Jeudi 8 février 2024, SMART JOB reçoit Victor Waknine (associé fondateur, Mozart Consulting) , Simon Bestel (Cofondateur, FEVE) , Coralie Rachet (Managing Director, Walters People et Robert Walters France) et Sylvain Bersinger (chef économiste et auteur, Cabinet Asterès)
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00:08 Bonjour à tous, ravis de vous retrouver dans Smart Job.
00:10 Votre rendez-vous emploi et RH et management, débats, analyses, expertises et vos rubriques habituelles évidemment.
00:16 Bien dans Smart Job aujourd'hui, on s'intéresse au coût, oui au coût du désengagement des salariés avec une étude portée par Victor Wagnin.
00:24 Il est associé fondateur chez Mozart Consulting et ils ont avec de la data, eh bien calculé à la mai le montant que coûte le désengagement d'un collaborateur.
00:33 Le cercle RH au cœur de l'actualité aujourd'hui, les métiers de l'agriculture, les dizaines de métiers de l'agriculture.
00:39 Quel est le réel niveau de revenu des agriculteurs en 2024 ? On en parlera avec des experts.
00:45 Sylvain Bersinger, chef économique chez Asteres, il porte justement une étude sur la rémunération.
00:50 Et puis Simon Bestel, il est confondateur de Fermes en Vie.
00:54 Et puis fenêtre sur l'emploi, on parlera des candidats de plus en plus volatiles, ces candidats en 2024.
01:00 On en parlera avec Coralie Rachet, directrice générale chez Robert Walters.
01:05 Voilà le programme, tout de suite c'est bien dans Smart Job.
01:09 [Musique]
01:17 Bien dans son job, c'est un sujet dont on parle souvent en débat.
01:24 Et dans cette rubrique, bien dans son job, le désengagement des collaborateurs versus le bien-être des collaborateurs,
01:30 évidemment sur leur lieu de travail et leur engagement parce qu'on va en parler évidemment.
01:35 B.Corr Vatnin, ravi de vous accueillir, associé fondateur de Mozart Consulting,
01:40 filiale, alors ça a changé depuis peu, mais en tout cas filiale d'Aesio Mutuelle.
01:45 Et de Territoria Apicil.
01:47 Apicil, c'est un travail extrêmement méticuleux que vous avez fait.
01:50 Commençons d'abord par sortir ce que j'imagine vous allez déposer sur le bureau des CEOs ou des dirigeants.
01:56 13 250 euros par an et par salarié selon l'Ibette, c'est le coût du désengagement.
02:04 Comment vous l'avez calculé ce chiffre qui est impressionnant ?
02:07 Oui, alors donc c'est...
02:10 Pour rentrer par la seule porte que les dirigeants peuvent comprendre, c'est l'impact sur la productivité.
02:16 Parce que des enquêtes et des baromètres et des sondages, il y en a pléthore, mais elles n'ont aucune valeur.
02:24 Excusez-moi, mais c'est un peu le scientifique qui parle.
02:28 Elles n'ont aucune valeur parce que c'est du déclaratif.
02:31 C'est comme si vous alliez chez le médecin et qu'il vous demande...
02:34 Il ne vous prenait pas de mesures, il ne vous faisait pas d'analyse,
02:36 il ne regardait pas l'impact sur votre santé et après il vous écoute.
02:40 Voilà, donc qu'est-ce qu'on fait ? On va calculer les risques, les risques de productivité.
02:45 Il y a trois risques de productivité.
02:48 Ils sont dans le code du travail, un risque de santé, de sécurité, d'employabilité.
02:53 Les gens ne sont pas là ou ne sont plus là.
02:55 C'est ça.
02:56 À cause du travail et uniquement à cause du travail.
02:57 Donc ce sont les arrêts maladie ?
02:59 Pas tous.
03:00 Les arrêts de ce qu'on appelle les risques professionnels,
03:03 accidents du travail, maladies professionnelles.
03:05 Et puis les sorties non économiques.
03:08 C'est-à-dire pas les sorties, je fais un plan social parce que...
03:11 Ruptures conventionnelles.
03:12 Pardon ?
03:13 Ruptures conventionnelles.
03:14 Exact.
03:15 Ruptures, licenciements non économiques, sorties en période d'essai, démission,
03:19 que l'on pondère également en fonction de...
03:22 Il peut y avoir d'autres raisons pourquoi les gens partent.
03:25 Donc c'est un modèle statistique qui pondère les risques,
03:29 qui leur attribue de ce qu'on appelle des coûts cachés,
03:32 parce que quand quelqu'un n'est pas là, on n'est plus là,
03:34 vous avez des tas de coûts cachés.
03:36 Tout ça c'est ce qu'on appelle le management socio-économique,
03:38 l'approche socio-économique du travail.
03:40 Et ça donne ce coût-là à partir des données nationales.
03:44 Il n'y a pas de questionnaire, il n'y a pas un sondage.
03:48 Ce n'est pas votre impression,
03:50 et je vous donne 50% des gens qui ont répondu ça.
03:54 Ce sont des données nationales publiées par le ministère du Travail.
03:57 - Agrégation de data.
03:59 - Agrégation de données, c'est de la data science,
04:02 modélisées et cartographiées sur tous les secteurs économiques.
04:06 - Management socio-économique, c'est ce que vous évoquez.
04:09 - Oui.
04:10 - D'où vient le problème ?
04:11 Parce qu'une fois qu'on a posé sur le bureau d'un dirigeant,
04:14 ça vous coûte 13 250 euros par salarié.
04:18 - Ce sont les dernières données nationales.
04:19 - Ça c'est nos données.
04:20 - Voilà.
04:21 - Vous lui dites comment vous analysez le problème,
04:23 et vous, j'imagine que vous avez aussi le remède à la maladie.
04:26 - Ah, bravo.
04:27 C'est-à-dire que pour vraiment que la personne,
04:31 pour bien connaître le sujet,
04:33 c'est comme pour un malade, toujours pareil,
04:35 si vous ne connaissez pas sa maladie, vous ne pouvez pas le mettre en santé.
04:38 Donc il y a un modèle pour mesurer le désengagement,
04:41 le cartographier, le localiser,
04:45 parce que vous pouvez avoir des unités de travail
04:47 sur lesquelles tout se passe bien,
04:49 vous pouvez même avoir deux directions qui font le même boulot,
04:51 pour les mêmes clients,
04:53 et avec des résultats de productivité différents.
04:55 - Ça c'est le management qui a...
04:56 - Eh bien voilà, voyez ?
04:57 Vous voyez quand vous commencez à poser les cinq "why", les cinq questions ?
05:01 - C'est mon côté journaliste.
05:02 - Non mais c'est le meilleur, c'est un des meilleurs côtés,
05:05 parce que vous questionnez, vous questionnez successivement.
05:09 Une fois que vous avez localisé, vous savez où ça se passe,
05:12 et vous avez envie d'agir,
05:14 parce que vous comprenez mieux le problème.
05:16 Mais après vous avez un autre outil pour justement travailler les leviers d'engagement.
05:23 Voilà, pour comprendre l'engagement, il faut d'abord mesurer le désengagement.
05:27 - Victor Wattenin, vous avez auparavant eu une vie dans le privé,
05:31 dans une grande entreprise.
05:32 - Oui.
05:33 - Qu'est-ce qui se passe en France ?
05:34 On nous dit, on entend des grands patrons qui nous disent
05:36 "on est dans un management trop vertical, trop pyramidal,
05:40 on impose, on ne donne pas de responsabilité".
05:43 Est-ce que ça c'est un élément aussi qui fait partie des causes du désengagement ?
05:47 - Alors, c'est un élément, mais prudence.
05:50 Quand vous partez sur des solutions comme ça, génériques,
05:54 déjà vous enlevez l'envie de comprendre ce qui se passe.
05:58 Chaque entreprise est différente, les secteurs sont complètement différents.
06:01 Alors, je vais vous donner un exemple d'actualité,
06:04 parce que j'ai vu que vous avez un autre sujet tout à l'heure, sur l'agriculture.
06:07 - Sujet au cœur de l'actualité.
06:09 - Eh bien, je vais vous dire par exemple, qu'avec l'Ibette nationale,
06:14 vous regardez, là, vous avez l'Ibette filière alimentaire.
06:18 - Absolument, je l'ai devant les yeux.
06:20 - 0,59 ou 0,64 de tête.
06:22 - Oui, c'est ça.
06:23 - Ça veut dire quoi ?
06:24 - 0,64.
06:25 - Voilà, ça veut dire qu'il y a beaucoup d'arrêts de travail,
06:30 et il y a beaucoup de sorties.
06:32 Donc, si vous n'avez pas cette information-là,
06:34 comment vous allez mobiliser les gens ?
06:36 Donc, ce qui est très important, c'est bien de comprendre ce qui se passe d'abord.
06:40 Quand vous avez compris, en fait, il faut avoir les deux pôles,
06:44 ce qu'on appelle l'agro-antagonisme, le plus et le moins.
06:47 Vous ne pouvez pas faire du plus si vous ne comprenez pas le moins.
06:50 - Mais sur le caractère de la transformation, en quelques mots, Victor,
06:54 des managers, qu'est-ce qu'ils doivent changer ?
06:56 - Alors, qu'est-ce qu'ils doivent changer ?
06:58 Alors, pour moi, je parle, excusez-moi d'utiliser ce terme,
07:03 il est peut-être un peu ambitieux, mais il a l'air de plaire à beaucoup de frères,
07:07 je parle de transition managériale.
07:09 - Comme on parle de transition écologique.
07:11 - Tout à fait. Alors, cette transition managériale, pourquoi ?
07:14 - Un dernier mot.
07:15 - Oui, alors voilà, parce qu'en fait, le manager,
07:18 il est là pour assumer ce qu'on appelle le lien de subordination,
07:21 et ce qui est nécessaire aujourd'hui avec l'évolution de nos sociétés,
07:25 c'est de passer au lien de considération.
07:27 - Merci pour ce mot. On terminera là-dessus.
07:30 Je serai resté avec vous encore plus longtemps, Victor Wagnin.
07:33 Allez voir cette étude qui est de l'agrégation de data,
07:36 ce ne sont pas des sondages, on le redit,
07:39 avec l'IBET, qui sont des données extrêmement cadrées.
07:42 Allez voir cette étude, c'est un tableau de bord utile.
07:44 Mozart Consulting, associé fondateur, était avec nous sur le plateau de Smart Job.
07:49 C'était un vrai plaisir de partager ce moment avec vous.
07:51 - Plaisir partagé.
07:52 - On tourne une page, vous nous avez fait le lancement, on parle de l'agriculture.
07:54 On va essayer de le traiter sous l'angle Smart Job.
07:56 Les revenus, le salaire, ça correspond à quoi ?
07:59 Est-ce qu'il y a un monde agricole ou des dizaines de mondes agricoles ?
08:03 C'est ça le sujet et on va l'expertiser avec mes invités dans Smart Job.
08:07 C'est tout de suite.
08:08 Le cerclérage, le débat de Smart Job pour parler de l'agriculture.
08:23 Alors pas pour parler des manifestations, de l'actualité chaude.
08:27 Non, pour s'intéresser aux revenus.
08:29 Parce qu'il y a eu un vrai débat pendant ces manifestations sur les revenus réels des agriculteurs.
08:35 Le monde agricole est très varié, il y a les céréaliers,
08:37 et puis il y a les éleveurs, les arboriculteurs, les viticulteurs.
08:41 Et ceux qui font, vous le voyez en Beauce par exemple,
08:43 les grandes plaines de soja, de colza et de blé.
08:48 Et ils n'ont pas les mêmes revenus.
08:49 On va en parler avec nos invités.
08:50 Justement, Sylvain Bersinger, ravi de vous accueillir.
08:52 Vous êtes chef économie chez Astéres.
08:54 Et vous avez apporté cette étude passionnante sur la réalité des revenus du monde agricole.
08:59 Je voudrais signaler votre livre, l'un de vos livres,
09:02 "Les entrepreneurs de légende français" chez Henrik B.
09:06 C'est un livre formidable.
09:09 Et à vos côtés, quelqu'un qui est engagé et qui est déjà venu sur notre plateau bien avant la crise agricole.
09:13 Simon Bestel, bonjour.
09:14 Bonjour.
09:15 Vous êtes cofondateur de "Fermes en vie".
09:17 Votre boulot, c'est quoi ?
09:19 C'est de trouver des fermes et de permettre à des urbains ou pas d'ailleurs,
09:23 que leurs fermes soient reprises et pas par des parisiens pour y mettre une piscine.
09:26 C'est ça l'idée ?
09:27 Exactement.
09:28 Des jeunes qui ont un projet agricole, qui veulent une autre agriculture,
09:31 donc tendent vers l'agroécologie.
09:33 Et dans ce cas-là, on finance l'acquisition de la ferme, on les installe.
09:36 Parce que souvent, c'est une difficulté de financer une ferme.
09:38 Ça coûte très cher.
09:40 On leur permet de s'installer avec un petit avantage économique.
09:43 Ça, c'est le monde merveilleux de Simon Bestel sur le débat de Smart Jobs.
09:47 Sauf qu'au même moment, il y a trois jours,
09:50 on nous annonce l'arrêt ou la remise en question des cofitos.
09:55 Bon, c'est-à-dire qu'on va laisser les pesticides s'épandre.
09:58 C'est exactement à l'encontre de ce que vous portez.
10:00 Comment ça se vit là, concrètement, dans votre quotidien ?
10:03 C'est un peu compliqué, effectivement.
10:05 Sur le fond, c'est un peu une catastrophe.
10:07 Parce qu'il faut aller vers ça, quoi qu'il arrive.
10:10 Il y a la marche forcée.
10:12 Comment vous expliquez que le gouvernement cède aussi facilement à la crise ?
10:15 Ils essayent, ils éteignent l'incendie, on va dire.
10:17 Donc c'est un peu une réaction de court terme.
10:19 On peut comprendre aussi, parce qu'il y a une vraie tension sur les revenus des agriculteurs.
10:22 Donc on voit pourquoi ils le font.
10:25 Maintenant, si ça s'arrête là, ce sera une catastrophe.
10:27 Donc il va falloir enclencher maintenant des négociations avec l'Europe
10:31 pour avoir des vraies actions au niveau européen,
10:33 pour faire que le revenu agricole soit protégé en Europe.
10:35 D'accord. Et maintenir ?
10:37 Vous êtes favorable au maintien des cofitos, voire même de l'accélérer ?
10:40 Bien sûr, il faut même l'accélérer, aller beaucoup plus loin.
10:42 Maintenant, il y a un déséquilibre aujourd'hui
10:44 entre le revenu qu'on peut tirer de l'agriculture
10:46 et les contraintes qu'on met aux agriculteurs.
10:48 Sylvain Versinger, votre étude niveau de vie des agriculteurs,
10:51 l'importance des revenus dans l'agricole,
10:53 on en parlera aussi, parce qu'il y a aujourd'hui beaucoup d'agriculteurs
10:55 qui mettent des panneaux solaires, qui ont des compléments de revenus,
10:58 on le met de côté, mais votre thèse, et c'est très bien expliqué,
11:02 d'abord c'est qu'il y a une baisse évidemment des revenus,
11:04 mais ce n'est pas les mêmes revenus quand on est grand céréalier des plaines de Beauce
11:08 que quand on est éleveur dans le Larzac ou en Ardèche,
11:11 puisque je crois que vous êtes d'Ardèche.
11:13 Oui, mais c'est sûr qu'on dit souvent les agriculteurs,
11:15 la crise du monde agricole, les revenus agricoles.
11:18 Ça ne veut rien dire.
11:19 Disons qu'on fait des moyennes sur des réalités très différentes.
11:23 On sait par exemple que les éleveurs ont des revenus en moyenne
11:25 beaucoup plus faibles que les céréaliers,
11:27 et on a aussi des chiffres sur l'écart des revenus.
11:31 Donc si on prend le niveau de vie des ménages agricoles,
11:35 c'est un terme un peu barbare, mais en gros c'est les ménages
11:37 où il y a au moins une personne, un des deux adultes qui est agriculteur,
11:40 en fait la répartition, la dispersion des revenus est plus forte
11:45 chez les agriculteurs que chez le reste de la population.
11:47 Donc si vous prenez le nombre qui sont dans les 10% les plus faibles
11:51 et les 10% les plus élevés, en fait cet écart est plus fort
11:53 chez les agriculteurs que chez la moyenne des Français.
11:55 Il y a deux chiffres qui sont intéressants,
11:57 c'est le niveau de pauvreté, il est faible.
11:59 C'est intéressant de le signaler quand même.
12:01 Les agriculteurs tirent la langue, mais tirent leurs revenus,
12:04 la manière de se nourrir aussi, des jardins.
12:06 Le niveau de pauvreté est faible.
12:08 Oui, mais on voit dans la question de la pauvreté,
12:11 on voit la complexité de prendre des chiffres qui vont dans différents sens.
12:16 Parce que c'est vrai que le taux de pauvreté des agriculteurs
12:18 en condition de vie, parce qu'il y a deux taux de pauvreté,
12:20 le taux de pauvreté en condition de vie, c'est-à-dire en gros
12:22 l'INSEE prend je crois qu'il y a une quinzaine de critères de la vie,
12:26 donc c'est le logement, l'alimentation, la santé, etc.
12:29 et regarde la proportion de ces critères où il y a une tension,
12:32 où le seuil de satisfaisant n'est pas rempli.
12:36 Si on regarde ce taux-là, le taux de pauvreté des agriculteurs
12:39 est sensiblement plus faible que le reste de la population.
12:41 Parce que notamment, ils peuvent avoir, mettons, un jardin,
12:43 ils habitent à la campagne où l'immobilier est moins cher,
12:45 par exemple qu'à Paris, etc.
12:47 Après, le taux de pauvreté en condition de vie,
12:49 qui est là, en fait, est plus une mesure, comme je le disais,
12:51 d'inégalité de la répartition des revenus.
12:55 Donc le taux de pauvreté en condition de vie, c'est la part des ménages
12:58 qui sont en dessous de 60% du revenu médian.
13:00 Là, il est légèrement plus élevé.
13:01 Et en fait, ça rejoint cette question de l'inégalité des revenus.
13:04 On va revenir au niveau des revenus et des salaires
13:06 tirés par le fruit du travail de la terre.
13:08 C'était un des grands débats de cette crise.
13:10 Nous voulons vivre dignement de nos revenus.
13:13 Revoyons la loi EGalim.
13:15 Mais quand même, vous qui avez observé les chiffres,
13:17 je leur dis, les grands céréaliers gagnent très bien leur vie
13:19 et n'étaient pas sur les barrages.
13:20 On est d'accord.
13:21 - Alors, il y a des agriculteurs qui gagnent bien leur vie.
13:23 - Je vous vois sourire, Simon Bestel.
13:24 Ceux qui ont 500 hectares en Beauce,
13:26 globalement, ils ne vont pas sur les barrages.
13:28 - Alors, je ne sais pas si c'est exactement sur les barrages,
13:29 mais c'est sûr que tous les agriculteurs ne souffrent pas
13:31 et ne sont pas en difficulté à la fin du mois.
13:33 Comme on le disait, il y a une forte inégalité.
13:35 Il y a des agriculteurs qui ont des revenus tout à fait confortables
13:38 et il y en a qui sont en grande difficulté.
13:40 Donc, c'est vrai qu'il y a une forte diversité.
13:43 - Bovins, viandes, caprins, l'élevage en général,
13:47 ceux qui font le lait, on l'a vu, sont en difficulté.
13:51 Pour le reste, le maraîchage, l'horticulture, la viticulture,
13:55 les grands céréaliers, comme on les appelle, tout va bien.
13:59 C'est qui les personnes qui poussent la porte de votre structure
14:03 pour s'installer ? Qu'est-ce qu'elles veulent faire ?
14:05 Elles veulent réinventer le monde ?
14:08 Proposer autre chose que l'agriculture,
14:10 l'agro-industrie qu'on nous propose aujourd'hui ?
14:12 - C'est exactement ça, en fait.
14:14 Elles veulent avoir une agriculture plus vertueuse,
14:16 c'est-à-dire des exploitations sensiblement plus petites,
14:19 mais surtout beaucoup moins intensives.
14:21 Que ce soit en élevage ou en grande culture ou en maraîchage.
14:23 - C'est rentable ?
14:24 - Ça peut être rentable, mais c'est plus compliqué,
14:26 surtout dans le contexte actuel.
14:28 On voit que le bio va mal, les volumes baissent,
14:31 les prix ont baissé, donc c'est beaucoup plus dur aujourd'hui
14:34 qu'il y a 2 ou 3 ans.
14:35 - Et les grandes surfaces, vous avez remarqué,
14:37 réduisent à la portion qu'on grue les espaces bio.
14:40 - Oui, ça se vend moins bien, donc elles réagissent très vite.
14:43 - Pour en venir à nos histoires de revenus,
14:47 il y a un réel problème de revenus, selon votre étude,
14:50 dans le monde agricole, parce que c'était une des causes principales.
14:52 D'autres disent que ce n'est pas que ça,
14:54 c'est un problème aussi de reconnaissance, de respect du travail.
14:57 - J'ai envie de répondre oui et non,
14:59 et je vais rebondir sur cette question de reconnaissance.
15:01 Quand on prend les revenus des ménages agricoles,
15:03 le revenu disponible, c'est-à-dire ce qui reste pour consommer,
15:05 des ménages où il y a au moins un agriculteur ou deux.
15:07 Grosso modo, il est équivalent au reste des Français.
15:10 - C'est combien ?
15:11 - Les derniers chiffres de l'INSEE, c'était 22 000 euros.
15:14 - À l'année ?
15:15 - Oui, mais c'est en niveau de vie,
15:16 donc c'est pondéré par la composition des ménages.
15:18 Ça ne veut pas forcément dire qu'on a 22 000 euros
15:20 sur son compte bancaire.
15:21 Ce qui est très intéressant, c'est que dans les ménages agricoles,
15:24 le revenu tiré directement de l'agriculture n'est pas la majorité.
15:27 C'est à peu près un gros tiers.
15:29 En fait, la majorité des revenus des ménages agricoles,
15:31 c'est des revenus salariaux.
15:32 Donc c'est soit l'agriculteur qui a un emploi salarié en parallèle,
15:35 ça arrive, soit c'est le conjoint.
15:36 - C'est ça.
15:37 - Souvent la femme, parce que c'est souvent assez genré,
15:39 les agriculteurs sont majoritairement des hommes.
15:41 Et donc en fait, les agriculteurs, au bout du compte,
15:43 en moyenne bien sûr, ont un niveau de vie à peu près comparable
15:46 au reste de la population,
15:47 mais ils ont ce niveau de vie comparable grâce à des revenus annexes,
15:50 notamment le salaire du conjoint, où vous le pariez,
15:52 ça peut être des photos voltaïques, ça peut être on a un gîte qu'on loue,
15:55 ça peut être des revenus annexes.
15:56 - De plus en plus, c'est ça.
15:57 - Et ça, ça crée un sentiment aussi de j'arrive pas à vivre de mon travail,
16:00 parce que oui, je boucle mon moi et voilà, j'arrive pas à vivre.
16:02 - Mais pas de la passion pour laquelle...
16:03 - Mais pas directement du travail.
16:04 Et ça, ça se ressort très clairement des chiffres.
16:06 - Justement, une question technique,
16:08 parce que là, on voit qu'il y a le revenu qui est stable,
16:11 effectivement, ces chiffres, 22 210 contre 21 480,
16:15 ça c'est des chiffres astérès,
16:16 mais on a entendu aussi quand même qu'un nombre d'agriculteurs
16:19 qui travaillaient avec les produits chimiques, les intrants,
16:22 avaient vu les prix de ces intrants progresser,
16:24 ce qui fait évidemment, mécaniquement, ça fait en plus baisser leur revenu.
16:27 J'imagine que vous portez ce discours en disant
16:29 mais moins vous mettez de produits chimiques très chers,
16:32 plus vous allez dégager de revenus.
16:34 Enfin, ça me semble assez logique.
16:36 - Complètement, et c'est pour ça que je dis que même dans le bruit,
16:38 il y en a qui s'en sortent toujours bien,
16:39 parce que justement, ils maîtrisent parfaitement le coût de leurs intrants,
16:42 ils en ont quasiment pas.
16:43 Donc, même avec une baisse relative du prix de vente,
16:47 ils arrivent toujours à vivre de leur activité.
16:50 Donc, effectivement, je pense que dans l'avenir,
16:52 ça va devenir aussi un choix d'aller vers plus d'agroécologie et moins d'intrants,
16:57 parce que les intrants sont condamnés à grimper, à former.
17:00 - Mais encore une fois, je ne veux pas insister lourdement,
17:01 mais vous voyez bien que c'est tout à fait orthogonal
17:03 avec ce qu'on entend dans les médias mainstream
17:05 qui nous disent "on arrête les éco-phyto,
17:07 on remet du gazole à un prix non détaxé".
17:11 Ça va à l'encontre, on est d'accord.
17:12 Pour vous, c'est purement conjoncturel.
17:14 On a éteint l'incendie, ça ne règle pas le problème.
17:17 - Ça ne règle pas le problème,
17:18 et si on ne fait pas quelque chose au niveau européen, encore une fois,
17:21 pour par exemple revoir l'accord Mercosur
17:24 qui va ouvrir grandement les frontières aux impôts de l'action...
17:27 - Amérique du Sud.
17:28 - Voilà, sur l'Amérique du Sud, le problème va perdurer,
17:31 et je ne vois pas comment on peut sortir des pesticides
17:35 s'il faut vendre toujours à un coût plus bas les productions agricoles.
17:40 - Vous ouvrez quand même, parce qu'on parle de l'Europe,
17:43 il y a la guerre en Ukraine,
17:45 et vous ouvrez une partie de cette note sur les importations agricoles d'Ukraine,
17:48 une menace difficile à estimer, donc là, vous ne prenez pas de risque.
17:52 Elle menace vraiment nos poulets français ?
17:55 Parce qu'on voit bien, il faut rappeler à ceux qui nous regardent,
17:58 que l'Ukraine est amputée d'une partie de son espace agricole
18:01 parce qu'il y a la guerre.
18:03 - C'est vrai que la question des importations ukrainiennes,
18:05 je le dis un peu dans la note,
18:06 elle n'est pas facile à traiter, à avoir une idée précise.
18:09 Il y a des chiffres Eurostat,
18:11 mais selon qu'on prenne des chiffres en valeur ou en volume,
18:13 ce n'est pas forcément la même chose,
18:14 et il y a des variations très importantes.
18:16 Il y a une question aussi très importante,
18:18 c'est qu'on a vu une hausse des importations agricoles ukrainiennes en Europe.
18:21 Quels que soient les chiffres qu'on prend, on le voit.
18:24 Mais la question très importante,
18:26 c'est est-ce que ces importations ukrainiennes se font ou pas au détriment ?
18:30 Si on importe d'Ukraine un produit qui avant venait du Brésil ou je ne sais où,
18:34 pour l'agriculteur français, ça ne change pas forcément grand-chose.
18:36 Et ça, c'est très dur à voir dans les chiffres,
18:38 parce qu'il faut croiser des chiffres qui ont de très fortes variations mensuelles,
18:42 et les commerces agricoles peuvent aussi varier selon les bonnes ou mauvaises récoltes.
18:45 Il peut y avoir plus d'importations ou d'exportations selon...
18:47 Et le cours va monter.
18:49 En plus, mécaniquement, le cours monte.
18:50 Et il y a des impacts sur le cours.
18:51 Avant de nous quitter, parce que je m'adresse à l'économiste et à celui qui a les pieds dans la glaise,
18:55 ce qui ne veut pas dire que Sylvain Bersinger n'a pas aussi les pieds dans la glaise de temps à autre,
18:59 mais la grande distribution, l'espèce de rapport très monopolistique à une relation d'un produit,
19:03 je pense au lait, je pense à certains produits agricoles,
19:06 où les centrales d'achat vont faire baisser les prix en dessous du prix de fabrication.
19:11 C'est tenable ?
19:13 Ou est-ce que vous dites à vos agriculteurs "invente un autre modèle économique,
19:16 vends sur place à la ferme, trouve des filières différentes".
19:19 Qu'est-ce que vous leur proposez ?
19:20 Nous, à notre échelle, comme on est relativement petit,
19:23 donc on concerne un nombre limité d'agriculteurs,
19:25 évidemment, c'est plutôt le discours qu'on contient,
19:27 "maitriser vos filières de distribution et de vente".
19:30 Maintenant, pour résoudre la problématique de l'agriculture à une échelle nationale ou européenne,
19:35 forcément, il va falloir qu'il y ait une transformation aussi de la distribution.
19:39 On ne fera pas sans eux pour avoir un impact massif sur l'agriculture à l'échelle européenne.
19:44 Parce que j'attends la note asteresse sur, effectivement, à l'aune de la crise agricole,
19:48 le discours de la grande distribution qui est venu largement sur les plateaux de télé,
19:52 expliquer qu'elle avait qu'un seul objectif, c'est de vendre le moins cher possible pour les consommateurs.
19:56 Mais le monde agricole disait tout à fait l'inverse sur les barrages.
19:59 C'est vrai qu'il y a une contradiction, ou en tout cas deux données un peu contraires,
20:03 qui sont d'un côté, on veut des revenus plus élevés pour les agriculteurs,
20:06 et d'un autre côté, on a une inflation alimentaire très forte, là elle se calme un peu,
20:09 mais elle est toujours très forte, avec des ménages qui disent "j'arrive plus à remplir mon caddie".
20:12 Et c'est vrai que pour le gouvernement qui est au milieu de ça,
20:14 je reconnais que ce n'est pas facile de concilier la chèvre à le choucher.
20:17 Pour l'agriculteur qui fait de la polyculture, parce que j'imagine que vous avez aussi
20:20 beaucoup de personnes qui s'installent en faisant de la polyculture,
20:22 il y a un petit peu de céréales, mais aussi de l'élevage.
20:25 Ils font leur salade à 0,25, ça leur coûte 0,25,
20:29 et à 0,30, on la rachète à 0,25 ou à 0,30.
20:33 Comment on fait pour vivre là ? Comment on fait concrètement ?
20:36 On ne vit pas. Donc c'est ça, on a un conjoint qui a un emploi,
20:41 ou on a soi-même un deuxième emploi à l'extérieur pour continuer à vivre.
20:44 Mais on ne vit pas. Et surtout, encore une fois, l'agriculture est aussi très capitalistique,
20:48 donc il ne faut pas voir juste la partie revenu, mais il faut rembourser aussi les emplois, les banques,
20:53 les investissements.
20:54 Un tracteur c'est 80 000 euros, enfin 60 000 euros.
20:56 Exactement, et c'est ce qui mange, dans beaucoup de cas, une grosse partie du revenu de l'agriculteur.
21:01 On en est sortis, Sylvain Bersinger, parce que moi j'entends quand même un expert qui nous dit
21:05 "on éteint l'incendie, mais globalement on ne fait que repousser le problème".
21:08 Vous, l'économiste, vous dites "ça y est, on a tourné le dos à la crise"
21:12 ou il y a encore la cendre, les braises sous la cendre ?
21:16 Non, je ne crois pas qu'on a tourné le dos, et je pense d'ailleurs que ça fait...
21:19 si on avait été 20 ou 30 ans en arrière, on aurait eu aussi des questions de revenus agricoles.
21:24 Moi je viens du milieu agricole, quand j'étais gamin, il y a 25-30 ans,
21:28 j'entendais aussi mes parents parler des revenus agricoles,
21:30 et je pense qu'il y a 50 ans c'était le cas aussi, et peut-être même il y a 100 ans.
21:32 Donc non, je ne pense pas que...
21:35 le gouvernement a pris quelques mesures, comme vous le disiez, pour éteindre l'incendie,
21:38 mais non, je pense que la question des revenus agricoles, elle n'est pas du tout réglée.
21:42 Ce type de crise, à mon avis, peut rebondir dans quelques mois, quelques années, probablement même.
21:47 Et crise européenne, avec une élection, faut-il le rappeler, européenne,
21:50 importante, qui peut être aussi un élément, un des leviers de cette campagne des européennes.
21:55 Ce sera le 2 juin prochain, si je ne m'abuse.
21:57 Merci à vous messieurs de nous avoir éclairés tant du côté d'Asterès avec Sylvain Bersinger,
22:01 cette note, lisez-la, elle est vraiment très intéressante.
22:03 Et puis Simon Bestel, pour aller voir aussi les activités que fait sa structure,
22:08 "Ferme envie, installez-vous si vous voulez devenir agriculteur".
22:10 Bon c'est vrai que les vents sont un peu contraires, mais quand il y a la passion,
22:14 quand il y a la volonté, il y a le chemin, c'est ça ? C'est ce qu'on dit ?
22:17 Exactement.
22:18 Quand il y a la volonté, il y a le chemin.
22:19 Merci à vous deux.
22:20 On tourne une page et on termine notre émission avec "Fenêtres sur l'emploi".
22:24 Alors là, c'est un sujet salarié, avec une volatilité des candidats de plus en plus importante.
22:29 On en parle avec notre invité.
22:30 "Fenêtres sur l'emploi", j'évoquais la volatilité des candidats en 2024,
22:46 "Eclairage" avec Coralie Rachet. Bonjour Coralie.
22:49 Bonjour Arnaud.
22:50 Ravie de vous accueillir. Directrice Générale chez Robert Walters.
22:53 Parfait.
22:54 Je l'ai bien fait cette fois-ci.
22:55 C'est intéressant quand même de revenir sur cette notion de candidat volatile.
23:01 Qu'est-ce que vous appelez un candidat volatile ?
23:03 Il ghoste, il vient pas, il vient et il s'en va ? C'est quoi le concept ?
23:07 Le concept de la volatilité vient rejoindre le contexte de la fluidité du marché de l'emploi, en fait.
23:12 C'est un terme qu'on a beaucoup utilisé cette année parce qu'il y a eu beaucoup de refus d'offres,
23:17 qu'il y a eu beaucoup de tensions pour clôturer des deals.
23:20 Et on a eu un autre phénomène dont vous avez déjà parlé dans une émission,
23:23 qui est le... Comment ça s'appelle ?
23:25 Ah oui, ce terme anglais.
23:27 Exactement.
23:28 Absolument. Et qu'on a développé, qui est le "je pars".
23:31 Enfin, comment on pourrait le donner ce terme ?
23:35 C'est le "rage applying".
23:37 C'est ça.
23:38 Le "rage applying" qui consiste à avoir une réaction compulsive
23:41 et se mettre à postuler.
23:43 S'envoie plein d'annonces.
23:44 Exactement. Donc une dimension opportuniste, c'est là où on parle d'une forme de volatilité
23:47 qui agace, qui ne rassure pas et sur laquelle les entreprises ont commencé à mettre des limites.
23:51 Alors, dans votre étude, Robert Walters, qui est souvent comme ça un peu le baromètre,
23:55 on voit quand même qu'en 2024, on n'avait pas le même discours.
23:58 Vous étiez venu, vous venez régulièrement en 2022, 2023.
24:01 Là, les entreprises ne seront plus prêtes à tout pour recruter.
24:05 Ça, c'est vachement intéressant.
24:07 Oui, exactement.
24:08 C'est-à-dire qu'on stabilise les choses.
24:10 On a une forme de rééquilibrage.
24:12 On a parlé de forie, de chiffres records les dernières années, d'inflation, de rémunération.
24:17 On avait des cas vraiment très étonnants au-delà du marché.
24:20 Et cette année, il y a eu un ralentissement.
24:22 Il y a eu des entreprises qui ont eu le courage de mettre des limites.
24:26 Ça posait un certain nombre de problématiques, de jouer cette inflation.
24:30 Et d'ailleurs, ça a été adapté aussi dans les processus de recrutement.
24:34 Je m'explique. Dans les processus de recrutement, le sujet de la rémunération
24:38 était un sujet qui était beaucoup creusé à la toute fin des entretiens.
24:42 Et c'est à ce moment-là où ça coinçait, où on créait de la frustration.
24:46 Et on avait perdu du temps, parce qu'on avait construit quelque chose et que ça buguait.
24:49 Exactement. Dans beaucoup de démarches, avec un certain nombre de nos clients,
24:52 deuxième entretien, on s'assure que le candidat, à tel niveau de rémunération,
24:56 à tel niveau de télétravail, parce qu'on parle de rémunération,
24:59 mais aussi des conditions de travail, il est prêt à s'engager, à signer et aller jusqu'au bout.
25:02 On gère les irritants très vite.
25:04 Exactement.
25:05 Et puis, on déploie un échange construit.
25:08 Pourquoi on ne l'a pas fait avant ? Parce que ça semble tellement évident.
25:11 Vous êtes une experte du sujet. On se dit que c'est évident.
25:14 J'allais dire, les cabinets de recrutement professionnalisent beaucoup cette partie-là.
25:18 On forme beaucoup nos consultants à travailler très en amont.
25:21 Mais le phénomène est devenu tellement significatif que les processus
25:25 ont même été dictés par les clients eux-mêmes et ont été renforcés.
25:28 Donc, c'est des processus et une professionnalisation qui continuent et qui continuent.
25:32 On a des candidats volatiles. On évoquait ce phénomène avec des gens qui veulent bouger.
25:36 Il y a quand même toujours cette tentation de Venise, l'envie de changer de boîte.
25:39 Il y a quand même 79% des cas qui déclarent ne pas être inquiets vis-à-vis de l'apparition de l'IA.
25:44 Je voulais le signaler, parce que c'est le sujet d'actualité qui monte.
25:47 On se dit, on va être remplacé par l'IA. Les cas disent non, pour l'instant, ça va.
25:51 Et 90% des cas déclarent prêter une attention importante aux valeurs des entreprises,
25:56 avec vie pro, vie perso.
25:58 Ça, c'est monté depuis le Covid, quand même.
26:00 C'est-à-dire que ça, c'est aussi un élément en plus dans la négo.
26:03 On évoquait le télétravail.
26:05 On évoquait le télétravail. Il y a eu des attentes sur de la flexibilité, sur des valeurs,
26:09 sur les sujets de RSE, d'empreintes caroines et autres.
26:12 Néanmoins, notre réalité, c'est qu'au bout du bout, la première des priorités,
26:17 la première raison de refus ou de changement de poste, ça reste la rémunération.
26:21 Et cette année, 2023 et début 2024, n'y déroge pas.
26:25 Il y a un petit coup de frein sur les hausses de salaire.
26:27 Sur les échos publics, on sera à 3,6, je crois.
26:30 Plus bas que ce qui avait été espéré.
26:32 On est en train de produire une nouvelle enquête, mais nous, on avait estimé 4%.
26:36 Et effectivement, peut-être que ça sera un peu en deçà.
26:38 Sauf à parler de la prime de risque de ces candidats qui prennent le risque de changer de poste.
26:42 Et là, on parle plus de 15% d'évolution de salaire.
26:46 Sur ce plateau, il y a quelques temps, pendant le Covid, vous étiez venu nous éclairer aussi
26:49 sur l'état du marché de l'emploi.
26:51 Je vous avais posé cette question.
26:53 On a le sentiment, à l'époque du Covid, rappelez-vous,
26:55 que les salariés avaient pris le pouvoir.
26:57 Et ça, vous le ressentiez.
26:58 Ils avaient beaucoup d'exigences, beaucoup de demandes,
27:00 et globalement, ils gagnaient tout le temps. Ou presque.
27:02 Est-ce qu'on n'est pas en train de rééquilibrer le rapport de force ?
27:05 Je pense qu'il y a un rééquilibrage.
27:07 Il faut reprendre aussi les volumes d'offres d'emploi l'année dernière.
27:09 On a baissé de 21% le volume d'offres d'emploi fin 2023 versus 2022.
27:15 Alors, ça reste des chiffres, encore une fois, significatifs.
27:17 On est sur des volumes avant Covid.
27:19 Donc, ça vient quand même créer une forme de rééquilibrage.
27:22 Même si, encore une fois, on reste, nous, très optimistes et positifs
27:26 sur le marché de l'emploi début 2024.
27:28 Quels sont les secteurs, avant de nous quitter ?
27:30 C'est important, ça, vous le faites aussi.
27:32 Et c'est intéressant, parce qu'on ne regarde pas l'ensemble, le global.
27:34 On se dit, tiens, moi, je suis dans le secteur.
27:36 C'est quoi les secteurs qui, aujourd'hui, vont tirer leur épingle du jeu en 2024 ?
27:41 Je vous invite à aller sur le site Robert Walters,
27:43 consulter la grille de rémunération des secteurs,
27:46 même si, dans les grandes lignes,
27:48 ceux sur quoi on a insisté dans nos communiqués de presse,
27:51 c'était surtout des fonctions, les fonctions régaliennes,
27:53 en direction financière, direction juridique,
27:55 exactement, l'informatique, toujours,
27:58 même s'il y a eu une petite baisse et un rééquilibrage.
28:01 Plus 7 en finances,
28:03 achat supply chain, plus 4,
28:06 intéressant, parce que là, il y a aussi de forts besoins.
28:08 Et ça, c'est très intéressant,
28:10 ce qui revient au débat du bien-être et de l'équilibre au travail,
28:14 ressources humaines, moyenne des augmentations de prévision, plus 5.
28:18 Juste avant de nous quitter, ça veut dire que là,
28:20 les entreprises se disent, si on veut garder nos collaborateurs,
28:23 on parle de recrutement, mais si on veut les garder,
28:25 il faut mettre le paquet.
28:26 Il faut soigner nos RH, nos DRH, je sais que vous en recevez beaucoup,
28:29 qui vivent des périodes très challenging,
28:32 et qui doivent travailler rétention, attraction,
28:35 dans un monde qui est toujours plus volatile.
28:37 Donc oui, il faut soigner, chouchouter nos RH.
28:41 Coralie Rachet, merci.
28:42 Et puis Robert Walters, réalisé sur plus de 1400 cadres et entreprises,
28:46 ce qui donne quand même une température et une photographie extrêmement précises.
28:50 Allez sur le site, puisque maintenant c'est numérique,
28:52 avant on l'avait en papier.
28:53 Merci Coralie, directrice générale de Robert Walters.
28:56 Merci d'avoir clos cette émission avec moi.
28:58 Merci à vous, merci de votre fidélité.
29:00 Évidemment, je vous retrouve très prochainement
29:02 pour une nouvelle émission de Smart Job.
29:04 Je vous dis à très bientôt. Bye bye.
29:05 [Musique]