Quels sont les atouts de WILLA (ex-Paris Pionnières), incubateur qui accompagne des start-up fondées ou cofondées par des femmes ? Béatrice Gherara, cofondatrice de l’edtech Kokoroe, a été accompagnée pendant sa phase de pivot au sein de cette communauté. Elle décrit un soutien adapté à chaque situation et à chaque entrepreneure, tout en saluant la sororité qui selon elle permet aux femmes de se serrer les coudes.
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00:00 [Musique]
00:04 Bonjour Béatrice Guérara.
00:05 Bonjour Marie-Claire.
00:06 Alors, ravie de vous retrouver sur ce plateau.
00:09 Vous êtes la cofondatrice et vous co-dirigez donc la plateforme CoCoRoe,
00:16 que vous avez créée il y a maintenant une dizaine d'années.
00:19 Et vous avez bénéficié de l'appui, à un certain moment, du réseau Ouila.
00:24 Alors Ouila, comme je vous l'ai dit en introduction,
00:26 vous avez reçu Marie-George, qui en est la présidente, il y a quelques temps.
00:30 Et elle avait expliqué justement en quoi les programmes qu'elle développait
00:34 pouvaient apporter du soutien à des startupeurs et des startupeuses,
00:38 essentiellement startupeuses d'ailleurs.
00:39 Et donc vous avez accepté de témoigner pour expliquer tout ce que vous en avez tiré de très positif.
00:47 Alors avant d'aller sur ces sujets-là, vous allez nous présenter en quelques mots ce qu'est CoCoRoe.
00:53 Et puis nous dire finalement qu'est-ce qui avait amené les trois brillantes jeunes filles
00:56 que vous étiez à l'époque à quitter vos jobs salariés pour créer cette entreprise qui depuis se développait.
01:03 Avec plaisir Marie-Claire. Alors effectivement, comme vous le disiez,
01:05 donc CoCoRoe, ce n'est pas facile à prononcer.
01:07 Ça veut dire en japonais "apprendre avec le cœur".
01:09 Et c'est une start-up que j'ai créée avec mes deux amis d'enfance, Raphaël et Élise Covilette.
01:13 En fait, on avait 30 ans, on était en entreprise chacune.
01:17 Moi pour ma part, j'étais dans une banque bien connue qui était la Banque des Entrepreneurs.
01:20 Donc je pense qu'il y avait déjà un esprit qui était très entrepreneurial et que je côtoyais.
01:25 Et Raphaël, Élise et moi, on avait en commun d'être engagés dans l'univers de la formation et de l'éducation.
01:30 Et on avait cette conviction qui était vraiment de se dire que le monde évolue très vite.
01:34 Vous aviez parlé tout à l'heure d'intelligence artificielle, on le voit.
01:37 Les compétences sont de plus en plus mobiles, elles changent très vite.
01:41 Le diplôme qu'on vient d'avoir à la sortie de l'école, ce n'est pas celui qui va vous garantir un job à vie.
01:45 Et que finalement, ce qui va être essentiel dans votre vie, ça va être de se former.
01:49 Et malheureusement, la formation est trop souvent un peu le parent pauvre de l'entreprise.
01:53 Parfois trop académique, trop longue. Et on était convaincus qu'on pouvait dépoussiérer les codes.
01:58 Formidable. Alors vous vous êtes lancée, vous avez développé, vous avez connu bien évidemment des hauts et des bas.
02:05 Vous avez commencé par connaître d'ailleurs un bas.
02:07 Et c'est à cette occasion, je crois, que vous avez connu Ouila.
02:09 Alors racontez, comment ça s'est passé ? En quoi vous avez finalement fait évoluer votre modèle ?
02:14 Et surtout, en quoi Ouila vous a permis justement de passer ce cap de façon positive ?
02:19 Exactement. Alors l'entrepreneuriat, je crois que vous le savez, et je vois les femmes qui viennent dans votre émission le disent aussi,
02:23 ce n'est pas un long fleuve tranquille. Il y a des traits bas. Et Ouila s'est trouvé sur notre chemin à un moment critique.
02:30 Puisqu'on était du coup en 2019, au moment de notre pivot.
02:32 A l'origine, on était en reprise plutôt en B2C. On faisait de la formation pour les particuliers.
02:37 Et à ce moment 2019, on tâtonnait, on cherchait notre business model.
02:41 Et on a intégré l'incubateur de Ouila à un moment qui était vraiment un moment, je le disais, un critique.
02:46 Où il fallait repenser notre business model, revoir notre proposition de valeur.
02:50 Et à cet endroit, on a pu y trouver justement des coachs de l'expertise du mentorat pour justement nous accompagner un peu sur ce nouveau chemin.
02:57 Oui, parce que vous étiez, vous aviez démarré en B2C. Vous aviez d'ailleurs, vous étiez arrivé jusqu'à une quinzaine ou une vingtaine de collaborateurs, de collaboratrices.
03:07 Et puis finalement, ça n'a pas fonctionné comme vous voulez. Et vous avez donc switché, passé, pivoté, passé en B2B.
03:15 Plus précisément, parce que vous avez expliqué en quoi Ouila vous a accompagné, mais plus précisément, ça s'est passé comment ?
03:20 Même par rapport au programme déployé, combien de temps, à raison de combien de temps par semaine, par mois, avec qui ?
03:27 Pour raconter les débuts de l'histoire, en fait, c'est la BPI qui a commencé à nous parler de Ouila très tôt.
03:31 La BPI a été un de nos partenaires qui nous a soutenus très tôt. Et donc, on nous a mis sous la voie de Ouila.
03:36 Et en fait, Ouila avait l'avantage de proposer des programmes qui étaient vraiment adaptés à différents niveaux de maturité.
03:41 Vous avez vu des programmes pour vraiment des entrepreneurs qui n'avaient juste qu'un PowerPoint.
03:45 Celle qui avait déjà rencontré le fameux product market fit, déjà les premiers clients.
03:49 Et celle qui était plutôt dans les problématiques de scale, donc vraiment d'industrialisation du modèle.
03:53 Et nous, on était dans cette phase de pivot et on avait enfin, du coup, un programme qui était adapté à ce niveau de maturité.
03:57 On avait déjà un produit, mais il fallait le faire pivoter. Et on a eu accès à toute une série de workshops.
04:02 Aussi bien sur des thématiques comme la levée de fonds, construire un business model, gérer ses relations presse.
04:08 Et ça, en fait, c'est critique parce qu'on sait en startup, peut-être même que d'ailleurs, le temps, c'est de l'argent.
04:13 Et votre courbe d'apprentissage, elle doit être très rapide.
04:15 Donc, en fait, Ouila, ça a été cette espèce d'accélérateur de compétences qui nous a permis très rapidement de progresser sur des aspects techniques.
04:22 Et puis, en plus, pour ajouter un point qui n'est pas forcément très technique, c'est aussi un lieu de sororité.
04:27 Vous vous rencontrez entre pairs, entre autres entrepreneurs. Et parfois, ça fait du bien de serrer les coudes et de partager ses galères.
04:33 Oui, parce que vous me disiez, quand on a discuté ensemble, que vous aviez auparavant fait un autre accélérateur qui était beaucoup plus masculin.
04:40 Et que vous aviez trouvé chez Ouila une différence d'être effectivement avec des... Il n'y a pas que des femmes, parce que vous avez eu également, sans doute, des coachs, des interventions qui étaient faites par des hommes, bien évidemment.
04:51 Mais néanmoins, il y avait ce côté femme entrepreneur qui était important.
04:54 Exactement. Et je crois que c'est une des clés de la longévité de Ouila. Et pourquoi ce lieu, en fait, existe depuis aussi longtemps, c'est qu'on y trouve quelque chose qu'on ne trouve pas ailleurs.
05:01 À savoir, effectivement, un supplément d'âme, de l'expertise. Et puis aussi, c'est vraiment cette notion de sororité où on peut se dire les choses, se parler, loin des flashs, de la pression des actionnaires ou autres.
05:11 Et avoir ce langage un peu sincère.
05:13 Bien sûr.
05:14 Et se serrer les coudes.
05:15 Et alors aujourd'hui, Cocoroi, combien de personnes, combien d'actions ?
05:19 Cocoroi a bien grandit. Je ne peux pas te dire les actions, mais là, pour le coup, on a eu cette grande chance de trouver notre fameux business model.
05:26 Et aujourd'hui, on est une trentaine de collaborateurs. On forme 50% du CAC 40 sur Cocoroi. Et on accompagne également des acteurs publics, comme par exemple Pôle emploi, la sécurité sociale, comme ACOS et bien d'autres.
05:37 Très bien. Écoutez, c'est assez impressionnant, tout ça.
05:40 C'est un chemin, un long chemin.
05:42 C'est un long chemin, mais après, il faut être toujours vigilant et toujours continuer. Vous êtes resté 18 mois au total avec Ouila.
05:49 Non, 18 mois. Et je pense que si on ne nous avait pas mis à la porte, on serait resté très longtemps. Mais c'est jusqu'à un moment où il fallait pousser les murs.
05:55 Vous aviez trop de postes de travail pour pouvoir rester chez Ouila.
05:58 En tout cas, vous avez fait une recommandation tout à fait fervente. Et je pense que c'est important.
06:04 Merci pour ça. Et j'espère, mais je suis convaincue qu'il y aura d'autres entrepreneurs qui sauront ainsi pousser la porte de Ouila parce qu'elles sauront qu'elles vont y trouver l'appui dont elles ont besoin.
06:16 -Merci, Béatrice, et bonne continuation.
06:18 -Merci pour l'invitation.