• il y a 10 mois
Le député de la Somme Jean-Philippe Tanguy applaudit la réforme constitutionnelle annoncée par Gérald Darmanin concernant la fin du droit du sol à Mayotte, dans laquelle il voit une nouvelle "victoire idéologique" du RN. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-15-fevrier-2024-7154921

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00:00 Beaucoup de questions à aborder avec notre invité ce matin.
00:02 La suppression du droit du sol que son parti réclame pour tout le territoire et pas seulement pour Mayotte.
00:07 Les élections européennes pour lesquelles son candidat est favori des sondages.
00:11 L'écologie, le rapport au travail, les rendez-vous avec la justice aussi.
00:14 Le président délégué du groupe Rassemblement National à l'Assemblée est avec nous.
00:19 Bonjour Jean-Philippe Tanguy.
00:20 Bonjour monsieur.
00:21 Député RN de la Somme.
00:22 Nos auditeurs évidemment peuvent vous poser leurs questions au 01 45 24 7000 et sur l'appli France Inter.
00:29 D'abord revenons sur l'hommage à Robert Badinter auquel votre parti n'a pas participé hier sur demande de la famille.
00:35 Marine Le Pen a tout de suite dit "pas question de polémiquer".
00:38 Alors qu'Emmanuel Macron et le gouvernement vous considèrent désormais comme appartenant à l'arc républicain.
00:43 Est-ce que vous avez été surpris que pour d'autres il existe encore une digue ?
00:47 Je ne sais pas si c'est une digue ou je ne connais pas les réseaux précis de la famille.
00:53 Nous en tout cas on les a respectés comme on a respecté aussi lors de l'hommage à monsieur Delors.
00:58 Moi je ne comprends pas la volonté des insoumis de s'inviter à un hommage où il n'était pas souhaité par la famille.
01:04 Je trouve ça vraiment très déplacé et bon pas très digne du mandat de parlementaire.
01:10 Les raisons on peut les imaginer.
01:12 Votre parti a défendu jusqu'à il y a quelques années le retour de la peine de mort.
01:16 Ceux dont vous êtes les héritiers ont toujours combattu Robert Badinter et inversement d'ailleurs.
01:21 En 2015 il disait "le Front National même s'il a changé de visage n'a pas changé d'âme".
01:26 Oui enfin à la fin de sa vie il a dit autre chose sur Marine Le Pen en prenant des positions
01:30 notamment en disant qu'elle n'était pas du tout responsable des propos de son père
01:33 et qu'elle même n'était absolument pas antisémite.
01:36 Donc bon moi je pense si vous voulez on ne va pas polémiquer.
01:39 On a rendu hommage au combat de Robert Badinter, de ce qu'il a fait pour notre pays,
01:44 la défense de ses convictions et voilà il y a eu un hommage national.
01:49 On n'a pas voulu forcer la volonté de la famille.
01:51 Je pense que c'est approprié et c'est ce que tout être humain d'ailleurs au-delà des appartenances politiques doit faire.
01:57 Pour répondre sur votre question à l'arc républicain, tout cela n'a pas beaucoup de sens.
02:00 C'est les Français qui ont décidé que le Rassemblement National était membre de l'arc républicain
02:04 en nous mettant en premier parti d'opposition, en mettant Marine Le Pen deux fois
02:07 comme la seule opposante à l'idéologie et à l'action d'Emmanuel Macron.
02:11 C'est tout ça qui compte et d'ailleurs tous les sondages montrent que les Français ne croient pas à ces fariboles
02:15 comme dirait l'autre sur le Rassemblement National.
02:17 Sur la peine de mort, je le disais, son rétablissement ne figure plus à votre programme depuis 2017, c'est définitif ?
02:24 Oui c'est définitif mais de toute façon, Jacques Chirac avait souhaité que l'abolition de la peine de mort,
02:31 la possibilité de son retour, soit dans la Constitution.
02:34 Donc j'ai envie de dire, le sujet est derrière nous.
02:37 Pourquoi rouvrir sans cesse des débats qui sont quand même bien loin des priorités des Français ?
02:42 Par contre, s'il y a un échec de la société française, c'est que, plus de 40 ans après cette décision,
02:48 il y a toujours environ 50% des Français dans les sondages qui semblent vouloir le retour de la peine de mort.
02:55 C'est parce que l'échelle des peines, la réalité de la justice en France, n'a pas convaincu malheureusement une moitié de nos Français.
03:00 Donc au lieu de toujours vouloir réouvrir cette querelle qui n'a pas grand intérêt,
03:05 il faudrait comprendre pourquoi les Français sont encore si défiants envers la justice.
03:08 Vous réclamez la perpétuité réelle, mais aussi l'application générale des peines,
03:13 qu'on ne remette pas dans la nature des gens qui pourraient être dangereux.
03:16 Et c'est ça, je pense, le message que les Français ont sur cette question.
03:20 Je ne crois pas que s'il y avait un référendum, les gens choisiraient majoritairement cette option,
03:24 mais ils veulent que la justice ne soit plus laxiste.
03:26 Et c'est ça le vrai message de Marine Le Pen et du Rassemblement National.
03:29 Un référendum qui, sur cette question de la peine de mort, n'est pas possible d'un point de vue constitutionnel.
03:32 Absolument, et nous l'avons toujours dit.
03:33 Robert Badinter parlait de l'eupénisation des esprits.
03:36 La gauche juge que la fin du droit du sol à Mayotte, volonté du gouvernement annoncée par Gérald Darmanin
03:41 et réclamée d'ailleurs par beaucoup d'habitants et d'élus de Lille,
03:45 en est un symptôme de cette eupénisation des esprits. Et vous ?
03:48 Mais ce qui est un symptôme de cette situation, monsieur, c'est que Mayotte est débordée,
03:54 submergée par une immigration illégale et parfois même des réseaux criminels
03:59 qui font que c'est un enfer pour nos compatriotes.
04:01 Pendant plus de près de 20 ans, les responsables politiques ont semblé croire
04:05 que Mayotte n'était pas la France.
04:06 Et bien le Rassemblement National, Marine Le Pen, a toujours été très clair.
04:09 Mayotte, c'est la France. Il est hors de question de laisser nos compatriotes dans cette situation.
04:14 La seule solution, c'est la fin du droit du sol.
04:17 Et c'est pour ça d'ailleurs que c'est la solution à l'ensemble de la submersion migratoire,
04:21 de la crise que traverse la France et d'ailleurs toute l'Europe.
04:24 Donc vous réclamez, avec la droite d'ailleurs, la fin du droit du sol pour l'ensemble du territoire.
04:29 C'est pour cela que je vous posais la question ?
04:30 Absolument, nous le pensons.
04:31 La victoire idéologique que vous revendiquez ?
04:33 Absolument, c'est une victoire idéologique mais qui était aussi fondée sur des a priori qui n'avaient pas de sens.
04:38 Dire que la République française est fondée par essence sur le droit du sol, ça n'a aucun sens.
04:44 Il y a plein de démocraties qui ne reposent pas sur le droit du sol.
04:47 Notre voisin italien, le Japon, il y a beaucoup de pays qui ne reconnaissent que le droit du sol.
04:52 Savoir que la nationalité s'hérite ou se mérite.
04:55 J'ajoute que la gauche semble toujours ignorer cette deuxième option.
04:58 La nationalité doit s'hériter ou se mériter.
05:01 Il est donc possible de naturaliser des personnes méritantes qui aiment la France.
05:04 En quoi la situation est-elle comparable entre Mayotte où plus de la moitié de la population est d'origine immigrée aujourd'hui et la métropole ?
05:12 Parce que c'est le fait de l'irresponsabilité de nos gouvernements qui ne maîtrisent pas les choses.
05:17 Nous ne maîtrisons plus nos frontières, nous ne maîtrisons plus notre destin.
05:20 Mais vous admettez que la situation n'a rien à voir entre les deux ?
05:21 Bien sûr que la situation de Mayotte c'est une submersion, une perte totale de contrôle, un enfer quotidien pour les habitants.
05:27 Je n'ai pas envie d'attendre que la France et l'Europe en général soient dans une situation qui pourrait être comparée malheureusement à celle de Mayotte.
05:34 Mais vous reconnaîtrez que Marine Le Pen, qui s'est rendue très régulièrement à Mayotte, demande la fin du droit du sol à Mayotte en particulier depuis le début de sa carrière politique.
05:42 Donc une fois encore, ceux qui s'opposent à nous attendent des situations catastrophiques.
05:46 Il y a des violences quotidiennes très graves contre nos compatriotes maorais.
05:50 Marine Le Pen avait rencontré des familles, des lycéens, des lycéennes qui étaient agressées à la machette dans leur bus alors qu'elles vont juste à l'école.
05:58 Je crois que les Françaises et les Français de métropole ne se rendent pas compte, parce qu'on ne les informe pas correctement, de la situation terrible de Mayotte.
06:05 Si je comprends bien, si Emmanuel Macron réunit les parlementaires en congrès à Versailles pour voter cette fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle, vous allez faire monter les enchères ?
06:16 Monter les enchères ? Je ne sais pas. Vu la gravité du sujet, je ne pense pas que ce soit l'attitude appropriée.
06:22 On a une position politique, monsieur, vous la connaissez, c'est celle de la fin du droit du sol.
06:26 C'est des mesures d'ensemble pour contrôler à nouveau l'immigration.
06:31 Marine Le Pen a toujours dit, contrairement aux républicains qui ont retourné leur veste, qu'il fallait un changement de constitution pour que nos mesures sur l'immigration soient possibles.
06:41 Nous sommes cohérents. Si monsieur Macron veut changer, en l'occurrence, le droit de Mayotte, c'est parce qu'il ne veut pas l'appliquer ailleurs.
06:49 Il y a une solution plus simple pour aller plus vite sur Mayotte, c'est de mettre fin au droit du sol partout en France.
06:54 Ça ne demande pas forcément de changement constitutionnel, même, je suis honnête avec vous, si on peut craindre que le conseil constitutionnel sur ce sujet dépasse encore son pouvoir et son autorité,
07:03 et réinterprète la constitution pour le rendre impossible. Il faudra sans doute, là aussi, passer par un changement de constitution.
07:09 Fabius, le président du conseil constitutionnel, a bien précisé que si une révision de la constitution était votée par les parlementaires, le conseil constitutionnel n'avait rien à dire.
07:16 Donc, si vous la votez, il ne pourra pas revenir dessus.
07:19 Deux questions d'actualité très rapides.
07:20 C'est un changement intéressant de doctrine, parce que pendant la présidentielle, il était sorti de son droit de réserve en intervenant entre les deux tours pour dire l'inverse.
07:26 Donc, je me félicite qu'il y a aussi une l'eupénisation de l'esprit de monsieur Fabius.
07:29 Deux questions d'actualité rapides. Jean-Philippe Tanguy, la première.
07:32 Sur cette information de nos confrères de France Info ce matin, le premier ministre, Gabriel Attal, envisage un nouveau format des questions d'actualité au gouvernement, à l'Assemblée,
07:41 où les députés, tous les députés, pourront ne s'adresser qu'à lui. Vous pensez que c'est une bonne idée ?
07:47 Pourquoi pas ? Ça pourrait rendre un peu d'intérêt à cet exercice qui a été saboté, il faut bien le dire, par le gouvernement, qui ne répond pas aux questions des députés.
07:54 Évidemment, au bout de 18 mois, alors que l'Assemblée était redevenue un centre démocratique très intéressant, avec le fait que les Français avaient envoyé une représentation plus équitable des forces politiques,
08:06 bon, le gouvernement a voulu tuer cet exercice, c'est un peu triste, mais il faudrait que monsieur Attal réponde aux questions.
08:10 Or, il ment, ou il ne répond pas, comme les autres membres du gouvernement.
08:13 Donc, ça ne changera pas grand-chose, à part faire la communication personnelle de monsieur Attal.
08:16 Exercice, en revanche, dans lequel il excelle, il faut bien le dire, depuis 18 mois.
08:20 Deuxième question sur la grève SNCF. Un TGV sur deux ce week-end. Vous la soutenez ?
08:23 Ce qui est certain, c'est que cette grève met au cœur de l'actualité la question des salaires.
08:27 Le gouvernement ne fait rien pour les salaires, il ne prend aucune mesure.
08:31 Le Rassemblement National est le seul parti qui a déposé au Parlement une mesure concrète, l'augmentation de 10% de tous les salaires de 1 à 3 SMIC,
08:38 avec une sans-charge afférente sur cette hausse pendant 5 ans.
08:42 Il refuse de discuter de cette proposition.
08:44 Nous l'avons remis au début de l'année, en janvier, on a été le seul groupe à remettre la question des salaires.
08:49 C'est vrai que cette grève met cela au cœur du débat et il faut la traiter.
08:53 Vous la soutenez ou pas ? Vous soutenez les cheminots ? Les contrôleurs, en l'occurrence ?
08:56 La perte de pouvoir d'achat est très importante. Je regrette qu'un certain nombre de syndicats choisissent toujours le conflit direct et pénalisent les usagers.
09:05 Les Français ont beaucoup de problèmes. Ça en rajoute un à leur liste.
09:08 Je ne comprends pas pourquoi les syndicats ne choisissent pas de mettre les usagers de leur côté, de faire des actions populaires.
09:14 Vous ne soutenez pas ce mode d'action ?
09:16 Oui, parce que tout de suite, ils donnent des arguments au gouvernement pour s'opposer à cette grève, pour s'opposer à leurs revendications.
09:22 Cela tue la question salariale avant même que le débat ait commencé.
09:27 Alors que si, comme d'autres professions, d'autres services publics comme les urgentistes,
09:30 qui avaient su mettre, alors qu'ils avaient de graves problèmes, les Françaises et les Français de leur côté, avec des actions populaires,
09:37 faire savoir quelles étaient leurs problématiques sans empêcher le service public, c'est beaucoup plus populaire.
09:42 Je ne comprends pas pourquoi ces syndicats vont toujours au conflit, toujours au clash,
09:46 font vivre un enfer à tous ceux qui veulent partir en vacances, aux familles divisées qui se rejoignent.
09:52 Je ne comprends pas ce mode d'action, je pense que c'est contre-productif.
09:54 Vous abordiez la question des salaires, parlons du travail.
09:57 L'une des réformes phares du gouvernement, c'est celle du RSA, 15 heures d'activité par semaine.
10:02 Est-ce que vous avez réussi au RN à arrêter votre position là-dessus ?
10:06 Jordan Bardella a dit qu'il était totalement pour, vous avez voté contre ?
10:09 Non mais notre position, elle a été arrêtée avec Jordan Bardella à la réunion de groupe.
10:13 Certaines personnes mal intentionnées...
10:15 C'est-à-dire que vous êtes pour cette réforme du RSA, c'est 15 heures d'activité obligatoire ?
10:18 Non, on avait voté contre. La situation, excusez-moi monsieur, est un peu plus subtile que celle que veut faire croire la Macronie.
10:23 Ils voudraient qu'on tombe tous dans leur panneau en faisant croire aux Français qu'ils ont sorti une baguette magique
10:28 pour forcer les gens qui sont RSA à travailler et que ce sont des feignants. Ce n'est pas la question.
10:32 Le RMI, ça s'appelait "Revenu Minimum d'Insertion".
10:35 Il y avait déjà un travail d'insertion prévu, une formation, des stages, voire une forme de travail.
10:41 Avec le RSA de monsieur Sarkozy, ils avaient encore fait croire qu'ils allaient faire ce qu'ils n'allaient pas faire.
10:45 Donc en fait, on est dans la troisième réécriture du RMI et nous, tout ce qu'on a voulu dire, c'est que cela existe déjà,
10:51 qu'on refuse de faire une guerre entre les pauvres, de faire croire que les personnes au RSA sont toutes des feignantes et que c'est de leur faute.
10:57 Mais vous êtes d'accord sur ces 15 heures obligatoires ?
10:59 Ça existe depuis le début. Il ne s'agit pas de donner 500 euros à des personnes pour qu'elles rentrent chez elles et qu'elles soient malheureuses.
11:05 Il y a toujours eu une volonté d'insertion. Ce n'est pas fait. On parle sans cesse, monsieur, vous le savez, des métiers en tension.
11:11 Donc s'il y avait des métiers en tension, il fallait former les personnes pour qu'elles puissent exercer ces métiers en tension,
11:15 qu'elles aient accès à un logement ou des transports qui leur permettent d'accéder à cette fonction.
11:20 Moi, je vois dans la Somme, il y a plein de gens qui viennent me voir dans ma permanence,
11:23 elles ne peuvent pas travailler alors qu'elles le souhaitent.
11:25 Au lieu de stigmatiser en permanence des personnes en souffrance, il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités.
11:30 Du moyen général, c'est un transfert de responsabilité des dirigeants politiques vers les personnes victimes.
11:35 Évidemment, il y a des abus. On voulait créer un ministère de la fraude spécialement pour lutter contre les abus.
11:40 Mais confondre ceux qui abusent de la situation et ceux qui sont victimes d'un chômage massif depuis 40 ans,
11:45 5 millions de chômeurs, contrairement à ce que veut faire croire le gouvernement, il n'y a pas du tout de plein emploi, ça suffit.
11:50 Le comble du cynisme, c'est d'essayer de faire croire aux Français que s'il y a 5 millions de chômeurs,
11:56 ce n'est pas parce qu'il manque 5 millions d'emplois, c'est parce qu'il y a 5 millions de pénients.
11:59 Arrêtons de dire que les chômeurs les plus précaires sont des fainéants, mais nous sommes pour des contreparties.
12:05 On a l'impression que vous vous cherchez sur cette question du travail.
12:08 Marine Le Pen doit rassurer le monde économique tout en gardant son socle d'électeur populaire.
12:13 Il ne s'agit pas de rassurer le monde économique sur la rationalité de notre programme, il s'agit d'aider les personnes.
12:18 On s'est opposé à une mesure punitive, stigmatisante, qui consiste à dire que c'est de votre faute si vous êtes au chômage,
12:25 si ça fait parfois la deuxième ou troisième génération que dans la somme, vous n'avez pas d'emploi.
12:29 C'est la faute du gouvernement qui a fermé les usines, qui a désindustrialisé, qui a fait n'importe quoi, et il y a un chômage structurel en France.
12:36 C'est ça la position. Après, qu'il y ait une insertion, qu'il y ait des stages, des formations, un accès au travail,
12:42 évidemment qu'il faut le faire, mais ce n'est pas pour rassurer le milieu économique, c'est pour aider les personnes en souffrance qui sont des chômeurs de longue durée.
12:49 C'est ça le seul enjeu. Et taper sur les victimes de la politique du gouvernement, c'est insupportable.
12:54 Et je peux vous dire que les Français ne sont pas dupes, et ce n'est pas comme ça qu'on gagne une élection.
12:58 J'en viens au sujet qui rythme le débat politique depuis le début de l'année.
13:00 Le gouvernement a annoncé un certain nombre de mesures pour répondre à la colère des agriculteurs.
13:05 L'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier, la suspension du plan éco-phyto, des simplifications administratives.
13:11 Qu'est-ce que vous feriez de plus ?
13:13 Ce qu'il faut, c'est que l'État devienne un arbitre des marchés agricoles et de la chaîne de valeur.
13:18 Il faut définir avec les filières des coûts de revient.
13:21 Vous savez qu'en France, on n'a pas le droit de vendre à perte.
13:24 Il y a une seule profession pour laquelle c'est autorisé de vendre à perte, enfin de forcer la vendre à perte, c'est les agriculteurs.
13:30 Il y a eu des lois qu'on appelle les galimes qui ont été prises.
13:32 Oui, mais ça n'a jamais été appliqué.
13:34 D'ailleurs, M. Le Maire, sa première réaction, c'est de dire "Ah oui, je vais faire des contrôles puisque je ne l'ai jamais fait avant".
13:38 Le gouvernement promet des sanctions désormais.
13:40 C'est un aveu, mais au-delà de l'application de la loi galime, si c'est appliqué tant mieux, il faut que l'État renforce ses pouvoirs de contrôle et d'arbitrage.
13:46 Quand la grande distribution, ses centrales d'achat ou l'industrie agroalimentaire abusent de leur position dominante, parce qu'ils ont une position dominante,
13:54 il y a 4 centrales d'achat, une dizaine de multinationales de l'agroalimentaire face à des dizaines de milliers d'agriculteurs.
14:00 Donc le rapport de force est déséquilibré.
14:02 Donc il faut que l'État soit garant et arbitre pour que les agriculteurs vivent de leur travail.
14:07 En l'occurrence, ils ne veulent pas de subvention, ils veulent vivre de leur travail.
14:11 Les syndicats semblent plutôt rassurés par les dernières mesures.
14:15 La coordination rurale considère qu'Emmanuel Macron a pris la mesure de la crise.
14:19 Oui, tant mieux s'il a pris la mesure de la crise.
14:21 Moi je dis à la coordination rurale ou aux autres syndicats, "Monsieur Macron se moque de vous".
14:26 Il essaie de gagner du temps comme il le fait depuis toujours.
14:28 C'est quelqu'un qui s'est fait lire sur le mondialisme.
14:31 Il est en faveur de la réification de tout, de l'argent roi.
14:35 Il se moque comme d'une guigne de l'identité agriculturelle de la France.
14:39 Il veut juste gagner du temps avant les européennes.
14:41 Il ne fera rien comme il n'a rien fait.
14:43 Il n'a pas appliqué Galibe, il a donné mandat à la commission pour négocier le Mercosur.
14:46 Il a signé dans Vaudou il y a quelques semaines le traité de libre-échange avec le Chili, avec le Kenya.
14:51 Le CETA, ça fait 10 ans qu'on attend le vote du CETA au Parlement.
14:57 Le Sénat français n'a pas voté.
14:59 Le CETA, comme malheureusement nous avons perdu nos souverainetés,
15:02 le traité de libre-échange avec le Canada s'applique alors que le Parlement français ne l'a même pas voté.
15:06 Il faut que les français le sachent.
15:07 Et ce sera pareil avec le Mercosur.
15:09 Nous n'avons plus notre souveraineté malheureusement sur le commerce extérieur.
15:12 Mais votre programme inquiète aussi le premier syndicat agricole, la FNSEA,
15:15 qui craint que vous tailliez comme vous envisagez de le faire dans les crédits européens,
15:21 dans la contribution de la France à l'Europe et donc à la politique agricole commune.
15:25 Moi je l'invite, monsieur Rousseau, un certain nombre de lobbyistes.
15:30 J'ai vu que Mme Lambert avait pris des responsabilités européennes,
15:33 était devenue fédéraliste et faisait de la politique et prenait part aux élections,
15:37 ce qui n'est pas son rôle.
15:39 La France verse 24 milliards d'euros cette année à l'Union européenne.
15:42 Le retour sur la PAC c'est 9 milliards.
15:44 Et encore, dans ce retour à la PAC, il y a beaucoup de frais administratifs,
15:48 il y a beaucoup de programmes qui n'ont rien à voir avec l'agriculture.
15:51 Donc on voit bien que les comptes ne sont pas bons, si je puis dire.
15:54 Les chiffres ne sont pas bons.
15:55 Donc il n'y a aucune volonté de baisser la PAC.
15:57 Au contraire, nous on veut reprendre le contrôle des subventions et des aides à nos agriculteurs
16:02 pour les aider vraiment.
16:03 Et surtout, on veut que cette PAC serve enfin, comme elle le faisait avant, il faut le dire,
16:07 la souveraineté alimentaire française et européenne,
16:10 notamment la concurrence déloyale.
16:12 La PAC aujourd'hui organise une concurrence déloyale, par exemple entre l'Espagne et la France,
16:16 entre la Pologne et la France.
16:18 Et donc comment voulez-vous que nos producteurs de volaille avec la Pologne,
16:21 nos producteurs de fruits et légumes avec l'Espagne, puissent être compétitifs,
16:24 puisqu'ils respectent toutes les règles, et que l'Espagne et la Pologne ne respectent pas les règles françaises ?
16:28 Une autre politique européenne qui est l'objet de vos critiques, c'est le Green Deal, le pacte vert.
16:34 Vous demandez sa suppression, pur et simple.
16:36 Certains de vos eurodéputés ont signé un texte pour réclamer sa suppression.
16:41 Oui, ça s'appelle le pacte vert, pour faire plaisir aux gens.
16:44 Ce n'est pas un pacte vert.
16:45 C'est un pacte délirant, qui après avoir mis à terre le système énergétique français-européen,
16:51 veut mettre à terre l'agriculture et toute la production nationale.
16:55 Ce n'est pas parce qu'un traité ou des dispositions sont peintes en vert, qu'elles sont écologiques.
17:00 C'est un mensonge de la Commission européenne.
17:02 Et moi je le dis à ceux qui nous écoutent,
17:04 si vous voulez que l'agriculture finisse dans le même état que les centrales nucléaires françaises,
17:08 et que de la même manière que les Français ont découvert en seulement deux ans,
17:12 que leur facture a augmenté de 50% pour l'électricité,
17:15 et bien que leur, comment dire, leur facture d'alimentation explose aussi,
17:20 et qu'il n'y a plus assez d'alimentation en Europe,
17:22 et bien on continue avec ces dirigeants européens qui font de l'écologie punitive,
17:26 et qui confondent l'écologie avec la décroissance et le mal-développement.
17:30 - Et quelle est la vision du Rationnal sur l'écologie ? C'est aucune contrainte ?
17:34 - Mais pas du tout !
17:35 C'est des normes qui permettent le progrès, qui permettent de mieux produire,
17:39 de produire plus, d'améliorer les conditions de travail,
17:41 de baisser les prix, de mieux respecter nos sols,
17:44 et ça c'est quoi ? C'est la recherche.
17:46 On voit bien en France c'est quoi ? Les écologistes, ils vont saccager les serres de recherche
17:50 pour améliorer le besoin en eau, par exemple des salades,
17:54 et bien ils sont allés saccager la recherche de la manière que nous avons voulu.
17:56 - Vous pensez qu'on a le temps devant nous de laisser le temps à la recherche ?
17:59 - C'est sûr que si on n'avait pas saccagé la recherche en France depuis 30 ans,
18:01 en obéissant à tous ces dingues qui n'ont rien d'écologiste,
18:04 et qui sont juste obsédés par la décroissance et la haine de notre civilisation,
18:09 on aurait gagné du temps.
18:10 On a encore le temps de faire des choses.
18:12 Heureusement l'INRA et des professionnels ont continué la recherche malgré ces persécutions.
18:16 Il y a un grand professionnalisme des agriculteurs et des éleveurs en France et en Europe
18:21 qui sont capables de faire des progrès très rapides si on les écoute, si on leur fait confiance.
18:25 La voie de l'écologie n'est pas forcément la punition et la restriction.
18:29 Si on fait croire aux françaises et aux français et aux européens en général
18:32 que pour réussir la transition écologique il faut qu'ils se tiennent,
18:34 il faut qu'ils se punissent pendant que le 4/40 fait des résultats mirobolants,
18:38 que tous ceux qui ont gagné et organisé la mondialisation s'en mettent plein les poches,
18:41 eh bien on va vers une impasse.
18:43 Il faut remettre en convergence l'intérêt des citoyens français,
18:46 le progrès social et économique et l'écologie.
18:49 C'est ça la vision du RN.
18:50 Ce n'est pas d'opposer les combats les uns entre les autres,
18:53 c'est d'aller dans le même sens.
18:55 Et oui on pense, comme le nucléaire l'avait montré,
18:57 qu'on peut produire plus et mieux sans polluer.
19:00 Est-ce que le RN continuera de siéger au Parlement européen avec les allemands de l'AFD, votre allié ?
19:05 Il y a une discussion, comme l'a dit Marine Le Pen et Jordan Bardella.
19:09 L'AFD, je précise, qui a débattu en son sein d'un projet de remigration,
19:15 plan d'expulsion massive d'étrangers et, je cite, de citoyens non assimilés.
19:20 Alors Marine Le Pen a condamné ses propos,
19:23 mais l'AFD a dit "c'est un malentendu, on va en reparler".
19:26 Est-ce que vous leur accordez le bénéfice du doute ?
19:28 Oui, c'est un bénéfice du doute, ce n'est pas une réunion officielle,
19:30 ce n'est pas un colloque où tout ça serait public, on sait ce qui s'est passé.
19:33 Donc on essaie de savoir ce qui s'est passé, ce qui s'est dit,
19:35 et surtout, quelle voie veut choisir l'AFD
19:37 et comment les choses sont contrôlées en son sein.
19:39 Vous l'avez dit, Marine Le Pen a été totalement transparente,
19:42 il n'y a aucune ambiguïté là-dessus, nous avons nos valeurs.
19:46 Mais si l'AFD confirme ce projet de remigration,
19:49 vous pourrez siéger avec eux malgré tout ?
19:52 Si, c'est le projet de remigration qui consiste,
19:54 comme c'est sorti dans la presse, à faire perdre leur nationalité
19:57 à des personnes qui l'ont acquise ou qui l'ont héritée par leurs parents
19:59 alors que c'était d'origine étrangère.
20:01 Nous sommes totalement contre, ce n'est pas du tout notre projet pour la France.
20:04 Si il s'agit, comme ça a été dit, de renvoyer des criminels
20:09 ou des gens qui ont perdu leur nationalité
20:11 parce qu'ils ont enfreint les lois fondamentales de la France,
20:14 ce n'est pas le même projet.
20:15 Donc on essaie de savoir ce qu'il en est, et vous allez l'AFD.
20:17 Ce qui est vrai, c'est que l'AFD, depuis sa création par des économistes,
20:20 à la base c'était très économique, a parfois connu des courants
20:23 qu'il fallait maîtriser et exclure.
20:25 Donc on veut de la clarté, tout simplement.
20:27 Et je trouve, une fois plus, qu'on ne reconnaît rien en RN.
20:30 C'est-à-dire que Marine Le Pen, immédiatement, a une position
20:33 extrêmement claire, sans aucune ambiguïté,
20:35 qui prouve bien nos valeurs sur ce sujet, comme tant d'autres.
20:38 Et au lieu de reconnaître notre intégrité morale sur ce sujet,
20:41 comme tous les autres, on nous cherche des noises.
20:43 Puisque nous parlons de l'Europe, François Bayrou vient d'être relaxé
20:46 dans l'affaire des assistants parlementaires.
20:48 Le parquet a fait appel, mais son parti et plusieurs cadres de son parti,
20:51 le MoDem, sont condamnés.
20:53 Cet automne, c'est votre parti, le RN.
20:55 Marine Le Pen et 26 autres personnes qui seront jugées
20:58 dans la même affaire d'assistants parlementaires.
21:02 Est-ce que ce jugement du MoDem vous inquiète ou vous rassure ?
21:05 - Ce n'est pas qu'il m'inquiète ou qu'il rassure.
21:08 Sur le fond, déjà, moi je ne sais pas, j'ignore ce qu'a fait le MoDem
21:11 et le RN, François Bayrou, pardon.
21:14 Je ne peux parler que pour Marine Le Pen et le RN,
21:17 qui sont totalement innocents de ce qu'ils leur sont reprochés.
21:20 Mais qu'est-ce que c'est derrière ? Parce qu'ils n'ont pas été accusés
21:22 d'enregistrements personnels, d'emplois fictifs, comme c'était le cas
21:25 à la mairie de Paris, par exemple, sous Jacques Chirac.
21:26 C'est-à-dire des gens qui étaient payés par la mairie de Paris
21:28 pour faire de la politique en Corrèze.
21:30 On parle du fait que le Parlement européen ne veut pas
21:32 que les assistants parlementaires européens, à côté de leur travail,
21:35 pas à la place, j'insiste sur ce point, c'est à côté de leur travail
21:38 et d'un engagement politique, d'une activité politique.
21:41 - Vous vous dites "Nous assumons d'avoir fait travailler les assistants
21:43 pour leurs députés et pour le parti à Paris".
21:46 - Ils n'ont pas travaillé pour le parti, ils ont un engagement militant.
21:49 Si l'Union européenne veut priver de leurs droits civiques
21:52 les assistants parlementaires en en faisant des fonctionnaires
21:55 matin, midi et soir, peut-être même la nuit, au lieu de coller des affiches
21:58 alors qu'ils ne travaillent pas, ce n'est pas du tout la conception française.
22:01 En France, ce n'est pas la conception française.
22:04 Les assistants parlementaires au Parlement français, dans les conseils régionaux,
22:07 dans les conseils municipaux, ont le droit d'exercer leurs droits civiques,
22:10 de faire du militantisme.
22:11 - L'ampleur est différente entre les deux affaires.
22:13 Le modem, c'est moins de 300 000 euros.
22:15 Pour vous, selon le Parlement européen, c'est près de 7 millions d'euros détournés.
22:19 - Ce n'est pas détourné, c'est 0 euro, puisqu'il s'agit de gens
22:21 qui ont un engagement politique à côté.
22:24 Je remarque, pour ceux qui l'ignorent, que le Parlement européen,
22:28 M. Schultz, leader des sociodémocrates allemands à l'époque,
22:31 a mené cette machination contre les trois partis anti-système,
22:34 anti-Union européenne, à savoir les Insoumis, le Rassemblement national,
22:37 le modem, qui à l'époque était courageux sur la corruption du Parlement européen
22:41 et sur les oligarques en France.
22:42 Je rappelle son conflit avec M. Sarkozy.
22:44 Comme par hasard, c'est les trois partis critiques envers le système européen
22:47 qui ont été stigmatisés par M. Schultz.
22:49 Donc, c'est une machination politique.
22:51 La justice n'aurait jamais dû mettre les doigts dedans.
22:53 Malheureusement, les condamnations contre les personnalités du modem
22:56 me semblent totalement injustes et contraires aux valeurs de la France.
23:00 A savoir que ce n'est pas parce que vous êtes assistant parlementaire
23:02 que vous n'avez pas vos droits civiques.
23:03 On est chez les dingues.
23:04 Sur l'Ukraine, Marine Le Pen s'est dit, à nouveau, il y a quelques jours,
23:07 contre la livraison d'armes lourdes, au motif que cela risquerait
23:11 d'internationaliser le conflit.
23:14 C'est la position du RN.
23:16 On n'y voit pas d'armes lourdes à l'Ukraine.
23:19 La position du RN, c'est surtout que les pays européens reprennent le contrôle
23:22 de la diplomatie et des négociations de paix.
23:25 Le destin de l'Europe, on l'a entendu sur l'Estonie, est aujourd'hui dans la main.
23:28 Soit de Washington, qui n'est pas un allié flab, c'est le moins qu'on puisse dire,
23:31 soit de la Turquie et de la Chine, qui fait les négociations.
23:33 C'est quand même absolument consternant que la diplomatie ne soit pas dans les mains
23:38 des Européens et des Ukrainiens, qui sont les victimes de cette guerre.
23:41 Je vais vous poser la question parce que selon une longue enquête récente du Washington Post,
23:44 ce type de discours fait partie d'une stratégie d'ingérence, d'influence russe
23:50 à laquelle participerait en France le RN. Qu'est-ce que vous répondez ?
23:54 J'ai lu cette enquête in exterso, c'est totalement vide.
23:56 Ce sont des ramassis de bêtises, de lieux communs qu'on entend depuis des années,
24:01 de propagande contre le RN. On nous reproche de vouloir trouver une solution diplomatique.
24:06 Donc si les éléments de langage, c'est dire qu'il faut trouver une solution diplomatique à cette guerre,
24:10 et je cite là où le Washington Post m'a interrogé,
24:13 le Washington Post m'a demandé "Oui, vous dites que la France ne doit pas être alignée sur les Etats-Unis".
24:16 Bon ben c'est la position de la France depuis le général de Gaulle.
24:19 Donc si c'est ça les éléments de langage de la Russie, c'est consternant.
24:22 En fait, le problème c'est que tout ce petit monde donne beaucoup trop de rôle et de puissance à la Russie.
24:26 Les mensonges proférés par un certain nombre de lobbyistes russes faisant croire qu'ils ont de l'influence en Europe
24:31 sont largement surestimés. Donc je remarque que quand M. Poutine et ses sbires racontent n'importe quoi sur l'Ukraine,
24:36 évidemment on ne les croit pas. Quand ils racontent n'importe quoi sur le RN, tout ça est pris comme paroles d'or, c'est grotesque.
24:41 Merci Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN.

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