• il y a 10 mois
Le coordinateur national de la France Insoumise, Manuel Bompard, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk [ Romain Desarbres ] dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00 Bienvenue et bonjour à vous Manuel Bompard.
00:02 Bonjour.
00:03 Merci de votre présence.
00:04 Vous êtes le coordinateur national de la France Insoumise et député de Marseille à Mayotte.
00:09 Manuel Bompard, la situation est quasi insurrectionnelle.
00:11 Depuis trois semaines, des collectifs citoyens organisent des barrages routiers pour protester contre l'insécurité et l'immigration à contrôler.
00:18 Hier, Gérald Darmanin a donc annoncé la fin du droit du sol via une loi constitutionnelle pour Mayotte.
00:25 Est-ce que demandez la plupart des Mahorais pourquoi vous y opposez ?
00:28 Est-ce que ce n'est pas la volonté populaire qui est respectée ?
00:30 Je ne crois pas du tout d'abord que ce que vous dites soit juste, c'est-à-dire que ce soit la mesure que demande l'essentiel des Mahorais.
00:37 Vous l'avez dit, il y a un collectif citoyen qui a été mis en place, il a dressé une liste de revendications
00:42 et la proposition de M. Darmanin ne figure pas dans la liste des revendications qui ont été dressées par ce collectif.
00:48 Ce n'est pas la première fois qu'à Mayotte, il y a des mobilisations importantes.
00:53 La situation est effectivement de plus en plus grave.
00:56 Malheureusement, elle s'est aggravée parce que les demandes qui ont été faites précédemment par la population mahoraise n'ont pas été suivies d'effet.
01:02 Et quelles par exemple ?
01:03 Elles sont de différentes natures.
01:05 Il y a des demandes d'investissement massives pour faire en sorte que, par exemple,
01:09 les services publics à Mayotte soient à l'image et à la hauteur de ce qu'on attend de la République française.
01:14 Des mesures pour demander que Mayotte ne soit pas laissée seule face aux difficultés migratoires,
01:19 parce qu'effectivement, il y a des difficultés migratoires à Mayotte.
01:22 Et il y a des dispositions particulières qui s'appliquent à Mayotte,
01:25 qui font par exemple qu'on a inventé un visa territorialisé
01:28 qui laisse les Mahorais tout seuls pour être confrontés à cette difficulté.
01:32 Mais moi, je crois que pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n'a pas besoin de moindre République,
01:36 on a besoin de plus de République.
01:38 Et donc, certainement pas le fait d'entamer le droit du sol,
01:42 qui est un des piliers fondamentaux de notre République.
01:45 Qu'est-ce que vous appelez difficultés migratoires ?
01:47 Parce qu'il y a beaucoup de femmes,
01:49 ce sont des mères de famille qui poussent leur mari, Emmanuel Bompard,
01:52 à aller sur les points de blocage pour dire non à l'immigration.
01:55 Les vitres des bus scolaires sont blindées.
01:58 Le soir, les Mahorais s'autoconfinent par peur des migrants venus des Comores
02:02 ou de la Corne de l'Afrique.
02:04 La députée de Mayotte, Esther Yousoupha, dénonce des bandes criminales de migrants
02:07 venus pour piller et tuer. C'est ça, les difficultés migratoires ?
02:09 Mais écoutez, il n'y a pas que des...
02:11 Il y a 50% de la population à Mayotte,
02:13 si on croit les chiffres, qui ne sont pas de la nationalité française.
02:17 Mais il n'y a pas que des étrangers qui sont responsables
02:20 des problèmes d'insécurité qui sont effectivement intolérables à Mayotte.
02:25 Donc moi, je ne ferai pas de lien entre les deux.
02:27 Par contre, il y a une situation qui est extrêmement dégradée,
02:30 c'est une évidence.
02:32 Et donc, qu'est-ce qu'il faut faire ?
02:33 Parce que la question, ce n'est pas juste.
02:35 Mais qui la dégrade ? C'est bien de poser le diagnostic.
02:37 Je vais y répondre.
02:39 Mais en quoi la mesure annoncée par M. Darmanin
02:41 va régler quelques problèmes que ce soit à Mayotte ?
02:43 Ça réduit l'attractivité de l'île ?
02:45 Non, pas du tout, Madame.
02:46 Vous savez, on a, en 2018, modifié déjà la loi à Mayotte,
02:50 c'est-à-dire que le droit du sol tel qu'il s'applique
02:52 dans l'ensemble des territoires français
02:54 s'applique différemment à Mayotte.
02:56 Il y a une condition supplémentaire.
02:57 Est-ce qu'à un seul moment, quelqu'un a été capable de dire
03:00 que cette mesure a permis de réduire l'attractivité de l'île ?
03:02 Certainement pas.
03:03 Qu'est-ce qu'on fait pour rétablir la paix publique ?
03:05 Vous avez des gens qui vous disent qu'ils ne peuvent plus vivre.
03:07 Je suis d'accord avec vous.
03:08 D'abord, on ne fait pas ce que M. Darmanin propose de faire.
03:12 Moi, j'écoute les revendications qui sont portées
03:15 par le collectif citoyen de Mayotte.
03:17 Premièrement, on met fin aux visas territorialisées
03:19 parce qu'on ne laisse pas les Mahorais tout seuls
03:21 face à ces problèmes d'immigration.
03:24 Deuxièmement, on accueille une partie,
03:26 notamment des mineurs qui traînent aujourd'hui dans la rue à Mayotte,
03:29 on les accueille pour une partie dans l'hexagone, je l'assume,
03:32 pour ne pas laisser les Mahorais tout seuls face à cette situation.
03:34 Quand vous dites ces mineurs,
03:35 attendez, juste sur votre deuxième mesure,
03:37 ce sont ces mêmes mineurs que la députée et d'autres.
03:40 Je parle d'une députée du centre UDI,
03:42 qui est décrivée comme des bandes criminelles à 10-11 ans, qui tue...
03:45 Non, madame, l'ensemble des mineurs qui sont dans la rue
03:48 ne sont pas des bandes criminelles.
03:50 Vous pouvez l'attester ?
03:51 Vous, vous pouvez attester l'inverse de ce que je suis en train de dire.
03:53 Moi, j'écoute une députée de Mayotte.
03:55 Mais madame, s'il y a des criminels,
03:57 ces criminels doivent être arrêtés,
03:59 ils doivent être jugés et ils doivent être condamnés.
04:02 Voilà comment on traite la situation de criminels.
04:04 Mais que demande le collectif des citoyens de Mayotte, par exemple ?
04:07 Avec lequel, je précise, je ne suis pas d'accord avec toutes les revendications.
04:10 Mais ils disent qu'il y a un problème de moyens humains
04:12 dans le système judiciaire à Mayotte,
04:14 qui fait que les procédures durent extrêmement longtemps,
04:16 et qu'y compris les bandes criminelles dont vous êtes en train de parler
04:18 ne soient pas jugées.
04:19 Ils demandent d'avoir davantage d'effectifs de gendarmerie
04:21 pour pouvoir faire en sorte de garantir la sécurité sur l'île.
04:24 Ils demandent un plan de 2 milliards d'euros sur 10 ans d'investissement
04:27 dans les services publics, dans l'éducation, dans la santé.
04:30 Moi, ma proposition...
04:31 La France Insoumise, pour réduire l'attractivité de l'île,
04:33 ce serait quelle proposition ? Une majeure.
04:35 Mais madame, je vais vous dire, vous pouvez faire ce que vous voulez.
04:38 La difficulté, c'est que vous avez à Mayotte un niveau de vie
04:41 qui est à peu près 10 fois supérieur au niveau de vie
04:43 que vous allez avoir de l'autre côté, au niveau des Comores.
04:46 Mais là, c'est de l'impuissance.
04:47 Non, ce n'est pas de l'impuissance.
04:48 Un, vous traitez la situation.
04:50 Deux, vous avez un plan pour aider les citoyens maorais
04:53 à vivre pleinement dans la République,
04:55 et pas avoir un statut qui soit un statut particulier.
04:57 Troisièmement, vous recommencez des négociations
05:00 et des discussions avec les Comores pour faire en sorte que...
05:03 Pression, donc, sur les Comores.
05:05 Il faut forcément un rapport de force,
05:06 mais ce rapport de force, il passe par le fait que les Comores
05:09 ont une responsabilité pour maîtriser la fuite de leur population,
05:12 mais aussi qu'on les aide pour participer d'un co-développement.
05:15 La situation, elle ne sera pas simple.
05:17 Je ne suis pas en train de vous dire qu'elle sera simple.
05:18 À mon avis, il faut travailler sur tous ces sujets en même temps.
05:21 Sur le plan politique, Manuel Bompard,
05:22 le gouvernement est donc finalement au complet des nouveaux visages
05:25 que vous qualifiez, entre guillemets, de macronistes fanatisés,
05:28 je cite, et de mercenaires sans principe et sans conviction.
05:32 Fanatisé, qu'entendez-vous par là ?
05:34 Quand je vois le discours de politique générale de M. Attal,
05:38 c'est un discours d'une brutalité libérale extrême.
05:42 Quand il s'apprête à revenir ou à attaquer la question du SMIC,
05:46 qui est une question fondamentale dans le droit social français.
05:50 Quand il propose de, en quelque sorte, détruire ce qu'on appelle la loi SRU,
05:54 vous savez, cette loi qui oblige les communes à construire 25% de logements sociaux.
05:58 Ce sont des mesures d'une violence que je trouve extrême.
06:02 Ce matin, en plein logement…
06:03 Et il y a effectivement aussi des mercenaires sans principe,
06:05 excusez-moi de vous le dire.
06:06 Il y a des fanatisés dans tous les partis, chacun son gourou.
06:08 Mais je ne crois pas que…
06:10 Enfin, je ne sais pas à quoi vous faites référence,
06:12 mais en l'occurrence, je parle de macronistes fanatisés,
06:15 d'un point de vue idéologique, bien évidemment,
06:17 c'est-à-dire une dérive d'un libéralisme ultra
06:19 et qui s'accompagne d'une dérive très autoritaire.
06:22 Mais il y a aussi effectivement des mercenaires sans principe,
06:24 c'est-à-dire des gens qui disaient, il y a cinq ans,
06:26 qu'il ne fallait pas l'uniforme à l'école
06:29 et qui aujourd'hui rentrent dans un gouvernement
06:31 pour mettre en place cette mesure.
06:33 Je parle de Mme Belloubet, en l'occurrence.
06:34 Vous avez parlé du logement, c'est très important,
06:36 c'est une crise majeure, Emmanuel Lompard.
06:38 Ce matin, dans Le Parisien, annonce du ministre
06:41 sur la révision du diagnostic de performance énergétique.
06:43 Il y a aussi des mesures de simplification,
06:45 un choc de simplification, un nouveau type de crédit immobilier.
06:48 Ça va dans le bon sens.
06:49 Non, je ne crois pas.
06:50 C'est-à-dire qu'à chaque fois que le gouvernement…
06:51 Non, c'est comme sur la question des agriculteurs.
06:53 C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on est confronté à une difficulté,
06:55 la variable d'ajustement pour le pouvoir macroniste,
06:59 c'est la question écologique.
07:01 Excusez-moi, je pense que c'est une très mauvaise idée de laisser…
07:04 Mais quand ça ne va pas dans le bon sens,
07:06 et même que c'est un non-sens, on ne fait rien ?
07:08 On fait l'écologie d'abord et on laisse les propriétaires se débrouiller ?
07:10 Non, mais on peut faire les deux.
07:12 Je ne sais pas, là, vous m'interrogez sur le logement.
07:14 Sur le logement aujourd'hui, par exemple,
07:17 il ne faut certainement pas permettre aux communes
07:19 de contourner les obligations de construction de logements sociaux.
07:21 Il faut au contraire renforcer les sanctions
07:23 pour que ces constructions de logements sociaux voient le jour.
07:25 Moi, je suis député d'une ville à Marseille
07:27 dans laquelle il faut quasiment 10 ans
07:29 pour avoir accès à un logement social.
07:31 Il y a des milliers de personnes qui sont en attente d'un logement social.
07:34 Et vous croyez que la priorité, c'est de permettre aux communes
07:36 de ne pas respecter la loi ?
07:38 Je trouve ça stupéfiant et aberrant.
07:40 Mais en tout cas, ce n'est certainement pas la question écologique
07:42 qui doit servir de variable d'ajustement.
07:44 Dans l'actualité, Emmanuel Leparle, la France Insoumise
07:46 a dévoilé une campagne d'affichage en vue des Européennes
07:49 où les golfeurs sont associés aux riches et aux racistes.
07:53 Les riches votent pour les auditeurs d'Europe 1.
07:59 J'étais sûr que vous alliez me poser cette question.
08:01 C'est vous qui choisissez votre campagne d'affichage.
08:03 Exactement, je suis très content que vous en parliez.
08:05 Puis-je lire juste le slogan pour nos amis auditeurs ?
08:07 "Les riches votent, les racistes et les golfeurs aussi. Et vous ?"
08:10 dit Mathilde Pannot, la chef des députés LFI.
08:12 La Fédération de Golfe se dit meurtrie.
08:14 Les 600 000 golfeurs de France sont-ils racistes ?
08:17 Non, justement, d'abord, le slogan ne dit pas les trois termes ensemble.
08:20 Il y a différentes séries d'affiches.
08:22 Je veux quand même vous dire que le principe de cette campagne,
08:25 c'est une campagne d'inscription.
08:27 C'est de l'humour ?
08:28 Oui, bien sûr, il y a une part de provocation.
08:29 Vous traitez les gens de racistes ?
08:31 Non, madame, je parle de l'affiche sur les golfeurs.
08:33 Il y a une part de provocation qui vise quand même
08:37 à faire en sorte que les gens s'inscrivent sur les listes électorales.
08:39 Donc je pense que l'objectif, l'état d'esprit, c'est un objectif civique
08:42 et je pense qu'il devrait être partagé par tout le monde.
08:44 Qu'est-ce que vous répondez à la Fédération de golf qui n'a rien demandé ?
08:48 Il n'y a rien d'infamant à dire que les golfeurs votent
08:50 et à interroger les gens pour savoir s'ils vont voter ou pas.
08:53 En les comparant à des riches et des racistes ?
08:54 Mais je ne les compare pas, madame.
08:55 Il y a différentes séries d'affiches.
08:57 Vous ne voyez aucun problème ?
08:59 Non, strictement aucun.
09:00 Il y a une part de provocation et je n'ai pas l'intention
09:02 de stigmatiser l'ensemble des golfeurs,
09:04 même si je suis prêt à discuter avec la Fédération de golf
09:07 sur l'impact climatique, écologique de cette pratique sportive.
09:11 Je pense que ça, c'est une discussion qu'on peut avoir.
09:13 Mais je n'ai pas l'intention de dire que l'ensemble des golfeurs,
09:15 des racistes ou je ne sais quoi, certainement pas.
09:17 Par contre, je pense que quand on est une campagne d'inscription
09:20 sur les listes électorales, j'en profite.
09:22 Peut-être que par exemple, tous les médias pourraient appeler
09:24 à s'inscrire sur les listes électorales.
09:26 Peut-être que les pouvoirs publics pourraient faire en sorte
09:28 qu'on ait une campagne d'inscription sur les listes électorales
09:30 puisqu'il va y avoir des élections européennes.
09:32 Il y a généralement beaucoup d'abstention.
09:34 Moi, personnellement, je ne me résigne pas à une situation
09:36 dans laquelle beaucoup de gens ne sont pas inscrits
09:38 sur les listes électorales en France.
09:40 Daniel Bompard, Israël a confirmé cette nuit avoir libéré
09:43 deux otages du Hamas et plus largement.
09:45 La ministre Rohrberger, chargée de l'égalité femmes-hommes,
09:48 a décidé, dit-elle, de passer au cribe les déclarations
09:50 de toutes les associations féministes liées aux attaques,
09:54 leurs déclarations liées aux attaques du Hamas le 7 octobre.
09:56 Elle menace de suspendre les subventions à la moindre ambiguité.
10:00 Elle a raison ?
10:01 Si madame Berger pense que la priorité aujourd'hui,
10:03 c'est de faire ça, franchement, je trouve ça pathétique.
10:05 Écoutez, ce qui est à l'ordre du jour, ces derniers jours,
10:08 c'est les déclarations de monsieur Netanyahou.
10:10 Vous allez en parler. Vous pouvez juste nous répondre sur ça ?
10:12 Sur le silence de certaines féministes liées aux féministes.
10:15 Alors, soit c'est un silence.
10:17 Maintenant, le silence est maintenant une signe d'ambiguïté, c'est ça ?
10:19 Ne pas condamner, c'est quand même assez...
10:21 Madame, je n'ai vu aucune ambiguité d'aucune association féministe
10:25 sur la condamnation des crimes qui ont été commis par le 7 octobre
10:28 et y compris quand des informations font état...
10:31 Des crimes sexuels, là, on parle de féminicides de masse.
10:34 Y compris, y compris, y compris, quand des informations
10:36 font état de crimes sexuels, bien évidemment qu'il faut les condamner.
10:39 Je n'ai vu aucune association féministe ne pas les condamner.
10:41 Est-ce que vous avez vu des associations féministes spécifiquement les condamner ?
10:44 Oui, j'ai entendu un certain nombre de personnes dire qu'ils étaient solidaires.
10:47 Lesquelles ?
10:48 Des femmes dans le monde, mais dans les appels à manifestations
10:51 qui ont pu avoir lieu, je crois qu'il y a eu une journée
10:53 contre les violences sexistes et sexuelles au mois de novembre.
10:56 Ah, c'est cette fameuse journée où lorsqu'un collectif est venu
10:58 pour parler de féminicides de masse, il a été mis de côté ?
11:00 Je ne crois pas, madame. Et vous m'interrogez sur les déclarations
11:03 qui ont été faites à ce moment-là, et je crois que les associations féministes
11:06 ont dit leur solidarité avec les femmes du monde entier,
11:08 avec les femmes israéliennes si elles sont victimes de crimes sexuels,
11:11 bien évidemment, avec les femmes palestiniennes quand elles le sont.
11:13 Si, pourquoi si ? C'est pas avéré ?
11:15 Il y a eu manifestement des crimes sexuels, je ne dis pas l'inverse.
11:19 Et donc, je ne sais pas pourquoi vous me dites que ce n'est pas avéré.
11:22 Vous me dites "si, il y a eu". Je vous demande à ce que c'est avéré pour vous.
11:25 Je crois, je crois qu'on a des informations précises.
11:27 Je crois qu'on a des informations qui disent qu'il y a effectivement eu
11:30 des crimes sexuels dans les crimes qui ont été commis par le Hamas le 7 octobre.
11:33 On parle de femmes qui ont été violées, mutilées, massacrées par les hommes de l'ordre.
11:36 Exactement. Et personne ne les a jamais contestées d'ailleurs.
11:38 Vous avez affirmé, Emmanuel Lompard, qu'il serait légitime de poser la question
11:41 de sanctions contre les athlètes israéliens aux Jeux olympiques
11:44 sur le même principe que les athlètes russes.
11:46 Mais est-ce que vous pouvez nous ôter d'un doute,
11:49 si on parle dans le conflit ukrainien, c'est la Russie l'agresseur ?
11:52 Et dans ce cas-là ?
11:54 D'abord, je ne sais pas, c'est pas parce que la situation,
11:57 d'un point de vue militaire, n'est pas exactement la même,
12:00 que la question qui a été posée serait illégitime.
12:04 Moi, la question que j'ai posée, elle est très simple.
12:07 J'ai dit d'ailleurs, et je veux le préciser ici, que moi, de manière générale,
12:10 je ne suis pas très à l'aise avec les sanctions contre les athlètes.
12:13 De manière générale. Je dis par contre qu'à partir du moment
12:16 où on a pris des sanctions contre les athlètes russes,
12:19 en raison du fait que l'action militaire commise par la Russie
12:23 était en violation du droit international, je trouve ça légitime
12:26 de poser la question d'éventuelles sanctions contre les athlètes israéliens,
12:30 puisque l'action commise par le gouvernement israélien et l'armée israélienne
12:34 est contraire au droit international, tout simplement.
12:36 Et il ne peut pas y avoir de double standard.
12:38 Mais en fait, c'est le Hamas qui a agressé Israël.
12:40 Le Hamas a effectivement attaqué Israël le 7 octobre, dans un contexte,
12:43 quand même, Madame, je voudrais vous le rappeler, d'un conflit militaire
12:46 qui dure depuis 70 ans.
12:47 Et donc, qu'est-ce que ça change ?
12:48 Ça change rien, mais ça existe.
12:50 Est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est pas vrai, Madame ?
12:52 Est-ce que c'est une façon de minimiser la pression ?
12:54 Je ne minimise rien. Je ne minimise en aucun cas.
12:56 On peut le rappeler quand il y a une attaque terroriste.
12:58 Mais parce que ça participe de la complexité de la situation là-bas.
13:01 Et parce que si vous voulez faire en sorte d'avoir une paix qui soit durable,
13:04 Madame, vous ne pourrez pas faire abstraction du fait que les actions
13:07 du 7 octobre se sont inscrites dans ce contexte.
13:09 En aucun cas, ça ne les justifie ou ça ne les excuse,
13:11 mais ce sont inscrites dans ce contexte.
13:13 Et donc, on punit les athlètes israéliens ?
13:15 Puisqu'on est en capacité de punir les...
13:19 Et puisqu'on a décidé de punir les athlètes russes,
13:21 en raison de l'action des autorités...
13:23 - Parce que l'armée a agressé l'Ukraine.
13:25 - Mais que fait aujourd'hui l'armée israélienne, Madame Aghaza,
13:27 si ce n'est agresser la population civile palestinienne ?
13:31 Un crime ne justifie pas un crime.
13:33 Un massacre ne peut pas donner une légitimité à un autre massacre, Madame.
13:37 Et donc oui, ce qui est mené aujourd'hui par Monsieur Netanyahou,
13:40 dont je veux dire quand même ces derniers jours,
13:42 que après avoir forcé la population civile palestinienne
13:45 à se réfugier au sud de la bande de Gaza,
13:47 a pris la décision d'attaquer Rafah,
13:49 en l'endroit où vous avez 1,3 million de civils palestiniens qui sont réfugiés.
13:53 Et ça se fait dans le silence de la communauté internationale.
13:56 - Qu'attendez-vous de la France ?
13:57 - J'attends que la France osse le ton.
13:59 J'attends que la France dise au gouvernement israélien
14:01 que ça doit s'arrêter immédiatement.
14:03 J'attends que la France prenne des sanctions
14:06 contre le gouvernement israélien.
14:08 J'attends que la France agisse comme elle aurait pu le faire au mois de janvier,
14:10 puisqu'elle présidait le Conseil de sécurité des Nations Unies.
14:12 - Vous allez prendre des sanctions alors que le président de la République
14:15 vient de dénoncer le plus grand acte antisémite du siècle ?
14:18 - Mais madame, on peut être en émotion et en partage total du chagrin des familles,
14:23 des victimes des actions et des actes horribles,
14:26 des crimes commis par le Hamas le 7 octobre,
14:29 et pour autant ne pas légitimer la riposte de l'armée israélienne,
14:34 qui est dénuée de toute légitimité humaine
14:36 et de toute légitimité en droit international.
14:38 - On va conclure, Manuel Lompart,
14:40 parce qu'il y a eu la cérémonie d'hommage aux victimes des terroristes du Hamas.
14:43 Une scène a retenu l'attention, on y a vu le député des Français de l'étranger,
14:46 Meyer Habib, vous parler, vous activez,
14:50 puis faire une accolade à Jordan Bardella du RN,
14:52 interroger Meyer Habib Assoum et raconter vous avoir dit que vous n'aviez aucune dignité,
14:56 que les familles ne voulaient pas de vous.
14:58 Comment vous avez vécu ce moment ?
15:00 Vous êtes allé contre la volonté des familles endeuillées ?
15:02 Il y a un célèbre journaliste il y a quelques années qui avait posé la question, vous n'avez pas honte ?
15:05 - Non madame, d'abord je ne suis pas allé contre la volonté des familles.
15:08 Il y a effectivement cinq familles qui ont écrit un courrier au président de la République
15:12 pour lui demander de ne pas nous inviter.
15:14 Il se trouve que c'était un hommage national et que nous étions invités.
15:16 Il y a d'autres familles depuis qui ont pris la parole pour dire
15:19 que notre présence ne leur avait pas posé de difficultés particulières.
15:23 Donc je voudrais s'il vous plaît qu'on ne fasse pas parler les familles d'un même bloc.
15:27 - Donc il n'y en a plus une famille, avec sa douleur, qui dit non.
15:30 - Je la respecte, mais il ne s'agit pas d'un hommage privé madame,
15:33 il s'agit d'un hommage national.
15:35 Et dans un hommage national, je pense que c'est normal
15:37 que les différentes formations politiques soient associées.
15:39 Quant à M. Habib, j'ai vu que depuis cette scène,
15:41 il a fait le tour des plateaux de télévision pour essayer de faire parler de lui.
15:44 Moi, il me semble que quand on rend hommage à des victimes,
15:46 le sujet n'est pas de parler de M. Habib, c'est de partager le chagrin, la souffrance.
15:50 Et je suis soulagé, je vais vous dire, que les provocations de ce monsieur
15:56 n'aient pas entaché cette cérémonie qui me semble être une cérémonie
16:02 extrêmement touchante, extrêmement émouvante.
16:04 Je ne lui ai rien répondu, vous savez, ma grand-mère disait parfois
16:07 "le silence est la meilleure réponse aux imbéciles".
16:10 - "Imbécile" meilleur Habib ?
16:12 - Oui, bien sûr, plus que ça, plus que ça, madame.
16:15 Puisque j'ai déjà entendu tenir des propos totalement inacceptables
16:19 quand il a comparé la population palestinienne à un cancer.
16:22 - Je pense que vous tenez des propos aussi irresponsables de ne pas parler en télé.
16:26 - Ça aurait dû vous indigner.
16:27 Quand M. Habib dit, je cite sa phrase,
16:31 "Qu'un juif ne sera jamais un colon en Palestine,
16:34 c'est en violation totale du droit international."
16:37 Donc oui, je pense que ce monsieur ne mérite pas beaucoup d'attention.
16:43 Quant aux insultes, madame, il a passé son temps sur l'ensemble des plateaux de télévision
16:48 à me qualifier d'antisémite, ce qui est une insulte, un délit
16:53 et ce qui est extrêmement infâmant.
16:54 Donc je n'ai pas l'intention de lui accorder beaucoup plus d'importance que cela.
16:57 - Merci Emmanuel Bompard, c'était votre grande interview ce matin sur CNews Europe.
17:01 A bientôt.
17:02 [Musique]
17:05 [SILENCE]

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