu accès et recours à l'IVSG.
14:03 Donc, c'est une formidable nouvelle, surtout,
14:05 de protection des femmes et de liberté des femmes.
14:07 Vous en avez la paternité, si je puis dire.
14:09 En tout cas, elle est collective au sein de la majorité.
14:11 Tant mieux, encore une fois, si d'autres personnes nous rejoignent.
14:13 Ça a été le cas au Sénat.
14:15 Je pense à Laurence Rossignol, je pense à Mélanie Vaugelle,
14:17 et je pense qu'il faut qu'on continue ce combat ensemble, évidemment.
14:19 Une dernière question sur l'un de vos sujets d'importance
14:21 dans votre portefeuille,
14:23 ce sujet de la liberté de l'expression.
14:25 Un sujet d'importance dans votre portefeuille,
14:27 un sujet ô combien important pour le pays
14:29 et, évidemment, son futur, c'est la natalité.
14:31 Quand on voit les chiffres, d'ailleurs, depuis des années,
14:33 aurore, BRG, c'est édifiant.
14:35 Quelles sont vos propositions dans ce domaine ?
14:37 Est-ce qu'il peut y avoir un sursaut, un électrochoc ?
14:39 Moi, ce qui me concerne le plus,
14:41 c'est de voir qu'on a aujourd'hui un écart grandissant
14:43 entre le désir d'enfant,
14:45 qui est, quand on l'a, je pense sans doute,
14:47 quelque chose qui est la plus intime, le plus puissant qu'on ait,
14:49 qui est environ à 2,4 enfants par couple,
14:51 et la réalisation, le nombre d'enfants
14:53 qu'on a, effectivement, qui est plutôt à 1,7, 1,8.
14:55 Donc, ça veut dire qu'il y a un écart grandissant
14:57 entre ce qu'on voudrait au plus profond de soi
14:59 et ce qui est possible.
15:01 Et c'est ça qu'on doit corriger.
15:03 C'est comment on a une politique familiale
15:05 qui accompagne, qui soutient toutes les familles
15:07 de manière à faire en sorte que, quand on souhaite avoir des enfants,
15:09 on puisse le faire en France.
15:11 Le premier frein que nous disent les familles,
15:13 c'est la question de la garde d'enfants.
15:15 C'est l'angoisse de se dire, si demain j'ai un enfant,
15:17 comment je fais concrètement pour organiser ma vie ?
15:19 Et donc, c'est ça qu'on fait.
15:21 C'est ce qu'on fait sur ce sujet pour garantir de lever les freins.
15:23 Il y a des freins aussi, des tabous, qui existent.
15:25 La question de l'infertilité, qui, malheureusement,
15:27 croît dans notre pays, avec beaucoup de gens
15:29 qui sont totalement déstabilisés, désarçonnés,
15:31 qui ne savent pas vraiment à qui en parler,
15:33 comment être accompagnés.
15:35 Et c'est là-dessus aussi qu'on travaille avec le ministre de la Santé.
15:37 Merci, Aurore Berger. C'était votre grande interview ce matin.
15:39 Belle journée à vous et à bientôt.
15:41 (musique)
15:45 [SILENCE]

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