Le portrait sonore du psychiatre Christophe André

Europe 1

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : bit.ly/radioE1 Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce lundi 19 février, c'est le psychiatre Christophe André pour son livre "S'estimer et s'oublier" aux éditions Odile Jacob. Retrouvez "Le portrait sonore de l’invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-culture LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                  Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00 10h13, la suite des cultures médias sur Europe 1.

00:04 Ce matin, Thomas Hill, vous recevez le psychiatre Christophe André.

00:07 Il publie "S'estimer et s'oublier" aux éditions au Guilles Jacob.

00:10 Et alors j'ai quelques petites musiques pour vous Christophe André.

00:12 Voici la première.

00:13 Est-ce que vous racontez dans votre livre la démonstration d'un prof de psychologie américain

00:23 sur l'estime de soi avec un dollar ?

00:25 Comme ça, il montre un dollar à ses élèves.

00:27 J'adore, c'est vraiment ça, c'est la psychologie appliquée.

00:30 Il explique à ses élèves ce qu'est l'estime de soi,

00:33 même si on vous critique, que vous êtes quelqu'un de bien, etc.

00:36 Et puis il sort un billet, il leur dit "Voilà, combien il vaut ce billet ?"

00:39 Tous les élèves "Un dollar ou dix dollars", selon le billet qu'ils montent.

00:42 Puis il le frasse, "Et maintenant, combien il vaut tout frasser ?"

00:45 "Toujours un dollar."

00:46 Puis il le jette par terre, il le piétine.

00:48 "Bah ça vaut toujours un dollar."

00:49 Il dit "Ben voilà les amis, vous, c'est comme ce billet,

00:52 même si on vous bouscule, même si on vous marche dessus, même si on vous...

00:55 - Même si on a des échecs. - Voilà, votre valeur reste la même.

00:58 Et c'est à ça aussi que sert l'estime de soi.

01:01 C'est-à-dire cette période un peu merdique de notre vie,

01:04 c'est traverser du désert, où on nous aime moins,

01:07 on échoue à tout ce qu'on fait, ne marche pas,

01:10 et se dire "Ben non, tiens bon mon gars, ou tiens bon ma fille, ça va, c'est normal."

01:15 L'échec, c'est le loyer de la vie, c'est le loyer de l'action,

01:18 donc c'est normal que ça t'arrive.

01:20 Tire les enseignements, ne te laisse pas trop démonter,

01:23 ne te punis pas. Un des grands problèmes qu'on a en matière d'estime de soi,

01:27 quand on n'a pas une bonne estime de soi, c'est qu'on s'inflige une double peine.

01:31 On connaît un échec, et puis on se maltraite.

01:34 "T'es le roi des idiots, t'es nul, t'aurais pas dû,

01:37 allez, planque-toi, ne sors plus, ne va pas te montrer, t'as honte,

01:40 tu mérites pas de te détendre."

01:42 Et du coup, on se fait doublement du mal.

01:45 La vie nous fait du mal, on peut lui faire confiance,

01:48 elle nous emmène à l'adhésif, comme ça,

01:50 il n'a pas la peine d'ouvrir un second franc en dedans de nous-mêmes.

01:53 - Oui, alors que c'est une des leçons que vous tirez dans ce livre,

01:56 c'est de dire, souvent les gens pensent que le succès vient en partie de la chance,

01:59 vous dites qu'il n'y a pas de chance, en fait, dans la vie,

02:02 il n'y a que des gens qui la provoquent, qui sortent, qui rencontrent des gens,

02:05 et qui essayent d'avoir de la chance.

02:08 - Voilà, alors il y a quand même un peu de chance,

02:11 mais c'est vrai que ça c'est deux dossiers différents.

02:14 Je vais vous répondre au premier. D'abord, est-ce que la chance existe ?

02:17 Il y a des collègues chercheurs qui ont montré que la chance existait.

02:20 C'était assez génial, si vous permettez, je vous raconte l'expérience,

02:23 ce n'est pas dans mon livre, mais ça a un peu à voir.

02:26 Ils passent une petite annonce, à l'époque où il y avait des petites annonces dans les journaux,

02:29 ils disent "si vous êtes très chanceux ou très malchanceux, venez nous voir au labo".

02:32 Les gens arrivent, et quand les gens arrivent, ils leur tombent des petits pièges.

02:35 Par exemple, devant la porte, où vous allez sonner,

02:38 ils mettent un petit billet de banque par terre,

02:41 et puis ils regardent qui trouve le billet, qui a de la chance,

02:44 et qui ne le trouve pas. Et dans la salle d'attente, ils vous font vous asseoir,

02:47 et puis il y a une autre personne, qui a l'air d'être un autre volontaire

02:50 pour l'expérience, qui vous sourit. Et ils regardent qui dit bonjour,

02:53 et qui dit pas bonjour, qui engage la conversation ou non.

02:56 Et ils s'aperçoivent que les gens qui se sont déclarés au départ comme chanceux,

02:59 c'est eux qui trouvent le billet.

03:02 C'est eux qui engagent la conversation.

03:05 C'est-à-dire que c'est des gens qui regardent autour d'eux, qui sont curieux,

03:08 qui créent des contacts, et du coup ils disent "j'ai de la chance,

03:11 j'ai rencontré un mec sympa dans la salle d'attente, j'ai trouvé un billet de banque

03:14 par terre". Et les gens qui se sont dit malchanceux, c'est des gens

03:17 qui sont plus repliés sur eux, plus dans leurs soucis, ils reminent,

03:20 donc au lieu de regarder autour d'eux, ils regardent

03:23 à l'intérieur d'eux-mêmes, "j'ai pas de chance, je suis malheureux,

03:26 je vois pas les billets". Quand ils arrivent dans la salle d'attente, au lieu de

03:29 parler aux autres, ils sont toujours centrés sur eux, "aïe aïe aïe,

03:32 j'ai mal par-ci, j'ai mal par-là, est-ce que je vais y arriver ?"

03:35 Et du coup, ce chercheur montre que la chance existe,

03:38 mais elle est plutôt liée à l'ouverture d'esprit, à la

03:41 curiosité. - C'est-à-dire que les gens chanceux existent, la chance

03:44 en soi c'est le hasard. - Exactement. - Les gens chanceux existent. - Les gens chanceux

03:47 existent parce qu'ils vont chercher le contact, ils regardent autour d'eux.

03:50 Et après, dans la vraie vie, ça existe aussi quand même

03:53 un peu, c'est ce qu'on fait quand on travaille en psychothérapie

03:56 sur l'estime de soi, quand quelqu'un réussit quelque chose,

03:59 voilà, vous avez un succès professionnel, sentimentale,

04:02 artistique, sportif, on demande toujours

04:05 "faites le camembert des attributions".

04:08 Autrement dit, quelle est la part dans ce succès de vos talents, de vos

04:11 compétences, de vos efforts, 10%, 20%, 50% ?

04:14 Quelle est la part de la chance ? Vous avez eu

04:17 un peu de bol, énormément, et quelle est la part

04:20 des autres ? En quoi les autres vous ont aidé à atteindre

04:23 cet objectif ? Qui vous a conseillé, qui vous a aidé ?

04:26 Et ça c'est très bien pour comprendre

04:29 un petit peu que dans notre vie, on a à la fois besoin de faire des efforts,

04:32 on a à la fois besoin des autres, et puis, de temps en temps,

04:35 il faut un petit coup de bol quand même !

04:38 Allez, musique suivante !

04:41 *Musique*

04:44 *Musique*

04:47 *Musique*

04:50 "Il ne rentre pas ce soir" d'Eddie Mitchell, l'échec, c'est ce que vit cet homme

04:53 qui vient de se faire licencier dans la chanson d'Eddie,

04:56 et vous abordez l'échec sous toutes ses coutures dans ce livre,

04:59 notamment l'histoire d'un ami un peu oublié qui un soir vous appelle

05:02 et il veut vous voir pour vous parler de ses problèmes avec sa femme,

05:05 et il ne parle que de lui, et vous pensez

05:08 que ses problèmes viennent justement aussi du fait peut-être

05:11 qu'il a du mal à s'oublier ? - Oui, oui,

05:14 ça c'était une histoire triste,

05:17 un garçon au fond il me racontait un peu à la fois ses malheurs

05:20 et puis en me les racontant je comprenais pourquoi il avait tous ses malheurs,

05:23 trop nombriliste, trop centré sur lui,

05:26 trop vraiment ne tenant pas assez compte des autres,

05:29 etc., et ça m'avait rendu, ça m'avait foutu

05:32 le spleen sur l'aveuglement qu'on a parfois à se faire du mal,

05:36 à foirer, et du coup,

05:39 une fois de plus, je pense que c'est vraiment important de prendre soin

05:42 de soi, mais l'estime de soi c'est comme la santé,

05:45 vous savez la santé il faut en prendre soin quand même, sinon

05:48 on ne va pas pouvoir faire des tas de choses dans notre vie, mais

05:51 quand on est obsédé par sa santé, les gens qui comptent le moindre gramme

05:54 de ce qu'ils mangent, qui avalent des pilules à toute l'heure du jour et de la nuit,

05:57 qui passent leur vie chez les médecins, c'est pas bon,

06:00 les vieux médecins disaient "la santé,

06:03 c'est la vie dans le silence des organes",

06:06 voilà, il faut que notre corps nous laisse tranquille,

06:09 et qu'on puisse oublier, et l'estime de soi c'est pareil,

06:12 la bonne estime de soi elle fait pas de bruit, c'est comme le moteur

06:15 de votre frigo, il faut pas qu'il vous réveille la nuit,

06:18 qu'il soit plus fort que les conversations, et donc

06:21 là aussi c'est quelque chose pour quoi on doit faire des efforts,

06:24 prendre soin de soi et puis se tourner vers

06:27 les autres, parce que c'est là qu'il y a les trucs les plus intéressants qui se passent quand même.

06:30 - S'estimer et arriver aussi un petit peu à s'oublier

06:33 parfois, c'est disponible aux éditions Odile Jacob,

06:36 votre livre Christophe André, et dans un instant on va retrouver

06:39 notre premier Indispensable avec Héloïse Gau, on parle de quoi aujourd'hui Héloïse ?

06:42 - On parle de Christian Dior et de Coco Chanel avec une série

06:45 très intéressante qui s'appelle "The New Look". - Ah il y avait peut-être un petit peu d'ego

06:48 - Ah oui, au léger, oui !

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