Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, répond aux questions de Romain Desarbres au sujet de la mobilisation des agriculteurs en France et des annonces de Gabriel Attal notamment sur la souveraineté alimentaire.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Romain Desarbres" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres
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00:04 - Bonjour Marc Lainaud. - Bonjour.
00:06 - Merci d'être avec nous. Vous êtes ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire de la France.
00:12 Et Diossex n'est pas anodin.
00:13 Vous êtes ministre de l'Agriculture depuis un an et huit mois.
00:16 Vous vivez l'une des plus graves crises agricoles que la France ait connues.
00:20 Ce matin, la plupart des barrages sont levés.
00:22 Vous vous rendrez cet après-midi dans les Ros, puis dans le Gard, pour présenter des mesures concrètes aux viticulteurs.
00:28 Avant de rentrer dans le détail de ces mesures, est-ce que vous considérez que cette crise est derrière vous, derrière nous,
00:35 ou est-ce que vous êtes en sursis jusqu'au Salon de l'Agriculture dans trois semaines ?
00:39 - Le moment de la crise le plus visible, manifestement, compte tenu des consignes qui ont été données par un certain nombre de syndicats,
00:47 est plutôt derrière nous.
00:49 Mais les sujets de la crise, les sujets que nous avons à traiter et qui ont émergé dans cette crise, ils sont encore devant nous.
00:57 Il y a des sujets qu'on a traités immédiatement, on y reviendra sur un certain nombre de filières, sur des simplifications immédiates.
01:04 Mais on sait très bien que des simplifications, il faut en produire d'autres.
01:07 Nous avons aussi des débats européens.
01:09 Nous avons aussi des sujets législatifs qui viendront dans le texte que je porterai sur l'orientation agricole.
01:14 Donc la partie la plus éruptive ou la plus visible pour chacune et chacun d'entre nous peut être pas.
01:19 - Vous avez éteint l'incendie, il va falloir reconstruire.
01:21 - Non mais moi je crois que les agriculteurs ne nous ont pas donné inquiétudes pour l'éternité, si je peux dire.
01:26 Ils nous ont dit, on a entendu les mesures.
01:28 - C'est parce qu'on a compris, effectivement.
01:29 - Ils nous ont dit, non, il faut être lucide.
01:30 Vous voyez, j'essaie de faire un exercice de lucidité.
01:32 Ils nous ont dit, on a compris les premières mesures qui ont été prises, on vous en donne acte ou gage.
01:37 Mais il y a des tas d'autres choses à traiter.
01:39 Il y a des sujets européens aussi qu'on aura traités.
01:41 Donc l'idée n'est pas de lever le pied, l'idée est plutôt d'accélérer sur les mesures telles qu'elles ont été annoncées par le Premier ministre,
01:48 aussi par le Président de la République, les intentions qu'il a données sur les questions européennes.
01:51 - Les agriculteurs qui attendent des engagements écrits, quand est-ce que vous allez les envoyer ?
01:55 - Ils ont été donnés au syndicat hier sur ce qui a été en fait, ça a repris les annonces du Premier ministre.
01:59 Moi, je me sens dépositaire de ce que nous avons dit durant cette crise, de ce qui a été dit durant cette crise,
02:03 et de faire en sorte que petit à petit, l'ensemble des sujets qui ont été mis sur la table soit résolu.
02:08 - Alors, les aides, on va commencer par les aides.
02:10 Entre les premières annonces vendredi dernier et celles que Gabriel Attal a faites hier, il y a eu beaucoup de promesses.
02:16 Ces promesses ont un coût, 400 millions d'euros au total.
02:20 On va y revenir, vous avez promis 150 millions d'euros pour les éleveurs.
02:23 Comment cette somme va-t-elle être répartie, 150 millions chez les éleveurs ?
02:27 - C'est une somme qui va être répartie sur des allègements fiscaux et des allègements sociaux,
02:31 qui permettent au fond, c'est de la trésorerie qu'on dégage immédiatement.
02:35 - C'est un chèque versé ?
02:37 - Oui, c'est comme ça que ça se passera.
02:39 Quand vous avez un stock d'animaux, vous êtes taxé sur le stock, et tant que vous l'avez, vous êtes taxé,
02:44 alors qu'il vaudrait mieux être taxé à la sortie, quand vous le vendez.
02:47 C'est une incitation à garder le troupeau, à lutter contre la décapitalisation.
02:50 C'est un signe important pour les éleveurs, en particulier bovins,
02:54 parce qu'on sait que c'est un secteur qui souffre depuis des années,
02:58 qui a besoin d'être conforté dans son rôle de souveraineté et aussi d'être conforté dans son...
03:02 - Donc ça ira en majorité à l'élevage bovin ?
03:04 - C'est l'élevage bovin, oui, principalement.
03:06 - 400 millions d'euros au total, plus les aides pour le GNR, vous confirmez ces chiffres ?
03:11 - Oui, les aides pour le GNR, c'est une avance de trésorerie.
03:15 Comme vous le savez, le GNR, vous payez la taxe, et puis après, vous êtes remboursé en fin d'année,
03:18 voire un peu plus tard. Là, en avance de phase, le guichet a été ouvert hier,
03:22 donc on est conforme aux annonces qui avaient été faites par le Premier ministre en moins de 8 jours.
03:25 Le guichet a été ouvert hier, vous pouvez vous faire rembourser à peu près 50%
03:29 de ce qui était votre déficit, qui était dû par l'État.
03:32 C'est 200 millions à peu près d'euros qui vont aller dans les exploitations.
03:36 - Donc 400 millions plus 200 millions ?
03:38 - Qui est une trésorerie avancée, absolument.
03:41 - Merci à Bruno Le Maire pour...
03:43 - Vous vous doutez bien que si nous avons fait ces annonces...
03:46 - Vous avez dit que c'était la fin du quoi qu'il en coûte, pour sortir le chéquier, là.
03:49 - Vous voyez bien que dans un certain nombre de cas, on avait besoin de toutes façons
03:52 de mesures conjoncturelles, voire structurelles.
03:54 Vous prenez le cas de la viticulture.
03:56 On met 80 millions de mesures conjoncturelles pour faire face à la crise,
03:59 et puis 150 millions qui visent à faire quoi ?
04:02 A restructurer notre vignoble et à le préparer pour l'avenir.
04:04 C'est pas un mauvais investissement quand c'est sur du moyen long terme.
04:07 Et c'est ça ce qu'on a essayé de travailler aussi, c'est-à-dire d'avoir des mesures de court terme,
04:10 et puis d'avoir des mesures de long terme.
04:12 - Alors, une question sur la méthode du gouvernement Feneau.
04:15 Ce sont des mesures d'urgence que vous avez annoncées depuis vendredi dernier,
04:18 mais pour que ça fonctionne, personne n'est dupe,
04:22 il faut changer le plan européen, sur le plan européen.
04:27 C'est à Bruxelles que ça se passe.
04:29 Le Président dit qu'il faut un égalime européen.
04:32 La France a les moyens de ses ambitions,
04:34 quand en France il aura fallu des dizaines de milliers d'agriculteurs dans la rue
04:37 pour tenter de faire respecter la loi égalité ?
04:39 - D'abord, rappelons que c'est la France et elle seule qui a monté Egalim,
04:42 et c'était sous l'impulsion du Président de la République en 2017,
04:45 et qui est venue rompre avec ce qui était la loi de modernisation de l'économie,
04:48 la fameuse loi LME.
04:49 Et donc c'est nous qui avons pris l'initiative en France de la loi Egalim.
04:52 On s'est rendu compte que les premières années, ça avait plutôt bien fonctionné,
04:54 mais que dans le contexte inflationniste, un certain nombre de gens,
04:57 soit par des centrales européennes, soit par d'autres voies, détournaient Egalim.
05:00 Qu'est-ce que ça dit aussi ?
05:02 Ça dit que ce que nous avons porté, nous, de la rémunération,
05:04 et ça a été porté par le Président de la République dans ses différentes campagnes,
05:07 ça a plutôt fonctionné.
05:09 Il faut mettre en place des contrôles,
05:10 parce qu'on voit bien qu'un certain nombre de gens sont en train de les dévoyer,
05:12 mais ça fonctionnerait beaucoup mieux au niveau européen,
05:15 parce que ça permettrait que l'ensemble des agriculteurs européens
05:18 trouvent leur rémunération.
05:19 Vous voyez bien que la crise, vous avez des images de Bruxelles,
05:23 - On ne voit pas sur Europe 1, mais il y a des images de Bruxelles,
05:25 - de Bruxelles derrière nous ou à côté de nous.
05:26 - Des Flemmes, oui.
05:27 - Vous voyez bien que la crise, elle est française et elle est européenne,
05:29 elle interroge sur la question de la rémunération,
05:31 et puis au-delà des galimes, on a besoin de poser sur la table des sujets européens.
05:35 - Mais la France a assez de poids aujourd'hui pour imposer un égalisme européen ?
05:38 - Il me semble que sur les trois sujets qui étaient portés par la France,
05:41 le sujet ukrainien, le sujet de la dérogation sur les jachères,
05:45 et le sujet mercosur, la voie de la France par l'entremise du Président de la République,
05:49 en particulier, elle a pesé, me semble-t-il.
05:51 Et donc si elle a pesé ces derniers temps, elle va peser dans les temps qui viennent,
05:55 mais dans une logique de coalition, on a besoin de trouver des alliés.
05:58 J'ai porté la voie de la France sur la question de la jachère,
06:00 on y est arrivé pourquoi ? Parce qu'à la fin, nous avions plus d'une vingtaine de pays
06:03 qui suivaient notre position. C'est pas tout seul la France.
06:06 Mais la France, elle a une voie particulière en Europe,
06:08 elle s'est fait entendre ces derniers mois, ces dernières années,
06:10 sur ces sujets-là comme sur d'autres d'ailleurs, il convient de continuer à le faire.
06:14 - Un revenu garanti pour les agriculteurs, en clair,
06:17 la loi galime garantit aux agriculteurs le fait qu'ils ne vendent pas leurs productions à perte.
06:23 - Absolument, elle doit garantir le fait que la matière première agricole soit prise en compte
06:26 dans le cadre des coûts de production, et de faire en sorte qu'on ne rémunère pas
06:29 en dessous des coûts de production les agriculteurs.
06:31 C'est une rupture historique qui a été produite avec Egalim,
06:33 même s'il faut l'appliquer, et qu'il y a des gens qui dévoient la règle.
06:36 - Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, on va prendre l'exemple du lait.
06:39 Ça veut dire que pour le lait, par exemple, on ne va plus acheter le lait
06:43 à moins de 45 centimes le litre.
06:46 - C'est ça, c'est le point d'équilibre là.
06:47 - Aujourd'hui, il est acheté à 40 centimes le litre, vous connaissez le sujet.
06:50 - On attend, absolument.
06:51 - Et 40 centimes, ils ne vivent pas.
06:52 - Ils ne vivent pas.
06:53 - Bon, ils demandent 45-50.
06:55 - C'est différent d'un territoire à l'autre.
06:57 - Mais ça, c'est très concret.
06:58 - Oui, c'est très concret, mais c'est l'objectif qui doit être atteint.
07:00 Il y a un certain nombre d'ailleurs d'opérateurs de lait qui sont...
07:02 - Donc ça ne sera pas le cas demain.
07:03 - Mais la négociation devait se terminer le 31.
07:06 Je ne veux pas comprendre qu'il y ait un certain nombre d'endroits
07:08 où la négociation s'est rompue.
07:09 C'est une négociation.
07:10 Il y a un point d'équilibre qui doit se trouver.
07:12 Pour certains, c'est autour de 450.
07:14 Je suis sur les 1 000 litres là.
07:15 - Oui, voilà, oui, ce qui revient à 40 centimes, mais c'est 450 les 1 000 litres.
07:18 - Moi, je suis sur le gros volume.
07:19 - Oui.
07:20 - Reconnaissons que parfois 10 ou 20 euros des 1 000 litres, ça fait 0 à 1 centime.
07:24 Vous voyez ce que je veux dire.
07:26 Ce n'est pas énorme et donc chacun doit faire sa part de l'effort.
07:28 C'est un effort continu.
07:29 La rémunération du lait s'est plutôt améliorée ces derniers mois et ces dernières années.
07:32 Là, on est dans un moment de crise qui justifie qu'il y ait un effort particulier
07:35 qui soit fait par les transformateurs et les distributeurs.
07:37 - Il y a un gros sujet également sur l'origine des produits.
07:40 On a beaucoup parlé du miel.
07:41 Qu'est-ce qui va changer, par exemple, pour le miel ?
07:43 C'est scandaleux ce qui se passe avec le miel.
07:45 C'est-à-dire que le miel français coûte forcément très cher à produire
07:50 et on importe un miel qui n'est pas du tout de la même qualité.
07:52 - Mais surtout, on dit qu'un miel est français alors qu'à l'intérieur, il ne l'est pas.
07:56 D'abord, on a un problème d'étiquetage.
07:58 Il y a un travail qui a été fait par les députés européens,
08:00 tous les députés européens, y compris ceux du groupe Renew,
08:03 qui est un travail d'étiquetage, qu'on ne puisse pas appeler un miel français
08:06 quand ce n'est pas un miel français ou un miel italien,
08:08 d'ailleurs pour les Italiens qui en produisent, ou les Espagnols.
08:10 Donc, on a un premier sujet, c'est un sujet d'étiquetage.
08:13 On ne peut pas faire du mélange comme ça. Il me semble que c'est un élément important.
08:16 Et donc, au niveau européen, on a besoin sur l'ensemble des productions
08:19 de pouvoir donner de la transparence aux consommateurs.
08:22 C'est-à-dire, vous achetez un produit, sachez ce que vous achetez.
08:25 Et avec ça, ils feront en conscience aussi leur choix.
08:27 Mais il y a besoin de transparence et d'une meilleure transparence.
08:30 Le président de la République, et j'ai emboîté le pas sur le sujet
08:34 puisque nous y travaillons depuis plusieurs mois,
08:36 il y a une réglementation européenne qui est en attente sur l'étiquetage.
08:39 Il faut que cette réglementation européenne soit mise sur la table
08:41 par la Commission européenne pour qu'on puisse en débattre
08:43 et qu'on puisse la voter dans des délais qui soient des délais raisonnables.
08:46 Alors hier, il y a un mot qui s'est glissé dans vos discours au Premier ministre,
08:50 à vous, à Bruno Le Maire, c'est le mot "souveraineté".
08:53 Vous étiez passé le mot, évidemment.
08:55 Même pas, pour tout vous dire.
08:57 J'aurais pas besoin de se passer le mot pour parler de souveraineté, à vrai dire.
09:00 L'objectif de souveraineté alimentaire.
09:02 On va voir ce que ça veut dire politiquement, mais déjà, très concrètement.
09:05 Ça veut dire quoi ? L'objectif de souveraineté alimentaire
09:07 qui sera inscrit dans la loi. Qu'est-ce qui va changer ?
09:10 Ça veut dire que nous avons un objectif de politique publique
09:13 et qui doit s'aligner, et qui doivent s'aligner, je parle des politiques publiques,
09:17 c'est le fait que nous retrouvions la souveraineté alimentaire
09:19 et la sécurité alimentaire en Europe et en France.
09:23 La souveraineté alimentaire, c'est quoi ?
09:24 C'est pas l'autarcie, la souveraineté alimentaire.
09:26 C'est pas l'autosuffisance.
09:28 La souveraineté alimentaire, c'est que nous décidions
09:30 que sur un certain nombre de filières où nous sommes déficitaires,
09:32 je pense aux fruits et légumes, je pense aux ovins,
09:35 je pense à d'autres filières, nous fassions en sorte de reconquérir
09:37 cette souveraineté que nous avions il y a 25 ou 30 ans.
09:39 C'est une lente dégradation à laquelle on a assisté pendant 25 ou 30 ans,
09:42 chacun doit prendre sa part, je prends la mienne,
09:44 et donc on doit réinverser cette tendance-là,
09:46 mais la souveraineté, c'est pas, la France n'est pas une puissance exportatrice.
09:49 - C'est-à-dire plus de produits français proposés sur les marchés ?
09:51 - C'est surtout plus de production française qui permettra d'avoir plus de produits français.
09:54 On a la même chose d'ailleurs sur la volaille.
09:56 La souveraineté, c'est la capacité à reprendre notre destin en main
09:58 en matière de production agricole.
10:00 C'est de ne pas subir une érosion et de décider des endroits
10:03 sur lesquels nous avons décidé d'avoir de la croissance.
10:05 Et puis la souveraineté, c'est une souveraineté générale.
10:08 L'alimentation c'est devenu une arme de guerre.
10:10 L'alimentation c'est devenu une arme géopolitique.
10:12 Donc la souveraineté, elle est française, européenne,
10:15 pour faire en sorte que nous ne soyons pas à la merci à l'extérieur de nos frontières
10:18 de stratégies qui soient des stratégies de chantage à l'alimentation.
10:21 J'ai besoin d'une agriculture...
10:22 - On perd de la souveraineté alimentaire là.
10:24 - J'ai besoin d'avoir une souveraineté qui permette de rayonner à travers le monde
10:29 et de faire de la géopolitique.
10:30 Il m'importe de savoir qui nourrit le continent africain.
10:33 Il m'importe de savoir qui ne pourra pas, pour une partie d'entre lui, se nourrir tout seul.
10:38 Et donc je préfère que ce soit nous que d'autres puissances
10:41 qui ont des intentions qui sont moins... comment dirais-je ?
10:44 Moins pacifiques que d'autres.
10:45 Et donc la souveraineté c'est soi-même sur les filières
10:48 et à l'extérieur de nos frontières de faire en sorte
10:50 qu'on fasse de l'agriculture et de l'alimentation un objet géopolitique.
10:55 - Vous parlez à l'instant de géopolitique.
10:58 L'Ukraine, Emmanuel Macron a déclaré hier "oui" pour aider l'Ukraine dans un contexte de guerre.
11:02 Donc importer en Europe des produits alimentaires et agricoles ukrainiens.
11:07 Non pour créer une situation de concurrence déloyale.
11:11 Bon, une fois qu'on a dit ça, ça veut dire qu'on va arrêter d'importer des poulets ukrainiens et des sucres ukrainiens ?
11:15 - Ça veut dire qu'on fixe des quotas et des limites à l'importation de produits.
11:18 Alors c'est là, dans les semaines qui viennent, la commission va déployer son plan.
11:22 - On a beaucoup parlé du poulet, il y a également le sucre.
11:25 - Poulet, sucre, oeufs. Et nous avons un sujet sur les céréales.
11:29 Les mesures de soutien à l'Ukraine, il y a un paquet de mesures financières qui ont été annoncées hier de 50 milliards d'euros, si j'ai bonne mémoire.
11:35 Qui va permettre de soutenir l'effort de guerre de l'Ukraine.
11:39 L'effort de guerre, ce que nous ont dit les agriculteurs depuis des semaines, c'est de dire...
11:42 Et les agriculteurs français, comme les agriculteurs polonais ou allemands,
11:45 ils nous ont dit "cet effort de guerre, on ne peut pas en prendre la charge seul".
11:48 Et donc on a besoin de faire en sorte qu'il y ait des limites à la capacité d'exportation de l'Ukraine vers nos contrées de l'Union à 27.
11:55 Et deuxième élément, en particulier sur les céréales, il faut que les céréales sortent d'Ukraine, pas pour aller chez nous, mais pour aller ailleurs.
12:01 L'Ukraine, c'est une puissance exportatrice agricole. Il faut qu'elle puisse continuer.
12:05 - Ce qui était prévu à la base, ça devait aller notamment vers l'Afrique, et finalement ça va en Europe et en Banlieue.
12:10 - Oui, mais reconnaissons que les oeuvres, si je peux dire, de M. Poutine, qui ont bloqué la mer Noire et qui ont bloqué les couloirs de solidarité,
12:15 tout ça avait été fait pour déréguler le marché.
12:17 D'abord pour mettre de la dérégulation du marché, d'abord pour mettre de la désorganisation sur le marché intérieur,
12:22 et pour empêcher l'Ukraine d'aller sur les marchés extérieurs, hors Union européenne.
12:26 Donc on doit continuer à les aller.
12:28 - Donc ça partira, mais pas au moins vers l'Europe ?
12:31 - Absolument. Ça a trop désorganisé les marchés.
12:34 Et moi j'ai eu plusieurs contacts avec mon homologue ukrainien, je lui ai dit "écoute, nous ne pouvons pas rentrer dans une logique,
12:39 qui soit une logique de désorganisation de nos marchés, sinon les mesures que nous prenons pour l'Ukraine vont se retourner contre l'Ukraine,
12:44 parce que les gens diront, les agriculteurs entre autres, diront qu'il y a quelque chose qui dysfonctionne.
12:48 - Marc Faineau, ministre de l'Agriculture, CNews Europe 1, la grande interview.
12:52 Emmanuel Macron a également parlé du MERCOSUR, un traité de libre-échange entre l'Union européenne et l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay.
12:59 Suspendu, parce qu'on n'a pas les mêmes règles qu'en Europe, en Amérique du Sud.
13:04 Est-ce que vous nous dites ce matin que le MERCOSUR est abandonné ?
13:08 Ou est-ce que vous nous dites que si on instaure des clos-miroirs,
13:11 comme l'interdiction d'intégrer dans l'accord des produits issus de la déforestation, vous pourriez signer l'accord ?
13:19 Il est abandonné ou il est suspendu ?
13:21 - Je reprends les mots du président de la République.
13:24 Cet accord en l'état n'est pas acceptable.
13:26 Est-ce que cet accord va être acceptable ?
13:29 À date, j'ai l'impression que non.
13:32 Mais nous verrons dans les semaines et dans les mois qui viennent.
13:34 Et je répète ce que j'ai dit tout à l'heure.
13:36 50 % de nos céréales sortent de nos frontières.
13:38 50 % de notre lait sort de nos frontières.
13:40 Je ne parle même pas des vins espiritueux.
13:42 Et donc l'idée qu'il suffirait de dire qu'il n'y a plus d'échanges pour résoudre le sujet de l'agriculture française,
13:48 on a besoin d'échanges loyaux.
13:50 On a besoin d'échanges qui ne mettent pas en concurrence les agriculteurs avec le reste du monde
13:54 et parfois même les agriculteurs avec le reste de l'Europe.
13:57 Et donc on a besoin, c'est la question de la simplification, de la surtransposition française.
14:01 C'est ça dont on a besoin.
14:02 On n'a pas besoin de dire simplement et de sauter, comme le disait le général de Gaulle comme un cabri,
14:06 en disant pas d'échanges, pas d'échanges.
14:07 Il y aura besoin d'échanges, mais ils doivent être loyaux.
14:09 Et s'ils ne sont pas loyaux, il n'y a pas d'accord de libre-échange.
14:12 Le Rassemblement national publie une nouvelle affiche de campagne pour les européennes.
14:16 La France soutient la ruralité.
14:18 Vous avez beaucoup parlé de souveraineté pendant votre prise de parole hier.
14:24 On le disait à l'instant.
14:25 C'est pour récupérer des voix du Rassemblement national ?
14:27 Oui, oui. Non.
14:29 Oui ou non ?
14:31 Non, mais je répondais à votre question que je croyais être.
14:34 Est-ce que le Rassemblement national essaie de récupérer des voix ?
14:37 Oui, le Rassemblement national, en toute occasion, essaie de récupérer des voix.
14:39 Les voix, là, ruraux, ils deviendront urbains, puis ils deviendront agricoles.
14:43 Je n'ai pas trouvé beaucoup de propositions sur le terrain de ces gens-là.
14:45 Moi, je suis un élu d'un territoire rural.
14:47 J'y vis, dans une commune de 700 habitants.
14:49 Donc, on ne va pas me raconter la littérature et me faire la messe, pardon l'expression,
14:52 sur ce qu'est la ruralité et ce qu'est le monde agricole.
14:54 Alors que M. Bardella découvre le monde agricole,
14:56 que Mme Le Pen s'en fasse des gorges chaudes pour récupérer des voix,
14:59 moi, mon sujet, ce n'est pas de récupérer des voix.
15:01 Mon sujet, c'est de répondre aux questions qui sont posées par la ruralité,
15:04 qui sont posées par l'agriculture, mais pas dans une logique de repli sur soi
15:07 ou de haro sur toutes les politiques publiques.
15:09 Nous avons fait des choses depuis 7 ans.
15:11 Il faut aller plus loin.
15:12 Manifestement, on a des sujets de simplification qui se sont sédimentés depuis des années.
15:16 Mais cette propension du Rassemblement national à se saisir de toutes les craintes,
15:20 de toutes les colères, de toutes les désespérances,
15:22 pour en faire un porte-drapeau,
15:24 demander aux Anglais et aux agriculteurs anglais ce qu'ils pensent du Brexit,
15:28 demander ce que ça leur a apporté cette querelle faite à l'Europe.
15:30 Rien.
15:31 Ça leur a apporté du malheur, des baisses des aides et une agriculture qui est beaucoup plus fragile.
15:34 Donc, moi, je ne récupère pas la colère, j'essaie d'y répondre.
15:37 C'est une grande différence entre le Rassemblement national et nous.
15:40 C'était la grande interview de Marc Faineau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire de la France.
15:45 Merci, monsieur le ministre. Vous partez dans les roues et dans le gars.