A 8h20, Jordan Bardella, président du Rassemblement National, est l'invité du Grand Entretien, alors que la Commission mixte paritaire sur le projet de loi immigration, suspendue dans la nuit, doit reprendre ce mardi matin.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00 recevant ce matin le président du Rassemblement National, député européen, dans le grand
00:04 entretien du 7-10, vos questions et réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application de
00:11 France Inter. Jordan Bardella, bonjour.
00:14 - Bonjour et merci pour votre invitation.
00:15 - Oui, bienvenue sur Inter. Commençons par l'actualité politique du jour et le projet
00:19 de loi immigration. Encore une journée, disons, particulière à l'Assemblée Nationale.
00:25 Hier, à peine avait-elle commencé, que la Commission mixte paritaire a interrompé ses
00:30 travaux pendant 4 heures en raison d'un désaccord avec les LR sur les conditions d'accès des
00:36 étrangers à certaines aides sociales, les APL en l'occurrence. Les travaux de la Commission
00:40 ont repris vers 21h avant une nouvelle suspension pour la nuit et un nouveau rendez-vous ce
00:45 matin à 10h30. Avant d'entrer dans le fond des choses, dites-nous, quelle est votre analyse
00:50 de cette journée hier à l'Assemblée Nationale ?
00:52 - Que la victoire idéologique du Rassemblement National est de plus en plus forte chaque
00:58 jour. On est passé d'un texte que nous avons mis en échec à l'Assemblée Nationale qui
01:02 prévoyait des mesures d'accélération de l'immigration avec cette ouverture d'une
01:08 nouvelle filière d'immigration via la régularisation des travailleurs sans-papiers, qui constitue
01:12 en soi une prime à l'illégalité, à un texte durci sur les conditions d'octroi des
01:17 aides sociales, notamment aux étrangers, sur le rétablissement du délit de séjour
01:21 irrégulier. Alors, pour que les gens qui nous écoutent comprennent, parce que je ne
01:24 sais pas si c'est très lisible dans l'esprit des Français, ce texte n'est pas encore
01:27 adopté, il n'est pas encore voté. Il y a des discussions aujourd'hui en commission
01:30 mixte paritaire.
01:31 - Oui, c'est pas fini, ça bloque sur certains points.
01:32 - Je ne vois pas, pour être très concret, comment l'aile gauche et la jambe gauche
01:36 d'Emmanuel Macron à l'Assemblée Nationale pourraient voter un texte qui offre en fait
01:40 une victoire idéologique au Rassemblement National. Mais en fait, mon analyse, c'est
01:44 qu'on a là la conséquence concrète du Rassemblement National à 30% dans les sondages. On nous
01:49 parle maintenant de préférence nationale, on évoque le regroupement familial, on rétablit
01:55 le délit de séjour irrégulier, ce qui veut donc dire qu'il n'y a que les mesures que
01:59 nous proposons qui permettraient de juguler l'immigration en France, même si elles ne
02:04 sont pas encore votées, c'est un premier pas idéologique.
02:06 - En l'occurrence, vous pouvez vous féliciter de votre victoire idéologique, mais là, ceux
02:09 qui sont à la manœuvre, ce n'est pas vous, c'est les LR qui sont à la manœuvre.
02:13 - Oui, avec nos idées.
02:14 - Ce sont eux qui durcissent le texte. Est-ce que vous reconnaissez pour le coup la gauche
02:19 qui disait même hier soir en sortant de la CMP, le gouvernement écrit sous la dictée
02:23 d'Éric Ciotti, est-ce que vous le saluez, son travail, Éric Ciotti, Bruno Retailleau,
02:26 c'est eux qui sont en train de faire changer la loi.
02:29 - D'abord, ce n'est pas eux, puisque je vous rappelle que ce sont les voix du Rassemblement
02:33 National qui ont permis aussi de mettre en échec cette première version du texte beaucoup
02:37 plus laxiste à l'Assemblée Nationale.
02:38 - Vous avez tous voté contre la gauche.
02:40 - Que nous avons, pardonnez-moi, 88 députés, 3 sénateurs, et que nous avons également
02:44 un député, Johan Gillet, qui siège à la commission mixte parité armée. Que les Républicains
02:49 à 6 mois d'une élection reprennent et parlent comme le Rassemblement National, pour le coup
02:55 c'est l'histoire ancienne, ça fait 15 ans que c'est comme ça.
02:58 Donc je n'ai pas d'inquiétude là-dessus.
02:59 Tout ce qui va dans le sens d'un renforcement de nos frontières, de la lutte contre l'immigration
03:06 légale et illégale va incontestablement dans le bon sens.
03:08 - Je vous entends dire que ce texte va dans le bon sens, Jordan Bardella, dans votre sens
03:13 en tout cas, vous félicitez.
03:14 - En tout cas les mesures qui sont ressorties de cette CMP ce sont les nôtres.
03:18 - Je rappelle juste que ce qui a changé dans le texte par exemple, c'est la première ministre
03:22 qui s'est engagée par écrit à réformer l'AME.
03:25 - C'est-à-dire ?
03:26 - Elle a envoyé une lettre.
03:28 - Réformer l'AME ça ne veut rien dire.
03:30 L'Aide médicale d'Etat c'est l'ensemble de la palette de soins gratuite qui est aujourd'hui
03:34 offerte à quelqu'un qui vient dans notre pays et qui peut, dans les conditions actuelles
03:39 de l'AME, être présente de manière clandestine.
03:41 Moi je suis en désaccord avec cela et je suis pour la suppression de l'Aide médicale d'Etat
03:45 étant entendu qu'on souhaite la remplacer par une enveloppe d'urgence parce qu'évidemment
03:49 que si quelqu'un est sur le bord du trottoir on ne va pas regarder sa nationalité.
03:51 Mais le simple principe d'offrir toute la palette de soins gratuite aux clandestins alors
03:56 qu'un retraité sur trois renonce à se soigner parce que le reste à charge est trop important,
04:00 m'apparaît être une pompe aspirante de l'immigration que je souhaite supprimer et non pas réformer.
04:04 - Patrick Stéphanigny est un gauchiste, Jordan Bardelor ? Non je pose la question.
04:08 - Ce n'est pas sa réputation.
04:10 - Il a écrit un rapport sur l'AME, ils ont fait un rapport commandé par la première
04:15 ministre qui conclut que l'AME est utile.
04:19 - Mais je pense que l'Aide médicale d'Etat, madame, comment vous pouvez expliquer aux
04:25 millions de Français qui ont de plus en plus de mal à se soigner, qui y renoncent parce
04:30 que le reste à charge est trop important, ça représente un Français sur trois, près
04:35 de 27% des Français.
04:36 Comment vous pouvez leur dire que quelqu'un qui vient en France, qui viole la loi en
04:41 étant présent de manière clandestine, va pouvoir bénéficier de l'ensemble de la palette
04:45 de soins gratuite sans condition de ressources, de revenus ou sans condition particulière
04:52 de maintien sur le sol français ? Ce n'est pas possible.
04:54 - La question qui se pose à vous ce matin est très claire, Jordan Bardelor.
04:57 Vous avez changé d'avis sur le projet de loi immigration au Rassemblement national.
05:01 Il y a deux mois, Marine Le Pen disait que ce sont des petites mesures mais ça va dans
05:04 notre sens, on pourrait voter ce texte.
05:06 - Le texte a changé, Mme Salamé.
05:08 - Non, à l'origine, quand il a été présenté par Gérald Darmanin, elle a dit "oui, il
05:13 y a certaines mesures qui vont dans notre sens, on pourrait voter le texte".
05:16 Ensuite, vous avez décidé de ne pas voter le texte.
05:18 Il y a encore deux jours, vous disiez vous-même sur LCI, on votera contre ce texte.
05:23 Avez-vous changé d'avis cette nuit ? Jordan Bardelor, la question est simple.
05:26 Est-ce que ce texte tel qu'il est en train de sortir de la CMP vous convient ? Est-ce
05:30 que vous le voterez ?
05:31 - A partir du moment, j'ai toujours été très clair, je n'ai jamais varié.
05:34 Nous avons dit depuis le départ que ce texte ne suffirait pas à contrôler la politique
05:38 d'immigration en France mais qu'il y avait dans le fond du texte des petites mesures
05:42 qui permettaient d'accélérer un certain nombre de procédures.
05:45 Sur la version initiale du texte, j'ai toujours dit comme président du RN que la ligne rouge
05:50 du RN serait les mesures de régularisation des clandestins.
05:54 Or, il y avait dans le texte initial l'article 3 qui est devenu dans la version du Sénat
05:59 l'article 4 bis qui s'apparente d'ailleurs un peu à la circulaire valse qui avait été
06:02 mis en place par les socialistes à l'époque, des mesures qui permettent d'accélérer
06:06 la délivrance de titres de séjour à des gens qui viendraient travailler dans notre
06:09 pays, y compris en étant présents de manière clandestine.
06:12 Ça, ce n'est pas possible parce que ça, c'est une prime à l'illégalité et ça
06:15 va constituer évidemment un nouvel appel d'air tout aussi important que le regroupement
06:20 familial.
06:21 Donc j'ai toujours été clair, on a dit s'il n'y a pas d'article 3, d'article
06:24 4 bis, c'est-à-dire s'il n'y a pas de mesures qui visent à régulariser les clandestins,
06:27 on vote ce texte.
06:28 - Le 4 bis durcit considérablement le 3.
06:31 - Il y est encore.
06:32 - Non plus la régularisation de plein droit pour tous les travailleurs des métiers en
06:37 tension, mais seulement une régularisation exceptionnelle laissée à la main des préfets.
06:43 Ce sera du cas par cas, on est loin de la submersion migratoire.
06:47 - Oui, excusez-moi, c'est toujours comme ça, c'est-à-dire que c'est toujours une
06:50 ou deux exceptions et puis ensuite les gens qui vont venir grâce aux jurisprudences de
06:54 la Cour européenne des droits de l'homme dont nous souhaitons nous séparer, pourront
06:57 bénéficier de ce qu'on appelle le droit à la famille, c'est-à-dire concrètement
07:00 du regroupement familial.
07:01 Et puis dans ce texte, il y a énormément d'anglements, je suis désolé, il n'y a
07:04 rien sur le droit du sol, sur l'acquisition quasi-automatique de la nationalité, il n'y
07:08 a rien sur les mineurs étrangers et il n'y a rien sur la maîtrise de nos frontières.
07:11 - Soyez honnête, vous dites ce matin que vous allez voter contre ce texte ? Vous avez commencé
07:16 l'interview en disant "c'est une victoire de nos propositions" et donc vous n'allez
07:18 pas les voter ? Vous allez expliquer à vos électeurs que vos convictions, qu'un texte
07:24 aujourd'hui qui va très largement dans votre sens, vous ne le votez pas ? Juste pour mettre
07:30 en échec le gouvernement ?
07:31 - Non, ma position n'a pas varié.
07:32 Si dans ce texte, les mesures qui visent à régulariser les clandestins, on ne peut pas
07:37 faire de "en même temps" sur l'immigration.
07:38 Le problème de ce texte, c'est qu'il y a "en même temps".
07:41 Si on ne peut pas avoir en même temps des mesures qui visent à simplifier la régularisation
07:45 des clandestins et en même temps des mesures qui sont reprises du programme du Rassemblement
07:49 National qui visent à restreindre les aides sociales.
07:51 Ça c'est dû en même temps.
07:52 Donc, je le dis, si les mesures qui visent à faciliter la régularisation d'immigrés
07:57 et clandestins sur le sol français sont retirées, nous pourrions voter ce texte.
08:01 Je l'ai dit depuis le départ.
08:02 Si ces mesures sont à l'intérieur, c'est une ligne rouge, et bien on s'abstiendra
08:06 ou on votera contre ce texte.
08:08 On est cohérent.
08:09 - Vous n'avez pas décidé si c'est l'abstention ou le vote contre ?
08:10 - Nous n'avons pas décidé pour une raison très simple, c'est que, vous l'avez souligné
08:14 au début de cet entretien, le texte évolue quand même à vitesse grand V, que la CMP
08:18 doit reprendre ce matin à 10h30 et qu'elle n'est pas terminée.
08:21 Encore une fois, on a toujours été très clair.
08:24 Pour être très clair, vous expliquerez à vos électeurs que vous avez voté contre
08:28 ou vous êtes abstenu sur le rétablissement du délit de solidarité qui a été adopté,
08:31 sur l'obligation de déposer une caution pour les étudiants étrangers, sur la déchéance
08:34 de nationalité pour les binationaux auteurs de crimes contre les forces de l'ordre, sur
08:38 la préférence nationale appliquée aux prestations sociales également, puisqu'on est en train
08:40 d'y aller, sur les APL.
08:42 Aujourd'hui, on peut toucher les APL quand on est un étranger en situation régulière,
08:46 quand on est resté 6 mois sur le territoire.
08:48 Ça risque de passer à 2 ans et demi, 3 ans ou 5 ans si la droite l'emporte.
08:52 Tout ça, sur tous ces points-là, vous allez expliquer à vos électeurs que le RN a voté
08:56 contre tous ces points-là.
08:57 Non, madame, il n'y a pas que ça dans ce texte.
08:59 C'est bien beau de prendre les quelques mesures qui ne seront pas adoptées, parce qu'on
09:02 peut refaire le match.
09:03 Comment ils ne seront pas adoptés ?
09:04 Vous pensez que l'aile gauche de...
09:05 Est-ce que M.
09:06 Houllier et les députés de l'aile gauche de la majorité d'Emmanuel Macron vont voter
09:11 en faveur de ces mesures qui sont reprises du programme du RN ?
09:14 Moi, c'est la question que je pose.
09:15 Donc, je dis à mes électeurs les yeux dans les yeux que je ne soutiens pas un texte qui
09:19 va accélérer l'immigration dans notre société sous couvert de mesures qui, en apparence,
09:23 restreignent l'octroi d'un certain nombre de prestations sociales.
09:25 Il faut aller beaucoup plus loin.
09:26 Nous, on est favorable à la priorité nationale.
09:29 Je pense qu'en France, les aides sociales ne doivent pas être restreintes, mais réservées
09:33 aux gens qui ont la nationalité française.
09:36 Sans aucun autre critère, sans aucune autre condition.
09:38 Mais je pense que la solidarité nationale pour laquelle reste nationale, elle doit être
09:42 réservée aux nationaux.
09:43 Même s'ils sont en France de manière régulière, même s'ils résident en France depuis 5 ans,
09:48 ils n'ont pas le droit aux allocations adultes handicapés, aux allocations logements, c'est
09:51 ce que vous dites ?
09:52 Nous avons défendu, sur les allocations, l'idée d'un temps de travail de 5 ans sur
09:58 le sol français.
09:59 C'est-à-dire qu'à partir du moment où vous avez travaillé pendant 5 ans, temps
10:01 plein sur le sol français, on peut commencer à vous ouvrir des droits d'accès à certaines
10:06 prestations.
10:07 C'est la proposition de la loi Dunbar-Delap, précisément.
10:08 Mais, mais, mais, oui, non mais c'est très bien.
10:11 Les ALR reprennent quasi intégralement ce que défend Marine Le Pen et ce que défend
10:14 le RN.
10:15 C'est très bien, ce qui veut donc dire que demain, s'il y a une dissolution de
10:18 l'Assemblée nationale, que nous n'avons qu'une majorité relative et pas de majorité
10:21 absolue, eh bien on proposera à ces gens des Républicains, que j'espère sincères,
10:25 de venir travailler à nos côtés et ils seront évidemment les bienvenus.
10:28 Puisqu'on est sur l'immigration, parlons de l'Italie, vous vous étiez réjoui à
10:32 notre micro il y a un an de l'élection de Giorgia Meloni à la présidence du Conseil
10:37 italien.
10:38 Elle avait promis de régler le problème de l'immigration, quitte à recourir, vous
10:42 en souvenez évidemment, à un blocus naval, comme vous Jordan Bardella, qui nous dit « vous
10:48 verrez avec nous, ce sera différent ». Eh bien un an après, on l'a vu, elle est
10:51 confrontée au principe de réalité.
10:53 L'Italie en manque absolue de main d'œuvre, à tel point que les organisations professionnelles
10:59 ont demandé 800 000 permis de travail sur trois ans et Giorgia Meloni a décidé par
11:04 décret de rouvrir les frontières fermées depuis 2011, d'accueillir 450 000 travailleurs
11:10 réguliers d'ici deux ans.
11:12 Le principe de réalité, Jordan Bardella, il vaut pour l'Italie, il vaudra aussi pour
11:17 la France ?
11:18 Je crois que la situation est assez différente, si vous me le permettez.
11:22 L'Italie est un pays qui effectivement n'a plus d'enfants et n'a plus d'argent.
11:27 C'est un pays qui est en situation économique qui est délicate.
11:30 Permettez-moi de vous rappeler que les personnes…
11:32 Notre taux de natalité aussi baisse, je vous signale.
11:34 C'est d'ailleurs très inquiétant et c'est l'une des raisons pour lesquelles
11:36 je pense que la politique nataliste et la politique familiale devraient être réservées
11:40 aux familles françaises.
11:41 Mais d'abord, les 400 000 personnes qui sont accueillies par Madame Meloni n'ont
11:45 pas vocation à rester.
11:46 Je vous rappelle que le droit du sol ne s'applique pas en Italie et encore une fois, Madame
11:51 Meloni prend ses responsabilités devant ses électeurs.
11:53 L'allié du Rassemblement National, je l'avais dit à votre micro, c'est Matteo Salvini.
11:57 C'est pas Giorgia Meloni, c'est Matteo Salvini avec lequel Giorgia Meloni travaille
12:02 dans une logique de coalition au gouvernement.
12:04 Donc je suis en désaccord avec ses choix, je suis en désaccord avec cette politique.
12:09 Mais permettez-moi de vous rappeler que l'Italie dépend aujourd'hui en grande partie du
12:14 plan de relance européen.
12:15 Et que par définition, sa nécessité de s'accorder avec l'agenda de la Commission
12:20 européenne est beaucoup plus forte que la France à partir du moment où elle est censée
12:23 bénéficier d'argent, d'un plan de 400 milliards je crois, me semble-t-il.
12:28 Ce qui est évidemment quatre ou cinq fois plus que le plan de relance qui a été accordé
12:31 à la France à l'issue de la crise sanitaire.
12:32 Donc c'est des situations qui sont très différentes.
12:34 Moi je crois que nous avons aujourd'hui 350 000 métiers qui sont des métiers en tension,
12:40 dans lesquels il faut évidemment faire un effort de revalorisation des salaires, de
12:43 formation professionnelle.
12:44 Mais que si on est contraint aujourd'hui dans ces métiers en tension de faire venir
12:48 des médecins ou de faire venir des soudeurs des Etats-Unis, c'est parce qu'on a considérablement
12:51 affaibli les moyens de la filière nucléaire ou de la filière médicale par le numerus
12:55 caudus.
12:56 - Puisque vous parlez de vos alliés au Parlement européen, Jordan Barrella, vous allez porter
13:00 la liste du Rassemblement national pour les élections européennes, d'ailleurs liste
13:05 qui est donnée très largement en tête dans les sondages.
13:07 Mais avec qui vous allez siéger ? Vos alliés dans votre groupe Identité et démocratie
13:13 au Parlement européen sont notamment, vous parlez de Matteo Salvini, Matteo Salvini il
13:17 parle de l'Union européenne...
13:18 - Qui est au pouvoir, numéro deux du gouvernement britannique.
13:21 - Il parle de l'Union européenne comme d'une bureaucratie maçonnique.
13:25 Vos alliés sont aussi l'AFD allemande.
13:28 Sur la liste de l'AFD allemande pour les européennes, certains candidats dénoncent, je cite, les
13:31 « gangs musulmans qui contribuent à la décadence de l'Europe et prônent la remigration d'autres
13:35 qualifiées des homosexuels et des personnes transgenres de baisers d'enfants tolérés
13:39 par l'État ». Dans vos alliés, il y a aussi...
13:41 - Qui est l'Islam, Madame ?
13:42 - Plusieurs candidats qui sont sur la liste de l'AFD allemande.
13:45 - Mais qui, Madame ? Parce que j'ai entendu cette phrase sur vos antennes la semaine dernière
13:51 lors de l'interview d'un de nos députés, j'ai vérifié, cette phrase n'a jamais été
13:53 prononcée.
13:54 - Vous la retrouvez, elle a été sur la liste parce qu'on l'a pour le coup citée.
13:58 - La candidate en question n'a pas été prise sur la liste de l'AFD.
14:00 - On va revérifier.
14:02 Mais en tout cas, cette femme qui fait partie de l'AFD, qui sont dans vos alliés, parle
14:06 des personnes transgenres et des homosexuels comme des baisers d'enfants tolérés par
14:09 l'État.
14:10 Il y a aussi ceux que vous avez rencontrés vous-même en décembre dernier, le bulgare
14:12 M.
14:13 Kostadinov, ouvertement homophobe, qui qualifie les Roms de parasites, ou encore le roumain
14:17 Simion, ouvertement anti-vax.
14:19 C'est avec eux que vous allez siéger la grande alliance que vous souhaitez.
14:22 - Madame, je vais vous dire… - Non, parce que c'est important aussi de
14:24 savoir avec qui sont vos alliés, Jordan Bardella.
14:26 - Je suis l'avocat du Rassemblement National, de mes propres idées, de mes propres convictions.
14:31 Donc je ne me sens pas obligé d'être l'avocat de députés européens qui sont élus en Bulgarie
14:36 ou en Roumanie, si vous me le permettez, et qui siègent au sein du Parlement européen.
14:40 Nous cherchons au sein du Parlement européen des gens qui sont élus par les peuples.
14:44 Pardon, on compose aussi avec les gens qui sont démocratiquement choisis par les peuples
14:48 en Roumanie ou en Bulgarie.
14:50 Et il y a entre les mouvements politiques, toutes les tendances politiques au sein du
14:55 Parlement européen, des tendances majeures.
14:57 Les socialistes français, ils siègent au Parlement européen avec les populistes pro-Poutine
15:02 en Slovaquie par exemple.
15:03 Est-ce à dire que les députés européens et que mes collègues socialistes au Parlement
15:07 européen épousent les thèses de ce mouvement avec lequel ils travaillent dans le cadre
15:11 de leur travail parlementaire à l'Assemblée nationale ?
15:14 Donc, encore une fois… - Je ne vous dis pas du tout que vous épousez
15:17 les thèses de ces gens-là qui le disent.
15:19 Mais tout de même, vous siégez dans… Vous dites que c'est Nosallier, vous les rencontrez
15:24 ces gens-là, vous travaillez avec eux.
15:25 - Ce sont des gens qui en l'occurrence sont portés aux responsabilités.
15:29 Monsieur Salvini, Matteo Salvini, je suis allé tenir un meeting à Florence il y a
15:36 quelques jours, à son invitation.
15:38 Il est le numéro 2 du gouvernement italien.
15:40 Il est le numéro 2 du Conseil des ministres italien.
15:44 - Mais ce n'est pas lui qui donne la direction.
15:47 La direction, c'est celle de Meloni et elle est en désaccord avec…
15:50 - J'ai été invité par un ministre du gouvernement italien.
15:53 Nos alliés du FPO, ils se sont donnés en tête aujourd'hui des élections européennes
15:57 en Autriche et ils seront probablement amenés à remporter les élections législatives
16:01 dans quelques mois.
16:02 Nos alliés flamands se sont donnés en tête des élections européennes en Flandre.
16:06 Nos alliés aux Pays-Bas viennent de remporter les élections.
16:09 Donc, on ne peut pas tirer, si vous voulez, une phrase, si tant est qu'elle soit vraie,
16:14 du sous-responsable de canton de l'arrière-grande-tente d'un député de l'AFD et venir dire
16:20 "vous avez un tiers des Allemands, un tiers des Autrichiens qui sont des défachos, qui
16:25 sont des gens d'extrême droite, etc."
16:26 - Puisque vous parlez du FPO autrichien, on aurait pu vous sortir ce qui a durci sa ligne
16:32 depuis la reprise en main par M.
16:33 Herbert Kickel, promoteur de la théorie du grand remplacement habituée des manifestations
16:37 anti-vax.
16:38 C'est ça le FPO.
16:39 - Mais du grand remplacement, M.
16:40 Kickel considère qu'il y a un problème d'immigration aujourd'hui en France et en Europe.
16:43 Je partage cette thèse.
16:44 M.
16:45 Kickel, il sera peut-être chancelier d'Autriche dans quelques mois.
16:47 Donc, à ce moment-là, peut-être qu'Emmanuel Macron ne le recevra pas à l'Elysée.
16:50 Mais vous voyez que la devise de l'Europe, c'est "uni dans la diversité".
16:53 Et ça doit aussi être uni dans la diversité avec des gens qui ne pensent pas comme nous.
16:56 Et évidemment que les équilibres aujourd'hui en Europe sont complexes.
16:59 Mais si vous avez des phrases, des convictions ou des idées à me reprocher, je les assumerai
17:04 s'agissant de mon mouvement politique.
17:06 Je ne suis pas l'avocat du peuple bulgare ou du peuple romain, si vous me le direz.
17:09 Sur l'Ukraine, le sommet européen de la semaine dernière a donné le feu vert aux négociations
17:14 d'adhésion du pays à l'UE.
17:17 Viktor Orban bloque l'enveloppe de 50 milliards d'euros de soutien à l'Ukraine.
17:21 Dans la situation militaire où se trouve le pays, est-ce que vous comprenez sa décision ?
17:26 Est-ce que vous le soutenez ?
17:28 Écoutez-moi, j'ai été sans ambiguïté sur mon soutien à l'Ukraine suite à l'invasion
17:34 et l'attaque de la Russie.
17:36 J'ai toujours estimé que la Russie n'avait plus rien à gagner en Ukraine et qu'il fallait
17:41 évidemment un soutien à l'Ukraine.
17:43 Ce soutien aura toujours été dans les positions qui ont été les nôtres de l'ordre matériel.
17:48 Nous avons toujours été favorables à l'envoi de matériel défensif à l'Ukraine.
17:52 Et je pense que le rôle de la France, en plus de promouvoir une initiative de dialogue
17:56 et de paix, était de placer des lignes rouges et d'être vigilante à ce que l'envoi de
18:00 matériel offensif de longue portée n'entraîne pas une escalade dans la région.
18:04 Parce que je crois qu'en Europe, le terme d'escalade s'agissant de la guerre a une
18:08 résonance particulière.
18:10 Donc quand vous disiez en février dernier que le soutien moral, politique, matériel
18:16 à l'Ukraine relève pour vous de l'évidence, vous le redites ce matin ?
18:19 Oui, je ne suis pas favorable en revanche, et je le dis et je l'assume, à ce que l'Ukraine
18:24 entre dans l'Union Européenne.
18:25 Pour une raison très simple, c'est que je suis opposé par principe à toute nouvelle
18:29 forme d'élargissement de l'Union Européenne.
18:31 Je pense que l'élargissement de l'Union Européenne, qu'elle soit vers l'Ukraine
18:34 ou vers les Balkans ou la Moldavie, entraîne un affaiblissement du pouvoir des États fondateurs
18:40 et surtout crée les concurrences, une concurrence économique très forte.
18:43 L'Ukraine est une puissance agricole et son entrée dans l'Union Européenne viendrait
18:47 placer l'Ukraine comme premier bénéficiaire des subventions de la PAC, ce qui évidemment
18:51 affaiblirait considérablement la souveraineté agricole de la France.
18:54 Donc en la matière, comme sur beaucoup d'autres sujets, je défends l'intérêt de mes compatriotes
18:59 et de la montée.
19:00 - La proposition sur l'Ukraine est-elle partagée dans le parti, un de vos collègues au Parlement
19:04 européen, Jean-Paul Garraud, disait d'ailleurs au même journal, l'Opinion, il y a trois
19:08 jours, de "monumentales aides" ont été apportées à l'Ukraine.
19:11 Ces montants sont impossibles à supporter pour nos concitoyens français.
19:15 Alors dites-nous, quelle est la ligne ? Qui croire ? La vôtre ? La sienne ?
19:19 - La ligne, c'est le soutien à un État ami qui est agressé, premièrement.
19:24 Deuxièmement, c'est l'envoi de matériel défensif en Ukraine.
19:26 Et troisièmement, moi je me suis abstenu sur les aides financières qui ont été votées
19:30 par le Parlement européen pour une raison très simple, c'est que dans le même temps,
19:33 les institutions européennes, et notamment la Cour des comptes européennes, a rappelé
19:36 le niveau de corruption abyssal de l'Ukraine, qui dans les classements d'ailleurs de corruption
19:42 internationale est très loin derrière des États européens, par exemple d'Europe de
19:46 l'Est, qu'on a pu évoquer tout à l'heure.
19:48 Et donc je crois effectivement que là encore, en la matière, il faut être vigilant avec
19:51 les données publiques.
19:52 - Jordan Bardella, vous faites une percée dans les sondages en cette fin d'année, une
19:58 percée de popularité et pour les sondages pour les européennes, et vous vous dites
20:02 prêt à être Premier ministre de cohabitation.
20:05 Vous demandez d'ailleurs la dissolution aujourd'hui de l'Assemblée nationale, et vous dites si
20:10 Emmanuel Macron dissout, si on gagne les législatives, je suis prêt à être Premier ministre.
20:15 Vous avez 28 ans, vous n'avez pas d'expérience de ministre ou de maire d'une ville, vous
20:21 avez commencé une licence de géographie que vous avez préféré arrêter pour faire
20:25 de la politique.
20:26 D'après l'opinion que vous mettez en ce moment à l'anglais, sans vous faire offense,
20:33 vous pensez, et c'est vraiment une question, pour le coup, n'y voyez pas malice, vous
20:37 pensez qu'à 28 ans vous êtes prêt à diriger la 7ème puissance économique mondiale ?
20:43 - Madame, je suis en toute humilité président du premier parti d'opposition.
20:47 J'ai eu mon premier mandat à l'âge de 19 ans, j'ai été élu député de l'âge de 23
20:55 ans, député européen, et je crois que les idées que nous représentons et que les solutions
21:00 sur lesquelles nous avons travaillé depuis très longtemps avec Marine Le Pen et avec
21:03 mon mouvement politique sont plébiscitées aujourd'hui par une majorité de Français.
21:07 Par conséquent, j'ai dit qu'en cas de dissolution de l'Assemblée nationale, si le Rassemblement
21:11 national devait obtenir une majorité, j'assumerais ma responsabilité, et nous serions prêts,
21:16 si tel était le cas, à conduire la politique de la nation.
21:18 Vous savez, on est très humble, et on apprend chaque jour aux côtés des Français.
21:22 Et je pense que les solutions que nous prenons aujourd'hui pour le pays sont partagées
21:28 par des millions de Français.
21:29 On peut avoir toujours un doute, en disant "mais est-ce qu'ils seront aptes à diriger,
21:34 est-ce qu'ils seront aptes à gouverner ?" - Oui, avec qui ?
21:36 - Moi, je veux dire aux Français que nous y sommes prêts, et que si les Français nous
21:40 font confiance, nous aurons la détermination, la sincérité et l'autorité nécessaires
21:45 pour réparer le pays.
21:46 Ça ne sera pas simple, ça sera difficile.
21:48 Je ne vais pas mentir aux gens.
21:49 - Mais à 28 ans, vous vous sentez prêts ? - Oui, je ne crois pas que ce soit une question
21:54 d'âge.
21:55 - C'est aussi une question d'âge.
21:56 La vie, c'est une évolution.
21:57 - Oui, mais vous savez, on grandit vite sur le champ de bataille.
22:01 - Et on apprend.
22:02 - Et on continue d'apprendre.
22:04 Et encore une fois, être leader, c'est aussi être à la tête d'une équipe.
22:07 - Oui, sur l'équipe, Olivier Véran pose la question.
22:12 - Il est toujours en finesse d'ailleurs, Monsieur Véran.
22:15 C'est vrai que les Mozart de la finance peuvent donner des leçons.
22:17 - Permettez-moi de le citer, on met Monsieur De Fournas, ministre de la Mer, parce qu'il
22:21 disait qu'il retourne en Afrique en réponse à un député qui était d'origine nord-africaine.
22:26 On met Julien Audoux, le ministre de l'Agriculture, qui demandait si la corde avec laquelle un
22:31 agriculteur s'était pendu était bleu-blanc-rouge.
22:34 On met Fabien Engelmann, maire de Hayange, ministre des Solidarités, qui a coupé l'électricité
22:40 aux secours populaires en plein hiver.
22:42 On met Monsieur Rachli, ministre des Transports, parce qu'il aime bien faire des blagues sur
22:46 Hitler quand il est dans des voitures allemandes.
22:48 Fin de citation d'Olivier Véran.
22:50 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
22:51 - Mais je n'ai même pas envie de répondre à Monsieur Véran.
22:53 Je pense que les Français sont fatigués d'être insultés en permanence par des gens qui
22:58 ont des résultats économiques pitoyables, qui en matière d'insécurité et d'immigration
23:04 ont probablement le pire bilan de la décennie qui s'achève et qui manifestent à chaque
23:10 fois qu'ils en ont l'occasion une forme d'outrance et de brutalité à l'égard des Français.
23:15 Et en réalité, si on en est là aujourd'hui sur le texte immigration dont nous avons parlé
23:20 au départ, c'est parce qu'à force d'utiliser le 49-3, ils ont oublié qu'ils étaient minoritaires.
23:25 Et je pense qu'ils payent aujourd'hui leur arrogance et leur dédain en permanence à
23:32 l'égard des Français.
23:33 Moi, je me pose une question, c'est est-ce que les Français, est-ce que la France qui
23:39 est probablement le plus beau pays du monde va se choisir enfin la tête de l'État des
23:43 gens qui les aiment, qui les respectent et qui les considèrent ?
23:47 Merci Jordan Bardella.
23:50 Je précise qu'on a vérifié, c'est bien un collicier de la liste de Maximilien Cras
23:54 de l'AFD qui a prononcé cette phrase.
23:56 Et bien non, la phrase qui avait été évoquée l'autre jour, c'est celle de votre confrère.
24:00 Il n'a pas été retenu sur la liste.
24:02 Et encore une fois, si une phrase de ce type a été tenue par un sous-responsable de canton
24:07 de l'AFD, je suis en désaccord évidemment avec cette phrase.
24:09 Mais je ne suis pas l'avocat des Allemands si vous me le permettez.
24:12 Merci Jordan Bardella d'avoir été au micro d'interview.