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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la liberté d'expression sur les chaînes d'informations et de la demande du Conseil d'Etat à l'Arcom de renforcer son contrôle sur Cnews.
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Transcription
00:00 Allez, on va avancer. J'aimerais qu'on parle de liberté d'expression parce qu'on a vécu ce matin sur CNews et Europa un grand moment
00:06 avec l'invitation par Pascal Praud du patron de Reporters sans frontières qui s'appelle Christophe Deloir.
00:11 C'est lui qui a saisé le Conseil d'État afin que celui-ci demande à l'ARCOM, donc l'Autorité de Régulation des Médias,
00:17 de mieux surveiller le pluralisme sur CNews.
00:20 Alors écoutez bien cet extrait entre Christophe Deloir et Robert Ménard qui, lui, est le fondateur de Reporters sans frontières.
00:28 C'est une décision politique, c'est une décision démocratique.
00:31 Il y a quand même quelque chose qui transcende les logiques partisanes,
00:36 particulièrement s'agissant du journalisme et de l'information,
00:41 c'est des grands principes d'honnêteté de l'information, de pluralisme, d'indépendance,
00:45 protéger la fiabilité.
00:49 Il faut sécuriser la liberté d'expression et dans la liberté d'expression,
00:54 il y a des responsabilités particulières attachées aux journalistes.
00:58 Christophe, je suis atterré.
01:01 Je te le dis.
01:03 Quand on a créé Reporters sans frontières, c'était exactement pour ne pas avoir cette attitude-là.
01:08 Je me contrefous de savoir si je suis d'accord ou pas d'accord avec ce qui se passe à l'antenne de CNews.
01:15 Tu devrais être le premier à te réjouir qu'un certain nombre de points de vue qui n'étaient jamais entendus sur des médias et des télévisions en France
01:25 le sont grâce à CNews.
01:27 Reporters sans frontières, ça a été créé, pardon, c'est moi qui l'ai créé avec trois journalistes,
01:31 tu le sais, je l'ai dirigé pendant 23 ans.
01:33 Ça a été fait pour défendre des gens dont on trouvait des opinions, pour certaines de temps en temps, même indéfendables, figure-toi.
01:41 On allait sortir des gens de prison dont je ne partageais rien, absolument rien.
01:46 Voilà pour Robert Ménard qui répondait à Christophe Delors.
01:48 André Valigny, vous qui êtes ancien ministre, avocat aussi, la question de la liberté d'expression, elle est centrale.
01:55 Le rôle que joue Reporter sans frontières pose question, c'est ce monsieur Delors qui est chargé d'organiser les états généraux de l'information par l'Elysée.
02:02 Alors monsieur Delors, je le connais bien, j'ai beaucoup d'estime pour lui, j'ai même à ses côtés en 2016 défendu la liberté de la presse en Turquie, à Istanbul,
02:10 en marge d'un congrès international auquel je participais pour le gouvernement.
02:14 Il était là pour Reporter sans frontières, on a dénoncé la tyrannie d'Erdogan sur la presse turque.
02:19 Donc il mène des combats qui sont courageux et utiles, mais là en l'occurrence, en l'espèce, je ne comprends pas ce qu'il cherche.
02:25 Je ne vois pas quelle est la faisabilité de ce qu'a dit le Conseil d'Etat hier.
02:30 Il va falloir que chaque chroniqueur, chaque journaliste, chaque commentateur déclare s'il est de gauche ou de droite.
02:37 Alors un, ça ne veut rien dire aujourd'hui parce qu'il y a des gens de gauche qui sont pour le Hamas, d'autres plutôt pour Israël,
02:42 d'autres qui pensent que la guerre en Ukraine doit cesser, d'autres qui sont pour le soutien jusqu'au bout de Zelensky.
02:47 Sur l'inflation, sur le chômage, c'est une usine à gaz.
02:50 C'est impossible, totalement impossible que les hommes politiques ou les femmes politiques soient décomptés,
02:56 que leur temps de parole soit décompté.
02:57 Ça se comprend, c'est comme ça depuis plus de 20 ans en France, même si c'est compliqué, ça génère des comptes d'apothicaires.
03:03 L'Arkhom a beaucoup de travail avec ça.
03:05 Mais maintenant qu'on veut y appliquer cette règle aux commentateurs, aux chroniqueurs, aux journalistes, c'est aberrant.
03:11 J'ajoute enfin que la liberté des médias, c'est d'avoir la ligne éditoriale qu'ils souhaitent avoir.
03:18 Et enfin, et c'est la conséquence de ce que je viens de dire, tout le monde n'est pas obligé de regarder ces news.
03:24 Si la ligne éditoriale ne s'éloigne pas, on regarde une autre chaîne.
03:27 Il y a beaucoup de chaînes d'information maintenant.
03:29 C'est même en France qu'il y en a le plus.
03:31 Effectivement. Vincent Herouet, vous qui avez bourlingué dans de nombreuses rédactions,
03:34 celle d'Europe 1, celle de TF1, LCI, un certain nombre de grandes rédactions.
03:37 Pas mal de créations de chaînes qui sont toujours nées dans le mépris de la corporation.
03:44 C'est un drôle de métier de journaliste.
03:46 C'est vrai ce que je vous dis.
03:48 Quand on a créé LCI, quand on a créé France Info, tous les confrères regardaient ça avec un profond dégoût.
03:53 C'est un drôle de métier qui a toujours été un peu méprisé.
03:56 Autrefois, c'était un suicide social de devenir journaliste.
03:59 Et désormais, il y a un petit côté quand même, un embrangement de la profession qui est extraordinaire
04:04 avec cette volonté de rééduquer le consommateur d'infos à la puissance du bourrage de crâne aussi.
04:12 Moi, je suis très étonné d'entendre, de voir des confrères qui en fournent ce cheval de bataille.
04:19 Même sur "Reportage sans frontières", c'est assez facile d'aller défendre d'une manière solennelle
04:25 la liberté de la presse à Istanbul ou je ne sais pas où.
04:29 C'est très bien de le faire.
04:31 C'est assez facile quand même de voltiger au-dessus des frontières, d'être un reporter sans frontières.
04:36 Mais c'est beaucoup plus difficile d'être chez soi et de s'arc-bouter contre la marée montante
04:41 et de défendre la liberté pied à pied, au quotidien.
04:45 Et notamment d'être en rupture avec le conformisme ambiant.
04:51 Parce que la vérité, elle est toujours un peu dérangeante quand même.
04:54 Alors moi, dans ma spécialité, la politique étrangère, je peux dire qu'en l'espace de 45 ans,
04:57 j'ai entendu tellement de bêtises.
05:01 On pourrait faire l'inventaire des fake news qui sont passées, mais vraiment,
05:04 mais défendues par la majorité, moi-même d'ailleurs sans doute.
05:09 Donc vouloir à tout prix enrégimenter, réguler, cadrer, imposer, je trouve ça...
05:18 - Interdire. - Et en plus, je trouve que c'est une véritable trahison
05:21 que ça vienne d'un organisme.
05:23 Subventionné, subventionné, faut-il le dire.
05:26 Et sans être paranoïaque,
05:29 mais qui est dans l'objet énormément défendu.
05:32 C'est vraiment un truc qui défile à la logique.
05:35 Rapidement, Geoffroy Lejeune, Naïma M. Fadel, sur cette question.
05:38 Moi, rapidement, en fait, j'ai été traité ce matin avec Jean-Marc Morny de putois
05:43 par ce monsieur qui dit que j'étais donc dans la stratégie du putois
05:47 pour mettre quelqu'un qui gêne tout le monde pour faire partie à la rédaction.
05:51 - En l'occurrence, c'était le JDD. - Le JDD, c'était quand j'y ai été nommé.
05:55 Moi, je voudrais raconter une histoire à M. Deloire s'il nous écoute.
05:58 J'imagine qu'il nous écoute, il a une forme d'obsession pour cette chaîne et pour cette radio,
06:01 donc j'espère qu'il nous écoute.
06:03 J'ai vécu cet été quelque chose d'absolument exceptionnel que je pense
06:06 peu de gens ont la chance de vivre dans leur carrière.
06:08 Vincent racontait à l'instant qu'il avait créé des médias.
06:10 Moi, j'ai eu la chance de pouvoir fabriquer le premier journal du dimanche
06:13 avec une dizaine de personnes, c'est-à-dire en repartant de rien
06:16 contre tous les vents de la profession qui nous crachaient dessus,
06:19 sans d'ailleurs qu'on soit défendus par RSF.
06:22 En quelques jours, on a remis sur pied un journal
06:25 qui sort une fois par semaine le dimanche.
06:27 En touchant absolument à tout, à une dizaine, vous imaginez bien que même
06:30 techniquement, c'était compliqué à faire.
06:32 On l'a fait comme ça pendant plusieurs semaines jusqu'à trouver un rythme de croisière.
06:35 Je pense que c'est quelque chose que M. Deloire n'a jamais vécu.
06:37 Je pense que c'était même, d'ailleurs, j'ai touché à ce moment-là,
06:39 à la quintessence de mon métier, c'est-à-dire faire en sorte que le lecteur
06:42 ait la possibilité d'avoir accès à cette information qu'on voulait lui donner.
06:46 J'ai eu l'impression de retourner moi à quelque chose
06:48 qui était fondamentalement la racine de ma vocation.
06:50 C'était absolument extraordinaire.
06:52 Je pense que lui ne l'a jamais vécu.
06:54 Je pense que lui, je n'ai pas regardé sa carrière dans le détail,
06:56 mais je pense qu'il ne connaît pas ça.
06:57 Et je voudrais souligner qu'au-delà de la liberté d'expression,
06:59 aujourd'hui, il attaque aussi ce groupe de médias
07:02 dans sa faculté à faire du journalisme, à produire de l'information,
07:06 alors qu'on en fait beaucoup plus qu'il n'en a jamais fait.
07:09 - Naïm Ibn Fadel, rapidement. - Oui, pourquoi il s'attaque aussi à la République ?
07:11 Puisque la liberté d'expression est une valeur sacrée de notre République
07:16 et la base de la démocratie.
07:18 Ce qui me gêne, moi, aujourd'hui, c'est que je me rends compte
07:20 que, naïvement, j'ai cru que tous les journalistes allaient se lever
07:24 comme un seul homme, qu'il y allait avoir un collier général
07:28 pour soutenir, au-delà des opinions de chacun, C News.
07:32 Malheureusement, ma naïveté m'a encore joué un tour.
07:35 Une chose, pardon, Laurence, je consulte très régulièrement
07:38 une revue de presse pour voir ce que disent les médias à ce sujet-là.
07:40 Depuis qu'ils ont compris que ça allait toucher toutes les chaînes
07:42 et pas uniquement C News, ils rigolent beaucoup moins.
07:44 Le vent a tourné. Marc Chottier, qu'est-ce que vous avez ?
07:46 Ce que je veux dire, c'est que le gros problème que nous avons,
07:48 c'est qu'on est face à un déni de réalité permanent,
07:50 aujourd'hui, avec une "bien-pensance".
07:52 Dès qu'on ne pense pas comme tout le monde, on est traité de complotiste.
07:55 C'est vrai qu'en France, il n'y a pas beaucoup de culture économique.
07:57 Beaucoup de fausses idées passent.
07:59 Dès qu'on dit la vérité ou la réalité économique,
08:01 alors, c'est du complot. Non.
08:03 Encore une fois, ça m'arrive de donner des chiffres de l'INSEE, par exemple.
08:06 Il n'y a pas de complot. On me dit "non, il ne faut pas dire ça, tout va bien".
08:08 C'est cette connivence avec le pouvoir, notamment,
08:11 et cette complaisance, j'ai envie de dire,
08:13 ce déni de réalité permanent, qui fait que justement,
08:15 on croit qu'il y a des complotistes ou autre.
08:17 Et donc, on a la chance de dire, ici,
08:19 je ne suis pas journaliste, je suis économiste,
08:21 et sur d'autres chaînes également, heureusement,
08:23 de dire simplement cette réalité, les choses.
08:25 Et donc, ce n'est pas du complot, c'est justement de la liberté de parole, tout court.
08:28 Pas que de la presse, de parole.
08:30 - Carême Zérabi. - Non, simplement, moi, je voudrais qu'on sorte de l'hypocrisie.
08:32 Tous les médias, quels qu'ils soient,
08:34 ont une ligne éditoriale.
08:36 - Oui, bien sûr. - Et une sensibilité.
08:38 Ensuite, on peut ne pas être d'accord avec cette ligne éditoriale
08:43 et venir débattre dans ces médias.
08:45 Parce qu'on considère, effectivement, que le débat ne nécessite pas,
08:49 que l'on soit d'accord avec les interlocuteurs
08:52 avec lesquels nous sommes en contradiction.
08:54 C'est mon cas sur ces news, la plupart du temps.
08:56 Je le dis à ceux qui nous écoutent et qui le constatent.
08:59 Et il y a même des gens qui m'arrivent et qui me disent,
09:01 qu'est-ce que tu fais sur ces news ?
09:03 Donc, tu ne partages rien avec la ligne éditoriale.
09:05 Mais qu'est-ce que je fais sur ces news ? Je suis un démocrate.
09:07 Je défends mes convictions avec parfois un, deux, trois contradicteurs
09:10 qui ne sont pas d'accord avec moi.
09:11 Mais où est le problème ?
09:13 Et sur d'autres médias qui sont à l'opposé de la ligne éditoriale
09:16 de ces news, peut-être qu'il y a des gens qui sont dans ma position,
09:20 qui vont aussi défendre leur position.
09:22 Mais ce que je veux dire par là, c'est que, encore une fois,
09:26 disons les choses clairement, ne nions pas le réel.
09:28 Il y a une ligne éditoriale, une sensibilité,
09:31 avec laquelle on ne peut pas être d'accord.
09:33 Mais moi, je considère que le débat est nécessaire.
09:35 Le problème, c'est que M. Deloire a voulu remettre en cause,
09:37 il a ciblé clairement ces news, parce qu'il n'a pas été honnête.
09:41 Il a été vraiment malhonnête.
09:42 Et moi, je voudrais redire aussi, par rapport à ce que disait Karim,
09:45 et je suis d'accord avec lui, c'est que moi, souvent,
09:47 souvent, on m'arrête en me disant "merci de parler de notre réalité".
09:51 Il n'y a que ces news qui parlent de notre réalité au quotidien.
09:54 Et je tiens à vous le dire, Laurence, même les quartiers,
09:57 parce que nous avons été les premiers à souligner tous les trafics,
10:00 toute l'insécurité, qui impactaient en premier les habitants des quartiers.
10:04 Rappelez-vous, quand on a parlé des balles perdues reçues,
10:07 malheureusement, qui ont tué la jeune fille Sokhaina,
10:10 ou le papa qui dormait, ou la dame qui a été blessée.
10:13 C'est sur ces news qu'on en a parlé, parce que sur les autres,
10:16 on dit, comme a dit Marc, il ne faut pas dire ça,
10:19 il ne faut pas dire ça, parce que surtout, il ne faut pas stigmatiser.
10:22 Alors qu'au contraire, on stigmatise ceux qui nuisent aux habitants en général.
10:28 Allez, il est 18h36, on a pris du retard, mais le débat était important.
10:31 Le rappel des titres de l'actualité, Mikaël Dos Santos.
10:33 7 ans après le début de la procédure,
10:38 la Cour de cassation a mis hors de cause Gérald Darmanin.
10:41 Ce mercredi, la plus haute juridiction judiciaire a rejeté le pourvoi de Sophie Patterson-Spatz.
10:46 La plaignante de 52 ans accusait l'actuel ministre de l'Intérieur de l'avoir violée en 2009.
10:50 Gérald Darmanin lui avait toujours évoqué un rapport sexuel consenti.
10:54 Le Sénat a fait un premier pas pour l'inscription de l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution.
11:00 Malgré certaines réserves, la Commission des lois de la Chambre haute a décidé de ne pas s'opposer à la réforme gouvernementale.
11:06 Un vote à suspens aura lieu le 28 février prochain dans l'hémicycle.
11:10 Le projet de loi avait déjà été adopté par l'Assemblée nationale.
11:13 Enfin, 12 ex-supporteurs du PSG placés en garde à vue, 11 d'entre eux ont été relâchés.
11:19 Ces individus proches de l'ultra-droite ont été interpellés mardi soir non loin du Forum d'Ehal.
11:24 Porteurs de cache-coups, de gants coqués, d'engins pyrotechniques,
11:27 sont sonnés de vouloir se battre avec des fans espagnols de la Real Sociedad.
11:31 La rencontre est à suivre ce soir à 21h sur Canal+.
11:34 Merci Mikaël Dos Santos. On est loin du football.
11:36 Petite pause, on se retrouve dans un instant dans Punchline sur CNews et sur Europe 1
11:39 avec Dominique Régnier, directeur générale de la Fondation.
11:41 On continue à parler de l'actualité, notamment l'actualité nationale et internationale.
11:47 Punchline, 18h-19h sur CNews et Europe 1.
11:50 L'Orange Ferrari.

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