• il y a 9 mois
A l’occasion des 31e rencontres de l’Amrae (association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise), Camille George s’entretient avec Romain Launay, directeur général adjoint de SCOR P&C

L’AMRAE réunit près de 3 500 spécialistes du risque en entreprise lors de ses 31e rencontres qui se déroulent les 7, 8 et 9 février à Deauville. Géopolitique, cyber, intelligence artificielle...

Autant de thématiques qui sont abordées durant ces trois jours. Romain Launay, directeur général adjoint de SCOR P&C, fait le point sur la façon dont les troubles géopolitiques impactent la gestion du risque

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Transcription
00:00 [Musique]
00:13 Bonjour, nous voilà de retour sur le plateau L'Opinion, la Géphi,
00:17 au cœur des 31e rencontres de l'AMRAE à Deauville.
00:20 Et je suis aux côtés de Romain Lenay,
00:23 directeur général adjoint de SCORE PNC.
00:27 Romain, bonjour.
00:28 Bonjour.
00:28 Merci d'être avec nous.
00:29 Merci.
00:30 Alors, pour commencer, est-ce qu'on peut jeter un coup d'œil dans le rétroviseur ?
00:34 Comment s'est passé l'année 2023 ?
00:37 Que retenez-vous de cette année-là en termes de comportement marché ?
00:40 Et comment se profite le 2024 ?
00:42 Si on parle de 2023, je pense que sur les événements qui ont impacté le monde,
00:47 on retiendra le risque géopolitique,
00:49 on retiendra le conflit entre Israël et le Hamas,
00:54 qui effectivement est d'abord une tragédie pour les personnes impactées
00:58 et qui pose aussi un certain nombre de sujets
01:01 sur les risques géopolitiques pour le monde de l'assurance.
01:05 On l'avait vu avec l'Ukraine
01:07 et on continue de voir qu'on est dans un monde qui est de plus en plus dangereux.
01:12 Pour la France, je retiendrai les émeutes qui ont eu lieu à l'été
01:17 et qui, là encore, ont eu un impact assez fort sur le marché.
01:22 Si je regarde maintenant SCORE,
01:24 2023, ça a été une année d'approfondissement de notre présence
01:28 sur nos marchés cibles et en particulier sur la France.
01:32 Aujourd'hui, on assure la majorité des entreprises du CAC 40
01:36 et on assure une entreprise du SBF 120 sur deux.
01:40 Donc une année d'approfondissement de notre présence sur le marché français.
01:45 D'approfondissement et de renforcement ?
01:47 Exactement.
01:48 Très bien.
01:49 Et 2024, comment se profite l'année ?
01:51 Est-ce qu'il y a un risque particulier qui est à craindre ?
01:55 Je pense que sur 2024, là encore, le risque géopolitique est dans toutes les conversations.
02:02 Est-ce qu'on va avoir de nouveaux conflits émergés ?
02:05 Quelles seront les conséquences pour les acteurs de l'assurance ?
02:09 On pense évidemment naturellement aux lignes comme le risque politique,
02:13 comme les violences politiques,
02:15 mais il y a beaucoup d'autres branches qui peuvent être impactées par le risque géopolitique.
02:20 L'assurance dommage, par exemple.
02:21 Si les supply chains sont impactées par des conflits,
02:26 ça peut se traduire par des pertes d'exploitation beaucoup plus élevées pour les entreprises
02:31 et donc avec des conséquences assurantielles.
02:35 En 2024, il y a aussi le risque cyber qui reste là,
02:39 qui est un risque difficile à appréhender car c'est un risque qui mute.
02:44 Les défenses des entreprises se renforcent, mais en même temps les menaces évoluent.
02:48 Il sera intéressant de voir en 2024 comment cette course à l'armement
02:52 entre d'un côté les cybercriminels et de l'autre côté les entreprises,
02:57 comment l'équilibre s'installe.
03:00 Oui, d'autant qu'on n'a pas beaucoup de recul sur ce marché qui est assez récent.
03:03 On n'a pas beaucoup de recul sur ce marché
03:05 et le passé n'est pas nécessairement un bon prédicteur de ce qui se passera à l'avenir.
03:12 Ça évolue tellement vite en termes de technologie que c'est difficile de prévoir.
03:16 Mais vous diriez quand même que les entreprises ont pris conscience du problème
03:20 et en termes de prévention prennent les mesures nécessaires ?
03:25 Il y a clairement eu une grande prise de conscience ces dernières années.
03:28 Il y a eu des progrès énormes qui ont été faits,
03:31 des progrès qui ont été faits à l'initiative des entreprises.
03:33 Mais je pense que l'assurance aussi a joué un rôle
03:36 puisqu'il y a deux ans à peu près,
03:39 quand il était très compliqué pour les entreprises de trouver une couverture cyber,
03:44 les assureurs exigeaient un certain nombre de mesures de prévention
03:51 sans lesquelles trouver une assurance était impossible.
03:55 Et donc ces mesures demandées par les assureurs sont en réalité devenues des standards.
03:59 Et donc des choses comme la double authentification
04:03 sont aujourd'hui répandues dans toutes les entreprises,
04:06 en partie je pense grâce à l'assurance.
04:10 À l'impulsion de l'assurance.
04:11 Et au-delà des grands groupes, on est d'accord qu'on parle de tout type d'entreprise,
04:15 pas que les grands groupes ?
04:16 On ne parle pas que des grands groupes effectivement,
04:18 mais je pense qu'il y a quand même une certaine différence
04:21 entre le niveau de maturité des grands groupes qui aujourd'hui est très élevé
04:25 et le niveau de maturité d'entreprises plus petites
04:28 qui je pense n'est pas encore au même niveau.
04:31 De maturité et de capacité aussi.
04:34 Que ce soit au niveau des investissements techniques dans les mesures de prévention
04:39 ou aussi dans la sensibilisation des salariés.
04:41 C'est un élément déterminant puisqu'on voit que dans les sinistres cyber,
04:46 il y a très souvent un facteur humain qui intervient.
04:49 Si je prends l'exemple d'une entreprise comme SCORE,
04:51 on a très régulièrement des campagnes de simulation de phishing
04:56 à destination des collaborateurs.
04:58 Et ceux qui tombent dans le piège, il y en a,
05:01 se voient rappeler l'importance de la vigilance sur ces sujets.
05:06 Tout ça c'est intéressant.
05:07 On parle beaucoup des risques cyber,
05:09 on entend aussi beaucoup parler des risques climatiques.
05:11 Les risques 4NAT sont en constante augmentation.
05:16 Comment ça fait bouger la tectonique des plaques entre assurance, réassurance ?
05:22 Comment tout ça s'organise ?
05:23 Il y a une vraie question autour de l'assurabilité de certains de ces risques.
05:27 Quel est votre regard par rapport à tout ça ?
05:29 SCORE en tant que réassureur et assureur
05:33 est assez bien placé pour voir les dynamiques sur ce sujet.
05:38 Ce qu'on a vu c'est qu'entre 2017 et 2023,
05:43 il y a eu une augmentation extrêmement prononcée
05:47 de la fréquence et de l'intensité des catastrophes naturelles
05:51 par rapport à ce qu'on avait vu entre 2012 et 2017.
05:55 Et donc pendant toutes ces années 2017-2023,
05:58 énormément de catastrophes naturelles
06:01 ont eu un impact très fort sur les réassureurs
06:04 qui pendant ces années-là ont pris à leur charge
06:08 une proportion très importante de ces sinistres.
06:11 À tel point que sur cette période,
06:13 les réassureurs n'ont pas couvert leur coût du capital
06:16 à cause des catastrophes naturelles.
06:19 Premier janvier 2023,
06:21 une réaction très forte des réassureurs
06:24 avec une correction assez brutale
06:28 et dont les effets se sont fait ressentir immédiatement en 2023.
06:34 Donc ce qu'on a vu en 2023,
06:35 c'est qu'il y a eu des catastrophes naturelles
06:40 avec un coût total assez comparable à celui des années précédentes,
06:45 mais avec une répartition de la charge
06:47 entre réassureurs et assureurs très différente.
06:50 Une plus grande partie de la charge finale
06:54 a été assumée par les assureurs
06:58 et une plus faible partie a été assumée par les réassureurs.
07:02 Tout ça, ça a des conséquences au final sur les assurés
07:06 puisque les assurés,
07:09 si on prend des pays comme les États-Unis,
07:12 ont subi des hausses tarifaires en assurance d'hommage assez importantes
07:18 parce que les assureurs ont transmis cette charge
07:24 des catastrophes naturelles vers les assurés.
07:27 En Europe et en Asie, c'est un peu moins le cas.
07:31 Donc des branches comme l'assurance d'hommage
07:34 sont plutôt sur une dynamique de plateau pour les prix.
07:40 Il n'y a pas ce même impact de transmission
07:44 de la hausse du coût des catastrophes naturelles
07:47 des réassureurs aux assureurs et des assureurs aux assurés,
07:52 notamment sur les risques de grandes entreprises.
07:55 On a vu quand même les franchises augmenter dans certains cas,
07:58 les conditions se durcir.
08:00 Oui, mais je ne décrirais pas le marché de l'assurance d'hommage
08:06 des grandes entreprises aujourd'hui
08:08 comme un marché extrêmement dur avec des hausses de prix spectaculaires.
08:12 Il y a eu dans les dernières années effectivement un marché dur,
08:16 il y a eu des hausses de prix importantes,
08:18 mais si on regarde les renouvellements du 1er janvier 2024,
08:22 on est sur une certaine stabilité.
08:24 D'accord.
08:25 Est-ce qu'il y a un risque pour les entreprises de se voir exclure
08:29 d'une partie de leur couverture pour des raisons sectorielles
08:35 ou d'implantations géographiques à l'avenir ?
08:38 Est-ce que ça, c'est quelque chose qu'elles doivent anticiper ?
08:41 Notamment pour des préoccupations ESG, RSE ?
08:45 Alors aussi, oui.
08:47 Alors effectivement, aujourd'hui, les préoccupations RSE, ESG
08:52 sont majeures pour un groupe comme le nôtre.
08:56 C'est vraiment inscrit profondément dans nos valeurs
08:59 et donc il peut y avoir des politiques d'exclusion
09:04 très ciblées sur des sujets par exemple comme le charbon.
09:07 Aujourd'hui, si on nous demande d'assurer
09:10 un nouveau projet de centrale au charbon ou de mine de charbon,
09:14 on va décliner.
09:16 Maintenant, ce qu'on essaie de faire, plus qu'exclure,
09:19 c'est accompagner les entreprises dans leur transition énergétique
09:23 et environnementale.
09:25 Et il y a des annonces qu'on a faites la semaine dernière,
09:28 je pense, qui illustrent cela.
09:30 Donc, on a annoncé la semaine dernière par exemple
09:32 que SCORE, en partenariat avec Auden,
09:36 lançait un nouveau produit d'assurance contre les fuites de carbone
09:41 dans les projets de capture et de stockage du carbone.
09:46 Alors vous savez, les solutions de capture et de stockage du carbone,
09:48 ça consiste à capter le carbone au niveau des cheminées,
09:52 par exemple des usines,
09:54 et puis à l'injecter très profondément dans la terre
10:00 pour éviter qu'il soit diffusé dans l'atmosphère.
10:04 Le risque que ça pose, c'est l'éventualité,
10:07 le scénario de fuite ensuite à partir de ces réservoirs vers l'atmosphère.
10:12 Et donc, pour la première fois, un assureur SCORE,
10:16 en partenariat avec un courtier Auden,
10:18 propose un produit d'assurance contre ça.
10:21 On estime que plus que les exclusions, c'est…
10:25 Il faut innover.
10:26 Voilà, il faut innover,
10:27 il faut dérisquer la transition environnementale,
10:31 il faut que les projets de transition puissent se faire.
10:35 Pour ça, il faut qu'il y ait des financements
10:36 et il faut aussi dérisquer ces projets.
10:39 L'assurance est là pour répondre à cet enjeu.
10:43 Merci beaucoup pour avoir été avec nous.
10:45 Merci à vous.
10:46 [Musique]

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