• il y a 8 heures
Manuel Valls, ancien Premier ministre et ministre des Outre-mer, est l'invité de Simon Le Baron à 8h20. Il évoque le sort de Mayotte, la reconstruction à venir, et son retour en politique après des années d'exil plus ou moins volontaire.

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00:00Il est 8h21.
00:01« France Inter, Simon Le Baron, le 6-9 ».
00:08Le numéro 3 du nouveau gouvernement et donc l'invité du 6-9 ce matin, c'est sans doute
00:14son nom, son retour qui est le plus commenté, la plus grosse surprise en tout cas.
00:19Ancien Premier ministre socialiste sous François Hollande, soutien d'Emmanuel Macron dès
00:242017, le voici donc désormais Ministre d'Etat, Ministre des Outre-mer.
00:29Emmanuel Valls, bonjour.
00:30Bonjour.
00:31Je ne doute pas que les auditeurs de France Inter auront des questions à vous poser,
00:35ils peuvent le faire au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:40Vous allez nous dire pourquoi, Emmanuel Valls, vous avez accepté d'entrer dans ce gouvernement.
00:45Gouvernement nommé en pleine journée de deuil national pour Mayotte, Mayotte dévastée
00:50par un cyclone le plus violent dans ce département français depuis près d'un siècle.
00:54Vous êtes Ministre des Outre-mer, est-ce que vous regrettez ce calendrier qui a choqué
00:58beaucoup de Mahorais ? J'ai en tête les mots de la députée Estelle
01:04Youssoupha qui était sur votre antenne hier matin, qui a dit avec beaucoup de colère
01:09effectivement qu'elle trouvait cela grave, méprisant, médiocre.
01:12Ces mots durs, ces mots poignants, moi je comprends, le Premier ministre l'a dit aussi
01:17hier soir, toutes les colères, la détresse profonde, la peur de nos compatriotes Mahorais,
01:27donc la seule chose que je puisse vous dire c'est que moi je vais être au travail dans
01:31quelques heures après la passation de pouvoir au ministère des Outre-mer à midi avec une
01:39seule idée, la reconstruction de Mayotte.
01:43Et prouver, pour reprendre une nouvelle fois les mots de la députée Estelle Youssoupha,
01:47que tout le monde ne s'en fout pas de Mayotte, tout le monde s'en fout de nous, c'est
01:51ce qu'elle disait aussi hier et c'est ce qu'a pu renvoyer effectivement cette
01:54annonce gouvernementale en cette journée de deuil national.
01:58Les ministres de l'intérieur, des Outre-mer, de la Défense sont allés sur place, le chef
02:04de l'État aussi, très vite, je n'ai pas la date encore mais nous irons évidemment
02:08avec le Premier ministre, mais c'est vrai, et pas seulement pour Mayotte, que quand éclatent
02:14les émeutes, quand s'abattent les cyclones et les tempêtes, les territoires ultramarins
02:22se rappellent à l'Hexagone et quand se calment les fièvres sociales ou économiques
02:29et que passent les tornades, ces territoires retombent dans l'oubli.
02:33Et bien le choix qui a été fait par François Bayrou et Emmanuel Macron, la tâche qui
02:40m'a été confiée, le fait que ce soit un ministère d'État, mon engagement total
02:44et entier uniquement pour ces territoires d'Outre-mer et évidemment avec la priorité
02:49l'urgence pour Mayotte, c'est peut-être le signe, la réponse à cette détresse et
02:56à ce scepticisme.
02:58Voilà, et donc c'est tout ce que je peux vous dire ce matin, c'est un engagement
03:02total et qui sera long et difficile parce que nous n'allons pas reconstruire, il y
03:07a l'urgence bien évidemment, nous en parlerons, mais nous n'allons pas reconstruire Mayotte
03:12en quelques semaines, c'est l'engagement, et c'était le sens de la journée de deuil
03:16hier, c'est l'engagement total de la nation et c'est le cas avec nos forces
03:21de sécurité, les sapeurs-pompiers, tous les fonctionnaires, mais aussi les français,
03:26les ONG qui sont sur place.
03:27On va parler de l'aide qui a mis beaucoup de temps à arriver, qui met encore beaucoup
03:30de temps à arriver dans certains endroits de l'archipel et on l'entend dans les reportages
03:34des envoyés spéciaux sur place, vous allez vous rendre, vous, à Mayotte, vous ne savez
03:38pas encore quand, mais très bientôt.
03:39Mais nous irons avec le Premier Ministre le plus vite possible, laissez-nous nous organiser
03:44encore quelques heures aujourd'hui.
03:46Et vous allez arriver dans un contexte, encore une fois, mais de colère, vous parlez de
03:50François Bayrou, il s'est engagé à se rendre à Mayotte dès que son gouvernement
03:53serait nommé, parce que dès le premier jour après sa prise de fonction, il a suscité
03:58beaucoup d'incompréhension en préférant se rendre dans sa ville de Pau pour un conseil
04:02municipal au lieu de participer à la réunion de crise pour Mayotte.
04:06Le chef de l'État dont vous parliez, Emmanuel Macron, qui s'est rendu sur place à choquer
04:11aussi certains maorais en répondant à des gens qu'il accuse d'être des militants
04:18du RN.
04:19Mais il s'est mis en colère en disant, je le cite, « si ce n'était pas la France,
04:22vous seriez dix mille fois plus dans la merde ». Vous arrivez donc dans ce contexte, comment
04:26rétablir la confiance ?
04:27Par l'action, il faut être présent, bien évidemment, et mettons de côté toutes les
04:33polémiques.
04:34Encore une fois, je comprends et nous comprenons tous ces mots et cette détresse.
04:39Vous le dites, vous avez des reporters sur place, ce cyclone qui s'est abattu sur Mayotte
04:46a rasé en partie ce territoire.
04:4990% des habitations détruits ou endommagées.
04:51Vous vous rendez compte que si cela se passait à un territoire de l'Hexagone, ce que cela
04:56pourrait représenter ?
04:57Ce sont nos concitoyens, ce sont des Français, c'est un territoire qui a choisi la France
05:05volontairement.
05:06Donc nous leur devons soutien et aide et il faut accepter d'être secoué, accepter
05:13ce questionnement, ces colères, mais il faut agir.
05:17Et au fond, la seule réponse, c'est l'action avec l'urgence sur place, l'eau, la nourriture,
05:26les transports, l'électricité, les déplacements, le logement, les questions urgentes qui vont
05:33se poser très vite à nous, je pense, à l'école et à la rentrée scolaire au mois
05:38de janvier.
05:39Enfin, une somme de dispositifs qu'il faut déployer.
05:43Ils sont sur place, c'est long, c'est difficile, Mayotte est loin, y compris de la Réunion,
05:50mais il y a beaucoup de fonctionnaires de l'État, il y a des gens qui sont mobilisés,
05:53il y a évidemment une cellule interministérielle qui se réunit tous les jours, il y a une
05:57sous-préfète qui est mandatée sur la question des victimes.
06:01Le préfet de Mayotte a dit hier, l'État a pris l'engagement de faire mieux, ça veut
06:05dire qu'il faut faire mieux, qu'est-ce que vous pouvez faire de plus ?
06:08Il faut bien se rendre compte qu'il faut poursuivre, il faut approfondir dans tous
06:12les domaines que je viens de rappeler, il y a un hôpital de campagne aujourd'hui qui
06:17s'installe.
06:18Il doit ouvrir ses portes aujourd'hui, une centaine de personnes par jour pourraient être
06:21accueillies dans ce hôpital.
06:22Des progrès notables ont été faits pour ce qui concerne l'eau, des chiffres ont déjà
06:26été donnés, il faut le faire aussi pour ce qui concerne l'électricité, il y a même
06:32dans des cas, il y a des milliers de pastilles de chlore qui sont diffusées, il faut que
06:37ça arrive.
06:38Pour rendre l'hôpital ?
06:39Exactement, et pour éviter les épidémies, donc il faut une mobilisation de tous les
06:43instants.
06:44J'avais hier une autre fonctionnaire qui est sur l'île de la Réunion et qui coordonne
06:49aussi une partie de cette aide, il y a beaucoup de fonctionnaires de l'Hexagone qui se sont
06:55portés volontaires.
06:56C'est l'organisation, je pense que les choses vont aller en s'améliorant, mais en vous
07:02disant ça, je mesure que ceux qui pourraient nous entendre à Mayotte se disent que les
07:07choses n'arrivent pas, il manque encore beaucoup d'éléments pour qu'on puisse voir une
07:13lueur.
07:14Et pour acheminer l'aide, il faut avoir un bilan précis, c'est-à-dire savoir où sont
07:18les gens et beaucoup manquent à l'appel parce que dans les bidonvilles notamment qui ont
07:23été dévastés, presque entièrement rasés, il y a énormément de clandestins, des dizaines
07:29de milliers de sans-papiers en tout cas.
07:32Le dernier bilan humain est de 35 morts et de 2500 blessés.
07:36Beaucoup craignent ou ont craint à Mayotte qu'il soit beaucoup plus important de l'ordre
07:42de milliers de morts, c'est d'ailleurs ce qu'avait dit le préfet dans les premiers
07:44jours.
07:45François Bayrou s'est voulu rassurant hier en disant que ce devrait être de l'ordre
07:49de quelques dizaines de morts plutôt que des milliers.
07:53Qu'est-ce que vous dites ce matin sur ce bilan humain ?
07:55D'abord que nous parlons d'êtres humains.
07:57Il y a eu des morts.
07:59Qu'ils soient sans-papiers ou qu'ils soient citoyens français.
08:02Évidemment, il y a eu beaucoup de morts.
08:0635, c'est déjà beaucoup.
08:07Des centaines, des milliers de blessés.
08:11Les sapeurs-pompiers, les forces de sécurité, évidemment tous les services de santé sont
08:16mobilisés.
08:17Ces forces de sécurité, ces sapeurs-pompiers remontent dans les bidonvilles pour faire
08:24un état de situation.
08:25Je vous disais qu'il y a une sous-préfète qui est mobilisée à 100% sur le sujet.
08:31Je reste prudent, le Premier ministre l'était aussi.
08:34Tant mieux s'il n'y a pas ce nombre de victimes qui était annoncé il y a quelques
08:39jours.
08:40Mais soyons prudents.
08:41Vos reporters sont y compris sur place.
08:44J'attends.
08:45J'attends d'avoir évidemment tous les éléments et nous verrons, j'imagine, dans les jours,
08:50dans les semaines qui viennent, les choses plus claires.
08:53Sur la question de la reconstruction qui se pose, et vous l'avez dit d'ores et déjà,
08:57qu'est-ce que vous dites ce matin aux Mahorais ? Emmanuel Macron a promis une loi spéciale
09:02pour accélérer les choses, pour faciliter, contourner certains dispositifs, notamment
09:08en matière de normes environnementales, etc.
09:10Elle sera examinée ?
09:11Il y a cette urgence, nous l'avons évoquée, il y a tous les problèmes de logements, d'économie,
09:17de sécurité, d'immigration, il y a la reconstruction et cette loi qui était préparée par le gouvernement
09:26sortant, qui a fait l'objet de beaucoup de réunions, j'espère qu'elle sera présentée
09:31très vite au début de l'année en Conseil des ministres pour être approuvée et elle
09:34vise, comme vous venez de l'indiquer, à accélérer les procédures pour la reconstruction
09:40des logements, des services publics, des écoles, mais ça ne se fera pas en quelques jours.
09:44Moi je ne suis pas un semeur d'illusions, je sais que ça serait difficile, mais par
09:48là je crois que c'est la démonstration que le gouvernement, les services de l'État
09:53sont pleinement mobilisés pour cette reconstruction, encore une fois, qui sera longue et puis il
09:59faut évidemment tirer toutes les leçons du passé.
10:01Changez peut-être une certaine mentalité au sommet de l'État, comme vous le disiez
10:05tout à l'heure, de ne pas oublier les territoires ultramarins.
10:07Je ne suis pas sûr que ce soit au sommet de l'État qu'il fasse changer les mentalités,
10:11c'est d'une manière générale le rapport qu'il y a entre l'Hexagone et ses territoires
10:17ultramarins qui sont, de mon point de vue, un trésor humain, culturel, économique,
10:25qui sont un atout pour la France, pour son rayonnement.
10:29Près de 3 millions de nos compatriotes y vivent, je n'oublie pas tous nos compatriotes
10:34ultramarins qui vivent dans l'Hexagone.
10:37Donc c'est cet atout-là, mais avec ses difficultés, évidemment, la vie chère, les problèmes
10:42de sécurité.
10:43La vie chère dans les Antilles, les émeutes ces derniers mois en Nouvelle-Calédonie entre
10:47ceux qu'on appelle loyalistes et les indépendantistes, vous avez énormément de dossiers brûlants
10:52à gérer.
10:53Vous savez Jacques Chirac, qui avait une grande expérience politique, disait que ce ministère
10:55des Outre-mer, des Dom-Tom comme on disait avant, c'était un mini-Matignon.
10:59Oui, c'est un ministère de l'État et j'ai conscience...
11:01Et ce n'est pas pour rien que vous aviez suivi d'ailleurs notamment le dossier de la Nouvelle-Calédonie.
11:05Quand vous étiez à Matignon, c'était une créolative des premiers ministres avant qu'Emmanuel Macron la prenne à son compte.
11:11Je m'étais rendu sur tous les autres territoires ou presque tous les autres territoires.
11:15Tout est prioritaire, mais l'urgence est maillote et il y a évidemment aussi le redressement
11:22économique et les solutions institutionnelles qu'il faut trouver pour la Nouvelle-Calédonie.
11:27Mais comment dire aux habitants des Outre-mer en général que les choses vont changer pour eux ?
11:31Vous êtes le huitième ministre des Outre-mer depuis 2017 et comment les rassurer alors
11:37qu'ils savent très bien, comme les autres Français, que ce gouvernement risque, comme
11:40le précédent, de tomber dans quelques semaines ou quelques mois ?
11:43Je le sais, je connais, je suis lucide, la fragilité du moment et la fragilité politique.
11:50Ça dépend de la responsabilité de chacun.
11:54Le signe qui est envoyé par le président de la République et par le Premier ministre,
11:59c'est qu'en nommant un ancien Premier ministre, quelqu'un qui connaît ses dossiers,
12:03qui est passionné par ses territoires, qui va s'y consacrer pleinement, c'est un gage
12:09en tout cas d'engagement.
12:11Après, le reste, ça ne dépend pas de moi, mais ils peuvent compter sur moi et sur ma présence.
12:15J'irai partout très vite.
12:17Vous aviez eu des mots très durs sur la Nouvelle-Calédonie à l'encontre d'Emmanuel Macron.
12:20Il y a quelques semaines seulement, dans le Parisien, aujourd'hui en France, c'était en novembre.
12:24Vous aviez dénoncé son entêtement imbécile, irresponsable et criminel.
12:28Le président mal entouré, mal conseillé, disiez-vous, qui n'a consulté personne,
12:33a mis à terre 36 années de dialogue pour la Nouvelle-Calédonie.
12:37Il faut reconstruire là-bas aussi.
12:38Vous allez faire tout le contraire de ce qu'a fait Emmanuel Macron jusqu'à présent ?
12:43Il faut reconstruire le dialogue.
12:45C'est difficile.
12:45Vous savez, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie vient de tomber cette nuit.
12:49Il y a une attente très importante pour la reconstruction économique.
12:54C'est là-bas l'urgence.
12:56Et puis, il y a un chemin de dialogue, un chemin politique à trouver.
13:01Et moi, je me place évidemment dans le sillage.
13:04C'est mon ADN politique depuis plus de 30 ans.
13:07Le sillage de Michel Rocard et d'Emmanuel Jospin.
13:11Et les Calédoniens savent qu'ils peuvent aussi compter sur moi pour dénouer et nouer les fils du dialogue.
13:16Manuel Valls, nouveau ministre des Outre-mer.
13:18Une question pour vous, au standard de France Inter, de Jean Noël.
13:21Bonjour.
13:23Oui, bonjour France Inter et merci de me prendre à l'antenne.
13:27Je voudrais dire à M. Valls qu'il a participé sous Hollande à la destruction de la gauche,
13:32qu'il a trahi l'EPS et son candidat Benoît Hamon,
13:35qu'il s'est exilé en Espagne et s'est fait jeter,
13:38qu'il cherche à se rallier à Macron et n'a pas été élu.
13:42Vous devriez avoir honte.
13:43Vous êtes le pire des traîtres, M. Valls.
13:46Toute la France a honte de vos comportements.
13:49Vous êtes pire qu'un étron.
13:51Jean Noël, s'il vous plaît, je vous coupe.
13:53Les insultes n'ont pas leur place sur cette antenne.
13:55Par ailleurs, ce n'était pas la question qui était prévue,
13:59puisqu'il y a, vous le savez, un filtrage au standard de France Inter
14:02et les auditeurs proposent leurs questions que nous prenons ensuite à l'antenne.
14:08Jean Noël, vous n'aviez pas prévu de dire ça.
14:11Et on peut se parler sans se mentir et sans s'insulter.
14:16Néanmoins, Manuel Valls, je vais vous poser la question que Jean Noël avait...
14:20J'allais la traduire.
14:21...promis de nous poser.
14:22Quels sont...
14:23Pourquoi avoir accepté de rentrer dans ce gouvernement, tout simplement ?
14:27Et puis, les reproches, tout de même, que vous fait Jean Noël,
14:32d'autres auditeurs vous les font, notamment sur l'application de Radio France.
14:36C'est vrai que vous avez été battu lors des dernières élections législatives,
14:41notamment qu'il y a eu cette tentative de prendre la mairie de Barcelone,
14:45qui avait suscité aussi beaucoup d'incompréhension.
14:48Quelle est la légitimité, c'est ce que dit Maxime sur l'application de Radio France,
14:52votre légitimité démocratique et celle de ce gouvernement ?
14:54C'est celle de l'expérience, de mon engagement.
14:59Moi, j'aime les défis, j'aime prendre des risques.
15:04Vous savez, la vie, ce sont des réussites et surtout des échecs.
15:08C'est ça la beauté de la vie.
15:10On apprend aussi beaucoup de cela et avec le recul nécessaire.
15:14Moi, je suis frappé quand même d'une manière générale par le climat de violence,
15:20d'hostilité à l'égard des responsables politiques,
15:23mais parfois aussi entre les Français, d'insultes.
15:27Moi, je ne suis pas venu là pour régler des problèmes politiques.
15:30Je suis là pour m'occuper de ces territoires ultramarins
15:34et qui ont besoin d'un gouvernement totalement engagé
15:38et d'un État fort et d'une République partout.
15:42D'une certaine manière, vous savez, pour le républicain de gauche que je suis,
15:46ces territoires ultramarins, grâce à leur culture, à leur diversité, à leurs origines,
15:51aux pages sombres, mais glorieuses aussi,
15:53des rapports entre ce qu'on appelait avant la métropole et ces territoires,
15:57c'est un défi magnifique.
16:00Donc, vous savez, moi, j'avance avec le souci de bien faire.
16:06C'est ça au fond, c'est ça qui moule la politique.
16:08François Bayrou a dit hier soir sur BFM TV qu'il vous avait choisi,
16:11notamment parce que vous aimez prendre des risques,
16:13parce que vous avez, je le cite, une personnalité un peu kamikaze.
16:18C'est ça d'entrer dans ce gouvernement, c'est être un peu kamikaze ?
16:21Oui, c'est prendre des risques, bien évidemment.
16:23Parce que c'est... Mais vous savez, moi, j'étais ministre, premier ministre, député, maire.
16:29Ce monsieur ne rappelait pas non plus les quelques succès qui ont pu être les miens.
16:33Mais d'une certaine manière, j'ai connu toutes ces responsabilités.
16:39C'est dans ces moments-là particulièrement difficiles pour notre pays,
16:42avec ces divisions, avec ces fractures, avec ces risques pour l'avenir,
16:46que ceux qui ont de l'expérience doivent tout donner pour leur pays.
16:49Moi, je suis un républicain, un patriote, j'aime profondément ce pays.
16:53Et moi, ici, sur votre antenne, avec les Français, évidemment, au Parlement,
16:59je n'ai pas du tout envie de polémiquer, de rentrer dans les insultes, j'ai envie de construire.
17:02Xavier Bertrand, le président de la région des Hauts-de-France,
17:04explique qu'il n'a finalement pas été nommé au ministère de la Justice
17:07parce que le Rassemblement National s'y est opposé.
17:10Il ajoute qu'il refuse de participer à un gouvernement formé avec l'aval de Marine Le Pen.
17:15Et il accuse le Premier ministre de composer avec l'extrémisme.
17:20Est-ce que des doutes vous ont effleurés ?
17:23Je n'ai aucun doute sur François Bayrou, que je connais depuis des années.
17:27Je n'ai aucun doute sur François Rebsamen, qui a enjoint ce gouvernement.
17:31Je n'ai aucun doute sur Elisabeth Borne.
17:33Je connais l'engagement républicain de Bruno Retailleau, de Gérald Darmanin.
17:37Et je pourrais continuer ainsi. Je n'ai aucun doute.
17:42De toute façon, et nous le verrons dans les prochaines semaines à l'Assemblée Nationale,
17:46la responsabilité de chaque formation politique,
17:49de chaque parlementaire, de chaque député en l'occurrence, est engagée.
17:53Vous pensez qu'on peut continuer comme ça, faire tomber le gouvernement ?
17:57Dans un moment où il y a une guerre en Ukraine, je sors un peu au fond de mes prérogatives,
18:02avec les risques économiques et sociaux que nous connaissons,
18:05la vague d'antisémitisme qui a submergé le monde occidental après le 7 octobre 2023.
18:11L'urgence maillotte. Vous pensez qu'on peut continuer à se diviser et à continuer ainsi ?
18:16Le fait est que si Marine Le Pen le décide, ce gouvernement tombera comme le gouvernement Barnier est tombé.
18:22Sauf à obtenir l'indulgence du Rassemblement National,
18:25qui est l'autre voie, vous voyez, pour échapper à la censure.
18:28Mais la responsabilité générale, et notamment la responsabilité des socialistes.
18:33Vous pensez que François Hollande peut censurer un gouvernement dans lequel il y a son ancien Premier ministre,
18:40son ancien ministre du Travail, son ancienne secrétaire d'État.
18:44Vous aviez refusé, lors des dernières législatives cet été, d'appeler au Front Républicain ?
18:48Non, non, pas du tout. Moi je me suis réjoui qu'il y ait un Front Républicain,
18:53mais moi j'étais très clair à propos du Rassemblement National et de la France Insoumise.
18:59Vous n'aviez qu'aussi mis une tribune. Aucune voix, ni sur l'ERN, ni sur LFI, donc pas sur l'ENFI.
19:05Oui, mais là vous m'entraînez, vous voyez, vous êtes en train de m'entraîner, c'est normal.
19:07Est-ce que vous parlez aux socialistes qui sont vos anciens camarades ?
19:12Laissez-moi terminer s'il vous plaît. Cette tribune je l'avais signée avec la philosophe Elisabeth Bamater,
19:19grande républicaine de gauche, et avec Bernard Casse-Neuve.
19:23Nous l'avions signée avec d'autres, mais nous l'avons signée notamment tous les trois.
19:27On ne va pas nous donner des leçons de républicanisme de gauche quand même, à ces trois personnalités,
19:31notamment aux deux signataires avec moi.
19:34Donc mon engagement républicain, mon engagement pour la France, mes origines, tout le monde les connaît,
19:43elles viennent de la gauche, et précisément c'est au nom de ces valeurs qu'aujourd'hui je sers de nouveau mon pays.
19:48Justement.
19:49C'est une chance, vous savez, c'est un honneur incroyable.
19:52Nous parlions des socialistes, et ma question était de savoir si effectivement votre arrivée au gouvernement
19:58était de nature à les rassurer, à les dissuader de voter cette censure.
20:02Je crois que Dominique a une question à ce sujet. Bonjour Dominique.
20:05Bonjour France Inter, et merci de prendre ma question.
20:09Monsieur Valls, on vous présente comme l'aile gauche du gouvernement.
20:13En Espagne, le parti qui avait porté votre candidature avait fait alliance avec l'extrême droite.
20:19En cas de nouvelle censure, pourriez-vous rejoindre un gouvernement barbéla et dont vous représenteriez l'aile gauche ?
20:26Merci Dominique, comme quoi on peut poser des questions incisives sans s'insulter.
20:32Moi je ne représente ni l'aile gauche ni l'aile droite, je suis membre d'un gouvernement,
20:37c'est le gouvernement de la France et de la République.
20:41Et là où je suis, je dois être aussi attentif à tous, à tous les électeurs, quel que soit leur vote.
20:51L'extrême gauche, la gauche sont puissantes dans les territoires ultramarins.
20:57Le Rassemblement National aussi, ils ont des députés à La Réunion et à Mayotte.
21:03Marine Le Pen a fait des scores très importants sur ces territoires.
21:06Et je serai aveugle, je n'écouterai pas. Il faut agir.
21:10Et il n'y a rien de pire que le sectarisme, que la violence, que l'insulte, que les fausses informations,
21:18comme je viens d'entendre les insultes il y a un instant.
21:24Quelles fausses informations ?
21:26Sur des alliances d'extrême droite, ça vient d'être dit.
21:29Vous voyez, avec l'expérience qui est la mienne, et avec la responsabilité qui est la mienne,
21:35nous avons commencé par là, en pensant à nos compatriotes maorais,
21:39je vais toujours essayer de garder un certain niveau, la hauteur de vue.
21:45Le parti dont vous aviez obtenu investiture à Barcelone avait effectivement passé une alliance avec la droite de la droite catalane.
21:54Non, vous connaissez mal le dossier, mais ce n'est pas très grave, ça n'a pas beaucoup d'importance.
22:01La seule chose que je peux vous dire, c'est que quand j'étais en Espagne, ce sont mes origines.
22:06J'en suis fier.
22:08Quand je suis allé à Barcelone, j'ai rencontré l'amour en plus.
22:11Donc ce n'est pas un échec.
22:13Mais avec ce recul, avec cette expérience, je peux aussi apporter quelque chose.
22:19Bon, c'est tout simplement mon engagement.
22:22Mais vous ne me ferez pas dévier, et personne ne fera dévier de la priorité qui est la mienne,
22:29de mon engagement total pour ces territoires ultramarins.
22:33Mais puisqu'on parle de la façon pour ce gouvernement d'échapper à la censure,
22:37vous en appelez à la responsabilité de vos anciens camarades du Parti Socialiste.
22:42Olivier Faure, Premier secrétaire, parle d'une provocation.
22:45Est-ce que votre entrée dans ce gouvernement, avec, vous l'avez dit, d'autres anciens socialistes,
22:50Elisabeth Borne, François Rebsamen, Juliette Ménadel, mais qui ont rejoint Emmanuel Macron il y a longtemps désormais,
22:55ne risque pas, au contraire, de souder à nouveau les rangs du NFP qui avait commencé à se fissurer ces dernières semaines ?
23:01Mais il n'y a eu aucun débauchage, là.
23:04Vous avez parfaitement raison.
23:06Et le Parti Socialiste est dans l'opposition.
23:08Sur votre antenne, il y a quelques jours...
23:11Et vous allez avoir dans l'opposition votre ancien président, celui que vous avez nommé à l'atténion, François Hollande.
23:15Je sais, mais il y a quelques jours précisément, Lionel Jospin disait
23:17que le Parti Socialiste doit être dans l'opposition.
23:19Il l'est, mais il doit participer de la stabilité qu'ils écoutent.
23:24C'est ça, oui, c'est ça, la responsabilité politique.
23:28S'il y a une motion de censure qui passe, c'est parce que le RN et le Nouveau Front Populaire, ensemble,
23:35joindraient de nouveau leurs voix.
23:37Mais, vraiment, mon rôle est là.
23:44Vous imaginez les maorais qui nous écoutent et, d'une manière générale, nos compatriotes.
23:49Je crois qu'il faut éviter cette instabilité et de plonger notre pays dans une crise politique,
23:55dans une crise démocratique, dans une crise de régime.
23:59Moi, j'aurais souhaité, comme François Bayrou, que le gouvernement soit totalement d'union nationale.
24:04Mais, enfin, tout de même, les personnalités qui vont...
24:08Ils sont réunis pour faire en sorte qu'ils soient, justement, peut-être pas d'union nationale,
24:13mais, en tout cas, plus larges et élargies.
24:15À gauche, par exemple, François Bayrou a de nouveau fermé la porte hier à une suspension de la réforme des retraites.
24:20Quel est votre avis là-dessus ?
24:22Il a, au contraire, hier, ouvert le dialogue.
24:26Il a rappelé la lettre, à part la CGT, signée par tous les partenaires sociaux, syndicats et patronats,
24:35pour avancer sur ce dossier.
24:38François Bayrou prononcera, dans quelques semaines, un discours de politique générale.
24:42Donnons-lui une chance !
24:44Il a ouvert la porte à un réaménagement, mais pas un...
24:46Oui, mais c'est déjà beaucoup ! Travaillons !
24:49Et puis, François Rebsamen va suivre ce dossier,
24:52en tenant, évidemment, compte du contexte économique, budgétaire et financier.
24:58Donc, on est dans un moment grave.
25:03Pas seulement parce que Mayotte a subi ce cyclone,
25:07pas seulement parce qu'il y a des défis économiques, budgétaires colossaux.
25:11L'Himalaya, non ? A franchir, comme le disait François Bayrou.
25:15Mais parce que nous sommes dans un moment où tout peut basculer.
25:18Nous voyons bien, un peu partout, la démocratie est questionnée.
25:22Donc, moi, la seule chose que je puisse faire à votre antenne, c'est d'appeler chacun à la responsabilité.
25:27Et parce que j'appelle chacun à la responsabilité, je m'engage avec responsabilité
25:33à la tête de ce ministère, qui, je crois, est un ministère merveilleux,
25:37avec des défis considérables, pour une France qui est présente sur tous les océans,
25:42avec sa biodiversité, et sur tous les continents.
25:45C'est magnifique ! C'est un sacré défi !
25:47Et vous disiez que François Rebsamen suivrait ce dossier des retraites.
25:51C'était ses anciennes attributions, le ministère du Travail, désormais, il est...
25:54Ah oui, vous avez parfaitement raison !
25:57Je reste avec le François Rebsamen, qui était dans mon gouvernement,
26:02et Catherine Vautrin le fera bien évidemment.
26:04Et François Rebsamen sera dans un dialogue avec les élus.
26:06Vous allez connaître ce nouveau gouvernement.
26:08Et vos nouveaux collègues, Manuel Valls, merci beaucoup.
26:11Merci à vous, et saluez tous les auditeurs, tous les autres qui n'ont pas pu me poser des questions.
26:15Et première urgence pour vous, ce déplacement à Mayotte, vous nous l'avez dit, dans les tout prochains jours.
26:19Merci beaucoup Manuel Valls, nouveau ministre des Outre-mer.
26:22Dans un instant, la revue de presse.

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