• il y a 11 mois
C’est la pire crise pour l’immobilier de bureaux depuis 40 ans. Depuis le covid, les manières de travailler ont évolué : télétravail, travail hybride… Les entreprises désertent les centres-villes : elles n’ont, pour beaucoup, plus besoin de si grands locaux et cela leur permet également de payer moins cher. À cela s’ajoutent aussi les remontées des taux de financement. Et le plus dingue, l'Amérique n'est pas en récession !

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Transcription
00:00 [Générique]
00:04 Parlons des Etats-Unis à présent, comme chaque lundi.
00:06 C'est notre quart d'heure américain hebdomadaire avec notre correspondant américain Pierre-Yves Dugas
00:11 que nous retrouvons en visioconférence. Bonjour et bienvenue Pierre-Yves.
00:14 On va parler politique évidemment, mais parlons des affaires avant tout Pierre-Yves
00:20 et notamment d'un secteur de l'économie américaine.
00:22 Alors, on dépeint l'économie américaine en général comme étant encore résiliente, résistante, en croissance.
00:28 Il y a quand même des segments dans l'économie américaine qui eux sont dans la tourmente.
00:33 Et on parle avec vous notamment de l'immobilier de bureaux Pierre-Yves.
00:37 Alors, Greg, loin de moi la volonté de casser l'ambiance du compte de fait.
00:43 Mais c'est stupéfiant de voir que le secteur de l'immobilier de bureaux,
00:48 alors que l'Amérique a échappé jusqu'à présent à la récession,
00:53 est dans sa pire récession depuis au moins 40 ans.
00:56 Et de voir quelles sont les forces derrière cette catastrophe.
01:00 Catastrophe qui risque d'empirer au cours des prochains mois pour des raisons de refinancement,
01:07 d'expiration des hypothèques, de nécessité de refinancement,
01:11 à des taux qui vont être de toute façon plus élevés et dans des conditions d'accès au marché plus compliquées.
01:17 Puisque tout un pan entier du secteur qui traditionnellement finance l'immobilier de bureaux aux États-Unis,
01:23 les banques régionales, tout ce pan-là a décidé de tourner le dos à ce qui, tout d'un coup,
01:28 lui apparaît comme quelque chose de toxique.
01:31 Alors, quelques chiffres quand même qui sont assez stupéfiants.
01:35 À peu près 20% en moyenne des immeubles de bureaux aux États-Unis sont vides.
01:41 Pourquoi sont-ils vides alors que l'économie se porte bien ?
01:44 Parce que pour le moment, le monde d'après ne ressemble pas au monde d'avant dans le secteur du travail
01:50 et que les Américains n'ont pas trop envie de retourner travailler tous les jours dans leur cubicle.
01:58 Ils sont très bien restés au moins un, deux, trois jours à la maison
02:03 pour ne se rendre au bureau qu'un minimum de jours.
02:06 Et en dépit de toute la pression qui s'est exercée sur les employés américains
02:11 pour qu'ils reprennent leurs vieilles habitudes,
02:14 les employeurs n'arrivent pas à faire revenir au bureau comme avant leurs employés.
02:19 Et dans certains secteurs, la productivité n'en souffre pas trop.
02:23 Quelques chiffres que je trouve absolument fascinants,
02:26 ce sont des chiffres qui mesurent le trafic physique d'individus qui entrent et qui sortent d'immeubles de bureaux.
02:34 Il y a des entreprises qui suivent ça très très bien aux États-Unis et les chiffres sont très parlants.
02:38 En moyenne, si l'on compare la fin 2023 à la période comparable antérieure à la pandémie,
02:47 on est en termes de volume de trafic de personnes physiques à 36% en dessous.
02:54 Pour certaines villes, c'est pire.
02:57 Pour Chicago, c'est 45%.
03:01 Pour San Francisco, c'est 53%.
03:04 Et pour New York, c'est intéressant.
03:06 Là, on voit que le management des grandes sociétés financières et des grandes banques
03:10 a tout de même réussi à obtenir des choses de ses employés.
03:13 La chute est de l'ordre de 20%.
03:16 Sur ces conditions-là, on voit qu'au Texas, mais particulièrement aussi en Californie et notamment à San Francisco,
03:23 qui est devenu un petit peu l'exemple caricatural de la situation,
03:28 où la richesse de cette métropole s'est faite sur la technologie qui précisément permet aux gens de rester chez eux
03:34 et de ne pas aller travailler au bureau,
03:36 un tiers des immeubles de bureaux à San Francisco sont vacants.
03:41 C'est une catastrophe pour tout le commerce local du centre-ville,
03:45 qui vivait précisément de la présence de gens riches qui, à l'heure du déjeuner,
03:50 allaient au restaurant ou allaient dans les drogsters.
03:53 C'est un système presque qui s'est effondré,
03:57 ou en tout cas qui est en profonde mutation de ce point de vue-là.
04:00 Et effectivement, les États-Unis restent assez en avance
04:03 et les Anglo-Saxons en général restent assez en avance sur le travail à domicile
04:07 et toutes les conséquences que ça peut avoir pour cette immobilier de bureaux
04:11 et l'écosystème autour de l'immobilier de bureaux, Pierre-Yves.
04:14 L'autre question, est-ce qu'on va insister à l'investiture républicaine la plus rapide de l'histoire, Pierre-Yves ?
04:20 Ah, c'est possible. C'est même possible que demain soir tout soit fini.
04:24 La semaine dernière, je pensais que Nikki Haley allait battre Ron DeSantis.
04:30 Nous étions séparés en disant "Si quelqu'un peut battre Trump, c'est Nikki Haley".
04:36 Alors cela reste vrai. Ron DeSantis est arrivé deuxième, mais pratiquement en égalité avec Nikki Haley dans l'Iowa.
04:42 Et puis tout à l'heure, Ron DeSantis a annoncé qu'il laissait tomber.
04:45 Donc il n'y a plus que Nikki pour barrer la route à l'investiture de Donald.
04:53 On est dans le New Hampshire, un État qui est très différent de l'Iowa,
04:57 où les indépendants, ceux qui sont inscrits sur l'hélice électorale comme indépendants,
05:01 peuvent participer à la primaire républicaine.
05:04 Et le miracle n'est pas à exclure.
05:08 Nikki Haley pourrait battre Donald Trump demain, mais il n'y a pas grand monde qui y croit vraiment.
05:13 Et ensuite, les choses se compliquent considérablement pour Nikki Haley,
05:16 parce que la prochaine grande primaire, c'est dans l'État de son domicile,
05:21 l'État dont elle a été gouverneure, la Caroline du Sud, en gros dans un mois.
05:26 Et là, pour le moment, Donald Trump est très, très, très en avance.
05:31 Tout pourrait s'arrêter très, très vite.
05:34 Si on regarde les derniers sondages, Ron DeSantis faisait 8% dans le New Hampshire.
05:39 Si on ajoute ces 8% au dernier score que faisait dans les sondages Nikki Haley,
05:44 on reste très, très loin des 54% de Donald Trump dans le New Hampshire.
05:49 Qu'est-ce que ça changerait pour Trump si la voie était totalement dégagée
05:54 dès les prochains jours ou dès les prochaines semaines, Pierre-Yves, dans sa stratégie ?
05:59 Alors, il y a un mot qui est sorti des années 90, je crois, de la campagne de Bill Clinton,
06:06 c'est ce qu'on appelle « the big moe », « the big momentum ».
06:10 Quand vous pouvez montrer que vous avez une dynamique,
06:13 vous allez, dans vos messages de communication politique,
06:16 montrer que cette dynamique correspond, vous allez faire croire qu'elle correspond
06:20 à un grand soutien, à une grande vague populaire.
06:23 De toutes les procédures judiciaires qui sont en cours contre Donald Trump,
06:27 en gros, il y a quatre catégories, il y a 91 chefs d'accusation,
06:31 mais les plus sérieuses sont celles qui relèvent du pénal et qui sont censées commencer,
06:37 à moins que la doigte se repousse, mais a priori le 5 mars,
06:41 le procès pour son incitation à l'insurrection et sa tentative
06:46 pour suspendre la validation des résultats de l'élection.
06:50 Il est très difficile pour Donald Trump de ne pas apparaître comme la victime
06:58 d'une persécution si, d'ores et déjà, demain ou après-demain,
07:02 il est virtuellement assuré d'avoir l'investiture du parti républicain.
07:07 Il va faire face à toutes ces procédures comme la pauvre victime
07:11 d'une incroyable persécution démocrate, antidémocratique,
07:16 et il cherche à retourner l'argument des démocrates qui consiste à dire
07:20 que Donald Trump est un danger pour la démocratie,
07:23 il n'a pas le droit de se présenter, il est trop dangereux,
07:26 il a systématiquement violé les lois et la constitution américaine.
07:29 C'était très important pour Donald Trump, un, pour faire des économies dans sa campagne,
07:33 deux, pour mieux combattre toutes les procédures qui sont en cours contre lui,
07:37 deux, boucler très vite ses primaires, il est possible que ce soit fait,
07:41 attend pour, au plus tard, le 5 mars.
07:44 Voilà donc pour le Momentum Trump, merci beaucoup Pierre-Yves.
07:48 Pierre-Yves Duguay avec nous chaque lundi pour ce quart d'heure américain hebdomadaire,
07:53 à retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr
07:56 ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
07:59 Merci Pierre-Yves.
08:00 [Musique]

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