• il y a 9 mois
L’Amrae a réuni près de 3 500 spécialistes du risque en entreprise lors de ses 31e rencontres qui se sont déroulées les 7, 8 et 9 février à Deauville. Géopolitique, cyber, intelligence artificielle... Autant de thématiques qui ont été abordées durant ces trois jours. Michel Josset, administrateur et référent climat de l'association, fait le bilan de ces rencontres.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:13 Bonjour à tous, très heureuse de vous retrouver quelques jours après les 31e rencontres de l'AMRAE.
00:18 Nous sommes ici à Paris en compagnie de Michel Jossé.
00:21 Bonjour Michel.
00:22 Bonjour Cécile.
00:23 Michel, vous êtes administrateur de l'AMRAE et aussi référent climat de l'association.
00:28 Je disais quelques jours après les 31e rencontres de l'AMRAE à Deauville.
00:31 Quel bilan faites-vous avec un peu de recul sur ces rencontres ?
00:36 Ce que je vais retenir c'est la montée du sujet climat.
00:39 À l'occasion de ces rencontres, il y a eu un parcours climat avec trois ateliers
00:44 et le sujet s'est imposé dans beaucoup d'échanges.
00:47 Donc on se dit qu'on a bien fait il y a un an de relever la gouvernance de l'AMRAE sur le sujet
00:53 en créant des groupes de travail qui planchent sur le sujet et aident les risk managers à mieux gérer ce risque.
00:59 Si on vient un peu en arrière, quand est-ce que le sujet climat a objectivement fait son apparition
01:04 dans la galaxie des directeurs des risques ?
01:07 Il y a dix ans, c'était un sujet qu'on n'évoquait pas.
01:10 On a toujours travaillé sur ce sujet, on appelait ça risque naturel.
01:14 Les inondations, les tempêtes ont toujours été un sujet qui créait une sinistréalité.
01:20 On observe évidemment une accélération très forte de la sinistréalité,
01:24 à la fois en ampleur, en intensité, en fréquence,
01:28 cette évolution étant évidemment liée au changement climatique.
01:30 Donc on s'inscrit dans une perspective un peu inquiétante
01:34 si on s'en réfère à la littérature scientifique au niveau de ce risque.
01:39 Donc il importe dès maintenant de se mettre en situation de mieux le gérer.
01:44 Est-ce que justement les assureurs sont prêts et jouent le jeu sur le risque au climat ?
01:50 Pas complètement.
01:51 On a observé depuis quelques années un très fort durcissement des conditions d'assurance sur ce sujet
01:57 avec des augmentations de franchise, des augmentations de primes, des reculs de capacité.
02:02 Donc ça veut dire que nous, entreprise, on doit gérer une auto-assurance sur ce sujet.
02:08 Et on est convaincu qu'on doit rééquilibrer finalement les relations avec les assureurs,
02:13 que ce soit dans l'assurabilité qui doit être délivrée par les assureurs,
02:16 y compris dans les zones qui sont exposées,
02:19 également l'assurance des nouvelles filières, des produits qui se développent,
02:23 qui sont générés par la transition écologique,
02:25 et puis une meilleure assistance en prévention pour comprendre ce risque,
02:29 accéder à des données et mieux le gérer en partenariat avec l'assureur.
02:33 Parce que quand on écoute les assureurs, ils sont quand même à fond sur les sujets ESG.
02:39 Et quand on vous écoute, ils sont plus à fond dans la communication,
02:43 dans l'investissement que dans la couverture, c'est ça que ça veut dire ?
02:45 Il y a effectivement un certain décalage entre le discours corporel des assureurs
02:51 et la réalité de la souscription.
02:53 Donc on fait face aujourd'hui à un double risque d'inassurabilité,
02:57 à la fois dans les zones d'inassurabilité régionales,
03:01 dans les zones où on est fortement exposé aux risques climatiques.
03:03 On se demande si on sera encore assuré dans quelques années.
03:06 Et puis un déficit d'assurance sur les nouvelles technologies,
03:10 les nouveaux matériaux décarbonés que l'on cherche à pousser sur le marché
03:14 pour aider à l'atténuation et à la diminution des émissions de carbone
03:17 pour limiter le changement climatique.
03:20 Qu'est-ce qu'il faudrait d'après vous pour que le marché s'ajuste en fait ?
03:25 On a un vrai décalage de temporalité sur ce sujet avec les assureurs.
03:30 Les assureurs sont centrés sur le renouvellement des programmes de fin d'année
03:35 dans une optique un peu court-termiste.
03:37 Et la gestion des risques d'une entreprise, c'est un exercice qui se fait
03:40 à un horizon moyen terme de 5 à 10 ans.
03:43 Donc il faut qu'on arrive avec les assureurs à mieux gérer ce moyen terme.
03:48 Et les assureurs nous doivent de la transparence vis-à-vis des zones
03:52 où potentiellement l'assurance sera difficile à délivrer.
03:56 Une meilleure visibilité également de la tarification.
03:59 Et on souhaite également avoir une tarification incitative.
04:02 Il n'est pas normal qu'une entreprise qui s'engage en adaptation climatique
04:05 paye la même chose qu'une qui va moins se préoccuper de ce sujet.
04:10 En guise de conclusion peut-être,
04:13 est-ce que vous êtes optimiste sur la maîtrise des risques futurs en fait ?
04:19 Oui, il y a des raisons d'espérer.
04:21 Moi je crois beaucoup à la technologie dans ce sujet.
04:24 C'est vrai que l'intelligence artificielle fait peur et avec raison.
04:29 Mais on voit des vrais cas d'usage sur le sujet du climat
04:32 où on obtient déjà des résultats très intéressants.
04:36 S'adapter au climat c'est bien connaître ses expositions.
04:38 Et le traitement des images satellitaires par exemple par intelligence artificielle
04:43 permet de délivrer site par site des diagnostics très précis
04:46 sur l'exposition au risque de forêt, sur les états de sécheresse.
04:50 Donc il faut que l'assurance et les assurés s'ouvrent à cet écosystème
04:55 de la technologie qui est en train de se mettre en place
04:57 et se saisissent de ces nouvelles technologies pour mieux maîtriser le risque.
05:01 Et un deuxième élément positif également,
05:04 on voit finalement la gestion des risques classiquement,
05:08 traditionnellement c'était les assurés, les courtiers, les assureurs.
05:12 On voit une nouvelle entrance sur le sujet qui est l'investisseur.
05:16 Via la CSRD, on observe que les investisseurs vont de plus en plus
05:22 caler leur prise de risque sur la gestion des risques de l'entreprise.
05:27 Donc ils vont regarder au-dessus de notre épaule
05:29 comment est-ce qu'on gère ces risques.
05:30 Et c'est plutôt une bonne nouvelle parce que ça veut dire
05:33 que ça met le risque manager au centre d'un sujet important
05:37 qui est l'accès au financement des entreprises.
05:41 Merci beaucoup Michel Jossé.
05:43 Merci Cécile.
05:44 [Musique]

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