Jordan Bardella, président du Rassemblement national, député européen, est l'invité du Grand entretien. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-15-mai-2023-9245673
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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons dans le grand entretien du 7-9-30 le président du
00:04 Rassemblement National, également député européen.
00:06 Question-réaction au standard 0145 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:13 Jordan Bardella, bonjour.
00:14 - Bonjour, merci de votre invitation.
00:16 - Bonjour.
00:17 - Bienvenue à ce micro, on va évoquer avec vous les questions d'industrie, d'immigration,
00:21 de politique, mais commençons d'abord par ce long entretien que le président de la
00:26 République accorde ce matin au quotidien l'Opinion.
00:28 Il y annonce notamment une baisse de la fiscalité sur les classes moyennes pour les Français
00:34 qui gagnent, dit-il, entre 1500 et 2500 euros par mois.
00:38 Il faut baisser la fiscalité pour redonner de la crédibilité au travail, dit-il.
00:44 Ce soutien aux classes moyennes va-t-il dans le bon sens ? Est-ce que vous le soutenez
00:49 et a-t-on accessoirement les moyens aujourd'hui de baisser encore les impôts ?
00:52 - Bon écoutez, quand vous parlez de baisse de la fiscalité, je pense qu'il y a peu
00:56 de Français qui sont en désaccord avec vous, surtout les Français qui bossent, les Français
00:59 qui travaillent, les Français qui se lèvent tôt, et en tout cas les Français qui ont
01:03 le sentiment d'absorber sur leurs épaules et à la sueur de leurs fronts et de leurs
01:07 bras l'intégralité des efforts de la société.
01:10 Maintenant, les Français ne sont pas dupes.
01:11 Le taux de prélèvement obligatoire de la France est l'un des taux de prélèvement
01:16 obligatoire les plus élevés de l'OCDE, l'économie des pays développés, et en
01:20 cela, moi j'entends beaucoup le gouvernement faire des annonces et se féliciter d'une
01:22 baisse de la fiscalité.
01:23 Les prélèvements obligatoires n'ont pas baissé.
01:26 Le taux de prélèvement obligatoire en 2017 était de 45,1%, il est de 45,3% en 2022.
01:33 Donc globalement les prélèvements obligatoires se sont stabilisés.
01:37 - Il parle de la taxe d'habitation, de la redevance, de la baisse des impôts sur les
01:39 entreprises.
01:40 - Qui ont été très largement compensées, je veux dire, ce qu'on vous a donné de la
01:42 main gauche, on l'a repris dans la main droite.
01:44 Donc il est évident qu'il faut soulager aujourd'hui la fiscalité sur les classes moyennes et
01:47 sur les classes populaires, et c'est la raison pour laquelle, vous le savez, nous
01:51 défendons plusieurs baisses de taxes, notamment de TVA sur l'alimentation, parce que je crois
01:56 que l'urgence aujourd'hui, c'est cette inflation alimentaire, c'est ce mur de l'inflation
02:00 qui est devant nous, en sortant totalement la TVA de 100 produits de première nécessité
02:05 et en baissant la TVA sur l'énergie.
02:06 Je pense notamment au carburant, parce que les classes moyennes, beaucoup des classes
02:10 moyennes qui vivent dans les campagnes ont besoin de leur véhicule pour aller travailler.
02:13 Or quand il y a 60% de taxes sur le carburant, on peut immédiatement leur rendre du pouvoir
02:17 d'achat.
02:18 - Mais la question, en fait, c'est après les trois mois de contestation contre la réforme
02:19 des retraites, Emmanuel Macron essaye de tourner la page en annonçant un grand plan
02:22 de réindustrialisation de la France, des baisses d'impôts sur les classes moyennes,
02:28 un plan aussi pour lutter contre la fraude fiscale.
02:30 Est-ce que ça ne permet pas de rebondir d'une certaine manière ? Est-ce qu'un de ces plans-là,
02:36 vous les contestez, par exemple, vous, au Rassemblement national ?
02:38 - Pour faire quoi ? Pour aller où ? Pour faire voter quelles mesures avec quelles majorités ?
02:41 Je veux dire, on peut expliquer que la page est tournée, que tout va bien dans le meilleur
02:44 des mondes.
02:45 Mais excusez-moi, mais le 8 mai, on est passé un peu vite là-dessus, mais le 8 mai d'Emmanuel
02:50 Macron, il est très symbolique.
02:51 On a là un président de la République, on a là un homme seul, qui fait des bains de
02:55 foules à huis clos, devant une avenue qui est vide.
02:58 Les images sont terrifiantes.
02:59 On a là un président de la République qui n'arrive pas à trouver cette affection avec
03:03 les Français.
03:04 Et je pense qu'on dira dans quelques années qu'au fond, Emmanuel Macron n'aura jamais
03:08 vraiment réussi à aimer les Français, à comprendre leur colère, à comprendre leur
03:11 souffrance et surtout à entendre leurs espérances.
03:13 Il y a eu des crises structurelles qui ne sont pas réglées.
03:15 La crise de l'inflation, la crise de l'énergie, la crise démocratique.
03:20 On ne peut pas contourner l'esprit même de la Ve République.
03:24 Nous, nous avions proposé d'en revenir aux urnes.
03:26 En quoi il a contourné l'esprit ? Pardon ? En quoi il a contourné l'esprit ?
03:28 On ne peut pas gouverner contre les Français.
03:29 Vous ne pouvez pas dire qu'il a contourné l'esprit de la Ve République ?
03:32 Ah si, puisqu'il a privé le peuple français d'une expression majoritaire, qui était
03:37 celle d'une opposition à la réforme de la droite, qui a quand même été mise en
03:41 oeuvre de force, il a privé le Parlement d'un vote, pardon, il a privé l'Assemblée
03:45 nationale d'un vote sur ce texte dont tout le monde savait que ce texte aurait été
03:48 rejeté à l'Assemblée nationale.
03:49 Mais ce n'est pas contre la Constitution.
03:50 Les mots ont un sens.
03:51 Pardonnez-moi.
03:52 En quoi il a utilisé un moyen anticonstitutionnel ?
03:55 Non, je n'ai pas dit qu'il avait utilisé un moyen anticonstitutionnel.
03:57 Mais il peut aussi utiliser l'article 16 qui lui permet d'absorber les pleins pouvoirs
04:03 en temps de crise.
04:04 Vous allez me dire que c'est constitutionnel.
04:05 Mais est-ce que c'est démocratique au regard de la situation actuelle de l'Europe
04:08 ? Je ne le crois pas.
04:10 Donc il y a une crise majeure aujourd'hui et moi j'ai le sentiment que les Français
04:13 lui ont tourné le dos.
04:14 Ces 100 jours de Madame Bande, ces 100 jours pour aller où ? Pour faire quoi ? Et avec
04:19 quelle majorité ? S'il n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale, il ne pourra pas
04:22 faire voter son programme.
04:23 Et moi je crois que si demain il devait y avoir une dissolution de l'Assemblée nationale,
04:27 je pense que le Rassemblement national pourrait obtenir une majorité.
04:29 Le 8 juin, le groupe Liott défendra un texte à l'Assemblée nationale, précisément
04:34 pour abroger le passage de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
04:38 C'est une initiative qu'Elisabeth Borne considère irresponsable.
04:42 Dans cet entretien à l'opinion, Emmanuel Macron s'attaque au déni de réalité des
04:47 oppositions qui refusent la réforme des retraites.
04:50 Un déni de réalité qui est selon lui du carburant pour les extrêmes.
04:54 Vous vous sentez visé j'imagine ?
04:55 S'il parle des extrêmes, pas du tout.
04:58 En revanche, sur le déni de réalité…
04:59 Je crois qu'il vous vise.
05:01 Bon peut-être, l'avenir le dira.
05:03 Mais je pense que le déni de réalité, c'est lui qui le fait.
05:06 C'est lui qui a imposé un texte de loi qui va d'ailleurs, dès la première année,
05:10 créer une charge supplémentaire pour l'État.
05:11 Parce qu'on sait que dès les premiers mois de sa mise en œuvre, la réforme des
05:14 retraites va coûter plus qu'elle ne va rapporter.
05:16 Et que, au final, parce que leur seul argument c'était ça, c'était de dire ce texte,
05:20 certes est injuste, nous l'avons très largement démontré, mais ce texte est censé remettre
05:24 le système des retraites à l'équilibre.
05:26 Or, on voit bien que, à la fin du quinquennat, cette réforme des retraites ne permettra
05:31 même pas de combler les quelques dizaines de milliards, les 10 milliards d'euros
05:34 de déficit dans les caisses des retraites, qui est lié en très grande partie à des
05:39 emplois qui ont été créés depuis 2017, qui ne sont pas des emplois qui amènent
05:43 des contributions de manière importante.
05:45 J'en veux pour preuve la productivité qui a stagné depuis 2017 dans notre économie.
05:49 La France est l'un des seuls pays développés où la productivité stagne.
05:52 Et pourquoi ? Parce que nous laissons filer une désindustrialisation.
05:56 Vous me parlez désindustrialisation, on a perdu 17 000 emplois industriels depuis
05:59 2017.
06:00 Donc il faut faire le patriotisme économique.
06:01 Et vous me parliez de baisse de la fiscalité, il faut baisser la fiscalité sur les entreprises.
06:06 Et nous proposons notamment d'en finir avec les impôts de production, parce que je pense
06:09 que c'est là l'un des leviers très importants.
06:10 - D'en finir avec les impôts de production ? Avec vous, il n'y aura plus d'impôts
06:13 de production ? Les 25% ?
06:14 - Non, non, c'est un objectif qu'il faut se fixer.
06:17 - Et comment vous financez le manque à gagner pour l'État, avec un État qui a 3 000 milliards
06:22 de dettes ?
06:23 - Merci Emmanuel Macron, d'abord, premièrement.
06:26 600 milliards d'euros de dettes.
06:27 - Merci le COVID aussi.
06:28 - 600 milliards d'euros de dettes entre 2017 et 2022, ça c'est imputable, directement
06:32 à Emmanuel Macron.
06:33 Mais je veux dire, on ne va pas faire de la gestion comptable.
06:36 - Sur un certain niveau, c'est réaliste de dire "on va supprimer en France l'impôt
06:40 sur la production, 25 payés à 25%".
06:42 Emmanuel Macron l'a réduit de 31% à 25%, vous voulez la supprimer complètement ?
06:46 - Oui, il faut supprimer la C3S, premièrement.
06:48 Il faut supprimer la contribution foncière des entreprises dans des zones qui sont touchées
06:51 par la réindustrialisation, pour pousser les entreprises à relocaliser.
06:55 Mais Madame Salamé, quand vous faites ça, vous recréez de l'emploi, vous recréez
06:59 un cycle économique vertueux.
07:00 Parce que quand une usine ferme et qu'une usine quitte la France, parce qu'elle délocalise,
07:06 c'est pas juste une usine qui ferme, c'est une boulangerie qui ferme.
07:09 Ce sont des commerces qui ferment.
07:10 - On serait le seul pays qui n'a pas d'impôt sur les sociétés.
07:12 Même aux États-Unis, ils payent un impôt sur les sociétés.
07:16 - Non, mais écoutez, attendez.
07:17 - Est-ce que c'est crédible de dire "on passe"...
07:18 - Non mais attendez, je ne vous parle pas des impôts sur les sociétés.
07:19 Je vous parle de la C3S et je vous parle de la contribution qui s'applique sur le chiffre
07:25 d'affaires, qui est assez mal ficelé d'après beaucoup de chefs d'entreprise, et la contribution
07:29 foncière des entreprises qui est un frein aujourd'hui à la relocalisation.
07:32 Mais si ce n'est pas Emmanuel Macron qui a vendu Alstom, qui est aujourd'hui sous le
07:37 coup d'une enquête du Parquet national financier, Technip, Alcatel-Lucenne, Excelia, 131 entreprises
07:43 qui ont été rachetées par des investissements étrangers en 2022, qui va aujourd'hui venir
07:48 nous dire "il faut protéger les intérêts français, faire du patriotisme économique".
07:51 Enfin c'est quand même d'une hypocrisie totale, en tout cas en contradiction avec tout ce
07:54 qu'il a porté depuis 2007.
07:55 Donc il y a des mesures, et cette grande idée du patriotisme économique et de la souveraineté,
08:00 nous nous la prenons, nous la défendons, et elle passe notamment par une baisse de
08:03 charge sur les chefs d'entreprise.
08:04 - D'un mot avant de passer à un autre sujet, Laurent Berger, le patron de la CFDT a eu
08:07 des mots très durs dans son nouveau livre qui a été publié, les bonnes feuilles,
08:10 hier dans le JDD contre Marine Le Pen.
08:12 - C'est très original.
08:13 - Il dit d'elle qu'elle se moque complètement des travailleurs, qu'elle ne connaît rien
08:16 au sujet des retraites, n'a aucune perception des réalités du travail, qu'elle est anti-syndicaliste,
08:20 anti-organisation collective et qu'elle se contrefiche des droits des femmes, même si
08:23 elle prétend le contraire.
08:24 La charge est lourde.
08:25 - Oui, et en très grande partie injustifiée, pour une raison très simple, et c'est peut-être
08:29 ça qui dérange M.
08:30 Berger, c'est que le premier parti ouvrier de France, et le premier parti politique pour
08:34 lequel votent les salariés, c'est le Rassemblement National.
08:38 Et pour une raison très simple, c'est que nous nous défendons la valeur travail, c'est
08:42 que nous nous protégeons la valeur travail.
08:43 Et aussi bien que nous souhaitons notamment revaloriser l'ordre de travail, on parle
08:47 en ce moment beaucoup de l'inflation et du pouvoir d'achat, nous souhaitons notamment
08:50 proposer aux chefs d'entreprise qui le souhaitent, d'augmenter de 10% les salaires de leur
08:54 entreprise avec la contrepartie que ces 10% de hausse soit exonérée de charges et de
08:58 cotisations sociales.
08:59 Ça, ce sont des mesures très concrètes pour revaloriser le travail, pour défendre
09:03 la France qui se lève tôt et pour rendre aux Français les fruits de leurs efforts.
09:07 Donc nous défendons évidemment beaucoup mieux la valeur travail et j'aimerais rappeler
09:11 que nous n'avons, nous, contrairement aux syndicats, aucune responsabilité dans l'élection
09:15 d'Emmanuel Macron parce que c'est bien beau d'avoir appelé à voter Emmanuel Macron
09:18 au second tour de l'élection présidentielle pour ensuite venir s'opposer à la réforme
09:21 des retraites.
09:22 Ça pose un vrai problème, je trouve, de crédibilité et de responsabilité de la
09:25 parole des syndicats.
09:26 Allez, on passe au Standard Inter, on nous attend Sophie.
09:29 Bonjour Sophie, bienvenue.
09:30 Bonjour.
09:31 On vous écoute.
09:32 Oui, bonjour, vous m'entendez ?
09:33 Oui, bien.
09:34 Bonjour madame.
09:35 Bonjour, je vous remercie de prendre ma question.
09:36 Monsieur Barzella, j'aimerais connaître votre avis sur la question de la retraite.
09:37 Je vous remercie de prendre ma question.
09:39 Monsieur Barzella, j'aimerais connaître votre position et votre opinion sur les intimidations
09:44 qui sont faites à différents maires de France et notamment à celui de Saint-Brévin-Lépin.
09:48 Merci Sophie pour cette question.
09:50 Je rappelle en quelques mots la démission la semaine dernière du maire de Saint-Brévin-Lépin,
09:55 Yannick Moraise, dont le domicile et les voitures ont été visés par un incendie criminel.
10:02 Il était devenu la cible de militants d'extrême droite opposés à un projet de transfert
10:07 près d'une école, d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile, un CADA comme on dit
10:13 pourtant déjà présent depuis 2016 dans la commune.
10:16 Donc votre position sur cette affaire-là pour commencer, Jordan Bardella.
10:21 De quoi cette démission est-elle le nom ?
10:23 D'un sentiment d'impunité aujourd'hui à l'égard de tous ceux qui touchent à
10:28 des élus de la République française.
10:29 Il y a près de 1300 maires qui ont démissionné depuis les dernières élections municipales
10:35 depuis 2020, pour des raisons diverses mais bien souvent parce que les élus sont menacés,
10:40 intimidés.
10:41 Et c'est la raison pour laquelle Marine Le Pen avait notamment saisi la première ministre
10:45 et écrit à Elisabeth Borne le 18 décembre dernier, le 18 décembre, c'est-à-dire qu'on
10:48 n'est pas comme la nupèce à s'être réveillé à l'Assemblée nationale il y a une semaine
10:51 sur l'affaire de Saint-Brévin.
10:52 Ça fait des mois que nous dénonçons la montée des violences dans notre société,
10:56 et notamment contre les élus.
10:57 Et je le dis de la manière la plus claire qui soit, je condamne avec la plus grande
11:02 fermeté les menaces et les intimidations dont ont été victimes le maire de Saint-Brévin
11:06 mais tous les élus de France et notamment les élus locaux qui sont bien démunis face
11:11 à ce sentiment de violence.
11:12 Je pense que les maires sont les dépositaires d'une autorité publique et on ne touche
11:16 pas dans la République française aux dépositaires de l'autorité publique française, encore
11:21 plus qu'à toutes les autres catégories de notre société parce qu'on touche là
11:25 à l'autorité de l'État et donc à une forme de hiérarchie et de normes dans notre
11:30 société.
11:31 L'Assemblée nationale a rendu hommage à ce maire la semaine dernière, tous les groupes
11:34 politiques se sont levés pour l'applaudir à l'invitation du député PS Jérôme
11:36 Getsch, tous sauf les députés RN.
11:38 Pourquoi vous êtes resté assis ?
11:39 Mais écoutez, le sujet ce n'est pas de se lever, le sujet c'est de protéger les élus.
11:44 Et ce n'est pas parce qu'un élu de la NUPES qui a découvert le sujet des violences
11:49 et de la montée de la violence dans notre société il y a une semaine se lève que tous
11:52 les députés de l'Assemblée nationale doivent se lever en chœur au soutien de ce député
11:56 de la NUPES.
11:57 Je vais quand même vous rappeler que la violence en politique nous la subissons depuis très
12:01 longtemps.
12:02 Et je suis d'autant plus intolérant à l'égard de ces violences contre ce maire, d'où
12:06 qu'ils viennent, quels que soient leurs bords, et même si ce sont des maires de gauche
12:09 et de la NUPES, que la violence dans notre société et la violence contre les élus,
12:13 le Front National à l'époque la subit bien avant tout le monde.
12:16 Mais diriez-vous que les militants d'extrême droite qui n'ont eu de cesse à excuser
12:21 ce mot de pourrir la vie de ce maire ont réussi leur coup finalement en obtenant qu'ils
12:27 jettent l'éponge et qu'ils démissent ?
12:28 Oui, ils ont réussi leur coup.
12:30 Et la violence, il faut la condamner d'où qu'elle vienne, quels qu'en soient les marges.
12:34 Je rappelle que le Rassemblement National était associé à ces manifestations.
12:37 Au début, vous en êtes sortis, mais vous avez manifesté contre la… Si, si, on a regardé le chiffre.
12:45 Non, attendez.
12:46 Qu'il y ait des manifestations qui s'organisent contre l'installation de migrants, c'est
12:50 une question démocratique.
12:51 Et que des élus du Rassemblement National, comme des élus de droite ou d'autres mouvements
12:56 politiques, participent à des manifestations qui s'organisent et qui ont lieu contre
13:00 l'installation de migrants dans des villes que les populations ne souhaitent pas, c'est
13:04 un fait.
13:05 Qu'il y ait des intimidations et des menaces qui sont proférées contre des élus, ça
13:10 ne regarde en rien le Rassemblement National.
13:12 Et c'est fait bien souvent par des gens qui contestent les positions politiques du
13:17 Rassemblement National et qui se sont construits contre le Rassemblement National, considérant
13:21 qu'il ne fallait pas faire le jeu de la démocratie pour combattre l'immigration.
13:24 Ça fait 30 ans qu'on demande qu'il y ait un débat sur l'immigration dans notre
13:28 société.
13:29 Parce qu'on est là au cœur d'une question démocratique.
13:30 Donc je condamne cette violence et je condamne la violence de toutes les marges, qu'elle
13:34 vienne de l'ultra-gauche ou de l'ultra-droite.
13:36 Alors il y a eu d'autres épisodes ces derniers jours impliquant l'extrême droite.
13:39 Ce tableau par exemple de l'artiste Myriam Khan, dégradé au Palais de Tokyo par un
13:44 ancien élu du Front National.
13:47 Il y a également cette manifestation d'ultra-droite à Paris le 8 mai, où l'on a pu voir des
13:52 manifestants habillés de noir, cagoulés, exhibant des drapeaux marqués de la croix
13:56 celtique.
13:57 Parmi les manifestants, il y avait un proche de Marine Le Pen, Axel Lusto, ancien d'Ugud,
14:03 un autre de ses proches, Frédéric Chatillon, ex d'Ugud également, qui a salué cette
14:09 manifestation.
14:10 Faut-il que ces deux personnes soient sanctionnées et que le RN rompe ses relations avec elles
14:15 ? Ce qui, dans ce cas précis, puisqu'ils sont des prestataires du RN qui gèrent entre
14:21 autres une partie de la communication numérique du parti, veut dire rompre les contrats avec
14:25 eux ?
14:26 - Le pas d'amalgame, c'est un peu à la géométrie variable.
14:29 Ça s'applique avec tout le monde, sauf avec nous.
14:32 Axel Lusto n'a plus de relation commerciale à travers de sa société avec notre mouvement
14:37 depuis 2017, c'est-à-dire depuis 5 ans.
14:39 Frédéric Chatillon, vous le savez, a quitté la France, il vit et travaille à Rome.
14:43 Donc pour qu'on soit extrêmement clair, qu'est-ce que vous nous reprochez dans cette
14:48 affaire ?
14:49 - Les amitiés de Marine Le Pen qui reviennent et qui vont manifester avec les cagoulés
14:55 du GUD.
14:56 - Je sais pas, même elle a répondu en disant "c'est à Jordane Bardella de prendre les
15:03 décisions".
15:04 Elle vous renvoie le bébé, puisqu'elle répond à la question, elle dit pas "qu'est-ce
15:08 que vous me reprochez".
15:09 Elle dit "c'est à Jordane Bardella de tirer les conséquences du fait qu'ils étaient
15:11 à ces manifestations".
15:12 - Mais les conséquences ont été tirées puisque Axel Lusto n'a plus de relation commerciale
15:16 avec le RN depuis 2017.
15:18 Donc je veux bien que ce soit toujours de ma faute.
15:21 - Il fait toujours partie du RN ?
15:22 - Mais non, il n'en fait plus partie, il n'en est plus élu, il ne travaille plus avec
15:26 le RN.
15:27 - Et alors pourquoi Marine Le Pen dit "c'est à Jordane Bardella" ?
15:29 - Mais attendez, allons au bout.
15:30 Vous nous reprochez d'avoir l'un de nos prestataires, qui est un prestataire de communication,
15:36 j'en ai beaucoup au sein du mouvement, dont l'un des actionnaires minoritaires, c'est
15:43 un peu le reproche qui est fait par le monde, était présent à une manifestation qui a
15:48 lieu depuis 30 ans, qui était en marche d'ailleurs, il le dit, il a assisté en marche d'une
15:52 manifestation, qui est autorisée par le ministère de l'Intérieur et qui a lieu depuis 30 ans.
15:55 Je suis désolé, mais on est en démocratie encore.
15:58 - Pourquoi elle dit "il y a deux jours, c'est à Jordane Bardella de trancher" ?
16:03 - Non, elle ne dit pas cela.
16:04 Elle dit qu'elle n'est plus présidente du RN et que c'est le président du RN qui
16:08 gère les prestataires du RN.
16:10 En l'occurrence, j'étais président par intérim lors de la campagne présidentielle
16:13 et législative et nos tracts n'ont pas été imprimés par la société de M.
16:17 Jordan.
16:18 - Il reste beaucoup de questions à vous poser sur l'immigration.
16:19 - Et encore une fois, les gens qui ont de la nostalgie radicale n'ont pas leur place
16:24 au sein du RN.
16:25 Je le dis, et je le dis d'autant plus que peut-être je suis neuf sur le paysage politique,
16:31 si je puis me permettre.
16:32 Et je rappellerai que cette mouvance d'ultra droite, elle s'est construite depuis 10 ans
16:36 contre le RN et contre Marine Le Pen.
16:39 Je veux dire, regardez les unes qui ont été faites par toute la presse d'extrême droite.
16:42 Je pense à Rivarol ou à Minute pendant de nombreuses années.
16:45 Et vous y verrez les critiques et les injures les plus vives à l'égard de notre mouvement
16:50 et à l'égard de sa présidence.
16:51 - Oui, Jordan Bardella, on connaît votre stratégie de diabolisation, mais quand il
16:55 y arrive des faits comme cela, et là on vous en a cité plusieurs, finalement c'est le
17:00 passé qui ne passe pas, qui revient à chaque fois.
17:03 - Mais qu'est-ce que vous me reprochez, Madame Salamé ?
17:04 - Non, je ne vous reprocherai rien.
17:06 Je vous demande, si ce n'est pas même problématique pour vous, d'avoir des éléments dans vos
17:11 rangs.
17:12 - Mais je viens de vous dire qu'ils n'étaient pas dans nos rangs.
17:14 Est-ce que M. Châtillon et M. Lousteau sont élus du Rassemblement National ? Est-ce qu'ils
17:18 préparent les émissions avec moi ?
17:20 On parle encore une fois de gens qui ont travaillé, qui ne travaillent pas avec le Rassemblement
17:26 National.
17:27 La société de M. Lousteau n'a pas travaillé avec le mouvement, en tout cas depuis que
17:30 je suis président du mouvement.
17:31 - Vous seriez déçu, Jordan Bardella ?
17:32 - C'est parfaitement clair.
17:33 Et attention aux amalgames.
17:34 Je pense que les amalgames sont toujours dangereux dans les lois publiques.
17:38 - Alors, est-ce qu'on peut vous poser une question sur l'immigration ?
17:39 - Oui, bien sûr.
17:40 - Le gouvernement a finalement décidé de présenter un projet de loi complet, après
17:43 avoir hésité à le morceler en plusieurs textes.
17:46 Le projet de loi veut durcir les règles, il prendra des mesures pour expulser plus
17:50 facilement ceux qui doivent quitter le territoire.
17:51 Il doit aussi supprimer le fameux titre de séjour pluriannuel que vous critiquez au
17:55 RN.
17:56 Est-ce que vous voterez ce texte ? Est-ce qu'il vous semble bon ?
17:57 - D'abord, j'attends de le lire.
17:59 Parce que moi, je me réjouis de tout ce qui peut aller dans le bon sens, dans l'intérêt
18:02 de mon pays et de mes idées.
18:03 Sauf que ce texte, c'est très marrant parce que toutes les semaines, vos confrères m'interrogent
18:08 sur une version différente du texte.
18:10 Parce qu'à chaque fois, en fait, on a des versions différentes du texte.
18:12 La réalité, c'est que les Français ont une inquiétude, c'est de disparaître au
18:17 XXIe siècle.
18:18 Ils veulent que la France reste la France.
18:20 Ils veulent préserver leur culture, leur langue, leur mode de vie.
18:23 Et ils veulent préserver surtout leur tranquillité.
18:26 Or, je suis allé, moi, il y a quelques jours, à la frontière entre la France et l'Italie,
18:30 à Menton.
18:31 Et Menton est confronté à un influx de migrants qui est massif.
18:34 Vous avez vu les derniers chiffres de Frontex, de l'agence de garde frontière européenne,
18:38 qui pointe par rapport à 2022 une hausse de 300% des chiffres et des entrées illégales
18:43 de l'immigration en Europe.
18:44 Donc, il faut mettre en place une politique dissuasive d'immigration.
18:47 Il faut d'abord couper toutes les pompes aspirantes et les aides sociales qui sont
18:50 versées aux étrangers et notamment aux clandestins dans notre pays.
18:53 Ça fera beaucoup d'économies pour les comptes de l'État, pour les réserver aux familles
18:56 françaises.
18:57 Deuxièmement, il faut rétablir le délit de clandestinité qui a été supprimé par
19:00 les socialistes en 2012.
19:02 On ne peut pas être présent de manière illégale sur le territoire français sans y avoir été
19:07 invité et sans s'exposer à un délit au regard de la loi.
19:10 Et troisièmement, il faut protéger les portes de l'Europe.
19:13 Et nous porterons dans le cadre de l'élection européenne l'an prochain notamment un renforcement
19:16 des moyens de Frontex et la possibilité pour Frontex de faire du push-back, c'est-à-dire
19:20 de sécuriser les bateaux de migrants pour les raccompagner non pas sur les côtes européennes
19:24 mais dans les pays de départ.
19:25 Parce que moi, à Menton, j'ai vu beaucoup de gens dont une très très très très grande
19:28 partie et une écrasante majorité ne viennent pas de pays en guerre.
19:32 La France, ça n'est pas un hôtel, ça n'est pas un guichet social et donc il est temps
19:35 désormais de faire autant de la violence que du peuple français.
19:37 Et le droit d'asile ?
19:38 Alors moi je suis attaché au droit d'asile mais je pense que les demandes d'asile doivent
19:42 être traitées dans les ambassades et dans les consulats des pays de départ.
19:44 Oui, ça c'est ce qu'on entend, c'est vos propositions depuis 20 ans mais vous savez
19:46 très bien que ce n'est pas réaliste.
19:47 Ah bon ? Qu'a fait le Danemark ?
19:48 Oui mais vous pensez sérieusement là, vous allez demander à un afghan d'aller à un
19:53 consulat pour demander un titre haut sur moins soudanais ?
19:56 Alors, le Danemark est un gouvernement socialiste.
19:59 Bon, vous n'allez pas les accuser d'être proche de nous.
20:01 Qu'a fait le Danemark ? Le Danemark a organisé le traitement de l'asile considérant que
20:05 c'était devenu une filière d'immigration à part entière dans des pays tierces.
20:09 Eh bien nous ferons la même chose.
20:11 Comme il nous reste quelques minutes, je voudrais vous poser une question sur la visite de le
20:17 président Zelensky à Paris.
20:18 Emmanuel Macron l'a reçue hier, la France livrera de nouveaux véhicules blindés et
20:22 des chars légers à l'Ukraine, sans préciser exactement combien.
20:25 L'Allemagne, qui pourtant était au début très réticente à donner de l'aide à l'Ukraine,
20:30 peut l'avoir complètement changé d'avis, prendre le leadership de l'aide à l'Ukraine.
20:33 Ils ont annoncé 2,7 milliards d'aides à l'Ukraine, ce qui est colossal.
20:37 Est-ce que la France doit emboîter le pas à l'Allemagne, au risque de se retrouver
20:42 un peu larguée ?
20:43 Non, je ne le crois pas.
20:44 Je pense que d'abord, je pense que la Russie doit comprendre qu'elle n'a plus rien à
20:48 gagner en Ukraine.
20:49 Et en cela, je pense que quand on est souverainiste en France et en Europe, on l'est partout.
20:54 Et la violation, nous l'avons dit et nous le redisons, de la souveraineté territoriale
20:58 de l'Ukraine était absolument inadmissible et nous l'avons condamnée.
21:01 La France, Marine Le Pen l'a dit pendant la campagne présidentielle, doit aider l'Ukraine
21:05 dans le sens où elle doit envoyer du matériel défensif, mais doit veiller à faire en sorte
21:10 qu'on ne franchisse pas des lignes rouges.
21:11 Je pense que les avions de combat, les missiles longue portée, et c'est précisément d'ailleurs
21:16 la position de la France et la position de la diplomatie française à l'heure actuelle,
21:19 pourraient avoir des conséquences dramatiques dans la région.
21:22 Or, nous sommes en Europe et nous connaissons peut-être plus qu'ailleurs les risques et
21:28 le poids de l'engrenage en matière militaire et en matière de conflit armé.
21:33 Donc il faut être prudent à ne pas franchir une ligne rouge.
21:35 En l'état actuel des choses, la livraison de matériel défensif à l'Ukraine me paraît
21:38 aller dans le bon sens.
21:39 Une dernière question, Marine Le Pen affirme dans La Republica que la dirigeante italienne
21:43 Giorgia Meloni n'est pas sa soeur jumelle.
21:46 Elle est avec l'OTAN.
21:47 Pas moi, je reste eurosceptique et je le suis de plus en plus chaque jour.
21:51 Politiquement, je me sens plus proche de Matteo Salvini.
21:53 Expliquez-nous qu'on comprenne bien.
21:55 La France avec Marine Le Pen présidente, c'est une France en dehors de l'OTAN ?
21:59 Non, nous ne souhaitons pas quitter l'OTAN.
22:02 Nous souhaitons en revanche que la France puisse récupérer son indépendance.
22:06 Et notamment son indépendance en matière géostratégique, en matière militaire.
22:09 Nous avons indiqué qu'à terme, nous réfléchirons à réorganiser, probablement pour d'ailleurs
22:14 le quitter, le commandement militaire intégré de l'OTAN que le général De Gaulle nous
22:18 avait fait quitter dans un souci d'indépendance et d'autonomie stratégique, réintégré
22:22 par Nicolas Sarkozy.
22:23 D'ailleurs la France a un point important parce qu'elle a la bombe nucléaire.
22:27 Mais Marine Le Pen elle dit "elle est, Mélanie est dans l'OTAN, pas moi".
22:30 C'est ses mots, hein ?
22:32 Madame Mélanie a des positions qui sont beaucoup plus pro-américaines, elle ne s'en est
22:37 jamais cachée pour une raison très simple, c'est qu'il y a sur le sol italien un
22:41 certain nombre de bases américaines et une influence américaine qui est peut-être plus
22:44 forte en Italie qu'elle ne devrait l'être en France.
22:46 La France est une nation libre, c'est une nation qui pendant très longtemps a incarné
22:50 cette troisième voie entre le bloc d'Est et le bloc de l'Ouest et notre philosophie
22:54 en la matière, c'est les principes qui étaient suivis par le général De Gaulle.
22:56 Vous êtes prêt à être candidat officiellement aux européennes, tête de liste ?
23:01 Bah écoutez, même réponse que la dernière fois et je vous ferai probablement la même
23:04 réponse la prochaine fois.
23:05 Je n'ai pas pris ma décision, en tout cas je me réjouis de ce sondage de l'IFOP qui
23:08 nous place en tête des élections européennes.
23:10 J'aurai un rôle important dans cette campagne quoi qu'il advienne.
23:13 Vous hésitez vraiment ou vous attendez votre moment ?
23:14 Ma décision n'est pas prise pour l'instant.
23:17 En tout cas, je veux vous dire une chose, c'est que ces élections européennes, ce
23:20 seront les élections intermédiaires du quinquennat d'Emmanuel Macron et qu'il faudra les utiliser
23:24 pour sanctionner à la fois le gouvernement et sanctionner l'Union Européenne qui a
23:26 aussi imposé la réforme des retraites.
23:28 Nicolas Demorand : Merci Jordan Bardella, président du Rassemblement National.