Jacques Pessis reçoit Élisa Tovati : chanteuse et comédienne, elle a réuni ses deux passions dans « Élisa fait son cinéma », un CD où elle interprète à sa façon les thèmes de films qui ont touché son cœur.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-02-20##
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00:00 [Musique]
00:05 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:09 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:11 Dans la vie, vous n'êtes pas du genre à faire du cinéma.
00:14 En revanche, vous venez d'enregistrer un album "Elisa fait son cinéma"
00:17 avec des films devenus cultes qui ont marqué votre vie.
00:20 Vous en reprenez les thèmes dans un album
00:22 que nous formons le vœu de voir devenir culte à son tour.
00:25 Bonjour Elisa Tovati.
00:27 Bonjour, merci Jacques.
00:28 Cet album est assez étonnant puisque vous avez repris des chansons de films.
00:31 C'est un rêve de toujours ça ?
00:33 Oui bien sûr, quand on a une double casquette comme moi
00:35 depuis des années comédienne et chanteuse,
00:37 le rêve c'est enfin de pouvoir avoir une passerelle entre ces deux passions
00:41 et de pouvoir réunir la musique et le cinéma.
00:44 Alors on va aujourd'hui faire une expérience,
00:46 on va évoquer cet album et ses chansons
00:48 et puis à côté on va raconter l'histoire de ces films.
00:50 Magnifique.
00:51 Alors, la première chanson n'est pas tirée de cet album
00:55 parce que j'ai trouvé votre première télé
00:57 avec cette chanson.
00:59 Vous êtes Céline dans l'épisode 91 de Premier Baiser.
01:07 Et oui, c'était une anecdote pour moi,
01:10 je cherchais un peu d'argent pour payer mes cours de théâtre.
01:12 On m'a proposé de passer une après-midi sur ce plateau
01:15 pour enregistrer ce téléfilm, je ne sais pas comment ça s'appelle,
01:18 cette petite série en sitcom, Premier Baiser.
01:21 Et donc oui, ça a été ma première expérience.
01:23 Et Emmanuel Mottas qui était l'héroïne de Premier Baiser
01:26 qui a disparu hélas récemment,
01:28 elle était un peu habilleuse de Dorothée,
01:30 elle traînait dans le coin.
01:32 Et puis un jour il fallait faire une audition,
01:33 elle l'a fait, elle est devenue comédienne.
01:35 C'est une belle histoire.
01:36 En revanche, vos débuts dans le cinéma,
01:38 ça a été très jeune, avec Macho.
01:40 Oui.
01:41 Ça c'était très difficile.
01:42 Un film de Bigas Luna avec Ravier Barden,
01:44 le grand Ravier Barden.
01:45 Mais il fallait sécher l'école.
01:46 Il fallait sécher l'école.
01:47 C'était pas simple.
01:48 Non, non, mais bon, je l'ai fait.
01:50 J'avais mes parents qui étaient derrière moi
01:52 et qui m'ont soutenue.
01:53 C'était le lycée Pasteur, non ?
01:54 Exactement, à Neuilly, le fameux lycée Pasteur.
01:56 Où Olivier Lejeune et Le Splendide ont débuté
01:59 en faisant du théâtre au lycée Pasteur.
02:01 Oui, dans le petit théâtre du lycée au sous-sol.
02:03 Exactement, vous savez tout.
02:05 Alors, la comédie, je crois qu'à 10 ans,
02:07 Elisabeth Novati, vous rêviez de devenir comédienne.
02:09 Oui, je l'ai formulée à 10 ans,
02:11 mais j'ai toujours été comédienne.
02:12 J'ai toujours fait des spectacles
02:14 et toujours fait payer mes parents,
02:16 2 francs à l'époque.
02:17 C'était quoi comme spectacle ?
02:19 Alors c'était des "one-woman shows" comme on dit.
02:21 Oui.
02:22 Je chantais, je jouais la comédie,
02:25 je me prenais pour une maman ou une princesse.
02:28 Enfin voilà, j'inventais des personnages déjà.
02:30 Et ce qui vous a donné envie de faire du cinéma,
02:32 ce sont aussi toutes les stars mythiques du cinéma.
02:35 Ah bien sûr, bien sûr, oui.
02:37 J'étais très très attirée par toutes ces stars.
02:39 Romy Schneider, Sofia Loren.
02:41 Ça a bercé mon adolescence, ma jeunesse
02:44 et ça m'a donné très envie de faire du cinéma, oui.
02:47 Vous avez tourné avec Sofia Loren ?
02:49 Bien sûr, dans un film qui s'appelle "Soleil".
02:51 Réalisé par Roger Hanin, j'ai eu la chance d'être choisie par Sofia Loren
02:54 pour faire sa fille aînée.
02:56 C'était une grande grande fierté.
02:58 Elle préparait les spaghettis comme personne, paraît-il.
03:00 C'est ça, oui.
03:01 Les italiennes cuisinent très très bien,
03:03 mais elle particulièrement.
03:05 Et ça avait une saveur particulière,
03:07 parce que quand vous êtes face à un mythe
03:09 et face à quelqu'un que vous avez fantasmé
03:11 et adoré toute votre vie,
03:13 ça a une saveur très particulière.
03:15 Alors il se trouve aussi que vous avez pris des cours très très jeunes.
03:17 Je crois que le cours "Forance" a été à 13 ans ou 14 ans ?
03:20 J'ai eu une dérogation.
03:22 Je suis allée faire les auditions pour le cours "Florent"
03:24 et ils ne prenaient pas des jeunes filles de 12 ans.
03:26 Il fallait chanter une chanson.
03:28 J'ai chanté "Ma révérence" de Véronique Sanson.
03:30 Il fallait réciter un poème et j'ai pris "Le dormeur du Val".
03:33 Je pense sincèrement que je les ai clouées.
03:36 En tout cas, ça m'a donné mon ticket pour rentrer au cours "Florent"
03:39 malgré le fait que je n'avais pas l'âge requis.
03:41 Et vous étiez à l'école quand même ?
03:43 Oui, j'étais à l'école.
03:44 Vous n'allez pas les faire les deux ?
03:45 Oui, mais ça, ça ne me dérange pas trop.
03:47 Moi, j'aime beaucoup travailler.
03:48 J'ai un petit boulot qui me lève très tôt.
03:50 Je faisais mes devoirs très tôt le matin.
03:52 Et puis après, à la sortie de l'école,
03:54 j'allais ou présenter une émission de télé ou faire des castings.
03:57 J'avais une vie très remplie.
03:59 Il y avait le studio "Big Malion" aussi.
04:01 Oui, le studio "Big Malion", c'est différent.
04:03 C'est le travail sur l'improvisation un peu à l'américaine.
04:06 C'est un coach qui s'est occupé de former plein de gros stars
04:11 pour des films importants comme "Marion Cotillard",
04:14 pour "La Maume", etc.
04:16 J'avais besoin de laisser tomber les textes, les textes classiques
04:19 et de me jeter dans la fosse au lion.
04:21 En me faisant confiance au niveau de l'interprétation,
04:23 ça m'a appris beaucoup de choses.
04:24 Ça m'a donné confiance en moi.
04:25 Et puis la chanson est venue plus tard.
04:27 La chanson est venue à 18 ans.
04:29 Mon premier album, "Ange étrange", j'avais 18 ans.
04:32 C'est venu comme une nécessité,
04:34 une nécessité de pouvoir m'affirmer en tant qu'Elisa Tovati,
04:37 d'être à la genèse d'un projet artistique.
04:40 Et puis j'ai très vite compris que le cinéma n'allait pas assez me nourrir,
04:43 moi qui ai besoin de travailler au quotidien
04:45 et que j'avais vraiment besoin de me développer artistiquement à côté
04:48 pour m'équilibrer.
04:49 - Je crois que c'est le deuxième album qui a véritablement fait décoller
04:51 votre carrière de chanteuse.
04:52 - Oui, tout à fait.
04:53 Je crois que "Ange étrange", ça a été assez anonyme,
04:55 comme on dit, succès d'estime.
04:57 - Voilà, exactement.
04:58 - Et le deuxième album, j'ai eu la chance d'avoir un très gros tube.
05:02 On peut appeler ça comme ça.
05:04 Et c'est vrai que ça a fait décoller ma carrière
05:07 et que ça m'a donné une forme de légitimité en tant que chanteuse,
05:11 ce qui n'était pas facile parce que quand on est comédien,
05:13 on a toujours l'impression qu'on est un peu dispersé
05:15 ou qu'on a le cul entre deux chaises, vulgairement parlant.
05:17 - Donc aujourd'hui, on va mélanger les deux
05:20 avec justement un album qui, j'espère, sera culte.
05:23 Alors, il y a toutes les chansons d'Elisa faits sans cinéma.
05:26 J'en ai choisi certaines et la première que j'ai choisie, c'est celle-ci.
05:29 - Elisa, Elisa, Elisa, saute-moi au cou.
05:36 Elisa, Elisa, Elisa, cherche-moi des poux.
05:43 - Alors, c'est une chanson que vous avez longtemps détestée.
05:46 - Oui, disons qu'à un certain âge, "cherche-moi les poux" à l'école,
05:49 ça me posait quelques problèmes, surtout qu'en effet,
05:51 j'avais souvent des poux avec les cheveux longs.
05:54 Mais oui, c'est une chanson que j'aime.
05:56 Elle a plein de vie, cette chanson, parce que, évidemment,
06:00 c'est grâce à elle que je m'appelle Elisa,
06:02 mais c'est aussi mon premier très gros casting dans ma vie,
06:04 puisque le film de Jean Becker, Elisa, jusqu'à la dernière minute,
06:07 devait être mon premier gros film avec Vanessa Paradis.
06:10 Et puis finalement, ça a été un projet qui a été avorté pour moi.
06:13 Mais ça m'a donné vraiment l'agnac, envie de continuer.
06:16 Donc voilà, il fallait que cette chanson soit dans l'album.
06:19 - Jean Becker qui a obtenu un César de la musique,
06:21 un César posthume pour Serge Gainsbourg, avec ce film Elisa,
06:24 où il y avait aussi Gérard Lepardieu.
06:26 - Et je me permets aussi de vous dire qu'elle est aussi dans un autre film
06:29 qui s'appelle Horizon, c'est ça ? - Tout à fait.
06:31 - Voilà, quelques années avant. Et elle a été aussi dans un spectacle,
06:36 une revue de Gigi Jean-Mère. - Exactement.
06:39 En fait, Serge Gainsbourg est parti de la bande originale de Horizon
06:43 qu'il avait composée. Il a écrit la chanson deux ans plus tard.
06:46 Pourquoi ? Parce qu'il était amoureux de Jane Birkin,
06:49 qu'il avait une belle histoire et que les journaux se déchaînaient
06:51 contre ce garçon qui aime les jeunes femmes.
06:54 Donc le côté Elisa, Lolita, c'est ce qui a fait écrire la chanson,
06:58 avec des arrangements de Michel Colombier,
06:59 beaucoup plus rythmés que la musique du film.
07:01 - Oui, et vous avez remarqué mes arrangements qui sont très différents de Gainsbourg.
07:04 J'ai la chance d'avoir Régis Secarelli, qui a été à la réalisation de l'album
07:07 et qui a vraiment trouvé une personnalité à part sur chacune de ses chansons
07:12 pour y apporter vraiment quelque chose de différent.
07:15 - Si vous vous prénommez Elisa, je crois que c'est parce que votre soeur
07:17 avait des poupées qu'elle appelait Elisa.
07:19 - Oui, plein de poupées qu'elle appelait Elisa.
07:20 Et quand maman lui a dit "tu vas avoir une petite soeur",
07:22 déjà c'était dur à passer.
07:24 Alors il a fallu qu'elle choisisse le prénom de sa soeur et ça a été Elisa.
07:28 - Alors Elisa Tovati, mais Tovati je crois que c'est une erreur d'écriture.
07:31 - C'est une coquille.
07:32 Mon premier film, le film de Bigas Luna, ils ont confondu le U et le V en Espagne.
07:37 D'ailleurs souvent le U et le V en Espagne.
07:39 Et du coup c'est devenu Tovati, donc il y a eu pendant un moment deux Elisa.
07:43 Elisa Tovati, Elisa Tovati.
07:44 Et puis après Tovati, La chance pour toi, j'ai décidé de garder ce nom.
07:48 - Et d'ailleurs vous n'êtes pas la seule à avoir subi ces erreurs d'écriture.
07:51 Un jeune artiste fait son premier album,
07:54 la secrétaire se trompe de nom pour la pochette,
07:56 c'était Johnny Hallyday qui était avec deux I au départ et qui est devenu Y.
08:01 - Ah c'est drôle, comme quoi le destin parle.
08:03 - Voilà exactement.
08:04 Alors ça c'est une chanson qui est dans cet album.
08:06 Il y en a une autre aussi qui a marqué une génération et qui continue à la marquer.
08:10 * Extrait *
08:33 - La Boum c'est un film culte, on a tous voulu être Sophie Marceau, Vic dans notre vie.
08:37 Et cette séquence où elle danse ce slow avec ce Walkman,
08:40 parce qu'il y a de la musique très dynamique tout autour et que son petit amoureux lui met ce slow,
08:46 c'est vraiment une scène moi qui m'a marquée.
08:49 D'ailleurs je ne l'ai jamais vécu, j'appelle à ceux qui veulent me mettre un casque de Walkman sur les oreilles.
08:54 Et c'est une chanson que j'adore.
08:56 - Et Sophie vous l'aviez vu enfant ?
08:57 - Bah vu, je l'ai survu, je l'ai vu chaque année pendant dix ans.
09:02 - Vous savez que ce film quand il est sorti, le premier jour et le deuxième jour ça ne marche absolument pas.
09:07 Aucun spectateur dans la salle, Daniel Thompson et Géraud Rie, mais surtout Claude Pinotto sont désespérés.
09:15 Et puis la chanson passe à la radio et ça fait décoller le film le week-end et ça n'a plus arrêté.
09:21 - C'est incroyable.
09:22 - C'est fou. Et Sophie Marceau n'aurait pas dû jouer dans ce film.
09:24 En fait elle faisait des photos pour une agence de mannequins,
09:28 elle dépose un jour un dossier, on ne trouve pas de personne pour Vic,
09:33 et puis la directrice du casting vient, tombe par hasard sur cette photo,
09:36 et c'est comme ça que Sophie Marceau a fait des essais et a été engagée.
09:39 - C'est incroyable.
09:40 - Mais c'est vrai que vous alliez beaucoup au cinéma enfant ?
09:43 - Non pas beaucoup, mais j'y allais assez régulièrement.
09:46 Après il y avait, vous savez quand on tombe amoureuse d'un film, comme La Boum ou comme Pretty Woman,
09:51 après on les voit mille fois, trois mille fois, quatre mille fois,
09:54 c'est l'époque où on peut regarder cent fois un film sans être lassé.
09:57 Donc c'est vrai que je les ai beaucoup usés.
10:00 - Il y avait quelqu'un qui faisait ça, c'était Piaf, quand elle aimait un film,
10:04 elle amenait toute sa bande le lendemain à 19h et les jours suivants.
10:07 - C'est sympa.
10:08 - Et un jour il y a Aznavour qui voit un film pour la onzième fois,
10:11 et elle voit qu'il s'endort, et elle lui dit "tu seras punie, tu ne viendras pas demain".
10:16 Et il dit "je l'ai échappé belle".
10:19 - Bah oui c'est ça.
10:21 - Mais le cinéma vous a toujours marqué en tant que spectatrice Elisa Tomati ?
10:23 - Oui en tant que spectatrice et très vite j'avais envie de prendre la place des protagonistes,
10:27 des gens qui étaient devant la caméra.
10:29 J'avais envie de vivre plusieurs vies, j'avais envie d'être dans la lumière,
10:32 j'avais un besoin incroyable de m'exprimer.
10:35 J'étais pleine d'émotions, toute ma vie était pleine pleine d'émotions.
10:40 Donc il fallait que je lâche tout ça, je ne pouvais pas continuer à embêter toute ma famille,
10:44 il fallait que j'aille sur des planches pour pouvoir utiliser ça à bon escient.
10:48 - Vous vous souvenez du premier film que vous avez vu ?
10:50 - Alors je me souviens surtout du premier film, j'en ai vu deux, très jeunes,
10:55 "E.T." tout d'abord, Elisa et Tomati, donc "E.T.", "E.T. téléphone maison",
11:01 il y a un lien très spécial avec moi, que j'ai adoré évidemment, Spielberg.
11:05 Et puis après aussi j'avais vu un film qui m'avait bouleversée,
11:10 qui m'avait fait mal pendant des années, c'est "Ces chiens qui sont abandonnés sur la banquise".
11:14 Ah non mais ça, c'est un cauchemar !
11:17 Je me souviens on m'avait emmenée voir ça et j'avais aimé tellement pleurer,
11:20 j'étais inconsolable, inconsolable !
11:22 - Bon bah ça y est, vous êtes consolée maintenant,
11:26 et on va se retrouver dans quelques instants avec une autre date, le 20 mars 1971.
11:30 A tout de suite sur Sud Radio avec Elisa Tovati.
11:33 - A tout de suite.
11:34 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:38 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Elisa Tovati, chanteuse et comédienne.
11:43 Et vous mêlez les deux dans cet album "Elisa a fait son cinéma"
11:46 avec des chansons de films célèbres que vous évoquez à votre façon,
11:49 parce qu'il y a des arrangements qui ont été vraiment revus et corrigés.
11:52 - Oui, tout a été modifié, il y a parfois certaines chansons anglophones
11:55 qui sont passées francophones, les rythmes.
11:58 Le but aussi c'est de se réinventer toutes ces chansons,
12:00 si c'est pour faire un copier-coller c'est presque pas intéressant.
12:03 - C'est pas intéressant. Alors, j'ai une autre date importante, c'est le 20 mars 1971.
12:08 C'est la sortie de ce film dont la chanson est un classique.
12:11 * Extrait *
12:32 - "Love Story", un film qui au départ... La chanson de Mireille Mathieu en a fait un succès, voici quelques-uns.
12:38 - Ça a été un de ses plus gros succès, elle en a vendu 500 000 exemplaires,
12:43 donc c'est un très très gros succès pour elle.
12:45 Et oui, c'est un film qui m'a marquée, d'Arthur Miller,
12:49 parce que c'est une histoire d'amour, parce que c'est totalement injuste qu'elle meurt à la fin,
12:52 parce que c'est réalisé magnifiquement par Arthur Miller.
12:56 Et puis cette chanson de Shirley Bassey, "Where do I begin", nous suit encore,
13:01 on l'entend encore régulièrement à la radio.
13:03 - Et cette version de Mireille Mathieu m'intéressait parce que le texte est intelligent,
13:08 parce qu'elle est émouvante et parce que j'aime bien aussi de temps en temps
13:11 essayer de trouver des pépites, des versions que les gens ne connaissent pas
13:14 pour qu'ils redécouvrent la chanson et la réinventer.
13:16 - Oui, et la réinventer avec des orchestrations d'aujourd'hui.
13:18 - Avec des orchestrations d'aujourd'hui, tout à fait.
13:20 Alors là, vous entendez que des musiciens en live, on a enregistré à l'ancienne,
13:24 c'est-à-dire les musiciens autour de moi et moi au centre,
13:27 et Régis Secarelli derrière aux machines, j'ai envie de dire,
13:30 avec des batteurs, guitaristes, bassistes de talent.
13:35 Et donc on enregistre dans des conditions de live, ce qui fait qu'on ressent l'émotion,
13:39 parce qu'en fait on se regarde tous et on est tous à flux tendu
13:42 et ça rend vraiment un charme différent que chacun son tour, bien sûr.
13:45 - Et l'émotion du film, c'était bien sûr Alim Macro et Rihanna Neill.
13:48 - Tout à fait, qui est mort il y a quelques temps d'ailleurs.
13:50 Je lui rends un petit clin d'œil parce que si vous allez voir le clip
13:53 d'une histoire d'amour que j'ai tournée sur une plage normande à Deauville
13:57 il y a un mois, au mois de décembre, je commence le clip,
14:01 vous savez tous les artistes ont leur barrière sur les planches,
14:05 et je commence le clip à côté de la barrière de Rihanna Neill.
14:10 - Et vous aviez lu le livre ? - Non, pas du tout.
14:13 - Parce que finalement ce qu'il faut savoir c'est qu'Éric Segal au départ
14:16 écrit le scénario qui est accepté par la Paramount,
14:19 et on lui dit "pour la promotion du film, vous allez transformer le scénario en roman".
14:24 Et il écrit le roman, et le roman sort un mois avant le film,
14:28 et il se vend à 20 millions d'exemplaires dans le monde.
14:31 - C'est colossal. - Mais lui-même n'en est pas revenu.
14:33 Je le connaissais bien, il était professeur en Angleterre,
14:36 il parlait couramment le français, je l'avais souvent au téléphone,
14:39 et il n'en revenait pas et il me disait "mais comment ça a pu marcher ?"
14:41 Il n'imaginait pas un jour que ce serait au-delà d'un outil de marketing.
14:45 - Et la musique a beaucoup fait aussi, à l'époque la B.O. avait une importance
14:49 cruciale dans les films, c'est Francis Lay qui a fait cette B.O.
14:52 Il a eu d'ailleurs l'Oscar de la meilleure musique.
14:55 Je pense que ça a vachement contribué au charme de ce film et à son succès.
15:01 - Alors l'histoire est née d'une rencontre à la fac en 68 avec Al Gore,
15:06 qui a été le vice-président des Etats-Unis, et l'histoire d'Eric Segal
15:10 est inspirée de cette rencontre avec Al Gore, qui lui avait raconté
15:13 ses propres histoires d'amour. - Ah c'est sympa.
15:16 - Alors ça c'est une histoire d'amour bien connue,
15:19 il y en a aussi une autre, c'est l'amour en fuite.
15:21 * Extrait de l'anime "L'amour en fuite" de Voulzy *
15:37 - Chanson qu'Alain Souchon a créée avec Voulzy à partir du film.
15:43 Qu'est-ce qui vous a touché dans cette chanson ?
15:45 - Moi je suis une fan de Souchon depuis toujours et je suis proche de Voulzy
15:48 qui m'a laissé ma chance dans ses premières parties à l'Olympia,
15:52 qui m'a poussé à jouer de la guitare, etc.
15:55 Donc j'avais envie de trouver une chanson, pour le coup je vais vous dire la vérité.
15:58 Après, un Truffaut, quand même.
16:01 Et puis ça a eu le César de la meilleure musique,
16:04 parce que c'est une chanson fabuleuse, c'est une chanson de comédienne.
16:07 C'est-à-dire que quand on écoute le texte et tout ça,
16:09 la façon dont je l'ai pensé et construit derrière le micro,
16:12 c'est vraiment comme une comédienne qui raconte une histoire.
16:15 - Et vous êtes fan de Truffaut ?
16:17 - Je suis fan évidemment de Truffaut, comme beaucoup.
16:20 Et c'est rare d'avoir une musique qui prend autant de place.
16:25 Et c'est vrai que Souchon et Voulzy n'en ont pas fait beaucoup dans leur vie,
16:28 mais bon, ils n'ont pas loupé le coup.
16:30 Parce que pour ainsi dire, ça a vraiment été une chanson majeure.
16:33 - Oui, et en plus il faut savoir que ce film a failli ne pas exister.
16:36 En fait, François Truffaut s'était planté complètement avec La Chambre Verte.
16:40 Il n'avait plus un sou.
16:41 Et en lui, la seule solution, c'est de faire un cinquième Antoine Douanel.
16:44 - Ah d'accord !
16:45 - Et c'est comme ça que pour renflouer les films du Carrosse,
16:47 à contre-cœur, il a écrit un scénario qui ne lui plaisait pas,
16:50 et à contre-cœur, il a tourné le film en lui disant "ça marchera, ça marchera pas".
16:54 Et il y a plein de flashbacks dans le film qui sont volontaires.
16:57 C'était pour étoffer le scénario.
16:59 Il n'y avait à l'époque pas de flashbacks dans le cinéma de Truffaut.
17:01 C'est la première fois et la dernière fois qu'il y a autant de flashbacks
17:04 où il évoque les films précédents.
17:05 - Ah c'est fou ça !
17:07 - Et en même temps, un jour il téléphone à une jeune personne
17:11 qu'il a vue à la télévision dans sa loge, elle est spicrine,
17:14 et si Françoine Truffaut, elle ne le croit pas,
17:17 "si si, je voudrais que vous tourniez dans mon film", c'était Dorothée.
17:19 Et Dorothée a tourné dans le film de Truffaut parce qu'il l'a vue comme spicrine
17:23 et qu'il lui a téléphoné à la régie de la télévision pour l'engager.
17:26 - Ça n'existe plus aujourd'hui !
17:28 - Bah non, on ne regarde plus la télévision, c'est pour ça !
17:31 - C'est ça !
17:32 - Alors, un autre film aussi important dans votre vie,
17:35 alors là tout à fait différent, on change de pays.
17:38 * Extrait de "Love me tender" de Elvis Presley *
18:00 - Il y a un son très particulier les automatis.
18:02 - J'ai essayé de retrouver ce son qui m'est si cher des albums d'Elvis Presley et d'autres,
18:07 ce son un peu vinyle.
18:09 C'est une chanson importante aussi pour moi,
18:12 parce que c'est une chanson que mon papa écoutait beaucoup.
18:14 Moi j'ai toujours été amoureuse d'Elvis Presley, j'ai pas honte de le dire.
18:18 - Je crois que vous n'êtes pas la seule !
18:20 - Et aussi parce que je n'aime pas les injustices,
18:23 et qu'Elvis Presley a toujours été pris "pour un comédien léger",
18:27 enfin on pensait que c'était plus un chanteur qu'un comédien,
18:30 or c'est un excellent comédien.
18:32 Dans ce film "Love me tender" de 1956, du même nom,
18:35 c'est un film formidable,
18:37 et il a beaucoup contribué au succès de ce film,
18:39 parce qu'ils ont sorti le disque quelques jours avant, vous savez l'histoire ?
18:42 - Oui, en fait ils l'ont sorti un mois avant,
18:44 dans une émission très célèbre qui était le "Ed Sullivan Show",
18:47 et les précommandes ont été d'un million d'exemplaires.
18:49 - Exactement, ça a tout cassé,
18:51 ils n'ont jamais eu de précommande aussi forte,
18:53 et ça a eu un grand succès.
18:55 Et la petite histoire c'est que cette chanson,
18:57 en fait c'est pas une chanson originale,
18:59 la musique c'est une musique de la guerre de sécession.
19:03 - Une balade de la guerre de sécession américaine.
19:05 Je vois que vous connaissez le sujet.
19:07 Alors il se trouve aussi qu'il y a eu des dizaines de reprises de cette chanson,
19:10 je ne sais pas si vous le savez.
19:11 - Oui, Sinatra, Johnny Hallyday.
19:13 - La plus étonnante, c'est Tino Rossi et Yvette Giraud,
19:15 chanteuses d'années 50,
19:17 qui ont fait les premières adaptations de cette chanson en France,
19:19 qui s'appelait "L'amour qui m'enchaîne à toi".
19:22 - Heureusement que je l'ai gardée en anglais !
19:24 - Et Elvis Presley, vous aviez vu le film avec "Love me tender" ?
19:30 - Bien sûr, oui, j'ai vu le film, il est magique.
19:33 Il avait déjà son petit jeu de jambes,
19:35 et puis son petit coup de guitare, comme ça c'est une histoire d'amour,
19:38 et puis son frère va mourir, et blablabla.
19:40 Non, l'histoire est géniale, je vous invite tous à aller le trouver sur les réseaux sociaux,
19:43 vous le retrouverez, le "Love me tender".
19:45 - Et est-ce que vous êtes allée à Grestland, la maison d'Elvis Presley ?
19:48 - Non, ça c'est pas trop mon truc.
19:50 - La maison, on dirait un petit pavillon de banlieue,
19:53 je suis allée une fois, avec des souvenirs assez surréalistes,
19:56 une petite boîte avec une guitare,
19:58 ça tombe dans le jardin,
20:00 et il y a l'avion de Colonel Parker qui est juste en face de la maison.
20:04 Il y a plusieurs centaines de milliers de personnes qui y vont chaque année.
20:07 - Mais je sais, c'est un des plus gros succès de visite américaine,
20:11 il y a évidemment des fans,
20:14 et je suis sûre que ça doit leur plaire beaucoup d'aller là-bas,
20:17 moi je préfère garder les chansons.
20:20 - Il y a aussi un autre enregistrement de cette chanson qu'il a fait à la télévision,
20:23 et Carl Perkins, je ne sais pas si vous le savez,
20:25 mais c'est Carl Perkins qui est l'auteur de "Blue Sweat Shoes",
20:28 que Elvis connaissait bien, il faut recause,
20:30 et Carl Perkins avait une particularité,
20:32 il s'était habillé tout en bleu, les chaussures bleues,
20:35 et sa voiture, la plaque minéalogique c'était bleu.
20:37 - Ah c'est sympa, comme Michou !
20:39 - Exactement, mais c'est un bleu un peu plus clair.
20:41 Et il se trouve que Carl Perkins a fait cette chanson,
20:45 "Blue Sweat Shoes", pour Elvis, c'est devenu un succès mondial,
20:48 il a vécu là-dessus,
20:50 et il a fait "Blue Sweat Shoes" et "Love Me Tender" à la télévision,
20:53 et il est devenu une des plus grosses audiences de la télévision américaine
20:56 dans les années 50. - Je ne m'étonne pas.
20:58 - Mais c'est vrai que vous aimez toutes les musiques,
21:00 les chansons américaines comme les chansons françaises ?
21:02 - Oui, moi j'aime surtout varier, je me lasse vite.
21:05 - Et vous avez toujours écouté toutes les musiques,
21:07 ou c'est venu petit à petit ?
21:09 - Bon après j'ai un crush particulier pour les musiques françaises,
21:13 puisque les textes ont une importance pour moi,
21:15 donc les chansons françaises sont très importantes,
21:17 après je me laisse bercer par toute forme de musique,
21:20 et puis maintenant que j'ai des enfants,
21:21 même la musique un peu plus musclée, j'ai envie de dire,
21:25 je l'écoute avec plaisir.
21:27 - Le terme est bien choisi.
21:28 On va se retrouver dans quelques instants avec une autre date,
21:31 le 15 février 1967.
21:33 A tout de suite sur Sud, avec Elisa Tovati.
21:36 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
21:39 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Elisa Tovati.
21:43 Elisa fait son cinéma, mais uniquement dans la chanson,
21:46 pas dans la vie.
21:48 - Ces albums, ce sont des chansons que vous aimez,
21:50 que vous affectionnez, et que vous avez adaptées à votre façon
21:54 pour rendre hommage au grand du cinéma.
21:56 Donc on va faire la suite de ces chansons avec des histoires et des dates.
22:01 Et la première date que j'ai trouvée, c'est le 15 février 1967.
22:06 - Je sais ce que c'est.
22:07 - C'est quoi ?
22:08 - Ah c'est des ronds dans l'eau vivres pour vivre le film de Claude Lelouch.
22:11 - Oui, c'est le jour où il reçoit aux Etats-Unis un Golden Globe.
22:15 - Pour le meilleur film étranger.
22:16 - Exactement.
22:17 - Avec cette chanson.
22:18 - Soulignant d'un sourire, la chanson d'un oiseau,
22:24 tu prenais du plaisir à faire des ronds dans l'eau.
22:32 Aujourd'hui tu baillottes dans des eaux moins tranquilles,
22:38 tu t'acharnes et tu flottes, mais l'amour où est-il ?
22:43 - C'est une chanson qu'on a tous entendue et qu'on entend encore aujourd'hui.
22:46 - Qu'est-ce qu'elle est belle cette chanson, franchement, je trouve que le texte est bouleversant.
22:50 Souvent je termine la chanson, j'ai vraiment des sanglots dans la voix,
22:54 d'émotions tellement elle vous transporte.
22:56 C'est Francis Lay qui a écrit cette chanson.
22:58 - Absolument, mais comment vous l'avez connue cette chanson ?
23:01 - En dehors du film.
23:02 Et puis après j'ai eu l'occasion de rencontrer Claude Lelouch pour plusieurs projets,
23:06 qui m'a fait aller voir toute sa filmographie.
23:08 Et j'adore ce film "Vivre pour vivre", d'abord parce qu'Annie Gérardot c'est une de mes comédiennes préférées.
23:13 Il y a Yves Montand dedans aussi.
23:15 Et je trouve que ce film est très puissant sur l'adultère.
23:22 Et aussi il y a une séquence qui est culte pour moi d'Annie Gérardot,
23:26 qui a envie d'y croire et que son mari la récupère.
23:30 Et je trouve que cette femme, elle faisait passer les émotions comme personne.
23:34 J'ai entendu plusieurs versions d'ailleurs de cette chanson,
23:37 parce qu'il y a Nicole Croisi et Annie Gérardot qui l'interprètent.
23:40 - Dans le film, et Nicole Croisi l'a régulièrement inscrit à son répertoire.
23:44 Et c'est vrai que ça touche toutes les générations.
23:47 Alors il faut savoir que ce film est aussi d'une modernité absolue.
23:50 Les sujets sont d'une modernité absolue.
23:52 Et vous savez que ce film a été écrit en trois semaines ?
23:55 - Non, ça je savais pas, mais ça m'étonne pas de Claude Lelouch, il y a toujours beaucoup de surprises.
23:58 Est-ce qu'il a été écrit ? Parce que c'est beaucoup d'improvisation avec Claude Lelouch.
24:01 - Exactement. En fait, il a le triomphe d'un homme et une femme,
24:04 et il veut faire un second film en 67 avec Jean-Luc Trintignant.
24:08 Mais Jean-Luc Trintignant refuse le film.
24:10 - Ah d'accord.
24:11 - Il ne peut pas le faire. Donc Lelouch, superstitieux, décide que le film,
24:14 il jette le scénario au panier.
24:16 Et il écrit une histoire en trois semaines, celle d'un reporter avec Yves Montand.
24:21 Et il convainc Yves Montand et Gérardot de tourner dedans.
24:24 Et comment il les convainc ? C'est parce qu'ils vont faire le tour du monde pratiquement avec ce film.
24:29 Et que ces voyages, ça les intéresse.
24:31 Et ils vont aller absolument partout.
24:33 - Oui. Et la chanson, vous savez qu'elle est aussi en anglais.
24:36 Ça s'appelle "Now you want to be loved".
24:39 Et cette version anglaise est aussi dans le film.
24:42 - Oui. Et vous savez que cette chanson a été interprétée par François Zardy.
24:45 Et en français et en anglais.
24:47 À l'époque où François Zardy était culte en Angleterre.
24:50 - Bien sûr.
24:51 - Il était...
24:52 - Une star dans le monde entier, au Japon, en Asie, partout.
24:54 - C'était l'idole de Mick Jagger en particulier.
24:56 - Ça ne m'étonne pas. C'est toujours mon idole, moi.
24:58 - Alors c'est vrai que ce film...
25:00 Lelouch est quelqu'un dont les films marchent ou ne marchent pas.
25:03 Mais il y a toujours quelque chose.
25:05 - Moi j'aime beaucoup le cinéma de Claude Lelouch.
25:08 D'ailleurs, dans ce film, on voit beaucoup d'Afrique.
25:10 Puisqu'il est grand reporter.
25:12 Et on voit déjà les lions et tout ça.
25:14 Qu'on retrouvera dans un itinéraire d'un enfant gâté quelques années après.
25:17 Moi, ça ne me laisse pas indifférent.
25:19 J'aime sa façon de travailler.
25:21 Et de sortir des émotions qu'on voit nulle part ailleurs.
25:24 - Et puis il a une jeunesse éternelle.
25:26 À 85 ans, il dit "j'arrête le cinéma".
25:28 - Chaque année, il continue.
25:30 Il ne faut plus nous la faire.
25:32 - Mais c'est vrai qu'il fait des films comme personne.
25:34 Avec des moyens personnels.
25:36 - C'est un vrai passionné.
25:38 - Vous aussi, vous cultivez l'indépendance.
25:40 - Oui, je cultive l'indépendance au détriment de la partie financière.
25:43 C'est comme Claude Lelouch.
25:45 Moi, pour pouvoir faire des images, je suis prête à mettre toutes mes économies.
25:49 La plupart du temps, j'aime être à la genèse de l'écriture du scénario.
25:54 Le tournage du clip, le montage, les décors, les costumes, le choix des comédiens.
25:59 J'ai besoin de ça. C'est vital.
26:01 Et il n'y a rien qui m'arrête.
26:03 Je suis assis en bélier.
26:05 Et quand on me dit qu'il n'y aura pas un prochain clip,
26:08 ou qu'on ne pourra pas faire ça, rien n'est impossible pour moi.
26:11 Je pourrais déplacer des montagnes.
26:13 - Vous n'êtes jamais rentrée dans un moule, à l'inverse de beaucoup d'autres.
26:16 Vous vous surprenez toujours.
26:18 - Je crois que je ne rentre pas dans le moule. J'ai trop de forme.
26:21 (Rires)
26:23 - Un autre film aussi important qu'on va évoquer à travers une chanson
26:26 qui est dans cet album, "Elisa fait son cinéma".
26:28 (Musique)
26:48 - Une chanson d'amour, "Amour, amour", "Paudane", un film qui vous a marqué aussi.
26:52 - Ah oui, je me suis déguisée en paudane pendant des années.
26:55 Avec les robes de princesse et la paudane que j'avais trouvé.
26:59 C'est un film qui m'a beaucoup marquée.
27:01 J'ai eu l'occasion de le revoir il n'y a pas très longtemps.
27:03 Il a été recolorisé.
27:05 Ce qui est fantastique, c'est qu'il est tellement pop.
27:09 Il est tellement... C'est flower power, c'est pop.
27:12 Il y a un décalage que je n'avais pas compris tout de suite.
27:15 La première fois que je l'ai vu, on voit un hélicoptère qui arrive
27:18 alors qu'on est en période des rois et des reines.
27:21 Alors, ces chansons sont fabuleuses.
27:23 - Michel Legrand était très très proche de "Demi".
27:26 C'était deux potes.
27:27 C'est le plus gros succès du film de "Demi".
27:30 C'est la première fois qu'il y a un conte de fées qui est fait comme ça au cinéma.
27:34 C'était très avant-gardiste.
27:36 - Avant-gardiste, en même temps, c'était un hommage à Jean Cocteau
27:38 puisque Jean Barret est dans le film.
27:40 Et que Cocteau avait tourné des films inspirés de contes célèbres aussi.
27:43 "Dans la belle et la bête".
27:44 - Et il y a deux chansons qui sont cultes.
27:46 Il y a celle-là, "Amour, amour", qu'on retrouve comme un thème
27:49 tout au long du film, chantée par d'autres, avec d'autres paroles et tout ça.
27:53 Et puis, il y a évidemment la chanson du kek avec la bague.
27:57 Mais moi, celle-là m'intéressait beaucoup
27:59 parce qu'elle est au clavecin comme ça, toute de bleu vêtue,
28:01 avec ses valets bleus.
28:03 Et c'est le début du film.
28:04 C'est vrai qu'elle me plaisait, même si j'ai appris que par la suite
28:07 que ce n'est pas elle qui chante la chanson.
28:09 - Oui, mais elle avait voulu chanter la chanson
28:10 et ce n'est pas été possible finalement.
28:12 Mais ce qui est étonnant, c'est que ce film,
28:14 c'est toujours le problème avec "Demi", Michel Legrand,
28:16 personne n'en voulait.
28:17 On en a parlé depuis le Cherbourg au départ.
28:19 Personne n'en voulait.
28:20 On a dit à Michel Legrand qu'il était fou.
28:22 Et c'est Francis Lemarc qui a écrit beaucoup de chansons pour Yves Montand,
28:25 qui avait quelques économies, qui a pris les droits d'édition.
28:28 Le film avait remporté un Oscar.
28:30 Même chose pour "Les Demoiselles de Rochefort"
28:32 où ça n'intéressait personne.
28:33 Il devait tourner à Yerre au départ.
28:35 "Les Demoiselles d'Yerre" ne s'accolait pas.
28:37 Et aujourd'hui, la ville de Rochefort, il y a une avenue chaque demi.
28:41 - Comme quoi, il faut s'entêter.
28:43 - Voilà. Et "Pau d'Âne", parce que justement,
28:44 c'était pop et différent, personne n'en voulait.
28:46 - Oui.
28:47 On a oublié de dire que c'est Anne Germain qui chante la chanson,
28:49 la version originale, même si Catherine Deneuve est tellement belle
28:52 quand elle l'interprète qu'on oublie que ce n'est pas sa voix.
28:56 Et "Amour, amour", c'est une chanson très difficile à chanter.
28:59 C'est un faux ami, comme on dit.
29:01 Et c'est vrai que quand j'étais en studio,
29:02 j'ai eu la chance d'avoir Bertrand Lambleau,
29:04 qui est un directeur artistique de Johnny, de Florent Pagny,
29:08 qui était là pour me diriger.
29:10 Et j'ai vraiment eu besoin de lui
29:12 parce qu'il m'a obligée à aller taper dans des notes très hautes
29:14 que je n'ai pas l'habitude, moi, d'utiliser.
29:16 J'utilise plus ma voix pleine et il a eu raison
29:18 parce que ça donne quelque chose d'assez original
29:20 par rapport à ce que les gens ont l'habitude d'écouter de moi.
29:23 - Vous vous déguisiez en "Pau d'Âne",
29:24 mais déjà, enfin, vous aviez vu le film ?
29:26 - Oui.
29:27 - Tout de suite ?
29:28 - Oui, tout de suite, tout de suite.
29:29 Vu le film, mais brûlé le film, tellement je l'ai vu.
29:32 On connaissait toutes les répliques avec mes soeurs.
29:35 - À ce point-là ?
29:36 - Ah oui, vraiment.
29:37 - Et c'est un de vos films préférés ?
29:38 - Ah oui.
29:39 - J'ai l'impression que vous avez vu les films dix fois.
29:41 - Vous savez, je suis vieille, maintenant.
29:43 Donc, en effet, si j'ai commencé le cinéma vers 8 ans,
29:46 ça fait quand même 40 ans de visionnage.
29:48 (rires)
29:49 - Il y a quelqu'un qui est venu sur le tournage
29:51 et qui est venu comme spectateur,
29:53 qui était le premier à voir les scènes.
29:54 Je ne sais pas si vous le savez, c'est Jim Morrison.
29:55 - Non, je ne le savais pas du tout.
29:56 - Il était très ami avec Agnès Varda.
29:58 Il vient un jour en France et il va voir Agnès Varda sur le film.
30:01 Et donc, c'est comme ça qu'il a assisté au tournage de "Pau d'Âne".
30:04 - Ah, d'accord.
30:05 - Et je ne sais pas si vous le savez aussi, mais aujourd'hui,
30:07 il y a un culte autour de "Pau d'Âne" avec des gens
30:10 qui se réunissent une fois par an
30:12 et qui fouillent dans le décor de "Pau d'Âne" dans la forêt
30:15 pour trouver des objets se rapportant à "Pau d'Âne".
30:18 - Mais non, mais ça, je ne savais pas du tout.
30:20 - Ils ont trouvé des clous.
30:22 Il y a 4 000 clous aujourd'hui qu'ils ont retrouvés,
30:24 qui étaient dans le décor, qui sont précieusement gardés.
30:26 Il y a aussi la table qui a été repeinte en rouge
30:31 comme le mur en souvenir de "Pau d'Âne".
30:33 C'est vraiment un véritable culte autour de ce film dans la région.
30:36 - Et ce que je peux vous dire aussi, c'est que c'est une vraie peau d'âne
30:39 qui a été faite par la costumière,
30:41 donc qui sentait extrêmement mauvais,
30:43 qui pesait des tonnes.
30:45 Et c'est vrai que Catherine Deneuve a beaucoup souffert
30:48 à avoir cette peau d'âne pendant tout le film.
30:50 - Voilà, personne ne touchait le droit d'odeur en revanche.
30:53 - Non !
30:54 - Un autre film qui vous a marqués.
30:56 - Très bien.
30:57 * Extrait de "Pau d'Âne" de Diane Curis *
31:15 - "Piabaud d'Auvent", le premier film de Diane Curis,
31:18 qui a démarré d'ailleurs grâce à la chanson d'Yves Simon
31:20 qui est devenue tout de suite un succès.
31:22 - Est-ce que je voulais que je vous raconte l'histoire de la chanson d'Yves Simon ?
31:24 - Allez-y.
31:26 - Il fallait qu'il écrive une chanson, mais il était à la bourre,
31:28 il ne l'avait pas écrite pour ce film, ça devenait vraiment très grave.
31:31 Et il est en concert, et trois heures avant, dans sa loge,
31:34 il reçoit une lettre d'une fan, une jeune adolescente de 16 ans,
31:37 qui lui raconte sa vie d'adolescente et ses problèmes de cœur.
31:41 Et ça le bouleverse.
31:43 Et tout d'un coup, l'inspiration arrive, et dingé,
31:45 il écrit cette chanson qui, Dieu viendra,
31:47 le plus gros succès de sa vie.
31:49 - Et d'ailleurs, la pochette au départ, c'est Yves Simon,
31:51 et quand le film va avoir du succès trois semaines plus tard,
31:53 la pochette, ça va être l'affiche du film.
31:55 - Oui, c'est l'affiche du film de Diane Curis,
31:57 qu'elle a eu du mal à monter.
31:59 C'est une histoire d'enfance, elle a été conseillée par Arcadie,
32:01 mais personne au départ ne voulait être ce film.
32:03 - Non, oui, comme souvent, c'est des grosses batailles,
32:05 mais ce film, il est culte.
32:09 Vous avez pu remarquer l'importance de la radio dans ce film,
32:12 cette chronique sur l'adolescence.
32:15 C'est un film qui est très émouvant à revoir encore aujourd'hui,
32:19 et qui n'a pas tellement vieilli d'ailleurs, je vous invite à le regarder.
32:22 Et je crois que ça a eu pas mal de prix, le prix de Luc, non ?
32:26 - Oui, le prix de Luc, ils ont fait 3 millions d'entrées,
32:29 alors pour un premier film, c'est pas mal.
32:31 En fait, au départ, elle avait écrit un scénario
32:33 qui s'appelait "T'occupes pas du chapeau de la gamine, laisse flotter les rubans".
32:36 - Ah bah d'accord, moins glamour !
32:38 - C'est devenu une histoire de petite fille, et c'est finalement devenu "Diabole aux menthes".
32:41 Il y a eu trois titres.
32:42 Et en fait, c'est une histoire un peu pour se venger de sa mère,
32:45 et de sa sœur aînée, qui n'était pas très gentille avec elle.
32:49 Alors elle l'a dédié le film, mais en même temps, c'est une vacherie contre elle.
32:52 - Ah bon ?
32:53 - Ah oui, elle y tenait beaucoup.
32:54 - Mais ça parle beaucoup du droit des femmes, et c'est très avant-gardiste,
32:57 et puis il y a une bande-son absolument exceptionnelle dans ce film.
33:00 - Et ce film, en plus, a été tourné au lycée Jules Ferry,
33:03 où elle a passé ses jeunes années.
33:05 Il y avait une prof de mathématiques apeurée par ses élèves, et une autre sadique.
33:08 Donc ça correspond parfaitement à l'histoire.
33:10 - Oui, ça colle.
33:11 - Mais au festival de Cannes, elle y va, parce qu'il lui manque la collégienne principale,
33:15 elle voit Eleanor Clark Gwen, qui a 13 ans,
33:17 elle dit "c'est telle que je veux, je ferai même pas d'essai, je la prends".
33:20 - Elle est d'une beauté incroyable.
33:21 - Et ce film vous a marqué aussi ?
33:23 - Oui, ça m'a marqué, parce qu'il y a un moment donné,
33:26 Frédérique, la sœur, elle embrasse le père.
33:28 Donc il y a un truc qui était un peu interdit,
33:31 que j'avais du mal à comprendre aujourd'hui.
33:33 C'est très décrié.
33:34 Il y a vraiment tout un passage sur le droit des femmes assez important.
33:38 La bande-son était fantastique.
33:40 Je m'identifiais à cette adolescente, forcément.
33:43 Et le fait aussi qu'il y ait eu beaucoup de politique à l'école dans ce film,
33:46 vous verrez, il y a de la politique, chose qui n'existe plus aujourd'hui.
33:49 On n'a plus le droit de faire de politique à l'école,
33:51 mais l'école était très politisée à l'époque.
33:53 - C'était après 1968, et c'était vraiment l'époque où il y avait des...
33:58 Les élèves faisaient de la politique,
34:00 on avait un cercle socioculturel réservé aux élèves.
34:03 Il y avait les gens de droite, les gens de gauche, c'était assez particulier.
34:07 - Il y a eu beaucoup de choses qui ont changé.
34:08 On m'a même dit qu'à la cantine, il y avait même des pichets de bière pour les élèves.
34:11 - C'est pas vrai.
34:12 - Incroyable, ou pas ?
34:13 - Ah non, ça j'avais pas...
34:14 Non mais surtout, il y avait dans les lycées,
34:17 beaucoup de cercles socioculturels transformés en salles de jeu.
34:21 Et ça jouait au poker et à la roulette,
34:23 puisque les professeurs n'avaient pas le droit d'entrer.
34:25 Et les jours où il y avait une grosse partie,
34:27 il n'y avait personne dans la classe,
34:29 et les professeurs ne comprenaient pas pourquoi.
34:31 - C'est ça.
34:32 J'espère que les auditeurs, ça leur donnera envie d'aller retrouver
34:35 tous ces films sur les réseaux sociaux, Internet ou quoi,
34:38 et d'aller les regarder, parce que franchement,
34:40 ils sont encore tellement d'actualité qu'il faudrait retourner les voir.
34:43 - Oui, et puis j'espère que ça leur donnera aussi envie d'écouter votre album.
34:46 - J'espère, de tout coeur.
34:47 Ça a été fait avec le coeur.
34:49 C'est un album de passionnés, en tout cas.
34:51 - Et on va y continuer à l'évoquer à travers une autre date,
34:53 le 13 mars 1970.
34:55 - Très bien.
34:56 - A tout de suite sur Sud Radio, avec Elisa Tovati.
34:59 - Sud Radio, les clés d'une vie.
35:01 Jacques Pessis.
35:02 - Sud Radio, les clés d'une vie.
35:04 Mon invité Elisa Tovati pour cet album "Elisa fait son cinéma".
35:08 Donc on a depuis le début commencé à évoquer des films chers à votre coeur.
35:12 Chers au public, avec les chansons que vous avez transformées.
35:15 Et il y a une autre date encore importante qui est évoquée à travers une chanson de ce film,
35:20 de cet album, pardon.
35:22 C'est le 13 mars 1970, la sortie de ce film.
35:26 Avant, dans la maison
35:32 J'aimais comme nous vivions
35:38 Comme dans un dessin d'enfant
35:45 Tu ne m'aimes plus
35:49 - La chanson d'Hélène, "Les choses de la vie",
35:51 je crois qu'elle vous émeut particulièrement, cette chanson, Elisa Tovati.
35:54 - S'il n'y en avait qu'une, ça serait celle-là, probablement.
35:57 Mais je crois que je ne suis pas la seule.
35:58 Je pense que c'est une chanson qui compte énormément en France.
36:02 C'est un film de Claude Sauté, Romy Schneider, on ne la présente plus.
36:06 La puissance de cette femme, la sensibilité, l'émotion.
36:09 Et en fait, quand ce film est sorti, ce qui est très drôle, c'est que
36:15 Alain Sard, qui a produit le film, ne voulait pas que cette chanson soit dans le film.
36:22 Et Claude Sauté n'y croyait pas, à cette chanson.
36:25 Et donc cette chanson a été enregistrée avec Piccoli et Romy Schneider,
36:28 mais elle n'apparaît pas dans le film. Vous ne l'entendrez pas.
36:31 - C'est ça qui est étonnant.
36:32 - Elle a été utilisée pour la promo, et c'est grâce à cette chanson
36:37 que le film a eu tellement de succès.
36:39 Et moi, cette chanson me touche parce que c'est comme une berceuse,
36:42 alors que c'est une rupture amoureuse.
36:45 Et ce paradoxe-là, je le trouvais extrêmement bouleversant.
36:48 - Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que ce genre d'incident arrive.
36:51 Dans "Le magicien d'Oz", par exemple, les producteurs ne voulaient pas
36:54 de la chanson de Julie Garland, "Over the rainbow".
36:57 Ils l'ont jetée, et le metteur en scène a insisté, l'a mis à l'heure insue.
37:01 Et ça a eu un Oscar.
37:02 - C'est fou, hein ?
37:03 - C'est fou. Alors, c'est vrai que ce film vous a marqué.
37:05 Vous l'avez vu aussi très vite ?
37:07 - Non, je l'ai vu à la télé. Je suis tombée dessus.
37:10 Je suis tombée sur l'accident de Piccoli.
37:12 Et puis, ce que j'aime beaucoup, c'est la façon dont c'est réalisé magistralement
37:15 par Sauté, parce que l'accident est en filigrame tout le long du film.
37:19 Et c'est dans la période où il est en train de mourir, entre la vie et la mort,
37:22 qu'il a des flashbacks et qu'il revoit sa maîtresse, sa femme.
37:26 Et donc, je trouve que la façon dont c'est monté, c'est présenté,
37:29 est extrêmement originale.
37:31 Et puis, Romy Schneider est totalement magistral dedans.
37:34 - Il en voulait pas au départ, Claude Sauté.
37:36 C'est Pierre Gragné de Fer qui lui a dit, écoute, il faut l'apprendre absolument.
37:39 Et il l'a convaincu.
37:40 Et "Les choses de la vie", au départ, c'est un roman de Paul Guimard
37:43 qui a une particularité.
37:44 Il a débuté comme journaliste à la radio juste après la guerre.
37:48 Et il a présenté "La tribune de Paris",
37:50 qui était le premier talk-show politique de l'histoire à la radio.
37:53 Et après, il est devenu romancier.
37:55 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, à tout le monde,
37:57 quand on vous parle des derniers instants avant la vie,
38:00 où on revoit la vie, c'est une référence à ce film.
38:02 On n'en parlait pas avant.
38:04 - C'est ça. Donc c'était assez avant-gardiste.
38:06 Mais c'est vrai que le montage de ce film est magnifique.
38:09 Et puis, Romy Schneider, c'était les années où elle était d'une beauté.
38:13 C'est vraiment un film qu'il faut revoir.
38:16 D'ailleurs, il est passé à la télé il n'y a pas très longtemps.
38:18 Et je l'ai revu encore, monsieur.
38:19 Eh oui, monsieur Jacques !
38:20 - Et le scénario, c'est de Jean-Loup Dabady.
38:22 - Jean-Loup Dabady.
38:23 Mais ça, on ne le présente plus.
38:24 Il est tellement, tellement, tellement...
38:26 C'est un génie des scénarios.
38:29 - Et de l'adaptation.
38:30 - Et d'adaptation.
38:31 - Et autre film dans un genre très, très différent.
38:34 Parce que vous touchez vraiment à tous les genres.
38:37 C'est "La bande de Top Gun".
38:39 * Extrait de "La bande de Top Gun" *
39:00 - Le bleu des regrets de "Top Gun", ça, je ne m'y attendais pas.
39:02 - C'est une merveille.
39:03 Alors, je ne vais pas vous mentir.
39:04 "Top Gun", j'ai beaucoup aimé.
39:05 Mais c'est surtout Tom Cruise qui m'intéresse.
39:07 Ce film, je l'ai vu, revu, revu, revu, revu.
39:11 Cette chanson de Berlin, évidemment,
39:13 elle a eu un succès énorme en anglais, bien sûr.
39:15 "Take my breath away".
39:16 Tout le monde la connaît.
39:17 Et quand j'ai entendu la version de Gérard Lenormand,
39:19 je me suis dit, mais c'est ça qu'il me faut pour l'album.
39:22 C'était, je ne sais pas,
39:23 on l'a fait un peu bossa, un peu chaloupé.
39:25 C'est exactement comme je voulais.
39:27 J'adore cette chanson.
39:29 J'adore le kitsch du texte, surtout.
39:31 Là, pour le coup, vraiment, je trouve que c'est trop mignon.
39:34 C'est trop charmant.
39:35 Et puis, voilà, je la chante.
39:36 Je ferme les yeux.
39:37 J'ai l'impression d'être sur la moto de Tom Cruise
39:39 et les cheveux au vent.
39:41 Et voilà.
39:42 Ce qui est étonnant, c'est qu'au départ,
39:43 Tom Cruise ne voulait pas faire le film.
39:45 Il y a plusieurs comédiens qui avaient été pressentis,
39:48 dont John Travolta, qui a refusé.
39:50 Et Tom Cruise dit, non, je ne le fais pas.
39:52 Quand il a dit un chèque d'un million de dollars,
39:54 c'est ça qu'il a décidé.
39:55 Ça l'a décidé.
39:56 Il a bien fait.
39:57 Parce qu'il est devenu une star internationale
39:59 grâce à ce film.
40:00 Grâce à ce film, oui.
40:01 Et vous savez que ce film a été écrit
40:03 parce que les Américains voulaient oublier la guerre froide.
40:07 Ça ne m'étonne pas du tout.
40:08 Bien sûr.
40:09 Et donc, il a fallu faire appel au Pentagone
40:11 pour avoir l'autorisation.
40:12 Le scénario a été soumis au Pentagone.
40:14 Il y a eu des choses qui ont été retirées,
40:16 comme par exemple les rapports avec la Corée du Nord.
40:18 Et en échange, le Pentagone a donné tous les moyens techniques
40:21 pour que le film soit tourné.
40:22 Mais c'est souvent, vous savez,
40:23 il y a parfois beaucoup de films qui sont des commandes,
40:26 genre, je ne dis pas propagande,
40:28 mais des commandes qui sont un peu influencées par la politique.
40:32 Voilà.
40:33 Mais là, c'est une façon de montrer l'armée sous son jour favorable.
40:35 Mais qu'est-ce qui vous a donné envie de voir ce film ?
40:37 Parce que ce n'est pas, au départ,
40:38 les choses de la vie et Top Gun,
40:40 ce sont deux univers très différents.
40:42 Je ne vais pas vous mentir.
40:43 C'est le blouson en cuir,
40:44 c'est le petit t-shirt qui colle,
40:45 c'est les biscottos,
40:46 c'est le jean moulant.
40:47 Je ne vais pas vous la faire à l'envers.
40:49 Je fantasmais sur Tom Cruise pendant des années.
40:51 Je crois même que je me suis endormie
40:53 et que j'ai rêvé de vivre une histoire d'amour avec Tom Cruise.
40:55 C'est ça qui m'a convaincue.
40:57 Et après, le film, il est canon.
40:59 C'est un film, ça ne s'arrête pas,
41:01 ça va à 10 000 à l'heure.
41:03 La blonde est magnifique,
41:05 cette prof avec cette petite jupe
41:08 toute moulante,
41:11 et ses talons, et tout ça.
41:12 Je ne sais pas, moi, c'était un fantasme.
41:13 C'était vraiment un film que j'ai eu plaisir
41:15 à regarder pendant des années.
41:17 Et je l'ai montré à mes fils il n'y a pas très longtemps.
41:19 Ils ont vachement aimé aussi.
41:21 Mais c'est vrai que ce film traverse les générations,
41:22 ce qu'on ne pouvait pas imaginer au départ.
41:24 Non, il y a eu même un 2 qui est sorti il n'y a pas très longtemps
41:26 qui a été un succès énorme et qui était très bien d'ailleurs, ce 2.
41:29 Alors, il y a toujours en Amérique,
41:31 il y a aussi un autre film qui vous a marqué,
41:33 beaucoup plus ancien,
41:34 mais qui lui aussi est un film culte.
41:54 - "Pompompidou", tout le monde connaît cette expression,
41:56 même plus que la chanson, que Marilyn Monroe.
41:58 - Ah oui, ça, ça a été culte.
42:00 "Pompompidou", ça l'a suivi partout.
42:01 D'ailleurs, quand on voit des photos de Marilyn ou des affiches,
42:03 souvent, il y a écrit "Pompompidou".
42:06 Mais oui, je crois que cette chanson a reçu le prix
42:09 de la chanson de "Century".
42:12 - Oui, du siècle.
42:13 - La chanson du siècle, oui.
42:15 Voilà, est-ce que j'ai vraiment besoin de parler de Marilyn ?
42:18 - Mais bien sûr.
42:19 - Alors, du film déjà.
42:21 "Certains l'aiment chaud",
42:22 qui est un film très avant-gardiste aussi,
42:24 puisque ça traite de l'homosexualité.
42:26 Et cette dernière phrase de fin de film
42:28 que je vous invite à aller voir,
42:30 qui est "Nobody is perfect".
42:32 - Qui ne devait pas exister dans le scénario,
42:34 c'est improvisé totalement par Tony Curtis.
42:36 - Ah bon ? Mais c'est culte, "Nobody is perfect".
42:38 C'est magnifique.
42:39 Et j'aime cette Marilyn,
42:40 c'est une Marilyn qui commence à être un peu...
42:43 où on voit des aspérités, j'ai envie de dire cassées,
42:46 mais on sent qu'il y a de la mélancolie en elle.
42:49 Quand elle chante cette chanson, "I wanna be loved by you",
42:52 elle est comme ça sur scène,
42:54 et on a l'impression qu'elle est seule au monde,
42:56 elle est avec une robe en tulle transparente,
42:58 elle est belle, mais ses yeux racontent autre chose,
43:00 racontent autre chose que son corps.
43:02 Et donc c'est ça qui m'a plu dans cette interprétation.
43:04 - Et puis elle ne voulait pas tourner le film au départ,
43:06 quand on lui présente le scénario,
43:07 elle le jette par terre en disant
43:09 "C'est une connerie, je ferai jamais ça".
43:11 On lui dit "Le metteur en scène, c'est Billy Wilder".
43:13 Ah, alors ça change tout.
43:14 - Ah bah oui.
43:15 - Elle a accepté de le tourner, mais ça a été tout juste.
43:17 Et c'est vrai que c'est assez étonnant
43:20 parce que ça a changé sa carrière pratiquement.
43:22 Elle était en train de tomber un peu,
43:24 elle est remontée avec certains même choses.
43:26 - Oui, et c'est vrai que c'est un film culte.
43:27 Et pour la petite histoire, figurez-vous que
43:29 Michel Berger, en 1985,
43:32 a fait une adaptation en français
43:34 de cette chanson pour la télé,
43:36 avec Johnny Hallyday et Nathalie Baye.
43:40 - Voilà, et bravo pour votre culture,
43:42 et pour votre histoire aussi, pour votre précision historique,
43:44 l'American Film Institute considère
43:46 que ce film est en tête du classement
43:48 des plus grandes comédies de l'histoire.
43:50 - Oui, et c'est mérité.
43:52 - Allez, on change de langue avec l'espagnol.
43:55 - Ça aussi, on a tous fredonné.
44:20 Cette chanson est sortie incognito,
44:22 elle est passée un peu à la radio,
44:24 et finalement, elle a été le tube de l'été 1976.
44:26 - Oui, grâce à un film, "Cria Cuervo",
44:29 de Carlo Sora,
44:32 qui est mort d'ailleurs cette année,
44:33 on lui rend un petit hommage,
44:34 avec Géraldine Chaplin, qui est magnifique.
44:36 Ce titre, on l'entend tout le temps,
44:38 parce que la petite fille le passe
44:40 sur son tourne-disque, sur son vinyle.
44:42 Mais c'est vrai que ça a été un succès,
44:44 un peu d'estime au début.
44:46 Et est-ce que vous savez, Jacques,
44:47 qu'est-ce qui a rendu ce titre extrêmement populaire ?
44:51 - Dis-y.
44:52 - Eh bien écoutez, quand Franco est tombé,
44:54 en Espagne, ça a été le porte-drapeau
44:56 de cette révolution espagnole,
44:58 et c'est devenu un très gros, très très gros tube,
45:00 et ça a été même repris pour la révolution de Jasmin,
45:03 quelques années après.
45:04 - Votre culture est magnifique, Elisa,
45:06 et je précise que le titre fait référence
45:08 au diton espagnol "Cria Cuervos",
45:10 qui est "Élève des corbeaux, ils t'arracheront les yeux",
45:12 ce qui correspond à la chute de Franco.
45:14 Alors ce film aussi, c'est Jeannette, la chanteuse,
45:18 qu'on ne connaissait pas à l'époque,
45:19 et qui est devenue...
45:20 - Non, qui était toute jeune.
45:21 - Qui était toute jeune,
45:22 qui a vraiment eu un succès international.
45:24 - Oui.
45:25 - En même temps, c'est un film qui a marché,
45:28 parce qu'il y avait des rapports entre l'enfance
45:30 et l'âge adulte.
45:31 - Oui, parce qu'elle perd sa maman,
45:33 et qu'elle est isolée avec sa belle-mère,
45:35 et que c'était vraiment touchant,
45:37 la façon dont cette jeune fille est en souffrance.
45:40 Ça a eu tous les prix, pareil,
45:42 Golden Globe, César, Cannes,
45:45 ça a été un film extrêmement important.
45:47 - Et c'est un film un peu sur le monde de l'enfance,
45:50 et est-ce que finalement,
45:51 vous n'avez pas le sentiment d'être restée une enfant,
45:54 Elisabeth, moralement ?
45:56 - Je ne sais pas.
45:57 Je ne serais pas trop...
45:58 En tout cas, l'enfant est toujours en moi,
46:00 et je la soigne.
46:02 Je la soigne beaucoup,
46:03 et je la cultive énormément,
46:05 parce que cette joie de vivre,
46:07 le fait qu'on m'a appelée Miss Catastrophe,
46:09 ma dyslexie, ce côté un peu pitre,
46:12 je l'ai gardé.
46:13 Alors là, je fais bonne figure
46:14 avec mon petit rouge à lèvres
46:15 et mon petit gilet d'homme,
46:16 mais je vous jure que je suis un vrai pitre dans la vie.
46:19 - Et puis il y a dans cet album
46:21 une chanson absolument incontournable.
46:23 - De Granada a Casa Blanca
46:26 Entre ritmo fantasia
46:30 Una guitarra ritana canta
46:34 Canta a millon da rossia
46:38 A llegar a casa blanca
46:41 - Ça, je crois aussi que beaucoup de gens en connaissent à la Bina Parker,
46:44 et c'est presque une chanson fétiche pour vous.
46:47 - Oui, c'est une chanson fétiche,
46:48 parce que quand votre carrière est lancée avec un film,
46:52 forcément, ça a une saveur particulière.
46:54 Et donc le générique de La vérité, si je mens,
46:56 c'était à la Bina.
46:57 Et donc, c'est vrai que dès que j'entendais la chanson
46:59 ou même dès qu'elle passe dans un restaurant
47:01 ou dans une boîte de nuit
47:02 ou même dans un télésiège,
47:04 vous êtes sûr qu'il y a tout le monde qui me regarde et qui fait...
47:06 - La directrice ?
47:07 - Genre...
47:08 - Ah oui ?
47:09 - C'est pour toi !
47:10 Et donc, du coup, quand il a été question
47:12 de faire un album sur les musiques cultes,
47:14 on en a parlé avec l'équipe et on s'est dit
47:16 bon, il faut qu'elle fasse partie de l'album.
47:17 Alors, moi, j'ai fait deux versions dans l'album.
47:19 Je voulais la version espagnole, mais très très lente,
47:22 là, comme une petite chanson acoustique, comme ça,
47:26 qui change du rythme très dynamique qu'on a
47:28 de la version d'à la Bina de la BO du film.
47:32 Et puis après, j'ai fait une version en français,
47:34 parce que j'aime bien, de temps en temps,
47:35 passer les chansons en français.
47:37 Et donc, la version qu'on connaît,
47:38 dont j'ai tourné le clip dans le désert d'Agafaï,
47:41 c'est une version français-arabe.
47:44 - Et est-ce que vous pensez que le rôle de Chocana Boudboule,
47:46 vous voudrez autant de succès quand vous avez tourné
47:48 "Les vérités chez moi"?
47:49 - Non, non, non.
47:50 Mais heureusement, parce que sinon,
47:51 j'aurais eu du mal à me lâcher.
47:53 Là, pour le coup, je ne savais pas que ça serait
47:55 un si gros succès et surtout qu'elle resterait
47:57 probablement ma meilleure amie ou à côté de moi
48:00 toute ma vie.
48:01 - C'est-à-dire que finalement, ce film auquel
48:03 personne ne croyait est devenu culte et continue
48:05 aujourd'hui à toucher les générations.
48:07 - Continue, oui.
48:08 Et 20 ans après, on m'appelle encore
48:09 Chocana Boudboule dans la rue, ce qui est incroyable.
48:11 Les gens me reconnaissent.
48:12 C'est dingue, non?
48:13 - En tout cas, on reconnaît votre talent
48:15 avec cet album.
48:16 Il y aura une suite, vous n'allez pas en rester là
48:18 ou peut-être faire une tournée ou quelque chose?
48:20 - Alors, il y a une tournée prévue, ça s'appelle
48:22 "Elisa se donne en spectacle".
48:23 Et toute l'originalité de cette tournée,
48:25 je vais venir dans toute la France,
48:26 c'est qu'on va mélanger la comédienne et la chanteuse.
48:28 Donc, il y aura plein de chansons de BO de films cultes
48:31 et à la fois des monologues cultes de femmes au cinéma.
48:34 - C'est un beau projet.
48:35 Mais écoutez, n'arrêtez jamais, changez comme ça
48:37 de projet à chaque fois et faites-nous plaisir
48:40 avec cet album qui s'appelle "Elisa fait son cinéma".
48:43 Merci de nous l'avoir présenté.
48:45 Et puis, bravo pour votre culture cinématographique.
48:47 - Merci, c'est un plaisir.
48:49 - Merci et à bientôt, Lisa Tovati.
48:51 - À bientôt.
48:52 - Les Clues d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
48:53 On se retrouve bientôt.
48:54 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.
48:56 ♪ ♪ ♪
48:57 Sous-titrage Société Radio-Canada
48:59 [SILENCE]